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Torn Apart

Nel avait vécu de nombreuses aventures depuis qu'il avait quitté le nid familial. Certaines amenèrent leur lot de joie et de fou rire, d'autres se conclurent par des événements un peu plus désastreux. Mais dans l'ensemble, toutes les rencontres qu'il avait faites portaient une place spéciale dans son cœur et il espérait plus que tout les revoir un autre jour quoi que concernant Fantine – ou Ninine comme il aimait l'appeler – ce sentiment était plus mitigé.

Son dernier compagnon d'aventure en date s'appelait Nazgahl Cradle et après ce qu'il avait vécu avec lu au sein de la prison de Classic Town, Nel avait demandé à prendre du recul, réfléchir sur ses actes et surtout prendre nouvelles et conseils de sa mère, la personne qu'il adorait le plus au monde. Il aurait pu se contenter d'une simple lettre, narrant ses multiples triomphes aux quatre coins du globe, mais après la mort du Shérif Stockburn il avait besoin de plus que de quelques lettres gribouillées à l'encre sur un morceau de papier insipide. Bon et accessoirement, c'est vrai qu'avec son train de vie de traîne patin, il commençait à en avoir marre des repas "Lard, blé, fromage, cuit ensemble pour gagner du temps" et regrettait l'époque du bon poulet dodu accompagné de ses pomme de terres rôties croustillantes. Ça c'était vraiment de la balle, le top du top de la boustifaille qui fait du bien.

Bref, le voilà qui arrive sur sa barque dont il était si fier. L'eau s'infiltre par de multiples trous creusés dans le bois de basse qualité de l'embarcation. Nel observe l'horizon, sa main gauche au-dessus du sommet du mât. Hop, son pied se dépose avec précision sur le quai alors que son bâtiment – important terme nautique – se relâche finalement de ses derniers efforts, heureux d'avoir pu transporter son passager à terme. Le blondinet avance de quelques pas, puis s'arrête au milieu du port alors que pullule un trafic monstrueux de marchandises et de marin. Il étend les bras – enfin un bras l'autre étant dans le plâtre depuis son passage à Classic Town – en direction du ciel, un peu comme Jésus. Il prend une grande inspiration et annonce d'une voix déterminée :

    — JE SUIS DE RETOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR


L'espace d'une seconde, tous les ouvriers s'arrêtèrent pour lui jeter un air mauvais et puis ils reprirent leur boulot, estimant sans doute qu'il s'agissait d'un dégénéré en manque d'attention. Et ils n'avaient peut-être pas tout à fait tort concernant le premier. Néanmoins, un vieux monsieur au nez rougis et doté d'une moustache bien fournie ainsi que d'une panse trop large s'approcha en se balançant à gauche puis à droite, ses jambes supportant tour à tour le poids énorme de son corps.

    — Vindudju, s'rait-y pas Nel que c'que j'vois là.
    — Jacky !


Les deux s’enlacèrent dans une accolade particulièrement chaleureuse.

    — Nom d'un sacré de putain, c'est qu't'as bien grandi. Comment s'passe ton p'ti voyage ?
    — Tout va bien, Jacky, merci bien ! Rétorqua Nel avec un grand sourire.
    — Bon et bien farpait. OH TOI LA-BAS, LES CAISSES DE PRUNEAUX C'EST A DROITE J'T'AI DIT, ET CA C'EST OU ? V'LA C'EST PAS CETTE DROITE. Vindudju, j'te jure. Bon, j'te laisse ya du boulot, bon retour à la maison gamin.

Cette île ne passe en rien pour un village sympathique où tout le monde se connaît et se dit bonjour à chaque coin de rue mais heureusement, quelques personnes comme cette fripouille de Jacky prenait soin de ceux qui en valaient la peine. Nel en faisait assurément parti. Heureux de pouvoir sentir à nouveau l'odeur de cette île, Nel entama d'un pas franc le chemin menant à sa maison de toujours.
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*Toc Toc Toc* Trois coups distinctifs asséné sur le bois alors qu'il attendait sur le pas de la porte. Rien. Les oiseaux continuaient leur chant et le susurrement du vent s'infiltrait toujours entre les cheveux ambrés du garçon. A nouveau, il répéta le même geste, tentant de réprimer sa joie et son excitation pour ne donner aucun indice sur la personne qui viendrait frapper à ladite porte. Mais toujours rien. Comme à son habitude Nel commença à ronchonner dans sa bouche : « Hmm pff, jamais là quand je fais quelque chose. Grmbl.»

