[Présent - Solo] - Inépuisable.

Précédemment.

Je suis encastré dans un mur, l'air abattu. C'est Lilou qui va pas être contente. C'est elle qui a refait mon ossature et bidouillé l'intérieur de mon ventre. Mon corps est meurtri par les coups de Galowyr. Perde face à un maudit Logia... Si jamais je le recroise, j'hésiterais pas à le dérouiller pour de bon! 'Fait chier, je l'ai laissé filer. Impossible de savoir où il est maintenant. Son Fruit est trop puissant. J'imagine même pas les dégâts qu'il peut faire ailleurs dans la base. Je plains les soldats. Mais il perd rien pour attendre, je le retrouverais, tout à l'heure ou dans dix ans. Qu'importe, je lui ferais la peau!

Là, 'faut d'abord que je récup' un peu et que je ramène le peu de discipline qui nous reste dans le hangar. C'est le chaos partout! Ou presque. Je me tue à dire à mes hommes que c'est un facteur important qui nous mène à la défaite quand on se retrouve dans une boucherie comme ici. Bordel, toute cette bataille me gonfle! Mes yeux se posent partout et nulle part à la fois. Je sais même pas par quoi commencer. Et le pire, c'est que je pige que dalle! Pourquoi y'a tant de pirates dès le matin? Et surtout, pourquoi ils viennent s'écraser sur nos défenses? Mais merde, quoi!! Y'a mieux comme mort, franchement. Ça éviterait pour ceux qui voulaient pioncer tranquillement de se retrouver projetés dans un conflit à la con... Je suis sur les nerfs.

D'un coup, un boulet vient vers moi à la manière d'une balle perdue. C'est inévitable. Je suis trop encastré dans la roche et des débris s'entassent devant moi. Je repense alors à l'enseignement d'Oko au sujet du Soru. Malheureusement, dans le feu de l'action, j'ai pas trop le temps de tout me rappeler comment faire exactement ou d'agir tout simplement. Ah ouais, taper du pied... Je commence alors dans l'empressement à bourriner le sol aussi vite que je peux, mais à cause de la fatigue, c'est peine perdue. J'en suis même pas à cinq frappes que la boule d'acier me percute de plein fouet. Et sans Tekkaï, ça fait super mal! C'est pas assez pour m'achever, mais assez pour me démonter la face. Je crache du sang. Un fumée noire s'installe rapidement autour de moi. Je hurle plus pour la honte et la haine que pour la douleur.

À me regarder, je suis bon pour la casse, et ça, je le supporte pas! Adieu le Baal que j'étais... Machine de merde! Je ressemble à rien!! Mon vieux en rajouterait certainement une couche s'il me voyait.... Ça me déprime rien qu'en y pensant. Juste parce que j'ai pas réussi à faire la technique du Roku' je sais plus où j'en suis... Ça me blase! Que va me dire Gabrielle? Mes hommes? Si je me bats pas pour eux, qui va le faire? Bordel, le pire c'est que je me sens bien là où je suis. La fumée se dissipe. Pas de chance, je dois retourner au combat. Une voix bien reconnaissable vient me le rappeler. Merci les copains...

▬ Baal?! Qu'est-ce tu fous, mec? Arrête de te la couler douce et viens ici! On est là pour casser de la vermine, alors bouge-toi! Aller, mon vieux! On a du pirate sur la planche!!

Sérieux, il va pas s'y mettre, nan? C'est John S. M^cGaugh, un Commandant d'Élite qui assure dans son domaine. C'est un pote que j’ai connu à Inu Town sur North Blue à l’époque où on était que de simples soldats. On s'était perdu de vue un moment, puis, on s'est croisé une fois par hasard. 'Con qu'il soit pas mon supérieur. Il dirige une autre section d'Élite, alors bon... 'Fin bon, une autre, c'est vite dit vu la pagaille à bord. Quoique... Il mène justement sa troupe dans de meilleures conditions que ce que j'ai pu voir y'a deux minutes. La bonne ambiance et la discipline sont là.

Il a raison, 'faut que je me bouge. Le bordel est de plus en plus monstre. J'arrive pas à discerner quel groupe prend l'avantage sur l'autre. Y'a autant de casses dans le camp rouge que bleu. La misère. Et je parle pas de ceux qui râlent et qui se plaignent. Y'en a qui pleure leur maman. D'autres sont complètement paumés et galèrent. Puis y'a ceux qui gèrent sa mère. 'Sont pas des masses. Un soldat déboussolé ayant perdu son unité et à moitié en sang me voit. Il s'adresse à moi, la pointe d'espoir dans les yeux.

▬ Lieu... Lieutenant... Aidez-moi. Qu'est-ce que je dois faire?

L'idiot! Il voit pas que je suis autant mal au point que lui?! Putain!! Y'a que des pleurnichards dans cette foutue base ou quoi? Où sont les fiers marins de la G8, bordel? Où sont les braves militaires censés mettre une dérouille à l'ennemi? Mais merde, les meilleurs se sont barrés?? On doit tout faire ici, ma parole!!! Ça commence à me gonfler sérieusement. Je sens qu'il va falloir tout reprendre. J'imagine même pas le boulot de fou... 'Fait chier. Ma voix est menaçante et sévère.

▬ Survivre, corniaud! Survivre!! Et arrête de pleurer, putain!

Un regard rouge et une aura sombre se dégagent de moi. Je ressemble plus à une bête impitoyable et folle de rage. Un monstre endiablé est en train de prendre possession de moi. Les guerres donnent parfois des trucs ignobles, dont moi. Pour sûr, les survivants seront plus les mêmes. 'Suffit de me regarder... Et savoir que certain de mes hommes ou même ce débile en face de moi s'en sortiront pas me rend dingue. Monde de merde, vie de merde. 'Fin bon, j'ai toujours survécu jusque là et c'est pas maintenant que je vais clamser. Non, une fois de plus, je vais tout donner pour tenir jusqu'au bout. Pour moi, pour Gabrielle, pour mes hommes.

Mes bras en avant, je dégage les débris avec frénésie et sans considération pour les éléments autour de moi. Je tiens toujours dans ma main les menottes en Granit Marin qui ont servi à frapper Galowyr. Je sors de mon trou avec une volonté de fer. Plus question de se morfondre. Le soldat est jeune et me dévisage. Il réalise maintenant que le Lieutenant d'Élite qu'il a appelé à l'aide est rien d'autre qu'un homme plein de haine. La peur se lit dans ses yeux. Il avale sa salive et me répond péniblement.

▬ C'est... C'est ce que je fait, Monsieur... C'est ce que je fait...

Je dois comprendre qu'il est le dernier survivant de son unité. 'Faut dire qu'on perd rapidement de vue ses copains de service et qu'on se retrouve seul très facilement. Je dévisage alors le jeune. Ouais, c'est qu'un chiot de la Régulière et rien qu'en le regardant, il me donne envie de gerber.

▬ 'Va falloir que tu en fasses plus, soldat. Tu veux te rattacher à ma section? Alors combat ta peur! J'accepte pas les trouillards.
▬ Je veux juste rentrer chez moi...
▬ T'es un Marine ou une tafiole, putain?

Évidemment, on peut pas parler tranquillement qu'un groupe de forbans se ramène. 'Sont un peu moins de dix. 'Doit y avoir un bout éparpillé. Un capitaine est à la tête et hurle les ordres.

▬ En avant! Personne ne doit rester sur notre chemin!!

Et aussitôt, le meneur nous tire dessus avec un gros canon. D'instinct, je me place pour intercepter le projectile pendant que jeune soldat se recroqueville tant la peur le saisi. Sale type de la Régulière! Même pas foutu de faire son boulot... Le boulet est renvoyé au loin. Les pirates sont étonnés de me voir encore dynamique, l'un d'eux s'exclame.

▬ Attention, chef! En voilà un dur.

Et pas qu'un peu. J'abandonne vite-fait le pauvre petit soldat à sa maman et je me rue vers eux pendant qu'il est encore temps. Tout en plaçant mon bras droit en arrière, j'ordonne au jeunot de se remuer.

▬ Bouge-toi le cul et massacre-les!!

Pauvre type. Il est tétanisé. Sombracier, mon bras mécanique, vient percuter de plein fouet le capitaine. L'acier s'écrase dans sa face, séché. Très vite, l'équipe se désorganise. Y'en a qui tente de passer derrière moi pour aller dérouiller le Marine ou poursuivre leur avancée hors du hagard. D'autres, des genres de lèche-botte, crient de panique.

▬ Noooon!! Capitaine!

Je donne un revers de bras avec Sombracier vers eux, ce qui en éjecte trois d'un coup. Là, c'est comme ça qu'il faut faire. 'Faut pas éprouver de la pitié. J'ai fait l'idiot avec Galowyr et maintenant je le regrette. Frapper, cogner, baffer, dérouiller, malmener, voilà ce qu'un bon soldat du G8 doit faire à ces chiens. Et moi, je m'en donne à cœur joie. Jamais j'ai eu autant envie de meurtres, jamais j'ai fait preuve de telle violence. D'un coup d'épaule, je bouscule un pirate pour le mettre à terre et j'enchaîne avec un poing sur le suivant. En un éclair, il en reste plus rien. Même pas ceux qui se sont faufilés derrière moi. Alors en me voyant déglinguer tout ce petit monde en deux temps trois mouvements, le jeune soldat ramène sa bouille, l'air beaucoup plus rassuré. Il m'adresse la parole avec un ton remplie d'admiration.

▬ C'est d'accord, Lieutenant. J'arrête de paniquer et je vous suis.

Bon, 'faut que je retrouve ma troupe maintenant ou que je m'en reconstitue une, ce qui sera pas de la tarte. Mais en donner, ça je sais faire. Étrangement, de mon côté, ça reste calme. Ça doit être la défense derrière qui arrive à faire blocus. Des corps s'empilent sur sol ensanglanté. Et plus j'avance vers l'avant du hangar, plus y'en a. Mort ou mourant, c'est pas beau à voir. Ça pue, c'est ignoble. Les survivants ont aucun égard pour les malheureux à l'agonie. Côté pirate ou côté Marine, c'est le même topo. Chacun lutte pour lui-même. Quelques-uns arrivent cependant à faire de l'héroïsme au milieu du chaos. J'espère que mes hommes y sont. Je retrouve John sur le champ de bataille en train de cogner du monde, aidé par ses fiers hommes. Inépuisable. Il semble même avoir encore la pêche tout comme sa troupe. Je sais pas si je dois en être jaloux ou si je dois redoubler mes efforts pour faire comme lui. Et dire qu'à l'époque de notre jeunesse, c'était l'inverse... Maintenant, après Oko, c'est l'homme que je respecte le plus dans l'Élite. En me voyant, il me donne des ordres.

