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On meurt de faim! |Nazgahl Cradle|

Notre jeune héros venait de quitter la fameuse île de Logue Town, celle réputée pour sa fameuse citation : "La ville où tout commence et où tout se termine". Daiki et sa marionnette - Flûte - avait appris pas mal de choses sur cette île, son histoire, mais surtout, il avait pris connaissance des révolutionnaires. Le voyageur avait même reçu une invitation pour les rejoindre, mais il avait besoin de temps pour y réfléchir. Cette demande improvisé l'avait quelques peu perturbé, aussi bien qu'il avait quitté Logue Town sans faire le plein en nourriture et boisson.

Les deux individus à bord du Passepartout ne se sentaient pas bien, en effet, ils n’avaient rien avalé depuis leur départ. Ayant prit les voiles la tête ailleurs, Hanchin – le surnom de Daiki – avait oublié de faire le plein en provision. Mise à part quelques tonneaux d’eau, il n’y avait rien sur le bateau. Le voyageur était peu lucide et il naviguait dans une direction inconnue et purement aléatoire. Le destin les aidera-t-il à trouver de quoi se nourrir ou les fera-t-il périr en mer ? Cette dernière hypothèse était la plus probable…

Soudainement, alors que le petit bateau naviguait de son propre chef, Daiki aperçut une silhouette au loin ou plutôt un grand bateau. Son esprit devait y jouer des tours, mais si cela était bien réel, alors ils étaient dans le pétrin, enfin, il y avait de fortes chances qu’ils tombent sur des pirates. Cependant, aucun drapeau noir ne flottait dans les airs. Notre jeune héros tenta de mieux comprendre de quoi il s’agissait et analysa le bateau. Une tête de poisson et une écriture sur la maison se trouvant sur le pont, mais qu’était-ce écrit ? Res… restau… restaurant !!!

• Regarde Flûte ! Regarde ! Un restaurant !!!

Le pantin se leva et se mit à danser tout en jouant de sa flûte. Instantanément, l’énergie revint chez Daiki et son ami. Sans tarder, le jeune homme originaire de Suna Land jeta l’ancre et débarqua sur le pont du bateau-restaurant. Son ventre gargouillait comme pas possible et avant de rentrer dans le restaurant, il se souvint qu’il n’avait pas un pet d’argent. Comment allaient-ils faire pour manger ?

• On n’a pas d’argent Flûte…

La petite marionnette leva le doigt et fouilla ses poches pour en ressortir une petite bourse avec quelques pièces à l’intérieur. Il mima qu’on lui avait donné de l’argent lors d’une représentation de sa part. Ce pantin allait être plus utile qu’on ne pouvait le croire. Sans plus attendre, le duo entra dans le restaurant et s’assirent à une table. Un menu le fut proposé et Daiki examina attentivement les plats les moins chers. Étrangement, Flûte n’ouvrit même pas la carte.

• Tu ne regardes pas le menu ?

Il secoua la tête, ouvrit le menu, pointa du doigt un mot et haussa les épaules.

• Tu ne sais pas lire ?

Il secoua à nouveau la tête, puis fit signe qu’il ne voulait rien manger en agitant ses bras devant lui.

• Tu n’as pas faim ?

À nouveau, il secoua la tête. Il expliqua à l’aide de gestes, qu’il ne mangeait jamais.

• Mais pourquoi tu te tenais le ventre et tu faisais comme si tu te sentais mal sur le bateau ?

La marionnette indiqua du doigt notre jeune héros, puis lui.

• Tu me recopiais ?

Cette fois, il secoua la tête, mais pour répondre positivement à la question de Daiki. Ce dernier se mit à rigoler suite à la révélation de son compagnon, décidément, c’était vraiment drôle de personnage ce pantin. Le serveur revint et prit la commande du jeune explorateur, puis posa une question étrange.

• Nous sommes à court de place et un nouveau client vient d’arriver, puis-je le mettre à votre table ?

Daiki jeta un regard à Flûte et répondit.

• Oui pas de problème.

Dit-il, mais il regretta vite sa réponse lorsqu’il vit le client, un homme ou plutôt un monstre à l’aspect effrayant. Notre jeune héros regarda à nouveau son compagnon, qui était lui aussi, en train regretter, ils étaient tous les deux morts de peur.


Dernière édition par Daiki le Ven 13 Nov 2015 - 9:19, édité 1 fois
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Une silhouette encapuchonnée pénétra dans l'enceinte du restaurant. Personne ne l'avait vu accoster, comme si elle était apparue sur le Baratie par magie. Enfouie dans son épais manteau de cuir surplombé d'une capuche en fourrure brune, la chose contrastait avec le paysage guilleret et pittoresque du restaurant maritime. Le seul avantage étant d'ailleurs le vent marin permettant, en partie tout du moins, de camoufler les immondes effluves cadavériques qui émanait de cet étrange invididu. Une serveuse vint à sa rencontre, non sans retenir un puissant haut-le-coeur.

"Heu... Bonjour. Navré, nous sommes complets."

Une voix profonde et éraillée s'extirpa difficilement de cette informe masse de tissu. Sous un épais chapeau de cuir, la créature masquait son faciès. Néanmoins, on discernait aisément deux globes rougeoyants sous ce déguisement. Il avait tout d'un épouvantail croisé avec un croque-mitaine, et fixait la demoiselle de ses mirettes affreuses.

"Une tabv'le..."

"Je suis désolé monsieur, mais nous sommes..."

En un éclair, le sombre étranger saisit le bras de la petite, la ramenant à lui si vite qu'elle fut tétanisé et donc incapable de lâcher le moindre appel à l'aide. Ce faisant, il révéla en un hochement de tête son masque monstrueux et tâché d'hémoglobine, et surtout une monstrueuse mâchoire complètement édentée, elle aussi maculée de rouge.

"Jv'exige une tfable dans votre ...ffffoutu reftaurant."

Terrifiée par son vis-à-vis, la jeune femme écarquilla les yeux et se mordit vivement la lèvre inférieure, affichant ouvertement sa surprise et son dégoût. L'haleine de chacal qui émanait de cet être n'aidait en rien, par ailleurs. Elle finit donc par céder, non sans remord.

"D... D'accord. Je vais voir ce que je peux faire. Ne bougez pas heu... s'il-vous-plaît."

