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L'aventure trop coolos d'Eden et de Loth qu'a pas de titre

 
Boréa

- Tu penses à faire une pause dans ta croisade Boréaline, dis-tu ?

- Pas une pause dans le sens habituel du terme, Dena'. Juste que là, je sors à peine de convalescence et je ne me pense pas encore au niveau pour m'attaquer de nouveau à Ashura. Il me faudrait quelque chose pour me remettre dans le bain, tu vois ? Une petite affaire sans chichi histoire de se taper quelques millions dont j'aurais certainement besoin pour plus tard recruter un ou deux types supplémentaires pour m'épauler dans l'annihilation d'Ashura.

- Hmmm ? T'as déjà Nivel qui bosse gratuitement pour toi, y aussi Avada Kedavra. T'as besoin de qui d'autres ?

- Je ne sais pas, mais ces deux là ne sont que deux hommes. Enfin, deux humains, j'ignore si Avada est un mec ou une meuf. Ce que je veux dire c'est que mes actions contre Ashura en sus de la mise en service du Winterblade ont fortement déséquilibré la balance du pouvoir ici. Le Conseil des Six Lunes commence à bouger, les peuplades des steppes s'arment et se livrent au piratage et au grand banditisme, la révolution renaît, la Marine ressert son étau. Il n'y a plus un partage manichéen du pouvoir, aussi, je pense que je dois me tenir prêt. Et quelques liasses en réserve pour engager une compagnie de mercenaires au cas où ne peut pas me faire de mal. Et aussi, n'oublies pas que j'ai recruté 100 hommes d'Ashura en démantelant la Cellule Black Box. Il me faut leur donner la possibilité de protéger mes avoirs, donc il me faut les armer. Et je veux me débrouiller avec mes fonds propres et pas faire encore appel à Red. Alors, au lieu d'argumenter, trouve-moi rapidement une affaire juteuse où on puisse tous les deux manger.

L'indic ne répondit pas et se contenta de siroter son thé. Il se leva ensuite et passa un long moment à regarder par les carreaux gelés de la fenêtre. De la suite du palace où séjournait Loth, ils avaient une vue imprenable sur le grand port de Lavallière. C'était une belle journée où un soleil d'hiver emmitouflé dans de légers nuages hivernaux parvenait tout de même à faiblement réchauffer ce pays transi de froid. Dans le port régnait une activité dantesque comme toujours. Une centaine de bateaux y transitaient chaque jour en provenance des quatre coins du monde, apportant avec eux les denrées introuvables dans ce pays polaire puis repartant avec les ressources cachées au fin fond de cette terre gelée. Loin, à la limite des eaux territoriales de Boréa, on pouvait apercevoir les massives silhouettes des cuirassés de la 444e Division des Marines de Boréa, quelques mastocs tâches blanchâtres signifiant la présence d'icebergs.

- Zieute ces bateaux en mer profonde là. Tu les vois ? fit Dena' en indexant quelques formes floues qui brisaient la ligne l'horizon.

- Oui, ce sont des chalutiers non ? répondit Loth en s'approchant des fenêtres.

- Ya. J'ai une certaine affaire qui traine sur la table depuis un moment sans preneur et récemment un petit que j'croyais trépassé depuis bel'lurette m'a contacté.

- Explicite.

- Tu vois Poiscaille ?

- Sur West Blue ? Oui, c'est l'un des plus grands royaumes poissonniers des Blues.

- C'est c'la. Alors, faut savoir que grosso merdo, y a trois familles qui se partagent la manne financière attenante au poisson. Les Portdragon, les Malsoin et les Keudver. Z'ont créé des lois, un maire fantoche, et gèrent leurs affaires à la manière Tempiesta. En moins dur, je pense. Mais voilà, les poiscailles, c'est pas une ressource éternelle, tu m'suis ? La surpêche a fait des ravages dans les rangs de certaines espèces de poissons qui sont aujourd'hui quasiment éteintes. Donc, les trois se sont réunis y a bien longtemps pour instituer une sorte d'convention du bon petit pêcheur, un protocole qui interdit la pèche de certaines espèces pour les protéger. Tu m'suis toujours ?

- Toujours. Donc laisse-moi deviner. Depuis l’institution du protocole, les prix des poissons interdits de pèche ont flambés sur le marché noir c'est ça ? Et des petits malins ont bravé la loi pour profiter de la manne ?

- Simple loi de l'offre et d'la demande, mon cher. Et ceux qui se sont risqués au braconnage l'ont payé très cher. Couilles parties, torture par l'eau, poire d'angoisse, etc... Les Trois savent prendre soin de ceux qui transgressent leur loi.

- Charmant.

- Maintenant j'en viens à mon affaire. J'ai un client sur West Blue qui paierait beaucoup pour une caisse ou deux de Gomerland. Ces poissons ressemblent un peu aux espadons et sont exclusivement endémiques des eaux de Poiscaille. Y a deux décennies de c'la, ils ont été péchés jusqu'à la quasi-extinction. Z'ont été les premiers interdits de pèche. Mais ces derniers temps, on en a vu dans les restaus d'îles non loin de Poiscaille.

- Quelqu'un se remet à violer le protocole ?

- Ouais, et pour nous, c'est une aubaine. Mon client voulait juste que j'trouve l'braconnier et lui achète une caisse ou deux mais j'me dis qu'on s'ferait bien plus en remontant l'groupe, en trouvant l'forban et en lui piquant sa pitance comme de vieilles hyènes. Ça t'tente ? Environ trente millions pour toi dans cette affaire. Cette fois, c'moi qui t'engage sous contrat mon pote.

- Pas de soucis, "patron".

- Hahaha, j'aime bien ça. Rends-toi sur Poiscaille alors, tu trouveras un jeune du nom d'Eden. C't'une vieille connaissance de Las Camp de jadis quand l'ponton regorgeait encore d'exquis criminels qui aimaient en saigner plus d'un. Eden a les crocs en ce moment alors il te servira d'guide et d'appui dans cette histoire. J'ai déjà convenu du prix avec lui, même tarif que toi.

- Tu as soixante millions à claquer dans cette affaire ? Dis donc, combien ton client t'a-t-il payé pour nous arroser autant ? Mon bras droit que tu es assis sur un joli pactole.

- La charité bien ordonnée se fait des couilles en or avant... Enfin, tu connais le dicton...

________________________________________

Poiscaille

Quelque part à Poiscaille, un homme à la chevelure en cascade posa un genou à terre et courba l'échine dans un geste de profonde révérence au parterre de personnes qui l'entourait. Assis dans fauteuils bourrés les trois individus disposés dans un demi-cercle toisaient l'homme chevelu d'un regard coléreux et grave.

- Alors, Dante, les nouvelles ? demanda l'homme à la place d'honneur, celui assis dans le fauteuil du milieu.

- Seigneur Portdragon, vos soupçons étaient justes, répondit le chevelu d'une voix faible mais parfaitement audible. J'ai bel et bien retrouvé la trace de Gomerlands frauduleusement pêchés dans nos eaux, pardon, dans vos eaux. Mais c'est juste la cerise sur le gâteau, seigneur. J'ai en fait découvert que depuis plus d'un an, des restaurants des îles voisines et parfois lointaines étaient approvisionnés en poissons interdits qui pour certains sont indigènes de Poiscaille.

- Et tu n'as rien fait pour empêcher ça ?! tonna la voix féminine et autoritaire de la personne assise à la droite du dénommé Portdragon.

- J'ai fait une brève enquête, Lady Keudver. Quelques mandales ici et là, mais j'ai juste réussi à savoir que leur fournisseur venait d'ici. C'est à Poiscaille qu'il faut enquêter parce qu'apparemment, ces braconniers agissent depuis assez longtemps et leurs méthodes sont bien rodées. Si bien que leurs clients eux-mêmes ignorent qui ils sont. Ils agissent par codes et mots de passe. Mais j'ai déjà une idée d'où aller pour remonter la filière.

- Alors va ! ordonna le dernier des individu assis. Trouve ces voleurs et ramène les nous, que je leur coupe la main droite personnellement !

- Bien, Seigneur Malsouin. Si vos seigneuries me permettent de me retirer...

- Dante ?

- Oui, Seigneur Portdragon ?

- Pas de quartier, pas de détail. Ceux qui se mettront en travers de ton chemin, tu les élimines.

- Avec plaisir, Sir, répondit Dante qui s'humecta les lèvres et afficha un sourire carnassier en sortant de la pièce.
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- Haha vous êtes trop drôle Monsieur Eden !

- Haha oui !

- Oh les filles ! je vous ai déjà dis de m’appeler Eden ! et arrêtez de me vouvoyer voulez vous ? Il n’y a aucune barrière entre nous…

- Haha Monsieur Eden!

Assis au fond du bar, je profite de ma soirée. Je ne sais plus quelle heure il est, mais il est tard. Je suis comme d’habitude dans mon bar préfère, le Martin-Pecheur. A force, j’en ai même mes habitudes. Un soir quelques forbans un peu trop alcoolisés avait eu du mal a se maitriser, et j’avais filé un coup de main au barman pour s’en débarrasser. Depuis, on s’était liés d’amitiés et en échange d’une aide en cas de problèmes du même style, j’ai gagné quelques avantages. Par exemple cette table. Et ce soir c’est ma soirée, j’ai pigeonner quelques merdeux, ce qui ma permis de me payer cette soirée.  A ma droite, Sophia. Somptueuse brune aux cheveux longs, au teint bronzée. Elle est magnifique. Et douce. A ma gauche, Hilda. Rayonnante blonde aux cheveux court, au teint clair. Elle est sublime. Et exquise. Et de l’autre coté de la table, Sintia.

Un boudin. Un putain de boudin. Les trois quarts des péquenauds du coin n’osaient même pas l’approcher. Mais elle est copine avec les deux femmes, ce qui pouvait paraitre vraiment suspect. J’ai bien évidemment pas eu le choix, et les deux autres valaient bien leur pesant d’or. J’entends le barman m’appeler, mais j’en ai rien a foutre. Je suis a deux doigts de conclure et avec les deux ! putain j’espère que l’autre va se tirer, avec la chance que j’ai elle est capable de me proposer des truc bizarre.

- Monsieur Eden, désirez vous une bouteille ?

Merde. Fais chier. « Monsieur Eden, désirez vous une bouteille ? » est le signal pour me dire que c’est important. Je grogne un peu des dents, et me lève. L’argent passe avant les futilités de ce genre. Je me lève, et m’excuse. D’un pas quelque peu titubant, je me rend donc dans la pièce arrière, ou un den den m’attend.

- C’est qui ?

- Ne sois pas si brute, Dobermann.

- Putain pourquoi cette enfoiré ne t’a pas annoncé ? comment tu vas ?

- Ne t’énerve pas. Tu te rappelles de l’affaire dont je t’ai parlé il y a quelques jours ?

- Bien évidemment, comment oublier un truc pareil.

- J’ai trouvé quelqu’un. Il arrive demain après midi au port de poiscaille. Je compte sur toi pour t’entendre avec lui, c’est un homme très intelligent et calme. Essaye de te contenir, petit.

- Tu me prends pour un amateur ?

- J’ai pas dis ca, tu le sais très bien. Soit, récupère le au port.

- Ca marche, je m’en occupe.

- Et au faite, c’est un Long-Bras.

- Un quoi ?

- Un Long-Bras.

- C’est quoi ca ?

- Tu te fous de ma gueule ?

- Pas du tout, arrêtes d’essayer de m’embrouiller !

- Ce sont des humains avec deux coude au lieu d’un pour résumer. Ils sont originaire d’une ile spécifique, et ils
ont dont les bras relativement plus long qu’un humain.


- Tu te fous de ma gueule !

- Pas du tout et aucune réflexion devant lui ! je coupe, je suis attendu. A la prochaine petit.

Il a raccroché. Un Long-Bras ? j’en avais jamais entendu parler. Tant qu’il bosse bien, il peut même avoir quatre bras, j’en ai rien a foutre. Je dépose le den den, puis revient a mes bijoux de ce soir. Par ici mes belles…

Lendemain après midi,  aux alentours du port de Poiscaille

Merde je vais être en retard ! c'est ma première pensée. L’esprit embrumé, je regarde autour de moi : je ne connais pas cette pièce. Mais je suis dans un lit, et je vois Hilda et Sophia a mes cotés, nues. Elles sont encore plus belle nues ! Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je sors du lit. Et la mon sourire se transforme en sourire jaune : je tombe nez a nez avec Sintia. Elle est nue elle aussi. Bordel de merde… le petit clin d’œil qu’elle m’envoie me fait frissonner de dégout, et j’attrape mes affaires, puis m’élance par la fenêtre, comme un Arsène Lupin des temps anciens…

Je cours a travers la ville, en enfilant ma veste. J’ai encore l’esprit embrouillé, et plus je me rapproche du port plus l’odeur du poisson tourmente mon estomac. Quel heure il est ? merde j’ai pas l’heure. Je trébuche sur un passant, et tombe sur lui de tout mon poids. L’homme tombe au sol, avec moi dessus et me vocifère des menaces. Je me relève, m’excuse, puis lui remet sa veste droite et dépoussière sa veste avec un petit sourire. Lorsqu’il s’éloigne, m’injuriant dans sa barbe, je regarde l’heure sur la montre que je viens de lui voler. J’ai encore dix minutes. J’accélère, et après quelques minutes a encore courir, j’arrive enfin au port. Je supporte comme je peux l’odeur, et m’avance vers le quai.
Il doit pas y avoir beaucoup de Long-Bras qui viennent ici. Ca fait quelques mois que je suis ici, et je n’en ai jamais vu. Après quelques minutes a chercher, mon œil bute sur une silhouette : un homme aux lunettes, blanc de peau. Il semble différent des autres, il est sur ses gardes. Et il a deux coudes au lui d’un. Ca doit être lui, c’est sur. Et même si je ne connais pas son nom, il doit connaitre le mien. Je m’approche alors de lui, pour l’interpeller, en lui tendant ma main

- Je suis Eden, enchanté. Tu est celui que j’attends n’est ce pas?

Les présentations sont faites, et c’est bien mon futur partenaire. Je ne me suis pas trompé, c’est déjà bien…

- Pas trop dur le voyage ?
     
    - Nan, on fait avec. Je suis content de retrouver West Blue, j'affectionne particulièrement cet océan. J'ai soif cela dit, tu connaitrais un lieu où je pourrais m'en envoyer une bonne et fraiche ?

    Quelques instants plus tard, ils étaient avachis au fond du "Martin-Pecheur", la table basse jonchée de bouteilles haut de gamme. L'ambiance était bonne et bruyante, le bar bondé. Loth regretta que les salons privés eussent été pris d'assaut pour une quelconque raison, ne leur laissant que le fond du bar où se poser. Même si le bruit ambiant allait diluer le contenu de leurs conversations, il y a avait tout de même le risque de se faire espionner. Mais en y réfléchissant bien, Loth préférait encore ce bar à une ruelle sombre qui risquerait d'être plus compromettante. Il disposait désormais d'une certaine renommée, avec une Commandante d’Élite itinérante le fliquant. Plus que jamais, Loth voulait rester éloigné des soucis autant que possible.

    De ce qui ressortait de l'analyse préliminaire de Loth, Eden était un brave gars. Le genre qui savait se sortir des merdes, le genre qui voulait mordre la vie et les affaires qu'elle offrait à pleine dent. Il avait les crocs et pour cause, il venait de s'octroyer une liberté conditionnellement définitive du Ponton de Las Camp. En apprenant cette information, Loth afficha un sourire en coin alors qu'à l'intérieur, il était mort de rire. Indirectement, Eden lui devait sa libération.

    Alors que le Ponton était remorqué vers le bagne d'Hinu Town, un violent orage engendrant des vagues scélérates s'était soudain abattu en mer sur le convoi. Red et son équipage étaient alors passés à l'attaque, éventrant le Ponton et libérant l'objet de leur mission : deux prisonniers. Et laissant les autres à la merci des éléments. Ignorant ce qui s'était passé, les autorités s'étaient empressées d'attribuer le drame au mauvais temps.

    De son majeur, Loth redressa ses lunettes et sourit d'avantage. Ce mauvais temps n'avait eu rien de naturel, de la Dance Powder avait été employée. Sa Dance Powder.

    - Pourquoi tu souris l'ami ?

    -Pour rien, pour rien. Juste un bon souvenir fugace. Parlons affaire. Dena' t'as entretenu de la mission, je suppose ? T'en sais quelque chose ?

    Évidemment, il n'en savait rien. Ç’aurait été trop facile autrement, Dena' se serait directement adressé à lui dans ce cas. Et si ces pêcheurs de poissons prohibés se baladaient en tutu rouge, ça se serait su. Eden était le régional de l'étape, se dit Loth, il allait profiter de sa connaissance du terrain, peut-être de ses relations mais au-delà, ils allaient tous les deux partir de zéro. Il fallait enquêter en bonne et due forme, et c'était pour cela que Dena' lui avait attribué cette mission. Parce qu'enquêter, c'était son domaine.

    - Alors, quelle que soit la situation, je privilégie toujours l'approche pragmatique, Dena' te dira même "scientifique". Je m’intéresse à des détails que les gens ignorent, à des indices subtils délaissés des criminels pour remonter jusqu'à eux. Tout le monde laisse des indices, il suffit de savoir où les trouver.

    - Et en pratique, ça donne quoi ?

    -  Ça donne que j'ai passé la traversée à étudier. Rapproche toi mieux, et fait un effet d'ombre sur la table pour qu'on ne puisse pas regarder, dit Loth en baissant la voix.

    Il éloigna les bouteilles puis déroula sur la table une feuille grand format surchargée de gribouillis en tout genre. C'était un fouillis inextricable de notes, de cartes à la main, de chiffre, de calculs de probabilités. Peu de personnes auraient su tirer avantage de ce désordre volontaire mais pour Loth, c'était aussi clair que de l'eau de source. Il attira l'attention d'Eden sur le coin supérieur gauche de la feuille. Là étaient dessinées des espèces de poissons.

    Un Gomerland

    - Ceci est un Gomerland, c'est ce que nous devons chercher. C'est ce qui est interdit de pèche.

    - Sans dec' ? C'est un poisson ça ? On dirait une armure...

    - C'est un cousin proche de l'espadon sauf que lui, il est armuré comme une tortue. Le Gomerland a d'abord été chassé pour sa carapace qui fait office de cuir de très haut standing et ensuite pour la chair extrêmement gouteuse que renferme ladite carapace.

    - Ouais d'accord. Poisson multitâche. C'est quoi ton "approche scientifique" là-dedans ?

    - J'y viens. Il est important que je te souligne que le Gomerland est un poisson des abysses en fait, qui s'est éteint en l'espace d'un siècle après sa découverte et que très peu de relevés scientifiques ont été faits sur lui. Nous ne savons presque rien de ce poisson. Mais je l'ai étudié à travers les écrits d'Anne Eauxclaires -formidable océanographe- qui a longtemps étudié et répertorié les espèces quasi-éteintes dans cette partie du monde.  

    - Euh... Tu ne veux pas aller à l'essentiel ?

    - Non, il fait que je t'explique le pourquoi, sinon, tu ne comprendras pas le comment. Sais-tu ce que c'est que le mutualisme ?

    - Ça sonne comme une coopération dans laquelle les intérêts seraient mutuels non ?

    - Tout à fait. Les exemples de mutualismes sont légions dans le règne animal ou végétal. Sur South Blue, il existe un oiseau appelé "L'indicateur". On l'appelle ainsi parce qu'il indique, grâce à son chant particulier, l'emplacement de ruches d'abeilles. Dès que L'indicateur commence à piailler, son partenaire, le ratel -une espèce de blaireau- se ramène et détruit la ruche grâce à ses griffes. Le ratel s'empiffre du miel, L'indicateur de la cire. Gagnant-gagnant. Maintenant, imagine que L'indicateur vienne à disparaître soudainement de la surface du monde ?

    - Ça condamnerait le ratel qui n'a pas appris à survivre sans lui ?

    - C'est ça. Donc pour en revenir au Gomerland, Anne Eauxclaires a remarqué qu'une espèce de crustacé, le Kurokrill, a disparu presque en même temps que le Gomerland. En effectuant ses enquêtes statistiques, elle a pu associer les grandes vagues et périodes de pêche du Gomerland a une abondance de Kurokrills. Elle a clos ses études en supposant que le kurokrill et le Gomerland étaient sûrement interdépendants, "mutualisés" et que la disparition de l'un avait affecté la population de l'autre.
    Donc, ma conclusion, c'est que maintenant que le Gomerland est de retour, le Kurokrill aussi.


    - T'es sérieux ? C'est ça qui m'a valu tout ce discours ? Tu pouvais pas juste résumer ça en deux phrases ?

    - Non, je ne plaisante pas avec les détails scientifiques. Donc pour commencer, je pense que nous devrions nous rendre dans le port et parler aux poissonniers. Le Kurokrill ressemble à ça :  

    Un Kurokrill

    - Selon Anne Eauxclaires, ce crustacé -totalement endémique des eaux de Poiscaille- est impropre à la consommation humaine et se prenait dans les filets par milliers aux grandes heures de la ruée vers le Gomerland. Pour les pêcheurs, pêcher du kurokrill doit juste être du gâchis de temps et des pertes d'argent. Donc, je pense que nous trouverons assez de gens pour nous en parler, s'ils en ont pris récemment dans leurs filets.

    - Oui mais tu as aussi dit que le Gomerland est un poisson des abysses non ? Donc le kurokrill aussi ?

    - Tout à fait. Je suis content de voir que tu suis le raisonnement. Nous devons nous rendre chez les pêcheurs spécialisés en eaux très profonde. Nous devons recueillir le maximum de témoignage sur ceux qui ont vu ce crustacé récemment. A partir de là, on pourra établir une sorte de carte pour délimiter les zones de peuplement des crustacés. On trouve la zone où vit kurokrill, on trouve la zone où vit le Gomerland et de facto, on trouvera où opère notre gang de braconniers. Ensuite, on avisera.

    - Donc, si je te suis, on demandera donc aussi aux pêcheurs les lieux où ils jettent leurs filets ? fit Eden avec un sourire d'incrédulité.

    - C'est un soucis ? fit Loth innocemment.

    - Haha, toi tu doutes de rien. Ils préféreraient mourir que de donner les lieux où ils font leurs affaires, t'es fou toi ! On pourrait très bien faire partie de la concurrence. On va se heurter à un mur de silence.

    - Ah la la, l'omerta ! fit Loth souriant et nostalgique. J'aime la loi du silence, elle m'incite à dépasser les limites. En fait, oublie les bonnes manières que j'ai préconisées. Nous allons fouiner.
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    Après avoir rencontré le fameux contact, je l’ai bien évidemment emmené en direction du Martin-Pecheur, après tout il s’agissait de mon lieu de prédilection. Et puis j’étais censé être le guide, donc autant en profiter pour accomplir ma tache ! Quelques minutes plus tard, nous voila dans le bar. Assis a une table, recouverte de déchets de bouteille. Les salons privés était déjà réservés, et le barman n’avait pas pu justifier pourquoi. Bon pas grave, il devait quand même y avoir des clients plus important que moi… on avait été mis en contact par Dana pour faire un coup, mais bien évidemment c’est moi qui avais le moins d’informations. Le bar était bruyant ce soir, l’ambiance était au beau fixe. Ainsi, on passa directement a l’étape la plus importante : l’élaboration d’un plan.

    Et c’est la que je compris, a quel type de partenaire j’avais a faire. Au premier abord, Loth apparait comme un homme intelligent. Lunettes sur la tête, sa démarche, sa façon de parler… c’était un homme réfléchi. Et comme pour témoigner de ce trait d’esprit, il sorti la carte qu’il avait réalisé, annoté de plusieurs informations. Intelligent, réfléchi et méticuleux. Il avait déjà tout écrit et analysé. Tant mieux, cela nous faisait déjà ca de moins a faire. Je n’étais pas sur Poiscaille depuis longtemps, et je connais tout juste la situation de l’ile : dirigée par trois familles importantes, qui se partageaient le butin. Le trésor de Poiscaille, représentait bien évidemment son abondance de poisson.

    J’écoutais consciencieusement, cette étape est essentielle, et elle était trop souvent bâclé. J’avais vu beaucoup de petit truands finir dans les geôles de la Marine a cause d’une préparation mal faite. C’est au moment de l’élaboration du coup, qu’on peut différencier les professionnels des amateurs. D’après les paroles de Loth je ne m’était pas trompé sur lui. Le plan était simple grâce au travail en amont fourni par mon partenaire. Le Gomerland était un poisson très particulier, et surtout très rare. Son partenaire aquatique et « indissociable » étant le Kurokrill. Nous cherchons bien évidemment le Gomerland mais pour le trouver, nous devons d’abord trouver le Kurokrill. Ce qui veut dire poser des questions aux Pécheurs et Dockers .

    Bordel, ces mecs étaient des vrai tête de mule. Ils ne parlaient pas, a cause des pressions des capitaines de bateau qui leur interdisait de divulguer des informations sur leur lieu de pêche. Ce qui était plutôt compréhensible, les mers sont surpeuplées de poisson, mais également de pêcheurs. SI on trouve un endroit où un type de poisson est plus présent, il n’y a aucun intérêt a dévoiler son avantage concurrentiel. De plus, si quelqu’un comme Loth qui n’a rien avoir avec cette ville a réussi a analyser aussi vite la situation, cela veut également dire que tout les pêcheurs du port sont au courant de cette situation, et si on s’avise de trop poser de questions, quelques un feront peut être le lien ce qui risque de compliquer notre tache. Il fallait donc ruser. Et si Loth était d’accord pour oublier les bonnes manières, ce n’était que mieux. Je finis donc la bouteille, avant de me lever et d’attraper mon chapeau posé sur la table

    -Allons donc un peu questionner nos amis du Port.