▬ Ah! C'est pas trop tôt. Tu piquais une sieste ou quoi? Allez, grouille-toi de me baffer tout ça! C'est de pire en pire!!
▬ Ouais, ouais, ouais. À tes ordres...

Vrai qu'il y'a plus de pirates d'un coup. Pendant que mon ami fout des torgnoles à la pelle en compagnie de ses soldats, je me lance à mon tour dans la mêlée. Quant au type avec moi, hésitant au début, il finit par échanger des coups de sabres avec un adversaire. Il a pas le choix, le pirate lui est tombé dessus. Petit à petit, je retrouve mes forces. Je profite alors de l'occasion pour essayer d'assimiler les techniques du Roku'. Je maîtrise le Tekkaï depuis quelque temps et j'ai réussi à faire un Ran Kyaku contre Galowyr tout à l'heure. Je suis sur la bonne voie. Je suis sûr que dans le feu de l'action, j'arriverais à sortir un Soru ou un Shigan. Je suis persévérant!

Au lieu de former un poing avec mes doigts, je tends l'index et je perfore aussi vite que je peux. Je me suis entraîné des jours durant à faire cette technique contre de la roche, alors j'espère que ça va bien y aller. La chair est plus moue que de la pierre, non? Alors pourquoi j'y arrive pas, bordel?! Mes frappes font juste reculer mes adversaires qui se moquent de moi. Même John trouve que je fais de la merde.

▬ Oublie le Shigan, Baal. On a pas le temps pour apprendre ça. Et viens m'aider plutôt!

Certainement pas. Je continue avec plus de hargne. Quand ça m'énerve trop, je fous une frappe titanesque avec Sombracier. Il le sait pourtant que je suis une vraie tête de mule. Que je sois sous ses ordres ou non, ça change pas. Je vais pas laisser l'aubaine me filer entre les doigts. Je veux m'améliorer aussi longtemps que je le pourrais afin de surpasser Oko. Si je ressors pas de cette bataille vivant avec plus de forces qu'avant alors je suis une vraie merde. Je gueule ma réponse tout en défonçant un type.

▬ Tu te débrouilles déjà bien sans moi. Je suis une tarlouze à côté de toi. Surveille mes arrières plutôt, car je vais aller cueillire du pirates là-bas!

Quelques soldats de son unité rigolent. 'Doivent pas avoir l'habitude. Une nouvelle vague de criminels se fait ressentir. Des hommes armés jusqu'aux dents pénètrent le hangar et massacrent les Bleus complètement dépassés par cette arrivée soudaine. Drapeau à la main et sabre de l'autre, un des forbans prend le relais de Galowyr pour encourager et indiquer la marche à suivre. Constatant qu'on risque d'être dans la mouise, ça peut que me retourner de l'intérieur. Mais merde, quoi. 'Faut toujours tout faire ici. J'aurais super honte si demain dans le journal je lis que Navarone n'avait pas été fichu de se défendre. Le G8, fier fleuron parmi toutes les bases de la Marine, le Q.G. le plus imprenable! Où sont tes fervents soldats? En miette! Ça me répugne.

▬ Et que foutent les planqués, bon sang? 'Sont pas là pour coordonner tout ce chaos?! De l'organisation qu'il nous faut! De l'orga'!!
▬ Je croyais que tu étais du genre à t'enficher de tout ça et que tu préférais foncer dans le tas comme un bœuf pour démolir en premier nos adversaires.
▬ Ouais, bah là, ça fonctionne pas. 'Faut remettre de l'ordre dans ce bordel. Je répète toujours à mes hommes que le CHAOS est notre premier ennemi. Alors hors de question de rester plus longtemps dans ce bazar.

Bien sûr, c'est pas évident de tout sortir les mots, car y'a toujours et toujours des pirates qui se ramènent. Comme des mouches. À croire qu'ils spwanent à chaque fois qu'on en déglingue un. Je perds du temps en restant aux côtés de John et son unité. Y'a mieux à faire là où j'ai dit. C'est un Commandant d'Élite respectable sachant mener des hommes disciplinés vers la victoire, alors il vaut bien trois fois moi. 'L'est temps de partir.

▬ Je compte sur toi pour tenir ta position. 'Faudrait les prendre par sandwich...

C'est pas compliqué, le hagard, c'est une énorme boîte ouverte à l'avant où sont situés les docks et la jetée. À l'intérieur, en arrière, y'a des cales sèches, du matos nautique en grande quantité, des sacs de sables empilés maladroitement et des défenses provisoires. À même le mur rocheux, y'a que la structure métallique et zéro canon. Les pièces d'artillerie sont autour du pilier central et sont pointées vers la baie. Ceux en face de nous dans la partie périphérique crachent déjà l'Enfer sur les pirates pris en sandwich. Y'a rien d'orienté vers le hangar. 'Faut qu'on se débrouille sans les défenses classiques. Et pour ça, j'ai peut-être la solution. Situés en première ligne, deux cuirassés Marines à quai essuient toujours les feux croisés depuis le lancement de l'assaut. Aucun pirate a eu l'audace et le courage d'aller les couler. C'est une aubaine, car on peut encore s'en servir! 'Faut dire qu'ils sont imposants et lourdement armés. Malheureusement, ils sont inoccupés. Sur les côtés et en face d'eux, des navires pirates de toutes sortes s'entassent les uns contre les autres. Et de ces bateaux d'infortunes découlent en masse la bêtise humaine. Couillons d'hors-la-loi...

Alors que je me dirige vers l'entrée de l'autre côté où je suis, soudain, un vaisseau de moyenne taille vient heurter le dock. Il fait pâle figure devant les cuirassés. À la proue, un homme vêtu de violet et accompagné par d'autres larbins se tient fièrement debout, le sabre et le pistolet banane dans ses mains. Derrière lui, un type lambda porte assurément leur couleur. Je reconnais le pavillon, ce sont les Méchants-Pirates. Le capitaine hurle à ses hommes et à ses autres frères d'armes des ordres.

▬ En avant, les gars! Pour Red et les Libres Pirates!! Détruisez cette foutue base!!!

Sortant de derrière lui, une Femme-Poisson tentaculesse saute depuis le pont et écrase littéralement des soldats en contre-bas sur le quai. Les Marines autour d'elle s'écartent, la peur dans les yeux. La pirate intimide alors les Bleus.

▬ Tremblez, bande de cloportes!! Les Méchants-Pirates vous ne laisseront pas de cadeaux!

Aussitôt, elle donne des coups dans le vide avec ses mains en direction des militaires. De ses extrémités sortent des flèches d'eau mortelles perforant les soldats en fuite.

▬ Yabusame!!

D'habitude, je suis du genre à avoir rien à foutre des autres, mais là, je peux pas laisser ça. Les aptitudes des Hommes-Poissons sont vraiment impressionnantes, mais mes techniques de combat sont beaucoup plus dévastatrices. Et je m'en vais le lui montrer de ce pas. Alors sans sommation, je tire un boulet de canon vers elle pour la calmer. La boule d'acier fuse à toute vitesse jusqu'à ce que par enchantement, sa trajectoire change sans raison et poursuit sa course vers d'autres Marines. Bordel, c'est quoi ça?!

▬ Tu n'as pas froid aux yeux en t'attaquant directement au "Kraken", gamin.
▬ Pour un gamin, cccccce Marine est bien t'aillé, capitaine. Tu ferais mieux de faire attention, il ssssss'agit du "Briseur de Rêves"...

C'est un homme élancé et vêtu en habit de cérémonie qui s'adresse à son capitaine. Sérieux? Sur le champ de bataille, il a le culot de venir comme ça?! Mon œil de cyborg me détecte deux utilisateurs de Fruit du Démon. Je comprends maintenant comment le boulet a été dévié. Saloperie Fruit du Détour! Je serre le poing, la rage montant en moi. J'ai pas le temps de bouger que la Femme-Poisson me percute de plein fouet d'un puissant coup d'épaule. Je l'avais zappé celle-là! Je commence alors à décoller en arrière, mais elle rajoute une couche. Le bras droit en arrière, elle me donne un coup de poing magistral produisant une onde de choc importante. Je sens mon torse d'acier se tordre un peu sous l'effet de l'onde. Le souffle balaye tout autour de nous et me voilà projeté loin dans les airs.

▬ Umidaiko!!

Alors que je voyage vers le fond du hangar, le capitaine donne ses instructions à ses nakamas.

▬ "Briseur de Rêves" ou non, allons-y maintenant! Souvenez-vous, nous sommes là pour aider Red. Alors ne le décevez pas. Désorganisez les rangs adverses!
▬ Avec plaissssssssir, capitaine.
▬ Ce n'est pas un Lieutenant d'Élite qui m'entravera la route.
▬ Je n'attendais que ça! MASSSSSSACRE!!!!
▬ Partez devant, je termine mes potions.
▬ Que la fête commence!

Alors eux, je vais me les faire! Et maintenant! Quitte à être au dessus tout le monde, autant essayer de faire un Geppou. Je tape rapidement du pied pour durcir l'air et pouvoir me tenir dessus, mais c'est peine perdu, je m'écrase en plein milieu des pontes. Ces derniers s'écartent à temps en me voyant arriver. Merde, je crois que je suis le malvenu. Mon atterrissage catastrophique déglingue le matériel en place. Je tombe pile entre le sol et le mur. Un gros cratère. J'ai dû utiliser un Tekkaï pour éviter de me démolir encore plus. Malheureusement, c'est le matos qui a pris cher. Je relève alors, titubant presque et dévisageant les gradés. 'Fin, le peu qu'il y'a...

▬ Euh... Salut?

Je passe ma main gauche derrière la tête, les menottes en Granit Marin encore fermement empoignés, l'air gêné. Moi qui me plaignais d'eux... Voilà que je peux exprimer mon dégoût de la situation. Les planqués s'indignent en me voyant.

▬ Putain! C'est quoi, ça?!
▬ Encore un de l'Élite qui s'amuse...
▬ Retourne au combat faire ton boulot, soldat. On a pas le temps pour des conneries.

Pas moyen, je suis obligé de poser ma gueulante, là. C'était impossible de contrôler ma trajectoire et on me crie dessus comme du poisson pourri? 'Manquent pas de culot, ces zigotos-là.