S'esquivant rapidement pour échapper à ce client nauséabond et franchement antipathique, elle fila en cuisine pour faire part à ses supérieurs de la délicate situation dans laquelle elle se trouvait. L'ombre, quant à elle, vint enfouir son faciès hideux dans son vêtement, rabaissant son chapeau de sa patte couverte de bandages jaunâtres. Peu après, la jeunette réapparut, une moue gênée sur le visage. Elle s'éclaircit la voix et positionna la carte du restaurant devant son visage. Non pas pour se camoufler, mais pour éviter de reprendre une salve olfactive de détritus quand on lui répondrait.

"He bien monsieur... Des clients ont une place libre à leur table. Ca vous convient ?"

Le mystérieux bonhomme haussa les épaules pour transmettre son accord, toujours emmitouflé jusqu'aux narines. Il effectua un petit signe de sa main gantée, et se mit à la suivre dans l'établissement. Chaque homme et chaque femme se retournaient sur son passage, le détaillant de la tête aux pieds avec des mines déconfites. Et pourtant, le Baratie n'avait rien d'un lieu très chic où les bourgeois se réunissaient. La clientèle était plus... hétéroclite, pour ainsi dire. Mais il y avait néanmoins des limites que cet étranger dépassait clairement.

Ce petit parcours d'obstacles entre les tables fut très moyennement réussi par la créature puisqu'elle tamponna deux assiettes de pâtes et trois entrecôtes en circulant dans la salle, et l'improbable duo finit par arriver là où ils devaient se rendre. Aussi gênée qu'un prêtre sur un navire L.I.O.N, et surtout rouge comme un pivoine, la choupette balbutia :

"Eh bien voilà... Je vous souhaite un b...bon repas au sein de notre établissement..."

Sur quoi, elle laissa le monstre seul avec ses deux nouveaux compères, à savoir un gosse et un petit bonhomme en bois qui n'avaient pas l'air spécialement satisfaits de faire une telle rencontre. Le monstre les détailla un instant, ses yeux rouges vifs furetant de l'un à l'autre et, lentement, il extirpa une patte de son manteau pour faire un petit coucou de la main aux petits gars qui lui faisaient face.
Puis, la voix d'outre-tombe s'échappa une fois encore de l'ombre dans un raclement guttural.

"Falut gamin. Falut... machin."

Les dents en moins n'aidant pas, il était clair que la bestiole camouflée souffrait d'un certain trouble de l'élocution dû à l'absence partielle de ses fameuses quenottes...


Dernière édition par Nazgahl Cradle le Jeu 12 Nov 2015 - 0:52, édité 1 fois
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Ébahi par la monstruosité de la chose, nos deux protagonistes se contentèrent de faire signe de la main – simultanément- tout en ayant la bouche ouverte. Cependant, aucun son ne sortit de là. L’odeur qu’émanait cet être était nauséabonde, chaque mouvement dégageait une fragrance affreuse, c’était le moins que l’on puisse dire. L’air adoptait même des couleurs jaunâtres, voire vertes. A la vision de cela, Flûte posa ses deux mains de bois sur son nez, comme pour éviter de respirer ce gaz. Daiki, quant à lui, évita d’effectuer ce genre de geste pour ne pas insulter – de manière indirecte – le nouveau venu.

• Flûte ! Arrête ça ! En plus je suis sûr que tu ne  respires même pas !

Chuchota-t-il à sa marionnette. Effectivement, le musicien muet retira ses mains et afficha un bête sourire à notre jeune héros, il ne respirait donc pas. Le petit voyageur avait encore beaucoup de choses à apprendre sur cette créature en bois, mais le sujet principal n’était pas là, il était de l’autre côté de la table. Tous les regards de la salle étaient portés sur l’étrange homme capuchonné, pourtant, il y avait des êtres aussi spéciaux que lui dans ce restaurant. Le jeune homme originaire de Suna Land prit son courage à deux mains et engagea la conversation ou pour commencer, les présentations.

• Je m’appelle Daiki et voici Flûte.

Dit-il désignant la petite marionnette. Cette dernière grelotta pour se montrer, mais tremblait-elle de peur ou simplement pour montrer qu’elle était faite de bois ? Sûrement un peu des deux. Soudainement, un son se propagea dans la salle, une note de musique plus précisément. Un homme de violet vêtu fit son apparition, jouant du saxophone. La scène attira l’attention du pantin, qui semblait émerveillé par la mélodie jouée. Alors que le joueur de Jazz se mit au centre de la salle, la marionnette descendit de sa chaise et s’empressa de rejoindre le musicien. À son tour, Flûte sortit son instrument de musique – une flûte – et accompagna celui qui jouait du saxophone.

Étrangement, le son de la flûte se mélangea parfaitement à celui du saxophone, offrant un spectacle inédit. L’attention était dédiée au duo improvisé, même les cuistots étaient sortis de leur cuisine pour écouter cette mélodie. Daiki avait complètement oublié la présence – et l’odeur – de son voisin, la musique jouée l’avait transporté dans un autre monde, quel étrange pouvoir permettait cela ? Notre jeune héros fut tiré de son imagination par les applaudissements de la foule, le spectacle était terminé. L’homme en violet serra la « main » à Flûte et ce dernier indiqua la table où il était assis. Le pantin revint à table en compagnie du joueur de saxophone.

• Salut les gars ! Je suis le gérant du Baratie ! Vous avez un sacré musicien avec vous, j’ai rarement plaisir à jouer avec quelqu’un, mais lui, oh la la, il est incroyable ! Pour le remercier, je vous offre le repas aux trois, prenez ce que vous voulez !

Daiki et Flûte s’échangèrent un bref regard, remplit de complicité. Par la suite, notre jeune héros se leva et s’inclina.

• Merci ! Merci beaucoup Monsieur !

Malgré qu’il soit un pantin, Flûte avait plus d’un atout dans sa manche et cela ne pouvait que ravir le jeune explorateur.
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Indifférent aux éclats de rires et aux chants conviviaux du restaurant de pirates, le monstre lorgnait les clients discrètement, les trouvant tous bien plus appétissants que le contenu de leurs assiettes. Seul parmi tous ces humains, il extirpa très lentement sa patte droite de sa manche, l'observant longuement en ressassant les derniers évènements, qui l'avaient marqué à vie. Détaillant ses doigts désormais dénués de griffes et noircis par le sang séché dont les pansements étaient teintés, il afficha une moue triste pendant un court instant.

