>>Tren Stigand
Pseudonyme : Gueule d'ours. Age: 29 ans. Sexe : Masculin. Race : Humain. Métier : Facteur de l'extrême. Groupe : Civil. Déjà un équipage : ni Dieu ni maître. Fin, un Dieu, à la limite ; mais seulement si c'est pour pouvoir rappeler au maître qu'il y a plus fort que lui ! But : Éliminer tous les puissants de la surface de la Terre, et veiller à ce qu'ils ne soient jamais remplacés. Participer activement à une révolution profonde de la culture et des mœurs. Éliminer chaque révolutionnaire ayant une prétention obscure au pouvoir. Vivre dignement. Arrêter d'avoir l'impression d'être un papa. Fonder des écoles, tout plein. Remplir tout un carnet de rêves réalisés et le jeter dans la mer en se marrant très très fort. Fruit du démon ou Aptitude pour la suite : Haki des rois sur le très long terme, une bonne maîtrise de la fronde et de l'arc, du sabre, du karaté. Un mec complet mais pas spécialement tape-à-l'œil. Équipements : un arc long de type japonais, un arc court et un carquois, un sabre long et un court, des fringues coupées et cousues par ses soins à-partir du coton et du lin du voisin, deux uniformes du bureau de poste de Tanuki (un pour le beau temps, l'autre pour les jours d'apocalypse), une détermination de fer, et tout un tas de bordel (vaisselle, métier à tisser, cibles et homme de bois, cuisinière à bois, etc, etc...). Puis une petite baraque pour stocker tout ça, sur Tanuki. Codes du règlement (2) : Parrain : Tout le monde ! Ce compte est-il un DC ? : Reboot de Sören. Eh weh. Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Désobéissance civile ! Red. |
Description physique :
Cher journal,
Je ne comprends pas ce qui lui arrive. A chaque fois qu'il revient à la maison, il est un peu plus imposant, un peu plus sévère dans son attitude ; son pas va finir par pourrir la planche du palier tellement qu'il est lourd, martial. Dur de supporter de le voir sourire, dur de supporter de le voir me tendre les bras alors même qu'il est devenu l'incarnation d'une sorte de divinité guerrière. Cheveux trop longs, noirs, tombants ; barbe taillée aux ciseaux qui lui mange constamment les joues ; sale dégaine trop droite pour être honnête sous ses fringues de postier. Il prend jamais le temps de se changer quand il rentre. C'est con, je le préfère dans ses vieilles fringues de coton et de lin, celles qu'on a appris à faire nous même avec papa et maman. Plus coloré, ça le rendrait presque gai. Pas qu'il soit triste. Juste que c'est devenu un adulte, violent, paradoxal, magnétique, et que je me souviens encore du môme turbulent et passionné que c'était. Encore qu'il est toujours passionné, trop même. C'est même le soucis quand je vois ses yeux. Plus vraiment de tranquillité dedans, plutôt une espèce de résolution permanente, un truc qui fait craquer les pisseuses jusqu'à ce qu'elles se rendent compte que c'est le regard d'un type têtu, borné et calculateur. Putain de frangin. Je te déteste. Surtout quand je sens que tu te mets à juger les gens en portant ta main à ta ceinture, comme si tu avais ton sabre en permanence alors que tu sais TRES BIEN que tes chefs t'ont interdit de le porter en service. Et c'est pas comme si tu pouvais pas être aussi efficace avec tes poings. Baraque comme un ours, avec un air de propre-sur-lui qui fait bien son devoir, hermétique les trois quarts du temps à la pitié et à l'amour, quoi que tu en dises. C'est pour ça que tu t'acharnes à vouloir m'écrire, HEIN ? C'est pour ça que tu as besoin de ma bénédiction pour toutes les CONNERIES que tu fais en secret ? Je t'emmerde ! Je t'emmerde, Tren !
Psychologie :
Tren,
Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça. Je veux dire, tuer ces gens – proprement, que tu dis, et ça me fait une belle jambe – sous prétexte qu'ils sont dangereux pour les autres, parce qu'ils ont soif de pouvoir, tout ça, tous les trucs que tu racontes à chaque fois. Tu te rends compte que tu ne les considères jamais vraiment comme des hommes quand tu m'en parles ? Que pour toi, ce sont « des puissants », autrement dit, rien d'autre que des cailloux à broyer sous tes grolles ? Tu es en train de devenir inhumain à ce jeu là. Tu négliges ta famille, tes amis, et tu en oublies que c'est ta propre vie qui se barre sans que tu t'en rendes compte. Avec ça, tu es devenu cruel. Tu juges avant de parler, tu imagines que tu peux être une espèce de bras obscur de la justice et de tes conneries de principes métaphysiques sans souffrir des conséquences. Tu es con, Tren. Très con. Et fier ; trop fier. Parce que tu oublies complètement que c'est à des gens qu'elle se donne, la loyauté. Pas à des choses abstraites, et aussi qu'on a tous un fond d'humanité en commun. La vie demande pas d'être grand et fort de la manière que tu crois. Essaye de t'en rendre compte avant que tout le monde te lâche, ou avant de te faire crever. S'il te plait.
Shee.