▬ Vous rigolez ou quoi?? J'aimerais vous y voir, moi! Y'a rien de structuré dans les rangs, y'a plus personne pour mettre de l'ordre à part peut-être le Commandant M^cGaugh. C'est le foutoir total parce que vous êtes pas doués pour établir un plan qui tient la route. Les pirates font des percées de partout. Si ça continue, le hangar sera bientôt à eux...
▬ Retient ta langue, tu parles à un Colonel.
▬ Mais? C'est la boite de conserve... Tu as entendu, tas de ferrailles? Laisse-nous travailler.
▬ Que dalle, ouais! Je retourne pas sur le terrain baffer du pirates à la pelle si de l'autre côté ça spawn le double. 'Faut faire quelque-chose et maintenant. Couler ces navires, faire un blocus imparable! Qu'ils arrêtent de s'engouffrer dans notre hangar.
▬ Et tu comptes sacrifier des hommes pour arriver à faire ce miracle irréalisable?
▬ N'écoutez pas cette machine à laver inutile, Colonel Lewis. Ça se saurait s'il savait faire de la stratégie. Ce n'est juste qu'un incapable.

Je l'avais oublié celui-là. Lieutenant d'Élite Spiegermann G. Freidrich. Il est encore dans la Marine?! Le pire, c'est qu'il mérite même pas son grade. Ça me répugne! J'ai croisé ce con quand j'ai débarqué à Navarone la première fois depuis mon retour du Ciphel Pol et cet enfoiré a trouvé drôle de me faire une farce en m'envoyant sur le mauvais navire en partance pour je-ne-sais-où. C'est le genre de type qui méprise les autres. Insupportable. Je peux pas le piffrer et lui non plus. Mon regard est noir.

▬ Je vous ai prévenu. Maintenant, si on perd un nombre incalculable d'hommes, ça vous regarde que vous. Je vais faire mon taf à ma sauce et personne viendra m'en empêcher.

Les gradés s'insurgent et me blâment. Je fais pas attention à eux. J'attrape une autre paire de menottes en Granit Marin et je choppe par la même occasion le Den Den Mushi relié aux haut-parleurs. La situation a empiré. Les Méchants-Pirates en compagnie d'autres forbans écrasent les soldats. D'ici, j'arrive mieux à voir tout le tableau. Je repère également les Sergents Newgate et Lyons, des sous-off' à moi. Ils sont pas trop loin. L'extérieur se trouve en face de moi, le visualise mieux la forme du hangar. J'ai déjà ma petite idée. Si seulement je maîtrisais le Geppou... Tant pis, je sais comment faire. Je vais utiliser tous les hommes à ma disposition. Je hurle alors au travers de l'escarophone.

▬ À tous les hommes à l'avant du hangar. Ordre du Colonel Lewis, repliez-vous dans nos cuirassés et éloignez-vous des docks! Dépêchez-vous!! Que nos bâtiments crachent l'Enfer sur ces saloperies pirates!!!

Pour sûr, ça va gueuler derrière, mais ils avaient qu'à ce bouger aussi. J'embarque alors le pauvre animal avec moi pour empêcher les irraisonnables d'annuler mon commandement. Je me dirige ensuite vers le premier groupe de Marines pendant que je me fait courser par Freidrich. Les Bleus sont en train de tirer avec des canons portatifs sous les ordres d'un simple Lieutenant de la Régulière. 'Faut dire qu'à l'arrière, on reste encore assez bien protégé. Sans me soucier de mon poursuivant, j'interpelle l'officiers subalterne.

▬ Hé! Toi!
▬ Lieutenant?
▬ Concentre tes tirs sur la paroi rocheuse au-dessus des navires ennemis!
▬ Hein?! Mais? Nos cibles sont en bas...
▬ Conteste pas ce que je dis et exécute, corniaud!
▬ Je te l'interdis, Lieutenant!
▬ Lieutenant?!

Freidrich est derrière moi. Il s'apprête à m'attraper. J'arrête alors ma course. Net. Je me retourne. Sombracier bien tendu, j'assène un puissant coup dans sa face, lui enfonçant le nez et lui démolissant sa mâchoire. Il s'attendait pas à recevoir ça, K.O. Le Marine pige pas ce qu'il se passe et me regarde avec une certaine peur.

▬ Qu'est-ce que vous avez fait?! Vous êtes malade??

J'ai pas tué Freidrich même si je le souhaite vivement. Je l'ai juste maîtrisé le temps qu'il me laisse tranquille. L'autre couillon me dévisage comme si j'étais un traite. De mon regard sombre, je le fais comprendre que je lui ai donné un ordre. Impuissant face à moi, il s'exécute. Il s'adresse alors à ses hommes.

▬ Vous avez entendus? Pointez-moi vos canons vers le plafond, juste au dessus des navires ennemis.

Aussitôt, les Marines font ce qui est demandé sans poser de questions. Les boulets fusent alors vers la paroi rocheuse et explosent. Ça fait vibrer les installations mécaniques qui forment la charpente du hangar. Perplexe, le Lieutenant me questionne.

▬ Vous êtes sûr de ce que vous faites?? On dégomme notre base, là.
▬ Et pas qu'un peu! Continue et observe le professionnel rentrer dans l'action.
▬ ...
▬ En attendant, bombarde autant de fois qu'il le faudra cette zone. T'arrête pas tant que tu me verras pas à l'œuvre. Ensuite, tu reprendras tes tirs de couverture. Capiche?
▬ À vos ordres, Lieutenant.

Non loin d'ici, les Sergents Newgate et Lyons massacrent des pirates à la pelle et parviennent à mettre un terme à l'avancée des forbans de ce côté-ci. Je suis en joie de les voir encore en vie. Je leur ai demandé peu avant de m'être battu contre Galowyr d'aider une troupe. Après, je les ai perdu de vue. Je les interpelle alors tout en faisant un signe du bras.

▬ Owen. Karen. Venez me voir. J'ai besoin de vous maintenant.

Les deux se retournent d'un coup en reconnaissant ma voix. C'est le Sergent Karen Lyons qui me répond, une blonde. Elle est un peu la maman de l'équipage. Tout le monde l'aime. 'Faut dire qu'il y'a pas des masses de nanas à bord, alors pour sûr que les hommes en sont vite gaga. Elle est dans l'équipage avec sa sœur Rebecca depuis pas trop longtemps. Elle a participé qu'à une traque. Elles sont les préférées de l'équipe. Karen est pas du genre à parler comme un garçon, mais 'faut dire qu'elle en a dans le pantalon. En plus, elle se relève toujours. Elle se bat avec un énorme marteau de guerre. Je crois qu'elle m'aime bien.

▬ Lieutenant?! Ça fait plaisir de vous revoir! C'était vous dans le haut-parleur??
▬ Pareil. J'ai besoin de vous.

À côté, le Sergent Owen Newgate s'agite en me voyant. Il a la boule à zéro et porte un bandana. Il est du genre grognard, mais pas méchant. Il est un peu bête sur les bords et il confond énormément les expressions, mais question combat, il assure. Il se bat avec une méga grosse ancre de navire. C'est souvent Karen qui le corrige. Ils sont souvent ensemble dans la mêlée. Et là, ils forment un duo de choc comme pas possible. Je m'adresse à mon mastoc.

▬ Est-ce que tu peux nous éjecter en direction du plafond au-dessus des navires pirates, Karen et moi?

Il fait un peu moins ma taille. Il me regarde, puis, tourne la tête vers sa collègue. Finalement, il me sort une réponse.

▬ C'est loin et c'est haut, mais c'est faisable.

Je pose ensuite une question à Karen.

▬ Et toi, te sens-tu capable de m'envoyer encore plus loin quand on sera dans les airs?
▬ Bien sûr, chef!

Sans plus attendre, on se met en position. Owen nous prend par ses gros bras et se concentre. Il gonfle ses muscles et réunie toute sa force. C'est un contre-temps à prendre qui sera vite comblé. D'un coup, comme des ressorts, ses membres nous propulsent dans les airs. La vitesse est suffisante, on évite les tirs des pirates qui cherchent à nous intercepter. À mi-parcours, Karen se met en position et donne un coup de marteau de la même façon qu'un club de golf au niveau de mes pieds.

▬ Strike!!

La force du coup m'éjecte encore plus loin et plus haut pendant que Karen commence à chuter dans la flotte. Je place alors mon bras droit en arrière. L'endroit que je vise est toujours bombardé par les boulets du Lieutenant. Au-dessus de moi, la roche s'effrite et se fissure. La structure métallique se détache et explose. Ça vibre de partout le long de la paroi. J'ai qu'un objectif. Je m'approche alors de plus en plus. C'est inévitable. Au dernier moment, j'abats violemment Sombracier en avant, l'embout s'enfonçant dans la pierre comme dans du beurre, toute la force de mon être traverse mon membre et se répercute dans la montagne. Je délivre alors pile à ce moment-là une explosion d'air, ce qui a pour effet de tout souffler à l'impact.

▬ Aero Impact!!

C'est ça être de l'Élite. Prendre des risques et avancer. Le tremblement se fait ressentir partout dans le hangar. De gros blocs de pierres se détachent du pilier central par dizaine, des débris en métal, de la terre, et des gravats de toutes les tailles dégringolent en-dessous, exactement là où de nouveaux pirates débarquent, là où leurs vaisseaux s'entassent. Un bout de la montagne s'effondre sur eux, le ciel leur tombe sur la tête. L'éboulement est colossal et écrase tout ce petit monde en bas. Peu à peu, les cailloux bouchent l'entrée et nous barricadent définitivement.

Et pendant ce temps-là, je tombe. La Mort me tend les bras. J'ai vraiment peu de chances de m'en sortir. C'est pas tant la chute que je crains, c'est plus finir broyé au milieu des décombres qui m'inquiète. Et pour ça, j'ai pas trente six milles solutions. C'est une question de survie! Je repense à l'enseignement d'Oko. Je veux pas mourir après un exploit remarquable. J'ai une femme qui m'attend!! Pour elle, pour mes hommes, je frappe le vide autant de fois que je peux, aussi rapidement que possible. Des pierres m'éraflent et me percutent. Je reste concentré et je continue à bourriner l'air. C'est dans les pires situations de crises qu'on avance et qu'on apprend.

▬ Geppou!!

Aller, bordel! J'ai pas survécu durant tant d'années pour finir pitoyablement écrasé entre les roches. Je refuse de mourir maintenant! Je redouble mes efforts. Je m'arrêterais pas tant que j'ai pas l'astuce.

▬ Geppooouuuuu!!

Encore un peu, j'y suis presque. Je suis à dix mètres des premières pierres et des navires en lambeau. Neuf, huit, sept, six, merde, trois...

▬ Geppooooooooouuuuuuuuuu!!