Laissant sa main meurtrie retourner se cacher dans son manteau comme un petit animal blessé et honteux, Nazgahl se remémora les raisons de sa visite au restaurant. Désormais édenté et privés de ses lames meurtrières, il se retrouvait contraint à la pire des humiliations, à savoir manger comme ses misérables proies. Se nourrir de viande molle, d'aliments liquides, une véritable indignation pour un chasseur cannibale de son rang. Il soupira longuement, feignant d'ignorer l'homme à l'accoutrement atypique qui leur offrait le repas.

La satisfaction était illisible sur son faciès masqué, cependant il appréciait de se sustenter sans contrepartie. Cela dénaturait le plat, car le plaisir de la chasse était plus qu'un loisir dans la culture des Seekers, mais bel et bien une obligation. Mais bon, on ne faisait pas la fine bouche quand on avait les gencives à l'air, à bien y songer. Alors Nazgahl accepta l'offre, effectuant un petit hochement du museau tout en abaissant son chapeau difforme, chose que l'on pouvait assimiler à un très vague remerciement pour le petit bonhomme de bois.

La petite serveuse, une débutante arrivée dans la semaine, refit son apparition non sans tremblotement intempestif. Elle jeta des regards confus au gamin et à son compagnon musicien, espérant sans aucun doute qu'ils la pardonnent de leur infliger un tel calvaire. Mais même si l'ambiance était conviviale, et que le patron avait paru bien jovial en leur offrant la gratuité de ses services, le monstre effrayait aussi bien les clients que la direction. Personne ne désirait réellement voir ce qui se cachait sous le couvre-chef, et la plupart n'avaient ni le cran ni l'envie de lui demander de retirer ce chapeau. La petiote s'éclaircit la gorge, cachée derrière son pauvre petit carnet de notes et, d'une voix fluette, elle demanda :

"Hm... Messieurs, puis-je prendre votre commande ?"

Succulente, c'était l'adjectif que Nazgahl aurait posé sur cette donzelle à la gorge bien ferme et aux airs de petit mammifère apeuré. S'il en avait eu la possibilité, il l'aurait bouffée toute crue. Cette contrainte, cet amnistie, cela le mettait hors de lui. Ce fut avec une maîtrise de soi hors du commun que le fauve parvint à s'exprimer sans lui sauter dessus pour lui refaire la topologie du visage façon puzzle tribal.

"Foupe de poiffon..."

"Pardon ?"

"Ve feux une... fsoupe de poiffson."

Par tous les dieux du sang, il se sentait pitoyable.
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• Je crois qu’il veut une soupe de poisson.

Déclara Daiki, qui essayait d’aider – aussi bien – l’homme étrange que la pauvre serveuse toute apeurée. Le monstre devait avoir un problème à la mâchoire pour parler de la sorte, mais également pour manger de la soupe. Notre jeune héros avait jeté un coup d’œil à la carte et le bouillon était le dernier plat qu’il aurait choisi au vue de tous les autres mets disponible. Ce ne fut pas sans un soupir de soulagement que la demoiselle orienta son regard vers le voyageur et sa mascotte pour prendre leur commande.

• Et pour vous ?

Demanda-t-elle d’une voix mélodieuse. Flûte regarda son sauveur, alors que ce dernier hésitait encore entre deux plats, les brochettes de poulet ou la côte de bœuf ? Le jeune homme aux yeux rouges posa une main sur son menton comme pour mieux réfléchir. Soudainement, il eut une illumination, il s’adorait dans ce genre de moment, il pouvait désormais commander. Il s’installa confortablement sur sa chaise, la tête haute, les deux mains posées sur la table et prit la parole.

• Pour moi, ça sera les brochettes de poulets et la côte de bœuf.

La serveuse regarda bizarrement notre jeune héros, avant de noter la commande. Puis, elle patienta… mais qu’attendait-elle ? Daiki suivit le regard de la demoiselle et cette dernière attendait une réponse de la part de la marionnette, qui était en train de nettoyer sa flûte sans prêter attention à la sommelière.

• Il ne mange pas.

Annonça-t-il pour éviter que la jeune employée du restaurant ne poirote trop longtemps alors qu’elle n’allait jamais avoir de réponse, de un, parce que le pantin était muet et de deux, parce qu’il ne mangeait pas – jamais –. La serveuse s’inclina légèrement et laissa le trio tranquille pour le moment. L’adolescent originaire de Suna Land se retourna vers son compagnon, mais ce dernier était toujours en train d’astiquer son instrument – hum… hum… – et franchement, Daiki n’avait pas très envie de parler avec son autre voisin.

Cependant, malgré les signes – discrets – et les bruits de toussotement, Flûte ne remarqua rien, il était bien trop concentré à prendre soin de sa flûte. Ce silence embarrassant ne convenait pas à notre voyageur et il décida de le briser en abordant le monstre à ses côtés.

• Vous vous appelez comment ?

Demanda-t-il naïvement. Il se rappela que l’étrange individu avec quelques soucis à communiquer et il ne voulait surtout pas l’embêter avec ça.

• J’ai remarqué que vous aviez de la peine à vous exprimer, si ça vous embête de parler, dites-le moi.

La question : qu’est-il arrivé à votre mâchoire, se trouvait sur le bout de sa langue, mais il ne voulait pas en trop en demander. Cependant, c’est à ce moment que le pantin se réveilla et attira l’attention des deux autres. Il pointa sa mâchoire, ensuite, il joignit ses deux poings et mima de briser quelque chose. Tout gêné, Daiki reprit la parole.

• Il demande si vous avez la mâchoire brisée…

Ajouta-t-il tout en se grattant l’arrière de la tête pour montrer son embarras quant à la question de son ami en bois.
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Le monstre mystérieux furetait tandis que le petit musicien nettoyait son instrument. Reniflant les senteurs nouvelles qu'il découvrait en ce lieu si particulier, il se léchait les babines. A défaut d'apprécier la compagnie de ces saletés d'humains, il était néanmoins obligé de leur concéder la qualité de leur cuisine. Fin gourmet cannibale qu'il était, Nazgahl se voyait pourtant amateur de bonne bouffe, bien qu'il n'ait pas réellement l'occasion d'y goûter, étant donné son comportement plutôt rustre et ses petits "ennuis" avec la justice.

