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Froide Science

J’abats mon roi pour prendre le pli et j’jette un regard autour de moi. Le ciel s’est couvert et la température a vachement chuté, donc on est tous engoncé dans des capes façon fabrique de base de l’armée. Au moins, elles tiennent bien chaud. J’ramasse les deux-trois piécettes pour lesquelles on joue sans conviction, pour passer le temps, et j’regarde le pont.

Scorpio, en tout cas, il a pas menti quand il a dit qu’il allait m’aider à être plus discipliné. Il m’a envoyé comme taupe dans la vingtième division d’élite à la recherche d’éléments perturbateurs, voire révolutionnaires. J’ai repris ma vieille identité de lieutenant d’élite Angus, que j’avais déjà assumée à Goa. Résultat, à part quelques missions bidons rajoutées pour renflouer un peu le truc dans la quasi-année qui a eu lieu, le dossier respecte presque la réalité. Ouais, bon, y’a que Goa de vrai, dedans.

Funeste tire une tronche pas possible en face de moi. Il aime pas perdre. Ca l’améliore pas, le lieutenant d’élite Funeste. M’a surpris, la première qu’on m’a dit que c’était son surnom, mais pas parce qu’il a une sale gueule. C’est parce que quand il sourit, c’est pire. Et c’est vrai.
Le commandant d’élite est encore dans sa cabine, il va pas tarder à sortir. L’est du CP3, d’après les informations que j’ai eues, et il est là pour faire le même boulot que moi. En renfort, j’ai aussi l’agent Krueger, célébrité locale du CP5, comme moi. Simple matelot d’élite, à se demander comment il fait pour s’intégrer, vu comme il est gros, ce qui le fait pas trop pour un Marine.

Tous sur le gros cuirassé de la division, la rumeur comme quoi on arrivait s’est vite répandue, et si les gros durs font comme s’ils s’en fichaient, tout le monde regarde l’air de rien l’île carrément hivernale qui nous attend. On voit pas grand-chose, le ciel se couvre, se refroidit, et la neige se met à tomber drue. Un sale vent se met à souffler, aussi.

On arrive en plein blizzard.

Même dans la tempête, j’peux voir la touffe rose de Gallena Scorone, Sergent d’élite, avec qui j’ai brièvement collaborée à Reverse Mountain. Encore qu’elle se souvienne pas du tout de moi, et c’est pas plus mal, pasque j’étais trouffion avec elle. Les autres visages défilent, avec leurs profils, leurs habitudes, et ce que j’ai découvert d’eux. Un révolutionnaire s’y cache peut-être. Ha.
Quand on accoste, tout le monde est engoncé dans son matos, et le commandant Edward Thorn sort enfin de sa piaule, puis du navire par la passerelle posée par des Marines zélés. Sur le quai, un sous-fifre nous attend, nous fait le laïus de l’accueil. Pendant qu’on commence à descendre en bon ordre, le bateau qui nous accompagne achève aussi ses manœuvres d’approche.

La Brigade scientifique, rien que ça. Ouais, on va se les cailler sec. Y’avait un vieux labo du premier Vegapunk ici, avec pleins de saloperies technologiques à l’intérieur. Depuis un moment, tout ça déconne pas mal, avec des robots tueurs qui courent partout dans la neige en faisant ce pour quoi ils ont été conçus.
La Marine sur place fait bien ce qu’elle peut, mais ça suffit rarement, et ils ont eu des soucis, donc l’administration d’un vice-amiral quelconque s’est dit que foutre l’élite et la scientifique sur le coup aiderait à juguler tout ça. L’élite, nous, pour bourrer dans le tas, et la Brigade pour ramasser les p’tits morceaux et s’assurer qu’on casse rien de trop important.

Le Commandant d’élite échange quelques ordres avec le planton de service, qui appelle un des autres Marines qui surveillent le port. Le gars approche, et on distingue qu’un bout de pif crochu sous toutes les couches de fringues. Frileux. On sourit, moi et les premiers gars descendus.
« V’vous marrez à cause du froid ? V’verrez, comment à force il rentre dans vos os et donne l’impression de jamais vous quitter… Enfin bref. Les barraquements où vous serez établis. Gardez deux sections sur le bateau, qu’on m’a dit, au fait. Parés à bouger, parés à faire feu, tout ça, avec une double-garde nuit et jour. Des pirates qui passent dans le coin. Suivez.
- Ouais, on suit. »
J’adresse un signe de la main à mes deux sections, et rapidement les autres lieutenants me suivent aussi. J’ai perdu trace des quelques gens que je connaissais dans la foule de la division, mais on se retrouvera rapidement. On est mené vers une mairie abandonnée, ou alors un genre de préau public, marché couvert, que sais-je. En tout cas, à l’intérieur, pour le moment, ça pèle. Le seul avantage, c’est qu’on est à l’abri de la neige et du vent. Avec tous les soldats, ça se réchauffera vite et dans quelques heures à peine, j’suis prêt à parier que ça schlinguera autant qu’au fond de mes bottes.

J’distribue quelques ordres en regardant le coursier se barrer, retourner à son poste, après nous avoir indiqué où se trouvait le quartier général, dans lequel se trouve Thorn avec le chef de la scientifique et le patron du coin. Il viendra nous faire un débriefing plus tard, j’suppose, et nous filer nos premières missions détaillées.

J’lâche mon paquetage au milieu de mes sections, bien ordonnées par mes sergents, et j’pars en balade dans le campement de fortune qu’on établit. Prendre la température des hommes, tout ça.

Ils doivent croire que j’surveille tout et tout le monde.

En fait, j’me la touche juste grave pendant que les autres bossent à établir les feux de camps et compagnie.

Pas si mal, la hiérarchie, quand on est du bon côté.
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Je suis Gallena Scorone, sergent d’Élite de la marine. J'ai affronté pas mal de pirates et autres méchants, des robots géants aux seiches de cave en passant par des types plus ou moins normaux, mais je vais pas refaire toute la liste. Elle commence à être un peu longue.
Alors je me contente de l'essentiel. Après avoir été posée à MégaVéga, j'ai reçu de nouveaux ordres d'affectation. Heureusement, j'ai pas eu à aller bien loin, la 20éme d’Élite était justement à MégaVéga et se préparait à sa future nouvelle mission.
On va aller détruire du robot-cyborg-fou-maléfique ! C'est pas des pirates, c'est pas des révolutionnaires, mais c'est quand même vachement pas des gentils. Et il parait que ça fait ultra longtemps qu'il y a des problèmes avec ces cyroborgs, alors il était temps qu'on fasse appel à moi. Et aux autres.

Je n'ai plus d'hommes sous mes ordres actuellement. La plupart sont restés avec Boïna. D'autres sont blessés et se reposent à MégaVéga. Le commandant a dit qu'il verrait ce dont je suis capable, qu'il avait tout les sergents qu'il fallait pour mener les hommes pour le moment. Moi ça me va. J'espère que les autres sergents vont rester d'attaque jusqu'au bout. Ça m'ennuierait de devoir diriger une escouade. C'est pas que je peux pas, c'est que ça demande de réfléchir.
Que réfléchir, ça fatigue.
Et que ça donne faim.
Et que si je suis ici c'est pour me battre, pour la Justice et pour ne pas avoir à réfléchir. Alors bon, je vais pas aller me plaindre de n'avoir personne à diriger actuellement.

J'ai repris des armes, couteaux et pistolets. Et un fusil en plus. Je commence à devenir un vrai petit arsenal moi. D'ailleurs j'ai commencé à m'entraîner avec les pistolets, les quatre à la fois. Avec quatre bras à la fois, c'est quand même pas facile. Heureusement quand il faut recharger je peux le faire rapidement, suffit de rajouter des bras pour qu'ils fassent le travail.

Ça, c'était sur le bateau en venant. Maintenant qu'on est sur l'île de Bulgemore, au milieu de la neige et du froid et du vent, je peux plus vraiment me servir de mes pouvoirs qui font apparaître des pieds et des mains là où je veux. Parce qu'il fait froid ! Et qu'ils sont pas couverts. Et après je parie que je peux tomber malade en attrapant froid à cause de mes bras bonus.
Mais c'est pas grande, il me reste encore le pouvoir de tomber dans l'eau et en mourir sans nager, lui c'est pas la neige qui va le faire disparaître. Et le pouvoir d'être la personne la plus absolugéniale du monde, bien sûr. Mais ça, je l'avais bien avant de manger mon fruit du pasbon.


Du coup, comme je suis pas vraiment affectée à une escouade, que j'ai pas deux caporaux sous mes ordres et encore moins des soldats pour aller avec, on m'a confié à un lieutenant, un type assez tranquille qui n'en fiche pas une. A moi de faire ce que je peux pour aider les autres du groupe. Eh, pas de problème. Je suis Gallena Scorone, s'il y a une chose que je maîtrise à la perfection c'est sûrement d'aider les autres. Et juste au-dessus, être géniale. Du coup ça fait deux choses.
Et de bien savoir me battre. Trois choses. Trois. Ainsi que ... d'accord quatre choses. Bon, je recommence.

Oh et non, j'ai autre chose à faire que récapituler des listes idiotes. Les autres marines du groupe ne semblent pas vouloir m'aider. Pas que j'ai demandé de l'aide, mais quand même, ils me tirent une sale gueule quand je leur parle. Ça doit être mes cheveux roses. Ils doivent en être jaloux, surtout l'autre chauve. Na, qu'il soit jaloux tant qu'il veut. Il est même pas caporal lui, alors que moi je l'étais à peine sortie du B.A.N. Si c'est pas une preuve que la rositude est supérieure à la calvitie, je sais pas ce que c'est.

J'ai pas l'impression qu'on va pouvoir prendre des douches ici. En même temps, l'eau elle doit être glacée. Comme tout le reste sur cette île. Fait froid, fait froid, fait très très froid. Je sens que je vais vite m'en lasser de ce froid. Trop répétitif, pas assez innovatif.
Trop ennuyeux.

J'aime pas m'ennuyer.

Pas de douche, pas de livres (j'ai fini le seul que j'ai trouvé à MégaVéga sur le trajet en venant), pas moyen d'aller se balader dehors avec le froid. J'espère qu'on va bientôt sortir en patrouille ou quelque chose, histoire d'aller reconnaitre le terrain. Peut-être qu'on va tomber sur un ours méchant, qu'on va pouvoir le cogner et lui voler ses poils pour m'en faire une grosse couverture.
Est-ce que les pistolets fonctionnent par ce froid, au moins ? Ou la poudre gèle avant d'avoir pris feu ?

Va falloir essayer.


Je préviens mon lieutenant, je vais demander au commandant de m'envoyer dans le premier groupe à quitter la ville. J'ai besoin de faire quelque chose. J'ai trop longtemps tourné en rond sur le bateau. Alors je sais, c'est pas génial pour la hiérarchie, je suis pt-être censée rester avec mon lieutenant ou je sais pas quoi, mais c'est pas mon travail ça. Mon travail, c'est cogner. Et défendre les gens.
Pas restée enfermée dans un vieux bâtiment.

Où est-ce qu'il est le commandant d'ailleurs ?
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J’inspire à plein poumons ... Rien de tel qu’un air frais et sec pour se revigorer ! Mais pourtant, je crois que je suis le seul à bord à apprécier. Les autres remettent une couche d’épaisseur à mesure que le ciel blanchit, signe que nous approchons de notre destination. Et ma rousse de cheffe la première, Meredith Rockbell, qui grommelle depuis quelques temps déjà. Elle qui vient de Suna Land en South Blue a tenu à m’accompagner sur le pont, un peu à l’écart, puisqu’il faut dire que nous sommes à bord du navire de la vingtième d’élite, et nous, Cipher Pol 3, nous sentons comme des bergers un peu violents dans une bergerie de moutons rebelles. Et cette idée me fait doucement sourire ...

D’autant plus que j’aperçois la Sergent d’élite Scorone, avec qui j’ai eu le plaisir de partager une mission en qualité de Sergent d’élite moi aussi, mais pour mieux la coiffer à l’arrivée. Et heureusement, elle ne semble pas me reconnaître. Il y a également deux agents à bord, mais je n’en ai un peu cure, je suis ici uniquement pour prêter main forte.

Nous sommes partis de Mega Vega. A l’origine, nous n’avions qu’une seule mission, Meredith et moi, à savoir monter un dossier à charge sur l’ingénieur-en-chef de la brigade scientifique de Bulgemore. Il est installé dans les anciens laboratoires du vieux Vegapunk et serait soupçonné d’armer la Révolution. J’ai donc demandé à ce qu’on m’amène à Mega Vega afin de faire changer toute mes petites pièces métalliques qui composent en partie mon corps pour ne pas risquer le dysfonctionnement et les gelures aux extrémités. Cela pourrait m’être fatal si mes veines en acier sont touchées, mais ce nouvel alliage que les scientifiques de la base m’ont greffé perd un peu en résistance et en poids mais s’acclimate très bien au froid.

Nous aurions du partir avec un équipage d’agent du Cipher Pol, mais hélas, nous avons reçu d’autres informations : la 20e d’élite est également envoyée sur Bulgemore afin de régler une histoire de robots rebelles ... Voilà la seule ombre au tableau de cette Boréa cybernétique.
La seule ? Pas vraiment en fait ... Puisque le blizzard menace de se lever avant notre arrivée, et je vais devoir me couvrir davantage et perdre de ma prestance en me couvrant à mon tour de ma cape qui a au moins la décence de me protéger du froid polaire.