Dix centimètres. Je marche péniblement sur l'air, mais je marche! Et d'instinct, je m'éloigne de l'éboulement sans pour autant échapper aux pierres qui me tombent sur le coin de la gueule. Je suis sauvé! Finalement, le Geppou, c'est pas si compliqué. Tout comme le reste du Roku', d'ailleurs. Dans le principe en tout cas. J'espère qu'entre-temps les soldats sont bien allés dans les cuirassés se mettre à l'abri. Y'aura certainement des morts côté Marine à cause de ce que j'ai fait, mais j'estime que les pertes sont minimes. J'ai créé une barricade seulement à l'endroit où ça pullulait des pirates par centaine. Maintenant, il y'a plus qu'à faire du nettoyage depuis l'intérieur et veiller à ce que plus aucun entre ou sorte d'ici!! Je pense avoir évité la casse et minimiser les pertes humaines. La survie des soldats dépend plus que d'eux maintenant. De là-haut, ça me permet d'avoir une vue d'ensemble et mieux visualiser la scène. Globalement, grâce à mon intervention, les forces de l'ordre reprennent l'avantage, mais ça empêche pas certain forban de se distinguer comme ces Méchants-Pirates. Les hommes de Red sont verts de voir la situation se retourner contre eux, les Bleus reprennent courage et les planqués deviennent rouges de colère.

▬ Quel carnage! Ce type est fou!! C'est un danger autant pour nos ennemis que pour nous. À cause de lui, je risque d'être remplacé et d'être affecté dans l'administration.
▬ Au pire, tu risques d'être relevé de ton commandement...
▬ Commence pas, toi. C'est suffisamment affligeant comme situation...
▬ Désolé. En tout cas, on va avoir un mal de chien à réparer ses bêtises.
▬ Moi, je ne suis pas d'accord avec vous. C'est comme une hémorragie. Tant que la plaie est grande ouverte, le sang se déverse à n'en plus finir. Là, c'est pareil. Tant que l'accès au hangar est facile à entrer, le flux de pirates continue à déferler sur nous. Maintenant que nous sommes barricadé, la victoire est nôtre.

Freidrich revient voir les pontes qui arrivent pas à se mettre d'accord pour un oui ou pour un non. Le Lieutenant d'Élite a l'œil au beurre noir, le nez enfoncé et ensanglanté. Il est pas d'humeur et pense sérieusement à rentrer dans l'action à son tour. Il veut montrer qu'il est plus dur que ses autres collègues de l'Élite, autant pour dévaloriser mon acte héroïque que le glorieux John qui reste toujours débout sur le terrain depuis le début.

▬ Fette fatané boîte de conferfe me le payera.
▬ Arrêtez de vous plaindre, Lieutenant Spiegermann et venez nous aider à trouver un moyen de mettre un terme à tout ceci.
▬ Il faut sécuriser ces brèches là-bas et là-bas.
▬ Impossible. On ferait mieux d'utiliser tous nos moyens à notre disposition. Les Méchants-Pirates commencent à remonter le courage à ces forbans de malheur...
▬ Fe n'aime pas fe que fe vais dire, mais maintenant que nous fommes barricadés, fe dois avouer que la tactique de Baal, femble être le mieux.
▬ Oh, vous de l'Élite! Vous n'avez pas mieux que de foncer dans le tas...
▬ Comme le disais l'Amiral-en-chef Akainu, il faut frapper en premier et en dernier.

Laissant les pontes perdre du temps entre eux, je me concentre sur moi. Bon, en tant que Lieutenant d'Élite, je me dois d'être à la hauteur des attentes d'Oko. 'Va falloir me montrer indépendant, inventif, futé et sans pitié. À la guerre, ce qui est important, c'est d'atteindre son objectif, le reste est qu'un détail. Alors ouais, je regrette pas ce que j'ai fait. Je crois toujours en la loi du plus fort. Si des Marines étaient morts à cause de moi, c'est parce qu'ils étaient pas assez entraînés. Rien de plus. En toute logique, s'ils avaient la force de se battre et la volonté de survivre à chaque fois, ils clamseraient pas aussi facilement. Et je parle autant pour les soldats d'Élite que ceux de la Régulière.

Du haut de mon perchoir, je vois la situation s'aggraver. Freidrich se lance seul sur le terrain comme un bœuf et fait parler sa toute-puissance, John et sa section se confinent maintenant dans l'un des cuirassés, Owen lutte contre le Capitaine des Méchants-Pirates et Karen engage le combat contre Médusa. Cette dernière fait déferler sa violence sur ses victimes via ses techniques de Karaté d'Homme-Poissons et la blonde semble être submergée. Il est temps pour moi de mener les soldats à la victoire, j'en vois beaucoup encore désorganisés et en train de perdre espoir. Je me dirige alors vers des Marines se battant péniblement contre Sparrow Jango assis sur son lion Moufassa. Il s'agit du nouveau chez les Méchants-Pirates. Encore un con qui se croit dur. Je vais lui montrer ce qu'il en est, moi. D'un tir avec mon canon, j'enchaîne avec le harpon de la main gauche quand l'explosion retentit et masque la zone par de la fumée noire. Cet enfoiré a évité de justesse le boulet, mais étant aveuglé, la lame de mon harpon le perfore à l'épaule droit, manquant presque de tomber de sa monture. Sous l'effet de la douleur et de la colère, il s'exclame.

▬ Hé!! Ça, c'était pas gentil de ta part, le cyborg! Viens là que je te démonte méchamment la face!

Ma venue améliore le moral des soldats. L'officier subalterne qui guide l'unité semble retrouver la pêche et son courage. Il s'empresse de me faire un rapport de la situation et d'expliquer pourquoi ils galèrent à repousser l'ennemi.

▬ Monsieur, Jusque là, nous avons pu capturer des forbans, mais ce criminel bouge trop rapidement pour nous.
▬ Pas la peine de te justifier. Aide-moi plutôt à le finir. Que tes hommes continuent de tirer.

Jango est donc du genre à se faufiler rapidement, le genre de clown raté quoi qui pense faire mieux dans la piraterie. Pouha! Il me dégoûte. Il essaie de couper la corde du harpon qui le relie à moi avec l'un de ses nombreux couteaux, mais je tire d'un coup sec vers moi pour le désarçonner. 'M'étonnerait qu'il s'échappe cette fois-ci.

▬ Hé!! Ce n'est pas du jeu! Je voulais que m'amuser, moi. Attaque Moufassa!!!

Aussitôt, le félin se lance sur nous. 'Fin, sur moi. Il bondit pour me mordre à la gorge, mais je l'éjecte d'un revers de Sombracier. L'officier subalterne exécute mes ordres et appelle sa troupe à bien faire le boulot.

▬ Qu'attendez-vous, bande de paresseux?! Aidez-le! Tirez!

La bestiole revient à la charge pendant que Jango se relève tout en lançant ses lames vers moi. Une pluie d'acier vient s'abattre sur nous. D'instinct, je me place en avant pour les intercepter. Les armes blanches ripent pour la plupart et pour les autres se heurtent sur mon torse. Et même pas besoin du Tekkaï. Les soldats tirent à leur tour avec leur fusil sur le lion. La créature saute dans un élan pleine de rage, mais s'écrase le bide troué sur le sol.

▬ NOOOOOOOONNNNN!!!! Vous allez regretter ça, bande de sadiques!! C'est moi le méchant dans l'histoire!

Trouvant les forces, le forban tire un bon coup sur la corde du harpon et m'accueille de son poing.

▬ Aïe!

Le con, il a rien dans les muscles. Sans plus attendre, il fait quelques saltos arrières pour prendre de la distance et éviter les balles des Marines. Il ramasse alors des armes sur les morts et s'apprête à faire une technique.

▬ Croissant de Lune!!

Jango balance l'un des sabres qu'il a récupéré de manière à faire comme un boomerang. La lame décrit une courbe dans l'espace et vient faucher les soldats alignés en rang, prêts à tirer une nouvelle fois. Tout en hurlant "attention", je projette un boulet de canon pour dévier le projectile juste au bon moment. Grâce à ce temps de répit, Jango parvient à se défaire de mon harpon et réalise une seconde tentative tout en l'améliorant. Peu après, une voix féminine venant de derrière lui s'adresse à lui.

▬ Un petit coup de main, le nouveau?

'Manquait plus que ça. Voilà que Maleficia, la "Sorcière", une Femme-Cornue se ramène. Elle a vraiment l'air d'une démone. En tout cas, les pointes sur son front nous laissent croire ça. Elle profite du moment pour donner une potion de vitalité à son compagnon. Et par la même occasion, elle en balance une autre d'un autre genre dans notre direction. Malheureusement, je peux pas refaire mon exploit. La fiole se brise alors au milieu des soldats. Je m'attendais à une explosion, mais à la place, du gaz s'en repend. Poison? Soporifique? Tout est possible. L'infâme sorcière se met alors à rire pendant que je me lance d'un bond vers elle et son nakama pour échapper au produit. Tant pis pour les soldats. Le poing chargé, je m'apprête à frapper Jango, mais la criminelle s'interpose en jetant à nouveau une bouteille de gaz, mais inflammable, cette fois. Merde.

▬ Fire of Hell!!

Dans la foulée, elle fout le feu avec une allumette et je me retrouve dans les flammes. C'est pas ça qui va m'arrêter. Je suis un Lieutenant d'Élite! Je suis censé pouvoir arrêter un équipage entier une main dans le dos. Je fonce alors tête baissée jusqu'aux deux pirates et je sors de l'emprise du feu. Surprise par mon arrivée soudaine, Maleficia s'exclame de frayeur.

▬ Quoi?! Comment est-ce possible??!
▬ Je suis le "Briseur de Rêves", je te le rappelle. Toi et tes petits camarades, vous allez vite comprendre qu'avec moi on fait pas le malin bien longtemps. Et inutile de t'accrocher à tes envies, car je m'en vais les broyer aussi sûrement que tes os.

D'un coup de grappin, je l'attire à moi sous le regard pénaud de Jango, Sombracier en arrière. Et je frappe de toutes mes forces, mais en portant le coup vers le bas pour qu'elle s'écrase au sol. L'embout de mon canon s'enfonce sur son visage pendant une micro seconde. Pendant une micro seconde, ouais. La force est tellement violente que mon poing décapite la Femme-Cornue. Soit, elle est d'une faiblesse remarquable, soit je suis d'une puissance incomparable. Je pensais pas l'achever de cette façon... La tête de la "Sorcière" vient rouler jusqu'aux pieds de l'autre minable. Celui-ci en voyant la scène perd tous ses moyens.

▬ Ma... Ma... Mal... Maleficia?! Qu'est-ce que tu as fait à Maleficia, sale MONSTRE?!!

Le monstre? C'est pas moi qui me situe de l'autre côté de la loi. 'Me fait marrer celui-là. Aujourd'hui, je me sens bien de faire dans le gore. C'est pas ma faute s'ils savent pas esquiver mes attaques mortelles. Alors, quoi? Je m'en vais pour frapper le pseudo-dompteur des Méchants-Pirates qui recule, l'air très intimidé.

