À toi, Kiril Jeliev.
L'astre comme la crinière divine d'une femme, avec ces cheveux roux de feu qui ondulent sur l'eau. La crinière qui se balance de l'horizon jusqu'à partout, qui brûle sur la mer et sur le ciel et sur les nuages et sur quiconque ose tourner le regard vers les reflets irisés de la brûlante traînée aveuglante qu'elle laisse. Elle s'en va, avec tous ces reflets qui la poursuivent jusque loin derrière la ligne de l'horizon. C'est ce qu'elle nous laisse, cette quotidienne et sulfureuse taquine. Rien du galbe de ses hanches, du pulpe de ses lèvres, de la douce ligne courbe que doit être son menton, de l'ardent désir qui doit rougeoyer loin, là, dans ses pupilles inaccessibles. Il n'y a que cette longue crinière de feu, fugace et immense, qui orangie, rosie et embellie tout ce qui y touche. Ses cheveux fauves qui transforment le monde en paradis pastelle, le temps d'une heure. Moins que ça, même.
Le coucher du soleil.
Celui-là, je l'observais du pont de ma goélette quand j'ai lu ta bouteille.
Elle s'est rendue jusqu'à West Blue, celle-là.
Ce simple récipient de verre a vu la Mer bien plus que je ne peux m'en targuer.
Je suis Maxwell Percebrume, Kiril Jeliev. Capitaine pirate. Et sache que si je t'ai décrit tout ça, c'est pour que tu comprennes, toi, pirate craint et reconnu, qu'il y a en la Piraterie bien plus que ces batailles auxquelles tu prépares déjà ton futur chef-d'œuvre.
Fils du Jack, sache que je t'exècre, mais que je saurai pardonner tes torts. Je saurai les pardonner parce que tu es comme bien trop de ces hommes tristes qui tuent et pillent parce qu'ils considèrent si simple de se vêtir des teintes écarlates de l'Anarchie. Je t'exècre car tu t'es paré de la crasse typique des hommes violents et déchus, que tu ne t'attaches qu'à l'éphémère bouée d'un équipage en t'y croyant valorisé, nouveau, mais que tu ne fais que t'y avilir d'avantage. Trop de pirates croient à tort que le fondement de leur vocation n'est autre que répandre terreur et d'assouvir leurs bas instincts sur d'insignifiantes populations terriennes.
Et pourtant, comme tous ces sédentaires qui ne quitteront jamais l'île où ils ont vu le jour, ces pirates ne connaissent rien de la Mer.
La Mer. Cette tannante et colérique maîtresse, elle, ne peut être connue que de ceux qui, à défaut d'être pirate pour s'enrichir, cherchent à travers l'aventure quelque chose de bien plus précieux.
Ceux-là, ils ne sont plus pirates, mais bien Frères de la Côte.
C'est de ces gens que je m'entoure pour former le plus puissant équipage au monde, Les Héritiers. Chacun à notre façon, nous héritons de valeurs, de volontés et de rêves. Notre bagage, nous le tenons de quelqu'un, de quelque chose en quoi nous croyons,
et que le monde tende l'oreille au message que nous portons.
La Piraterie, la vraie, n'est pas une basse-cour où s'entretuent des hommes sans rêves, guidés par des vices et des destins vides. Elle est ce colossal horizon au bout duquel on arrive jamais.
Ce coucher de soleil flamboyant que toi aussi tu peux voir depuis Grand Line.
Ne sois pas ce pirate pathétique, Kiril Jeliev. Le bateau que tu construiras ne sera qu'un autre bateau, comme ceux que la Marine produit de façon industrielle à chaque jour. Ton bateau ne sera pas le plus puissant, ni le meilleur, ni le plus grand bateau du monde, parce qu'avant tous ces adjectifs, il ne sera même pas un navire. Le frêle esquif avec lequel je vogue vers la Flaque vaut déjà plus que tout le bois d'Adam que tu pourras utiliser pour bâtir ton Arche, parce qu'à défaut d'être un monstrueux destructeur naval, il est le vaisseau porteur de bien plus de rêves et d'ambitions que tu n'en trouveras dans tous les tréfonds de Dead End.
Alors bâtis-le donc, ton bateau, Jeliev. Bâtis-le. Mais n'ose point te targuer d'être le meilleur tant que ce bateau ne sera pas devenu navire et qu'il n'aura pas lui-même, avec les gens à son bord, construit ta réputation de meilleur charpentier du monde.
Là, alors seulement là, ton œuvre, ton chef-d'œuvre, ce sera.
Et peut-être alors comprendras-tu ce qu'il en est d'être un véritable Pirate. Je ne sais que ce que les journaux disent de toi, Saigneur, mais je te sens vide, exempt de Raison. C'est là que tu dois commencer ton véritable parcours.
Et peut-être, en toute modestie, voudrais-je bien conquérir le Nouveau-Monde à bord du navire du meilleur charpentier au monde.
En espérant que cette lettre te parvienne avant moi.
Voilà mon pavillon, souviens-t-en. In memoriam. En mémoire du pirate que tu aurais pu être, ou de ces rêves qui t'ont délaissé.
Libre pirate et Pirate libre,
Maxwell Percebrume, Capitaine des Héritiers.