Et il faut croire qu’on ne s’y habitue pas quand on voit comment est vêtue la brigade scientifique qui nous accueille et nous mène à nos baraquements. La troupe ouvre la marche sur ordre de l'Agent du CP5 infiltré, nous lui emboîtons aussitôt le pas. Quand nous arrivons après quelques minutes de marche pénible pour beaucoup, les Marins d’élite installent le campement.
Je n’aide pas, contrairement à ma cheffe qui ne manque pas de me le faire savoir.

- Vous êtes de Boréa, non ? De Lavallière qui plus est ?
- Euh ... oui.
- Et votre sens de l’hospitalité et de l’entraide alors ?
- Ah, ça ... Je suis né à Bourgeoys, désolé.


Non mais vraiment ... Tout ce que je veux, c’est avaler une cafetière pour me réchauffer. Hors de question que je mette la main à la patte, je me sens bien au dessus de ça.
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Atchoum !

Ma mère me disait toujours que j'avais du sang de géant. Que mon arrière grand papy ou une connerie du genre s'était acoquiné d'une géante d'Erbaf. Même si d'un point de vue purement anatomique je reste assez perplexe, c'est vrai que si tu regardes ma carrure de colosse, ça m’apparaît pas totalement absurde. En tout cas si j'avais hérité de la stature impressionnante de mes glorieux ancêtres, je me suis bien fait roulé pour ce qu'il s'agit de la résistance au froid. A peine arrivé sur cette saloperie d’île enneigée que j'étais déjà enrhumé. Mais on m’enlèvera pas l'idée que j'avais bien eu raison de me rouler torse nu dans la neige pour montre aux gars du régiment que le froid c'est psychologique. C'est bon pour le morale de la troupe ça. Et m'occuper du moral des gars c'est mon boulot.

Saloperie d'île enneigée, régiment, mon boulot ? Ah mais d'accord, on m'avait pas prévenu que t'étais un peu long à la détente. Faut être attentif quand les gens parlent. Surtout que d'habitude je parle pas beaucoup, tu pourrais au moins en profiter. Bulgemore, c'est là que je suis. Bien loin de mon bureau de Marie-Joie, et des fondues de Dédé. Et pourtant Dieu sait que j'en aurais besoin d'une bonne fondue, à croire que ça été inventé pour des gens qui vivent dans des endroits froids. Je me demande bien d'ailleurs si Dédé vient d'un endroit froid, il reste toujours aussi mystérieux, pourtant ça fait un bail qu'il s'occupe de la cantine du CP5, et on a jamais vraiment eu l’occasion de discuter de son passé. Cela me rappelle la première fois où on s'est rencontré. Un soleil superbe et une chaleur étouffante, tout était réunie pour la naissance d'une belle amit...

Comment ça je m'éloigne du sujet ? Toujours à jouer la mouche de poche toi ... Dis le tout de suite si ce que je dis t'emmerde.  Pire si tu ose penser que mon amitié avec Dédé puisse être un sujet secondaire. Où j'en étais ? Bulgemore. Ah oui une mission top secrète. Enfin top secrète pour les civils, chez nous c'est une petite mission de routine. Mais c'est pas loin d'être mes préférées. L'infiltration pour les agents du Cipher Pol c'est un peu comme les pelotons d'exécution pour les soldats, c'est l’occasion de quitter la routine du quotidien pour faire quelque chose de ludique et de gratifiant. Moi j'adore ça, on peut s'inventer un personnage, un passé, un avenir. Mentir effrontément en face des gens et les voir tout avaler. Ça renforce mon complexe de supériorité et j'adore ça. Et oui pas de Krueger Kouglof à Bulgemore .

Lars Salengro, soldat d'élite de première catégorie, vingt ans de boutiques comme cantinier chez l'élite. Mon arrière grand père faisait griller des saucisses pour les soldats à la bataille de Marinford, je préparais la soupe à la bataille de Zéro Reverse. Il y a rien que je ne puisse pas me procurer, un vrai petit filou j'ai des très bons contacts. Du lard fumé? Des infusions de verveine ? Un carré de chocolat ? Demande donc à ce bon vieux Lars, il trouvera de quoi faire ton bonheur. Enfin sauf le bonheur de l'ex cantinier du régiment, qui était tombé pour un sinistre cas de dons des surplus militaires aux orphelins. Je suis comme toi, moi aussi sur le coup ça m'a choqué mais tu sais on voit tellement d'horreur de nos jours. Mais bon me voilà ici, emmitouflé dans la tenue réglementaire de la marine, loin, trop loin de ma fidèle combinaison jaune à traquer les moutons noirs de la 20ème d'élite.

La mission avait toutefois sa petite particularité. D'habitude dans notre maison, on bosse seul. C'est ce qui nous différencie de ces sombres crétins du CP8 qui bossent en équipe. Il en faut cinq pour faire le boulot d'un seul agent de chez nous. Bah ce coup-ci on est deux. Et pas n'importe lequel s'il vous plaît. Alric Rinwald le tueur d'orphelin, presque une légende vivante de par chez nous. Auteur d'un rapport ultra populaire sur le nettoyage en règle d'un orphelinat révolutionnaire. Les rumeurs allaient même jusqu'à lui octroyer sa propre machine à écrire, l'équivalent pour un agent du Cipher Pol d'une bonne vingtaine de médaille pour bons et loyaux services. J'en ai même pas une c'est pour dire. L'agent Rinwald n'était pas un agent à l'ancienne, mais il faisait du bon boulot. La collaboration s'annonçait agréable, même si Scorpio m'avait ordonné de le tenir à l’œil. Rien de très surprenant, je parierais bien un poulet rôti que l'inverse est vraie. Mais pour le moment, je suis pas agent du Cipher Pol, je suis cantinier. J'ai de la bouffe pour une division entière à préparer. Heureusement je suis pas tout seul à devoir me charger du boulot. Pendant qu'avec les collègues on décharge le paquetage j'en profite pour commencer à sympathiser. Sam et Paul, ravis de vous rencontrer les gars. Je suis nouveau, c'est moi qui me présente. Je leur parle de mes deux filles, de ma petite Sarah qui attend le troisième enfant. De mes états de services bidons, et de comment on cuisine le crabe déménageur d'Alabasta. Mine de rien c'est du boulot, si j'avais un fruit du démon comme Dédé, j'aurais facile gagner une ou deux heures de boulot, mais bon le travail manuel ça a du bon.

Une fois cela fait, je m’éclipse discrètement sous un prétexte fallacieux, je m'en vais quérir le lieutenant d'élite Angus que je finis par retrouver aux alentours d'une allée qui commence à se former dans le baraquement. Salut militaire classique, on va pas se faire la poignée de main secrète du CP5 ici. On est des pros après tout. Temps de prendre mes ordres pour la fin de journée, grâce à notre super code de communication.

Soldat cantinier Salengro au rapport Lieutenant ! Le repas pour la troupe sera bientôt prêt. Auriez vous un désir particulier pour le repas de ce soir ? Je devrais bien pouvoir me débrouiller pour vous trouver un petit quelque chose dans mon stock.



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Tiens, y’a Krue… Salengro qui vient me parler.

« Ouais, Salengro, t’aurais du saucisson aux noix ? »
C’est le code qu’on utilise pour traquer les révolutionnaires. Ils ont toujours eu une certaine obsession du sauciflard, apparemment. Ca et tagger les chiottes, c’est des pros de la revendication, y’a pas à dire.
« Rien, Lieutenant Angus ! Autre chose que vous voudriez ?
- Hm… J’vais prendre un peu de ce fromage spécial.
- Vous parlez du fromage de MeuhMeuh géante des mers ?
- Non, pas celui-là. L’autre, celui qui vient de Marie-Joie.
- Ah. Mais il n’en reste qu’un petit peu et…
- Justement, j’vais prendre tout ce qui reste. Merci, Salengro. »
Avec un signe de la main, j’me barre dans les allées de tente en pensant au fromage de Dédé, de la cantoche du CP5, que j’vais avoir ce soir. Ca me requinquera.

Une estafette se pointe en courant à côté de moi.
« Lieutenant Angus.
- Ouais ?
- Le Commandant Thorn requière votre présence immédiate dans sa tente.
- Les autres lieutenants aussi ?
- Oui, Lieutenant.
- Bon bah j’y vais, alors. »
Semblerait que ce bon vieux Thorn ait fait ses discussions avec le patron de la garnison locale et décide de nous filer ses ordres. Comme j’suis un vrai Marine de la vingtième, j’avance tranquillement, les mains dans les poches, vers le coin de commandement.
A l’entrée, deux autres lieutenants sont déjà présents, en train de discuter en attendant qu’on soit plus nombreux avant d’aller voir le patron. C’est Minus, le colosse de trois mètres de haut aux avant-bras comme deux fois mes cuisses, et Charme, une vieille virago façon aventurière pas épargnée par les ans. Funeste arrive au moment où l’auvent de la tente est écarté par un marine qui nous dit qu’on attend plus que nous. Ha. On s’regarde : la dernière gradée était déjà à l’intérieur. Haussement de sourcil évocateur alors que Charme rentre en secouant la tête.

Les deux autres sont autour d’une carte de l’île déjà couverte d’inscriptions style topographie et troupes. On s’place autour de la table sous le regard attentif de Thorn, notre commandant d’élite bien aimé.
« Quelque chose à relever pour l’installation ? Demande-t-il.
- Nan, rien, répond tout le monde.
- Les hommes s’demandent pourquoi les mouches à merde du CP3 sont là, commandant, que j’dis. »
Il est CP3, et ça le fait pas marrer ou bisquer plus que ça. Il m’fixe salement.
« Leur mission est confidentielle, je n’en ai donc pas les détails. Lieutenant Angus, vous venez de vous porter volontaire pour une mission d’éclaireur, avec une de vos sections. Vous partez dans deux heures. »
Ca sourit d’un air détendu chez les autres. J’ai récolté le droit de me les geler, on dirait. Le patron explique la situation, le laboratoire du vieux génie, les limites de la ville, là où y’a des robots méchants, tout ça. Ma mission, vu que j’l’accepte, c’est d’explorer le périmètre autour de la ville et jusqu’à l’entrée à moitié effondrée des souterrains. Comme si les autres de la garnison connaissaient pas déjà le coin. Evidemment, c’pour faire un baptême du froid. Et on est congédié.
« Au fait, Angus. Demandez à l’agent Rockbell et son assistant s’ils veulent venir avec vous.
- C’est nous qui… ?
- Aucune idée. »

D’une tape sur l’épaule, les autres lieutenants me souhaitent bon courage. Si j’dois en plus me coltiner les mouches à merde du CP3… J’ai tiré le gros lot, faut croire.

Comme j’aime pas être le seul malheureux, j’rentre au coin de mes deux sections avec un grand sourire sur la gueule. La merde dévale la hiérarchie. Ils ont fini d’installer les tentes en ménageant de belles allées pour la circulation, et la bouffe est quasiment finie. Salengro a bien bossé, on dirait, vu le fumet. Et y’a même des matelots d’élite qui ont monté la mienne, de piaule.
« Sergent Scorone ! Que j’aboie.
- Oui, Lieutenant Angus ?
- Prenez une section, on part en éclairage dans deux heures ! »
La Scorone, je l’avais croisée à Reverse Mountain, quand j’me planquais comme matelot d’élite dans sa section. Elle m’a pas du tout reconnu. Pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, quoi. Et elle aime pas avoir d’hommes sous ses ordres, donc c’est l’autre sergent qui s’coltine les deux sections, sans s’plaindre. J’vais lui refiler des soldats dans les pattes, ça lui fera les pieds.

Les hommes commencent à gueuler un peu.
« Bouffez et mettez vos culottes en laine. Pendant c’temps, les autres vérifieront tous les équipements, y compris ceux de leurs camarades. Quand j’reviens, revue du matériel, j’veux que tout brille, pigé ? »
La Marine, en fait, c’est facile. Faut trouver des occupations aux hommes et devenir presque aussi haïssable que les types d’en face, histoire que quand on arrive sur le champ de bataille, les soldats soient tellement à cran qu’ils sont prêts à bouffer du lion. Toutes ces histoires de gradé sympa, c’est vraiment d’la connerie.

Reste l’agent du Cipher Pol. Encore une collègue devant laquelle faudra pas faire de vagues. La tordue, elle crèche avec nous pour le moment, un peu à l’écart quand même. J’me fais indiquer le chemin vite fait, et les Marines sont de moins en moins contents à mesure qu’on approche de chez elle. Ils doivent avoir la sale impression d’être surveillée, et c’est effectivement ce qu’elle fait, assise sur une chaise pliable, les yeux sur les soldats qui bossent.
« Rockbell ?
- Agent Rockbell, insiste-t-elle.
- Ouais, ouais. Lieutenant Angus ici. On fait une sortie pour explorer les alentours de la ville et le chemin jusqu’au labo du vieux Vegapunk. V’voulez venir ? »

Franchement, j’espère bien que non. J’ai pas envie d’avoir à faire gaffe à être le parfait sale Marine et courir le risque qu’un Agent extérieur à la mission vienne me chercher des poux dans la tonsure. Y’a l’autre cyborg qui sort de la tente, un air benêt sur le visage.