Une question lui étant directement adressé vint le tirer à ses rêveries culinaires. Son nom ? Oui, le petit gars lui demandait comme il s'appelait. Alors il n'avait pas si peur que ça ? N'était-il donc pas terrifié par l'apparence abjecte de la bête des Blues ? Intéressant, il fallait bien reconnaître que c'était singulier, et le fauve n'était pas convié à discutailler autour d'un petit repas, en règle générale. Un festin de chair humaine se faisait souvent dans l'intimité...

"Navgh..."

Il s'arrêta, visiblement déstabilisé par son incapacité à s'exprimer correctement. Puis il reprit presque instantanément, haussant légèrement le ton comme pour clarifier ses dires.

"Navr..."

Pas encore.

"Nabg"

Nop.

"Navrhg... Oh et pfuis mverde !"

La créature, boudeuse, croisa les bras et s'enfonça dans le dossier de sa chaise tout en rabattant son chapeau sur ses mirettes, comme pour cacher sa honte de ne même pas pouvoir se présenter correctement. Son entrée en scène n'était pas mal, mais la suite était clairement à retravailler.

Devant l'absence de réponse du monstre, le gamin surenchérit au lieu de se défiler, ce qui attira encore un peu plus l'attention de la créature. Il en avait dans le bide, ce petit gaillard, et cela ne déplaisait pas nécessairement au mystérieux individu. Mais vint alors une question qui éveillait chez la bête des souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Un problème à la mâchoire hein ? C'était bien pire que ça. Le monstre écrasa le plat de main contre la table, secouant tout ce qui se trouvait sur sa surface et révélant par la même occasion les bandages grossiers qui couvraient sa pogne.

Le monstre jeta un regard rapide autour de lui, avant d'empoigner solidement le couteau qu'on lui avait donné pour le repas. D'un geste lent et mesuré, il l'enfonça dans le bois de la table et entreprit d'y graver quelque chose, tranquillement. Le brouhaha était conséquent, à tel point que les éraflures ne parvenaient à percer le bruit ambiant, ainsi le petit gars et son bonhomme en bois furent les seuls témoins de cette courte performance.

"Nazgahl Cradle", lisait-on dans cette gravure tribale et vulgaire. Un mouvement du flanc de la main permit au chasseur d'épousseter les copeaux de bois et autres échardes qui recouvraient son nom, et il révéla ainsi son identité. Le petit voyageur ne connaissait sans doute pas ce nom, et c'était tant mieux pour lui. De mémoire, Nazgahl n'avait pas encore vu d'avis de recherches mettant en avant ses exploits, ce qui l'arrangeait.

La deuxième question, en revanche, était vraiment plus agaçante que la première. Le fauve accorda un regard attristé à sa patte bandée, dont il détailla la paume en instant en faisant jouer ses articulations. Ses griffes repoussaient, lentement, mais elles mettraient un temps fou à retrouver leur tranchant naturel et leur résistance hors du commun. La sale traînée qui lui avait volé son essence, sa nature même de tueur, elle qui l'avait privée de ses jouets, encore un souvenir qu'il aurait préféré laisser derrière lui en quittant Logue Town.

Et pour ses crocs, ses magnifiques crocs monstrueux qui faisaient sa fierté et qui avaient été ses alliés de toujours. On les lui avait arrachés, un par un, lui volant sa liberté de tuer et le contraignant, entre autre, à bouffer cette saleté de soupe de poisson au lieu de mordre les gorges de ses victimes horrifiées. Maintenant, il dégoûtait plus qu'il n'effrayait, à son grand regret...

Alors il soupira, se balança d'avant en arrière en se remémorant comment cette truie diabolique au visage d'Ange l'avait privé de la majeure partie de son âme. Et subitement, il se pencha en avant et releva un peu son chapeau en souriant, révélant ses gencives violettes et dénuées de dents. Le voilà, son calvaire, voilà où il en était rendu.

"On m'a folé mes dvents. Vvvoilàf..."

Blasé, irrité, aigri, il s'installa plus confortablement tout en enfonçant à nouveau son faciès infâme dans son col, clairement honteux d'être contraint à cette insupportable situation de sous-homme.


Dernière édition par Nazgahl Cradle le Ven 13 Nov 2015 - 13:42, édité 1 fois
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Peur ? Le mot n’était pas suffisant pour décrire la sensation que ressentait Daiki à parler à un tel individu. Pourquoi le faisait-il alors ? Il voulait avoir une bonne relation avec cette homme – ou plutôt cette chose – pour justement éviter qu’il lui fasse du mal. En dehors du restaurant, jamais notre jeune héros ne lui aurait adressé la parole. En ce lieu, il se sentait en sécurité, lui donnant un peu plus de courage que d’habitude. Qui oserait s’attaquer à un jeune voyageur sans défense avec tant de témoins dans les parages ? C’était la supposition que ce faisait l’adolescent originaire de Suna Land. Bien sûr, il se pouvait que l’étranger n’en avait rien à faire des autres et attaquerait quoi qu’il arrive.

Hanchin faillit tomber dans les pommes lorsque son voisin s’empara du couteau, il avait vu sa – courte – vie passer devant ses yeux. Flûte s’était déjà caché derrière notre jeune héros, quel froussard celui là ! Pouvait-elle seulement mourir ? Aucune idée, mais ça devait être lui le bouclier et non Daiki. Cependant, le monstre ne voulait pas blesser notre duo, il voulait simplement répondre « convenablement » à leurs questions. Nazgahl Cradle, voilà son nom, un nom aussi terrifiant que la personne elle-même et dire qu’il ne l’avait pas encore vu au grand jour. Même camouflé dans ses vêtements il fichait la trousse.

Les plats arrivèrent, alors que Nazgahl venait de déclarer qu’on lui avait volé ses dents. Cela ne manqua pas de couper l’appétit du Daiki qui avait de la peine pour son voisin. Malgré ses aires de monstre, il devait être constitué comme notre jeune héros. Cette perte semblait l’avoir profondément touchée et le voyageur voulait lui venir en aide. Le pantin comprit instantanément les intentions de son sauveur et secoua la tête rapidement pour lui faire comprendre qu’il s’agissait d’une mauvaise idée. Cependant, Hanchin avait un trop bon cœur pour passer par-dessus cette révélation.