    Nous voila donc parti pour le port. C’est le moment de réunir des informations… le Port est la partie la plus vivante de l’île : les marchands crient, exhibant des poissons a tout bout de champs. Les pêcheurs eux quand ils n’étaient pas en mer, restait dans les bars ou se cherchaient des noises. Ce n’était pas une population très intelligente, et même presque bête. La troisième catégorie elle, représentait les Dockers qui s’occupait de toute la logistique ( ils déchargeaient les caisses et les transportaient tout simplement ). La première étape, était d’identifier les pécheurs d’eaux profondes. Il fallait être persuasif. Et tant mieux, car c’était mon boulot. Loth s’était mis en valeur dans le duo par sa préparation et son intelligence, il fallait que je montre moi aussi mes compétences ! Nous ne marchons pas a coté dans la rue. Relativement proche, mais avec toujours une certaine distance, afin d’éviter les soupçons sur le but de notre présence. Et après quelques minutes de marche, nous voici enfin au port !

    -Tu connais des pêcheurs d’eaux profondes ?

    -Pas du tout, sinon ca serait beaucoup trop facile… les gens d’ici sont très… enfin tu verras bien. Ne te laisse pas intimider, ils n’ont rien dans la tête ils ne comprennent que la force brute. Sauf bien évidemment les Capitaines de bateaux, qui eux sont a peu près plus intelligent que la moyenne. Eux, c’est le langage de l’argent qui les fait t’écouter !

    Nous voici donc en plein milieu du port. J’emmène Loth vers les marchands de poisson. Je crois que j’ai une idée. Ma mère est poissonnière ici, on mange donc souvent du poisson. Le Piscies est un petit poisson, qui vit toujours par deux dans les eaux profondes. Celui qui fournit des Piscies doit donc certainement pécher des Kurokrill aussi. Les marchands de poissons étaient variés, des femmes aux hommes, voir même aux famille entières. Les étals étaient souvent fait main, et disséminés sur tout le port. En passant devant les marchands, mon regard balaye les étales, a la recherche de Piscies ou autres… et au bout de quelques mètres, j’aperçois du coin de l’œil, un vitrine comprenant quelques Piscies. C’est un local tenu par un homme, plutôt grand et costaud, vêtu d’un tablier luisant. En voyant la pancarte « Ouvert » Je fais donc discrètement signe a Loth de me suivre, afin de commencer notre petite enquête. Nous entrons donc dans le petit magasin du poissonnier

    -Bonjour Monsieur ! venez découvrir nos poissons ! ils viennent a peine d’être péché ! ne ratez pas cette occasion, ce sont les meilleures poissons du port !
    -Vraiment ? j’avoue être un grand fan de Piscies…
    -Regardez sur l’étal ceux que nous avons ! péchés ce matin monsieur !
    -Ah bon ? péchés ce matin ? qu’en penses tu l’ami ? dis-je a Loth en me tournant vers lui
    -Difficile a dire si il dit la vérité.
    -Bien sur que je ne mens pas ! regardez de vous-même !
    -Moi-même ? C’est a moi de m’assurer que tes poissons ne sont pas pourri ?
    -Mes Piscies ont été péchés ce matin ! Ces poissons se comptent en centaines de milliers dans les eaux profondes ! les pécheurs en pèchent par milliers ! les Piscies de tout les étals que vous voyez ont étés péchés ce matin !
    -Des pécheurs d’eaux profondes ? j’ai entendu dire qu’ils étaient devenu rare de nos jours. [/color]

    Parfait, il a réussi a l’emmener sur ce terrain la. Maintenant c’est a moi de me mettre en valeur !

    -Quelques uns le font encore.
    -Qui ?
    -Ecoutez vous deux ! soit vous acheter soit vous partez ! on ne parle pas de nos fournisseurs, c’est la règle ici. Achetez ou dégagez !

    Bon. Il n’a pas l’air très coopératif. Après tout, le fait qu’il ait un magasin signifie surement qu’il doit magouiller. Avec tout les vendeurs du ports, pouvoir s’acheter un magasin est normalement un rêve. Il doit savoir des choses, c’est déjà ca. Je ne lui réponds pas, et reviens sur mes pas. Je m’approche de la porte, et regarde par la fenêtre. Pas grand monde a l’extérieur. Doucement, je ferme les rideaux, puis ferme la porte. J’en profite également pour tourner la pancarte du coté «  Fermé »

    -Ecoutez je ne sais pas qui vous êtes mais partez ! je ne veux pas d’ennuis.

    Loth semble s’amuser de cette situation. Il sait tout comme moi que malheureusement ce que je vais faire est indispensable. Je suis obligé de le faire. Je m’approche du comptoir, et sors un pistolet, que je braque sur le poissonnier. L’atmosphère s’alourdit brutalement pour le marchand, a qui je fais signe de venir au milieu de la pièce. Il ne peut pas s’enfuir – j’ai fermé la porte a clef – et il est avec un homme armé et un Long-Bras. Je pose mon chapeau ainsi que ma veste sur le comptoir afin de ne pas les salir. Je n’ai pas beaucoup de vêtements, donc autant les économiser. Je reviens enfin vers le marchand, que je fais mettre a genoux

    -C’est quoi ton prénom ?
    -Partez. Sil vous plait…balbutia t’il

    Je le frappe avec la crosse de mon pistolet au visage

    -Prénom ?
    -Peuf…peuf…Ernest.
    -Parfait Ernest. Ecoute, je ne veux pas de soucis. Je ne veux pas que tu ai de soucis. Mais c’est ta faute ! tout ca a cause de votre… comment ils s’appellent ca déjà ?
    -Ils appellent ca l’Omerta
    -Merci a toi !dis je a Loth avec un sourire avec de me retourner vers Ernest.Oui voila, votre Omerta comme a dis mon ami. Oui donc voila, on en revient au fait que le problème vient de votre Omerta. Tu comprends n’est-ce pas ?
    -Vous n’êtes pas d’ici vous ne comprenez pas ! ils ne me vendront plus aucun poisson si je dis quoi que ce soit ! de plus avec leurs nouvelles lois, les pécheurs d’eaux profondes sont mal vu, car on dis que certain trouvent des espèces rares et les revendent ! c’est devenu tabou de parler d’eux !
    -Tu vois mon ami la ? dis je en montrant du doigt Loth Mon ami, il a un don. Il a le don d’avoir une mémoire incroyable ! alors comme on a pas de papier ni de stylo, tu va lui dire les plus gros pécheurs de poissons des eaux profondes ?
    -Mais ta pas compris ce q…

    Trop tard. J’ai attrapé sa tête et j’ai mis le canon de mon pistolet dans sa bouche, lui empêchant de finir sa phrase. IL me
    regarde comme un chien battu, bavant sur le pistolet.

    -Je vais t’expliquer comment tout va se passer. Je vais sortir mon pistolet de ta bouche. Tu vas fermer ta gueule, et simplement dire les mots que je veux que tu dises. Ensuite, je vais t’acheter des Piscies pour faire gouter a mon ami, et nous allons partir. Si tu ne parles pas de moi et de mon ami, mon ami et moi ne reviendrons jamais pour t’ouvrir comme tu éviscère tes poissons d'accord ? si tu a compris, bouge la tête. Si tu n’a pas compris je t’explose la trachée avec mon pistolet.

    Il bouge la tête, il a du comprendre. Tant mieux, je n’avais pas envie de salir ma chemise blanche. Je retire donc mon pistolet de sa bouche, et j’entend les noms des capitaines, et leur localisation. Parfait, maintenant on connait quelques un des pécheurs d’eaux profondes. Je remercie Ernest, et essuie la bave de mon pistolet sur sa chemise, puis l’aide a se relever. Je remets mon pistolet dans mon pantalon, puis je fouille dans ma poche de la monnaie. Ah ! 10 berrys ! je vais pouvoir prendre des Piscies panées ! j’en demande une dizaine a Ernest, qui tremble de tout son corps. Fébrilement il me sert, et me donne le sachet. Je remet la monnaie dans ma poche avec un petit sourire, puis lui agite la main pour lui dire au revoir. Je ré-ouvre les volets, puis retourne la pancarte en partant. Une fois dehors avec Loth, je lui tend le paquet

    -Goutes, si tu aime le poisson c’est terrible !

      Eden était aussi entreprenant qu'il le laissait paraître, pensa Loth en esquissant un sourire. Un peu trop d'ailleurs, il, Loth, ne voulait absolument attirer l'attention sur lui. Alors un pistolet dans la bouche d'un marchand, cela restait limite, mais les résultats étaient là, alors tant mieux.
      Le marchand leur avait donné les noms de six capitaines qui péchaient encore en eaux profondes. Chemin faisant, Loth se renseigna un peu plus auprès d'Eden sur le réel souci avec cette catégorie de pêcheurs.
      La pêche en eau profonde n'était pas interdite en tant que telle mais uniquement mal vue. Par la population et par les trois familles qui assimilaient en partie cette pratique pour du braconnage. Bien sûr, la profession était encadrée et ses cargaisons fréquemment inspectées mais voilà, la stigmatisation avait apposée une sorte d'omerta sur ce groupe de pêcheurs.

      Après d'autres renseignements moins ardus à obtenir parce que maintenant ils avaient des noms, les deux comparses se dirigèrent vers le plein ouest de la ville. Cette partie du littoral était assez sauvage, en train d'être aménagée. Rien à voir avec le grand port de pêche, sa cohue, son air saturé d'effluves de poissons et son brouhaha éternel. Ici, rien que le silence entrecoupé du doux son des vagues venant mourir sur la plage de grès. Ils marchèrent pendant longtemps, longèrent la côte et au moment où ils vinrent à penser que leurs renseignements étaient peut-être faux, ils aperçurent de longues jetées.

      Construits en fer et en bois dur, les quais s'enfonçaient d'une centaine de mètres dans la mer. Des gros chalutiers, industriels pour certains avec leurs filets suspendus à des treuils mécaniques, étaient solidement amarrés aux jetées. Loth compta dix de ces navires. Ils avaient trouvés la petite communauté de pêcheurs en eaux profondes et apparemment, le marchand ne les connaissait pas tous.

      - S'il y a dix bateaux ici, fit Loth, peut-être qu'il y en a autant en mer. Il faut connaitre leur nombre exact, si notre braconnier couvre ses activités illégales par des activités légales, alors il est forcément l'un d'entre eux.

      - Je me dis aussi. Ne pêche pas en eau profonde qui veut. Faut un équipement spécial. La taille du bateau aussi compte.

      - Z'avez perdu vo'chemin ?

      La voix était rocailleuse et brutale. A six heures d'Eden se tenait un homme d’âge mur, baraqués comme un sumo sans la graisse en plus. Le genre qui faisait facilement deux cents kilos de purs muscles. Les bras croisés, il se tenait au sommet d'une dune de grès et dévisageait le duo d'un regard sourcils par dessous ses sourcils broussailleux.
      Loth prit la parole après avoir fait un "range-moi ça" à Eden en référence à son pistolet.

      - Salutation monsieur ! dit-il, enjoué. Je suis.. .

      - M'en fous ! Vous ai d'mandé si z'aviez perdu vot'chemin ?

      - Non, on cherche les pêcheurs d'eaux profondes et nous sommes au bon endroit.

      - Qui a dit que z'étiez au bon endroit ?

      - Vous. Avec votre ton. Nous sommes venus en paix. Nous sommes des universitaires. Je suis un universitaire, corrigea-t-il en regardant Eden et son accoutrement. Impossible de faire croire à qui que ce fût qu'il était un chercheur... Lui, c'est mon guide, Eden, il s'appelle. Moi, c'est Edwin Hubble.

      - Cherchieur ?! Y en a marre des cherchieurs ! Foutez-moi l'camp !

      - Oi, tu sais même pas ce qu'il cherche. Laisse-lui au moins le temps de parler ! intervint Eden.

      - Je cherche des Kurokrills, fit Loth en sortant un carnet et un crayon de sa besace. Je suis doctorant en océanographie et j'écris une thèse sur l'influence des courants marins d'East Blue sur la reproduction et la migration des grands bancs de crustacés. Kurokrills inclus. J'aurais des questions à vous poser. S'il vous plait. Pour la science, acheva-t-il avec un regard de chien battu.

      L'homme les scruta intensément pendant deux minutes puis leurs fit signe de le suivre. Gagné, pensèrent-il. Il disparut de l'autre côté de la dune et ils le suivirent. Là, il y avait une sorte de village de pêcheurs. Surement des abris circonstanciels, quand ils revenaient de pêches nuitamment et qu'il n'était pas prudent de rentrer en ville ou pour s'abriter des éléments. Loth compta soigneusement douze cabanes et bientôt, il découvrit que chaque cabane appartenait à un équipage de pêcheurs. Cette information ajoutée aux dix bateaux amarrés lui donna la certitude que de pêcheurs en eaux profondes, il devait y avoir douze à Poiscaille. Doux équipages du moins et en ce moment, deux étaient en mer. Leurs braconniers étaient-il de ceux-là où de ceux qui squattaient ce village de cabane au moment où ils progressaient vers le cœur des lieux ?

      N'étant pas habitués aux visites, ses têtes sortaient des portes et des fenêtres pour les dévisager comme de curieux animaux. Plus inquiétant pensa Loth, sortant ne se contentèrent pas de regarder, ils sortirent carrément de leurs huttes et se mirent à les suivre. Bientôt, un attroupement conséquent d'une vingtaine de personnes, jeunes comme adultes se forma autour d'eux. Aucune femme, aucun enfant, remarqua Loth. C'était vraiment un "célibatorium", et si familles ils avaient, elles devaient se trouver en ville.

      - Voilà, sommes z'arrivés, fit le gros en désignant la cabane la plus cocue, celle qui n'avait pas l'air en paille mais en bois massif. En bois de luxe même, remarqua Loth. Jirobou, ze t'ai amené un cherchieur...

      Lentement, un vieil homme sortit de la cabane, s'appuyant sur une canne. Il devait faire un mètre cinquante à tout casser, le visage si ridé qu'il semblait souffrir d'estafilades multiples. On se dépêcha de lui apporter une chaise dans laquelle il se laissa tomber. On offrit aussi une chaine aux deux invités pendant que le reste de l'attroupement les encercla. Eden jetait de temps à autre des regards furtifs aux alentours, cherchant peut-être une échappatoire au cas où ça tournerait mal.

      - Chercheur, tu dis ? demanda le vieux de sa voix asthmatique. Je suis le plus vieux pêcheur de Poiscaille. Si vieux qu'on dit que j'aurais pêché avec Poséidon lui-même... Pose ta question jeune esprit. Que cherches-tu ? C'est rare de voir des chercheurs...

      - Vénérable, je fais une recherche sur les kurokrills, répondit Loth avec révérence. Ce nom suscita des murmures de désapprobation dans l'assistance.

      - Kurokrills ? Le crustacé à la carapace de ténèbres ? Hmmm, mauvais présage ! Nous n'en péchons jamais !

      - Ah ? Enfin, oui, je comprends, il n'est pas comestible, mais mes études m'ont montré qu'après plus d'une décennie de latence, la population de l'espèce est repartie en hausse. Et comme elle vit à six cent mètre de fonds, les seuls qui peuvent me témoigner de sa réalité sont ceux qui pêchent à la lisière des abysses... Donc vous...

      - Tes études ? fit le vieux en se penchant en avant. T'en as vu des krills noirs récemment ?

      - Oui, dans la mer de Cocody, mentit Loth.

      - Cocody ? C'est pas ton secteur ça, Fausto ? demanda le vieux à un pêcheur élancé de teint sombre dont l’œil gauche était tatoué d'une croix cerclée. T'en as vu des krills récemment ?

      - Non, chef. Et pourtant, j'ai péché jusqu'à huit cent mètres de fond.

      - Au fait, de quelle université dépends-tu jeune homme ? Si tu as vu des krills dans la mer de Cocody, c'est que tu es descendu en deçà des huit cent mètre. Et à cette profondeur... De quel équipement disposes-tu ? s'enquit le vieux d'une voix sournoise.

      Imperceptiblement, Eden tira sur le manche de Loth. Le geste voulait sans doute dire "ça sent pas bon, ils se doutent de quelque chose" ou "tirons nous delà", ou les deux. Instantanément après, il eut un mouvement de foule et l'assistance se fit plus compacte. Certains déjà, craquaient leurs articulations en vue de la rouste qu'ils allaient coller au duo. Sans départir de son calme, Loth sortit une fausse carte d'étudiant de l'UIJ, l'Université Internationale de Jalabert, sise à Boréa.

      - Allons, jeune homme, on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Cette carte est sûrement falsifiée. Je ne vois que deux raisons pour lesquelles tu chercherais à te renseigner sur le Krill Noir. Soit tu veux t'en servir pour pécher des poissons prohibés, soit tu es un indic des trois familles. Et dans tous les cas, nous, pêcheurs en eaux profondes, avons un message à faire passer ! tonna-t-il entre deux toux sèches.

      - A mort ! vociféra le dénommé le pêcheur à l’œil tatoué.

      Avant que Loth et Eden ne purent esquisser un geste, la foule s'empara d'eux manu militari. Ils se débattirent vain mais face à une trentaine de mains les empoignant furieusement, ils étaient bien démunis. Brandis et soulevés tels des sacs de pommes de terre, ils furent ballotés dans tous les sens. Dans le brouhaha général, Loth ne voyait que des mains, recevait parfois des coups. Eden avait disparu dans une autre nuée de mains. Sans paniquer, Loth réfléchissait à un moyen de se sortir de ce mauvais pas. C'était vraiment une mauvaise idée, se dit-il, sonné par un coup à tempe. Ces pêcheurs étaient tellement stigmatisés dans leur communauté qu'ils étaient naturellement devenus méfiant. S'ils les croyaient braconniers, ils allaient les lyncher, mais cela pourrait être pire s'ils étaient convaincus qu'ils travaillaient pour les trois familles avec la mission de les compromettre. Et la dernière chose que voulait le Binoclard, c'était d'être victime d'une vindicte communautaire. Pas après avoir échappé à Ashura.  

      Soudain, il eut un coup de feu et la horde s'arrêta net. Aux ballotements dont il était sujet, Loth sut que ses porteurs se retournaient dans tous les sens pour déterminer la source du tir. Puis, on le laissa tomber rudement sur le sol sablonneux. Contusionné et crachant du sable, Loth se releva, cherchant à savoir d'où venait leur salut. Il ne chercha pas longtemps puisque les pêcheurs regardaient tous dans la même direction. Là, sur un monticule de sable solidifié par le temps, se tenait un homme qui aurait semblé très grand s'il n'était pas vouté comme un bossu. Coiffé de dreadlocks à la couleur verte criarde, il regardait l'assemblée avec une haine manifeste. Dans sa main droite, un révolver, dans l'autre, un harpon mécanique.

      - Que faites-vous ?! s'écria-t-il d'une voix que Loth trouva douce pour un homme de sa corpulence. A vous déchainer tels des piranhas sur un morceau de chair ?! Et vous trouvez bizarre qu'on nous mette au banc de la société ?!

      - Qu'est-ce que t'en sais ?! répliqua le vieux Jirobou d'une voix pincée. Toi qui as jadis sombré dans la folie ! Tu n'es même plus un vrai pêcheur !

      - Parait qu'ton vieux rafiot prend l'eau ? Héhéhé !

      - Parait qu'il n'y a plus rien à manger à cause des dettes ?!

      - Malgré toutes mes difficultés financières, je suis bien dans mes pompes. Pas comme vous autres, isolés, avec cette fierté mal placés. Allez, venez-vous deux ! fit-il en faisant un signe de son révolver au duo. Vous vous êtes adressés aux mauvaises personnes. Si c'est du Kurokrill que vous cherchez, je sais où en trouver. J'en ai péché récemment.

      Le temps de marmonner un vague "merci", Loth et Eden s’extirpèrent de la masse et coururent rejoindre le nouvel arrivé. Loth jeta un dernier coup d’œil aux pêcheurs qui ne semblaient pas des masses ravis. Il leur adressa un sourire goguenard en relevant ses lunettes puis se dit qu'ils -les pêcheurs- avaient eu de la chance. Sans l'arrivée de cet inconnu, il aurait été obligé d'employer la manière forte, ce qu'il rechignait plus que tout. D'ailleurs, pensa-t-il, il ne connaissait même pas le nom de leurs "sauveurs".

      - Dante, marmonna-t-il. Je m'appelle Dante.


      Dernière édition par Loth Reich le Mer 17 Fév 2016, 20:40, édité 1 fois
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      Je le sentais…je le sentais. Comme on sent un pécheur assis au comptoir d’un bar après une journée de quatorze heures derrière lui. Je le sentais, mais ca ne m’a pas empêche de me retrouver en l’air quelques minutes après. Et ce, malgré ma corpulence. Exhiber comme un trophée par une bande de pouilleux ignare, édentées et puant. Mon dieu, quelle mort de merde. Autant essayer de mourir avec  les honneurs. Lorsque le coup de feu retentit, j’étais déjà a terre. Après avoir plongé ma dentition dans les quelques bras qui passaient près de ma bouche, les pécheurs excédés m’avait laissé tombé a terre, et ils m’ont passé a tabac. Inutile de dire que ce coup de feu arriva a point nommé ! Toute la foule avait été surprise, et c’est ce qui nous tira de cette situation, a Loth et moi. A terre, j’ai un peu de mal a distinguer pleinement l’auteur, une foret de jambe épaisse et poilu me barrant la vue. Mais j’en distinguais tout de même la silhouette. L’homme viens de nous tirer de la. Presque en une fraction de seconde, je me relève.

      Le pécheur en face de moi, se retourne et soutient mon regard. Non. Non. Ils m’ont frappés a terre. Ils voulaient me tuer. Une rage s’empare de mon corps, et je me retrouve a fixer dans les yeux le pécheur, qui ne lâche pas non plus mon regard. Je suis a deux doigts de sortir mon pistolet, et de lui exploser la mâchoire avec. Il va prendre pour tous les autres. Je sens ma main se crisper, se raidir. Non. Non !

      Ne cède pas. Si je le tue maintenant, ca va compliquer notre affaire, et on va perdre l’argent. Je dois pas m’emporter, Loth ne me le pardonnerait jamais, et même si il essayait de le cacher, et si les hommes ici étaient trop plein d’alcool pour s’en rendre compte, Loth était dans une catégorie supérieure. Il pouvait donc constituer un allié de poids. Et la somme en jeu était le plus gros coup que j’ai jamais fait. Pense un peu, pense. Alors ma main s’est desserré, comme ma mâchoire. Le pécheur eut un petit sourire, tandis que des petits rires s’échappèrent de l’assemblée, lorsque je m’extirpa de la foule pour rejoindre Loth et l’homme. Mais, je n’oublierai personne. Aucun visage. Je reviendrai, pour mettre les poings sur les i.

      -Dante. Je m’appelle Dante.

      Jamais entendu parler de lui. Bon en même temps, je connaissais pas grand monde, donc c’était un peu normal.

      -Merci de nous avoir tirés de la. Je suis Eden, et lui c’est Edwin Hubble, un professeur. C’est un client, je suis guide, ca paye les fins de mois.
      -A quoi tu joues Dante ? Tu vas les aider ?
      -Ca suffit le spectacle est terminé , laissez les tranquilles !
      -Tu n’est qu’un pécheur raté, emmène les avec toi et disparais !

      La foule éclata de rire. Visiblement Dante n’était pas vraiment apprécié par ses congénères. Mais au moins il nous avait sauvé. Nous n’étions plus en odeur de sainteté ici, et ca se sentait. Mais dans notre malheur on a au moins gagné un truc : Dante. Loth lui avait ressorti le même baratin aux autres, avec son doctorat en océanographie, et sa thèse sur les courants marins qui lui permettait d’aborder le sujet du Kurokrill dans un cadre scientifique, ce qui justifiait ses questions. C’était bien fait, bien pensé, et il le jouait bien. Son attitude était de toute façon, en totale adéquation avec le métier qu’il s’était inventé. Et il le jouait merveilleusement bien. L’idée a bien évidemment séduit l’homme aux cheveux vert. Il semblait heureux d’aider la science. Parfait pour nous !

      Peu de temps après, nous voila dans un petit restaurant, entre le village et le port. L’idée lui a plu, mais a en juger sa tenue, il a besoin d’argent. C’est donc bien évidemment, autour d’un poisson que va se négocier cette collaboration ! C’était une chance inouïe pour nous, puisque les pécheurs d’eaux profondes était assez renfermé dans leur communauté. On a pu d’ailleurs en avoir une preuve… le restaurant n’est pas très grand, et on y sert… du poisson. Evidemment. Mais malheureusement, que du poisson. A la table, nous sommes a coté avec Loth. Dante lui est en face de nous.