Chiasserie, j’aurais pas dû ouvrir ma gueule dans la tente du Commandant…
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Les tentes se montent doucement. Les nôtres en dernier, encore plus doucement que celles d’avant, et je parierai pas sur le fait que les mouetteux commencent à fatiguer ou à se les geler. Non, bouger dans le froid permet de se réchauffer et surtout, nous n’avons pas infiltré leur rang, Meredith et moi, nous sommes ici en qualité d’agents. Du CP3 en plus de ça. Autant dire que nous ne sommes pas tellement aimés et ils nous le font savoir.

Cette situation ne me déplaît pas. Au contraire. J’aime savoir que je suis indésirable mais au dessus d’eux. Peut être même passeront-ils à l’action discrètement au lieu de nous jeter de brefs regards noirs. Un coup fourré j’imagine, comme d’habitude. A croire que c’est tout ce dont ils sont capables. Pitoyables, fidèles à eux même.

D’ailleurs, il me semble que je ne suis pas le seul qui se délecte de cette situation. Ma rousse de cheffe affiche un léger rictus narquois depuis quelques temps, et je n’arrive pas à savoir pourquoi, parce qu’elle aide ces foutus mouetteux d’élite, donc je pense pas qu’elle s’estime supérieure à eux.

Pourtant, elle devrait. Elle déchantera bien vite si jamais on se retrouve dans un guêpier et qu’on sera obligé de demander leur aide. Ils se feront un plaisir de faire du zèle, ou de nous foutre encore plus dans la merde. Ouaip, la défaillance ne doit pas être au goût du jour. Ce n’est pas permis.

Mais il y a forcément quelque chose qui la fait sourire comme ça.

(...)

Une fois notre tente enfin montée, expressément à l’écart (ce qui n’est pas sans plaire à tout le monde à vrai dire), nous pouvons nous engouffrer à l’intérieur pour nous réchauffer quelques peux.
Après s’être assurée que nous étions relativement seuls d’un rapide coup d’oeil aux alentours, elle se confie à nous en me chuchotant dans l’oreille :

- Björn, vous voyez le Capitaine Thorn ?

Je confirme d’un signe de tête, sans la regarder.

- Il s’agit d’un de mes collègues.

Puis elle se rassied. Son sourire a encore augmenté en intensité, et il ne me faut pas bien longtemps pour comprendre : il s’est infiltré dans la 20è pour mater les brebis galeuses.
Hahaha, intéressant ! Les intrigues se nouent délicieusement !

Me voilà avec le même rictus de ma cheffe.

(...)

Un instant plus tard, j’entends des bruits de pas qui se rapprochent, et quelqu’un qui discutent avec ma cheffe d’équipe. Le labo hein ?

Je sors de la tente. Celui qui se présente sous le Lieutenant d’élite Angus jette un oeil sur moi, visiblement irrité.
Meredith lui répond délicatement :

- Je ne saurais refuser une si charmante intention.

Tu m’étonnes ! Nous allons pouvoir jouer sur deux plans !
Décidément, qu’est ce que j’aime Bulgemore ! Une Boréa cybernétique qui me procurera de bons souvenirs, à m’en pas douter !

Ma rousse de cheffe jette un regard en arrière pour voir si je suis prêt, je confirme d’un signe de tête.
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C'était donc ça ! Zut zut zut. C'est ennuyant ça. Pas parce que je découvre que j'ai bien deux escouades à diriger, ça c'est pas un problème même si j'aime pas, il y en a toujours qui se blessent ou se font tuer, franchement c'est mieux quand je me débrouille toute seule. Non, c'est pas parce qu'on m'ordonne de guider ces deux escouades et de suivre le Lieutenant Angus pour une mission d'exploration du dehors que je suis ennuyée.
Au contraire, moi je voulais sortir. Y va faire plus froid une fois dehors, mais ça sera plus intéressant que de rester à se tourner les pouces à l'intérieur.
Non, le problème, il est ailleurs. Finalement y avait pas besoin qu'un sergent se blesse ou doive être remplacé pour qu'on me file des escouades. Non non non.

Ils auraient pu me le dire avant, au lieu de faire comme si je devais le savoir depuis le début, quand même.
Je trouvais ça bizarre, qu'il gère autant de monde, l'autre sergent de la section. C'était à moi d'en diriger la moitié !! Ça fait depuis que je les ai rejoins à Bulgemore et du coup même avant qu'il se tape vingt-quatre personnes, à les entraîner et tout. Franchement, le Sergent Jadieu il a fait du bon travail, il a maintenu tout le monde en forme et en ligne. Mais même si personne d'autre me le dit, il aurait pu me prévenir que j'étais censée l'aider, que c'était pas normal qu'il ait quatre escouades sous ses ordres.
Pourquoi il me l'a pas dit ? Il me fait pas confiance ? Pourquoi il me ferait pas confiance ? Y a pas de raison. C'est de la discrimitation. Je parie que c'est parce que je viens d'Inu Town et lui d'Hinu Town. Enfin, je sais pas même réellement s'il vient d'Hinu Town, mais il en a bien la tête. Et ça expliquerait qu'il me fasse pas confiance. Pappa en parle parfois, des perfides Hinu Towniens. Comme quoi ils ont copié notre nom et nos traditions et qu'ils ont ajouté "sauce désert" dessus et que maintenant ils en profitent pour vendre leur pain plus cher.
Moi je m'en fiche. Je vends plus de pain maintenant que je suis dans la marine. Et franchement, l'île de départ on s'en fiche, on est tous des marines. On se bat pour la Justice, oui ou non ? On va pas se battre pour de la sauce à désert et du pain.

En plus sans viande ni fromage, les sandwichs c'est nul. Même avec de la sauce.


Hum ... retour aux moutons neigeux. Me voilà donc finalement avec mes douze soldats dont deux caporaux, habillés chaudement et jetés dans la neige derrière les fesses du Lieutenant et flanqués de deux agents du Cipher Pol. J'en avais encore jamais vu en vrai. J'en avais entendu parler, vaguement. Notamment dans un livre, avec les aventures du pas réel Poivrkontnu. Mais du coup j'étais pas sûre qu'ils étaient réels.
Ou pt-être qu'en fait les deux-là sont pas des Cipher Pol et se font passer pour des Cipher Pol qui n'existent pas pour pas qu'on sache que les deux-là sont un autre truc ultrasecret qui existe réellement !
... Oui mais du coup le nom ça change pas le fait qu'ils existent.

La neige, donc. Froide, humide, blanche, neigeuse. Normal quoi. Et on suit le lieutenant. Et c'est long. Et c'est lent. Et ça n'avance pas vite. On évite de trop parler, y a un peu trop de vent froid, ça fait vite mal aux poumons de trop parler. Et franchement, j'ai pas besoin de revenir de cette île avec une maladie pire qu'un rhume.

La route vers le laboratoire de Vegapunk est longue. Vu que le laboratoire est dans les montagnes, ça fait plus d'une grosse heure de marche. Je crois pas que ça en fasse dix, parce que la nuit est pas encore tombée, mais ça fait quand même pas mal de temps. En plus il se passe rien en chemin.
On croise bien des bestioles cyborgs robots, mais la plupart quand elles nous voient évitent de s'approcher. On doit être trop nombreux pour elles.

Videmment, quand je me dis ça c'est le moment que choisit un idiot d'ours-robot pour sortir d'un gros tas de neige et se jeter sur nous. On reconnaît plus beaucoup les morceaux d'ours, il a du métal un peu partout dans tous les sens. Il a une forme d'ours, il a une tête d'ours avec des plaques de métal sur la tête, mais il a une grosse roue à la place des pattes arrières et des patins à neige sous les pattes avant. Du coup, à part sa mâchoire il est dangereux que s'il nous glisse dessus. Ou s'il attaque avec les lames qui s'agitent sur son dos.
Il nous prend par surprise, il est super près de nous, et j'ai pas le temps d'ordonner à mes soldats de faire quoi que ce soit qu'il est déjà mort.
Beurk .... y avait du cerveau à l'intérieur de la tête en métal apparemment. C'est le Cipher Pol tout en métal qui a bondit sur l'ours, plus vite que tout ce que j'ai vu. Et d'un coup de pied, y avait plus d'ours. J'ai presque rien vu. Si j'avais pas déjà observé des sorus le mois dernier, j'aurais sûrement pas compris.

Et un robotours de moins, même si j'aurais préféré qu'il soit pas mort. C'est notre mission, mais ça empêche pas de pas aimer.
Il me dit quelque chose, ce Cipher Pol. Me demande si je l'ai pas déjà vu. Mais je connais pas de Cipher Pol, pourtant. Peut-être que je confonds. De toute façon il est pas important. La seule personne importante ici comme ailleurs, c'est moi. Faut bien le retenir, ça.
Les autres, ils comptent pas.
J'suis la plus importante et puis c'est tout.


Un ululement retentit entre les rochers. Ca doit vouloir dire qu'on est bientôt arrivés, un genre de musique d'accueil, je suppose. Tiens, voilà le comité qui court vers nous. Des loups robots, certains sur chenilles. Des oiseaux avec des griffes en métal et des ailes en métal et parfois plusieurs têtes. Un ours avec des tentacules en métal et trois bras à l'avant. Et je crois avoir vu des écureuils sur le dos d'un loup. C'est trop cool. J'aime bien les écureuils moi.

Y en a même un qui envoie de la lumière par les yeux, qui tape pas loin de moi. Et ça explose. C'est un écureuil laser ?!
Mais c'est trop méga ... dangereux ? Génial ? Les deux à la fois ?

Euh ... va pt-être falloir les arrêter du coup. Parce qu'ils ont pas l'air de s'enfuir et déroute. Là, ils ressemblent plutôt à un gros tas désorganisé en train de nous foncer dessus.
Je crie mes ordres tout en commençant à utiliser mes pouvoirs pour nous défendre.

- En position sur deux lignes, première escouade genou à terre ! Soyez prêts à faire feu !

En même temps, j'utilise des bras pour attraper les écureuils que je vois et les balancer en l'air. Ça fait des écureuils volants et surtout ils peuvent plus viser aussi bien avec leurs lasers des yeux.
C'est marrant.
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Voilà que ma section est de sortie. Moi y compris, ouais dans l'élite même les cantiniers doivent se battre. Pas de bol que ça tombe sur nous. Mais c'est pas bien grave. Le révolutionnaire a tendance à se dévoiler à l'épreuve du feu. Ceux infiltrés dans la vingtième n'y feront pas exception. Nos ventres à peine remplis par la maigre soupe préparée par mes soins et notre tenue d'hiver sur le dos, nous autres les gars de la troupe nous marchons. Nos pas font craquer la neige qui recouvre le sol. Pas un mot dans les rangs. Les hommes traînent cependant les pieds. Pour ma part j'ai commencé à noter minutieusement tout ce que j'apprenais sur les types de la division. C'est un vieux défaut professionnel j'ai les oreilles qui ont tendance à traîner. J'entends toutes sortes de conversations étranges, inutiles, surprenantes. C'est dingue comment les types sous prétexte que tu as une louche à la main semblent totalement t'oublier. Tant mieux d'ailleurs mon boulot c'est de me faire oublier. Mais ce qui m'intrigue le plus, c'est la raison de la présence de ces charlots du CP3 … Encore les mecs du service des relations interbureaux qui ont déconné. J'en toucherais un mot au lieutenant Angus à l’occasion.

Celui de Salengro par contre il est bien moins fun. Non seulement faut faire à manger mais en plus faut parfois marcher sous la neige le fusil sur les épaules. Je suis la troupe du sergent d’élite Scorone bien gentiment. Bah la peine de coller Rinwald. Les types avec moi, ont pas l'air ultra rigolos mais par contre je suis assez époustouflé par leur professionnalisme. Un ordre de la Gallena, une bestiole électrique et les voilà en ordre de bataille. Quand on est dans l'élite on se refait pas. Quand tu vois que même chez eux les cuistots se battent. Tu me diras que Dédé à son époque était lui aussi un farouche combattant. Sans moufter donc, les soldats prennent formation en deux ligne, et nous armons nos fusils. Prêts à faire feu. Ah oui le soldat d'élite est docile et discipliné, si on lui a pas donné l'ordre de faire feu, un ours cybernétique peut bien lui bouffer les jarrets qu'il ne bougera pas. Un bon soldat d'élite … Un révolutionnaire potentiel lui fera feu sans qu'on lui demande rien. Anarchiste de mes …

Feu !

Nous hurle le sergent alors qu'une meute de loups mécanisés jouent de leurs chenilles pour se ruer vers nous. Les balles sifflent presque toute en même temps. L'orchestre joue en rythme, c'est plutôt bon signe. Les projectiles percent plus ou moins les créatures selon qu'ils atteignent une partie mécanique ou une partie organique. Et voilà qu'on doit déjà recharger. Bien fait de me réentrainer un peu au tir avant de partir, je serais vraiment passer pour un cake. Hum un cake …

Feu à volonté !