• Bonne appétit, une fois le repas terminé, nous irons récupérer vos dents.

La marionnette se frappa le front comme pour montrer son désaccord et la stupidité de proposer ses services à un monstre tel que Nazgahl. Il était bien trop tôt pour juger le Cradle, les apparences pouvaient être trompeuses… ou pas. Fallait-il encore que l’étrange individu accepte la proposition de Daiki, mais il pouvait en tirer avantage, surtout que notre jeune héros possédait son propre moyen de transport, un bateau flambant neuf. Le jeune homme savait naviguer, il n’était pas un expert, mais il avait les bases pour pouvoir profiter des vents et courants marins afin de se balader dans les Blues.

Daiki débuta le repas par les brochettes de poulets, qui dégageait une odeur incroyablement invitante. Il y en avait six, il avait de quoi bien manger, sans compter la grosse côte de bœuf qui l’attendait au coin de la table. Ce fut la bave à la bouche que Daiki s’empiffra de ces délicieux mets que proposait le Baratie. Il ne remarqua pas le regard noir du gérant qui leur était destiné, la serveuse avait sûrement dû rapporter les dégâts – que la table avait subis – lorsqu’elle était venue servir les plats. Finalement, le trio devra peut-être payé le repas ou prendre la fuite, chose que Daiki et Flûte avaient déjà vécu une fois.
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Les pattes sur la table, le monstre attendait qu'on le serve en tapotant régulièrement l'extrêmité de ses doigts meurtris sur la table, indiquant par ce geste impoli son impatience. Depuis qu'il possédait son étrange aptitude, à savoir ce fruit si particulier qu'il avait eu la chance de pouvoir dévorer, Nazgahl avait pu parfaire ses connaissances des moeurs humaines en s'infiltrant dans les corps de ses victimes. Cependant, certains détails purement techniques lui échappaient encore...

Par exemple, il n'avait pas encore saisi qu'on ne se pointait pas au restaurant emmitouflé dans un vieux manteau rapé, tâché d'huile et de sang humain. Il n'avait pas non plus compris cet étrange concept de respect de la propriété. Lorsqu'il était invité à rentrer dans un établissement, comme le Baratie dans ce cas-ci, Nazgahl considérait qu'il était autorisé à faire comme chez lui, à taillader les tables si l'envie lui en prenait, par exemple. Après tout, de la même manière qu'il était illégitime de l'empêcher de faire ses griffes sur les meubles, il avait bien le droit le plus élémentaire de les défoncer à coup de couteau. Non ?

Puis, sorti de nulle part, le gosse balança une réponse si incongrue que cela eu l'effet secondaire de stopper net Nazgahl tandis qu'il salivait devant les brochettes de son voisin. Il se mit à sourire, tout d'abord, puis ses épaules se secouèrent verticalement et, finalement, il éclata d'un rire sardonique en tabassant la table à coup de poings, faisant voler l'intégralité des couverts ainsi que les plats commandés par Daiki. Cela dérangeait tout le monde, mais personne ne l'interdisait de s'amuser. Ca l'humanisait, le rendait moins terrifiant. Entre deux éclats, il parvint à glapir :

"Ohlala ! T'es trop vénial toi ! Ve penfais pas rire autant en foutant les pvieds ifi !"

Apparemment, le, à en juger la mine soudain patibulaire du joyeux patron, et la nervosité de la petite serveuse qui, malgré son angoisse, était venu servir sa soupe de poisson à la bestiole. Alors qu'elle entreprenait de leur souhaiter un bon appétit, Nazgahl plongea subitement son museau dans son assiette creuse, "bouffant" plus qu'il ne buvait son plat en mordant dans le liquide, le tout dans un joli manège d'éclaboussures et autres morceaux de poiscaille balancés dans tous le sens. La serveuse piailla de surprise lorsqu'elle vit le monstre édenté se jeter ainsi dans sa victuaille, ne s'aidant même pas de ses mains pour se nourrir.

Les clients avaient tous cessé de discuter, focalisés sur le glouton chapeauté qui faisait un boucan de tous les diables en savourant son plat. La serveuse, tétanisée, jeta un regard à son patron, qui comprit que ça ne pouvait plus durer ainsi. S'armant de son fameux saxophone, il se prépara au pire. Nazgahl, quant à lui, était toujours plié à deux après ce que lui avait dit son interlocuteur.

"Mes dvents, on les trouvvera pfas, gamin. Actvuellement, elles doivent davantave reffembler à de la poudre d'osf qu'à des dvents, fi tu vois fe que ve veux dire."

Souriant toujours, à moitié roulé sur la table, le monstre affichait néanmoins un léger regard triste, presque imperceptible. Vivre comme les humains, hein ?
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Suite à la réaction de Nazgahl, notre jeune héros s’empressa de sauver le plus de nourriture possible. Pourquoi réagissait-il ainsi, qu’avait dit Daiki de si drôle ? Flûte aidait son maître amoindrir les dégâts que le monstre pouvait causer. Heureusement, la table ne se brisa pas, mais elle n’en était pas loin. Les assiettes furent cassées, les couverts à voler dans toute la salle, mais au moins les mets avaient été sauvés.

Un silence surréel régna dans la salle. Tout le monde avait son attention tournée vers le trio, alors que le Cradle avait repris à manger comme si de rien n’était. Sa cuillère était à terre, mais il n’en avait guère besoin, il avait plongé son visage dans le bol et sirotait bruyamment sans gêne. Hanchin dut esquiver quelques morceaux de poisson, tellement son voisin mangeait comme un animal – s’il en était pas un –. Le pantin tira sur le bras de Daiki et lui fit signe de jeter un coup d’œil en direction de la cuisine. Tout le personnel était dehors, y compris le gérant. La haine pouvait être lu dans leurs regards, Nazgahl n’avait ni respecté le matériel, ni la nourriture offerte et bien sûr, le duo était compris dedans.

Les clients réclamaient à haute voix que l’on mette dehors le trio. Le joueur de saxophone n’avait pas vraiment le choix, sinon il allait perdre des clients. Sans tarder, il s’approcha de la table, son instrument en main, cependant, Daiki remarqua une chose étrange. Le gérant ne tenait pas son saxophone comme avant, il le tenait comme s’il empoignait une batte. Notre jeune héros était pétrifié sur sa chaise, jamais il n’aurait pensé finir dans une telle situation en entrant dans ce restaurant.