Shee,
Je suis désolé de te faire du soucis, de ne pas pouvoir passer souvent, de ne pas arriver à être d'accord avec toi. Mais pas de ne pas me sentir conforme au portrait que tu fais de moi. Je te jure que je ne fais rien de vraiment tordu. Que ce que je fais, c'est juste ce que les autres refusent de faire par peur ou par paresse, dans tous les cas, parce qu'ils sont persuadés que ça ira mieux demain ; demain, quand ils seront morts et ressuscités dans un paradis qu'existe pas, ou bien demain, puis demain, puis demain, comme s'ils étaient éternels. Je sais que je vais mourir, comme tout le monde ; sauf que moi, je le crois. Et pour ça, je peux pas attendre que le monde s'arrange tout seul. Le soir de ma vie, je veux à tout prix avoir l'impression de ne pas avoir existé pour rien. D'avoir amélioré les choses, ce genre de trucs. Tu peux penser que c'est des conneries, tu peux. Tu as le droit. Mais pas dire que je suis un sanguinaire sans foi ni loi. J'ai juste pas réussi à ravaler mes rêves et mes premières colères, pas réussi à me fier à la petite routine qui fait le cœur de la vie de tout le monde, pas réussi à faire comme si tout allait bien, pas réussi à jouer le jeu social du plus grand nombre, celui où tout le monde rigole au second degré pour pas trop voir sa vie passer et mourir, celui où on est jamais sérieux, où on se perd dans la débauche. Je suis droit, je te jure, si j'ai une qualité, c'est celle là. Tu ne diras pas le contraire, hein ?
Désolé pour tout ça, Shee.
Ton frère, qui t'aime.
Biographie
Journal intime de Sheeana.
Aujourdui ya maman ka acouché. Cé papa qui a dit que jorais un petit frèr pour Noël, mais cé pas encor noël. Il a aussi dit que je lorai quan je saurai écrire. Y dit ke je sui prékoss. Je sé pas tro ce que sa veu dire mais bon cé pa grav.
-C'est toi qui a écrit ça ? Sérieusement ?
-Te fous pas de moi, j'avais quatre ans. C'est mignon, non ?
-Mouais.
-Tu veux qu'on parle de ton journal à toi ? Tiens, par exemple...
-Oh non... pas celui-là.
-Mais si ! C'est mignon aussi ! Regarde.
Journal intime de Tren.
On ne devrait jamais commencer à parler de quelqu'un en évoquant le jour de sa naissance. On nait tous un jour. Si je devais commencer à raconter ma vie, je commencerais par dire que mon premier souvenir conscient a été celui de mon père, jeune, barbu comme un bouc et le cheveu long, en train de bêcher son jardin sous le soleil de l'été. Et que ma mère a toujours été contente de raconter que mon premier mot après « papa, maman et Shiaaa » a été « soleil ». La première histoire dont je me rappelle était celle d'un noble échappé de sa prison dorée, devenu pirate juste pour éprouver le bonheur de l'incertitude, le danger de la vie et la proximité de la mort en vivant des aventures. Maman devait toujours m'inventer une suite, parce que je voulais lui ressembler, que j'aimais ce personnage comme s'il existait. Le premier vêtement d'adulte que j'ai porté, à sept ans, je l'avais fait de mes mains avec l'aide de ma sœur, Sheeana. Je dirais aussi que la première fois que j'ai aimé faire la cuisine, c'était enfant, avec maman. Que la première fois que je me suis senti vivant, c'est quand mon maître m'a fait mal à cause d'un moment d'inattention de ma part, au karaté. Un coup mortel, maîtrisé à temps mais qui m'a quand même touché au plexus. Que la première fois que j'ai consciemment aimé mes parents, c'est quand ils m'ont expliqué que la pratique d'un art martial était une obligation qui devrait se généraliser parce que ça rend les hommes libres, forts et indépendants. Que la première fois que j'ai voulu écrire un livre, c'était pour l'appeler « attention, la mort te regarde ». Que la première fois que mon père m'a puni, c'était parce que j'avais obéi aveuglément à un ordre injuste et arbitraire de sa part. Que la première fois que j'ai éprouvé une joie pure et sans mélange, ça a été en observant un ciel se couvrir de nuages d'orage après une course effrénée en pleine montagne. Que la première fois que je suis tombé amoureux, ça a aussi été la première fois où j'ai eu peur de devenir esclave.
-Si on oublie ta tendance à tout exagérer et à écrire comme un vieux garçon en mal de sensations...
-Shee !
-... il y a du vrai ! En plus, ton premier mot, c'était pas ça du tout, c'était « caca », comme tous les mômes du m...
-T'es sans pitié. J'avais quinze ans quand j'ai écris ce truc. Besoin d'affirmer son identité, toutes ces conneries. D'ailleurs, tu veux qu'on parle de ta première lettre d'amour ?
-Sans façon, merci. Gros naze, va. Tiens, regarde plutôt ce que j'ai gardé.
[Au colonel A. S. Fenyang. Objet : lettre de démission. Date : le 03/05/1604.]
Mon colonel,
Durant ces vingt années, j'ai été fidèle à la marine. Je jure avoir servi avec honneur et courage, de n'avoir jamais reculé devant rien pour venir en aide à mes camarades blessés et de n'avoir jamais agis autrement que par devoir. L'armée m'a énormément appris, et je ne manquerais pas de transmettre ses valeurs à mes filles et à mon fils. Ils sont l'unique raison de mon départ. J'ai attendu que les turpitudes liées à la montée en puissance de Teach cesse de causer des remous excessifs ici, où les réactions enthousiastes des jeunesses les plus violentes et arrogantes ont été brutales.
J'espère qu'un jour, mes enfants prendront ma suite. L'équilibre de ce monde tient à la puissance de notre faction. Je quitterais les rangs avec votre permission, mais jamais je ne renoncerai à vous soutenir.
Fraternellement,Vice-colonel Warren Stigand.
-Wouha. C'est papa qui te l'a donnée ? Un truc pareil ?
-Il a écrit ça le jour de mes onze ans. J'ai fauché la copie qu'il avait faite pour ses archives, et je l'ai recopiée mot pour mot. J'ai même fait la signature. Pas mal, hein ?