▬ Bonne nuit.

L'embout de Sombracier s'abat sur le malheureux, manquant pas de lui casser quelques côtes au passage. Impuissant. Il s'étale de tout son long sur le sol, endolori. Un parmi tant d'autres. À ce moment-là, les escouades des snipers lourd d'assaut d'élite de la division 13 débarquent en masse sur l'une des ouvertures du hangar, pile de mon côté. Et, cadré comme des robots, ils balancent leur sauce de manière mécanique sur tous les pirates qu'ils voient. Chaque brigade comporte une cinquantaine d'hommes bien entraînés et taillés pour l'antiémeute. À la tête, un Sergent d'Élite. Juste un. Parfait, tout semble tomber à pique. Les renforts respectent l'adage, mais bon, je vais pas me plaindre! Quand la cavalerie est là, c'est toujours un bonheur! J'interpelle alors le sous-off' pour qu'il vienne rentrer dans ma stratégie.

▬ Hé, Sergent. Viens par là.
▬ Mon Lieutenant? C'est l'anarchie ici, que s'était-il passé?

Ni une, ni deux, j'explique mon topo en lui coupant la parole.

▬ Plus pour longtemps, justement. Toi et tes hommes, vous allez m'encercler les forbans et les guider vers les cuirassés pour que les Marines à bord finissent le boulot. Personne doit s'échapper, vous restez un mur inébranlable! Un bloc impénétrable!!
▬ Je...
▬ Okay?
▬ Mais, je...
▬ Pigé?
▬ Oui, mon...
▬ Tant pis si vous marchez sur les copains déjà mourants, on doit mettre un terme à ce carnage et presto! Capiche? Je m'occupe de faire la revers avec le reste des hommes présents. On va les prendre en sandwich et refermer impitoyablement l'étau jusqu'à les écraser littéralement!!!

Le gars hésite une seconde comme s'il voulait ajouter un point ou savoir si un mec plus haut que moi approuve l'idée, mais finalement, ayant pas vraiment le choix et l'ayant pas laissé le temps, il s'exécute.

▬ À vos ordres, mon Lieutenant.

Il peut penser ce qu'il veut, je m'en fous, mais il a intérêt à faire ce que je lui demande. Ça devrait être une aubaine pour lui de monter en grade en réalisant de belles prises avec ma solution. Alors, qu'il fasse pas chier. Moi, j'attends pas et je file vers le cuirassé le plus proche qui crache toujours l'Enfer sur les pirates. D'un signe de bras avec Sombracier, j'appelle les survivants à se ramener. M'ayant sûrement tous vu à l'œuvre tout à l'heure, ma présence devrait plus que les remonter le morale et leur énergie. Puis, le fait que la cavalerie soit là, ils devraient pouvoir se remuer plus efficacement.

▬ Bougez-vous, vous autres! Si vous vouliez pas vous faire ratatiner par les copains de service, vous feriez mieux de déguerpir avec moi et en vitesse!

Évidemment, les pirates se laissent pas faire, et quitte à mourir, ils préfèrent emporter avec eux des Marines dans la tombe. Ça ralentit le mouvement de retraite des soldats qui en peuvent plus. Malheureusement, certain militaire s'écroulent en même temps que les forbans. Les escouades de la division 13 font leur boulot et avancent peu à peu, laissant aucune échappatoire aux criminels et marchant sur les corps qui jonchent sur le sol. On dira ce qu'on veut de moi, ça m'est égale. Sans cette tactique, il y aurait plus de morts côté Marine, ce qui est pas acceptable. Je minimise les pertes humaines quitte à en laisser quelques'uns mal au point.

▬ Putain de fruité! Va au diable!!

John? Pas le Commandant d'Élite M^cGaugh, mais le miens à moi. Un soldat de mon unité. Brown John "aux marrons" qui s'appelle. Facile, il a les cheveux bruns et il distribue les fruits de la même couleur autant au sens propre que figuré, d'où son surnom. Je l'ai connu dans mes débuts alors qu'il était qu'un jeune ado' cherchant à prendre la mer via la piraterie. L'était un apprenti chez un cuisinier de sa ville. Et le souci, c'est qu'il était du genre bagarreur par nature à l'époque. Maintenant, il s'est un peu calmé. Il sait enchaîner ses poings comme il faut et comme il traîne toujours avec un cornet de fruits chauds, ça lui arrive d'en balancer. Et ça fait très très mal. Jamais 'faut négliger la force des graines quand on s'en sert comme projectile. Désormais, son rêve, c'est de casser la gueule à tous les possesseurs de Fruit du Démon juste avec ses pieds et ses mains. Il veut démontrer tout comme moi que les FDDs sont inutiles et qu'on peut déglinguer un mec sans. Malheureusement, il est mal au point et galère face à Haroud Jafar, le"Siffleur", le navigateur des Méchants-Pirates. Ce dernier est sous sa forme bestiale complète.

▬ Marronner!!

John balance tous ses marrons d'un coup comme une mitraillette. Là, il cherche pas la précision, juste à empêcher Jafar de lui prendre l'avantage. Seulement, c'est pas ça qui va lui finir son combat. Je suis bien content de le revoir même s'il galère. Le "Siffleur" esquive l'attaque avec difficulté, les projectiles le font pas si mal que ça quand il se fait toucher. Il contre-attaque en enlaçant mon soldat dans ses anneaux, prêt à l'étouffer. On dirait qu'il se fiche de se faire massacrer par les escouades de la division 13 tant qu'il peut mettre un terme à son duel pour prouver que la puissance des Zoans vaut vraiment le coup. Dans son étouffement, John hurle de rage et de douleur, les yeux pleins de colère et de haine. Voyant la scène, je peux pas laisser ça. Je cours aussi vite que je peux vers eux tout en tentant de faire un Soru.

▬ Soru!!

Par les trois couilles de Toji, j'ai encore raté. Mais ce qu'il me fait le plus rager, c'est que Jafar plante ses crocs dans l'épaule de mon soldat. En plus, c'est le bras qui a déjà souffert lors de la mission pour capturer Jolivert Olivier, le "Roi Termite". Bordel, je peux pas le perdre, je lui ai fait une promesse! J'ai les yeux écarquillés tant je suis inquiet. Je suis alors à quelques mètres, je lève mon poing en arrière.

▬ Tu arrives trop tard, "Briseur de Rêves"...

Il va encaisser le coup, il se prépare pas à esquiver, je l'ai pleinement dans ma ligne de mire. J'active alors les systèmes de mon bras mécanique pour lui jouer une petite surprise.

▬ Electro Impact!!

Sombracier décharge de l'électricité dans tout le corps serpentin de Jafar au moment de l'impact. Un temps s'installe, juste quelques secondes, mais je peux lire dans les yeux du forban la douleur qu'il ressent. Le choc qu'il encaisse est tel que certains de ses muscles se paralysent. Le jus le traverse de part en part. La violence du choc lui fait resserrer encore plus sa prise et s'envole loin en direction du cuirassé jusqu'à tomber sur le pont. Au moins, John a encore une chance d'être sauvé. Finalement, seule la Femme-Poisson semble être la plus forte de l'équipage. Pour l'instant, mon Teawase m'indique que c'est elle qui a le plus de Dorikis...

C'était moins une quand même, car la division 13 ramène ses fesses en nettoyant la zone. Il est temps pour moi de quitter l'endroit. Je file aussi vite que je peux en direction du cuirassé pour finir Jafar. Je me tape le sprint le plus hard que j'ai jamais fait. Une fois en bas du cuirassé, je tire un coup de grappin avec ma main gauche pour me hisser sur le pont. Je m'élance alors plus haut pour pouvoir le localiser dans les airs et retomber au bon endroit. Avec mon super scan d'Hespéride traqueur de FDD, j'arrive à voir précisément où est ma cible. Il doit sûrement se faire malmener par les soldats à bord. Ou plutôt l'inverse... Putain! Il est plus costaud que je l'aurais cru. Il va me dire que c'est soit-disant la force du Zoan. Mon cul, ouais! Je débarque alors sur le pont, là où les Marines se font repousser par le serpent, sauf deux hommes qui s'acharnent contre lui. John est étendu de tout son long, inconscient. En voyant la scène, je peux que m'excuser.

▬ Désolé, les gars, c'est ma faute.
▬ Ah, salut Lieutenant, vous tombez bien.
▬ Ah bah pour tomber à pic, tu l'as dit bouffi!
▬ Ouais, frérot, ah, ah, ah!!

J'aurais dû m'en douter. Deux soldats inséparables qui se battent toujours ensemble, ça pouvait qu'être les -infâmes- jumeaux Ted et Tod... De vrais gamins dans l'âme qui aiment encore plaisanter et faire des blagues pourries, même dans les situations les plus inappropriées. Et dire qu'ils ont 23 ans et demi... En tout cas, je suis bien content de les revoir en vie. Ils doivent être sur les nerfs parce que John est mal au point. Sur le terrain, ils sont terriblement efficaces, surtout quand ils sont en duo. Ils possèdent une sorte de magnétisme ou un truc du genre. Avec ça, ils peuvent s'attirer et se repousser mutuellement. Truc de dingue. Amour fraternel? Je comprendrai jamais et vu que j'ai pas de frère...

▬ Whip It!!

Jafar semble avoir retrouvé sa forme, ses muscles sont à nouveau opérationnels. Il balaye le pont avec sa grosse queue alors qu'il lutte de front les deux jumeaux. Des soldats se font expédier au loin et quittent même le navire tellement la frappe est violente. Ted et Tod sautent juste à temps pour éviter l'attaque. Le pauvre corps de John se fait même propulser loin sur le pont. Bordel, ça commence à m'énerver sérieusement! Je laisse les frères gérer la situation en attendant que je donne mes nouveaux ordres.

▬ Bordel, qui dirige ce bâtiment?!
▬ Ici, je suis là, Lieutenant.

Fichtre, c'est un gamin de 20 piges qui se ramène, un autre simple Sergent de la Régulière.

▬ Y'a pas plus haut que toi? Tant pis. Je veux que tu coordonnes les Marines à bord pour qu'ils concentrent leurs tirs non plus sur les navires pirates qui se réfugient, mais sur ceux qui restent encore sur les docks. Les escouades des snipers lourd d'assaut d'élite de la division 13 sont enfin là et balancent déjà la sauce. L'idée, c'est de prendre les forbans par sandwich. Capich?
▬ À vos ordres, Lieutenant.

J'ai plus de souffle à force de débiter mes instructions en quelques secondes.