• Monsieur, je vais vous demander de quitter l’établissement.

Daiki se leva, en même temps que Flûte et s’inclina devant le gérant du restaurant.

• Mes plus plates excuses, Monsieur. Nous partons sur le cha…

• Non pas vous, cet homme-là.


Dit-il en levant le menton en sa direction. Il était vrai que le bouquant était entièrement de la faute du Cradle, notre duo n’avait rien fait. Cependant, Daiki se voyait mal de rester alors que sa nouvelle connaissance se faisait mettre à la porte. Le voyageur jeta un regard en direction du monstre, il ne voulait pas que la situation dégénère davantage, alors il prit la parole pour essayer de sauver les meubles et le calmer, s’il était énervé.

• Viens Nazgahl, on y va. On va te trouver de nouvelles dents, tu peux voyager avec nous.

Déclara-t-il gentiment. Notre jeune héros se retourna vers le gérant et remarqua que Flûte avait déjà repris place sur sa chaise. Daiki le regarda avec de grand yeux pour lui demander qu’est-ce qu’il fabriquait et le pantin indiqua clairement qu’il ne voulait pas rester en compagnie du monstre. Comment allait réagir ce dernier, allait-il accepter sagement la proposition de notre voyageur ou révélera-t-il sa vraie nature ?
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Le monstre leva le museau lorsqu'il fut interpelé par le musicien, qui lui jetait un regard noir tout en croisant les bras. Nazgahl observa un instant le reste de la salle, qui semblaient à la fois choqués ou profondément outrés, et le fauve ne comprit pas vraiment pour quelle raison. Il mangeait, où était le problème ? N'était-ce pas là l'optique même d'un établissement nommé "restaurant" ? Il avait encore beaucoup à apprendre sur la culture humaine, à bien y songer.

Mais pour l'instant, il n'était pas dans l'esprit de revoir ses conventions sociales. Il avait plutôt envie de semer la discorde, car le ton du petit patron était un peu trop assuré, comme s'il pensait pouvoir contraindre Nazgahl à quoi que ce soit. Le monstre se dressa, laissant à son opposant le loisir de découvrir la masse musculaire de celui qu'il insultait par sa suffisance. Il passa ses deux pattes à l'intérieur de son manteau, déployant des matraques qu'il fit claquer l'une contre l'autre pour intimider son vis-à-vis tout en grognant.

Il n'était pas d'humeur à jouer.

C'est alors que le gamin prit la parole. Il proposait à Nazgahl de quitter les lieux en sa compagnie, chose que le concerné avait bien du mal à comprendre. La bête dévisagea le petiot, inclinant la tête sur le côté pour exprimer sa confusion. De sa vie, jamais personne n'avait souhaité endurer les conséquences de l'une de ses erreurs avec lui. De sa vie, jamais personne ne l'avait pris en considération à ce point. Alors pourquoi ce gosse se montrait-il si amical ? Nazgahl fit la moue, hésitant entre cette hypothèse et son envie instinctive de coller des baffes...

"T'as entendu le patron ? Casse-toi."

Le déclic fit pencher la balance instantanément. La main d'un gros moustachu bien bourru venait de se poser fermement sur son épaule. Le sang de Nazgahl ne fit qu'un tour, et il propulsa l'une de ses deux matraques en direction du malautru. L'arme le frappa à la mâchoire, ce qui lui retapa la moitié des chicots en un éclair. Profitant de cet élan, le monstre aussi rapide que l'éclair s'abaissa furtivement et envoya sa seconde arme derrière les genoux de sa cible, la contraignant à un superbe salto improvisé.

Le corps du gros bonhomme s'écroula sur le parquet avec force et fracas, et Nazgahl se mit à le fixer d'un air véritablement mauvais, dévoilant son affreux sourire édenté tout en faisant tourner sa matraque. Il était prêt à administrer un nouveau coup, sans doute le dernier. La bête leva son arme, se mettant à ricaner en préparant son assaut, mais un violent coup à la joue vint l'interrompre, le balançant sur son flanc, directement sur une table qu'il broya sous son poids.

S'extirpant de la nappe dans laquelle il s'était emmêlé comme une poiscaille dans un filet, le fauve balaya les lieux des yeux pour dévoiler un affreux facès déformé par la rage. L'écume coulait de chaque côté de sa mâchoire, qui donc avait osé le frapper ?

"Ca suffit monsieur, je vais vous demander de partir avant que tout ça ne dégénère."

Lui ! Le patron ! Ce vaurien venait de frapper le monstre avec son foutu saxophone, et ce en plein dans ses gencives endolories. Nazgahl se releva, faisant tournoyer ses armes tribales tandis que les clients quittaient leurs tables, s'éloignant pour ne pas subir les foudres de l'altercation qui approchait. Il y avait comme de l'électricité dans l'air.

Et au milieu de tout ça, il y avait un gamin et un pantin, qui n'avaient sans doute pas imaginé qu'un repas au restaurant puisse à ce point tourner au vinaigre !
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Daiki ne savait plus où se mettre. Les clients prirent la fuite, créant un grabuge encore plus énorme que le conflit qui venait d’éclater entre Nazgahl et les employés du Baratie. Le Cradle venait de montrer sa vraie nature, celle d’un monstre aux pulsions meurtrières. Mise à part un aspect effroyable, il avait également une force hors du commun et il savait se battre, d’ailleurs, il utilisait deux matraques pour se défaire de ses opposants. Il n’était donc pas nouveau à ce type de situation, s’il possédait des armes, c’était qu’il faisait souvent recours à la violence. Et dire que notre jeune héros était prêt à l’aider, mais même en cet instant, il ne souhaitait lui donner un coup de main, vraiment étrange…

Sans s’en rendre compte, le patron du restaurant envoya au tapis le monstre. Son saxophone ne servait pas uniquement à jouer de la musique, mais également à abattre les mauvais clients. Les cuisiniers et autres membres de l’équipage commencèrent à affluer. Il fallait déguerpir et vite ! Nazgahl avait beau être fort, il n’allait pas pouvoir s’en sortir avec tout ce monde, il avait besoin d’aide mais le méritait-il ? Au final, il n’avait pas vraiment fait de mal à qui que ce soit. Il avait effrayé une pauvre sommelière – et un bon nombre de client dont Daiki et son pantin –, avait renversé un peu de vaisselles et avait gravé la table sur laquelle il mangeait… rien de vraiment grave… si ?