-Je crois savoir pourquoi. Ça sent le coup de bluff. J'imagine pas papa tordre autant le cul devant un supérieur. Puis sérieux, de quels remous il parle ? Y'a jamais eu le moindre bordel dans sa garnison, c'est même pour ça que maman l'a tiré de là...
-Connaissant papa, il a du vouloir y croire jusqu'au bout. Qu'il l'aurait, sa bataille, son baptême de feu. Il a passé tant d'années à tourner en rond, avec le hasard de l'administration qui lui refusait toujours sa mutation...
-Un jour, il m'a avoué que sans maman, il serait encore à son poste à attendre un ennemi qu'on a pas vu dans la zone depuis plus d'un siècle.
-C'est pour ça que je l'ai gardée. Je voulais qu'on puisse se rappeler à quel point l'armée, c'était pas pour nous.
-Ahah, ironique. J'aime bien. J'ai une deuxième pièce à joindre à ta collection anti-militaire, alors. Regarde.
-Qu'est-ce que...
Ma chérie,
Cela fait des mois que je te raconte que tout va bien, que j'aime le poste auquel je retourne en bondissant comme un gaillard à la fin de chaque permission passée auprès de toi. Des mois que je te dis que les copains sont des gens honnêtes, droits et courageux, des mois que je te dit que l'on mange mal mais que c'est à la qualité déplorable de sa cuisine que l'on reconnaît les meilleures armées. Il faut que je te dise que je t'ai menti. Que je ne supporte plus de le faire.
Les tours de garde sont toujours les mêmes, aux mêmes heures, aux mêmes endroits ; nous nous crevons les yeux à guetter une mer d'huile, vide du moindre forban, du moindre ennemi à combattre. Le vieux colonel qui gère la base m'a raconté qu'il avait passé presque toute sa vie à attendre ici, et qu'il croyait que ça ne saurait tarder, que l'ennemi allait venir et attaquer au moment où nous nous y attendrons le moins. Ici, tout le monde espère ; tout le monde attend son jour de gloire. On se perd dans les gestes automatiques, on tue notre jeunesse à force de manquer de nouveauté. Les jour se ressemblent tellement que je les confonds. Je ne suis plus capable depuis des années de faire la différence entre une journée datant d'une semaine et une autre datant d'il y a deux ans. Je suis soumis à la fuite du temps et je manque de courage pour m'en sortir.
Alors s'il te plait. J'ai déjà rédigé des tonnes de lettres comme celle-ci sans jamais franchir le pas. Je profite que le fou de bassan postal soit resté picorer des graines pour ne pas réfléchir et lui donner celle-ci. La prochaine fois que je viendrai en permission, ne me laisse plus repartir avant que j'ai officiellement annoncé ma démission.
Pardon de te demander une chose pareille. J'ai honte.Warren.
-Tu... tu peux sous-entendre que je suis une voleuse, après !
-T'excite pas, c'est papa qui me l'a donnée quand j'ai eu seize ans. Il voulait me donner une leçon, parce que je faisais mon travail trop mécaniquement, sans trop penser à ce que je faisais.
-Tu as du te foutre de lui.
-Non. Et tu aurais vu la gueule qu'il tirait, tu aurais pas eu envie non plus. Ça m'a pas aidé à mieux planter les radis, mais j'ai fait de gros progrès avec le sensei grâce à cette lettre. Il m'a laissé la garder quand je lui ai dit ça. C'est quoi cette coupure de journal, là ?
-Oh, ça...
ACTE DE VENTE
TANUKI, maison type ferme, RdC, 1étage, grenier + cave, total 200m² + 3hect terrain vierge constructible. VENDU ce jour famille STIGAND pour 10M berrys. Ayant droit : M. STONEHENGE.
-La maison...
-Tu dois pas aussi bien t'en rappeler, mais ça a tout changé pour nous. Avant, on vivait dans une cabane de pêcheur. Maman n'avait pas de salaire stable. Elle reprisait le linge des voisins, s'occupait des enfants des autres...
-Je sais. Il y avait la solde de papa, mais il mettait de côté. Ça valait le coup.
-Le jardin, papa qui travaillait au soleil, la cuisine de maman.
-Les cours à la maison, les repas avec le vieux sensei, les copains de la rue qui venaient quand ils voulaient. La Tribu...
-Tu as beau dire, c'était chouette la vie. Surtout la Tribu.
-Tu as toujours ton vieux dessin.
-La Tribu au grand complet, en tenue de rônins. C'est trop classe. Puis on est beaux dessus.
-Marrant que tu ais fait Bren aveugle.
-Manière de rappeler qu'il se prenait tous les murs.
-Pauvre vieux, le sensei lui tombait toujours dessus. Jamais vu un type aussi distrait. Il devient quoi ?
-Il gère la ferme de ses parents. Il s'est marié, t'étais invité, tu te souviens ?
-Ah, oui, oui. Et les autres ? Rydd, toujours pas de nouvelles ?
-Il passe encore moins souvent que toi. Pas du tout. Svein et Hou-Chi passent tous les jeudis par contre. Comme avant.
-Arrête de mettre des reproches en sous-entendu un peu partout s'il te plait Shee. J'ai eu une grosse journée.
-Ouais, tu as toujours des grosses...
-Hum ?
-Tu... ne me dis pas que tu as gardé ce truc...
-Oh. J'aime bien le relire.
-Tu m'avais promis de le jeter !
-Tu m'avais menacé avec un fer à repasser.
-... C'est vrai ?
-Ouais, tu avais un caractère de merde.
-Mais !
-Pardon. Tu l'as toujours.
-MAIS ! Putain de gros con, va ! ...
-Ahahahah ! Si tu savais comme j'aime la tête que tu fais quand t'es en colère.