Il s'imaginait faire une entrée fracassante en ouvrant la porte d'un coup de pied mais la perspective de se prendre une réprimande de la part de sa maman chérie annihila cette idée sans autre forme de réflexion. Une grande respiration, et il pénètre à l'intérieur.

    — Tonton Elric ! Hurla Nel en s'empressant de foncer vers lui.
    — Héhé... Nel... Comment vas-tu ? Et c'est quoi ce bras dans le plâtre ?!


Assis dans la même chaise où Saskia – la mère de Nel et sa belle sœur – lui avait servi un thé plusieurs mois auparavant, Elric tentait de masquer son humeur mélancolique et la tristesse qui le saisissait au plus profond de lui.


    — C'est compliqué ! J'ai libéré pleins de gens et du coup je me suis battu et bon, j'ai pas fait que gagner ! Mais je jure que ça valait le coup, je me suis battu pour quelque chose de bien, comme Papa m'a dit de faire !
    — Oho, manquerais plus que ça, c'est ton père qui serait fier tiens.
    — Où est maman ?


Bam. Elle allait bien finir par tomber cette question, il le savait bien Elric. Il aurait pourtant préféré pouvoir passer un peu plus de temps avec lui avant d'y être confronté. Mais putain comment t'annonces ça à un gosse de douze ans. Douze ans merde. A douze ans on bouffe des bonbons et on fait de la balançoire en se demandant si le goûter de tout à l'heure sera bon ou pas.

    — Et si tu t'asseyais avec moi Nel ?


« Nyoup » fit-il en prenant place sur le siège en face d'Elric. Il posa ses deux coudes sur la table et reposa son menton sur ses deux mains qu'il tenait plate juste en-dessous de son visage. De son côté Elric tentait de réorganiser les éléments de sa tête afin de délivrer un discours qui ne soit pas trop brutal. Un dernier regard sur le sourire éclatant de son neveu. En avant.
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Le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation. Ce sont les cinq phases communément admises de l'acceptation de la mort. Nel n'y fit pas exception. Il refusa d'y croire. Qui pouvait le blâmer pour ça. Cela lui semblait illusoire, irréel. Il en vient à accuser une erreur quelque part. Peut-être était-ce aussi dur parce qu'il se sentait bien quelques minutes auparavant, qu'il idéalisait le jour où il rentrerait pour annoncer tous ses exploits à sa seule et unique. Il avait besoin de ses rires, de ses encouragements, de son amour.
Puis vient le temps des questions, sur le pourquoi, les raisons qui ont mené à cet effroyable dessein. Son destin est scellé, il le sait. Il commence à chercher refuge dans l'accusation. Quelqu'un devait payer pour sa mort. Probablement sa sœur qui lui demandait tant d'argent chaque moi. Elle avait profité d'elle cette salope. C'était sa faute si Saskia était morte de surmenage. Non. C'était la faute de la Mort.

La Mort.

Goule meurtrière tapie dans les ombres,
Invisible et pourtant omniprésente,
Chose à laquelle on ne peut que répondre,
Je suis enfin prêt, viens, toi qui me tourmente.

On ne peut se débattre ni la combattre,
Elle semble être la diabolique prêtresse d'un sanctuaire.
Nos braises enflammées ne deviennent que pierres grisâtres,
Condamnées à être disséminées dans l'estuaire.

Malheureusement, nous mourrons tous de ses mains,
Longs doigts vampiriques, larmes de notre destin.
Nous ne sommes que les trophées de son bel orgueil.

La vie n'est qu'une longue illusion démoniaque,
Issue des tréfonds de son esprit insomniaque,
Pourvoyeuse de cadavres remplissant les cercueils.

Convaincu de cette vérité immuable, il tenta de trouver un répit. Il n'était plus question qu'elle vive, mais juste qu'elle puisse être encore là, encore un peu, une dernière fois. La serrer dans ses bras, lui dire au revoir. Il voulait l'accompagner dans ses derniers instants, lui dire qu'il l'aimait plus que tout. Mais c'était trop tard.