L'astre comme la crinière divine d'une femme, avec ces cheveux roux de feu qui ondulent sur l'eau. La crinière qui se balance de l'horizon jusqu'à partout, qui brûle sur la mer et sur le ciel et sur les nuages et sur quiconque ose tourner le regard vers les reflets irisés de la brûlante traînée aveuglante qu'elle laisse. Elle s'en va, avec tous ces reflets qui la poursuivent jusque loin derrière la ligne de l'horizon. C'est ce qu'elle nous laisse, cette quotidienne et sulfureuse taquine. Rien du galbe de ses hanches, du pulpe de ses lèvres, de la douce ligne courbe que doit être son menton, de l'ardent désir qui doit rougeoyer loin, là, dans ses pupilles inaccessibles. Il n'y a que cette longue crinière de feu, fugace et immense, qui orangie, rosie et embellie tout ce qui y touche. Ses cheveux fauves qui transforment le monde en paradis pastelle, le temps d'une heure. Moins que ça, même.
Le coucher du soleil.
Celui-là, je l'observais du pont de ma goélette quand j'ai lu ta bouteille.
Elle s'est rendue jusqu'à West Blue, celle-là.
Ce simple récipient de verre a vu la Mer bien plus que je ne peux m'en targuer.
Je suis Maxwell Percebrume, Kiril Jeliev. Capitaine pirate. Et sache que si je t'ai décrit tout ça, c'est pour que tu comprennes, toi, pirate craint et reconnu, qu'il y a en la Piraterie bien plus que ces batailles auxquelles tu prépares déjà ton futur chef-d'œuvre.
Fils du Jack, sache que je t'exècre, mais que je saurai pardonner tes torts. Je saurai les pardonner parce que tu es comme bien trop de ces hommes tristes qui tuent et pillent parce qu'ils considèrent si simple de se vêtir des teintes écarlates de l'Anarchie. Je t'exècre car tu t'es paré de la crasse typique des hommes violents et déchus, que tu ne t'attaches qu'à l'éphémère bouée d'un équipage en t'y croyant valorisé, nouveau, mais que tu ne fais que t'y avilir d'avantage. Trop de pirates croient à tort que le fondement de leur vocation n'est autre que répandre terreur et d'assouvir leurs bas instincts sur d'insignifiantes populations terriennes.
Et pourtant, comme tous ces sédentaires qui ne quitteront jamais l'île où ils ont vu le jour, ces pirates ne connaissent rien de la Mer.
La Mer. Cette tannante et colérique maîtresse, elle, ne peut être connue que de ceux qui, à défaut d'être pirate pour s'enrichir, cherchent à travers l'aventure quelque chose de bien plus précieux.
Ceux-là, ils ne sont plus pirates, mais bien Frères de la Côte.
C'est de ces gens que je m'entoure pour former le plus puissant équipage au monde, Les Héritiers. Chacun à notre façon, nous héritons de valeurs, de volontés et de rêves. Notre bagage, nous le tenons de quelqu'un, de quelque chose en quoi nous croyons,
et que le monde tende l'oreille au message que nous portons.
La Piraterie, la vraie, n'est pas une basse-cour où s'entretuent des hommes sans rêves, guidés par des vices et des destins vides. Elle est ce colossal horizon au bout duquel on arrive jamais.
Ce coucher de soleil flamboyant que toi aussi tu peux voir depuis Grand Line.
Ne sois pas ce pirate pathétique, Kiril Jeliev. Le bateau que tu construiras ne sera qu'un autre bateau, comme ceux que la Marine produit de façon industrielle à chaque jour. Ton bateau ne sera pas le plus puissant, ni le meilleur, ni le plus grand bateau du monde, parce qu'avant tous ces adjectifs, il ne sera même pas un navire. Le frêle esquif avec lequel je vogue vers la Flaque vaut déjà plus que tout le bois d'Adam que tu pourras utiliser pour bâtir ton Arche, parce qu'à défaut d'être un monstrueux destructeur naval, il est le vaisseau porteur de bien plus de rêves et d'ambitions que tu n'en trouveras dans tous les tréfonds de Dead End.
Alors bâtis-le donc, ton bateau, Jeliev. Bâtis-le. Mais n'ose point te targuer d'être le meilleur tant que ce bateau ne sera pas devenu navire et qu'il n'aura pas lui-même, avec les gens à son bord, construit ta réputation de meilleur charpentier du monde.
Là, alors seulement là, ton œuvre, ton chef-d'œuvre, ce sera.
Et peut-être alors comprendras-tu ce qu'il en est d'être un véritable Pirate. Je ne sais que ce que les journaux disent de toi, Saigneur, mais je te sens vide, exempt de Raison. C'est là que tu dois commencer ton véritable parcours.
Et peut-être, en toute modestie, voudrais-je bien conquérir le Nouveau-Monde à bord du navire du meilleur charpentier au monde.
En espérant que cette lettre te parvienne avant moi.
Voilà mon pavillon, souviens-t-en. In memoriam. En mémoire du pirate que tu aurais pu être, ou de ces rêves qui t'ont délaissé.
Libre pirate et Pirate libre,
Maxwell Percebrume, Capitaine des Héritiers.