Cher monsieur Stigand,
En vertu de l'article 9b de la convention sur les droits des propriétaires terrestres, et de l'alinéa 3 de la loi sur les voisinages, je me permets de vous adresser cette lettre de courtoisie pour vous annoncer que demain, à sept heures du matin, des ouvriers viendront détruire le poulailler que vous avez construit à l'extrémité de vos terres. En effet, ce bâtiment, en plus d'être plus haut d'un centimètre par-rapport à a limite autorisée pour un bâtisseur non-professionnel, est entièrement situé sur le terrain constructible que je viens d'acquérir.
Veuillez agréer, monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments.L. Custer.
-Je suis sûre que tu adores entretenir ta colère de môme de douze piges qui a détesté voir le fruit de son premier travail se faire écraser par une chose contre laquelle il pouvait rien.
-C'est pas la seule chose que j'ai gardée. J'y tiens beaucoup, tu sais ?
-Parce que ça te sert de justificatif ? Le courageux Tren contre la violence des lois et des gens qui en tirent du pouvoir ? Le brave soldat du peuple contre la vilaine bureaucratie et ses suppôts ?
-Non, parce que sans, j'arriverais pas à croire que l'humain puisse être aussi con. Puis aussi pour ça. T'as déjà pensé à arrêter d'être maline, Shee ?
-Je préfère pas. Regarde plutôt ça.
-... Wouha !
-Tiens. J'avais oublié qu'à cette époque, tu avais cette tête de petit merdeux prétentieux.
-C'était le jour de mon passage de dan ! Le sensei m'avait même prêté sa tenue de parade pour la photo... puis je m'étais fait beau. Rasé et tout et tout.
-La tenue qu'on lui avait offerte et qu'il refusait obstinément de porter, que tu lui as réclamée à corps et à cris je me suis toujours demandée comment tu en avais découvert l'existence, d'ailleurs jusqu'à ce qu'il cède, et avec laquelle tu étais tellement fier de parader que tous tes mouvements de pose étaient foireux pour les photos. Super pub pour l'école.
-Mais...
-Faut bien que je te charrie un peu. T'étais bon, même aux armes. Et discipliné. Et je crois comprendre dans tes lettres que tu n'as rien perdu. .
-C'était des chouettes années, ça. J'ai jamais retrouvé un type qui m'a appris autant de bonnes choses que le sensei.
-Il manque, c'est clair.
-Mort dans son lit... c'est... triste.
-Au contraire, c'est la meilleure chose qui ait pu lui arriver. Avoir une force terrible, puis choisir de pas s'en servir. Tu sais, le truc que je désespère te voir comprendre un jour ?
-Mouais. Eh ! C'est Maria !
-Tu te souviens d'elle ?
-Ouais, bien sûr. J'avais dix ans quand elle est partie, quand même.
-On la voyait pas beaucoup. Elle taffait déjà de nuit quand j'en avais huit. Elle allait se coucher quand on se levait, nous.
-J'aurais bien aimé la connaître mieux. C'était notre sœur. Et maintenant...
-Je crois pas qu'elle voulait avoir de lien avec nous. Elle ressemblait pas à maman, elle voulait pas de la vie qu'on menait ici. Elle faisait des conneries, et elle a jamais rien voulu dire sur ce qu'elle faisait la nuit. Papa osait pas s'en mêler, maman non plus. Elle avait un côté flippant, limite violent.
-Tant que ça ?
-Elle connaissait pas son père, et elle a fait ses premiers pas dans dix endroits différents. Quand on a eu la maison, elle a commencé à péter des câbles. En vrai, je crois qu'elle étouffait ici.
-Ce qui nous fait un point commun.
-Déconne pas. T'as rien à voir avec elle, et c'est tant mieux.
-Si tu le dis.
-Retourne cette photo. Son dernier mot.
« J'ai une opportunité ailleurs. Je me barre, je pense pas que je reviendrai. Me cherchez pas, faites votre vie. Il y a une bourse pleine dans ma chambre. Gardez là, dédommagement pour les années où je bossais pas encore. Salut. Maria. »
-Ah, ça j'savais pas. C'est nul de sa part.
-J'en sais rien. Elle avait dix ans de plus que moi, elle a peut-être vu des trucs qui nous feraient changer d'idée sur papa et maman.
-Ou peut-être que t'as raison et que c'était juste une connasse jalouse et orgueilleuse.
-Non, ça c'est toi. Tu te souviens quand t'es parti après ton passage de dan, pour la Quête du Maître ?
-Huit mois de voyage, 1000 berrys en poche avec interdiction d'augmenter le pactole initial, même par des voies honnêtes, avec un but de conte de fée. Arrête de jouer à ça, Shee. Toi aussi quand tu l'as fait, tu étais folle de joie. Et tu t'en cognais bien de me laisser tout seul à la maison. Et j'avais que treize ans, moi.
-J'ai jamais dit le contraire ! Je l'ai pris tellement au sérieux... je devais trouver l'un de ses amis qu'il n'avait absolument pas prévenu, me faire accepter par lui, l'inciter à m'enseigner ses secrets, et m'en servir pour débarrasser un village d'un despote ! Et je suis rentrée avec la bourse intacte, moi.
-Excuse moi d'avoir tout claqué dans un bistrot le jour où j'ai compris que j'avais réussi et que je pouvais rentrer. Je devais faucher un meitou à un pirate, moi ! C'était autre chose que le maire qui s'était engraissé à force de pas avoir de résistance sérieuse que tu as eu à affronter ! Et puis j'avais rien dépensé non plus. J'ai passé plus de temps à récurer des latrines de navires marchands pour me faire accepter à bord et à frapper à des portes fermées pour me faire héberger qu'à apprendre des chouettes techniques. Il m'a pas fait de cadeau, le sensei.