• Flûte, prépare le bateau, j’arrive.

La marionnette secoua négativement la tête et tira notre jeune héros par la manche. Le pantin avait très bien compris les intentions nobles de son sauveur et il ne voulait pas de ce monstre sur le bateau, chose tout à faire normal.

• Fais-moi confiance ! Va préparer le bateau !

Dit-il haussant la voix pour la première sur son ami. Le jouet en bois lâcha prise et sortit du Baratie pour rejoindre Passepartout et être prêt au départ. Le voyageur devait trouver une solution pour sortir le Cradle de cette impasse, mais comment faire, lui qui n’était qu’un simple adolescent sans force, arme et pouvoir quelconque ? Alors que la situation se faisait délicate, c’est-à-dire, que le monstre se trouvait encerclé par tous les membres de l’équipage, Daiki eut une illumination. Il profita de l’absence des employés en cuisine pour se rendre dans cette pièce spécifique et prendre possession d’un ingrédient pouvant l’aider : de la farine.

Hanchin retourna tous les tiroirs et armoires pour trouver les sacs de farine. Il en traina quelques-uns dans la salle à manger et analysa la pièce, il devait répandre la poudre tel un nuage pour créer une brèche au monstre. Levant la tête au plafond, il remarqua les ventilations, alors il eut la brillante idée de les mettre en marche et sans tarder ouvrir les sacs de farine à l’aide d’un couteau, avant de les agiter pour créer un véritable brouillard bien dense.

Désormais, on en voyait plus rien dans la pièce et la ventilation attirait les petites particules jusqu’à aspirer le tout. Daiki n’avait pas beaucoup de temps pour sauver son « ami » et connaissant la position des combattants, il se faufila dans la mêlé pour prendre par la main Nazgahl. Était-ce bien lui ? Oui, aucun doute, sa peau était étrange et il avait des bandages qui recouvraient partiellement sa dextre. Il espérait simplement que le Cradle ne lui mette pas une droite en sentant une main s’emparer de la sienne, mais le voyageur il alla délicatement pour lui faire comprendre qu’il s’agissait d’une main salvatrice. Le jeune homme originaire de Suna Land tira le monstre hors du restaurant et le traina jusqu’à son bateau.

• Mets les voiles Flûtes !

S’exclama-t-il avant de sauter sur son petit bateau, il avait entre temps lâché Nazgahl. Le monstre allait le suivre ou rester pour continuer ou plutôt débuter un potentiel massacre ?

HRP:


Dernière édition par Daiki le Mar 17 Nov 2015 - 12:40, édité 1 fois
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En règle général, Nazgahl ne faisait pas dans la dentelle.

Mais là, après avoir reçu un instrument à vents en plein dans sa mâchoire déjà éprouvée par les évènements récents, il fulminait comme rarement il avait fulminé. L'écume se faisait de plus en plus épaisse, il grognait comme un canidé sur le point de charger, bien appuyé sur ses pattes bandés. Ses deux masses de bois et d'acier étaient tordues par les taloches qu'il avait déjà collé avec, et il était bien parti pour en remettre une nouvelle couche. D'un ton goguenard, mais toutefois fort haineux, il vociféra :

"V'ai plus de dents. Mais bientvôt tfoi non plus, enffflure..."

"Tu m'en diras tant. Viens-là que je te corrige, espèce d'ingrat !"

Faisant tournoyer ses matraques, la bête édentée rugit avant de s'élancer. Mais à l'instant même où la baston allait éclater, un méchant nuage de farine vint perturber la vision de tous les combattants. Dans une symphonie de toussotements et éternuements en tous genres, chacun tâchait de trouver un support pour se repérer. Nazgahl, quant à lui, s'était instinctivement courbé sur lui-même, tâchant de se débarbouillant le museau comme il pouvait en grommelant. Balançant ses matraques grossièrement dans l'étui de cuir fourré dans son manteau, il essayait de retrouver des repères dans ce fourbi, un peu comme tout le monde d'ailleurs.

Mais lui avait bien plus de mal à s'accoutumer à cette purée de pois artificielle. La cause était simple, ses attributs bestiaux. Ses yeux sensibles ne distinguaient que du blanc, son museau précis était embourbé dans une puissante odeur de farine, et il ne percevait rien d'autre à l'oreille que des types qui râlaient en se collant les jambes dans des pieds de table. Mince alors, le voilà encore fourré dans de beaux draps.

Esclave de ses sens altérés, le monstre sentit à peine qu'on le prenait par la patte, et se laissa faire docilement tandis que son ange gardien tout de farine vêtu l'extirpait à ce cauchemar immaculé. Son héros finit par le lâcher, et le monstre se jeta à quatre pattes pour flairer le sol et retrouver la piste de celui qui l'avait temporairement guidé. Mais quel foutoir, au milieu de toutes ces odeurs de nourriture cuisinées et surtout l'omniprésence de cette poudre qui embaumait tous les parfums.

Il finit néanmoins par sortir de là pour de bon, se retrouvant sur le pont. Il ouvrit les yeux, désormais plus blancs que rouges, et s'ébroua un peu à la manière d'un gros chien pour se nettoyer un peu. Daiki était là, en compagnie de son petit compère, et lui faisait signe de les rejoindre sur le pont d'un petit bateau coloré. Nazgahl avait, certes, une sacré envie de castagner du cuisinier. Cela étant, il en était à sa troisième capture en quelques années de carrière, et finissait par en avoir marre de se faire attraper par la Marine ou par des psychopathes d'un tout autre niveau que lui, et ce toutes les cinq minutes depuis qu'il avait foutu les pattes sur les Blues.

Alors il ravala sa fierté de tueur, sa volonté de meurtrir et de blesser tout ce qui l'entourait, et il se mit à galoper jusqu'à l'embarcation en haletant. Une fois à bord, il hurla de sa voix cauchemardesque :

"DEMARRE GAMIN, DEMARRE !"

Déjà le nuage gigantesque commençait à se dissiper, et Nazgahl n'avait absolument pas envie de découvrir ce qui se passerait s'il traînassait ici trop longtemps. Il se mit alors à détailler ses camarades de fuite, non sans incompréhension, et à se questionner sur les raisons qui les poussaient à un tel altruisme.