      -Alors, reprenons. Vous êtes un professeur ?
      -Malheureusement, pas encore. Pour le moment, j’effectue simplement un doctorat ainsi qu’une thèse.  Mais pour simplifier, je fais des recherches sur la reproduction et la migration des grands bancs de crustacés. C’est pour cette raison que je m’interesse aux Kurokrill, mais vos…  partenaires ? ne l’ont visiblement pas compris.
      -C’était quoi leur problème a eux ?
      -Ha ha je suis désolé ! Vous savez, d’une certaine façon vous devez les comprendre. Poiscaille regorge de pécheurs. Chaque homme que vous voyez, pèche. Et dans toutes les populations, il y a des sous population, mises de cotés. Cette communauté en est une. Les trois familles influencent, et décide de ce qui peut être pécher et ce qui n’est pas possible de pécher. Nous vivons donc au gré de leurs lois.
      -Ca explique en quoi qu’ils soient comme ca ?
      -Nous avons été mis de cotés tout simplement. Nous avons mauvaise réputation, les gens pensent que nous sommes comme des braconniers. Avec toutes les espèces de poissons qu’il y a, pourquoi aller déranger les poissons rares, et historique au fond de la mer ? Certains le voient comme ca. Et du coup, la profession est mal vue. De plus, le travail se fait rare en ce moment... Mais bref, passons. Vous êtes donc a la recherche d’informations sur les Kurokrills ?

      Tout ça pour ça. Il avait l’air gentil, mais simplet…

      -Effectivement, je suis a la recherche d’informations, que ce soit sur le Kurokill en lui-même, ou comment se schématise sa migration, et sa reproduction. Vous avez mentionné le fait d’avoir pécher des Kurokrill récemment n’est ce pas ?
      -Oui ! Il y a quelques semaines, j’ai péché des Kurokrill.
      -Seriez vous intéressé, pour devenir notre guide ? je vous payerai bien évidemment. Nous avons simplement besoin de nous rendre aux endroits ou vous avez péché les Kurokrill. Cela vous intéresse t’il, Dante ?
      -N’avez-vous pas déjà un guide ?
      -Oui, mais moi je suis le guide de la ville. Je ne connais rien a la mer d’ici, je ne suis pas originaire de l’ile. On a donc besoin de vous, et je pense que vous avez besoin d’argent.
      -Il est vrai que j’ai quelques dettes…
      -Alors, c’est un marché conclu ?
      -Marché conclu les petits !

      Et voila : les deux mains furent serrés. Preuve que maintenant, quelque chose nous liait. Un marché. Après avoir finis nos verre, Dante nous fit signe de le suivre. Visiblement, on allait sur son bateau, amarré au plus loin du port. Le petit village de pécheurs était déjà désert, tout ses habitants étaient rentré. Une fois dans le fond du port, Dante nous présenta son bateau : le Comédie. Ce n’était pas un grand bateau, mais de taille moyenne. Le matériel a bord semblait abimer, et le bateau ne transpirait pas la tranquillité. Et depuis le Ponton, j’ai un peu de mal avec tout ce qui est bateau bizarre. Ca me file presque le mal de mer…

      C’est ainsi que nous sommes montés sur le Comédie. D’après ses dires, Dante est un excellent navigateur. Etrangement ils disent tous ca a Poiscaille. Par chance la mer était calme. Nous sommes assis a l’arrière du bateau avec Loth, pendant que Dante contrôle la barre. Il est difficile de nous parler dans cette situation, et depuis l’arrivée de Dante nous n’avions même pas pu échanger quelques mots. Nous sommes a fond dans nos personnages, et ne laissons rien transparaitre. J’ai de l’expérience dans le crime organisé, j’ai déjà du faire ca plusieurs dizaine de fois. Et Loth également visiblement. Tant mieux, c’est toujours mieux de travailler avec un professionnel. Sous le bateau, des dizaines de poissons passaient sans cesse. Et les pécheurs des bateaux environnant semblaient nous regarder assez méchamment. Qu’ils peuvent être bête, ces pécheurs et leur bateau. Les mers autour de Poiscaille était pleines de bateaux, et de canne a pèche. En regardant l’horizon de Poiscaille la seule chose que l’on discerne est la silhouette noire d’un bateau, et pour la plupart du temps l’ombre des centaines de canne a pèche.

      -Ou est situé la zone ?
      -C’est assez compliqué. En faite, j’ai trouvé quatre zones de pèche. Deux a l’ouest de l’ile, et les deux autres au nord de l’ile.
      -D’autres ont trouvé ces endroits ?
      -Pas que je sache. Néanmoins c'est possible , mais les Kurodkrill sont très nombreux donc ne vous inquiétez pas, vous pourrez les étudier !

      Merde quatre lieux de pêche. Ca veut dire quatre endroit a surveiller. Par chance, ils étaient au moins a peu près regroupé.  Ca allait nous permettre de ne pas couvrir une zone trop importante a deux, et de pouvoir vite se rejoindre en cas de problème. Maintenant, il n’y avait plus qu’a les voir…

      -Nous nous dirigeons vers l’ouest, les deux lieux de reproduction ne sont pas très loin dans cette zone. Nous y serons dans une heure ou deux tout au plus.

      Et nous y voila enfin. Notre enquête avance bien ! Deux heures et demi plus tard, et apres quelques désagréments avec des pecheurs, nous voici au dessus de notre premier banc de Kurokrill. Dante largue l’amarre, et nous invite a rentrer dans la cabine du capitaine. La, il sort une carte maritime de l’ile, avec les profondeurs de la mer, et d’autres détails que Loth comprenait visiblement mieux que moi…

      -Les Kurokrill sont ici, ici, la et ici ! ce sont les quatre zones de pèches. Je vais vous les montrer une par une ne vous inquiétez pas.

      Sur la carte, Dante avait entouré au crayon approximativement les quatre zones de pèche du Kurokrill. C’était déjà au moins ca, mais il fallait maintenant s’assurer que notre ami de fortune ne nous entube pas. Et pour cela, il fallait vérifier si les fameux poissons maudits, était présent ici…


      Dernière édition par Eden le Sam 05 Déc 2015, 13:43, édité 1 fois

        Malgré l'ancre jetée, le bateau tanguait et grinçait sous la houle. Même d'un œil profane, on savait que le chalutier de Dante avait fait son temps. Au même titre que son propriétaire qui semblait au bout du rouleau. Il marchait, courbé par le poids des dettes et des soucis. Parfois, Loth l'avait surpris en train de marmonner tout seul au sujet de sa femme matérialiste et dépensière et de ses enfants qui le rendaient fou.

        "Fou", le terme travaillait Loth qui eut le temps de méditer sur les paroles du vieux Jirobou. "Toi qui as jadis sombré dans la folie ! Tu n'es même plus un vrai pêcheur !" avait-il lancé à Dante quand ce dernier vint les délivrer. Loth imaginait difficilement que cela pouvait dire autre chose que le sens qu'il donnait. Leur guide marin avait été fou à un moment de sa vie. Comment et pourquoi, seul les dieux le savaient et cela intriguait fortement Loth. Plus pour la sécurité de leur expédition que pour les commérages.  
        N'y avait-il pas un adage qui disait que si un aveugle conduisait un autre aveugle, ils tomberaient tous deux dans une fosse ? Ou encore, pensa Loth en rigolant intérieurement, "Qui est le fou des deux ? Le fou ou le fou qui le suit ? "

        Renonçant à demander à Dante de plus amples explicitions, Loth se mura dans le silence tout en gardant l’œil sur lui. Les autres pêcheurs avaient des équipages de cinq à dix hommes, mais Dante se débrouillait tout seul, au four et au moulin, d'une main experte. Après une heure de navigation sans encombre, Loth dut admettre qu'il n'avait pas à craindre un sursaut de folie et que leur guide marin était maître de son sujet.
        Une autre heure après, quand ils s’immobilisèrent, le guide sortit une carte des eaux territoriales de Poiscaille et se perdit en de plus amples explications.


        - Nous sommes ici, fit-il en désignant la zone marquée du chiffre 1. En mer de Xénon. Les quatre zones dont je vous ai parlé sont des mers comprises dans les eaux de Poiscaille. Les mers de Xénon, Alégée, à l'ouest, celles d'Astérion et de Cocody au nord.

        - Cocody... Tu as pêché des Kurokrills à dans la mer de Cocody ? s'enquit Eden.

        - Oui, c'était il y a une semaine. Pourquoi ?

        - L'autre barge de pêcheurs avec une croix tatouée sur l’œil a dit que c'était sa zone et qu'il avait pêché jusqu'à huit cent mètres de profondeurs sans remonter un seul kurokrill. C'est même sur cette base qu'ils nous ont accusés d'être des espions des trois familles. N'est-ce pas, Hubble ? C'était quoi son nom déjà ? Hubble ?

        - Hein ? Oui, oui, tout à fait, répondit-il évasivement. Pardon, j'étais concentré sur cette carte qui me rappelle vachement une autre que j'ai vu en étudiant Anne Eauxclaires. Mais on y reviendra plus tard. Ce pêcheur à l’œil de croix s'appelle Fausto, c'est comme ça que le vieux l'a nommé. Il nous aurait menti ?

        - Je dirais que non, répondit Dante après un moment de réflexion. Même si après ce qu'ils viennent de vous faire, ou tenter de vous faire, ils ne doivent pas vous apparaître comme des anges, je dois reconnaître que ce ne sont pas de mauvais bougres.

        - Laisse-le terminer, fit Loth en retenant Eden qui ouvrait furieusement la bouche.

        - Je veux dire par là que leur communauté est soudée autour de la stigmatisation dont ils sont victimes mais aussi d'un certain code d'honneur et d’orgueil. Ils font tout pour rester clean, comme un pied de nez à ceux qui les accusent de braconnage. Vous pouvez comprendre ça je pense. C'est pour ça que quand ils ont eu des soupçons sur vous, c'est parti en couille parce que leur honnêteté est la seule arme qui leur reste.

        - A part les vindictes populaires ?

        - Donc, je serai d'avis que Fausto vous a dit la vérité. Il n'a pas pêché de kurokrills. conclut Dante en ignorant la remarque d'Eden.

        - Comment est-ce possible ? A quelle distance les avez-vous pêchez et lui pas ? Ils sont là ou pas ?

        - A cinq cent mètres, parce qu'à ce moment, je pêchais des trollcarpes. Les krills se sont pris dans mes filets.

        - La mer, ce n'est pas une bassecour Eden, fit Loth une main sur le menton. Je doute que les krills passent toutes leurs vies ici, en mer de Xénon à se tourner les pouces et à se reproduire. C'est une espèce migrante qui se déplace constamment, surtout durant ses périodes de production. En fait, assez parler, j'ai une théorie mais il faudra en pêcher quelques un ici pour la confirmer. Vous pouvez faire ça ?

        - La dernière fois, ils se sont pris dans mes filets à trois cent mètres de fond. Ça doit pouvoir se faire.

        Ce ne fut pas si aisé. Avachi dans une chaise tissée en rotin, Loth fouillait un des bouquins de l'océanographe dont il avait étudié les écrits pour cette mission. Dante pêchait depuis plus de trois heures, et il avait démonté une dizaine de fois les filets sans trouver de kurokrills dans ses prises. Son chapeau sur le visage, aussi affalé que Loth, Eden piquait une sieste. Le soleil était plein au zénith quand la chance leur sourit. La onzième tentative fut la bonne et Dante hurla de joie et il héla ses employeurs. Eden sursauta et fondit sur lui, de même que Loth. Au milieu des crabes écarlates frétillaient de minuscules choses informes d'une couleur de nuit au ventre translucide.

        - Ils sont vachement petits, commenta Eden en en prenant un dans les mains. Putain, on aurait pu rester ici jusqu'à demain, ça ne peut pas prendre avec un filet ça ! Ils font à peine un millimètre ! On a eu du bol qu'ils se soient collés à des crabes. Et ça ressemble pas vraiment à l'image que tu m'as montrée. Enfin, ça ressemble à rien surtout. Quoique là, je peux voir des pinces...

        - C'est ce que je pensais. Ce sont des Nauplius, le premier stade de développement larvaire des kurokrills. La mer de Xénon est sûrement une pouponnière et suivant un cycle très précis, les larves doivent migrer dans les eaux de Poiscaille pour poursuivre leur croissance.

        - Ceux que j'ai péché en mer de Cocody ressemblaient plus à des krills, annonça Dante.

        - Certainement. En fait, regardez ceci, fit Loth en leur montrant une page d'un livre d'Anne Eauxclaires.


        - C'est une carte des principaux courants marins qui parcourent ces eaux. Vous ne remarquez rien ?

        - Non.

        - Non plus.

        - Attendez, je fais un peu de superposition avec la carte de Dante.


        - Oh ! Le courant orange est le seul qui parcourt les 4 mers de Dante.

        - Tout juste Eden. Attends, je remets tout ça au propre.


        - Le courant orange, c'est le P. Stream. M'est avis que c'est lui emporte les krills durant leur cycle de développement. C'est le courant le plus lent de West Blue, d'après ce bouquin. D'ici, à la mer de Cocody, la pérégrination des krills doit pendre au moins un an.

        - Un an ?!

        - Donc on parcourt ces mers une à une ?

        - Non, Dante. En sachant qu'ils atteignent leur maturité à deux ans et qu'ils sont totalement endémique des eaux de Poiscaille, il doit y avoir un endroit à la fin de leur pérégrination, autour des mers d'Astérion et de Cocody où ces crustacés se rassemblent pour passer la restant de leur vie. Et c'est ça qui serait intéressant à étudier.

        - D'ailleurs, je vais prendre remonter l'ancre et mettre le cap au nord alors.

        - Merci ! dit Eden en le regardant s'éloigner, puis il prit Loth en aparté. Du coup, c'est quoi le topo ? C'est à la fin de la croissance des kurokrills que le mutualisme avec les Gomerlands a lieu ?

        - Ouais. On trouve le lieu où ils se planquent en masse une fois adulte, on trouve les Gomerlands.

        - On trouve les Gomerlands adulte, on trouve le lieu de pêche de nos braconniers. Et c'est forcément l'un des douze capitaines pêcheurs en haute mer.
         
        - Pas douze, Eden. Treize capitaines.

        - Mais Jirobou nous a dit qu'ils sont douze...

        - Douze plus Dante qui est exclu de la communauté. N'oublie que lui aussi pêche... Il pourrait bien être notre braconnier... marmonna Loth sans remuer les lèvres.

        - Non tu déconnes...

        - Moi j’aurais opéré ainsi et ce serait le meilleur moyen de nous court-circuiter ou nous lancer sur de fausses pistes. Donc, ne baisse pas ta garde et médite sur ce diction :
        "Garde tes amis près de toi mais tes ennemis encore plus".

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        « Garde tes amis près de toi mais tes ennemis encore plus ».

        C’est vrai. Je ne faisais pas confiance aux gens en général. Loth m’avait été recommandé par Dana, un homme que je connaissais depuis longtemps. Ainsi, mon partenaire bénéficiait d’un certain «  passe-droit ». Mais Dante ne m’avait été recommandé par personne. Quelque chose m’avait fait tiquer. Lorsque Loth lui a demandé si il pensait que Fausto avait menti, Dante a curieusement défendu les hommes qui lui jettent des aliments, et le calomnie quotidiennement. Peut être parce que ce n’était pas du tout ma vision des choses, que ca ma interpellé. Pourquoi les défendre ? Soit il était complètement con, ou alors il y avait quelque chose. Je l’ai entendu marmonner des choses, sur sa famille. Et il a l’air complètement fauché. Comment fait t’il survivre sa famille ? C’est ce que je voulais lui demander, mais Loth m’a retenu. Croyait t’il que j’en voulais encore a ces pécheurs ? Bien sur que non. Pour moi, ils sont déjà morts ces raclures.

        -Nous partons pour le nord !

        Nous voila tirés de notre discussion. Au moins, l’objectif était clair : trouver des Kurokrill adulte. La tournure des choses a permis a Loth de gagner mon respect. C’était un criminel, et pourtant il n’en avait pas l’air. Impossible de le discerner d’un professeur, ou d’un savant. Je n’ai connu que les criminel de Las Camp, chez nous c’est tout le contraire : il faut se montrer. Les pistolets et les lames sont apparentes, et le « combat de regard » dans la rue, ou les tavernes est devenu un sport national. C’est ca, la différence entre la criminalité et la délinquance ?

        - Combien de temps de voyage avons-nous ?
        - Y’en a pour quelques heures, Astérion et Cocody ne sont pas a coté !

        Dante était a la barre du bateau, et nous derrière lui. Après avoir allumé une cigarette, je me décides de poser quelques questions a notre ami

        - Oi Dante, les pécheurs du village ont un sacrée dent contre toi non ?
        - Eden…
        - Nous allons rester sur ce bateau des heures ! Autant discuter. Et je doute que ta vie a étudier ou ma vie d’enfant pauvre a Poiscaille soit vachement intéressante…
        - Tu penses que ma vie est intéressante ? Dit il en écrasant ma cigarette avec ses doigts
        - Eden, n’importune pas notre guide.
        - Je suis originaire d’ici, dans ma famille nous sommes pécheur en eaux profondes depuis des générations.  J’ai toujours vécu de la pèche, comme la majorité des hommes d’ici. Mais… un jour j’ai tout perdu. Tout s’est évaporé. Je me suis retrouvé seul, et j’ai été chassé par ma communauté.
        - C’est pour ca qu’il t’appelle le fou ? Dis je, en m’approchant de lui
        - Eden…fit Loth, en soupirant légèrement
        - Oui. C’est depuis cette période qu’ils m’appellent comme tu dis si bien «  le fou ». Mais je ne suis pas fou. Je n’étais pas fou.  J’étais… au bout du rouleau. Mais tout ca est fini, maintenant je vis de mon métier, et j’ai un enfant et une femme. Mais ma réputation a la peau dure…enfin maintenant tu sais, Eden. Tu trouves ca intéressant alors ?
        - Ne le prend pas mal je ne pensais pas a mal. Je suis désolé de ce qui t’est arrivé, mais nous avons tous notre passé. En tout cas, je te remercie de nous avoir aidé.
        - Pas de quoi, Eden .

        Il n’a visiblement pas trop apprécié. Mais sa réponse, me laisse sur ma faim. Il est resté assez évasif sur la raison de sa folie. Mais bon.

        La traversée est pénible. Les eaux de Poiscaille sont infestés de pécheurs, autant que de poissons. Ils s’observent, se jaugent a travers les bateaux. Finalement après quelques heures, ou j’ai passé la moitié du temps a dormir, nous voila enfin arrivé dans le nord de l’ile. Plus précisément, nous venons d’entrer dans le courant Astérion. Depuis notre petite discussion, Dante semble très froid envers moi. Il a notre échange en travers de la gorge, et n’importe qui pourrait le ressentir, tant il a du mal a le cacher. Heureusement, Loth gère parfaitement son jeu.

        - Nous voici arrivé !

        Tant mieux… je ne supporte plus cette mer. J’ai l’impression d’y être depuis des années… c’est long, mais que c’est long.

        - Très bien. Comme vu auparavant, leur maturité commence a deux ans, mais il faut un an pour rejoindre Cocody. Ce qui veut dire, qu’entre la fin de leur voyage et leur maturité il s’écoule au moins un an. Les kurokrill qui arrivent jusqu’à la mer de Cocody, doivent donc se regrouper quelque part autour de ces deux zones. Dante, ou a été la dernière pèche ?
        - Dans ce coin ! dit il en montrant un point sur la carte


        - Et ils étaient comment ? Je veux dire au niveau de l’age
        - Ils étaient normaux.
        - Normaux ? C’est-à-dire ?
        - Ca veut dire qu’ils étaient normaux.
        - Une estimation ?
        - Je dirais pas tout a fait deux ans. Mais presque.

        L’enfoiré, il me boycott. Ce sont les regards insistant de Loth qui m’empeche de m’énerver. Encore pire : je l’ai vu remonter ses lunettes. Ca veut dire qu’il est sérieux. Tant pis, je souris bêtement en feignant de ne rien avoir vu.

        - Dirigeons nous donc vers cette zone.

        Et nous voila reparti. Cette fois, fort heureusement cela ne dure pas longtemps. Une demi heure peut être, pour rejoindre le fameux lieu de pèche. Il y avait beaucoup moins de bateaux dans cette zone, les profondeurs de la mer nécessitaient un certain matériel que pas tout le monde pouvait se payer. Dante, lui en avait un. Pas en très bon état, et inspirant très peu la confiance mais il en avait un. Et une demi heure plus tard, nous voici ancré au dessus de la zone, le filet de Dante au fond de la mer prêt a récolter du poisson. Mon dieu, si seulement on pouvait avoir de la chance et en pécher du premier coup…
        C’est la troisième fois que Dante remonte son filet, sans succès. Il nous avait prévenu, mais j’espérais peut être un miracle. Mais finalement, a la cinquième fois, ce fut le jackpot : enfin. Enfin des Kurokrills ! A peine l’information est t’elle beuglé par notre pécheur en eaux profondes préféré, que nous sommes a coté du filet avec Loth.

        - Il y en a pas mal, regardez !
        - Ils ont l’air vachement plus grand que les autres !
        - Plus vieux oui. Mais ils n’ont pas deux ans. Ce sont des Krills. C’est la dernière étape avant d’arriver a maturité.
        - Ca veut dire qu’on est pas loin des Kurokills adultes ! On touche enfin au but !
        - Oui mais il faut maintenant déterminer ou est situé leur tanière. Normalement, ils ne doivent pas être situés bien loin. Les Krills que nous avons péchés, sont presque arrivé a maturité.
        - Je n’en ai péché qu’ici !
        - Reprenons la carte.


        - Oi, on est pas loin de ce courant, le bleu ciel sur la carte non ? Ca n’aurait pas une influence ?
        - Effectivement, c’est possible. Regardons de plus près.

        Dante et moi sommes au dessus de l’épaule de Loth, qui parcourt la carte de son crayon en essayant d’analyser ce qu’il avait sous ses yeux. La situation était plus problématique : pour pécher du Kurokrill, nous avions mis une heure. On ne peut pas essayer tout les coins de la mer, on perdrait trop de temps. Et le temps passe, nous sommes presque arrivé a la fin de l’après midi… dans mes pensées, en essayant de réfléchir sur le possible j’aperçois du coin de l’œil une silhouette sur l’océan. Un bateau. Et visiblement un bateau de pécheur. Merde, il s’agissait peut être de la communauté qui revenait. Ou bien, c’était un des fameux bateaux manquants…

        - On a de la visite je crois bien.

          - C'est l'un des pêcheurs de la communauté, maugréa Dante. C'est L'albatros, le bateau de Giant Vladimir.

          - Et vous savez ce qu'il pêche, lui ?

          - Des anguilles de Poiscaille. Elles sont principalement situées dans cette zone. A grand fond.

          Ou ils pêchaient des Gomerland sous couvert de pêche d'anguilles, se dirent silencieusement Loth et Eden en échangeant un regard lourd de sens. Ce qu'ils cherchaient était peut-être sous leurs yeux en ce moment, tanguant sous les ressacs de la mer. Il fallait un prétexte pour fouiner, il fallait contrôler la cargaison de L'albatros mais comment faire ? En plus de ne disposer d'aucune autorité que se soient, ils ne pouvaient pas juste faire un "halte-là !" au navire.

          - Que faisons-nous maintenant ? On continue la pêche jusqu'à capturer des kurokrills à maturité ?

          - Non, il va bientôt faire nuit, rentrons, décida Loth. Ceux qu'on a trouvé sont suffisamment matures pour me permettre de deviner la zone de concentration des adultes. Je travaillerai à partir de cartes et de relevés à présent. Mais conservons ceux qu'on a trouvé pour étude.

          Quand Dante s'éloigna vers la barre, Eden parla à basse voix.

          - L'albatros là, fit-il en désignant l'autre bateau qui se dirigeait aussi vers le sud, vers Poiscaille, faut trouver un moyen de savoir ce qu'ils ont péché réellement.

          - Mes pensées, précisément. Mais comment faire ?

          - On pourrait les aborder au port et prétendre vouloir acheter de la marchandises fraichement pêchée ?

          - Je doute que ça marche. En plus, ils doivent sûrement s'amarrer au port de la communauté. Tu n'as pas envie de retourner là-bas ? Notre couverture est déjà fichue là-bas.

          - On peut appeler les Mouettes ?

          - Pardon ?

          - La Marine, fit-il en claquant des doigts. On les appelle discretos, on leur dit qu'un bateau rentre en ce moment au port des pêcheurs en haute mer.

          - Et ? C'est un crime ?

          - Non, mais on leur dit que l’équipage de Giant Vladimir pêche à la dynamite par exemple ! C'est super interdit depuis un incident en 1624 où un bateau a sauté au port et en a embrasé une quarantaine d'autres. Toute une marina est partie en fumée ce jour-là. J'étais en prison, on m'a raconté. Depuis, les Trois Familles ne veulent plus en entendre parler et la Marine craint que les explosifs soient utilisés contre elle. Double sévérité. Ils vont leur tomber dessus en moins de temps qu'ils en faut pour dire "i".

          - Et à quoi ça va nous servir ? Ils vont fouiller bien sûr et s'ils trouvent du Gomerland, notre affaire est morte.

          - Ouais, c'est vrai, j'y avais pas pensé...

          - Mais vas-y, passe le coup de fil pendant que j'occupe Dante. L'albatros n'est pas le bateau que nous cherchons, j'ai l'intuition que s'ils faisaient vraiment quelque chose d'illégal, ils ne nous auraient pas laissés être tranquillement dans leur sillage. Mais au moins, on pourra se venger un peu, ils vont perdre un temps fou avec la Marine, leurs anguilles ne seront plus fraiches du tout.