-Je déteste m'immiscer dans la vie des gens, et je n'aime pas du tout la gloriole insensée dont tu t'amuses à jouir dans toutes les occasions. Il m'a donné une tâche qui m'a rendue célèbre dans une île entière ! Et toi, il t'a donné un boulot obscur de chasseur de primes. C'est comme ça qu'il nous a rendus forts.
-Me fais pas la leçon.
-Moi aussi je fais ce que je veux.
-Je sais, t'as épousé un punk.
-Parle... parle pas de lui comme ça !
-C'est pas un punk, ça ?
-Montre pas du doigt. Et parle pas de mon mari comme ça.
-Ton mari !
-Le père de mes enfants c'est à dire, de tes neveux, que tu le veuilles ou non. Même avec les terminaisons nerveuses détruites, même s'il se fait dessus et si je suis comme sa mère maintenant.
-Mouais. Il sait que tu as un amant ?
-Oui, il sait. Maintenant, arrête. Tu as jamais pu blairer Burzmali. C'est pas une raison pour lui souhaiter que je le foute dehors. Et si tu veux qu'on parle de ta vie sentimentale, on peut aussi.
-Ça irait vite.
-Y'a pas de quoi être fier. Y'a des fois où je me demande si ce sont pas tes foutus révos qui t'ont mis tout ça dans la tête.
-C'est le Sensei qui a tout manigancé pour que je les rencontre. J'en suis sûr.
-Et que tu les tues ; bien sûr. Je me disais pareil avec l'université de Luvneel, le professeur Finnegan et les autres trucs. Mais au final, je pense que c'est juste le fait d'être lâché dans le monde qui fait qu'il nous arrive des histoires un peu folles. D'ailleurs, je pense pas qu'il ait jamais voulu que tu viennes emmerder mon mec dans sa chaise roulante à chaque fois que tu te pointes à la maison.
-Je t'ai déjà dit ce qu'il s'est vraiment passé avec les révos ?
-Tu en a tué quelques uns. Je sais. Tu m'écris à chaque fois que tu fais des conneries dans ce genre là.
-Non, pas ça. Enfin, si, mais pas que ça. Tiens. Lis. Elle était pour Freeman, mais je l'ai jamais envoyée. Je savais pas quelle adresse mettre.
Bande salauds. Vous exaltez le courage, vous vous livrez à des entraînements qui font honneur à vos tempéraments d'hommes et de femmes de sang fort, vous chantez des lendemains solaires, vous faites des offrandes à la sainte liberté ; vos slogans disent l'indépendance, l'autonomie, le libre choix, l'égalité. Vous me tuez. Vous me tuez lorsque vous assumez ce genre d'idéaux tout en commençant déjà à nommer les dirigeants hypothétiques de demain !
Que croyez-vous ? Peut-être que celui-ci et celui-là ont de bons principes, qu'ils tiendront quelques années sans avoir envie de disposer du pouvoir énorme que vous entendez leur confier. Et alors ? Je parierais mon propre sang que les Dragons que vous haïssez tant ont eu de lointains ancêtres aussi loyaux et incorruptibles que les chefs que vous admirez tant ! Vous ne tirez aucune leçon de l'histoire ! Vous vous croyez supérieurs parce que vous avez décidé d'agir, mais vous ne faites que régénérer le monde à l'identique ! Vous n'être que des reproducteurs ivres de goûter à un pouvoir qui vous est inaccessible ! Des aigris qui n'ont pas encore compris que le monde doit apprendre à se passer des puissants pour s'accomplir en tant que terre promise ! NOUS SOMMES LES FORTS. Nous n'avons pas besoin de le prouver en plaçant autre chose que nos maîtres et nos parents au-dessus de nous pour le temps où nous en avons besoin. Vous avez de seize à quatre-vingt-seize ans ; ne pensez-vous pas que vous êtes largement assez grands pour tracer votre route sans avoir envie de n'être ni l'élève ni la béquille condescendante de qui que ce soit ?
Je vous déteste ; vous êtes des menteurs, des trafiquants d'espoir, des chiens qui ne font qu'aspirer à prendre la place des loups. Pour cela, tous ceux qui ne sont pas de farouches dissidents, je vous traquerai jusqu'au dernier. Et j'aurais l'aval du gouvernement odieux que vous haïssez tant, et dont vous n'êtes que l'image-miroir !Tren, homme du peuple.
-C'est pratiquement mot pour mot ce que tu m'as mis dans ta lettre. En plus soft. T'as aucune mémoire, c'est fatiguant. ça et ta manière de faire croire que tous tes actes sont chevaleresques, crois moi que c'est usant.
-T'es injuste Shee.
-Tu sais bien que non.
-Qu'est-ce... ?
Journal intime de Sheeana.
Cher journal,
Depuis que Tren est rentré, il n'est plus le même. Moi aussi, la Quête m'a changée, mais je pense pas à ce point, pas comme ça. La première chose que j'ai faite en rentrant, ça a été réunir la Tribu, et embrasser Burzmali comme s'il risquait de mourir le lendemain. Tren, non. Il est rentré, il a posé ses affaires dans sa chambre, il a salué papa et maman sans s'arrêter (j'y étais pas, mais c'est ce qu'ils m'ont dit), puis il est allé frapper chez le sensei. Il était deux heures du matin, et il était déjà malade à l'époque... il est reparti le lendemain matin, furieux. J'avais à peine pu le croiser. A l'époque, ça m'avait mis dans un état épouvantable. Je me demandais ce que j'avais fait pour le vexer, tout y passait : une réflexion faite il y a trois ans, la détention de détails compromettants pour les parents, des histoires d'enfants, des histoires sans importance que je gonflais pour avoir un prétexte, une raison, un moyen d'action pour réparer le lien qui s'était si mystérieusement brisé.