▬ Et retransmets l'info' au Commandant M^cGaugh. Dis-lui que c'est le Lieutenant Aran qui lui demande. Il comprendra.

Après un mouvement de tête très rapide pour indiquer qu'il a pigé, le type se dirige vers le centre du pont pour redistribuer les instructions et prendre le Den Den Mushi fixé au mât afin de demander à John de faire ce que j'ai dit. La situation avec Jafar est désespérée. Je m'adresse aux jumeaux.

▬ Vous allez vous faire ratatiner, laissez-le moi.

À peine je dis ça, ils se font éjecter au loin, séparés. Net. Je tire alors un boulet en direction de l'Homme-Serpent, mais d'un coup, surgissant de nulle part, le capitaine des Méchants-Pirates s'interpose sur la trajectoire et pose la main sur le projectile pour dérouter la boule d'acier.

▬ Déviation!!

Le boulet s'écrase alors plus loin en plein milieu de Marines. Putain! 'Manquait plus lui! Et pourquoi pas la Femme-Méduse tant qu'on y est?! Je serre mon poing gauche. Autant, je suis efficace en usant des projectiles, autant, je suis un combattant hors paire au corps-à-corps. Et comme je lie souvent les deux, ce gars va pas me faire chier plus longtemps. J'ai vraiment plus d'un tour dans mon sac. Je me lance alors, poings en avant.

▬ Mange ça!

Sombracier s'abattant violemment dans le vide. L'enfoiré à esquivé. Il évite mes assauts, coup après coup. Puis, étant trop près, il me taillade avec son sabre au torse. Mon Teawase m'indique qu'il a une force deux fois plus faible que moi. Autrement dit, je me bats contre du menu fretin. Heureusement que la blessure est superficielle, je m'en moque. Je lui donne un coup d'épaule, ça devrait le calmer. Il recule, mais il se laisse pas faire.

Autour de nous, les soldats sont beaucoup trop occupés à exécuter mes ordres, ils osent pas se mêler au combat. Je me demande comme le Capitaine des Méchants-Pirates a fait pour venir ici. Il est sans douté arrivé pour sauver Jafar ou pour se protéger de la division 13. Qu'importe, je vais le finir. Les forbans se retrouvent désormais encerclés. Très peu sont hors de portée, mais comme nous sommes barricadés, ça reste qu'une illusion.


Y'a un truc qui m'énerve. je blaire pas les utilisateurs de Fruits du Démon, quel qu'il soit. Et 'faut que je me retrouve face un particulièrement irritant. Ça me rend malade!! Au moins, le FDD de mon adversaire est un Paramécia de merde. Je le hurle ma haine au nez.

▬ Ton Fruit, c'est de la merde! Viens te battre comme un homme!!
▬ Et tu crois que tu te bats comme un homme, le cyborg?? Regarde!

On a reprit des distances. Je vais pour lui démonter sa face avec mes bras et mes jambes, mais je suis à peine à la moitié du chemin qu'une pluie d'objets variés viennent sur moi, attirés d'un coup comme si j'étais un putain d'aimant! Pas le choix, je durci alors mes muscles et j'arrête d'avancer.

▬ Épicentre!!
▬ Tekkaï!!

Quatre boulets, deux boulet-ramés, un sabre dont un Marine s'y accroche toujours, une poutre métallique bétonné et l'ancre d'Owen s'abattent sur moi de tous les côtés. Les projectiles me percutent de plein fouet et avec la puissance cumulée, ça me fait enfoncer dans le pont inférieur. C'était comme si j'avais subi la gravité des armes qui m'ont tombé dessus. Le choc a généré une explosion monstre et une fumée grandissante. Mon adversaire doit sûrement me croire mort. Seulement, j'ai pas dit mon dernier mot. Je repousse alors les débris et je me relève. Je tire ensuite une boulet juste à l'endroit supposé se trouver les pieds de ma cible. La boule d'acier traverse le bois et éjecte le forban sur Jafar. Je saute d'un bond pour me retrouver à nouveau sur le pont supérieur.

▬ On se débarrasse pas de moi aussi facilement. Je suis Lieutenant d'Élite!!
▬ Et moi, Ratcliffe James, celui qui te mettra en pièce!
▬ Ççççça ssssss'est bien dit, chef!

Je suis énervé. Mon corps est meurtri, mais je reste encore en vie. Je sens mon cœur battre rapidement. J'ai encore de l'énergie. Alors que James et Jafar se relèvent en titubant, les jumeaux reviennent à la charge, chacun de leur côté, attiré comme un aimant l'un vers l'autre. Et évidemment, l'assemblage se fait pile sur les malfrats.

▬ Amour Fraternel!!
▬ Fraternel Amour!!

Jafar est envoyé au loin, même sous sa forme impressionnante bestiale, il roule pathétiquement sur le pont. Le Capitaine des Méchants-Pirates se fait également propulsé un peu plus loin. Sans attendre, je me précipite sur lui pendant que Ted et Tod s'en prennent à l'Homme-Serpent. C'était leur dernière tentative, car ils sont épuisés. Quant à moi, je saute sur mon adversaire, Sombracier en arrière et avec la hargne dans les yeux, la gueule ouverte. James roule sur le côté pour éviter de justesse l'attaque et se relève rapidement. Encore une fois, il me taillade d'un coup de sabre sur le bras, me laissant une plaine rectiligne plus profonde que celui au torse. On s'échange sans répit des coups. Il s'essouffle. Avec mon indexe, même si j'ai le bras gauche qui souffre, je tente toujours de faire des Shigan, ce qui laisse un peu de marge pour James de se défendre. Étant en contact direct avec mon opposant, je tente de tirer un boulet avec mon canon à bout portant pour le surprendre. D'instinct, comme pour se protéger, James place sa main sur le projectile pour le dévier sur des Marines.

▬ Bordel!! Tu vas me le payer! Dévie donc ça, maudit fruité!!!

Exaspéré, je tente à nouveau le coup, mais cette fois avec le pied. D'une rotation magnifique, je lève la jambe et je viens épouser l'air. J'assène mon coup à quelques centimètre de son corps.

▬ Ran Kyaku!!

Une lame d'air grandissante se dégage de mon pied et vient découper le bras que James s'était mis instinctivement pour bloquer l'attaque. Le membre vole alors dans un zébra de sang sous les yeux ahuris de mon adversaire. Et pour finir en beauté, je termine ma rotation avec Sombracier, l'embout en avant, en plein dans son ventre.

▬ Pyro Impact!!

Son corps se plie sous le choc, une gerbe de sang sort de sa bouche, les orbes révulsées. Je lui donné un coup spéciaux qui consiste à utiliser tout bêtement mon lance-flammes à bout portant, ce qui a pour effet d'immoler la malheureuse victime sur place. Personne peut éviter une attaque qui vient de l'intérieur. Sans doute la colère ou ma haine pour les utilisateurs de FDDs, mais là, je contrôle plus ma force. Tant pis si ceux que je cogne mourraient sous la puissance des mes coups. Témoin de la scène, Jafar assomme une bonne fois pour toutes les jumeaux en utilisant leur tête pour frapper sur l'autre et hurle de chagrin.

▬ NNNNNNOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNN!!!!!!

Le corps de James s'effondre sur le sol, calciné. Jafar reprend sa forme humaine et se précipite sur moi. Moi de même. À l'heure actuelle, quand on est aveuglé par la haine, la colère et le chagrin, on fait plus attention à quoi que ce soit, à plus personne, à plus rien. Focalisé sur notre cible unique, on néglige rapidement le reste, la douleur nous est égale et on devient potentiellement dangereux. Potentiellement, hein. On ressent l'adrénaline parcourir notre corps poussé à son maximum. Le "Siffleur" est hors de contrôle à cause de sa perte. Moi, à cause de tout. Tout ce bordel, ces pirates, ces putains d'utilisateurs de Fruits du Démon et surtout parce que ça en finit pas. Au dernier moment, Jafar prend une forme hybride, mi-homme sur la partie inférieure, mi-bête sur la partie supérieure. L'anaconda se réveille, il cherche à me pourfendre avec ses crocs. Avec la vitesse et la souplesse que lui procure le reptile qui habite en lui, il m'assène de violents coups avec ses dents. Il charge et recharge. Encore et encore, me laissant aucun moment pour le frapper.

▬ Sssssssssssssouffre!!!!!!

Alors qu'il semble vouloir m'avaler tout rond, d'instinct, je place Sombracier dans sa mâchoire pour le bloquer. Ses deux mandibules tentent désespérément de se renfermer pour broyer mon bras mécanique, mais ça prend pas. Je suis nettement plus fort que lui. Je tire alors un boulet de canon pour pouvoir mettre un terme définitif, mais Jafar a eu le bon réflexe de se transformer en humain, évitant de peu la boule d'acier qui fuse droit dans le plafond. Profitant de son moment d'inattention, je lui fous un uppercut avec mon poing gauche. Mon adversaire commence alors à voler dans les airs sur toute la hauteur du hangar. Je desserre ensuite mon poing et j'active le mécanisme d'étirement de mon avant-bras afin de pouvoir l'agripper au cou avant qu'il se fracasse la tête contre la roche. Je le choppe presque à lui écraser la trachée et je le ramène vers le bas aussi sec comme un fouet en direction de la flotte. Le changement de trajectoire est brutal, c'est à se demander s'il est pas mort sur le coup. Son corps inconscient tombe alors dans l'eau.

▬ Les Fruits du Démon, c'est pour les faibles!!

Quelques soldats me félicitent et m'applaudissent, car je me suis débarrassé de deux pirates particulièrement gênants. Je peux enfin souffler. Seulement, 'faut que je vois comment la situation a évolué.

▬ Les réjouissances, c'est après. Je veux un rapport. Maintenant!

Immédiatement, le Sergent de tout à l'heure arrive et m'explique le topo.

▬ Nous reprenons l'avantage, Monsieur. Grâce à votre tactique, la vermine essuie de grosses pertes. Dans quelques instants, ça devrait être terminé.
▬ Hé, bien. Relâchez pas nos efforts et continuez.
▬ Cependant, le deuxième cuirassé semble être en difficulté. Les survivants pirates le prennent d'assaut afin de s'y réfugier.
▬ Passez-moi le Commandant M^cGaugh.
▬ Tout de suite, Lieutenant.

Aussitôt, il fait signe à un soldat de me chercher le Den Den Mushi du mât. Le Marine s'exécute et me le rapporte. Je compose ensuite le numéro.

▬ Passez-moi le Commandant M^cGaugh.
▬ Tas de conferfes?! F'est pas l'heure de rien faire.
▬ Freidrich... TU ES MAL PLACÉ POUR ME DIRE ÇA! Où il est?
▬ Il est occupé.
▬ C'est urgent, bordel!