          De bonne humeur à la perspective d'une vengeance en "coup de pute", Eden s'éloigna pour passer un appel anonyme pendant que Loth se dirigeait vers Dante. En voyant L'albatros,il avait eu une autre idée qui pouvait être plus prometteur que de fouiner la mer en espérant dénicher un nid de Gomerland. Les braconniers, qui qu'ils fussent, devaient forcément avoir une activité réelle en couverture. Comme la pêche d'anguille par exemple. Et l'idée de Loth c'était...

          - Dites-moi, Dante, à qui vendez-vous les fruits de votre pêche ?

          - A Conrad, de chez Con & Rad. De vieux poissonniers de l'île, ils sont. Au fait, je vous ai jamais demandé, mais comment avez-vous trouvé la communauté sur la côte ? C'est un endroit plutôt isolé.

          Loth aurait préféré répondre à cette question plus tard. Qu'allait-il dire ? Qu'Eden avait tabassé un marchand de fruit de mer pour avoir les noms de six pêcheurs ? Eux qui se prétendaient guide et scientifique ?
          Mais vu le traitement qu'Eden lui avait infligé, le pauvre homme était-il prêt à raconter sa mésaventure ? Qui plus est, s'il se hasardait à dire qu'il avait bazardé les noms de six de ses fournisseurs qui ne voulaient de toute évidence pas être dérangés, il pourrait perdre son fonds de commerce... Oui, définitivement, le marchand n'avait aucun intérêt à cafeter, Loth pouvait en parler sans peine.

          - Ernest. Celui qui nous a parlé d'eux se nomme Ernest.

          - Ernest, hein... Il tient le business de son père qui fut le plus grand poissonnier d'eau profonde de l'île. Ça m'étonne pas qu'il monopolise six des pêcheurs. Mais lui, n'est qu'une petite frappe maintenant, l'ombre de ce qu'ils furent autrefois.

          - Monopoliser ? Vous voulez dire que les pêcheurs ne vendent qu'à un seul poissonnier à la fois ? Vous-même ne changez jamais de client ?

          - Non, jamais. Notre profession, c'est comme... comment je pourrais vous imager ça... C'est comme le sexe et la société. Tout le monde sait que c'est bon, mais c'est tabou. On nous prend pour des braconniers mais on s'empresse d'acheter nos produits parce que les poissons des abysses sont succulents. M'voyez ?
          Donc à la fois pour contrôler les arrivées sur le marché et pour une question de fidélité, chaque pêcheur ne fournit qu'à un seul client qui se charge lui de vendre à la population.


          - Les grossistes sont donc aussi les détaillants. A part Enerst et votre Conrad. Vous connaissez les autres ?

          - Oui, bien sûr. Y en a deux autres en fait. Tran Fish et AbyS. Mais pourquoi vous vous intéressez à ça Mr Hubble ? demanda-t-il soupçonneusement.

          - Parce que le Kurokrill est familier de certaines espèces sous-marines que pèchent vos collègues. Je ferai un tour de ces points de vente pour en acheter pour les besoins de ma thèse.

          Quatre vendeurs. C'était parfait et réduit se dit Loth. Déjà, un d'entre eux, Ernest était à exclure de la liste, il n'avait ni l'étoffe, ni le cran d'un contrebandier. Dès lors, l'un des trois restants était sans doute le vendeur de Gomerland qu'ils recherchaient. Il aurait voulu demander à Dante quel pêcheur vendait à qui, mais ç'aurait semblé trop suspect. Qui plus est, avec les infos récoltées chez Ernest, ils pouvaient éliminer six des pêcheurs. Les six autres en plus de Dante constituaient les derniers suspects.
          Sept pêcheurs, trois revendeurs. On aurait dit le titre d'un mauvais roman policier.

          Distrait dans ses profondes réflexions, Loth ne vit pas que L'albatros s'était éloigné de tribord et qu'une dizaine de miles les séparait à présent. Le chalutier se dirigeait vers le petit port de la communauté. Bien que situé loin de l'action, ils virent deux croiseurs de la Marine barrer la voie au navire puis s'en rapprocher de plus en plus.

          - Je me demande ce qu'ils ont fait pour attirer la patrouille, se demanda Dante, pensif.

          Le sourire en coin d'Eden soulignait la scène.


          Dernière édition par Loth Reich le Mar 02 Fév 2016, 00:22, édité 1 fois
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          Je crois bien que je viens d’avoir un moment de jubilation intérieure, lorsque les Mouettes ont arrêté le bateau. J’adore les truc comme ca, bizarrement. Avec la présence de la Marine non loin, Dante décida qu’il était temps de rentrer. Enfin ! Fut la première pensée qui me traversa l’esprit, je crois que je commence a avoir horreur des bateaux… peut être que mine de rien, le Ponton ma traumatisé. Mais non, rien ne traumatise le grand Eden !
          La nuit nous accompagna pour notre retour au port, et lorsque le bateau de Dante s’amarra au port, ce dernier n’était illuminé que par les torches et autres. Notre expédition avec le pécheur dérangé touchait a sa fin, et Loth le paya pour ses services. Chez moi, il n’était pas coutume de regarder les échanges d’argent, ainsi par principe je détourna la tête pendant ce moment. Les vieilles habitudes sont difficile a contenir. Dante nous avait quand même bien aidé, et je le remercia d’un un petit sourire. Il nous a bien aidés, mais il m’a manqué de respecter, le crevard.

          Une trentaine de minutes plus tard, nous voila dans la chambre d’hôtel ou séjournait Loth pour la mission. La chambre était plutôt jolie - Loth était surement plein d’argent – composée d’une cuisine ouverte sur le salon, et d’une petite chambre avec un point d’eau. Pas le luxe, mais je n’avais jamais mis les pieds dans une pièce aussi belle.

          -Tu bois ?
          -Du rhum si tu as.

          Assis autour de la table, il était temps de faire un point.

          -Dis moi, ca te dérange si on commande a manger ?
          -C’est déjà fait, ne t’inquiètes pas. Très bien, nous savons maintenant qu’il y a sept pécheurs potentiel. Et quatre commerçants, AbyS, Con & Rad, Tran et Ernest. Ce dernier est a exclure, il ne pourrait pas assumer cette charge, il n’y a qu’a voir comment il a eu peur de toi.
          -Ha Ha ! c’est vrai…répondis je a Loth, en me balançant sur la chaise, avec un petit sourire
          -… donc il ne nous reste plus que AbyS, Con & Rad et Tran comme potentiel suspect. Un d’eux est notre cible, il nous ne reste plus qu’a déterminer qui vend du Gomerland.
          -Et si on les vole ? il doit y avoir des éléments dans leur boutique, qui nous permettrait de déterminer qui vend du Gomerland, et on grille pas notre couverture.
          -Pourquoi pas oui… on va devoir trouver la liste de leur clients, et des traces de Gomerland…

          Tout a coup, Loth fut coupé par un bruit. Quelqu’un tapait a la porte. C’était qui ? la main sur le pistolet caché dans mon pantalon, je m’approche de la porte d’entrée d’un pas méfiant.  J’entrouvre alors la porte, la main toujours sur mon pistolet. Le garçon d’étage. Il a l’air exaspéré d’avoir attendu quelques minutes, mais il ne sait pas qu’il vient d’échapper a un tir de pistolet entre les deux yeux. Je laisse s’échapper un petit soupir, puis le laisse entrer dans la pièce, avec son petit chariot en bois. Etrangement, il commença a se sentir gêné, en voyant Loth dans assis autour de la table. Il posa donc le chariot, puis recula avec un petit sourire. Il se dirigea vers la porte, et au seuil de la porte il s’aretta brusquement

          -Eh bien messieurs… je crois que je vais vous laisser entre…vous.dit t’il avec un petit sourire amusé, en attendant son berry.

          Il pense a quelque chose. Mais a quoi pense cette avorton ?  Il vient de sous entendre quelque chose. Il a un problème avec les long-bras ? Ou alors il pense que Loth et moi nous…Non. Tout de suite, j’efface son sourire niais en l’attrapant par le col, et en le collant contre le mur. Ses jambes tremblent tellement que j’ai du mal a le garder au dessus du sol

          -La nourriture va refroidir…

          Merde, Loth a raison. Petit bon a rien de garçon d’étage de…

          -Fuis.lui dis je, le regard haineux

          Il a détalé en moins de dix secondes. Mon visage déformé par la haine a fait sourire Loth c’est déjà ca. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il a pu imaginer. Pendant le repas, nous finalisons les détails du plan. On sait maintenant ce qu’on doit chercher et chez qui. Après le tirage au sort, afin de déterminer qui va ou, c’est moi qui ait «  perdu ». Tran et Con & Rad… leur boutiques ne sont pas situés l’une de l’autre, ca me permettra au moins d’aller plus vite. Les rôles étaient établis, et chacun savait ce qu’il avait a faire. Sur le coup des minuit, nous voici devant l’hôtel, Loth et moi. Et c’est devant l’hôtel que nous nous séparons, pour aller chacun trouver des preuves sur le revendeur que l’on recherche..

          La lune n’est pas pleine, c’est parfait. Les mains dans les poches, le visage vers le bas et mon chapeau sur ma tête, je marche a travers les rues étroites de Poiscaille. La boutique la moins d’ici, est celle de Con & Rad. C’est donc vers celle la que je me dirige. Il n’y a pas foule dans les rues, ce qui constitue un avantage et un désavantage. Moins de témoins, mais plus de visibilité. Enfin, ce n’était pas mon premier cambriolage. Une fois arrivé a la boutique, j’observe a la recherche d’une entrée. Par devant serait complètement idiot. Heureusement, la boutique possède une petite cour intérieure. J’escalade donc le mur qui sépare la ruelle de la fameuse cour, et retombe de l’autre coté. Seul une porte me sépare maintenant de la boutique. J’ai volé tellement de choses, que ce n’est pas la serrure d’une porte qui va me résister ! Avec mon couteau je tente de forcer la serrure et…bingo ! La porte s’ouvre sans encombres.

          Me voici donc chez Con & Rad. Mais de nuit.  Je traverse la boutique, et me dirige vers les bureaux. Ca doit plutôt bien rapporter le commerce de poisson, a la vue du bureau du gérant. Un imposant siège, derrière un bureau en bois massif. Rien dans les étagères, rien dans le bureau… aucun papier nulle part. Merde… il a du les cacher… mais ou ? réfléchis Eden. L’étagère ne bouge pas, donc pas de cachette secrète derrière, aucun double fond dans les tiroirs… les murs sont décorés par plusieurs petit tableau, dont un qui retiens mon attention. Assez grand, il représente le gérant ainsi que sa famille, lors de visiblement l’acquisition de la boutique. C’était presque mignon. Et heureusement pour moi, il est aussi assez bête pour cacher tout ses papiers derrière le tableau. Rangés dans des dossiers, proprement. Il ne me reste donc plus qu’a récupérer ce que ma dis Loth. La liste des clients, comptes, liste d’achats… et voici, j’ai tout. Je vais vérifier si il n’y a aucune présence de Gomerland. Je regarde les différents emballages et poissons… aucun Gomerland. Ca ne m’étonne pas vraiment…
          Je retraverse la boutique, abaissé. Personne n’est présent, j’ai eu de la chance. Je retourne donc au mur, afin de retourner sur la ruelle. Et bien évidemment, le mur est plus haut de ce coté.

          Bordel de merde. Quatre bon mètres de différence, comment j’ai pas pu m’en rendre compte en sautant putain ? pourquoi ils ont fait une cour basse ? Bordel de merde. Pas le choix, il va me falloir quelque chose en dessous. Tout en vociférant milles et une insultes, le visage colérique et les poings fermés, je retourne dans la boutique, en ouvrant la porte d’un bon gros coup de pied. Bordel de merde. La table pourrait m’aider ? Trop compliqué a porter tout seul, tout bruyant. Il ne me reste plus que… bordel de merde.

          J’ai finalement réussis a sauter le mur, grâce a une caisse de poisson. J’ai été obligé de m’y reprendre a deux fois, mais j’ai enfin réussis. Me voila dans la rue avec les papiers. Par chance, personne ne m’a attendu. Du moins visiblement, parce que les Mouettes n’étaient pas la. Il ne me restait plus que la boutique de Tran maintenant. Elle n’était pas très loin, j’y serais en un rien de temps. Et pour Loth comment ca se passait ? Je suis sur qu’il a déjà récupérer ses listes, et qu’il m’attend a l’hôtel vautré dans un canapé en mangeant des petits fours l’enflure. Bordel, pourquoi j’ai perdu a ce jeu ? je me retrouve de nuit, a devoir cambrioler DEUX pseudo poissonnier-mafieux tandis que lui il n’en cambriole qu’UN ! J’ai longtemps hésité entre la feuille et le ciseau… je savais que j’aurais du jouer la feuille. Perdu dans mes pensées, je me retrouve finalement près de la boutique. Du coin de la rue, je tente de déterminer les points faibles de l’infrastructure. Une sorte d’analyse préliminaire voyez vous ? La porte de devant est bien évidemment a exclure, et je ne vois rien de ma position… il va falloir que je monte sur les toits. J’ai l’habitude, on faisait souvent ca a Las Camp. Et Poiscaille était assez similaire : les maisons étaient assez resserrés, ce qui permet de se balader sur les toits. Une fois sur le toit, j’aperçois une entrée, sur le toit de la boutique. Pas de cour intérieur, pas de porte sur les cotés, rien. Seul, visiblement un accès sur le toit. La distance entre les toits de la boutique et la maison la plus proche, est franchissable.

          Mais la distance n’est quand même pas a négliger, et si je saute pas assez loin, je risque de me faire mal. Très mal. Oi ! Motive toi Eden. Ca me rappelle la fois a Las Camp ou… non ! il faut que je saute. Je m’élance finalement, après avoir pris un élan de plusieurs mètres. Je saute, et finit par réussir a m’accrocher au toit de l’autre coté – non sans mal – et a me hisser. Une fois sur le toit, je reprend mon souffle tout en vérifiant que personne ne ma vu ou entendu. Il y a effectivement une trappe, mais elle est fermée de l’intérieur. Merde… ca va être plus compliqué. Attends…

          C’est quoi ce bruit ? quelqu’un monte ! j’ai du faire du bruit en sautant. Il se rapproche, je l’entends. La pénombre va m’aider a me dissimuler. Je me positionne sur le coté, il va ouvrir la trappe dans quelques secondes, je l’entend déverrouiller le loquet. La trappe s’ouvre, et je vois enfin sa tête. Il est seul, parfait. Je me recule discrètement dans la pénombre, afin de le laisser monter encore quelques marches. Avec ma main, je récupère le poignard caché dans ma chaussure, avant de lui bondir dessus. Je lui serre ma main contre la bouche, tandis que mon autre main plante le poignard dans sa gorge… parfait il n’a fait aucun bruit. Je reste quelques secondes dans cette position, immobile. Aucun autre bruit. Parfait. Je pose son corps au sol, et essuie ma lame sur sa veste, avant de la replacer dans ma chaussure. Je descend les escaliers doucement, guettant une autre présence ennemie. Visiblement, il était le seul de garde. Tran était visiblement un homme très méfiant. Etrange… je descends finalement a son bureau, et bah il se fait pas chier le Tran ! son bureau est beaucoup plus grand que celui de Conrad. Beaucoup mieux décoré aussi, le bureau est beaucoup plus massif, et le fauteuil beaucoup plus confortable.

          C’est a ca que vous reconnaissez les voyous aisés : le bureau et le fauteuil. Plus le bureau est imposant et plus le siège est confortable, et plus vous avez affaire a un voyou riche. Attention, voyou riche ne veut pas dire voyou dangereux. Assis sur son fauteuil, les pieds sur son bureau, mes fesses et mes talons jugent le niveau de voyou aisé de Tran. Il doit quand même avoir pas mal d’argent. Et en plus, il a un sabre décoratif qui est magnifique ! posé comme une œuvre d’art sur un petit meuble en bois, il ressemble a une relique. Bien évidemment, j’essaye de le prendre, mais il ne bouge pas. A la place il actionne un système qui déverrouille l’armoire, qui se décale légèrement pour laisser apparaitre un coffre.

          Sérieusement ? c’était vraiment aussi facile ? Il a vraiment fait ca ? en soupirant, je me dirige vers le coffre, afin de l’ouvrir.
          La serrure était tout aussi facile, ca en devenait presque affligeant. Même topo, récupération de tout les papiers etc. Evidemment, aucun Gomerland non plus. J’en suis presque désabusé, la seule chose dont j’ai envie a ce moment précis c’est d’être avec un verre d’alcool et une jolie fille. Putain si Loth a organisé une beuverie sans moi, il va m’entendre ! je referme le coffre, élimine mes traces, puis retourne a la trappe. Je fais quoi du cadavre ? Tran saura de toute façon qu’il s’est fait volé, j’ai tout ses comptes dans le petit sac que je me trimballe depuis l’hôtel. Bon, autant laisser le cadavre ici, il vont s’en rendre compte dans tout les cas.

          Me voici sur le chemin du retour, enfin. Enfin ! une cigarette a la bouche, je marche dans les rues humide de la ville des poissons. Ca fait deux heures passés que nous nous sommes séparés avec Loth… J’espère qu’il a commandé une bouteille, et qu’il m’attend avec un verre plein. Je suis dans une ruelle plutôt glauque, la lumière des bougies ne passe pas beaucoup ici. Le sol pue le poisson, et il n’est pas rare de devoir esquiver des mendiants, mais c’est un raccourci. Alors que je me rapproche de l’hôtel, je sens une main qui se pose sur mon épaule. Ma main passe directement sur mon pistolet, tandis que je me retourne. Merde c’est qui ?un clochard ? une fois j’en ai vu un agressé deux hommes pour une histoire de couette. Un des hommes de Tran ou Conrad ? Enfin j’aperçois son visage…Vision d’horreur ! je me retrouve face a une sorte de chose hideuse, avec un visage humain mais boursouflé de partout. Son regard semble froid comme la glace. Par reflexe, je lui met un coup de tête brutal, et sorti de nul part qui l’envoie a terre. Je sors mon pistolet, que je m’empresse de lui mettre sur la tête. C’est quoi ce putain de monstre ?! Un clochard mutant ?! un sbire de Tran ou Conrad ?! Un homme-quelque chose ?! Son visage difforme est répugnant, mais il semble tout de même intelligent puisqu’il porte des…lunettes. Lunettes bien évidemment en morceau, mais elle ressemble a celles de Loth. Ses vêtements aussi…attend c’est quoi ce bordel ? ne me dis pas que c’est…

          -LOTH ?!!

            Une heure plus tôt...

            La nuit était noire... et pleine d'espions.
            Juché sur le toit d'une bâtisse, Dante muni d'une paire de jumelles observa ses deux clients de la journée se séparer devant leur hôtel. "Eden" et "Edwin Hubble"... Tu parles...
            Dante n'était pas né de la dernière pluie, il savait que ce n'étaient que des pseudonymes. Du moins, en était-il sûr pour le binoclard du groupe. L'autre impulsif se faisait réellement appeler Eden et s'était établi sur l'île depuis un moment, d'après ses recherches. Recherches qui n'avaient rien donné pour l'autre intello. Il n'était vraisemblablement pas primé, ni originaire de West Blue.
            Quant à leur couverture de scientifique et de guide à la noix, il rigola intérieurement. Il espéra qu’ils fussent assez stupides pour croire qu'ils avaient réussi à le berner. Ces deux-là, sans aucun doute, étaient à la recherche de Gomerland mais à quelle fin exacte, Dante l'ignorait et comptait bien le découvrir.

            Il rajusta sa cape autour de son cou et prit un moment à se décider. Qui suivre ? Eden ou Edwin ? D'après les questions que lui avaient posées ce dernier, il ne douta pas de leur destination. Il leur avait donné les noms des quatre revendeurs agréés de poissons d'eau profonde et ces deux-là allaient leur rendre une petite visite. Qui talonner donc ?
            Après un moment de tergiversation, il choisit d'emboiter le bas au binoclard. De son point de vue, il dirigeait le binôme, il donnait la marche à suivre. C'était plus intéressant pour Dante de le suivre même s'il aurait beaucoup donné pour coincer l'autre impulsif dans une ruelle et lui coller une rouste. Au gout de Dante, Eden l'avait trop titillé sur son passé de "folie" auquel avait fait référence le vieux Jirobou. Un passé douloureux de perte, de faillite qui l'avait conduit à une totale rupture psychologique avec la société. Il avait erré dans les rues, parlé tout seul, agressé des gens au hasard. Il avait vécu seul dans la forêt au centre de l'île jusqu'à ce qu'un homme sous la coupe des Trois Famille ne lui vînt en aide. Grâce à cette main secourable et à plusieurs années de rééducation, il retrouva un semblant d'équilibre psychologique et fut réintégré dans la société. Ses dettes furent mystérieusement effacées par les Familles et on lui confia à nouveau un bateau. Mais les choses ne furent plus jamais comme avant. La communauté des pêcheurs en eau profonde ne le réintégra jamais dans ses rangs, il fut traité comme un pestiféré.

            A cette pensée, Dante qui sautillait de toit en toit en suivant Edwin à distance, se mit à sourire. Peu lui importait les ressentis des autres pêcheurs envers lui, cette activité n'était désormais qu'une vague couverture. Depuis son "retour" parmi les gens normaux, il était devenu un homme de main des Trois Familles. Il se pliait avec bonheur à leurs quatre volontés, reconnaissant et soucieux d'aider ceux qui l'avaient sorti du gouffre. Pour eux, il s'était entrainé, il avait gagné en puissance, il en avait fait taire plus d'un. En servant les Trois, il se sentait... en famille. Oui, c'était ça le mot qui convenait.
            Un énième saut l'emmena sur une chaumière. Il suivait le binoclard depuis plus d'un quart d'heure déjà. Ses jumelles de nuit pointées vers l'Est, il repéra le pisté à deux ou trois centaines de mètres de lui. Une bonne distance et de sécurité en somme. Dante regarda autour de lui. Les maisons passablement éclaircies par la lune fuyante étaient toutes du style de la chaumière sur laquelle il était posé. Ils étaient dans le vieux quartier, l'un des premiers à avoir été colonisé.

            - Il se dirige vers le magasin d'AbyS, monologua Dante.

            Quelles étaient exactement leurs desseins ? La question taraudait l'homme de main depuis qu'il les avait "sauvés" de la communauté. Une prompte apparition qui n'avait rien de fortuite. Le matin même, dans le bar "Martin-Pecheur", il les avait surpris à parler de leurs plans. Il était arrivé quand le binoclard enroulait déjà ses papiers mais il avait entendu le mot qui avait aiguisé dans curiosité. "Gomerland". Un mot qu'on n'entendait pas sur toutes les bouches. Et quelle chance pour lui alors que mission lui avait été donnée depuis un moment déjà de remonter cette filière de pêche illégale et de tout démonter. Tous ceux qui transgressaient la loi des Trois méritaient la mort et Dante comptait bien la leur fait tâter de ses poings.
            Après cette rencontre au bar, il les avait suivis comme il suivait le binoclard en ce moment même. Il avait vu de loin Eden rosser Ernest pour avoir les noms de ses fournisseurs, puis ils s'étaient dirigés vers la communauté. Après avoir empêcher ses ex-camarades de les lyncher, il leur proposa naturellement son service pour les espionner de l'intérieur. Mais cela ne lui avait toujours pas permis de se faire une idée claire sur leurs objectifs. Ils avaient passé la journée à chercher du Kurokrills. Quel rapport ces noirs crustacés impropres à la consommation avaient-il avec les Gomerlands ? Dante l'ignorait.

            Le voici. Edwin s'était maintenant dissimulé derrière une benne à ordures en face de la boutique d'AbyS. Dante avait réduit la distance entre eux d'une centaine de mètres. Il ne comptait pas le suivre à l'intérieur aussi devait-il être le plus proche possible. Et le plus haut. Connaissant la géographie des lieux, il s'orienta vers l'est et grimpa sur les toits puis sur la cheminée d'un vieux temple, de sorte à être en face de la grande fenêtre en verre sur le flanc oriental du magasin d'AbyS. Ainsi perché, il avait une vue plongeante sur la grande pièce où se vendaient les poissons.
            Edwin ne tarda pas à s'y infiltrer. La boutique était déserte et sans gardes. Une lumière étincela dans les ténèbres. D'un autre point de vue, on aurait surement dit que la bougie se déplaçait toute seule dans la pièce, pensa Dante, mais du sien, il voyait passablement la carrure de Loth arpenter la salle. Son dispositif optique étant doté d'une fonction zoom, l'homme de main y fit appel pour améliorer sa résolution. Loth était accoudé sur le bureau d'Abyden le boss du magasin et feuilletait une liasse de papiers, apparemment. A ses côté, le binoclard avait posé sa bougie aux flammes vacillantes qui projetaient sur son corps des ombres fantomatiques.

            - C'est qui ces gens... marmonna Dante. Il n'a pas fait tout ce chemin pour fouiller des papiers ? Qu'est-ce qu'il peut bien chercher ? Ses relevés de compte ? Ferait-il partie d'une quelconque brigade financière d'une organisation gouvernementale ?