Au cimetière des Trois Roses, reposaient ceux qui ne savaient pas ce qui se passait après. C'était ceux qui ne croyait en rien ou dont on n'a jamais su ce en quoi ils croyaient. Ils avaient traverser la vie dans une aimable incertitude, jusqu'au jours où la certitude finit par les rattraper. Au sein des cimetières de la ville, c'était celui où on enterrait les glorieux défunts en attente de pas grand-chose.
Nel pleurait en silence. De toutes les tombes, une seule était entretenue. Le marbre y reluisait sans une once de mousse, la bordure en pierre étincelante. Elle venait d'être magnifiée de la manière la plus parfaite qui soit. Sur l’écriteau en bois, on pouvait lire clairement au centre de la mousse grattée :


Saskia Heartfilia
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C'était le troisième verre. Difficile d'estimer de quoi, Nel n'aimait pas l'alcool et celui-ci en plus d'être fort était réputé pour son prix plutôt faible et sa qualité médiocre. Peu importe. Boire c'est ce que faisait les grands quand la tristesse martelait son existence à l'intérieur de la tête. Alors il buvait. A un moment, une dizaine d'homme l'air mauvais s'approchèrent de lui. Quoi de plus logique dans le bar le plus malfamé du coin. C'est ce qu'il attendait en fait, en mettant bien en valeur l'énorme bourse qui lui pendait à sa taille.

    — Dehors, tout de suite, annonça le leader.
    — Paye ta note d'abord.
    — Je payerai plus tard.

Nel remonta lentement son regard pour percer celui de son interlocuteur à un tel point que si ses yeux étaient des aiguilles, ils se seraient planter dans le bard dégueulassé par la poussière au fond de la salle.

    — Tu n'en seras pas capable.
    — Tu penses ?
    — Tout le temps. Tu devrais essayer.
    — Très bonne, mais je vais te casser la gueule et récupérer le pactole, tu préfères faire ça ici ou dehors ?
    — Dehors.


Ils débouchèrent alors sur une grande place entourée de torches crépitantes et où les échoppes avaient pour la plupart baissé leur bâches aux vives couleurs. Quelques enthousiastes au cœur plein d’espoir étaient restés ouverts, vantant leur marchandise d’une voix stridente aux derniers passants qui, sous la pluie, se hâtaient de rentrer chez eux. Quelques jeunes tapageurs sortaient en titubant d’une taverne minable et traversaient la place avec des cris d’ivrognes.

Et le massacre commença.

Le leader sortit une lame et lança une simple frappe verticale. Comme si ça pouvait suffir. Nel projeta son poing gauche dans sa gorge, écrasant sa trachée et l'empêchant de respirer. Non sans lui provoquer bien sûr un réflexe le forçant à lâcher son armer et à placer ses mains autour du cou. Incapable d'esquiver le coup de pied qui arrivait par en haut. L'effet fut instantané et l'homme s'écroula lourdement sur le sol en se brisant certainement le nez à l'impact. Cette fois, ils effectuèrent leur assaut à quatre, simultanément. Mais en quelques mouvements rapides, ils étaient tous désarmés, en mauvais état et incapables se relever. Un dernier courageux s'avança prudemment dans l'espoir de vaincre ce garçon qui semblait si inoffensif. Après s'être ancré dans le sol, il lança un uppercut qui dans l'élan fractura la mâchoire du malheureux en le projetant quelques mètres plus loin.

    — C'est bon, déclara l'un des survivants, on a eu notre compte.
    — Pas moi.


Les derniers furent les moins chanceux. La rage et l'alcool accusaient de chacun de ses actes, chacun d'eux payait pour le désastreux décès de sa génitrice. Les os se brisaient, puis se disloquaient. Le sang voltigeait de tout part, tapissant les murs d'une leçon rougeâtre.

Une fois terminé, il observa longuement ses poings rougis du sang de ses ennemis. Il se sentait toujours aussi mal. Il partit pleurer. Devant la mer, au sommet d'une colline couverte d'herbe, il pleurait. Encore et toujours. Que pouvait-il faire d'autre.
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