Mais l'heure n'étaient pas aux considérations techniques. Là, il s'agissait de se carapater en quatrième vitesse.
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Pour le plus grand bonheur de Daiki et le plus grand malheur de Flûte, Nazgahl sauta sur l’embarcation du jeune voyageur pour prendre la fuite. Hanchin allait à nouveau partir en catastrophe pour éviter le pire. Notre jeune héros avait pris ses jambes à son cou au Royaume de Saint Urea et le voilà qu’il se répétait. Par contre cette fois, ce fut son choix de se sauver en aidant le coupable de cette querelle. Le pantin ne voulait pas s’occuper du Cradle, il voulait simplement partir avec son sauveur et éviter de se mettre dans le pétrin, car oui, ce geste n’allait pas rester sans conséquence.

Daiki s’empara du gouvernail et se dirigea de sorte à avoir le vent en sa faveur, la direction importait peu. Le but était simple : fuir le plus loin possible et le plus rapidement possible. Les membres de l’équipage du Baratie n’imagineront pas que le monstre ait pris la fuite, ça ne faisait pas partie du comportement montré jusqu’à maintenant, d’ailleurs, le jeune homme aux yeux rouges fut quand même quelque peu surpris de voir Nazgahl monter sur le bateau. Le trio allait devoir profiter de l’incompréhension du personnel du restaurant quant à la disparition du monstre pour ne plus apparaître à l’horizon, car ils avaient sûrement de quoi les pourchasser ou appeler la marine pour indiquer la direction des fugitifs.


Le restaurant marin ne représentait plus qu’un minuscule point au loin et notre jeune héros put enfin se relâcher. Il rejoignit le monstre sur le pont du petit bateau rouge, alors que Flûte se cachait constamment derrière lui. La marionnette avait une peur bleue du Cradle, non pas que Daiki n’avait pas peur, mais il ne pensait pas que Nazgahl allait lui faire du mal, enfin, c’était ce qu’il pensait.

• Ne t’en fais pas Flûte, tout ira bien et excuse-moi si j’ai levé la voix tout à l’heure.

Lui dit-il tout en lui souriant. Le jouet en bois piocha dans sa petite veste et sortit les brochettes de poulet que Daiki avait laissé sur la table. Quel malin, il avait pris la peine de ramasser le reste du dîner en profitant de la pagaille générale. Flûte les remit à son maître, alors qu’ils arrivèrent tous les deux auprès du monstre sans dent. Notre jeune héros lui tendit une brochette, avant d’engager la conversation.

• Tenez, vous devriez pouvoir manger même sans vos dents.

Déclara-t-il avant de poser sur la rambarde et explorer l’immense étendu bleu qui se perdait à l’horizon. Il croqua dans une boulette avant de reprendre la parole.

• Pourquoi êtes-vous monter sur le bateau, vous ne sembliez pourtant pas moins forts que ces types ?

Cette interrogation tourmentait notre jeune héros, Nazgahl pouvait sans autre les mettre tous hors-jeu et partir tranquillement après. Cependant, il en avait décidé autrement, qu’avait le monstre derrière la tête ?
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Le calme était retombé et Nazgahl, épuisé par les évènements récents, était allongé sur le pont du navire, les pattes croisées sous le menton. Son dos courbé se soulevait et s'abaissait au rythme de sa respiration lourde, tandis que les vagues portaient le petit navire sur l'océan. Il se sentait étonnament calme, n'avait nullement envie de tuer ses deux compères de voyage, et voyait en cette fuite un moment d'apaisement, chose qui se faisait bien rare, en ces temps troublés par la piraterie et la violence du quotidien.

Une interpellation vint le tirer à ses songes, et il tendit l'oreille tout en pivotant sa tête sur le côté pour renifler l'aliment que lui tendait son interlocuteur. Une brochette, sympathique démarche que cette offrande. Le faciès masqué fit un aller-retour lent et mesuré entre le petit voyageur et ce qu'il montrait, et Nazgahl finit par saisir de sa patte ce qu'on lui tendait. En toute simplicité, le fauve se repositionna sur son postérieur et sortit une matraque. Il entreprit alors de retirer la viande de son support pointu, avant de la broyer sauvagement à grand coup de masse, sans sourciller.

C'était pour cette même raison qu'il avait conçu ces deux outils. Initialement, il était simple pour lui de déchirer la chair à l'aide de ses crocs et de ses griffes. Mais maintenant qu'il en était privé, il improvisait pour s'adapter à sa nouvelle condition, et s'était donc lancé dans la découverte des soupes et de la purée, un type de nourriture qu'il avait préféré éviter jusqu'à présent, étant donné qu'il affectionnait tout particulièrement d'étriper ses proies à mains nues. Il s'était fait à cette idée d'une voracité plus mesurée, moins sauvage, même s'il regrettait amèrement la douce époque où ses dents aiguisées faisaient le travail pour lui...

Tandis qu'il se nourrissait goulument de cet amas de viande écrasée qui maculait son arme, le gamin lui posa une question très curieuse. D'une manière globale, Nazgahl n'était pas très porté sur l'idée de s'ouvrir à un autre être, mais il fallait reconnaître qu'en plus d'avoir du cran, ce gosse lui était très utile. Nourriture, logement, échappatoire... Tout cela coupait presque l'envie de lui briser le crâne pour en triturer l'intérieur. Un petiot bien agréable, qu'il aurait tôt fait de présenter à Nel si ce voyage ne lui donnait pas des envies de meurtre.

Tout en mâchonnant la bouillie dans d'immondes clapotis salivaires, il réfléchit en faisant la moue et lâcha subitement :

"Parche que j'en ai achez de m'atffirer des probvlèmes partout où ve vais..."

Finissait sa portion, il ajouta même.

"Navgahl Cradle, le cannibale, la bête des bluevz, La Gvoule le paravite, le fymbiote... Fa te dit rien tous fes furnoms ? Bah f'est moi, voilà..."

En même temps, avec une énonciation pareille, il n'aurait pas été étonnant que son vis-à-vis ait du mal à situer tous ces noms d'oiseau...

"Et pis d'ailleurs, merfi."

Conclut-il d'un ton morne et insouciant.

Le petit bateau continua ainsi sa dérive, et les trois individus réunis par ces étranges circonstances étaient bien partis pour partager un parcours tranquille. A moins que ?
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