            Exprimer ses interrogations oralement ne l'aidait pas à mieux les cerner mais c'était toujours mieux que de laisser son cerveau surchauffer sous leurs poids. Surtout que réfléchir intensément n'était pas son fort. Soudain, il vit un mouvement sec. La flamme chuta brutalement puis dans les secondes qui suivirent, quelque chose -peut-être les papiers que tripotaient Edwin plus tôt- prit feu. Le supposé universitaire ne donna pas signe de vie, alors que dans la pièce, les flammes gagnaient en intensité. Il eut un fracas et Dante vit avec horreur Edwin se défenestrer.
            Était-il devenu fou ? Avait-il le diable à ses trousses ?
            Pas le diable, des milliers de diables, pensa-t-il toujours épouvanté. Dans le sillage du binoclard qui courrait maintenant à travers la ruelle qui longeait le magasin en feu, un essaim bourdonnant...

            - Des abeilles...

            La femme d'Abyden Hollow, se souvint-il avec douleur, était une apicultrice. Ils devaient pour X raisons garder une ruche dans leur magasin et Edwin l'aura ouverte. Le binoclard était mal. La nuée l'avait déjà rattrapé et s’acharnait autour de lui pendant qu'il tentait vainement de repousser ces milliers de minuscules assaillants. De l'autre côté, le magasin était maintenant la proie des flammes.

            Que devait-il faire ? Dante s'interrogea.
            Sûrement pas lutter contre l'incendie, ça s'était du tout vu. D’un autre côté, s'il aidait le binoclard maintenant, il saurait qu'il le filait et adieu son ambition de découvrir ce qu'ils manigançaient. Mais s'il le laissait mourir aussi...
            Contre toute attente, il vit Edwin rebrousser chemin vers le magasin en feu, toujours auréolé de ses importuns compagnons. La bâtisse était maintenant entourée d'une colonne de fumée et il s'y engouffra. Les abeilles avaient-elles peur de la fumée ? Craignaient-elles le feu ? Dante n'en savait rien mais il espérait pour Edwin qu'il gardait les idées claires. Se précipiter dans cette colonne et ce brasier ressemblait à de la folie furieuse. De part et d'autres du quartier, les gens commençaient à se réveiller, alertés par la chaleur et le dégagement de vapeur.

            Après quelques minutes d'attente angoissante, les jumelles crispées sur ses yeux, il vit le binoclard émerger des vapeurs, toussotant. Il était salement amoché, son visage éclairé par les flammes dansantes était tuméfié et boursoufflé. Il avait du mal à marcher, à respirer aussi d'après ses observations. Mais il détala assez rapidement avant que la foule des habitants du quartier ne vienne squatter les lieux, armés de sceaux d'eaux, criant à tort et à travers.
            Seuls les dieux surent comment se débrouilla Edwin pour rallier cachin-caha son hôtel. A la devanture, l'attendait Eden... qui l'attaqua....

            - Mais il malade ce type ! On n'a pas idée d'être aussi impulsif ! maugréa Dante toujours planqué à une bonne distance de sécurité.

            Bon... Eden sembla avoir compris qu'il s'agissait de son compère et le transporta à l'intérieur puis ressortit quelques secondes plus tard en toute hâte. Pour aller chercher un docteur, espéra Dante. L'aube ne tarderait pas à arriver et si Eden fut aussi discret que l'avait été son compère, ironisa-t-il, alors trois des quatre revendeurs de poissons d'eau profonde sauraient qu'ils s'étaient fait braquer durant la nuit. Le lendemain promettait donc d'être passionnant et l'homme de main se hâta de retourner à sa demeure pour récupérer de sa fatigue. Demain, il devrait inventer une excuse pour les coller à nouveau mais pour le moment, il ne pensait qu'à dormir.
            Son tour de garde était terminé.
            ________________________________________

            Présent...

            Un rai de lumière se décalqua sur son visage douloureux. Loth ouvrit un œil avec douleur, puis un second. Sa vision était épouvantable, on lui avait enlevé ses lunettes. Il tenta de bouger mais chaque pore de sa peau semblait hurler de protestation. Il essaya de parler et son larynx l'envoya chier.
            Maudites abeilles... ragea-t-il silencieusement. Il se souvenait de chaque douloureuse seconde de la veille. Pourquoi ce type de chez AbyS conservait-il une colonie d'abeilles meurtrières dans un magasin de poissons ? Il avait pris la ruche artisanale pour un frigo et l'avait ouverte... Maudit pût-il être, incanta Loth.
            Une masse bougea près de lui et il entendit un bruit de papier froissé. La silhouette d'Eden, bien que très floue à ses yeux sans loupe, vint se planter devant lui. Dans ses mains, ce qui ressemblait à un journal. Dans la pièce, il ne le remarqua que maintenant, une bonne odeur de petit déjeuner. Au moins son odorat restait-il intact...

            - Oh, le beau aux abeilles dormantes est réveillé, fit-il, enjoué. Sur le coup, c'était pas drôle, mais qu'est-ce que je me suis tapé des barres après ! Hahaha ! Il m'arrive d'en pleurer encore. Dire que j'avais perdu en tirant deux magasins au sort et que toi, avec un seul, tu t'es frotté à des dards... hahaha !
            Bon, ok, tu trouves pas ça drôle,
            dit-il face aux grognements de Loth. Plus sérieusement, la toubib a dit que tu t'étais soigné toi-même ? Sur ton bras, il y avait une trace de piqure. Elle a dit que tu te savais surement allergique au venin d'abeille et que tu devais garder un anti-allergène sur toi. Ça t'a évité... comment elle a appelé ça déjà ? Un choc... anakila....

            Anaphylactique, corrigea Loth, silencieux. Cela n'avait rien d'un heureux évènement, il connaissait son état de santé sur le bout des doigts et gardait sous la main un certain nombre d'antidotes. Mais cet évènement rendait définitive son envie d'embaucher un médecin qui pourrait à la fois s'impliquer dans ses affaires et le soigner au cas où.
            Il claqua des doigts pour signaler à Eden de passer aux nouvelles suivantes. Il n'avait pas été circonspect dans sa mission et connaissant son associé, Loth était prêt à parier qu'il ne l'avait pas été non plus.

            - Elle a aussi dit que tu recouvrerais ta voix dans l'après-midi, donc, reste zen. Quoi, pourquoi tu claques des doigts ? Euh... pipi ? Non... caca ? ... Ok, ok, les résultats de la nuit ? Touché.
            C'est pour ça qu'on doit rester un peu planqués pour l'instant. Mon toubib n'ira pas parler mais tu ne peux pas sortir avec des boutons, on sait qu'une nuée d'abeilles à été relâchée après l'incendie. Le journal ne parle que de ça, en plus, Con & Rad et Tran ont signalé s'être faits cambrioler. En plus, j'ai zigouillé un mec chez Tran, j'étais obligé...


            Et merde... jura Loth qui aurait voulu se donner une gifle.
            Super, super. Pour les cours d'infiltration et de discrétion, ils devraient tous les deux en repasser l'examen...


            Dernière édition par Loth Reich le Dim 06 Mar 2016, 16:06, édité 1 fois
            • https://www.onepiece-requiem.net/t12978-fiche-technique-de-loth
            • https://www.onepiece-requiem.net/t10961-loth-reich-le-marchand-heretique
            Bon, je savais que le meurtre ne passerait pas très bien… mais comme ma une fois dis Gustavo «  Si tu as une chose a faire, fais le. » Du coup, j’ai fait ce que j’avais a faire. Putain de justification ! en tout cas nous avions – avec quelques heurts – rempli notre mission ! et ca c’était une bonne putain de nouvelle ! Même si Loth avait quelque peu perdu… d’ailleurs attend. Après avoir discuté quelques secondes avec lui, je me rend compte qu’il ne regarde pas toujours dans ma direction. Ses pustules lui auraient brouillé la vue ? Merde le pauvre. Ca veut dire qu’il me voit pas…avec un petit sourire mesquin, je mime avec mes deux mains son visage et une abeille qui viendrait le piquer. Certes ce n’est peut être pas le truc le plus mature que j’ai fait, mais sur le coup ca me fait bien rire. Et puis de toute façon il ne voit rien…

            -Tu est vraiment entrain de faire ca ?

            Merde l’enfoiré il voit. J’explose de rire, et j’arrive même a extirper un sourire a Loth. Oi ! c’est presque une victoire. Je me lève, et me dirige vers la cuisine. Un verre d’alcool me ferait du bien, ca fait plusieurs heures que je veille sur Loth. Par chance je connais un docteur par un ami a moi, qui a pu venir. Enfin plutôt, qui a du venir. Il était parti depuis une heure environ après avoir stabilisé son état. Pendant le repos du Long Bras, j’avais tenté de recouper toutes les informations qu’on avait pu avoir. On avait réussit a sortir la liste des clients, des achats, des ventes et les fournisseurs. Putain, on les a dévalisés. Mais le gros problème, c’est que maintenant tout le monde savait qu’il se passait quelque chose. L’essaim d’abeille a fait la une du journal d’aujourd’hui, et même si les cambriolages ne seraient surement pas rendu public, la rumeur courait en ville. Et avec un meurtre en plus, que Tran soit ou pas l’homme qu’on cherche, un de ses hommes et mort. Sur Poiscaille, la Marine garantissait la sécurité des citoyens. Mais les pécheurs eux, réglaient leur soucis entre eux. De toute façon, aucun de nous ne s’était fait grillé on était tranquille.

            -On a tout ce qu’il faut comme papiers pour continuer l’enquête, mais tu devrais te reposer encore un peu non ?
            -Bien sur que non, on peut continuerdis Loth, le visage tiraillé par la douleur
            -Ta l’air en pleine forme… dors encore un peu, on est pas pressé. Dehors c’est le bordel, les pécheurs sont surement sur les nerfs. Et l’essaim fait du bruit, vaut mieux qu’on reste tranquille un peu.
            -Tu a raison. D’accord, je vais peut être un peu m’endormir.
            -T’inquiètes, je surveille.

            Il a mis moins d’une minute a dormir. Après tout, il avait eu un choc ana… quelque chose. Vu le nom, ca doit être vraiment grave. Enfin bref, me voila pour un bon pour une nuit calme. Assis sur une chaise dans le salon, je fume une cigarette. Ca fait déjà un petit moment que je suis la. Rien a signaler. Habillé en pantalon et en débardeur, avec mon pistolet a l’arrière de mon pantalon. Je n’ai même pas donner de nouvelles a ma mère, elle va me tuer. Mais avec l’argent  que je vais toucher, je vais pouvoir la faire déménager. Poiscaille est trop dangereux. Moins que Las Camp bien sur, mais je ne veux pas que mes sœurs grandissent comme moi. La bouteille de rhum posé sur la table, je bois d’une traite mon quatrième verre. Argh, il est moins bien passé. Je tousse un peu, et tire sur ma cigarette pour guérir ma quinte de toux. Et alors que je saisis la bouteille pour servir mon cinquième verre, je sens la fatigue s’emparer de moi… l’alcool n’aide pas beaucoup également. Assis sur ma chaise, je me sens partir dans les bras de Morphée…

            Je fus arraché de mon rêve, par une ceinture autour de ma gorge. Mes yeux s’ouvrirent en même temps que mon corps commença a se débattre. Assis sur la chaise les mains tenues dans le dos par une personne, ce dernier m’étrangle avec sa putain de ceinture. C’est quoi ce bordel ? je n’essaye même pas de réfléchir au pourquoi du comment. La première chose qui me traverse l’esprit est simple : il faut que je me tire de la. J’essaye de le frapper avec mes mains, mais son emprise est trop forte. Je ne sais même pas ou je suis, mais je sais que je dois me tirer de la. J’essaye de basculer en arrière : impossible. Il me serre la gorge trop fort. Merde ! je vais mourir si je ne fais rien ! je lève mes jambes, puis prend appui sur la table pour basculer, en poussant un cri pour m’aider. Je tombe enfin, et fait tomber mon agresseur. Au sol, je reprend enfin de l’air. Je tousse même plusieurs fois, afin de me réhabituer a la présence d’oxygène dans mes poumons. Mon agresseur me saute dessus, et tente de m’étrangler. Dos sur le sol, ses deux mains recommence a essayer de me tuer. IL empeste le poisson. Un pécheur ? ca veut dire qu’ils nous on trouvé ! Faudra que j’y réfléchisse après m’être tiré de ce bordel. Je parvins a attraper la bouteille de Rhum qui était tombé lors de ma chute. Et BAM dans ta tête ! je lui éclate sur le crane, ce qui le fait lâcher prise. Je le pousse avec mes jambes, afin de me relever. Des éclats de verre m’ont également ouvert quelque peu le visage. Mon adversaire se relève alors et me fait face. Je reprend doucement mon souffle. Mon débardeur blanc est couvert de sang, et je suis un peu blessé aussi. Mais l’autre a la tête ouverte et a peine debout, qu’il se jette une nouvelle fois sur moi. Mais cette fois je suis debout, et je ne dors pas ! je pousse la table d’un coup violent avec mon pied, afin de stopper sa course. Ca marche plutôt bien, puisque ca l’arrête pour quelques secondes. Quelques secondes qui me suffisent a attraper le couteau posé sur l’armoire, et a lui lancer dans la tête.

            Bordel de merde, il m’a fait mal a la gorge. J’essaye de boire un verre d’eau afin de la soulager. Derrière moi la chambre est sans dessus dessous, des taches de sang partout, et bien évidemment un cadavre a terre. J’ai dormis trois heures, il est même pas minuit encore… mais attend ! ET LOTH ? je me dirige rapidement dans la chambre de mon partenaire. Et si il l’avait attaqué en premier ? Merde ! j’ouvre la porte d’un coup… il ronfle. Je rêve. Avec tout ce qui passé, il ne s’est même pas réveillé…

            Bon c’est déjà ca…mais surtout c’était qui ce mec ? un envoyé des pécheurs ? ils nous ont trouvé avant la Marine ? ca veut dire que quelqu’un nous a balancé. Peut être qu’on est recherché par la Marine, ou les pêcheurs. C’est comme ca qu’ils procèdent généralement. Mais qui nous a balancé ?

            -Garçon d’étage ! c’est bon?



            …le garçon d’étage…

            …c’est bon...

            Lorsque j’ouvre la porte et qu’il me voit couvert de sang, il ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil a l’arrière plan : chaise renversé, cadavre… il compris de suite pourquoi les autres occupant de l’hôtel c’étaient plains de bruit. Mais voici que le garçon d’étage est happé a l’intérieur par Eden, qui referme la porte aussitôt derrière lui.

            -Ne me tuez pas !!!

            Je jette le garçon a coté du cadavre de l’homme qui avait essayé de m’attaquer, mon pistolet braqué sur lui

            -Tu le connais pas vrai ?
            -S’il vous plait…
            -La ferme. C’est qui ?
            -Je ne sais pas… j’étais en pause cigarette, lorsqu’il est venu…et qu’il ma menacé. Il vous cherchait…. Il voulait le numéro de la chambre. Il savait a quoi vous ressembliez… je crois que c’est un pécheur…je suis désolé. Je ne savais…pas…
            -Il est venu te voir tu dis ? il a parlé d’autres ?
            -Non… il est venu me voir directement, et je l’ai accompagné jusqu’ici…je vous le jure…

            Si il ne ment pas, ca veut dire que personne d’autre n’est au courant. Si il ne ment pas bien sur. Quelqu’un nous a balancé,
            mais ne connaissait pas nos noms visiblement. Juste notre signalement…

            -Il y en a d’autres ?
            -Non je ne crois pas…
            -Pourquoi tu nous a balancé ?
            -Mais non ! je vous jure que ce n’est pas moi ! je vous le jure !
            -Arrêtes de me vouvoyer j’ai que vingt ans. Personne ne sait que nous sommes ici. Personne ne connait nos noms. C’est toi qui nous a balancé, pour surement de l’argent. C’est évident, tu est le seul a nous avoir vu ici. Alors ne nie pas ca m’énerve, balance.
            -Mais je vous jure que…!
            -Arrêtes de faire du bruit. Ecoute, dis toi que c’est la faute a pas de chance. Si mon ami avait été réveillé, il m’aurait peut être dissuadé, ta pas eu de chance.
            -Dissuader…de quoi ?
            -De te défênestrer.

            Trop tard pour lui. Je le frappe une fois dans la bouche avec la crosse de mon pistolet, puis l’attrape a bout de bras, et le jette par la fenêtre.

            D’un coup d’œil rapide je regarde dehors : j'ai jeté l'appat, il ne me reste plus qu'a attendre les poissons. Et très vite, mes soupçons se confirment. A peine le cadavre frappe le sol, que plusieurs hommes s’empressent d’entrer dans l’hôtel. Ils sont plusieurs… et des cris d'horreur émergent de la rue. Au moins, la marine va rappliquer eux qui sont surement déjà a la recherche d’informations dans les rues. Ca rendra la tache plus ardue aux pêcheurs, et vice versa. Mais pas le temps de réfléchir ! va falloir agir maintenant. Je me saisi de la sacoche, et la rempli de toute les preuves que l’on a accumulé. On est au quatrième étage, j’ai encore quelques minutes avant qu’ils débarquent. Je saisis une deuxième bouteille d’alcool, puis arrache un morceau du haut du pêcheur. Je vide une petite partie de la bouteille sur le tissu, puis le coince a l’aide du bouchon. Avec ma bombe artisanale, j’attrape Loth – qui pèse son poids tout de même - que je place sur mon épaule, et sort de la chambre, en attrapant un chiffon de cuisine au passage que je met sur ma tête afin de me dissimuler. Nous n’étions pas dans un grand hôtel, et j’avais déjà repéré les lieux en venant ( un reflexe de ma vie de voleur peut être ). Pour accéder a cette étage il y avait deux accès : les deux escaliers sur les cotés. Il existait néanmoins un escalier de service, accessible depuis les fenêtres des appartements d’en face. Tout a coup, j’entend des bruits dans les escaliers. Ils arrivent… bon sang quand Loth va savoir ca, il va me tuer. Mais je dois détruire les preuves. Désolé Loth.

            Je cours vers les chambres d’en face, et défonce la porte avec mon pied, non sans manquer de faire tomber Loth. La, je me retrouve en plein milieu d’un salon, parfait il n’y a personne. Enfin de la chance ! j’ouvre la fenêtre et je lance le cocktail artisanal dans la chambre d’hôtel, qui s’embrase et sort a l’extérieur avec toujours Loth sur mon épaule. Il est lourd, et le porter est un calvaire. De la fumée noire commence en plus a pénétrer dans la chambre. Il faut qu’on se tire d’ici et vite !
            Nous voici enfin dans l’escalier de service, ou je porte toujours Loth. Bordel, il se réveille jamais. Heureusement que les marches sont assez larges… merde je trébuche et je glisse. Loth passe par-dessus bord. Dans un reflexe presque surhumain j’arrive a attraper son poignet. Je le tiens ainsi, a trois étages de haut…

            -BON SANG !

            Merde il s’est réveillé. Je vois ses yeux s’écarquiller a vu d’œil. C’est quoi qui la choqué le plus ? de me voir au réveil ou l’hôtel derrière moi qui commence a bruler ? ou peut être qu’il est dans le vide, sans aucune force a cause de son allergie et que je le tiens d’une main… j’espère qu’il ne va pas regretter d’avoir travailler avec moi !

            -Pas de panique, je t’expliquerais tout…
            -Pas de panique tu dis...
            -Des mecs ont essayé de nous tuer, trois fois rien. On essaye de partir et je t’explique ?
            -

            Et hop, le voila avec moi. Sans dire un mot – on a pas trop le temps – je saisis son bras, et l’aide a redescendre. Nous voici dans la ruelle, alors que l’hôtel s’embrasse. La Marine est déjà ici je les entends. Les pécheurs qui ont réussis a se sauver doivent surement encore nous chercher…merde on fait quoi maintenant ?...

            - Pssst ! Par ici vite !

            Une voix s’élève de la pénombre. De loin, je reconnais la chevelure de notre Dante national… il fait quoi ici ? Après un geste de la tète de Loth, je me dirige vers notre ancien guide.

            -Mais il s’est passé quoi ici ?...
            -C’est assez long, et on a quelques soucis…
            -Je suis au courant, les pécheurs sont sur les nerfs depuis les cambriolages d'hier soir…ils auraient reçu des informations… je suis venu vous aider.
            -Nous aider ?
            -Oui j’ai une planque, venez je vais vous y conduire.

            Et nous voici parti de nouveau avec Dante pour nous cacher. Pendant que l’hôtel derrière nous brulait complètement, et que les Marines présents sur les lieux virent en sortirent une multitude de pécheurs, qui se retrouvaient comme par hasard au même lieu que l’incendie. Inutile de dire que le discussion fut houleuse .


              Les questions qui assaillaient Loth étaient nombreuses en cette soirée mais celle qui revenait la plus fréquemment était grosso-modo "c'est quoi cette merde ? "
              Enfin, se demandait-il, comment les choses avaient-elles pu autant empirer et devenir hors de contrôle ? Le bilan était sans équivoque. Trois morts, deux incendies sans oublier les vols de documents qui eux furent nécessaires. Se tenant la tête d'une main, le binoclard tâtait du silence depuis des heures. Encore heureux que quelque part, il ne saurait être associé à ces évènements ! Protéger sa bonne couverture sociale était le plus important pour lui. Qu'une affaire menaçât sa sacrosainte bonne réputation et tout de suite envisagerait-il de laisser tomber. Non pas qu'il fuît devant l'adversité mais qu'il jugeait que cela n'en valait pas la peine. Cette affaire ne lui rapporterait au mieux que 30 millions et serait vraisemblablement sans suite. Ce n’était en aucun cas un travail charnier apte à le lancer sur une piste plus grande. Beaucoup trop d'effort furent consentis pour rester fréquentable et des centaines de millions d'autres claqués en dons à la Marine -détournés d'Ashura certes, mais le Gouvernement n'était jamais regardant sur la provenance des dons- pour entretenir cette image de mécène et de "bon free-lance". Il n'oubliait pas non plus le milliard de Berry donné à Bliss à l'issue du démantèlement du réseau de blanchiment d'Argent d'Ashura. Tout cela avait et continuait de nourrir sa bonne réputation.

              Loth se leva et alla offrir son regard au soleil mourant. Là-bas, vers l'ouest, l'astre du jour empourprait la voute céleste d'une lumière vermillonne. Il entachait les rares nuages de cette couleur sanguine comme autant de preuve de sa défaite face à l'inexorable avancée de Dame nuit. Une chouette grand-duc vola à tire d'aile et disparut à l'horizon. Ils étaient dans le vieux quartier, à quelques centaines de mètres seulement de la boutique d'AbyS que lui-même avait incendié à cause de ces maudites abeilles. Les antiallergiques avaient fait leurs effets et ne subsistait de cette malencontreuse aventure que les rougeurs dues aux piqures. Il avait dégonflé comme un ballon de baudruche usager et les difficultés respiratoires s'en étaient allées.

              Tout était bien et le quartier était paisible, surtout ce vieux temple désaffecté où Dante leur avait trouvé refuge. La promptitude de ce dernier à leur sauver la mise était bien évidemment suspecte et Loth ne se faisait aucune illusion. Il savait leur couverture corrompue et le Binoclard s’apprêtait à lui en inventer une autre qui fût aussi proche de la vérité que possible. De son côté, Loth aussi se questionnait sur les réelles intentions de Dante. Était-il vraiment ce qu'il prétendait être ? Un simple pêcheur exclu de sa communauté ? D'ailleurs, se souvint Loth, il leur avait déjà sauvé la mise quand la communauté de pêcheurs voulut les lyncher.
              Soit ce type avait vraiment une veine de Dieu pour arriver pile au moment où les choses s'envenimaient, soit il les suivait et Loth penchait clairement pour la seconde solution.
              Peut-être était-il un Marine en infiltration ? Ou un quelconque homme au service de l'une des Trois familles ? A moins qu'il ne poursuivît le même but qu'eux ? À savoir trouver du Gomerland ?
              Mais, que Dante fût un Marine ou un homme de main des familles revenait presque au même, les deux "institutions" n'ayant aucun intérêt à laisser se proliférer cette pêche prohibée. Il y avait, cela dit, une troisième option à cette interrogation. Que Dante fût le braconnier qu’Eden et lui recherchaient.  

              Pour l'instant, il n'avait pas de réponses et n'avait pas le temps non plus de s'attarder sur le cas de Dante et de faire une enquête en bonne et due forme sur lui. Les choses évoluaient rapidement et il fallait au plus vite en finir avec cette affaire avant qu'elle ne dégénère et ne devienne une gangrène. Car oui, il décida finalement de continuer et d'aller au terme de ce contrat passé avec Dena'. Le cas de Dante serait traité en même temps que le tout. Encore une chance se dit-il, qu'il eût appris à improviser et à prospérer sur le chaos. Ce qu'il appelait de lui-même, "contrôler le scénario". Il fallait juste y introduire Dante.

              S'arrachant de la fenêtre, il se rassied sur le tatami nu en bambou et parcourut une nouvelle fois le butin de leur nuit passée. Celui qui avait valu un choc anaphylactique, un mort et un incendie. Des suites de chiffres, des relevés de compte et surtout la liste de leurs fournisseurs de poissons.
              Sept pêcheurs, trois revendeurs, se souvint Loth. Voilà à quoi leur enquête les avait réduits.
              Alors, en plus de Dante qui lui vendait les fruits de ses pêches, décrypta le Moine Hérétique, Conrad de chez Con & Rad achetait aussi du poisson avec Giant Vladimir (le souvenir le fit sourire), avec un certain Kéisuké Fujiwara et quatrième pêcheur nommé Dom Tom. AbyS (là, il ne souriait plus du tout) achetait ses fruits de mer avec deux pêcheurs, les jumeaux Yves et Eudes Ranton. Tran, celui qui intéressait le plus Loth et pour cause, seul son magasin avait un garde -celui que Eden avait zigouillé-, ne s'approvisionnait lui que chez un seul et unique pêcheur. Fausto.