Et puis un jour, il est revenu, tout sourire, avec un uniforme de la poste et son éternel sabre dans le dos. Il nous a raconté qu'il avait réglé une affaire personnelle, que maintenant, tout allait mieux. Je pensais que j'allais le tuer. Est-ce qu'il s'est seulement posé des questions quand il a senti ma porte lui aplatir la gueule ? Franchement, je sais pas. Il est revenu avec des fleurs et un air tout désolé, je me suis pas sentie de lui en vouloir plus longtemps. Je lui ai sauté dans les bras en essayant de pas trop pleurer. Et il a fallu qu'il insiste pour que je le lâche. Un connard, c'est un triple connard, mais c'est mon frère. Putain.
-Shee, j'suis désolé. Sincèrement.
-C'est bon, ça fait presque dix ans. Tu t'es jamais posé de questions, hein ?
-J'avais même pas capté que j'avais pu mal me conduire avec vous. J'y ai vite fait repensé, plus tard. On en a déjà causé, Shee. Tu sais que j'avais pas la tête à ça.
-Parce que t'étais tout à ta petite croisade de merde contre un gars qui t'avait menacé sous prétexte qu'il était bien entouré et en position de force. Je sais. Et ça avait été l'élève du sensei, donc tu as passé la nuit à le harceler pour qu'il te renseigne sur le genre de type que c'était. La vérité, c'est que si tu avais laissé tombé, il aurait rien fait du tout.
-On peut pas savoir.
-C'est sûr que c'est pas de là où il est maintenant qu'il pourra nous dire s'il était sérieux.
-Il avait l'envie et le pouvoir d'écraser les autres. Sa mort a été un bienfait général. J'ai aucun doute là-dessus.
-C'est bien ce que je te reproche. Et je suis pas la seule. Tes chefs aussi, ils en ont marre, tu sais ?
-Oui. Mais ils peuvent pas se passer de moi. J'suis le seul à aller dans les coins les plus merdiques avec le sourire et tout. Je fous le bordel, mais je suis un bon élément.
-Un bon élément qui trucide parfois ses clients juste après leur avoir refourgué un colis, et qui laisse des cadavres plus ou moins anonymes dans son sillage. Mouais.
-Shee ! J'ai toujours été discret !
-C'est la seule raison pour laquelle tu as pas encore ta tête collée sur une affiche avec un gros tas de zéros en-dessous. Ça, et le fait d'avoir des potes et de la famille qui continuent de croire en toi alors que tu fais comme s'ils existaient pas.
-Putain, j'en prends plein la gueule aujourd'hui.
-Je dis pas ça pour t'emmerder. Tu sais très bien que c'est la vérité.
-Et tu sais très bien que je fais pas ça pour le plaisir. Je veux dire, pas être là souvent, passer du temps à apprendre à connaître des gens à l'autre bout des Blues, et puis...
-Et puis les buter quand ils rentrent pas dans ta case « mec bien ». C'est sûr que ça te rend tout à fait légitime.
-Shee, les meilleures intentions du monde suffisent pas. Tu peux bien vivre avec tes voisins, essayer d'être juste et responsable tout le temps, si tu coupes pas la tête à ceux qui aspirent qu'à écraser les autres, tu pourras pas changer le monde.
-Qui parle de changer le monde ?
-Moi ! Et je suis sûr que je suis pas le seul !
-Si, les autres doivent tous être morts depuis longtemps. Pauvre type. Ou alors, ils font partie de tes connards de révos.
-Toi et moi, on sait très bien que la révo changera rien au monde sur le long terme. Tant que les gens penseront qu'ils ont besoin d'autres gens pour assumer leurs vies à leur place, on sera en-dessous de ce qu'on est sensé être.
-T'es pas un exemple, Tren.
-J'essaye, pourtant. Je te jure que j'essaye. Sois pas si dure, Shee...
TEST RP
-Ouais. Je comprends que ça te mette dans cet état. Mais bon.
-Mais quoi ?
-Bah, t'y peux rien. T'as fait ton taff, non ? Vrai que t'as peut-être un peu manqué de jugeotte, hein, je dis pas, mais...
-Oh, aller, j'étais à la bourre dans mes livraisons, j'avais pas mangé, j'étais passé en vitesse automatique. Mais justement, dans un sens, frangine. T'imagines si tout le monde arrêtait de réfléchir juste après avoir sauté un ou deux repas ?
-Honnêtement, Tren, je crois que c'est le cas.
-Bah ça devrait pas. J'aurais jamais du livrer ce truc. En plus, j'suis presque sûr que c'était pas légal, comme paquet. Me rappelle pas de l'expéditeur, normalement, je vérifie, et...
-C'est pas toi qu'a eu l'initiative de tout ça. Arrête juste d'y penser. Putain, pour une fois que t'as des problèmes de morale, c'est même pas pour de bonnes raisons. T'es grave.
-J'aime pas qu'on m'utilise pour tuer des gens, Shee. Le vieux, je le connaissais pas.
-M'étonne que t'ais rien essayé de savoir sur lui.
-Ah mais si, justement. Sauf qu'on a rien su me dire. Puis bon, Zaun quoi. Tu sens que t'es pas trop le bienvenu là-bas, surtout quand tu poses des questions.
-Et pourtant, t'as réussi à connaître l'expéditeur.
-C'est le bureau de poste, ça. Pour des trucs de plus de cinq kilos, faut s'y rendre en personne et signer un reçu. Le gars a pas du trop trop juger important de se planquer, parce que c'était pas le premier courrier qu'il envoyait sous le même faux nom. Et comme les gars du bureau sont en sous-effectif, ils l'ont tous vu plus d'une fois, ils ont pu me faire une description.