J'ai les nerfs. Je patiente sous les regards inquiets des deux Marines qui sont avec moi. Enfin, une autre voix me répond à l'autre bout du combiné.

▬ Baal? Désolé, mec, c'est la misère, là. Qu'est-ce que tu veux?
▬ Je veux t'aider à gérer ta crise.
▬ Hein? Tu as une solution?? Je t'écoute.
▬ Évacue tes hommes rapidement et coule ton bâtiment.
▬ Q...
▬ Quoi?! Mais tu vas pas bien, toi!
▬ Fais-le, tu sais très bien que j'irais le couler moi-même s'il le faut.
▬ Tu parles à un Commandant, fe te signale.
▬ Laisse-moi dix minutes.
▬ Assure-toi que les pirates y restent bien et que tes hommes sont hors de danger pour faire sauter le cuirassé. De mon côté, je vais finir de nettoyer les docks avec la division 13.
▬ À tes or... Euh, ok.
▬ Gotcha!

Bien sûr, le dialogue est pas d'un bloc. Y'a des coupures quand John et l'autre se battent. Sans plus attendre, je saute du pont pour joindre les escouades au sol. Il reste des combats par-ci par-là, mais le gros est fait. Je trouve sans trop de mal le sous-off' qui est loin de ses hommes. Il est dos à moi. Je l'interpelle alors pour lui dire ce qu'il doit faire.

▬ Sergent?

Une voix féminine et pleine de sadisme me répond derrière lui.

▬ Oui, mon Lieutenant?

Le corps du Marine tombe à la renverse, laissant paraître son assassin lui retirer une lame des boyaux. Un sourire large et diabolique se dresse devant moi, les dents encore plein de sang. Je peux lire de la folie dans ses yeux. En voyant la scène, je peux que pousser un soupir. J'arrête pas de me battre, ça commence à bien faire.

▬ Et merde...

'Faut que je me colle Médusa, la satanée Femme-Poisson... Je sens que je vais pas aimer me battre contre elle. Même si les propriétés de sa race lui procure une force incroyable, elle reste pas moins plus faible que moi. Machine contre méduse, ça me rappelle de mauvais souvenir... Je sens que je serre les poings sans le vouloir. J'ai l'impression que c'est la bête intérieur qui parle pour moi. Même si elle est pas fruité, elle reste une vermine méprisable qui m'insupporte. J'ai un regard noir, le sang chaud et la rage. Je m'attendais à une frappe éclaire, mais elle s'adresse à moi.

▬ Je regrettais presque de ne pas avoir terminé notre combat tout à l'heure. M'offrirais-tu un duel intéressant? Je me lasse du menu fretin et de ces incapables soldats d'Élite...

La goutte en trop. Je bourrine le sol avec le pied dix fois en espérant pouvoir faire un Soru, mais toujours rien. Je file quand même à vive allure vers elle. Pendant que je charge, elle étendent son bras et me propulse des larmes d'eau mortelles.

▬ Yabusame!!

C'est pas ça qui va m'arrêter. Je laisse les flèches me percer et je saute en avant. Sombracier en arrière, je m'apprête à asséner un grand coup. Mon bras mécanique s'abat alors de toute ma puissance. Seulement, mon adversaire place ses mains juste à temps pour me contrer.

▬ Samehada Shoutei!!

Une onde de choc puissante souffle la zone. Sa technique de défense permet de dévier mon attaque, mais pas aussi bien qu'elle espérait. De tout mon corps, l'embout de mon canon vient s'enfoncer jusqu'à lui causer de sérieux dégâts. Un temps très court de quelques secondes s'installent. Pénible. Elle fléchit les jambes. Alors, elle s'écarte et laisse passer le coup pour que je m'écrase au sol. Profitant de ce moment où je peux rien faire, elle me refait le même coup que tout à l'heure.

▬ Umidaiko!!

À nouveau, je vole dans les airs, mais pas très loin, cette fois-ci. Le coup m'éjecte seulement dans la flotte entre les deux cuirassés. Ni une, ni deux, elle se lance vers moi et entre dans l'eau pour me finir. Merde, j'ai déjà vu ça quelque part... Sentant le pire arriver, je prends une grande inspiration et... j'encaisse. Le "Kraken" me percute violemment et m'emporte loin dans les abysses pas si profond que ça. La force de la pression me déglingue, mais je résiste. Ses tentacules m'enlacent et m'empêchent toutes tentatives. Elle veut me noyer. Mon corps se heurte au fond, abîmant alors mes armes de dos. J'ai beau me débattre, rien à faire. Mes essais sont peines perdues. Le Shigan rate à chaque fois. Mes poings font aucun effet. Les boulets, le lance-flammes, le cryogène, mes canons à eau et à air, c'est même pas la peine d'y songer. Y'a pas à dire, les déplacements aquatiques restent difficiles quand on a pas l'habitude. Même en ayant déjà combattu par le passé un HP et des monstres marins, je suis une bite à côté de la puissance de cette Femme-Poisson. La poisse...

▬ Alors, c'est ça la force de la Marine? Un Lieutenant d'Élite qui ne peut même pas combattre sous l'eau? Je suis déçue.

J'ai jamais dit que je pouvais pas faire un duel dans un tel milieu. Loin de là. Elle m'énerve à insulter l'honneur de la 101^ème. Je suis l'un des gars les plus badass dans mon domaine, alors je me dois de la corriger et lui montrer qu'elle rêve. Ma division est réputée pour être la meilleure parmi les meilleures. Je vais le lui prouver! Mon corps a la faculté de produire une puissante décharge électrique quand on a le malheur de me toucher. Sans attendre plus longtemps, je libers le jus.

▬ Electro Choc!!

Le choc électrique est tel qu'il fait décoller Médusa, le corps à moitié grillé. Elle hurle de douleur et de rage. C'est pas mortel, même si l'eau autour de nous rend les choses encore plus hard. Pour un homme lambda, pour sûr, il aurait été mort. Mais j'affronte une Femme-Méduse, c'est son milieu. Il lui en faudra plus pour la mettre hors jeu. Profitant de son désorientation temporaire, j'assène un grand coup avec Sombracier, comme pour Jafar.

▬ Electro Impact!!

Une fois de plus, je balance la sauce de manière interne. L'arc électrique se propage dans tout le corps, tétanisant chaque muscle, calcinant chaque tissu cellulaire et condamnant chaque organe un à un. Son cœur s'emballe et ses sens s'affolent, mais elle tient encore un peu. Elle lutte pour rester consciente. J'ai pas de pitié. Tout à l'heure, je disais qu'une bataille pouvait changer un homme. Je le crois sincèrement. Je fais plus dans la dentelle. Tout en remontant à la surface en entraînant Médusa avec moi, j'assène des frappes encore et encore avec l'embout de Sombracier d'un côté et avec mon indexe de l'autre. Je nous dirige vers le bâtiment de John. Plus je donne des coups, plus c'est meurtrier. Je suis une bête incontrôlable aveuglé par le désire éradiquer la vermine une bonne fois pour toutes. Une fois hors de l'eau, j'expulse un dernier coup.

▬ Shigan!!

Mon doigt s'enfonce alors dans son torse au niveau du poumon droit. Le "Kraken" se fait éjecter en arrière, les yeux presque révulsés. Elle traverse la coque et plusieurs cloisons avant de s'éclater au sol lourdement au milieu des derniers forbans, dont Diabolica, la dernière de l'équipage des Méchants-Pirates. Je lance un coup de grappin pour me hisser vers elle et j'entre à mon tour dans la salle éventrée. J'ai le regard mauvais et la haine sur mon visage. Pris de panique, un des criminels s'exclame.

▬ Le... Le... Le "Briseur de Rêves"... Fuyez!!

En me voyant, quelques pirates essaient de se jeter dans la flotte par le trou où je me situe. Niet. Sans effort, à coup de Sombracier et de mon autre bras, je les renvoies au tapis. Personne passe. Médusa se relève difficilement. Elle crache des mollards et du sang. Elle peine à respirer. Je me demande si elle a plus mal à l'heure actuelle à son ego qu'à son corps entier. Désespérée, elle donne l'ordre à sa nakama de me finir.

▬ Tue... Le... Tue-le moi...
▬ Avec joie!

A priori, Diabolica est la dernière de l'équipage à être encore débout et qui soit en mesure de faire quelque-chose. Ses précédents combats l'ont pas trop amoché. Elle me tire dessus avec son pistolet, ce qui est complètement inutile. Les balles ripent sur mon corps d'acier. Les criminels semblent retrouver un peu de courage, mais pas pour tous. Y'en a qui y croit pas et qui craque.

▬ On va tous mourir!
▬ Je savais bien que ce plan était foireux...
▬ Attaquer Navarone est du suicide...

Ayant marre de traîner, je tire un boulet de canon dans le tas, sans distinction. Profitant de la fumée, je m'élance ensuite dans la mêlée pour accueillir du forban. La dernière des Méchants-Pirates semble pas perdre de vue son objectif et continue de me viser, mais avec un mini canon-portatif cette fois. Je lui fait savoir que je m'en fous en m'approchant d'elle et je refais jouer de mon harpon. Elle appuie sur la gâchette trop tard. Perforée par la lame de mon harpon, son projectile explose le plafond. Je me serre alors d'elle pour balayer la salle en faisant une rotation. Je fauche tout le monde, même Médusa qui tombe K.O. Les criminels sont propulsés un peu partout. Évidemment, Diabolica en prend plein la gueule. 'M'étonnerait que le combat dure plus longtemps. Le tour fini, je lève mon bras, ce qui a pour effet de soulever ma prise puisqu'elle est reliée à moi par le crochet de mon arme. Et comme un coup de fouet, j'abats devant moi la corde pour faire passer par dessus-moi la pirate. Sa tête s'écrase contre le sol.

▬ Ma coiffure!!! Tu vas le payer d'avoir abîmé mon brushing!!

J'ai l'impression d'avoir affaire à une Okama de Kambacouille. S'il y avait bien un truc que je peux pas piffer, c'est les hystérie de son genre qui pense plus à leur bien-être ou à leurs fringues au milieu du combat. Ça a le don de m'énerver.

▬ Laisse-moi alors te payer... à coup de poings dans la gueule!!