              Fausto... Loth se souvenait de ce gars comme s'il l'avait sous ses yeux. Sa longue face de papaye, son teint charbonné d'ébène et surtout le tatouage qu'il arborait sur son œil. Une croix entourée d'un cercle qui ressemblait à s'y méprendre à la caricature d'une cible de sniper. Fausto avait dit quand ils furent aux prises avec la Communauté, se remémora Loth, qu'il péchait dans la mer de Cocody jusqu'à huit cent mètres de fond, sans apercevoir de Kurokrills. Dans cette même mer, Dante en avait péché à cinq cent mètres. Cela avait semblé bizarre au Moine sur le coup puis l'explication de la migration des espèces avait supplanté celle du mensonge de Fausto. A présent, il se rendait compte que cette paire Tran et Fausto pouvait bien être la combinaison gagnante de leur enquête mais encore fallait-il d'autres preuves supplémentaires pour étayer ces suspicions. Et il savait exactement quoi chercher.

              Loth reporta ensuite son attention sur les relevés de compte des trois revendeurs. Chacun d'entre eux tenait une comptabilité régulière. Bien sûr, il n'espérait pas trouver de mention de ventes de Gomerland mais autre chose plus subtile et qui passerait totalement inaperçu du néophyte. Par exemple, les charges. Chaque activité lucrative générait forcément des charges et dans le domaine de la poissonnerie, la plus grosse partie de ces charges était consommée par les dépenses liées à la conservation des fruits de mer. Selon les écrits de la référence de Loth en la matière, l'océanographe Anne Eauxclaires, le Gomerland se conservait très difficilement à cause de sa chair très fragile. Elle compara même la chair de ce poisson à des entrailles en décomposition ou à des parchemins vieux de millénaires qui s’effriteraient sous vos doigts par défaut de conservation. Dans ses études, elle notifia avoir travaillé dans des chambres réfrigérées à des températures négatives pour pouvoir garder intact les filets de Gomerland.

              - Donc celui qui conserve du Gomerland doit voir ses charges d'exploitation décuplées... marmonna-t-il tout seul dans la solitude de sa chambre de repos.  
              Bon, je te tiens, Tran !

              La conclusion tomba comme un couperet après quelques minutes d'analyses. Tran était bien leur homme, à n'en pas douter. Le con ! se dit tout de même Loth. Malgré qu'aucun poisson interdit ne figurât dans ses relevés, l'avidité l'avait poussé à introduire dans sa comptabilité les charges liées à cette activité annexe. Le but, surement dévaluer ses résultats et payer moins d’impôts. Mais pour le Binoclard, ce fut une aubaine. Selon les chiffres, chaque mois, Tran achetait près de sept cent kilos de barres de glaces au seul fournisseur de l'ile pour conserver quatre cent cinquante kilos de poissons. Con & Rad emmagasinait deux tonnes de poissons qui ne lui coutaient que deux cent cinquante kilos de glaces chaque mois... La différence était conséquente et si Tran pouvait justifier ça auprès des Familles par une mauvaise conservation ou gestion, Loth savait qu'il venait de mettre la main sur la preuve de son trafic. L'excédent de glaces allait tout droit dans la conservation de ses précieux Gomerland.

              ________________________________________


              Loth passa le reste du temps à méditer sur la marche à suivre jusqu'à l'arrivée d'Eden et Dante. Depuis l'après-midi où ils s'étaient enfuis en catastrophe de l'hôtel et trouvé asile dans ce vieux temple, ils ne s'étaient pas retrouvés tous les trois. Dante était parti de suite, baragouinant qu'il devait aller pêcher et surtout, rester visible et joignable, autrement ses collègues le soupçonnerait. Surtout qu'ils avaient envoyé quelqu'un solder les comptes de Loth et d'Eden. Ce dernier aussi n'avait pas tenu en place. Il s'était éclipsé, prétextant fouiner en ville et suivre de loin l'évolution de l'enquête tout en cherchant à savoir qui exactement avait commandité leur assassinat. Peut-être un des vendeurs volés en particulier, peut-être toute la communauté en conclave. Loth avait aussi l'impression qu'Eden appréhendait leur confrontation à cause des meurtres et du tapage. D'entrée, le Binoclard le mit à l'aise.

              - Bah écoute, beaucoup de choses ont merdé dans cette affaire et les erreurs proviennent de mes choix en grande partie. Nous n'aurions jamais dû tirer à pile ou face pour cueillir les relevés, non, laisse-moi finir, je ne te traite pas d'incapable, fit-il alors qu'Eden ouvrait la bouche. Ce que je dis, c'est que ma mémoire eidétique me permet de lire deux milles mots à la minute et d'en garder une parfaite conservation. Si j'avais fait ça seul, on n’aurait même pas eu besoin de voler, ils n'auraient jamais su qu'ils ont été visités. J'ai manqué de jugeote.
              N'empêche que tu as fait du bon boulot en me couvant malade et en me sauvant. Merci, Eden,
              conclut-il en rendant à César ce qui était à César.

              A côté d'Eden, Dante suivait patiemment la conversation et attendait son tour. Aussi Loth commença-t-il par le remercier de leur avoir sauvé la vie pour la seconde fois en plus d'une autre excuse pour la fausse identité de l’universitaire. Loth maintint tout de même qu'il s’appelait Edwin Hubble mais précisa qu'il s'agissait juste d'un nom de code.

              - Un nom de code ? Vous travaillez pour quel organisme ?

              - Le Cipher Pol Number 2. Grosso modo, le but de cet organisme est d'assurer la mainmise du Gouvernement sur les richesses du monde, sous quelque forme que ce soit. Moi, je fais partie de la division chargée des ressources naturelles périssables et leur protection. En clair, nous préservons les espèces en danger imminent d'extinction et veillons au rétablissement de leur population au-dessus du seuil critique. C'est assez clair ?

              - Je crois... hésita-t-il. Vous avez des preuves ? Je ne sais pas, une carte ?

              - Une carte de service ? rigola Loth. Je me demande à quoi ça pourrait servir d'être un agent secret si on se baladait avec des papiers d'identité ? Non, vous avez seulement ma parole, je le crains. Bien entendu, Eden est toujours mon guide.

              - D'accord. Disons que je vous crois. Que faites-vous exactement ici à chercher des Kurokrills et à cambrioler d'honnêtes revendeurs ?

              - Avez-vous jamais entendu parler du Gomerland ?

              - Non, jamais.

              S'il mentait, se dit Loth, il le faisait très bien. Rien ne lui permit de savoir que Dante ne se jouait pas de lui comme lui-même le faisait. Il avait décidé de tout lui déballer à cette exception près de sa véritable identité. Le CP2 correspondait parfaitement à l'histoire.
              Il se lança ensuite dans un exposé de la nature du Gomerland, de son interdiction de pèche, du braconnage actuel et de sa vente sur le marché des îles voisines de Poiscaille, de la menace qui pesait sur la race entière. Sans oublier le lien de mutualisme entre Kurokrills et Gomerland. Les deux espèces étant interdépendantes, là où il y avait des krills noirs adultes, il y avait du Gomerland, conclut Loth.

              - C'est pour ça que nous vous avons adjoint de nous montrer les lieux où abondaient ces crustacés.

              - Mais nous n'avons pas pêché de Kurokrills adultes.

              - Non mais ceux que nous avons eu étaient à quelques mois, six tout au plus de la maturité complète et j'ai cru que j'en avais assez pour déterminer sur la carte le lieu d'abondance de leurs congénères adultes. Probablement quelque part dans la mer de Cocody.

              - Mais elle est vaste !

              - Raison pour laquelle j'avais besoin de plus d'informations.

              Il oblitéra volontairement les détails mais leur révéla que Tran était le principal suspect. Le regard d'Eden exprimait clairement sa désapprobation du fait que Loth ait révélé cette info en présence de Dante. Une partie du Moine était d'accord avec le pessimisme de son compère mais, se dit l'autre partie de lui, il fallait aussi mettre en confiance le gars. L'intégrer au scénario pour qu'il ne voit pas venir le coup en traitre. Quant à la suite...

              - J'avoue que je n'en sais rien du tout. Il n'y avait pas de Gomerland chez Tran, n'est-ce pas, Eden ?

              - Que nenni.

              - Bon on verra demain, la nuit porte conseil comme on dit, fit-il en faisant subrepticement comprendre à son acolyte que la partie n'était que remise.

              ________________________________________


              Ils se rencontrèrent au plus noir de la nuit. Après avoir passé quelques heures de plus avec eux, Dante rejoignit sa famille. Suspectant l'espionnage, ils passèrent les heures suivantes à fouiller le temple à la recherche de den-den-talkie-espion avant d’abdiquer faute de succès.

              - Donc, je suis allé fouiner. Le gars qui nous est tombé dessus à l'hôtel a été payé par un autre gars qui a jadis travaillé pour Tran. Aujourd'hui, il gère une sorte de société de sécurité mais qui signe des contrats en sous-main.

              - Donc ça va dans le sens de mes déductions.

              - Et à propos de ça, Dante...

              - Laissons-le nous aider pleinement, mec. On le plantera quand ce sera le moment.

              - Ah moins que ce ne soit lui qui nous la mette à l'envers.

              - Les risques du métier. Je me suis fait piquer par des abeilles, mec. Qui aurait pu prévoir ça ?

              - Bon, soit, on fait quoi maintenant ?

              - Mon maître m'a dit une fois que si mon adversaire n'avait pas de point faible, il fallait tout faire pour en créer un. Si tu n'as pas trouvé de Gomerland chez Tran, c'est soit qu'il en avait épuisé le stock, soit qu'il les garde dans un autre endroit. Quoiqu'il en soit, je pense qu'on devrait créer son point faible. Donc l'inciter à aller s'approvisionner grâce à une commande très conséquente.

              - Tu veux qu'on aille se pointer chez lui et commander du Gomerland ? Attends c'est un plan dément, je te rappelle qu'il n'y a pas "Gomerland frais de chez Tran" marqué à sa porte hein.

              - Oui, je sais. Mais dis-moi, qu'est-ce que nous n'avons pas trouvé chez lui ? Nous avons ses relevés de compte et son journal de ventes, l'état de ses stocks de poissons, le chiffrement de ses recettes et de ses charges. Nous avons tout sauf... ?

              - Sa liste de clients ? hésita-t-il après un instant de réflexion.

              - Exact. Son répertoire de clients. Il le garde peut-être au chaud avec lui. Et c'est tant mieux parce que pour commander une nouvelle fournée de Gomerland, nous allons nous faire passer pour l'un d'eux.

              - Tant mieux ? Non, parce que nous n'avons aucun moyen de savoir à qui il vend ses Gomerlands justement.

              - Raison de plus pour qu'il ne se méfie pas quand on se présentera en tant que tel. Au passage, nous avons un moyen de connaître ses clients, mec. Celui qui nous a confié ce foutoir de business.

              - Dena ?!

              - Tout à fait. Le Gomerland se mange dans les plus illustres restaus des îles avoisinantes, dans l'ombre bien évidemment, aux tables des plus illustres clients et patrons du milieu. C'est un de ces restaus qui souhaite se mettre au niveau de ses concurrents qui a confié l'affaire à Dena' qui lui nous l'a refilé. Le commanditaire de Dena devrait pouvoir nous donner les noms de ses concurrents, histoire qu'on puisse faire croire à Tran que nous venons de leur part pour une commande urgente. On marchera sur des œufs évidemment mais bon, qui ne risque rien, n'a rien. Je ne sais pas encore si on va opérer par Den den mushi ou aller en personne. La seconde option nécessitera un déguisement bien sûr.

              - Un très bon déguisement alors. Comment tu fais pour cacher tes longs-bras ?

              - Euh... le Retour à la Vie peut me rendre plus grand mais... non. C'est un handicap, tu devras faire ça seul je crois. Mais appelons d'abord Dena pour l'associer à l'affaire. Il aura besoin de temps pour nous dénicher l'info et le plus tôt sera le mieux. Ensuite, nous aviserons.


              Dernière édition par Loth Reich le Dim 06 Mar 2016, 13:42, édité 1 fois
              • https://www.onepiece-requiem.net/t12978-fiche-technique-de-loth
              • https://www.onepiece-requiem.net/t10961-loth-reich-le-marchand-heretique
              -Bonjour, Dana a votre service, que puis-je pour vous ?
              -Il a une secrétaire maintenant ?... oui bonjour, je cherche vous savez qui.
              -Je sais qui ?
              -Oui oui, allé je suis pressé
              -Je ne vois absolument pas de qui vous voulez parlez Monsieur.
              -Ecoutes. Ecoutes. Ecoutes bien. Passes moi, tu sais qui…
              -M…
              -Lu’ Gamin ! j’ai eu un problème, j’ai dû prendre quelques dispositions.
              -Oi, ta secrétaire n’a pas l’air d’avoir inventé l’eau chaude.
              -Désolé Monsieur, mon boulot c’est d’essayer d’être un tant soit peu subtile…
              -Oi pouffiasse, t’insinues quoi ?
              -Petit ! traite pas ma secrétaire de poufiasse voyons… soupira Dena Merci Dana, t’peux raccrocher.  La ligne est sécurisée pas de soucis, tu peux dire parler. Bon, que se passe t-il ? comment ça se passe ? Ta réussi à t’entendre avec mon ami ? Ça se passe bien ?
              -Ouais ça va, ça avance. Et tout se passe bien avec ton ami, lui dis-je en frottant une allumette contre ma chaussure pour allumer une cigarettedonc rien à signalé, on à bientôt fini je pense.
              -Bien bien… maintenant, viens au fait, et dis-moi pourquoi tu m’appelles.
              -On a identifié le revendeur, et celui qui pêchait aussi. Mais on a causé quelques disons…troubles à l’ordre public et du coup…
              -Des troubles à l’ordre public ?
              -Trois fois rien pas de soucis. Enfin bref, si je t’appelle c’est parce que on a besoin de toi. Il me faudrait des noms de concurrent de ton client, des mecs qui vendent eux aussi du fameux produit. Et pas le plus petit si tu vois ce que je veux te dire… et aussi le nom du mec qui gère le restau.
              -Mmh… jvais voir ça petit ! on s’appelle. Et ne t’fais pas remarquer, à moins que tu veuille retourner sur le Ponton !
              -Jamais. A la prochaine.

              - - - - - - - - - -

              Le lendemain

              L’incendie de l’hôtel avait été contrôlé, et finalement seul notre étage avait entièrement brulé. Bon, au moins je n’avais pas entièrement mis le feu à l’hôtel, même si je suis ce que je suis, je déteste les victimes collatérales. Ma petite diversion avait quand même réussis a disperser le groupe a nos trousses, et la présence de la Marine s’était intensifié dans les rues, ce qui avait réussis à rendre plus compliqué les recherches des pécheurs. D’une pierre deux coups, mon génie de l’anticipation criminelle était devenu presque légendaire. Enfin soit, la journée d’hier nous a au moins permis d’esquisser la suite. Vu la méfiance dans le milieu, impossible de passer la commande par den den. Le commerce du Gomerland était prohibé, et si quelqu’un se faisait attraper à en vendre, c’était la mort assurée par les Trois Familles.
              Il fallait donc les rencontrer en personne. Ce qui rendait les choses bien évidemment plus compliquées. Hors de question d’envoyer Loth, ses bras le trahiraient de suite. C’est donc à moi de m’y coller… tu parles d’une galère. Si jamais Fausto ou un des pécheurs du village me reconnait, ils vont faire le lien, et je me fais descendre. Bon. Il va falloir assurer niveau déguisement. Accompagné de Loth, nous réfléchissons, assis sur deux chaises de fortune.

              -On récapitule. Tu vas les voir, tu te fais passer pour un acheteur.
              -Ouais, de façon à ce qu’ils aillent pêcher… la sonnerie du Den Den interrompt la fin de ma phrase Ça doit être Dena.

              Je me lève de la chaise, pour rejoindre le Den Den volé pour prendre l’appel

              -Bonjour.
              -Hey petit ne soit pas si froid ! Comment t’vas ?
              -Ohayo. Ça peut aller, ça peut aller…
              -Tant mieux ! j’ai réussi a avoir un nom. Le restau s’appelle « La Table des Cordons Bleu ». C’est un important restau de mafieux dans North Blue, et visiblement ils arrivent à s’approvisionner en fameux produit comme tu dis ! C’est Mak Euro, un gros truand des mers du Nord qui gère le restau.
              -Merci pour les infos.
              -Ouais ouais. On se tient au jus petit
              -Ça marche.

              Je raccroche, avant de revenir sur ma chaise. Dante est sorti je ne sais ou, nous devons profiter de ce moment pour discuter sur la marche à suivre.

              -Bon j’ai un nom de restau, et un nom de contact. Visiblement c’est des mafieux. C’est tant mieux pour nous, ça facilitera le déguisement.
              -Il va falloir te trouver un costume. Mais il faut faire quelque chose aussi pour ton visage. Si jamais tu te couvres le visage ils trouveront ca suspect… tu avais ton chapeau au village si je me souviens bien, le retirer donc déjà et… coupe toi les cheveux ! et la barbe aussi.

              -Tu veux que je me rase la tête ?
              -Tête rasé, barbe rasé, costume, lunettes de soleil. Ça peut marcher.
              -Putain de merde…
              -Sacrifie-toi pour l’argent.
              -Bordel ta raison, ça me rapporte trop pour pinailler.
              -Parfait, vas t’occuper d’acheter le costume, je vais appeler moi pour te prendre rendez-vous, on rendra la chose plus pro déjà. On se rejoints ici dans une heure.

              Et me voilà parti pour la ville. Le climat commence tout doucement à s’apaiser visiblement. Après quelques jours de présence, la Marine faut de preuve concernant l’incident de l’hôtel n’avait pu la mettre sur aucun suspect. J’ai eu de la chance au moins sur ce coup… première direction : le coiffeur.

              - - - - - - - - - -


              -Salut Dante.
              -BORDEL DE MERDE !
              -Oi, ça va pas ou quoi ?
              -Eden ?! c’est toi ?
              -Tu croyais que c’était qui ?
              -Tu m’as fait peur ! c’est quoi cette nouvelle coupe ?! ça te donne un air froid, et tu fais plus vieux.
              -Merci Dante.

              Bon, maintenant la réaction de Loth…

              -Je suis là.
              -Bordel de merde.
              -C’est ca, venge toi pour les abeilles
              - C’est fou, comme chauve ça te donne un air sinistre.
              -Ce n’était pas le but recherché ?
              -Oui, c’est impressionnant même. Bon, j’ai réussis à avoir un contact avec eux. Tu es attendu dans le commerce de Tran, à 18h. Ils ont l’air sur leur gardes, il va falloir que tu la joue fine.
              -Pas de soucis, je gère.
              -Ça te donne vraiment un air sinistre…

              - - - - - - - - - -

              Le lendemain

              Habillé de mon costume, et les yeux cachés par des lunettes de soleil, je suis devant la boutique de Tran. Je tape à la porte, et reste posé sur le perron. Comment ça va se passer ? Plus le temps d’y réfléchir, un homme m’ouvre la porte. Un soldat visiblement, plutôt grand et musclé. Le regard noir, sérieux tourné vers moi. Il me fait signe de entrer en regardant autour de moi. Une fois dedans, il me lève les bras et commence à me fouiller. Je me décale légèrement sur la droite, pour qu’il voie mon pistolet. Bien évidemment, il s’empresse de le saisir. Aucun mot rien, seul des mouvements de tête. Cette fois, la boutique est plus éclairée que lors de mon passage de nuit… un petit sourire aux lèvres, je monte les escaliers avec mon accompagnateur.
              J’arrive devant le bureau de Tran, ou l’homme me fait patienter. Deux hommes supplémentaires montaient la garde devant le bureau. Il est entrain de «  m’annoncer » l’enfoiré. M’annoncer tu te rends compte…

              -C’est bon, Tran vous attend.
              C’est le grand moment. Je me lève, et me dirige dans le bureau de ma cible. Etrangement, je m’attendais à voir un type comme ça. Petit, vieux, visiblement faible. Un reste de cheveux sur le crane, et un air sournois. Le pauvre. Je lui serre la main, puis m’assois.


              -Bonjour, Mr Black c’est bien ca?
              -Bonjour Mr Tran, c’est un honneur de vous rencontrer.
              -Tout le plaisir est pour moi. Alors, que venez-vous faire dans notre charmante ville ?

              Le plus important c’est d’avoir l’air naturel. Tran semble sournois, mais pas dangereux. Non, l’homme à craindre c’est l’homme derrière lui. Assis contre le mur, son sabre reposé contre son épaule. Un visage sombre, un air froid. C’est qui ? Une sorte de garde du corps ?...

              -Je suis ravi de vous rencontrer, Mr Tran. Et je veux tout d’abord vous remercier de m’avoir accordé si vite un rendez-vous. J’ai une requête…pressante.
              -Oh, mais je ne sais pas si je vais pouvoir vous aider… je ne suis qu’un marchand de poisson, rien de plus.
              -Je suis affilié à «  La Table des Cordons Bleus ». Nous avons disons… quelques invités prestigieux, qui viennent pour une réunion. Inutile de quel genre d’individus il s’agit, je pense que vous le comprenez très bien. Mr Mak Euro ma donc demandé de vous contacter, afin de vous passer commande.
              -Mr Mak Euro…
              -Oui. Puis je fumer ? lui dis-je, le regard sérieux

              Il hoche la tête. Il a l’air méfiant, ce qui est compréhensible compte tenu de tout le tumulte des derniers jours. Mais à l’évocation du nom de mon employeur fictif, il semble s’être apaisé. Il trouve ça plausible ? Parfait. A moi donc d’être le plus crédible possible. Je tends la main dans la poche intérieure de ma veste, pour pouvoir prendre une cigarette.

              -Nous avons déjà fait affaire avec vous, et Mr Mak Euro a été satisfait, c’est donc pourquoi il nous a demandé de vous contacter. C’est une commande et spéciale, ce qui explique l’urgence de la situation. Nous avons besoin de 50 kilos de Gomerland.
              -50 kilos ?!
              -Effectivement. Comme je vous l’ai dit, nous avons plusieurs hôtes, très pointilleux sur la qualité des produits. Et ils sont fans du Gomerland. Pouvez-vous nous fournir ?
              -Eh bien, voilà qui est des plus…inattendu. Quand désirez-vous réceptionner la marchandise ?
              -Demain dans la soirée, au plus tard.
              -Une seule journée ? C’est bien trop court. Vous n’êtes pas sans savoir que la pêche de cette espèce sur l’ile est prohibée. Si nous sommes attrapés, vous comme moi, allons-nous attirer de gros problème. Mr Mak Euro doit le savoir.
              -Mr Tran. Comme je vous l’ai déjà dit, cette affaire est d’une importance primordiale. Je ne me serai jamais déplacer aussi vite si ce n’étais pas le cas. Pour ce qui est de la réglementation, Mr Mak Euro n’en a que faire. Nous avons déjà fait affaires dans le passé, vous connaissez notre discrétion.
              -Hm… 50 kilos… et si je dis oui ? comment voulez-vous procéder pour le paiement ? Je suggère la moitié tout de suite, l’autre moitié à la réception.

              Merde on n’a pas un rond. Je fais mine de réfléchir, le regard froncé. Il faut à tout prix que je trouve une parade…

              -Un acompte ?
              -Oui, c’est comme ça que marche les affaires. Vous savez bien.
              -Pas avec nous. Nous avons déjà fait affaire ensemble, vous aurez l’intégralité de la somme a la réception de la marchandise, ordre de Mr Mak Euro. Il m’a dit de vous adresser à lui, si vous avez n’importe quel doléance.
              -Non non, je ne veux pas déranger Mr Mak Euro. Très bien, marchons comme ça alors. Je vais faire mon possible. Mon contact vous rappellera d’ici quelques heures, pour convenir du prix et du lieu de rendez-vous.
              -Très bien, alors nous faisons affaire. Ça a été un honneur de vous rencontrer, Mr Tran.

              Nous nous levons donc tous les deux, et Tran se rapproche de moi, la main tendue. Je tends ma main à mon tour, et nous scellons le marché d’une poignée de main.

              -Comment vas Mr Jack  ?

              Merde, la question piège. C’est qui Jack ? Je ne dois surtout pas me planter, et rien laisser transparaitre. Un regard froid, je prends mon air sinistre, et je réponds

              -Vous savez bien, toujours le même. On se recontacte.

              Et voilà, je suis dehors. J’ai réussis, et ça c’est plutôt bien passé. Tran n’y a surement vu que du feu, sinon je serai déjà aux prises avec son toutou au sabre. Le restaurant avait déjà passé plusieurs commandes à notre homme, c’est ce qui avait permis de rendre plus légitime la commande soudaine… il ne me reste plus qu’à revenir… ca a presque été trop facile.

                Quelque part à Poscaille, dans un manoir...

                - Donc c'est Tran ? demanda de sa voix puissante Alexander Portdragon, patriarche et dirigeant des trois familles de Poiscaille.

                - Oui, mon Seigneur, répondit avec déférence Dante, un genou à terre. En tout cas, c'est la conclusion de celui qui se prénomme Edwin Hubble et qui dit être agent du CP2.