Je reprends mes esprits à temps pour loger une balle dans le poitrail d'une des bestioles, heureusement quand même que j'ai pas à faire ça avec des couteaux putain. Quoi que, je trouve ce sergent bien dépensier en matière de munitions. En tant que gars de l'intendance j'aime pas trop ça. Non mais c'est vrai quoi. Elle sait combien ça peut coûter une balle, entre la matière première, la main d’œuvre, la logistique ? Et pendant ce temps, des dizaines d'agents se serrent la ceinture en se partageant stylos et machines à écrire … Tout ça pour quoi en plus ? Zigouiller des bestioles que l'on peut même pas manger histoire de rentabiliser un peu l'opération ? Cela coûter quoi d'ordonner une charge sabre au clair, baïonnettes aux fusils à l’ancienne. Quelques vies humaines ? Certes mais la vie de ces types vaut bien moins que leurs équipements.

Alors que je me perds dans ces réflexions d'ordre purement financier, les bestiaux se sont rapprochés. Les hommes dégainent leurs armes de corps à corps. Et c'est partie pour un gros bordel comme le sont systématiquement les mêlés. Et pendant que je m'acharne sur l'un des loups me servant de mon fusil comme massue, j'aperçois l'un de mes petits camarades en difficulté. C'est le moment de jouer les héros je suppose. J'arme mon fusil et je tire dans l'un de ces étranges piafs mécaniques qui nous harcèlent.

Ah la douceur de la vie de soldat. C'est pas mal au moins, ils font de l'exercice, nous autres des fois on se tape des filatures et des planques avec pour seul bouffe un pauvre sandwich. Le temps pour moi de remarquer les bras qui poussent sur le sergent. Fruit du démon. Note pour moi même vérifier qu'elle est bien enregistrée dans le registre des utilisateurs de fruits démoniaques et les possibilités de celui-ci et noter tout ça sur mon carnet. Enfin pour le moment, il s'agit surtout d'éviter les serres de ces saloperies de volatiles mécaniques. Tu sais moi j'aurais bien déployer l'intégralité de ma force et réduis toutes ces saloperies en bouillie d'un rokuogan  bien senti. Mais je suis qu'un pauvre soldat d'élite moi. Et je ne maîtrise accessoirement pas très bien le rokuogan … Tout ça pour dire que j'apprécierais que les autres viennent nous filer un coup de main.

A moins que l'agent Rinwald pragmatique comme toujours se dise qu'en laissant une bonne partie de sa section crever, il zigouillera bien quelques révolutionnaires même potentiels dedans. Ce qui serait avouons le, un coup de génie. Oh merde … Voilà un truc qui me fonce sur le râble. Je ressers fermement mais calmement mon emprise sur mon fusil tandis que j'identifie enfin l'espèce du cyborg qui me charge.


Une saloperie d'ours.
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Après les loups et les piafs, une meute d’ours cybernétiques s‘pointe. Des ours ? En meute ? Putain, quoi. Derrière, les hommes obéissent aux ordres, canardent au fusil puis vient le grand moment de joie du corps à corps. J’circule dans les rangs, maintenant resserrés, avec de la neige jusqu’aux genoux. Et, dès que j’peux, dès que j’vois l’occasion, j’donne le p’tit coup de surin qui va bien, tout en surveillant la situation.
Mon couteau de lancer s’enfonce dans l’œil de la bestiole qui allait bouffer notre cantinier. Faut dire, il a l’air d’être le plus appétissant d’entre nous. Un grésillement électrique retentit, et l’ours tourne la tête vers moi, avant d’ouvrir sa gueule sur un rugissement en 8-bits.

Toutes les petites bestioles à l’exception de quelques loups ont rapidement été éliminées, et les volatiles sont pour la plupart repartis, certains en battant des ailes, d’autres avec des hélices ou autres systèmes originaux. Et incompréhensibles.
Du coup, les Marines s’étaient regroupés contre les plantigrades améliorés. Certains possédaient des membres en plus, ou des griffes qui s’allongeaient et autre améliorations marrantes. Pour le vioque Vegapunk, s’entend, vachement moins pour nous.

C’est qu’on commence à essuyer de légers dégâts avec ces conneries. Devant moi, Jean-Jacques, ou quel que soit son nom, tombe au sol et rampe à l’écart, couvert par ses camarades. Ca pisse le sang de son épaule, mais ça devrait pas être plus grave que ça. D’un Soru digne de la Marine d’élite, j’me précipite dans la brèche pour prendre sa place et, comme j’suis pas totalement lambin, j’saute sur le dos de la créature. Les genoux fermement accrochés autour de ses épaules, on dirait bien que j’chevauche la bête. Les deux couteaux que j’ai dans les pognes s’écrasent sur le blindage de l’ours, et se brisent.

J’veux bien que j’aie tapé comme une brutasse, mais une armure pareille ? C’est pas du jeu. Avant que j’songe à utiliser un Geppou ou une autre pirouette, elle se redresse, la bestiole, me déloge et m’éjecte dans une congère à quelques pas de là. Un Tekkai a empêché les griffes de s’planter dans ma peau, mais reste que j’ai l’air malin, enseveli dans quatre mètres de neige. Les bruits des combats continuent dehors, et les hommes sous mes ordres ont besoin de moi. Les nazes de Marines.
M’faut quelques secondes pour jaillir de ma tombe enneigée, en garde et prêt à démonter toutes les abominations cybernétiques qui restent. Mais j’vois juste quelques corps qui s’agitent encore au sol, pendant que les soldats reprennent leur souffle, appuyé sur leurs fusils. Faut que j’regarde plus loin pour voir quelques robots rescapés en train de fuir, un poing sortant de leur nuque en train de leur taper dessus.

Ah. Le fruit du Sergent Scorone, sûrement. Eclosions, tout ça.

Meredith Rockbell, la chef d’équipe du CP3, brosse les trois flocons qui se sont perdus sur ses fringues pendant que son sous-fifre vérifie ses articulations. On compte rapidement trois blessures superficielles, que le médecin militaire referme rapidement à coups d’aiguille et de bandages. J’pense que j’leur ai fait forte impression, à mes hommes. Pour compenser, faudra que j’les pourrisse encore plus au camp. S’ils me prennent trop pour une branquignole, vu le passif de la division, ils seraient capables de vouloir me planter.

On est plus très loin du laboratoire, ou en tout cas de l’entrée principale, celle dont on se servira probablement ensuite pour mener les attaques de nettoyage quand on sera là. Et, contrairement aux attaques qu’on a essuyées précédemment, là, tout est calme, même si des trucs semblent bouger à la périphérie de notre champ de vision, hors du petit chemin. Dans les arbres. Mais avec le temps pourri qu’on se coltine, forcément, c’est dur à identifier.

Le Marine qu’est en pointe, éclaireur, se baisse brusquement. J’fais un signe et tout le monde s’arrête, puis s’accroupit. Les fusils sont sortis, armés, et on prend une formation de combat qui permet de couvrir trois angles, avec les deux CP qui protègent l’arrière. Z’ont l’air de se promener, ces deux-là. On s’demande bien ce qu’ils sont venus chercher avec nous dans la neige.

Tout doucement, l’éclaireur, Mirettes, je crois, ou Douglas peut-être, revient vers nous, à croupetons.
« Lieutenant. Y’a un rassemblement de monstres robots plus loin.
- Rassemblement comment ?
- Du genre une bonne cinquantaine.
- Dangereux ?
- Dur à dire. Des éléphants, des tigres, et des poulpes volants mixés avec des albatros.
- Sérieux ?
- Et sûrement d’autres dans la brume.
- On est loin du labo ?
- Il est juste derrière.
- Hm… Doivent garder l’entrée, ces saloperies.
- On fait quoi, Lieutenant ?
- On rebrousse chemin. On a exploré les environs jusqu’au laboratoire, ça ira bien comme ça. On reviendra en force. Ramassez quelques bestioles sur le chemin du retour, des fois que les scientos veuillent les examiner, aussi. On rentre au chaud. »

Les hommes accueillent bien la nouvelle. Moi aussi, même si c’est moi qui l’annonce. Et, quand on rentre, j’ai les doigts de pied comme des blocs de glace, donc les braseros sont pas de trop pour réchauffer ça. Mais, d’abord, j’ai la joie insondable d’aller faire mon rapport au grand patron, Thorn, pour lui dire que les robots ont pas trop envie qu’on aille fourrer notre tarin là d’où ils viennent.

Il sourit, Thorn, et dit que ça sera bien dommage.

Héhé.

J’retourne à ma tente quand j’me rappelle que j’avais dit que j’ferai une inspection du matériel. Raaah…
« Sergent Scorone, vous êtes en charge de l’inspection du matériel. Filez des corvées à ceux qui ont mal fait leur boulot. Salengro, essayez de m’trouver un truc à boire, on s’les gèle ici. Et allez refiler les robots à la brigade scientifique, ils doivent manquer de jouets en ce moment. »

Puis j’m’asseois dans ma tente et j’démarre le feu.

Demain, on commencera l’épuration, j’suppose.
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- A vos ordres Lieutenant.

Moi qui me charge de l'inspection du matériel, ça veut dire deux choses. D'abord que le lieutenant ne veut pas s'en charger et que c'est à moi qu'il demande de le faire et pas à Jadieu. La seconde, c'est que je vais pas avoir besoin d'inspecter mes propres affaires et c'est tant mieux parce qu'elles ont pris un peu la neige et que je suis encore en train d'en nettoyer certaines. Oui, tout en faisant le salut militaire et tout. C'est ça, l'avantage d'avoir plein de mains. On a plein de chocolat.
Aussi, on peut faire plein de choses à la fois, comme quand on m'a assigné aux cuisines …
Et puis je crois qu'il y avait une troisième chose que ça voulait dire, mais j'ai oublié laquelle.

En même temps, faut livrer les carcasses de cyroborgs à la brigade scientifique. Du coup je me prépare à soulever les morceaux de robots détruits afin de pouvoir faire pousser des jambes dessous et les amener sans que j'ai besoin de les surveiller. Mais je réalise un truc capital, important et pt-être bien vachement utile pour moi.
Je souris. Si lui il veut pas, y aura le lieutenant. Je l'ai vu pendant la bagarre cet après-midi. Plus tard pour la scientifique donc.

Tout d'abord, l'inspection du matériel. Inspection inspection … comment ça fonctionne au juste ? Ça doit faire des mois qu'on m'a pas inspecté le matériel. Et c'est pas comme si j'avais reçu un guide en devenant caporal qui disait "Maintenant vous êtes chef d'une unité, voilà comme les ennuyer en faisant des inspections". Pas reçu de leçons sur ça non plus. Des leçons surprises sur "Comment survivre à une inspection", rien sur comment être l'inspecteur.
C'est là que je réalise les manques graves de l'éducation de la Marine d’Élite pour ses sous-officiers.

Bien. C'est le moment d'improviser donc. Ma partie favorite de la journée. Si je pouvais, je ne ferais rien qu'à improviser tout le temps. Même que c'est déjà ce que je fais souvent. J'improvise. Parce que je suis assez géniale pour ça.

Je ferme et j'ouvre mes poings en alternance. Mes vrais poings là. Avec tout ce qu'il m'est arrivé ces derniers temps, je réalise que je les ai un peu négligés, mes bras. Oui, j'ai mes gants de métal. Oui, j'ai la technique maîtrisée. Et oui, j'ai de la force. Mais quand je vois les gens qu'on croise sur ces mers, ma force elle est un peu pitoyable.
Faudra que je reprenne l’entraînement. Faudra … avoir plusieurs bras et jambes, c'est pratique à des moments. Mais je peux pas m'entraîner plusieurs fois en même temps. Faudrait … faudrait plusieurs Gallenas. Faudra que j'y réfléchisse plus tard. C'est pas le moment là.


- Section du Lieutenant Angus, à moi !!

Je lève bien le bras pour qu'ils me voient. J'en lève même trois, mis bout-à-bout. Sauf que les deux bras magiques ils me déséquilibrent tout, alors je les fais bien vite disparaître. Ils viennent autour de moi, mission déjà accomplie.

Je regarde Jadieu, je regarde les vingt-quatre hommes avec nous. Et le cuistot qui nous accompagne, qui a apporté de l'alcool au Lieutenant. J'annonce la couleur à ceux qui l'ont pas entendue.

- Le Lieutenant Angus est trop fatigué pour inspecter le matériel et veut qu'on s'en charge. Donc on va gérer ça simplement. Soldat Salengro, le matériel de cuisine est propre ?
- Elle l'est Sergent.
- Vous pouvez retourner à vos affaires alors. Soldat Nuzuki, votre tente est-elle montée, votre fusil nettoyé et votre lame affûtée ?
- Ben ouais, c'te question.
- Faites voir quand même le fusil. Okay, pouvez y aller. Soldat Mirette, à vous.

Tout le monde y passe, du petit joufflu au grand chauve. Et Jadieu le dernier. Il a fait mine de vouloir partir à un moment, comme quoi ça le concernait pas ou quoi. Mais je l'ai retenu. Pas physiquement hein, je l'ai juste appelé et demandé d'attendre, qu'il était pas dispensé. C'est pas comme si c'était long, une fois sur deux j'ai rien examiné et je leur ai fait confiance. On est dans l’Élite quand même, on est pas des pazzoides. En tout cas moi j'en suis pas un. Et une ça se dit pas.