-C'était quoi, ce faux nom ?
- « Punk Lanart ».
-Ah oui, en effet, ça sent pas la grande envie de faire discret.
-Quand j'ai eu assez de témoins, j'ai recruté le vieux Teg. Il a modifié cinq ou six fois le portrait avec l'aide des employés que ça faisait bien marrer. Quand tout le monde est tombé d'accord, j'ai mis le sac sur l'épaule et j'ai profité de la livraison pour m'arrêter dans toutes les auberges, pour demander aux gens.
-T'as réussi à faire ça pendant le taff ?
-L'enquête, ouais. J'ai pris des courriers pour toute la Blue, comme ça, j'étais sûr de tomber sur quelque chose. Puis ça a choqué personne, c'était pas la première fois. Par contre, j'ai du prendre deux jours de congé quand j'ai compris qui c'était. J'avais pigé que j'aurais du mal à l'atteindre physiquement. Mais je voulais au moins lui causer.
-Des fois que tu te sentes de rejoindre son point de vue sur le mec qu'il a fait explosé avec une bonne partie du secteur de l'hôpital où il se trouvait. T'es grave.
-Je voulais savoir. J'ai écrit un courrier, je l'ai mis sous une de nos enveloppes et cacheté avec notre sceau. Puis je l'ai livrée par mouette postale.
-Tu lui as écris quoi ? Je veux dire, tu t'es adressé à un mec qui aime bien faire exploser les gens par courrier. Ça m'étonnerait qu'il accepte de te causer juste parce que tu lui envoies une carte ou alors, vous faites la paire, mais ça me plairait pas trop.
-J'ai gardé une copie si jamais elle se perdait en route. Je fais pas trop confiance aux mouettes.
-Normal, elles font mal à ton orgueil. Donne.
-Ouiii, d'accord. Tu t'es bien amusé, hein ?
-Comme un petit fou.
-Et ça a marché ?
-Tu connais la réponse.
-Mon Dieu.
-Il m'a fait une grosse commande avec pas mal de bombes à retardement, mais aussi de la dynamite et un peu de nitro. Je pense qu'il crois pouvoir continuer à se servir de la poste de Tanuki pour faire péter des gens, du coup. Alors j'ai fait passer un bulletin d'alerte dans tous nos bureaux.
-Tiens, une idée pleine de bon sens. T'es sûr que ça va ?
-Arrête, Shee... Il a voulu visiter les locaux de l'entreprise, aussi. Mais il pouvait pas se déplacer. Je lui ai dit d'envoyer quelqu'un de confiance. Le problème...
-C'est qu'il était pas assez con pour t'envoyer un bras droit avant d'avoir reçu sa commande. On doit être prudent quand on est un fugitif, non ?
-Ben non, même pas. Il m'a dit qu'il voulait bien l'envoyer tout de suite mais qu'il avait plus de bateau disponible pour ça. Mais il a dit qu'il se débrouillerait. Alors on a fixé l'heure et la date, puis aussi le lieu. J'ai donné comme adresse le port de Logue Town, j'avais deux heures de battement entre deux courriers, le temps d'attendre le navire de fret. Je pensais recevoir le gars avec mon bandeau autour de la tête et mon écharpe remontée, avec mon ciré marin. Ça tombait un jour de pluie, en principe.
-Sauf qu'il a fait grand soleil.
-Eh ben non. Un grisou pluvieux et triste à souhait, assez froid pour justifier tout l'attirail. Sauf que ce qui s'est pointé, c'était pas un homme.
-Un visual Denden...
-Oui. Je me suis fait avoir comme un bleu, et quand j'ai eu le malheur d'ouvrir le paquet du fou de Bassan, j'ai été tellement surpris que je l'ai foutu à la mer.
-Pauvre bête. Ahahah.
-Depuis, j'ai du changer d'escargophone de fonction. J'ai prétexté un harcèlement qui m'empêchait de travailler.
-Et t'as jamais su qui c'était, la victime de l'hôpital...
-Je vais te paraître con, mais j'étais tellement content d'être sur une piste de révos violents qui hésitent pas à faire sauter une aile de soin sans soucis du collatéral que j'ai complètement oublié d'essayer de ruser pour demander.
-Tren...
-Je peux reprendre du thé ?
-Quand tu m'auras servi un double scotch.
-Mais quoi ?
-Bah, t'y peux rien. T'as fait ton taff, non ? Vrai que t'as peut-être un peu manqué de jugeotte, hein, je dis pas, mais...
-Oh, aller, j'étais à la bourre dans mes livraisons, j'avais pas mangé, j'étais passé en vitesse automatique. Mais justement, dans un sens, frangine. T'imagines si tout le monde arrêtait de réfléchir juste après avoir sauté un ou deux repas ?
-Honnêtement, Tren, je crois que c'est le cas.
-Bah ça devrait pas. J'aurais jamais du livrer ce truc. En plus, j'suis presque sûr que c'était pas légal, comme paquet. Me rappelle pas de l'expéditeur, normalement, je vérifie, et...
-C'est pas toi qu'a eu l'initiative de tout ça. Arrête juste d'y penser. Putain, pour une fois que t'as des problèmes de morale, c'est même pas pour de bonnes raisons. T'es grave.
-J'aime pas qu'on m'utilise pour tuer des gens, Shee. Le vieux, je le connaissais pas.
-M'étonne que t'ais rien essayé de savoir sur lui.
-Ah mais si, justement. Sauf qu'on a rien su me dire. Puis bon, Zaun quoi. Tu sens que t'es pas trop le bienvenu là-bas, surtout quand tu poses des questions.
-Et pourtant, t'as réussi à connaître l'expéditeur.