                - C'est un mensonge éhonté ! tonna Adriana Keudver, matriarche des Keudver. Nous avons déjà eu affaire à la division de protection des ressources du CP2 dans le passé. Qui crois-tu nous a imposé toutes ces règles sur la conservation des espèces ? Poiscaille est membre du Gouvernement Mondial, le Cipher Pol 2 nous a envoyé une missive officielle avant de débarquer ici. Je n'ose croire qu'ils enverraient en infiltration quelqu'un sans nous en avoir avertis.

                - Moi, je pense que ça leur correspondrait quand même bien. Ce sont les services secrets, Adriana, c'est leur raison d'être d'occuper votre attention pour mieux vous enculer. Quoiqu'il en soit, quelle est la suite maintenant Dante ?

                - Et bien, Seigneur Malsouin, Hubble et moi avons travaillé toute la journée d'hier sur les cartes maritimes les plus détaillées qu'on ait pu trouver. Dans mon dernier rapport, je vous avais notifié qu'à force de pécher du Kurokrill, nous avions fini en mer de Cocody où les crustacés là-bas étaient très près de la maturité. Hubble pensait pouvoir déterminer la position exacte du banc de kurokrills adultes grâce aux informations contenues dans ses bouquins. Courants, température de l'eau, son acidité, la présence d'algues...

                - Viens en au fait.

                - Oui pardon. Donc il m'a envoyé lui acheter les plus minutieuses cartes possibles de cette mer et à force de réduire les zones, il a fini par délimiter une aire de trois milles marins environ de large -presque six kilomètres- où devrait se trouver les krills adultes. C'est une zone de récifs dans la mer de Cocody autour de l'îlot du Commandant.

                - Toute la mer autour de l'ilot du Commandant est un cimetière pour épaves depuis des années.

                - C'est une des raisons qui font que Hubble est sûr que c'est la zone qu'on cherche. Et là où il y a des Kurokrills adultes, y a du Gomerland. Donc, c'est dans les eaux de l'îlot du Commandant que Fausto devrait venir pécher. Après avoir passé sa commande, Eden a espionné Tran qui est allé s'entretenir avec Fausto. C'est définitivement certains que c'est eux qui violent vos lois, mes Seigneurs. Dois-je leur faire tâter de mon katana ?

                - Non, pas encore. Que prévoient tes nouveaux amis "CP2" ?

                - Je dois embarquer dans une heure avec eux pour l'ilot du Commandant. Comme nous ne pouvons pas suivre le bateau de Fausto sans qu'il ne s'en rende compte, nous allons l'attendre là-bas. Ensuite, Edwin Hubble prévoit de prendre Fausto en flagrant délit et l'arrêter puis revenir sur l'ile pour procéder à l'arrestation de Tran.

                - Dans ce cas, c'est là-bas que tu passeras à l'action. Dès qu'ils aborderont le navire de Fausto, tu dégaines et tu les envoies tous nourrir les poissons. Si Hubble est vraiment un agent du Cipher Pol et qu'il disparait en mission, personne ne viendra nous demander des comptes n'est-ce pas ? Parce que personne ne nous a avertis de sa présence. Et s'il travaille pour quelqu'un d'autre, c'est encore mieux ainsi. Les morts ne trahissent pas de secret et ne posent pas de questions. Une fois Fausto et les deux-là morts, on s'occupera de Tran de la même manière. Il saura ce qu'il en coûte de braver nos interdits !

                - Vos désirs, vos ordres, Messeigneurs.

                ________________________________________

                C'était un bel aurore à Poiscaille. Le soleil peinait à se lever quelque part au-dessus de l'horizon. De sa démarche rapide, le vent salé fouettait le visage de Loth et faisait flotter ses cheveux. Il longeait le littoral à cette heure où il n'y avait pas encore foule. Au loin en mer, quelques bateaux épars revenaient de leur pèche nocturne mais en définitive, il était seul. Tant mieux, il devait au plus vite infiltrer le bateau de Fausto avant que celui-ci n'embarque pour la mer de Cocody.

                De même que la journée précédente d'Eden s'était résumée au déguisement puis au rendez-vous avec Tran, la sienne avait consisté à bouquiner. Avec l'aide bien prompte de Dante, il avait écumé les cartes de cette mer et sur les bases des travaux d'Anne Eauxclaires, avait réussi à déterminer la position définitive (avec une précision de 80%) du banc de Kurokrills, donc implicitement celui des Gomerlands. Il y avait une raison s'il avait laissé Dante le seconder, c'est qu'il avait besoin de lui. De lui et de son bateau. Bien qu'ayant réduit son champ d'investigation, la zone demeurait grande autour d'un îlot boisé inhabité appelé "l'îlot du Commandant". Loth avait arrêté un simili de plan avec Dante. Ils embarqueraient tous sur son bateau attendraient là en mer que vienne Fausto pour l'arraisonner comme des pirates. En lui laissant le temps de pécher bien sûr. C'était donc un plan bien rodé...  

                Avec un sourire satisfait, Loth accéléra ses pas et se souvint de la discussion qu'il avait eu après avec Eden....

                _____
                Quelques heures plus tôt...

                - Hahahaha, c'est ce que tu lui as dit qu'on ferait ? s’esclaffa Eden.

                - Bah, le mec veut nous la faire à l'envers, c'est sûr. Je n'allais pas lui révéler mon véritable plan. Je pense qu'il travaille pour les familles d'ici et qu'il a pour mission d'arrêter voir éliminer ceux qui leurs désobéissent en braconnant. De toutes mes hypothèses, c'est la dernière que j'ai privilégiée.

                - Donc ce plan véritable, c'est quoi ?

                - Tu n'as rien remarqué quand on était sur le bateau de Dante ?

                - Euh... de quel genre ? Son nom ? "Le Comédie" ? Assurément c'est bizarre ? Mais y avait plein de trucs abimés dessus, et ça ressemblait plus à une épave ?

                - Oui tout ça, mais pas là où je voulais en venir. Dès que nous avons embarqué, une chose m'a frappé. Son bateau, il le dirigeait tout seul. Pas de matelots, pas de mousses. Personne, tout seul. Déjà, c'est foncièrement contraire aux règles normales de navigations dans le secteur, personne ne devrait aller à la pèche tout seul, surtout quand c'est en haute mer. Nous avons dû l'aider à remonter les premières nasses de kurokrills.

                - Ouais ! Maintenant que t'en parles ! Après, il a dit être un très bon navigateur.

                - Oui, mais même. Tant mieux s'il arrive à se débrouiller tout seul parce que c'est un puissant point faible que nous allons exploiter.

                - Comment ?

                - Bah, tu t'y connais en bateau non ? Si Dante arrive à manœuvrer seul le Comédie, c'est que tu peux également. Voile tendue, suffit de maintenir le cap...

                - Oh j'aime ce plan ! Tu veux qu'on chipe son navire ?

                - A peu près. Nous allons tout faire selon le plan que je lui ai dit, sauf la fin. Vous allez embarquer à l'aube pour Cocody. Premier imprévu pour lui, je ne serai pas de la partie avec vous. Dis-lui que j'ai finalement préféré surveiller Tran histoire de l'avoir à l’œil qu'il ne puisse pas fuir s'il suspecte quelque chose. Ensuite, que le nouveau plan consistera à accoster sur l'îlot du Commandant et à surveiller la mer depuis là-bas.  

                - On va accoster ?

                - Oui, c'est un meilleur poste d'observation. Mais une fois sur l'île, une fois que vous aurez observé Fausto de tout votre soûl, vous devrez reprendre la mer dès qu'il finira de pécher. Je veux dire, on a vu comment s'y est pris Dante.Ces pêcheurs ont l'habitude de s'immobiliser, de relever les voiles et de laisser couler leurs filets au fond de la mer. Ils remontent puis replongent ensuite jusqu'à ce qu'ils en aient eu assez. Donc si Fausta veut bouger pour renter, vous le saurez forcément, il remettra ses voiles.

                - Donc quand on s'apprêtera à partir pour aborder Fausto, je laisse Dante sur l'ile et je me casse avec le Comédie ?

                - L'idée générale, oui. Même si pour moi Dante n'est d'aucun danger, toi tu vis sur cette île. Le personnage est à la solde des familles, je ne doute pas qu'il a pour mission de se débarrasser et de nous et des Tran et Fausto. Vaudrait mieux pas le laisser revenir ici. Jamais.

                - Ouais, je comprends, on doit le murer dans le silence, définitivement. Mais je pourrai aussi faire ça en mer et le balancer par-dessus le bord non ? On doit vraiment accoster ?

                - Pour la discrétion, c'est impératif oui. C'est trop périlleux, autrement. La zone que j'ai délimitée s'environne à trois milles nautiques à la ronde autour de l'ilot. C'est beaucoup trop près dans une mer totalement dégagée, vous vous feriez repérer.

                - D'accord. Mais toi ?

                - Moi, je vais m'infiltrer sur "La Vague", le bateau de Fausto. L'avantage c'est que c'est un gros chalutier, j'y trouverai surement des planques en cabine. En plus Fausto a six matelots. Donc du bruit, et ils seront concentrés sur leur travail alors... J'essaierai de tendre l'oreille. J'ai plusieurs fusées éclairantes avec moi pour te signaler si quelque chose cloche. Quand ils seront en possession des poissons et s'apprêteront à rentrer au port, nous passerons à l'assaut.

                - Ça me botte bien ce plan. J'achète !
                _____

                Le village des pécheurs en haute mer était en vue. L'endroit où ils avaient failli être lynchés..
                A quatre pattes, Loth contourna les dunes de sables qui séparaient le port et le village. La Vague était ancrée à l’extrême gauche de la file de bateaux. Mais passer sur les quais étant bien dangereux, quelqu'un pouvant le voir en allant pisser un coup à l'aube, Loth prit une inspiration et se jeta à l'eau. Elle était bonne bien qu'un poil frisquet en ce matin venteux. Il avait toujours été un bon nageur, aidé de ses bras à doubles articulations qui lui permettaient de battre la mesure deux fois plus vite et plus efficacement qu'un humain "normal". Le fier peuple des Longs-bras de Grand Line... Aussi loin qu'il s'en souvînt Loth ne s'était jamais intéressé à ses origines, trop préoccupé par ses plans et ses projets de se faire un nom dans l'underground. Peut-être y pensera-t-il quand il sera sur la mer de tous les périls.

                Remontant uniquement pour prendre une bouffée d'air, il parcourut l'essentiel de la distance qui le séparait de La Vague étant intégralement immergé. Il apparut près de la figure de proue qu'il escalada comme une araignée. Personne sur le bateau, mais pas pour longtemps. Aussi discret qu'une ombre il se faufila à l'intérieur tout en vérifiant que ses armes et ses fusées emballées étaient toujours étanches dans son sac en bandoulière.  
                • https://www.onepiece-requiem.net/t12978-fiche-technique-de-loth
                • https://www.onepiece-requiem.net/t10961-loth-reich-le-marchand-heretique
                -Pourquoi Hubble n’est-il pas là ?
                -Changement de plan, il a décidé de rester surveiller Tran sur l’ile, au cas où il s’enfuirait. Mais pas de panique, le plan ne change pas.
                -D’accord, d’accord.

                Ca ne l’enchante pas trop, et c’est tout à fait réciproque. Mais on va être obligé de se supporter ! J’arrive au moins à me réconforter, en me disant que j’aurai bientôt plus à supporter sa tête. Je jette un rapide coup d’œil à ma montre, et il est déjà l’heure. En ce moment, Loth doit être entrain de s’infiltrer sur le bateau. Il est temps pour nous de partir. Je jette ma cigarette par-dessus le ponton, et rejoint le «  Comédie ».

                La mer est calme, c’est au moins ça. Je commence à en avoir plein le dos de tous ces déplacements en bateau… j’ai plus pris le bateau cette semaine que durant la majorité de ma vie bordel. Enfin bref, je dois rester sérieux. Loth doit surement s’être déjà infiltré a l’heure qu’il est, et nous ne sommes pas très loin de l’ilot. Dante lui, pilote le bateau. Bien évidemment, il ne s’attend pas du tout à ce qu’il va se passer. Mon chapeau sur la tête en avant, je l’observe du fond de mon siège.

                Et finalement, une petite sieste plus tard nous voici enfin arrivé sur l’ile. Dante ancre bien évidemment le bateau sur l’autre versant de l’ilot, afin de maximiser les chances ne pas se faire détecter. L’ilot étant couvert d’arbre, il s’agissait effectivement d’un point d’observation de premier choix.

                Me voilà, caché entre deux arbres avec une longue vue scrutant la mer. Pour le moment, le plan se déroule sans accroc, j’espère qu’il en est de même pour mon partenaire… il me manque presque. Je ne supporte plus Dante. Le voilà en train de me crier dessus parce que je fume une cigarette au milieu de la végétation. C’est bon, calme toi raclure de hippie. Rien à foutre que l’ilot prenne feu, et d’ailleurs si tu pouvais brûler avec ça m’arrangerait.

                Et bingo ! Comme prévu voici le bateau de Fausto. Il correspond au signalement indiqué, et il lance son filet de pêche. Tu as tapé dans le mille Loth. Il ne nous reste plus qu’a attendre qu’il ait fini sa récolte. On touche enfin au but… on est plus qu’à quelques heures d’empocher le pactole. Putain, je vais devenir millionnaire a vingt ans ! Millionnaire ! Vingt ans ! Mais avant tout réconfort, il y a bien évidement l’effort. Et aujourd’hui, en ce bel après-midi, je dois faire le sale boulot.

                Allongé sur le ventre, Dante scrute le bateau de pêche à l’air de la seconde longue vue. Cela fait une bonne heure que le « Comédie » a jeté son filet. Il est donc l’heure. D’un petit signe de la main, je lui fais comprendre que je dois lui parler. Je me rapproche de lui, et lui chuchote

                -Ne vois rien de personnel.

                Puis je plante mon couteau dans ses entrailles. Ou du moins j’essaye. Manu militari, le hippie attrape mon couteau, et me fait une clé. En moins d’une poignée de secondes, il se retrouve sur moi, et moi je me retrouve avec mon couteau sous la gorge.

                -Je m’y attendais. Depuis un long moment.
                -Ta des sacrés réflexes pour un mec avec une coupe de femme au foyer.
                -Ha ha grande gueule jusqu’à la fin !dit -il resserrant la lame
                -Ha ha grande gueule, belle gueule et grosse…
                -Ferme ta gueule maintenant !

                Oula il n’est pas content. Il croit me faire peur ? Je suis dans le crime depuis presque une dizaine d’années, j’ai été dans des situations pires que celle-là. Analyse vite la situation Eden : tu as un couteau sous la gorge, et tu es soumis, face contre terre. Bon, ça part déjà mal.  Et ce Dante… l’homme aux cheveux étrange cachait bien son jeu. La façon dont il avait saisi ma main, et anticiper mon attaque, était impressionnante. Dans cette position, mon coup aurait dû lui transpercer le foie. Malgré ça, il m’a soumis comme si j’étais un enfant… c’est qui ce putain de mec ?

                - T’es qui bordel ? Pas un simple pêcheur aigri de la vie pas n’est-ce pas ?
                - C’est moi qui pose les questions crane d’œuf. Dis-moi la vérité maintenant, ou je répands ton sang sur le sol de cette ile.
                -Pas besoin de s’énerver, juste de demander. Tu veux savoir quoi ?
                -C’est incroyable, pas une once de fierté. Mais étrangement, ça ne m’étonne même pas.
                -Que veux-tu ! C’est comme ça qu’on reste en vie… et moi, j’aime la vie.
                -Très bien. Parle, et je te laisserai peut être la vie sauve, rat.
                -Je ne suis pas au courant de grand-chose, mais je peux te dire une chose…
                -Abrèges, vite.
                -Très bien. Ce que je sais c’est que… quand je vais sortir de là, je te jure que je vais te défoncer ta putain de tête de pucelle !

                Et bim ! Je tente l’esquive, et le coup de tête casseur de dents ! Que nenni, j’ai juste réussis a me retourner, et je me retrouve cette fois sur le dos, le couteau à la gorge. Bon, même situation mais avec une autre vision. C’est déjà un bon point. Ca ne lui a pas trop plu – il fallait s’en douter – et j’ai pris deux ou trois coups de poing dans la bouche en guise de réponse. Après avoir craché quelques gerbes de sang, je lui fais mon plus beau sourire ensanglanté

                -Oi… regarde. Le bateau s’en va. Si tu me tues, Hubble va se douter de quelque chose en voyant que je ne suis pas là.
                -Bordel de merde…
                -Prend moi en otage, c’est mieux. Si tu décides de m’attaquer, je ne me laisserais pas faire et tu perdras du temps. En tout cas, prend vite ta décision, si tu tardes trop le bateau va partir.

                Matraquage mental. Je le vois hésiter, parler tout seul… il est complètement dérangé. Finalement, il se rend compte que me tuer était la mauvaise option. Et on est remonté sur le bateau, à toute hâte. Mon pistolet dans ses mains, braqué sur mes reins. Merde on est mal embarqué. On est parti juste à temps, on va mettre quelques minutes de plus, mais on va réussir. Malheureusement, on ne sera pas aligné sur le timing convenu avec Loth. Le bateau se rapproche de plus en plus, leur filet de pêche est déjà relevé, et ils ont commencé à mettre les voiles. Comment se débrouille Loth de son côté ? Est-il dans la même situation que moi ? Je n’espère pas, sinon on risque d’être dans la merde.

                -Si jamais tu fais le moindre geste…
                -…tu me tue, oui. Ça fait cinq minutes que tu me le répètes, la première fois j’ai saisi…

                A l’approche du bateau, Dante et moi nous levons. Pour aborder, il va falloir travailler de paire. Et on a autant besoin l’un que de l’autre. Nous nous rapprochons ainsi du bateau, et Dante se positionne a coté. J’attrape ensuite la barre, pendant que Dante s’occupe de s’accrocher au bateau. Une fois la corde tiré, il me braque avec mon pistolet avant de me jeter au visage

                -Monte le premier.


                Dernière édition par Eden le Jeu 07 Avr 2016, 01:07, édité 1 fois
                  - D’accord je vais monter, pas la peine de s’énerver.

                  Bordel de merde. J’espère que Loth a déjà pris possession du bateau, sinon on risque d’être quelque peu dans la… attends. C’est quoi ce truc ? Tandis que je suis en train d’essayer de monter sur le bateau de tous les problèmes, un bruit métallique claque dans l’air. A peine ai-je le temps de tourner la tête, que j’aperçois la source du bruit : un canon, qu’un des matelots de Fausto est en train de tourner vers nous. Enfin, vers le Comédie plutôt. De ma position je vois les yeux de Dante s’écarquiller en grand : il a compris lui aussi. S’il reste là, ses dreads iront nourrir les poissons au fond de l’eau.

                  BOUM

                  Le boulet de canon traverse la coque du Comédie. Mais il se passe quoi bordel ? Loth ne s’est pas occupé d’eux ? Moment de bonheur personnel, en rejoignant le pont du bateau ennemi, j’aperçois Dante se décomposer. Son regard est en lui-même une petite vengeance, tant la mort d’un souvenir précieux transpire de son regard. Et ça me fait presque jouir. Parceque le Comédie, le bateau si cher a Dante est entrain de couler. Traversé par le boulet, la coque meurtrie s'enfonce dans la mer... pour lui, les petites ballades en mer a bord de son bateau sont terminées ! Bien fait pour ta gueule. Tel un fauve, Dante bondit de son bateau pour se retrouver sur celui de Fausto. Sensible comme une vierge. Agile comme un singe. Et sournois comme un serpent. En moins de trente secondes, je me retrouve son bras sous ma gorge, et son pistolet braqué sur la tête. Me voici maintenant sur le bateau de Fausto, pris en otage par Dante...

                  A coté, l’équipage de pécheurs a entendu le bordel et se retrouve au complet sur le pont. 1…2…3…5. Et sans compter Fausto. Une dizaine de mètres nous séparent. Une dizaine qui en semble ridicule tant la tension est palpable. En face, les pécheurs sont armés de battes pour certains, d’autres de divers objets liés à leur métier. Il y en a même un avec harpon bordel. De notre côté, Dante a deux flingues : le sien et le mien. Il a déjà mon flingue, qu’il braque sur moi. Je sais pas trop pourquoi d’ailleurs, je ne vois pas vraiment en quoi ça lui sert, sachant que les gueux n’hésiteraient pas à me lapider s’il pouvait, au vu de leur regard. Nous restons la quelques secondes sans parler. Personne n’ose prendre la parole, parce que personne n’est au courant de la situation.

                  Pour nous, impossible de savoir si Loth a déjà fait le ménage, et de ce fait si ces deux hommes sont de mon côté – et donc soumis par Loth – ou encore fidèle a Fausto – et donc non soumis à Loth, ce n’est pas compliqué non ? – et c’est là tout le problème.

                  Parce que pour eux, nous sommes tous simplement deux hommes ayant de s’amarrer un peu n’importe comment. Deux hommes inconnus, qui au lieu de s’entraider une fois arrivé ici, ont préféré se quereller. Du moins c’est ce qui se dégage de la situation pour eux, puisque Dante me retient en otage.
                  Le silence devient trop pesant. Mais le bruit de la porte vient réveiller un peu la situation : qui est-ce ?

                  - Mais qui voici…

                  Merde. C’est Fausto. Dante doit être autant surpris que moi. Parce que maintenant, il ne reste plus que deux possibilités : soit Loth est mort, et ça va se transformer en carnage dans quelques secondes. Soit Loth est encore en vie, et ça va aussi se transformer en carnage. Mais pas de la même façon.

                  - Fausto ?

                  Bon, il est aussi surpris que moi c’est maintenant sur.

                  - Dante. Et à tes cotés le soit disant contact. Quelle coïncidence.
                  - C’est fou des fois la vie hein !
                  - La ferme !
                  - La ferme tous les deux ! Vous faites quoi sur mon bateau bordel de merde ? s’écria l’homme a la cible
                  - On s’est perdu. On faisait un tour de barque.
                  - Un tour de barque ? Mais vous jouez à quoi ? Vous essayez de nous voler c’est ça ? Dante, espèce d’attardé mental, explique moi vite ce qu’il se passe ici avant que je t’harponne avec ta gonzesse.

                  Il m’a traité de gonzesse. Non pire. Il insinue que je suis la gonzesse à Dante. Bordel de merde, ça recommence. C’est la deuxième fois, avec le garçon de l’hôtel. Pourquoi je serais la gonzesse de Dante ? Dans le cas où on serait effectivement homosexuel, c’est lui qui a les cheveux longs. Il le prendrait plutôt lui, pour une femme. Bordel de merde. Ça veut dire que cet enculé de mec tatoué me prend pour une femme, malgré le fait que j’ai les cheveux rasés. Oh l’enfoiré.

                  - Oï ! l’afro avec la trace de merde sur la joue, tu ferais mieux de fermer ta putain de gueule et de me montrer un peu plus de respect quand tu t’adresses a moi, si tu veux pas te retrouver avec la trace de mes couilles sur ton autre joue !
                  - Arrête de jouer au con ! cria Dante, en collant le flingue sur ma tête
                  - Alors, tu vas m’expliquer qui t’est ?
                  - Moi ?
                  - Mais non pas toi abruti, toi je sais qui t’est. La grande gueule que tu tiens en otage.
                  - Ah tu parles de moi ?
                  - Bien évidemment, mais pourquoi vous êtes aussi cons ? Et pourquoi il te tient en otage ?
                  - Comment ça je suis qui ? Tu ne vois pas qui je suis vraiment ?
                  - Arrêtes de jouer au con.
                  - Haha et bien tu ne vas pas en croire tes oreilles, mais tu as en face de toi, certes en piètre posture, mais bel et bien en chair et en os le grand Eden !
                  - Jamais entendudit Fausto sur un ton nonchalant, accompagnant sa phrase d’un regard vers ses pécheurs qui secouèrent la tête pour montrer qu’il ne le connaissait pas non plus
                  - Je veux bien que t’arrive pas à me reconnaitre, je me suis coupé les cheveux et puis il faut un certain temps avant que les gens commencent à te reconnaitre physiquement, mais ta jamais entendu ce nom dans Poiscaille ? Eden ?
                  - Jamais je t’ai dit, ta popularité est à zéro mon petit. Vous faites quoi ici ? tu bosse avec Dante et t’essaye de nous la mettre à l’ envers ?! Réponds à ma question !
                  - Bordel de merde. Ça craint…eh bien bonne question. Je me baladais, quand tout à coup il m’a pris en otage, et on s’est retrouvé la ! c’est fou hein !

                  Bien évidemment, je gagne du temps. Je sais que Loth est quelque part, et Dante aussi. Mais visiblement, Fausto ne le sait pas. Sinon il perdrait pas de temps à autant parler, et nous aurait liquidés depuis un moment. C’est donc un avantage pour nous. On a répété plusieurs fois la situation, et Loth a du entendre. Il ne reste plus qu’à attendre.