L'inspection finie rapidement, il ne me reste plus qu'une chose à faire. Pendant que les hommes vont traîner du côté des cuisines, jouer aux cartes ou essayer de faire un feu avec … je sais pas trop avec quoi en fait. Je pense qu'il vaut mieux que je l'ignore. C'est pas comme si c'était probablement important de toute façon.

A l'aide de bras créés, je soulève les carcasses de cyborobots. A l'aide de jambes bonus, je les fais "marcher" jusqu'à là où sont rangés la brigade scientifique. Là, je les pose là où ça les arrange, en faisant disparaître les jambes. C'est fatiguant tout ça. On dirait pas, mais c'est quand même moi qui travaille tout le temps, et ça plusieurs fois en à la fois. Faut que je fasse gaffe à pas attraper des courbatures. Ou une crampe. Holà, je veux même pas savoir ce qui se passerait dans le cas d'une crampe, si ça me cramperait toutes les jambes qui sont des copies de celle qui a une crampe. En plus, j'ai peur que ça fasse mégasupermal.

Brr. Faut pas parler de choses comme ça. Il fait froid, j'ai faim, je suis un peu fatiguée mais ça va je récupère vite, alors j'ai pas besoin de me mettre à réfléchir sur des hypothètes. Le matériel en place, avec un corps à déplacer à un moment que pour ça j'ai juste fait deux gros bras faits de bras (pour m'équilibrer, le second, si j'avais tout le poids d'un côté j'aurais basculé) et j'ai soulevé et reposé.


Et donc c'est fini. Tant que j'évite le Lieutenant pour la soirée, j'ai sûrement quartiers libres. Et lui il donnait pas l'impression de trop vouloir faire autre chose que dormir, de toute façon. J'ai plus de livres à lire, par contre. C'est un peu embêtant. Heureusement que je trouve facilement la personne que je cherche.

Sa tête me dit vraiment quelque chose, à c'çui-la.

- Monsieur le Cipher Pol, vous avez quelques minutes ? Ce qu'on vous a vu faire, c'était bien un Soru, n'est-ce pas ? J'en ai déjà vu. Vous voulez bien m'expliquer comment on fait ? Ça fait un moment que j'essaye mais sans personne pour expliquer le fonctionnement réel, voir des gens en faire ça aide mais c'est pas suffisant.
Merci de … eu .. bien vouloir considérer ma requête d'un œil bienveillant.
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Je soupire, légèrement agacé.

Heureusement que nous avons eu le droit à cette petite balade mouvementée, sinon je crois que je serai mort de froid et d’ennui. Ouais, les deux à la fois. Un peu comme cet Angus. Ennuyeux et glacial. Du coup, il doit être dans son élément.

Je soupire une nouvelle fois, et je regarde ma supérieure qui se réchauffe les mains près d’un brasero, comme si tout allait bien.

- Vous me rappelez pourquoi on est ici ?

Elle me regarde, un peu surprise par cette interrogation, les bras tendus, les mains au dessus du feu.

- Pour leur apporter un soutien dans leur mission. Ce qui nous donne l’occasion de faire une première approche pour la nôtre.
- Ouais ...

Comment peut-elle garder bonne humeur dans une telle situation ? Ca me consterne encore plus et je m’enfonce dans ma chaise pliante que j’ai pris soin de caler près des flammes en bougonnant intérieurement.

Non mais regardez-moi ces Mouetteux ... Inspection du matériel, aucune indépendance, des ordres ... Ca ne me manque pas tout ça. Alors bien sûr que je dépends de ma rousse de cheffe et qu’elle peut me donner des ordres, mais c’est une fille humble et sympathique. J’ai plus l’impression d’être son égal, parler d’agent à agent, qu’être un simple agent en formation, même si son job actuel est de me montrer toutes les facettes de notre fonction.

En parlant de matériel, je repense aux pièces que les ingénieurs de Méga Véga m’ont remplacées, puis à celles des animaux-cyborgs.
Mon nouvel alliage est vraiment plus léger, je le ressens vraiment. Le froid n’a pas l’air de me faire des engelures aux extrémités à cause du métal gelé, sauf mon Radiant Core qui reste d’origine, et je ressens quelques picotements très légers, surtout aux doigts. Je dois m’estimer heureux d’avoir des gants j’imagine ...
Quant aux créations de Végapunk, l’ancien, je trouve ça juste stupéfiant, à la limite du génie. Qui aurait pu penser que les animaux s’acclimaterait bien à ses prothèses cybernét... Oh non ... Pas elle ...

Je vois Linotte s’approcher de moi, et ça me rappelle Orange. Est ce qu’elle m’a reconnu ? Est ce qu’elle vient me le faire savoir ? J’ai pas très envie de tailler le bout de gras avec elle. Surtout pas maintenant ...
Meredith, elle, l’accueille en souriant. Chaleureusement je veux dire, pas un sourire formel et poli ...

(...)

Monsieur le Cipher Pol ... Etrange tournure, risible même. Mais quel âge a-t-elle franchement ? Bon, je me retiens, et je lui réponds sérieusement.

- C’était bien un Soru. Quant à l'entraînement ...

Ce fameux entraînement ... Hmpf. Yleg, le cocktail, le mois d’horreurs et de souffrance, la pince à téton, les mines ... Ah oui ! Voilà ! Les mines !

- J’ai eu un entraîneur très ... spécial. L’échec signifiait la mort ou l'amputation, vraiment ! Même si je ne suis plus à une greffe près ... Il m’a emmené sur un terrain miné, si je marchais sur une mine, il fallait que je m’en éloigne assez vite si je n’allais pas assez vite. M’enfin, pour une théorie plus “banale”, je vous propose de demander à Meredith, elle se fera un plaisir de vous expliquer.

Ouais, je l’expédie assez vite, j’ai pas envie m’éterniser en explications qu’elle ne comprendrait sûrement pas. Par contre, ma cheffe, elle, prend les choses très à coeur.

- Pensez simplement “grande vitesse” et “courte portée” ...

C’est tout ce que j’entendrais de leur conversation en me dirigeant vers ... Salengro je crois. Je me demande si ce n’est pas un peu dangereux de confier la nourriture à un type de sa corpulence. Je ne doute pas qu’il nous fasse des merveilles avec peu d’ingrédients, la bouffe devant certainement être sacrée pour lui, mais est-ce qu’il restera assez pour tout le monde, de ces merveilles ?

Bref, je m’approche de lui, et j’ai reçu que des regards de la part des Mouetteux d’élite mon chemin durant. J’aimerais tellement qu’il y en ait un qui ose s’en prendre à moi pour le mater officiellement ... Ca me passerait les nerfs.

- Cantinier Salengro ? Z’auriez pas un peu de café par hasard ?
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Et que faut j’apporte de l'alcool à Rinwald, et que l'autre il veut du café. La condition d'esclave du gouvernement forcé de racheter sa liberté et moins fatigante que celle d'un marine d'élite. Ce qui en soit est plutôt une bonne nouvelle, si des gars sont capables de rester en poste malgré leur salaire de misère, le danger de la profession et le fait d'être traité à peu prêt aussi bien que des rats dans un grenier à grains, c'est qu'on a affaire à des bons soldats. Et Lars Salengro, c'est un bon soldat, brave, serviable et pas chiant pour un sous. Avec surtout une haute estime de sa fonction. Il n'y a pas plus grand bonheur dans la vie que de voir la joie simple et pourtant bien réel d'un soldat frigorifié dégustant sa soupe encore fumante. Et comme tout bon soldat, le soldat Salengro a, si ce n'est un mépris profond, tout du moins peu de respect pour le CP3. Il est un peu con, mais pas au moins de pas savoir que quand il y a l'un de ces charognards dans le ciel, c'est que ça va pas tarder à chauffer. Puis pour moi c'est vraiment tout bénef, je n'ai même pas à jouer le mépris. Je n'ai qu'à laisser le mien s'exprimer.

Au CP5, nous sommes des artistes, chacune de nos missions est une œuvre d'art, mensonges, tromperie et autres barre de fer sont autant d'outils que nous devons maîtriser à la perfection. Le danger est permanent. Les récompenses et la reconnaissances sont rares pour ne pas dire absentes. Comme des artistes, nous n'y avons souvent le droit qu'une fois mort. Pour les meilleurs, pour les autres c'est juste la fausse commune. Les CP3, se sont des maîtres de chenils, leur boulot c'est juste de châtier des chiens un peu trop vindicatif à grand coup de pompes dans le cul. Sans parler du fait que ces guignols viennent empiéter sur l'une de nos missions. Et ça j'aime pas trop, ça viole toutes les règles de bonne conduite entre bureaux.

Mais bon, le boulot de Salengro, c'est de servir le café quant on lui en demande un. Donc avec toute la mauvaise volonté du monde, je déstocke un peu de ma réserve cachée. Je préfère pas trop attirer l'attention du type. Le temps de préparation terminé, je lui tend son café fumant. Mais comme j'ai un peu de fierté, je peux pas m’empêcher de rajouter.

Par contre je vous préviens. Il est dégueulasse.

Bon c'est pas tout, mais j'ai une mission à accomplir moi. Je suis pas une tanche du troisième bureau, payé à boire des cafés. J'éloigne un peu, le temps pour moi de trouver ce que je cherchais. Un groupe de soldat, assis en cercle. Les bandages, portés par certain d'entre eux laissent peu de doutes. Voilà les blessés de notre petite excursion. Les membres de ma section, il serait grand temps de faire un peu connaissance. Si je gagne leur confiance, et que Rinwald arrive à gérer pas trop mal ses supérieurs et subordonnés directs, on aura déjà tisser la toile dans laquelle viendront se piéger ses moucherons de révolutionnaire. Mon regard se pose sur les blessés.

Rien de grave j'espère les gars ?

Griffure légères, rien de bien terrible pour n'importe quel soldat d'élite qui se respecte. Les cicatrises dont ils sont bardés en sont une preuve édifiante. La conversation s’enchaînent plus ou moins bien jusqu'à s'emballer en une sorte de rite d'initiation dans la marine d'élite qui consiste à comparer ses cicatrices. Si vous saviez ce qu'est la formation d'agent du CP, vous feriez moins les malins avec vos impacts d'obus. Ni une, ni deux, que je découvre mon col. Une saloperie de révolutionnaire qu'avait manqué de me trancher la carotide avec une lame de rasoir qu'il avait planqué dans sa bouche.

Une saloperie de coup de sabre d'un pirate de la troisième flotte des Sunsets, les gars de la brigade c'était précipité pour me recoudre de peur de rien avoir à bouffer le soir.

Et voilà Salengro qui éclate d'un rire semble-t-il communicatif, puisque le reste des types le suivent. Et c'est partie, des discussions de vieux crétins de marins bourrus. Des plus beaux exploits accomplis, les plus redoutables adversaires affrontés, le jour où l'amiral Kenora leur a fait un sourire. Pas facile la vie d'agent secret. Devoir se coltiner ce genre de conversation avec des abrutis finis,c'est pas ultra plaisant. Mais bon, c'est le boulot, je pose pas de question. Heureusement personne n'a le culot de me sortir qu'il a bossé chez les Sea Wolfs. Je lui aurais éclaté sa petite tronche de troufion à coup de poêle. Enfin bref, je vais pas directement mettre sur le tapis la question des officiers qui disparaissent. Laissons du temps au temps. Je suis sur que l'un d'eux finira par aborder le sujet.

Bon les gars, content d'avoir des mecs comme vous pour m'accompagner au front. L'autre pète-sec d'Angus voulait que lui amène son repas directement dans sa tente, faut que j'm y colle. Aimable comme il est, il serait capable de me foutre en cour martial. Si vous avez besoin de quoi que se soit, cigarettes, alcool … saucisson. Hésitez pas, c'est mon boulot ! Je connais un type aux services généraux des armées qui m'doit un paquet de service.

Ça pour le coup c'est pas un mensonge. Vous sauriez les vices de certains types chargés du ravitaillement de nos nobles soldats, vous seriez étonné. Celui là, c'était un type marrant. Je l'avais pincé à détourner des fonds pour se payer des robes, et tout le tintouin. Un vrai petit okama en herbe. Pas sur que sa femme et ses supérieurs auraient apprécié. Moi je suis plutôt ouvert d'esprit du moment que j'y gagne quelque chose. En forçant un peu je devrais pouvoir finir par me procurer n'importe quoi. Enfin là n'est pas la question. J'ajoute d'un ton un peu plus bas, en regardant à droite à gauche.

Puis faite gaffe aux officiels, je sais pas vous mais ils me mettent sacrément mal à l'aise. Surtout le bonhomme.

L'assiette du lieutenant Angus prête, un bout du stock de fromage de Dédé dedans, l'autre dans mon estomac, je note rapidement toutes les infos même banale et le nom des types avec qui j'ai taillé bavette dans mon petit carnet. J'arrache mes écrits du jour, et replace mon journal dans mes poches. Les pages servant de rapport je les glisse pliés en quatre entre deux tranches de pain et du jambon. Personne n'iras zieuter dans le sandwich du lieutenant.

Je finis par apporter son repas à ce bon vieil Angus. Les agents Rinwald et Kouglof n'ont pas besoin de communiquer directement pour le moment. Non tout ce qu'il y a à faire ici, c'est de laisser Salengro donner son repas à son supérieur agrémenté d'un petit commentaire.