Je suis tellement hors de moi que les forbans peuvent me faire du mal si ça les chantent ou se faire la malle, car j'ai qu'une envie soudaine. Démolir sa face de rat tout moche et lui refaire le portrait. Toujours reliée à moi par la corde de mon harpon, je la ramène vers moi alors qu'elle peine à se relever. Je lève Sombracier en arrière pendant que quelques idiots tentent toujours de me mettre out. Diabolica peut rien faire et vient dire bonjour à mon canon en plein dans les dents qui se brisent à l'impact. Elle est alors à nouveau propulsée en arrière. Et rebelote, je tire encore une fois pour la mener à moi. Encore une fois, je lui assène une patate qui vient cette fois lui foutre un joli œil au beurre noir. À la manière d'un punching-ball, l'embout de Sombracier s'écrase sur le visage de plus en plus amoché de Diabolica. Le troisième coup lui enfonce le nez et lui écorche ses lèvres qui deviennent violacées. Je donne pour finir une dernière frappe puissance. Un bruit de craquement se fait entendre. Je serais pas étonnée de voir que la nuque s'est brisée. Ma force a été plus atténué que pour Maleficia. Le corps de mon adversaire s'en va boulet au loin en fauchant quelques criminels. Si elle était pas morte sur le coup, elle le saura dans peu de temps. En voyant ça, les pirates jettent les armes.

▬ Pitié!
▬ On se rend.
▬ Pitié! Ne nous tuez pas.
▬ On n'a fait que suivre des ordres...
▬ Ne nous faites pas mal, s'il vous plaît...
▬ Oui, c'est vrai. Pitié!

Je suis plus moi-même. D'habitude, j'éprouve beaucoup de peines pour ces gens. Avant, j'aurais été plus soft et j'aurais mesuré ma force. Seulement, le monstre que je deviens me radicalise. Je veux être fort, je veux survivre, je veux vaincre mes faiblesses à chaque fois. Depuis mon affrontement contre Galowyr, j'ai compris que j'avancerais pas si j'aidais les faibles à revenir sur la voie de la repentance. Il existe qu'une seule règle, celui de la jungle. Les traînes-misères se font bouffés par plus plus forts, c'est comme ça. C'est mon mode de vie. Plus personne peut me raisonner sur ce point, pas même John ou Gabrielle. Je reste une tête de mule qui pense plus qu'à finir son devoir, quelque soit les moyens. Après tout, je suis une machine de guerre, une bête indomptable, un Lieutenant d'Élite, le "Briseur de Rêves". Rien m'empêchera d'aller jusqu'au bout, même si je dois de plus en plus me salir les mains. À l'heure actuelle, je me fiche de tout. D'un regard sadique, je m'exprime une dernière fois.

▬ C'est drôle. Je fais exactement la même chose. Obéir comme un chien aux ordres.

Puisque le navire est condamné à couler, y foutre le feu maintenant ou cinq minutes plus tard, ça change rien. Il reste encore quelques minutes avant que l'explosion emporte tout le monde. Je m'en bats les couilles si la défragmentation consume autant de pirates que de Marines. Comme dit, les faibles n'ont pas leur place. John a dit dix minutes. Alors, dix, c'est dix. Je retarderais pas l'échancre. J'active alors mon lance-flammes pour faire le ménage en un clin d'œil.

▬ Pyro Shot!!

Sombracier délivre alors un torrent de feu sur mes victimes. La température monte et le bois s'enflamme. Des forbans en feu se jettent par le trou, d'autres se précipitent par les autres accès de la salle. La pièce devient un véritable Enfer. Normalement, si l'unité de John fait bien son boulot, elle éradique de son côté le temps que la procédure de l'évacuation se fasse les nombreux criminels à bord croyant pouvoir se cacher ou nous voler le bâtiment. Une fois encore, l'étau se referme. Les survivants alertent les autres en remontant un escalier.

▬ Fuyez pour vos vies!
▬ Abandonnez le navire!!

C'est la fin. Je laisse derrière moi des victimes, des cadavres, des débris et du feu. Tel la Mort en personne, j'abats ma faux coup après coup, inlassablement et méthodiquement. Je me dirige avec une volonté sans faille vers la Sainte-Barbe. Pour l'instant, je rencontre que des pirates. J'espère en finir rapidement. J'espère surtout que John fait bien son boulot. Il me reste encore pas mal d'étages à monter. Je prends un gros risque en m'aventurant dans le cuirassé. La logique voudrait que je parte, mon instinct s'affole. Ma sonnette d'alarme interne me crie danger depuis que je suis à bord. J'ai perdu le fil du décompte depuis longtemps et je m'en fiche. Tout peut exploser à tout moment. Si ça se trouve, je fais tout ça pour rien. Mais je suis comme ça. Tant pis. Je me sens obligé d'aller vérifier. Peut-être que John et son équipe sont morts et peuvent donc plus assurer la mise à feu. C'est pas une question de pas faire confiance. Quand c'est la guerre, tout peut arriver.

Étage après étage, salle après salle, baffe après baffe, je me rue le plus vite possible vers la Sainte-Barbe. Je pense que le navire aurait dû exploser depuis un bail et ça m'énerve. Plus je m'engouffre au centre du bâtiment, plus les forbans sont concentrés. Cons centrés en deux mots même. Et ils ont l'air de tout mettre en œuvre pour éviter de sombrer, mais ces crétins se rendent pas compte qu'ils courent à leur perte. Je vois John déglinguer à la pelle à lui tout seul les malheureuses victimes qui tentent de l'empêcher de faire sauter le navire. La mèche est déjà en feu, c'est plus qu'une question de seconde. Pour un Commandant d'Élite, j'attends pas moins de lui. Il a pas besoin de mon aide en théorie. Juste que je refuse qu'il fasse le boulot tout seul. Je dois faire mes preuves, montrer que je vaux son grade. Arrivant de derrière la troupe de vermines, sans crier gare, j'expulse une dizaine de types avant qu'ils me captent. Ma soudaine apparition peut que re-booster mon ami. D'un air plaisantin, je lui adresse la parole même si la situation est pas appropriée. C'est sans doute l'extase de le voir encore en vie qui me fait faire ça.

▬ Un coup de main, peut-être?
▬ Des coups de pieds et des coups de boules, surtout. Content de te revoir aussi, Baal.

Je dois comprends qu'il reste plus aucun Marine à bord à part nous deux. À nous deux, nous défendons griffe et ongle la zone. L'idée, c'est qu'au dernier moment on s'échappe ou qu'on extermine les criminels du coin avant le grand boom. Les deux options semblent impossibles. Y'a donc de fortes chances que j'y laisse ma peau. Et me battre aux côtés de mon ami de longue date me donne du courage, de la force et de la détermination. Non, on va pas crever ici tous les deux comme des merdes. On est de l'Élite, putain! On a des hommes et des femmes à revoir. Les secondes sont comptés. Tout en cognant, je signale à John qu'il faut qu'on s'active si on veut vivre encore quelques années.

▬ Bordel, quand y'en a plus, y'en a encore!! 'Faudrait peut-être y aller, non?
▬ Te décourage pas, Lieutenant. Tu n'es pas une lopette, non? Alors montre-moi ta vraie valeur, d'accord? Donnes-toi à fond pour la 101^ème.

Il a raison. J'ai connu bien pire. C'est pas de la poudre qui va me faire peur. Si on commence à partir maintenant, nos efforts auraient servi à rien. Je dois tenir jusqu'au bout. Plus ça va, plus les pirates savent que l'heure du glas sonnera bientôt. Ils se donnent à fond. John enchaînent les coups d'un côté pendant que je fais de même de l'autre.

▬ Baal, quand je dis "go", tu ne cherches pas à comprends. Tu files avec moi vers ce mur là-bas. D'accord?

Je lui fait signe de tête pour dire que j'ai pigé, car je suis trop occupé à me défendre. J'assène un coup pour calmer un type, mais je me fais assaillir de tous côtés rapidement. Ça craint un max. Je sens la fin venir. Mes oreilles sont aux aguets pendant que mes yeux se focalisent sur l'ennemi. Alors que je tente de me débarrasser de la vermine avec ma technique Electro Choc, j'entends John hurler.

▬ GOOOO!!!!!!!!

Merde.

▬ Soru!!
▬ Soru!!

Double merde. En me voyant dans le pétrin et tout en tombant à la flotte, John crie de désespoir.

▬ Baaaaaaaal!!!!!

John traverse la coque comme un rien alors que moi je fais à peine deux pas quand l'explosion me souffle hors du navire. J'y étais presque pourtant. Pour le Soru, je veux dire. La détonation éclate le cuirassé de l'intérieur, fauchant les criminels. Des parties du bâtiment sont déchirées en morceau tout comme les corps des pirates. La violence est telle que mon bras gauche et mes armes de dos deviennent hors-service. Je sens quelques processus interne griller. C'est Lilou qui va pas être contente. Mon corps subi de lourds dommages. Je suis éjecté vers John en plein dans la flotte et aux bords de l'inconscience. Le navire Marine enchaîne les explosions dans un joli feu d'artifice à en faire trembler le hangar. Même si mon pote me connait, il est en panique et vient me repêcher.

▬ Baal! Reste encore avec moi!!

Il plonge et se dirige vers moi. Je me sens bizarre. Je ressens comme une douceur m'envahir. Est-ce la Faucheuse qui m'accueille dans ses bras? J'ai les oreilles qui bourdonnent, mes yeux sont floues. Tout autour de moi semble devenir superflu. Les planqués doivent sûrement s'arracher les cheveux devant ce spectacle, mais à l'heure actuelle, je m'en tamponne le coquillard. Je sais pas où je suis, mais je m'y sens bien. Puis bon, c'est moi qui a foutu le boxon chez les Méchants-Pirates, hein? C'est grâce à moi qu'il y'a plus de forbans ici, non? C'est grâce à mon savoir-faire et ma tactique qu'on est encore debout. Alors, ils ont rien à dire.

▬ Baal!! Réveille-toi, mon vieux! Ne meurs pas, j'aurais honte. Aller, reviens!

Hum?

▬ Tu as réussi!!! Tu ne veux pas te réjouir avec nous au lieu de rester dans ton coin? Aller, bouge-toi!!

Je suis hors de l'eau. Des gens sont autour de moi. Plein de gens. J'ai beau être secoué dans tous les sens et être baffé, on dirait que mon corps peine à se remettre. Question de volonté? Boarf. J'ai bien mérité du repos, non? Laissez-moi dormir encore. Puis, la bataille est loin d'être terminée... Plus tard, je reviendrais.

▬ Il est mort?
▬ Non, regarde, il bouge.
▬ Pourquoi il ne bouge pas??
▬ Peut-être parce qu'il est mort?
▬ Ne raconte pas n'importe quoi. Je refuse de croire ça.
▬ Oh, regardez! Ses lèvres bouges.
▬ Bougez-vous les gars, laissez-moi faire mon boulot.

Cette voix...

▬ Rebecca?!
▬ Contente de vous revoir, Chef.
▬ Bienvenu à bord, mec.