                  - Pose ce flingue Dante, on a des questions à vous poser.
                  - La ferme Fausto, arrête de me prendre pour un demeuré. Je suis envoyé ici par les Trois Familles. Vous pensiez vraiment toi et ton patron, que personne ne remarquerait votre affaire ? vous vous etes trompés. Lourdement trompés. Rien n'échappe a l'oeil des Trois Familles.
                  - Toi ? tu bosses pour les Trois Familles ?
                  - Disons que je règle plutôt leur problème. Et leur dernier problème est tout simple ! du Gomerland est apparu chez la concurrence.
                  - Merde...
                  - Et oui. J'ai mis du temps, mais je vous ai trouvés. Maintenant, je vais faire respecter la loi, et te traîner jusqu’à mes patrons.
                  - Putain de bordel de merde, t'est vraiment un putain de bon acteur j'ai vraiment cru au fait que t'était a moitié abruti c'est rondement joué !
                  - Dante le fou, un envoyé des Trois Familles hein... quelle journée pleine de surprises.
                  - Curieusement, je suis d'accord avec toi.
                  - LA FERME EDEN ! vociféra t'il. Avant de vous liquider, j'ai un autre soucis. HUBBLE ! SI TU ES UN HOMME SORT !
                  - Hubble ? Le docteur du village ?

                  Le tout pour le tout. On sait tous les deux que ce n’est pas Fausto qui te fait peur, mais bien celui que tu appelles Hubble.

                  - Je suis là, Dante.

                  L’apparition de Loth derrière Dante réveille l’assemblée, qui se tue l’espace d’un instant. Un court instant, mais crucial. C’est le moment que je dois saisir. Et pour saisir ce moment, j’ai une idée. Je plante mes dents dans le poignet de Dante, et le mord si fort que je lui fais lâcher son arme – et entaille son pouce au passage – et voilà ! Je me baisse, saisit le pistolet et me retire de son étreinte.

                  - Merci ! dis-je à Loth

                  Je lui laisse Dante. J’ai lu dans les yeux de Loth. Il pensait la même chose que moi : maintenant, il fallait se débarrasser d’eux. Je cours vers mes cibles : Fausto et ses comparses. Déjà, éliminer Fausto. Je braque le pistolet sur sa direction et tire. Un de moins.

                  Un de moins ? Non. Pas de balle. Fausto me cueille avec un lariat qui m’envoie au sol. Depuis tout à l’heure, je me fais braquer par un pistolet sans balles ?

                  - Ça suffit ! on va tous vous tuer, vos corps nourriront les poissons.

                  Je me relève avant qu’un des pécheurs se jette sur moi. Armé d’une batte en fer, il tente de me frapper. Heureusement pour moi, je parviens à esquiver. Il ne s’y attendait pas… son coup circulaire sur la gauche laisse son flanc droit vulnérable. Aucun de ses amis n’est venu en renfort. Ils me sous estiment. Parfait. Dans quelques secondes, à la fin de son geste, il sera vulnérable. Pas maintenant. Maintenant. Crochet dans le foie. Sec, net, direct, franc du collier, sans bavures, non prémédité, venu de nulle part, merci au revoir. Son corps tombe lourdement au sol. J’ai du mal à cacher mon sourire de satisfaction, et je jette un coup d’œil à Loth pour voir s’il a pu assister à la scène. C’était un putain de KO ! J’ai hésité entre sa mâchoire et son foie, et finalement j’ai décidé d’opter pour le foie. Et ça c’était une putain de bonne idée hah…

                  Le coup de poing que je me prends m’envoie m’écraser sur le sol, et manque de peu de me faire passer par-dessus bord. Les enfoirés, n’ont t’ils aucun respect ? J’étais en position relâchée, et complètement désarmé. On n’attaque pas les hommes dans cette position la ! Il ne reste plus que trois hommes, sans compter l’autre a la cible. Ce dernier reste en retrait, et semble s’intéresser beaucoup plus a Loth et Dante. Ça veut dire que je ne suis pas aussi important qu’eux ? Je vaux moins qu’eux ? Espèce de…

                  - Hey Gamin.…

                  Pas le temps de finir ta phrase, mon poing vient briser ton nez. Et oui, il faut rester concentrer dans un combat ! Pris de panique de voir leur deuxième ami tomber, les deux derniers se jettent sur moi. J’attrape leur joyeux larron qui tient son nez pour empêcher le flot constant de sang qui s’en échappe, et l’envoie pour réceptionner mes deux assaillants. Et boum, la chute. Je vais vous monter en l’air bande d’enfoiré, j’attrape la batte du premier – qui a encore chacun des yeux qui regardent dans une direction opposée -  et me dirige vers les deux hommes encore bloqués sous leur ami. Fausto, qui regardait l’affrontement de l’autre côté du pont du bateau, tourne la tête vers nous au moment précis où je frappe dans les deux têtes qui dépassent avec la batte.

                  - Bordel. Je sais pas qui vous êtes, mais je vais te le faire cracher.
                  - Hein ? lui lançai-je, en essayant tant bien que mal de retirer ma batte d’une tête de pécheur.
                  - Je vais m’occuper de toi.
                  - Tu vas essayer de t’occuper de moi. dis-je tout en faisant tournoyer la batte couverte de sang

                  Il me saute dessus. Putain mais c’est quoi tous leur problème à ces putain de pécheurs de commencer un combat en se sautant dessus ? Bon, je ne devrais pas trop me plaindre, j’ai enfin un vrai putain de combat ! Un vrai ! Vu ses mouvements et sa façon de se déplacer il est fort. Pas plus fort que moi, parce que je suis destiné à être le meilleur mais fort. Ca suffit déjà. J’en ai déjà combattu un paquet de mec comme lui. Je pense pouvoir m’en sortir.

                  Je parviens à bloquer son attaque, et tente mon fameux coup de genou dans le ventre. Beaucoup de gens en parlent, très peu s’en souviennent. Mais il bloque mon genou ! Je ne dirais pas comment il a fait pour ne pas ébruiter le point faible de mon coup, mais très peu de personnes ont réussi. Pourquoi il a réussi ? Ça veut dire qu’il est plus fort que moi ? Non ce n’est pas possible, reprend toi. Attends… ça veut dire qu’il ma anticiper. Ce n’est pas vrai. Il m’a anticipé. Ça veut dire qu’il me sous-estime. Il doit me prendre pour un faible. Moi ?! Un faible ?? Jamais.

                  - Je vais t’arracher la tête
                  - T’est complètement fou !

                  Je le repousse une fois, puis cette fois, lui envoie ma botte secrète. Tant pis pour lui. Sur le Ponton j’ai pu peaufiner cette technique crée lors de la chasse aux Dogs. Une sorte de punition divine auquel peu de personnes s’attendent. Le coup de boule d’Eden ! Mon front s’écrase sur son front et le sonne pour quelques secondes. Quelques secondes qui me permettent de lui placer un bon coup de pied dans le genou ! Bam combo dans ta bouche, c’est cadeau. Bien évidemment, si j’avais pu le mettre KO sur cette attaque ça aurait été magnifique. Mais Fausto est visiblement plus costaud que ce qu’il en a l’air. Comme réponse à mon coup de pied, je me reçois un coup de poing en pleine bouche, qui me fait vaciller. Puis un autre dans le ventre. Un deuxième dans le ventre. Un troisième. Je tombe sur le sol, en crachant une nouvelle gerbe. Malgré son soudain élan de force, Fausto n’est pas en meilleure forme que moi : son genou semble touché, il a du mal a se déplacer.  Il prend appui sur une caisse, il doit avoir mal à la jambe. Je me relève non sans mal, et essuie le sang qui coule sur mon menton avec ma main.

                  - Je crois bien que c’est fini pour toi.
                  - Bande de voleurs.
                  - Malgré le fait que t’est une cible tatoué, j’ai l’impression que t’est pas vraiment perspicace hein ?
                  - Vous allez avoir de gros problèmes. De très gros problèmes.
                  - Avec qui ? avec toi ? haha ou avec ton boss ? je vous emmerde. Toi, lui, les trois familles, et tous ceux qui ont quelque chose à dire.
                  - Espèce de gamin attardé, tu n’as aucun respect !
                  - Moi aucun respect ? je respecte ce qui est respectable. Mais avoir une cible tatouée sur la gueule, je ne trouve pas très respectable. Et je ne suis pas un gamin, je sors tout juste de la vingtaine.
                  - Tu te fous de ma gueule en plus ! je vais t’emmener devant Tran, toi et ton ami. Par la peau de ton crane.

                  Il se relève, et s’approche vers moi avec sa jambe qui traine. Il a du mal, ça se voit a l’œil nu. J’ai moins pris que lui, à part la bouche en sang, une côte fêlée et une envie de vomir a tout moment je m’en sors plutôt pas mal. Je vais lui casser les dents. Enfin, c’est ce que je me dis jusqu’à ce que je le voie attraper le harpon. Bordel de merde. Je parviens à éviter de me faire empaler, grâce à mon saut sur le côté. Malheureusement, je retombe sur la zone ou ma cote est fêlée, et me tort de douleur au sol.

                  - Ne t’inquiète pas, je vais venir t’aider…

                  En boule sur le sol, je me tort de douleur. Je l’entends se rapprocher de moi. Bordel de merde… il faut que je trouve une solution, ou cette fois il va me tuer. Vite Eden, creuse toi la tête… ah, j’ai trouvé. J’attends le bon moment, qui va arriver dans quelques secondes. Maintenant. J’attrape la batte de baseball, et me retourne en lui refrappant le genou une nouvelle fois. Le coup est parfaitement placé, et lui condamne le genou. Il s’effondre au sol, en poussant un cri de douleur insoutenable.

                  - Tu ne t’y attendais pas à ça hein !

                  Je me relève doucement, et me rapproche de Fausto, toujours au sol. Ses deux mains sur son genou brisé, il crie. Ah tu fais moins le malin maintenant pécheur de mes deux, tu te la pètes moins maintenant que tu ne tiens pas sur ta jambe hein

                  - Aargh… enfoiré tu m’as pété le genou ! mon genou !
                  - Ne te plains pas encore. C’est qui maintenant la putain de gonzesse ?

                  Je te l’avais dit que je me vengerais. Je frappe une troisième et dernière fois son genou. Cette fois c’est sûr, Fausto est infirme a vie. Plutôt compliqué pour un pécheur. Mais c’est sa punition. J’ai gagné ce putain de combat. Me voici au-dessus de mon adversaire, triomphant.  Ça c’est une putain de journée ! Une putain de bonne journée !

                  - Hey, j’ai fini de mon côté. Et Fausto n’est même pas mort ! lançai-je à Loth, un petit air de satisfaction sur le visage


                    Sous les flots, Loth avait vu sombrer le Comédie et presque aussitôt après, il était remonté sur le pont où la situation n'attendait qu'une étincelle pour s'embraser. Tout mouillé qu'il était, il apparut derrière Dante, ce qui donna l'occasion à Eden de se libérer de son emprise. Dante s'était alors tourné vers lui et avait sorti une arme de son manteau. Une sorte de fléau dont les quatre boules hérissées de pointes étaient reliées par des chaines au manche de bois. Finalement se dit le Moine Hérétique qui le dévisageait avec impassibilité, il avait vu juste. C'était un homme de main des trois familles chargé de châtier ceux qui défiaient leurs interdits.

                    - Agent secret du CP2 hein ? Mon cul ouais !

                    - Tu connais le diction. A malin, malin et demi. Nous jouions tous un double jeu.

                    - Donc qu'est-ce que tu es ? Qui est ton maître ? s'enquit. L'échine courbée, il jonglait avec son goupillon, le passant d'une main à l'autre. On aurait dit un prédateur préparant son bond final.

                    - Je n'ai pas de maître, uniquement des clients. Et certains sont prêts à tuer pour goûter la viande exquise du Gomerland. Moi-même d'ailleurs, j'ai envie d'y goûter. Cela dit, selon le plan, tu aurais dû mourir sur l'îlot du Commandant.

                    - Je vous avais percé à jour depuis longtemps. Que tu aies changé les plans à la dernière minute pour me tromper ne servait à rien !

                    Il se jeta sur Loth et faucha l'espace de son fléau. Alors que l'arme de choc se réduisait en une trainée floue qui fondait sur lui, le Binoclard repensa fugacement au plan. Le plan... Il avait pensé trouver une planque tranquille sur la Vague, le bateau de Faust, s'y dissimuler jusqu'à ce qu'ils arrivent en mer de Cocody, près de l'ilot. Il devait les laisser pêcher, les épier discrètement puis les surprendre quand ils se prépareraient à s'en aller, leurs filets pleins de Gomerland. Il avait même pris des fusées éclairantes pour donner le signal à Eden si quelque chose était en train de mal tourner. Mais voilà, dès qu'il embarqua sur le chalutier, rien ne se passa comme prévu. L'intérieur du bateau était plus exigu que dans ses prévisions et il n'existait pour ainsi dire, aucune planque qui pût le dissimuler pendant des heures. Surtout pas les toilettes, ni la cabine du capitaine, encore moins les quartiers ouverts de l'équipage. La cale ? A ne pas y penser, l'endroit était compartimenté en caissons à moitié remplis d'eau de mer. Il devina qu'ils remettaient directement les Gomerlands dedans pour qu'ils puissent survivre encore longtemps.

                    Face à l’impossibilité de se camoufler, Loth dût revoir ses plans. Et c'est avec dépit qu'il se jeta à la mer. Suivirent alors près de deux heures d'une éreintante nage libre dans le sillon du bateau. Parfois, il se laissait tracter, accroché à une de ces bouées qui ornaient le flanc du navire, mais dès qu'un matelot s'aventurait trop près du bord, il lâchait son support et s'immergeait intégralement, évoluant sous la surface, émergeant de temps à autre pour respirer. Sans surprise, il se fit distancer à un moment par le bateau, écart qu'il rattrapa pendant l'heure que la Vague s’immobilisa pour pêcher. C'est donc fatigué, courbaturé par cette natation marathon qu'il avait déboulé sur le pont, à l'image de ces caricatures de héros des contes. Et Loth détestait les héros. Du moins ceux qui sauvaient pour le plaisir de sauver...

                    Les goupillons sphériques hérissés le frôlèrent au niveau du poitrail. Certaines piques accrochèrent son kimono et le déchirèrent au passage. Ce n'était pas bon, se dit-il en reculant précipitamment, l'allonge de cette arme était conséquente et qui plus est sur un théâtre aussi exigu que ce pont, ses mouvements étaient limités. Loth se savait diminué face à un adversaire en pleine possession de ses moyens. La moindre esquive élançait ses muscles tyrannisés par l'effort. Dante attaquait coup sur coup. La manipulation d'un fléau était dangereuse, tant pour l'utilisateur que pour l'adversaire. Des années étaient nécessaires pour en maitriser les arcanes, Loth avait vu certains des Moines Guerriers qui l'avaient élevé arborer de méchantes blessures à cause de cette arme. Quand les boules rasèrent son crane de si près qu'il sentit l'onde de choc lui hérisser les poils, Loth profita de cette ouverture pour attaquer. Mais à peine son bras s'était-il détendu que Dante imprima à l'arme un mouvement retour beaucoup trop rapide pour que Loth en pleine contrattaque pût l'éviter. En un battement de cœur, le Moine irradia du désir de vivre qui lui permettait d'invoquer la technique du Retour à la Vie. A défaut d'esquiver, il pouvait au moins encaisser cette attaque.

                    Les boules se fracassèrent contre son bras droit. En temps normal, elles auraient dû le réduire en miettes mais le Retour à la Vie lui avait permis in extremis de tonifier sa masse musculaire autour de son avant-bras. Le choc fut rude, Loth propulsé sur le pont, le bras dégoulinant abondamment de sang. La douleur était vive, fulgurante et écœurante. Ce bras droit était désormais inutilisable pour un moment, mais au moins n'était-il pas cassé. Haletant, il se releva, le bras supplicié serré près de son corps. Maudite nage... jura-t-il alors que son adversaire lui fonçait dessus sans répit. Dans un panier à crabe à ses côtés, il donna un coup de pied envoyant ainsi une myriade de crustacés sur Dante. D'une simple pichenette de biais, le fléau les écrabouilla répandant une giclée de carapaces et de chairs dans l'air. Il n'avait pas de lunette, contrairement à Loth qui n'eut pas besoin de se protéger la vue. Il en profita et en un coup de pied cisaillé, le gifla à la figure. Dante cira le pont et alla s'encastrer dans le bastingage près de la proue. Le Retour à la vie avait permis à Loth de muscler son pied et ainsi de délivrer plus de puissance qu'il n'en disposait réellement, lessivé et blessé comme il l'était. Cette attaque avait martyrisé au possible son bras.

                    Dante se releva, plus hargneux que jamais. Sur son front lacéré coulait des filets de sang. Plongeant la main dans une poche intérieure, il sortit un pistolet et fit feu. Ce n'était pas une arme normale, un immense flash avait précédé le coup de feu. Un flash dial, se dit Loth en sautant dans la mer sans réfléchir. Une douleur fulgura sa poitrine, juste au niveau de la clavicule droite lui indiquant que l'homme aux dreads avait fait mouche. Il coula sous la Vague, aveuglé par les douleurs combinées de son bras partiellement déchiqueté et de cette nouvelle blessure. Il avait toujours été un bon nageur, comme le prouvait entre autre son marathon, mais nager dans son état un supplice tel qu'il en avait rarement enduré. La douleur promettait de le faire glisser dans les limbes. Alors qu'il pensait ne jamais avoir la force de remonter, des bras s'enroulèrent autour de sa taille et le tractèrent vers la surface. La mort ? Non, pourquoi la Faucheuse le sauverait-il ? Eden, pensa-t-il en regardant le profil flou de son compère le remorquer. Ils émergèrent lentement près du flanc droit de la Vague. L'eau se teintait d'écarlate au fur et à mesure que le sang s'épanchait des blessures du Moine Hérétique. L'oxygène lui avait fait reprendre un peu de lucidité mais il fallait vite le soigner et retirer cette balle. Eden plaqua un doigt contre ses lèvres pour lui demander le silence, les yeux levés vers les bastingages. Des bruits de pas trahirent Dante qui faisait surement le tour du bateau dans l'espoir de les repérer dans l'eau.

                    Il fallait en finir rapidement, il en allait de sa vie, se dit Loth. Avec quelques signes, il fit comprendre à Eden qu'il nécessitait une diversion. Il hocha sa tête nouvellement chauve et fit quelques brasses vers la proue du navire puis donna un coup de poing dans la coque. Les pas au-dessus se précipitèrent vers l'avant et Loth en profita pour faire une nouvelle fois appel au Retour à la Vie. Déployant ses cheveux comme des tentacules, il s'en servit pour accrocher les parapets et se hisser sur le pont. Aussi silencieusement qu'un serpent se déplaçant sur un lit de feuilles de morte, il s'approcha de Dante occupé à inspecter les eaux proches de la proue. Quand l'homme de main le repéra, il était trop tard. D'un geste sec de sa main valide, Loth le désarma en envoyant son arme à feu dans la flotte. Un de ses tentacules capillaires s'empara du fléau qui trainait au sol. En un éclair, Le Moine imprima à l'arme un mouvement hélicoïdal puis l'abattit en un formidable coup au ras du sol. Le genou droit de Dante explosa en un poudroiement d'éclisses et de vermillon. Il émit une plainte déchirante avant de s'écrouler sur le pont où il se tordit en continuant de brailler. Une seconde fois, Loth balança le fléau d'armes, sur un coude cette fois-ci et il partit en charpie sanguinolente à l'instar du genou. Dante ne criait plus, la douleur l'avait fait sombrer dans l'inconscience.

                    - Désolé, marmonna Loth. Je n'avais rien contre toi, tu étais simplement sur mon chemin.

                    Sa main valide s'agrippa sur Navrée, Un Colt Winchester de collection, la seule arme à feu qu'il portait sur lui. Elle lui servait rituellement à achever les adversaires contre lesquelles il n'avait aucune dent. La seule balle que contenait le barillet fusa vers la tête de Dante au même moment où Loth basculait dans les ténèbres.
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                    - Restes avec nous ! dis-je à Loth, le rattrapant alors qu’il s’écroulait au sol

                    Dante venait de rendre son dernier souffle. Et Loth venait tout juste de s’écrouler. Son combat avait été particulièrement intense, et finalement je crois que je m’en tire bien avec ma coté fêlée ! En tout cas, respirer me fait un mal de chien. J’attrape Loth, et le place sur mon épaule. Heureusement que je suis pas mal costaud… Fausto a perdu connaissance, allongé sur le ponton. Pour ce qui est de ses deux pécheurs, ils moussent encore de la bouche.

                    Je me retrouve ainsi seul sur le bateau, avec trois cadavres et trois personnes ayant perdu connaissance… putain de merde. D’ailleurs, faut que j’arrête d’utiliser le mot bordel de merde à tout bout de champ.

                    Loth ne se réveillera pas tout de suite... tout comme les deux autres et Fausto. Ça tombe bien, j’ai encore plusieurs choses à faire.

                    La première est de – bien évidemment – mettre Loth en sécurité. J’entre dans le bateau, et cherche la chambre du capitaine. Chambre miteuse, bien évidemment, étroite et seulement pourvue d’un petit bureau et d’un lit. Tout semble vieux et dépassé, mais au moins Loth n’a pas à sentir l’odeur de poisson qui se dégage de cette pièce. Je pose Loth sur le lit, et le laisse dans les bras de Morphée.
                    Deuxièmement, vérifier que la marchandise est bien là. Je descends donc à la cale, grâce au petit escalier de fortune. Plusieurs caisses immergées dans l’eau trônent sur des étagères. Je descends dans l’eau, et avance tant bien que mal pour vérifier les caisses. Et…BINGO ! Je ne vois pas des Gomerlands, mais je vois… des MILLIONS. Des putains de MILLIONS ! Tel une puce, je remonte tout excité. J’essaye de réveiller Loth pour lui annoncer la bonne nouvelle, mais impossible de le réveiller. Boarf, au moins j’aurais essayé.

                    Maintenant, il faut transformer ce poisson en argent. Et pour ça, il n’y a qu’un seul moyen…

                    - Un deux, un deux tu me reçois ? Ici l’homme chauve.lança-je au Den Den posé près du gouvernail
                    - Oui, je t’recois bien petit !
                    - C’est bon, Les cochons de la bergerie sont morts.
                    - Pardon ?
                    - Le loup est entré dans la bergerie, et a mangé les cochons.
                    - Il n’y a pas de cochons dans une bergerie. Enfin, je suppose que c’est le signal ! rendez-vous à l’endroit d’ici une petite heure.
                    - Emmènes un toubib, on n’est pas tout frais. Fin de la transmission !

                    Voilà, notre contact commun a été prévenu. Il ne nous reste plus qu’à le rejoindre, et à lui donner la marchandise. Avant de mettre les voiles sur l’ilot du Commandant, je dois bien évidemment régler les derniers « soucis ». Premier soucis à gérer : Dante. Je retourne au cadavre, et lui fait les poches. Et oui, c’est comme ça qu’on vit dans la débrouille. Rien sur lui, si ce n’est une centaine de berrys et quelques balles. Je prends quand même pas de soucis pour moi. Et à la une, a la deux… et à la trois ! Je jette son corps par-dessus bord, et le regarde s’enfoncer au fond de la mer.

                    - La bise, enfoiré de mes deux.

                    Un de moins. Plus que trois. Tu parles d’une putain de corvée. Je retourne sur l’autre partie du pont, ou git mes anciens adversaires. Une balle dans la tête du premier. Une balle dans la tête du deuxième.

                    - ...aar…gh… espèc… [/i]balbutia Fausto, réveillé par les coups de feu.[/i]
                    - Désolé, c’est pour le boulot. Et j’adore ton tatouage !

                    Une troisième balle dans une troisième tête. Voilà, fin du jeu. Une fois encore, je passe les corps par-dessus bord. Avant vous les péchiez, maintenant vous les nourrissez. La vie est triste des fois !

                    1 heure et demie plus tard, sur l’ilot du Commandant

                    - Mais c’est que le petit a vachement grandit !
                    - Haha ça fait des années Dena ! C’était quand la dernière fois qu’on s’est vu ?
                    - Sur Las Camp, en 1622. Gustavo serait fier de toi s’il voyait ce que tu es devenu !
                    - J’espère bien…
                    - Ou est Loth ? tu as demandé un toubib, il s’est passé quoi ?
                    - Il se repose, il est blessé. On a retrouvé les pécheurs., et tu as derrière moi leur bateau. Ou du moins c’était leur bateau, on les a tous liquider. Et comme convenu, la marchandise est là.
                    - Ha ha je savais que ça se passerait bien. Et avec Loth, comment ça s’est passé ?
                    - Ça fait longtemps que je n’ai pas travaillé avec un mec aussi pro. Ca me rappelle l’époque des Dogs.
                    - Tant mieux petit. Je vais envoyer des hommes récupérer la marchandise, et Loth par la même occasion. Nous avons encore des choses à faire…
                    - Aucun problème, je dois rentrer voir ma mère de toute façon. On a foutu un sacré bordel, et ça fait plusieurs jours que je suis pas rentré, elle doit s’inquiéter.
                    - Arrêtes de rendre folle ta mère. On ta emmené un petit bateau pour que tu puisses rentrer, je te recontacterais pour le paiement.
                    - D’accord, d’accord. Merci pour le tuyau, je te revaudrais ça. Et lorsqu’il se réveillera, tu diras a Loth que je suis content d’avoir travaillé avec lui.
                    - Pas de soucis petit. Tant que tu travailles bien j’aurais toujours des affaires pour toi. Prend soin de toi et de ta famille !

                    Je lui souris en retour et m’éloigne. Je n’ai pas pu dire au revoir à Loth, j’espère qu’il ne m’en voudra pas. Sur mon petit bateau, avec ma cote abimée, j’essaye tant bien que mal de rentrer. Putain d’aventure… MAIS JE SUIS MILLIONNAIRE !!!