Comme prévu lieutenant, je vous ai trouvé votre fromage. Le stock diminue à vue d'oeil vous n'en n'aurez pas pour toute la durée de la mission à ce rythme là. A moins que Marie-Joie ne nous en renvoie très vite.

J'ai fait mon possible pour vous trouver du saucisson mais impossible de mettre la main dessus pour le moment malheureusement. Faute de mieux, je vous ai préparé en plus de la soupe, un petit sandwich au jambon, après tout je m'en serais voulu de vous priver totalement de charcuterie.

Si vous avez besoin de quoi que se soit, vous ou ces émissaires du gouvernement vous savez où me trouver.

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J’commence à boire ma soupe tranquillement, tout en soulevant la tranche de jambon. Comme d’habitude, y’a un p’tit papier plié que j’lis deux fois histoire de bien le retenir, puis j’le brûle dans le brasero. La bouffe est bonne, c’est bien un truc qu’on peut pas retirer à Krueger, qui selon les rumeurs était un génie du CP2. J’mate le papier réduit en cendres puis j’avale mon bout de frometon avant d’attraper ma veste et d’sortir.

Nouveau trajet dans les allées du campement qui commence à prendre franchement forme, avec l’odeur de nourriture omniprésente. Deux-trois types saluent, de manière assez lâche. J’en tiens rigueur à personne, déjà pasque sinon toute la division serait en cours martiale, et ensuite pasque me faire saluer à tout bout d’champ me rendrait rapidement fou. J’pénètre dans la tente de Minus, où les autres sont déjà prêts autour de la table. Réunion des lieutenants. Manque de bol, j’suis le dernier arrivé, donc il reste que le tabouret tout pourri, celui qu’est super bas et bancal. Juste à côté du taulier de trois mètres de haut, j’fais vraiment freluquet.

Les cartes sont déjà distribuées. J’regarde mon jeu. Plutôt bon. Tout le monde me regarde, l’air de rien. Bon. J’jette une figure au centre, avec une pièce. Le pli me revient. J’cligne des yeux.
« Vous la sentez comment, cette mission ? Que j’demande.
- Comme les autres, rétorque Funeste.
- On va leur rentrer dans le lard, assure Minus.
- Tu joues ? Questionne Charme, toujours sérieuse, de sa voix un peu râpeuse.
- Ouais, ouais. Roi. »
J’me fais couper et j’dis adieu à mes points. C’est Prudence qui relance.
« Sinon, vous savez pourquoi vous êtes ici ? »

Haussement d’épaule général. Personne est là par hasard. Faut un tour de jeu dans le silence avant que quelqu’un l’ouvre. Non, rien de bien méchant. On m’fixe à nouveau. Raah, c’est vrai qu’ils se connaissent déjà tous.
« J’ai cassé le nez de mon supérieur.
- C’était qui ?
- Un merdeux de Marie-Joie, le genre Marine de génération en génération, pistonné de génération en génération, pète-sec de génération en génération. Dans un bar.
- Tu vas dans les bars de la haute, toi ?
- Fallait bien visiter un peu, surtout que l’entrée était gratis grâce à un collègue… Putain, perdu. »

Tout le monde fixe la table et sa main. Funeste grince des dents. On pense tous aux agents du troisième Bureau qui doivent en train de fouiner un peu partout. Deux tours de plus et j’finis bon dernier. Charme va pour ramasser la mise quand j’tapote le bord de la table.
« On fait avec une vraie donne, maintenant ?
- Comment ça ?
- Allez quoi. J’arrive, les cartes sont déjà distribuées, j’ai un bon jeu mais vous avez tous mieux ?
- Huhuhu, ricane Funeste en s’attirant les regards des autres et une grimace de ma part.
- Bon, bon. On redistribue, alors. »

Et que la conversation dévie sur le climat, le froid, l’actualité mondiale et comment on est tous des vétérans. L’avantage, c’est que j’suis quand même pas totalement bidon, à cause des missions au sein de la Marine que j’ai pu effectuées. Quelques manches de plus et j’me lève, quasiment aussi pauvre que quand j’suis arrivé.
« Allez collègues, demain y’a école.
- Bonsoir, bonne nuit. »

J’regagne mes pénates et m’endors comme une masse.

Le lendemain, chaque escouade a reçu son assignation. Nous, on écope du long de la côte sur un bout avant de repiquer vers l’intérieur dans la forêt qui couvre ce bout-là. En passant devant le port, un des soldats derrière moi crache par terre.
« Les planqués dans le cuirassé, putain… »
Ca hoche des têtes.
« Tranquille, Marines, ça va être une vraie promenade de santé, j’pense. En plus, il fait beau aujourd’hui, alors que demander de plus ?
- Une perm’ !
- Du rhum !
- Des femmes !
- De la bière !
- Ouais, bon, okay. Allez, plus vite on aura nettoyé la zone, plus vite on retournera s’foutre au chaud. »

C’est vrai qu’il fait beau. Le blizzard de hier est plus qu’un mauvais souvenir, et si on est toujours tous engoncé dans nos capes bordées de fourrure, le reflet du soleil sur la neige est éblouissant. Il fait toujours un froid de gueux, cela dit. Tout à l’arrière, j’entends Krueger pester en s’enfonçant dans une congère. Sur un signe de ma part, les deux sections se séparent un peu pour couvrir davantage de terrain à patauger dans la poudreuse.

Quand tout le monde est parti, c’matin, les deux agents des Bureaux étaient encore dans leur tente, à faire j’sais pas quoi. Au-delà des blagues grivoises des hommes, on a tous pensé à la paperasse qu’ils ont dû lire. On compte ce qu’on a fait de pas bien récemment, aussi, des fois que ce soit pour notre gueule.

En parlant de gueuler, l’arrière-garde se signale. Tout au fond, une tache noire sur la neige. Elle s’rapproche un peu pour dévoiler l’Agent Sküllson, notre escorte personnelle. Encore nous, putain.

J’espère qu’il va pas foutre la merde dans ma mission, ce con.
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Je suppose que le café est aussi amer que ces gars ... Parce que bizarrement, c’est ce qui me vient en premier à peine le gobelet porté aux lèvres. Mais ces mecs sont ma seule compagnie outre ma supérieure, comme ce café est ma seule source de caféine du coin. M’enfin ... J’imagine que je dois m’estimer heureux d’avoir du café.

D’ailleurs, c’est au tour de Meredith de solliciter le gras cantinier Salengro. Elle aussi devra faire avec, mais ça ne semble pas la déranger, comme si elle était habitée d’une gentillesse inébranlable ... ou d’une naïveté incroyable pour ne pas voir qu’on dérange et qu’on nous le fait savoir. A moins qu’elle soit totalement impassible. Ou qu’elle rumine intérieurement mais en tout cas, elle ne m’en fait pas part.

Et puis tout le monde se met à aller chercher son dîner. Angus a déjà fini et file sous une tente. Curieux de savoir ce qu’il se dit, je me dirige faussement machinalement vers elle et je reste légèrement en retrait comme si de rien n’était. Après à peine quelques secondes, j’entends un “Belote !” sortir vivement du tas de tissus suspendu. N’ont-ils franchement rien d’autre à foutre ?

Après une seconde de réflexion, je me pose la même question. Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de ma soirée ? Et puis je me dis que je tuerai bien mon ennui en allant ennuyer ces marins d’élite.
Je passe donc dans les rangs non sans m’attirer les regards noirs et les chuchotements cachottiers et sûrement médisants des mouetteux. Je me mets donc à rôder autour des tentes, marchant à pas de velours. Certaines sont fermées, d’autres encore ouvertes avec les soldats à l’extérieur en train de manger, déconner entre eux ou se prendre la tête pour un jeu.

- Merde ! Le v’là !

Oh ? On se cache de moi ? Ca sent le méfait à plein nez, je fais la sourde oreille et continue lentement mon chemin. Le silence règne à mon passage, avec seul l’agitation des autres mouetteux en bruit de fond. Quand soudain, une ombre s’étire devant moi, elle brandit le poing et ...

Iced mirror !

Je m’arrête, je me fige sur place sous l’effet du Tekkai, le coude s’écrase sur l’arrière de mon crâne mais je ne ressens rien. Par contre, vu que j’ai utilisé la force du coup contre son auteur, celui grogne et agitant son bras comme si cela allait dissiper la douleur.

- Vous êtes totalement prévisible et complètement idiot. Ne frappez pas votre cible par derrière quand la lumière d’un brazero trahit votre présence ! C’est élémentaire, et qui plus est, vous vous en prenez à un agent du Cipher Pol ...

Je l’écarte de devant moi en le poussant avec une main.

- Que ne je devrais-je pas voir ? Hmm ?

Je dévisage les Marins un à un. Celui de droite cache quelque chose derrière son dos.

- Vous, montrez moi.

Il ne bouge pas.

- Allez, c’est grotesque ! Vous préférez peut être que je vienne vous l’arracher de force des mains ?

Quelques secondes après, il me montre enfin une petite bouteille d’alcool qu’ils ont du se passer sous les manteaux fourrés. Tout le monde fait mine basse, sans pour autant que cela ne les empêche d’imaginer mille et une façon de me tuer sur le champ.

- Il y a d’autres façons pour vous réchauffer. Vous pouvez bouger, boire une soupe, rester auprès du feu, bref, je vous la confisque. On ne boit pas pendant le service, vous pourrez boire de tout votre soûl après la mission, ou pendant une de vos permissions.

Je lui arrache sèchement la bouteille des mains et la fais tomber volontairement sur une grosse pierre, pour qu’elle se brise et qu’ils n’évitent de raconter que si je la leur confisque, c’est pour mieux se l’enquiller à deux. “Nous devons être exemplaires”, d’après Meredith.

- Estimez vous heureux que je n’en parle pas à vos supérieurs, mais je ne vous y reprenne plus.

Je commence à partir ...

- Connard !

Je m’arrête et fais volte-face aussitôt. Je fusille du regard celui qui ose m’insulter.

- Relax, j’parle au Gros Dan ! C’est lui qui a apporté ça ...
- Ouais, il a raison, vous en faites pas, j’suis qu’un con ...

Je porte mon regard assassin sur ce “Gros Dan”, et j’attends quelques secondes de lourde tension avant de partir. Bien sûr, à peine quelques mètres plus loin je les entends se foutre de ma gueule. Je m’en fiche, j’aurais ma revanche ... Pour le moment, je préfère passer la nuit à dormir. Meredith n’a fait que bouquiner cette soirée là.

(...)

Le lendemain matin, je me fais tirer de mon sommeil par ma rousse de cheffe.

- Debout ! Ils vont partir sans nous !

Pas moyen que je leur laisse cette aubaine ! Je m’habille en quatrième vitesse et sors de ma tente. A peine le battant écarté du bras que le soleil m’inonde, j’enfonce la tête dans mes bras, aveuglé, et j’avance en m’habituant peu à peu à la lumière qui se reflète sur le manteau neigeux. Je gagne les troupes en petites foulées.

Et qu’est ce que je vois en face de moi ? Mes cinq petits camarades d’hier soir ... Intéressant !

- Lieutenant Angus ? J’ai pu vaguement discuter avec ces cinq braves soldats hier soir. Nous avons parlé de la mission et ils se sont portés volontaires pour être en première ligne, pour protéger les leurs. Nous ne saurions pas refuser cette offre généreuse, n’est ce pas ?

Et je les fixe intensément avec un large rictus délicieusement vicieux et pernicieux. Dans le tas, je m’aperçois également qu’il y a le gros Salengro et la rosée de Scorone. Sérieusement, elle ne m’a pas encore reconnu ?
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J'ai un gros manteau pour me protéger du froid. Il est bien mais un peu large. La faute que j'étais pas censée être avec eux au moment où ils ont commandé les équipements. Du coup je me retrouve avec le modèle standard pour ma taille. Et modèle standard, ça veut dire pas les filles fines ou les gars pas bien larges. Et moi je suis assez grande, mais je suis large ni d'épaule ni d'ailleurs. Mon corps il est comme il est, pas petit, des cheveux à la couleur originale, de magnifiques yeux mauves, une poitrine pas ridicule mais ça c'est un peu inconfortable pour se battre parfois, des bras solides sans être gros comme des jambons fumés, des jambes résistantes et rapides,des muscles énergiques, tout ça oui, mais je suis pas large. J'suis un poids plume, un éclair, et j'ai bien chaud dans mon gros manteau.

On est dans la neige pour le second jour. Et le CP3 vient de nous rejoindre, ma moitié de la section. Vu que le lieutenant était de ce côté. Le Cipher Pol dit des trucs bizarrement étranges. Et le lieutenant, il répond pas grand chose. Des banalités, il hoche la tête et il laisse dire.
Je veux dire, peut-être que les cinq soldats dont le Cipher Pol parle ils ont dit à un moment qu'ils aimeraient prendre la tête. Ca, c'est tout à fait possible. Mais qu'ils l'aient dit à lui et pas à moi, ou au moins au lieutenant, j'y crois pas. C'est ... une histoire de poisson sous roche, je sais plus lequel. La dorade ? La murène ? L'anguille ? L'hippocampe ? Ah, c'est ça. Y a hippocampe sous pierre, c'est ça qu'on dit. Ca me fait penser que le Caporal Ernest "Doombeast" quelquechose, il a une super bonne recette de dorade j'ai entendu dire. Faudra que je me renseigne. Oh, et il y a le cantiner, Salengro. Ca tombe bien, il est dans la même escouade qu'Ernest. Puis la majorité des "éclaireurs volontaires" sont dans la même escouade. Puis il y a Ernest lui même et mon autre Caporal, Djokov "Dad" Brunswick et un gars de son escouade. Qui sont dans les volontaires. Oui du coup ça fait trois et deux, mais trois c'est plus majoritaire que deux.
Un plan parfaite se dessine dans ma tête tout aussi parfaite. Et je parle pas que de la beauté extérieure.