-C'est le bureau de poste, ça. Pour des trucs de plus de cinq kilos, faut s'y rendre en personne et signer un reçu. Le gars a pas du trop trop juger important de se planquer, parce que c'était pas le premier courrier qu'il envoyait sous le même faux nom. Et comme les gars du bureau sont en sous-effectif, ils l'ont tous vu plus d'une fois, ils ont pu me faire une description.
-C'était quoi, ce faux nom ?
- « Punk Lanart ».
-Ah oui, en effet, ça sent pas la grande envie de faire discret.
-Quand j'ai eu assez de témoins, j'ai recruté le vieux Teg. Il a modifié cinq ou six fois le portrait avec l'aide des employés que ça faisait bien marrer. Quand tout le monde est tombé d'accord, j'ai mis le sac sur l'épaule et j'ai profité de la livraison pour m'arrêter dans toutes les auberges, pour demander aux gens.
-T'as réussi à faire ça pendant le taff ?
-L'enquête, ouais. J'ai pris des courriers pour toute la Blue, comme ça, j'étais sûr de tomber sur quelque chose. Puis ça a choqué personne, c'était pas la première fois. Par contre, j'ai du prendre deux jours de congé quand j'ai compris qui c'était. J'avais pigé que j'aurais du mal à l'atteindre physiquement. Mais je voulais au moins lui causer.
-Des fois que tu te sentes de rejoindre son point de vue sur le mec qu'il a fait explosé avec une bonne partie du secteur de l'hôpital où il se trouvait. T'es grave.
-Je voulais savoir. J'ai écrit un courrier, je l'ai mis sous une de nos enveloppes et cacheté avec notre sceau. Puis je l'ai livrée par mouette postale.
-Tu lui as écris quoi ? Je veux dire, tu t'es adressé à un mec qui aime bien faire exploser les gens par courrier. Ça m'étonnerait qu'il accepte de te causer juste parce que tu lui envoies une carte ou alors, vous faites la paire, mais ça me plairait pas trop.
-J'ai gardé une copie si jamais elle se perdait en route. Je fais pas trop confiance aux mouettes.
-Normal, elles font mal à ton orgueil. Donne.
Cher monsieur Tex,
Notre entreprise a eu connaissance de vos exploits pyrotechniques, et aurait bien du plaisir à vous offrir de nouvelles sensations. Nous faisons commerces d'explosifs, de bombes, de fusées, à usage privatif ou public, ludique ou guerrier. Vous trouverez, ci-joint, un extrait de notre catalogue. Si vous souhaitez recevoir plus d'informations ou consulter un conseiller, nous vous joignons notre escargophone dans le dépliant. Un agent aura grand plaisir à vous répondre.
Veuillez agréer, monsieur, l'expression de toute notre courtoisie.
BOMB&DYNcie. SARL – LOGUE TOWN.
PS – notre entreprise est, pour d'évidentes raisons, clandestine. Nous vous remercions de ne pas divulguer cette lettre. Nous sommes des sympathisants révolutionnaires, mais nos formations respectives d'économistes, d'ingénieurs et d'horlogers ne nous permettent guère le métier des armes. Bien entendu, nos tarifs seront pour vous les plus bas du marché. Mort aux vaches !
-Ouiii, d'accord. Tu t'es bien amusé, hein ?
-Comme un petit fou.
-Et ça a marché ?
-Tu connais la réponse.
-Mon Dieu.
-Il m'a fait une grosse commande avec pas mal de bombes à retardement, mais aussi de la dynamite et un peu de nitro. Je pense qu'il crois pouvoir continuer à se servir de la poste de Tanuki pour faire péter des gens, du coup. Alors j'ai fait passer un bulletin d'alerte dans tous nos bureaux.
-Tiens, une idée pleine de bon sens. T'es sûr que ça va ?
-Arrête, Shee... Il a voulu visiter les locaux de l'entreprise, aussi. Mais il pouvait pas se déplacer. Je lui ai dit d'envoyer quelqu'un de confiance. Le problème...
-C'est qu'il était pas assez con pour t'envoyer un bras droit avant d'avoir reçu sa commande. On doit être prudent quand on est un fugitif, non ?
-Ben non, même pas. Il m'a dit qu'il voulait bien l'envoyer tout de suite mais qu'il avait plus de bateau disponible pour ça. Mais il a dit qu'il se débrouillerait. Alors on a fixé l'heure et la date, puis aussi le lieu. J'ai donné comme adresse le port de Logue Town, j'avais deux heures de battement entre deux courriers, le temps d'attendre le navire de fret. Je pensais recevoir le gars avec mon bandeau autour de la tête et mon écharpe remontée, avec mon ciré marin. Ça tombait un jour de pluie, en principe.
-Sauf qu'il a fait grand soleil.
-Eh ben non. Un grisou pluvieux et triste à souhait, assez froid pour justifier tout l'attirail. Sauf que ce qui s'est pointé, c'était pas un homme.
-Un visual Denden...
-Oui. Je me suis fait avoir comme un bleu, et quand j'ai eu le malheur d'ouvrir le paquet du fou de Bassan, j'ai été tellement surpris que je l'ai foutu à la mer.
-Pauvre bête. Ahahah.
-Depuis, j'ai du changer d'escargophone de fonction. J'ai prétexté un harcèlement qui m'empêchait de travailler.
-Et t'as jamais su qui c'était, la victime de l'hôpital...
-Je vais te paraître con, mais j'étais tellement content d'être sur une piste de révos violents qui hésitent pas à faire sauter une aile de soin sans soucis du collatéral que j'ai complètement oublié d'essayer de ruser pour demander.
-Tren...
-Je peux reprendre du thé ?
-Quand tu m'auras servi un double scotch.
Dernière édition par Tren Stigand le Jeu 19 Nov 2015 - 22:17, édité 10 fois