- Djokov, vous et votre escouade passez sous l'autorité directe du Lieutenant. Ernest, vous et vos hommes m'accompagnez. On va ouvrir la route et reconnaître le chemin pour le reste de la section.
Avec votre permission Lieutenant ?


Le principe d'un subalterne efficace, c'est qu'il sache se débrouiller pour remplir son travail. Mon travail ici consiste à mener deux sizaines de soldats, surtout des mecs mais aussi des femmes, et à ce qu'on explore notre partie de l'île du mieux qu'on puisse sans perdre personne. Ou alors si c'est pas possible, avec un minimum de pertes.

Le reste de la section derrière se regroupe un peu et attend deux trois cinq minutes, qu'on ait pris un peu d'avance avec les miens. Prenant un peu d'avance avec mon groupe, on gagne deux avantages. Déjà, quand on tombe sur une bestiole qu'on prend par surprise ou qui est assez bêta pour s'attaquer à nous vu qu'on est moins nombreux, comme cet ours qui vient-là par exemple, on est ceux qui l'affrontons. Et même si c'est rare, ça arrivera bien une ou deux fois de plus dans la balade. Et même si c'est vite fini, comme cet ours - pauvre ours quand même - ça change un peu les idées, ça distrait bien. En plus un groupe plus petit c'est plus discret, du coup on a plus de chances de trouver des animaux-cyborgs et leur tomber dessus par surprise.

L'autre avantage, c'est que comme on est assez loin, on va pouvoir discuter. Mais faut pas que je commence par la nourriture, même si on a Ernest et Salengro ensemble et que ça m'intéresse beaucoup la recette de la dorade, parce que même si je cuisine pas souvent c'est toujours intéressant de voir les autres cuisiner, et si j'amène l'idée il y en a peut-être un des deux qui aura envie d'en préparer bientôt et moi j'ai bien envie de goûter une bonne dorade. Mais bon, ça fait pas sérieux de commencer la conversation par parler de nourriture.

- Du coup les gars, c'est quoi cette histoire de volontaires ? Il s'est passé quoi hier ?
Ernest et les deux autres "volontaires" se jettent des regards et ronchonnent. Après avoir un peu ronchonné pas assez fort pour que j'entende, le Caporal finit par me répondre.
- Le chienchien du CP nous est tombé dessus hier et a confisqué une bouteille qu'on se partageait avec les gars, pour se tenir chaud. On a rien fait de mal.
- C'est tout ? Il vous a puni hier et il pense vous filer le plus intéressant aujourd'hui ?
- Euh, intéressant ? Sauf vot' respect c'est pas vous qui ouvrez la trace dans la neige Sergent.
Ça c'est Malik, un des deux soldats volontaires avec nous.
- Oui bon ça, mais derrière ils se battent pas, ils font que marcher. Au moins là on a de la variété.
- Faites gaffe à ce phoque d'ailleurs.
Le phoque je l'expédie à la mer avec mon pouvoir, en faisant pousser des bras, je l'attrape et je le fais bondir dans les airs. Comme moi je peux faire si je voulais, mais là je veux pas.
- C'est bon. Alors ça ressemble à ça un phoque. Je savais pas.
- Ouais enfin retirez les scies circulaires,; d'hab ils en ont pas autant.
- Euh .. oui, sans doute. Bon, j'irais parler à ce Cipher Pol. Y a pas de problème à boire de l'alcool en quantité raisonnable. Surtout quand il fait froid comme hier. Vous buviez bien en quantité raisonnable, hein ?
Signes de tête pour dire oui, même de ceux qui n'étaient pas "volontaires" et donc inclus dans l'affaire. Donc Salengro et deux autres gars dont je suis pas sûre du nom. Maxwell et Magura. Les femmes sont toutes dans l'autre escouade. Eh, en fait je suis la seule fille ici du coup. J'avais pas fait gaffe. C'est pas comme avec Boïna, quand on était plus que des femmes à la fin contre les scientifiques pirates. Même si j'ai pas participé grand chose à la fin. J'étais un peu blessée, quand même.
- Clair. Vous êtes nouvelle hein Sergent ?
- Pas tant que ça, pourquoi ?
- ... Pour rien. Faites gaffe avec ce connard quand même. M'en voudrez pas si je vous accompagne pas.
- J'ai pas besoin d'aide, donc non. C't'idée.
C'quidée ... Stidée ? C'est dur à prononcer zut.

- Sur un autre sujet plus calme - héhé, on vient à l'intéressant maintenant - j'ai entendu dire que vous cuisiniez très bien les dorades Caporal. Vous vous y prenez comment ?

Comme prévu, entre lui, Salengro, et les participations occasionnelles des autres, ça se poursuit bien. De la dorade, on passe à la friture, puis à la cuisson de légumes pour aller avec, et pendant ce temps la patrouille commence à tourner et à quitter la côte. On entre dans une forêt à flanc de montagne, moins de neige mais plus de pente. Quel vin va le mieux avec le sanglier de Dawn Island ? Les arbres ont conservé pas mal de neige sur leurs branches en haut, sauf ceux qui ont déjà laissé tomber la neige par terre. On marche quand même un peu plus vite que sur la côte maintenant. Sauf qu'il faut parfois se baisser pour éviter de prendre une branche.

Et on arrive sur une clairière artificielle. Ça se voit qu'elle est artificielle parce qu'il y a encore des souches d'arbres coupés. Puis il y a des cabanes en bois au milieu, derrière un genre de petit mur fait avec des troncs. On commence à s'avancer, fusils en main. Sauf moi, vu que j'ai des pistolets et pas de fusil. Du coup je m'avance pistolets en main. Un dans chaque main normale.
Quand on entre, le campement a l'air vide.

- Vous croyez que c'est quoi Caporal ? Un camp de bûcherons ?
- Pas aussi loin de la ville. Ça a pas l'air abandonné depuis longtemps, y a encore des cendres qui fument là-bas. Les habitants ont dû partir en nous entendant venir.
- ... Pas des amis donc ?
- Ah, si c'en est j'mange mon chapeau.
- J'ai entendu dire qu'il y avait des gris sur l'île, c'est pt-être eux, intervint le Soldat Malik.
- Des gris ?
- Des révos.
- Ah ... on va s'installer une personne à chaque angle de la palissade, on est sept, c'est assez pour pouvoir voir ses deux voisins en se tournant malgré les maisons. Et on attendra le reste de la section. Ils devraient pas tarder. C'est gênant qu'on ait pas moyen de les prévenir.


Dernière édition par Gallena Scorone le Ven 25 Déc 2015 - 23:52, édité 1 fois
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J’serre les dents pendant qu’on marche dans la neige. Devant, les éclaireurs continuent d’avancer, pendant que l’unité encore devant, celle de Scorone, explore. Au moins, c’est déjà tassé ou presque quand j’arrive. Le rythme de la marche fait que j’me retrouve à côté de l’agent Sküllson et son imper’ de pervers. Tiens, j’vais répandre une rumeur ou deux, ça lui fera les pieds.

Petit à petit, un cercle se dessine autour de nous deux, fiers agents du Cipher Pol, mais y’a que lui qu’en fait partie officiellement. Alors que mon souffle s’perd en buée devant mon pif, j’lui jette un regard en coin. Il avale la pente quasiment sans effort. La poudreuse empêche de voir s’il utilise une technique du Rokushiki comme le Geppou pour ça, mais d’après les rumeurs, il serait en parti cyborg, donc ça suffirait à expliquer tout ça.

« Alors, Sküllson, c’était quoi, cette histoire de volontaires ?
- Agent Sküllson, Lieutenant Angus. Ils se sont portés volontaires, tout simplement.
- Si vous voulez. »
Quelques inspirations passent.
« Et sinon, vous foutez quoi à Bulgemore ? Avec nous ?
- Cela ne vous regarde pas.
- Ben, un peu quand même.
- Comment ça ?
- Ca rend les hommes nerveux. Moi aussi, putain. »
J’mens même pas. Manquerait plus que les autres Bureaux viennent foutre leurs gros doigts boudinés dans nos affaires. Mais ça paraîtrait vachement bizarre, vu que Thorn est du CP3 aussi. Ca s’trouve, y’a des magouilles internes entre chefs d’équipe, qui se tirent dans les pattes les uns les autres. Ca serait pas si étonnant.

Il hausse les épaules. On aborde l’orée de la forêt. La trace est claire, comme ça dans la poudre, et les cadavres de bestioles qu’on croise indiquent qu’on se trompe pas de chemin. Ca a l’air d’une promenade de santé pour eux, et encore davantage pour nous. Aucun robot n’ose vraiment nous attaquer, probablement parce qu’on est trop nombreux.
Faudrait qu’on en cause à la Brigade Scientifique, mais j’ai l’impression que soit les cyborgs se cachent pour nous tomber dessus en masse, soit ils maillent le terrain plus ou moins durement suivant qu’on s’approche du laboratoire du vieux Vegapunk.

On est à peine sous les arbres qu’on marche déjà plus facilement. Tout à coup, des coups de feu. Plusieurs mètres devant, Mirettes tombe au sol. J’arrive pas à voir s’il est touché ou à couvert. J’aboie quelques ordres, relayés par le sergent, les caporaux.
« Embuscade ! »
On s’tapis dans la neige, contre les racines, derrière les troncs. Rien autour de nous. J’lève les yeux. Des formes dans les arbres. Qui filent de branches en branches, assez fluidement. Rah, putain, des humains.
« Sergent ! Vous prenez le commandement, occupez-vous des blessés et rejoignez Scorone au plus vite. J’vous retrouverai. »
Sküllson me regarde.
« Allez, Cipher, l’est temps de montrer ce que tu vaux. »

J’prends appui sur l’arbre puis j’continue de me projeter en l’air à l’aide du Geppou, et il faut pas longtemps à l’autre cyborg pour me rattraper. Et on s’met nous aussi à sauter de branches en branches, en agrémentant le tout de Pas-de-Lune dès qu’on en a l’occasion ou qu’on a pas le choix, vu qu’on manque de se casser la gueule par terre.
Et on s’éloigne petit à petit du reste de la troupe, dont l’activité est rapidement etouffée par la forêt et la neige. Ca va qu’il tient le rythme, et plutôt bien, même, sans trop me ralentir. Mais malgré ça, on arrive pas à réduire la distance, et c’est même plutôt l’inverse. Eux connaissent bien mieux le coin et, pour peu qu’ils soient ici depuis un moment, ils doivent avoir l’habitude de courir dans les arbres, à cause du niveau du sol qui doit être proche d’impraticable.

On s’arrête enfin sur un grand tronc fendu qui nous permet de nous accrocher tranquillement.
« Nous ne les rattraperons pas, Lieutenant Angus.
- Ouais, j’ai vu.
- C’était le Geppou, non ?
- Ouais.
- Son apprentissage est pourtant restreint au sein…
- Ouais mais j’l’ai, faudra vivre avec, Agent. Lisez mon dossier si z’êtes curieux, j’suis sûr que c’est la majeure partie de votre travail, de faire de la bureaucratie.
- Dites…
- Ouais, ouais, mes hommes ont besoin d’moi, si vous permettez, que j’coupe d’un ton bourru. »

J’dois dire que ce rôle de lieutenant d’élite infect et imbuvable, j’l’aime bien. C’est facile et ça défoule. J’prends une direction que j’juge à peu près bonne pasqu’on a suivi une poursuite rectiligne derrière les sûrement révolutionnaires et qui m’amènera à recroiser la trace de mes sections.

J’m’allume une clope, il m’en taxe une.

J’espère que mes Marines sont pas tombés dans une embuscade. C’est pas que j’les adore, mais ça ferait mauvais genre. Quoiqu’avec Scorone, Doombeast, Sergent Jadieu, et surtout Salengro, il devrait pas se passer grand-chose. A moins d’un autre traquenard pendant que j’ai pris la clef des champs. Faut voir le côté positif, dirait Krueger. Y’a des chances de bousiller un révo, et dans tous les cas, ça fera plus de bouffe pour nous autres. Pas sûr qu’il dise cette dernière partie, cela dit.

Des coups de feu épars retentissent plus loin, alors qu’on approche du point d’affrontement. On arrive dans une clairière façon camp de bûcheron, avec les Marines à l’intérieur. Y’a juste une forme qui fait noir et rouge sur le blanc de la neige, à dix mètres. Et les autres ont l’air de s’enfuir, sur des raquettes d’après les traces.

On saute en bas des arbres et on les rejoint, tous au complet, avec deux blessés légers.
« On s’est fait attaquer par vingt révovilains, commence Scorone. Ils ont tiré une fois ou deux puis se sont enfuis. On en a eu un.
- Okay, cool. Et Jadieu ?
- Il est arrivé y’a quelques minutes avec les hommes.
- Bon. J’pense qu’on va reprendre le fil de la mission et reporter la présence de révolutionnaires ici, alors. Quelque chose comme ça. »
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La situation est encore plus délicieuse ! Je me repais de tous ces petits mystères qu’il me tarde de dévoiler ! Je commence à avoir un temps soit peu d’intérêt envers ce Lieutenant Angus, héhéhé ! Hors de question de lui lever la brume sur les miens, ou sur les nôtres avec Meredith. Je suppose qu’il tient lui aussi à faire seul toute la lumière sur la vérité.

Alors que la Marine vaque à ses occupations, ma cheffe, qui nous a rejoint entre temps, prend la parole.

- Lieutenant Angus, avec votre permission, j’aimerais interroger notre prisonnier un peu à l’écart.

Il la regarde droit dans les yeux, l’air pensif, essayant de deviner sa réelle motivation, et finit par accepter un peu à contre-coeur, le ton blasé.

- Ouaip ...
- Bien. Björn, vous venez avec moi.

Cet ordre me ravit mais m’inquiète un peu. J’ai toujours aimé les interrogatoires mais je crains que mes méthodes soient un peu trop ... brutales pour la rousse. Un peu trop sales pour elle qui est assez loyale et droite.

Je la suis et lève donc fermement le révolutionnaire par le bras au passage, les poignets attachés dans le dos, et le pousse du bout de la main à l’épaule pour le faire avancer. Il marche un peu fébrilement et tremble.
On avance de quelques dizaines de mètres, sans un mot, et on s’arrête à une souche couchée sur la neige.

- Assied-toi là.

Il me scrute d’un air mauvais, me défie du regard quelques instants avant d’obéir et de reprendre ses tremblements incontrôlés. C’est vrai qu’il est couvert mais vraiment pas assez. Comme si son équipage avait négligé la température et la météo de Bulgemore.
Les abrutis ...

Meredith le regarde trembler un instant, impassible.

- Tu as froid ?

Il ne répond pas. Elle enlève donc sa cape fourrée et la porte au bras, prête à l’en revêtir s’il parle.

- Parle. Qui es-tu ? Quel est ton équipage ? Qu’est ce que vous venez faire ici ?

Comme je l’imaginais, elle utilise la méthode douce. Mais il ne répond encore pas, il ne baisse pas les yeux. Mais la rousse ne cille pas des yeux non plus, ni ne faiblit. Au contraire même. Elle s’approche de lui, sort un poignard de sa botte, éventre la chemise du révolutionnaire et la déchire, laissant apparaître son torse et ses bras nus jusqu’à ses liens.

- Parle.

Oh ? J’aime ce changement brutal ! Le gris grelotte de plus belle et claque même des dents à présent, mais il a toujours la même haine dans les yeux, et un timide rictus malsain également maintenant.

Elle range son poignard et sort sa petite gourde dont elle vide le contenu sur la tête de son jouet avant de le faire basculer en arrière dans la neige, puis elle remet sa cape, comme si de rien n’était. Lui, rit nerveusement.

- Hahaha ! T’es une belle salope !

Coup de pied infusé au Tekkai dans la bouche, le nez en sang, le sourire tordu toujours affiché, comme suspendu dans le temps, figé par le coup, comme s’il n’avait pas eu le temps de le voir venir.

- Laisse, je prends la relève.

Il rigole. Une nouvelle fois.

- Ah ! Le coup du gentil et du méchant agent, c’est ça ?

J’arque un sourcil et le toise, interrogateur.

- Il y a méprise.

Je le retourne sur le ventre, m’installe à califourchon sur lui, saisit vivement une de ses mains et lui explique ma vision des choses.

- Bon. Parlons peu mais parlons bien. Si on est ici, c’est pas dû au hasard. On a des infos, on veut juste des confirmations et des noms. Tu vas m’aider à compter, mais saches que plus le chiffre est haut, plus tu auras mal. T’es prêt ?

Et sans attendre sa réponse ... “Un ...”, craaac ... Je lui pète un doigt en lui faisant prendre un angle inhabituel, il se met à hurler de douleur, je lui enfouis le visage dans la neige pour étouffer son cri, et la neige se met à rougir par endroit, là où le sang de son nez dégouline. “Deux ...”, craaac ... Nouveau cri, Meredith ponctue l’énumération par des “Parle.” sans tonalité. “Trois ...”, craaaaac ... Encore un cri, celui ci vient de plus loin dans les entrailles, il se met presque à pleurer. Moi, je me délecte de la situation, même si je m’en serai davantage délecté avec un nom. “Qua...” ...

- Tenez Skullson, je vous ai préparé un petit café.

Quoi ? Qui ose interrompre ma petite partie de plaisir ?!
Je tourne la tête comme une furie. Non pas de peur de me faire surprendre à torturer un sale criminel mais précisément parce qu’on interrompt.
Ah ... Angus et son toutou obèse de Salengro ... Ils viennent fouiner dans nos affaires, n’est ce pas ?

- Qu’est ce que vous foutez ? lâche aigrement Angus.
- Je lui apprends à compt...
- La procédure habituelle en cas de refus d’obtempérer, Lieutenant Angus. Ne soyez pas faussement choqué.
- Je viens simplement voir ce que vous trafiquez avec cet homme qui a attaqué ma section, c’est tout. De toute façon, on va lever le camp ...

Je me lève et aide cette raclure à faire de même. Le reste se passe en une fraction de seconde.

Le gris jette en oeil en arrière, arbore un large sourire satisfait, un clic se fait entendre, tout le monde se tourne vers lui, une lame se déploie et sort de la poche arrière du révolutionnaire avant de fondre sur l’épaule de ma rousse de supérieure qui l’a déjà infusée de Tekkai, la lame rétractile heurte la chair durcie comme l’acier et se brise, l’éclat vole dans les airs, en voyant ça le criminel se carapate sous son bras, attrape très habilement l’éclat entre ses dents et l’enfonce entre deux de mes côtes, ce qui ne manque pas de m’arracher un grognement de vive douleur.

Le temps demeure suspendu un instant. Puis il reprend lentement son cours comme s’il redémarrait au ralenti, le révolutionnaire sourit avec son visage tuméfié avant de crouler sous les coups des quatre dignitaires de l’ordre. Au même moment, tout un équipage révolutionnaire dotés d’armes technologiques encercle le campement.

Je regarde Meredith, l’air amusé, avant de porter à nouveau mon oeil sur nos assaillants, la main sur ma plaie pour la compresser.

- Il vous fallait une confirmation ? Eh bien vous l’avez !


Dernière édition par Björn Skullson le Dim 27 Déc 2015 - 10:15, édité 1 fois
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Sécuriser le camp, ça se passe bien. On s'installe avec nos fusils, chacun surveille son côté, pas de problème. On guette, l’œil ouvert. Pas de problème.
Voir le reste de la bande arriver avec des blessés, sans Lieutenant et avec un seul Cipher Pol, c'est légèrement pas tout à fait comme je l'avais prévu par contre.

Je rejoins Jadieu, on installe les blessés dans une des cabanes, on renforce les guetteurs. Procédure normale, je crois. En tout cas, logique à mes yeux.
- Eh ben, il vous est arrivé quoi ?
- Une embuscade, des gris planqués dans les arbres. Le lieutenant et le cp sont partis à leur poursuite.
- Vous les avez pas accompagnés madame Méredith ?
- Apparemment non.
- Apparemment ?
- Vous n'avez pas à poser de questions, sergent. Nous faisons comme nous le voulons. C'est tout.
Elle l'a pas dit méchamment, surtout la fin qu'elle a dit tout calmement, mais bon .. je sais bien qu'ils font comme ils veulent. Mais si elle voulait accompagner les blessés pour les surveiller ou les protéger, c'est pas vraiment un secret militaire.
Ou alors elle disait juste non, au lieu de compliquer sa réponse.

Après, elle donne des avis pertinents, même si ça reste Jadieu qui connaît le mieux les choses à faire là, il a plus d'ancienneté. Essentiellement, après qu'on ait vite discuté des choses à faire, je relaye les ordres de Jadieu. Il sait quoi faire après tout.

Je me demande si on va rester ici longtemps. On a pas emporté trop de bouffe, et pour l'eau ça va être ennuyant si on traîne trop. Le Lieutenant revient, toujours accompagné, et ils ont un prisonnier cette fois.
Mais les Cipher Pol partent avec et s'écartent un peu du reste du camp. Ils ont eu raison, vu les cris qu'on entend juste après que le lieutenant soit parti les rejoindre, ça doit vraiment pas être agréable. J'aime pas ça. Pas ça du tout. Les prisonniers, on les envoie dans la prison en attendant le juge. Je m'en fiche de ce que disait le Lieutenant Ishumi, c'est pas quelque chose à faire de tuer les prisonniers. Après, ils sont morts et ils peuvent plus aller en prison.

- Al...

Un marine appelle mais va pas jusqu'au bout. Une explosion le coupe dans sa parole. En me tournant dans la direction, je le vois tomber dans la neige en arrière, un bout de la palissade manquant.
Ça commence à canarder, à droite, à gauche, partout. Y a que dans la direction des Cipher Pol et du lieutenant qu'on entend rien, pour le moment. Les révos sont dans les arbres. Zut, les blessés. S'ils savent dans quelle cabane ils sont ...
J'attrape mon fusil dans mon dos, le dégage de son étui et le garde en main. Mais je m'en sers pas tout de suite, contrairement aux autres marines. Enfin, ceux qui peuvent. On a déjà l'air d'avoir plusieurs blessés et la palissade aide pas vraiment. Je cherche les révovillains dans les arbres, vu que c'est là qu'ils étaient tout à l'heure, d'après Jadieu. Le fusil, c'est qu'une assurance. Mais mon vrai pouvoir, c'est mon fruit du pabon.

Là, j'en vois un ! Rapidement, je fais apparaître un bras dans une branche juste à côté de lui. Pam, dans la tronche ! Je l'attrape juste avant qu'il tombe de son arbre, pour pas qu'il se casse le cou en tombant. Mais pour être sûr qu'il m'attaque pas, je le fais percuter le tronc de l'arbre. Un éliminé, reste je sais pas combien d'autres.
Mais une fois le coup de main attrapé, le travail c'est surtout d'éviter leurs tirs, répliquer rapidement, les cogner, les poser par terre une fois assommés. Je sais pas comment ils font parce que j'en vois pas tant que ça, mais leur cadence de feu est super élevée.

Une nouvelle explosion. Je me tourne. Ils ont fait sauté une cabane. Personne dedans heureusement. Mais zut, on peut pas les laisser continuer, ils vont trouver les blessés et leur faire ultramal si on les laisse faire les méchants comme ça.
Toujours en regardant dans la direction de l'explosion, je vois un gars sauter d'arbre en arbre. Je le chope et me prépare à l'éliminer comme les autres, mais sa douce voix pleine de gros mots me fait penser au Lieutenant. En y regardant de plus près, maintenant qu'il bouge plus ... Oh mince !
Je le relâche immédiatement en faisant disparaître les bras qui l'ont attrapé.

Je m'excuserais plus tard. Faut trouver le mec qui fait des explosions pour le moment.
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Une autre grosse explosion a lieu. Une autre barraque explose, et j’vois les débris projetés à une bonne dizaine de mètres aux alentours. Saloperies de révolutionnaires, tous planqués dans les arbres. Les Marines se planquent derrière tout ce qu’ils peuvent et on prie tous pour pas tomber sur le lance-grenade, ou quelle que soit l’arme que l’gars utilise.

Putain, quoi.

Dès que les bras de l’autre sergent Scorone me lâchent, j’me redresse, puis j’me laisse tomber en voyant des balles filer vers moi. Ils ont l’air méfiants, les gris. Un peu derrière, Rockbell et Sküllson suivent le rythme, encore que pas facilement. Ca va que j’suis en jambe. Pendant ma chute, j’accroche une branche et j’m’en sers pour me projeter vers l’avant en faisant balancier. Un Geppou m’permet de confirmer le double-saut et d’atterrir plus loin, aggripé à un tronc.

D’autres bras sortent des arbres, tombent sur les révolutionnaires. J’suis juste derrière, pour empêcher un sabre de s’abattre dessus. Pas mal, quand même, comme fruit du démon, l’éclosion. J’pense vaguement à des Shigan qui sortent de partout et nulle part à la fois. Ca serait rudement pratique. Mon haki de l’empathie m’fait sentir la balle qui file vers ma tête, et un Kami-E me tord le cou comme il faut.

Avec un peu d’élan, j’saute à nouveau pour couvrir la distance entre deux arbres, à plus de huit mètres du sol. Et j’identifie le type avec le gros canon, tout à l’arrière. Ils sont même quatre, au niveau du sol. Leurs copains les couvrent depuis les arbres et eux ont calé le gros engin sur un trépied, et rechargent posément la bête, à l’aide de poudre et d’obus plus gros que ma tête. M’étonne pas que ça fasse de sacrées explosions à l’intérieur de leur petit village.

J’me demande si ça leur fait de la peine de détruire ce qui leur servait un peu de base avancée.

Ma cible, ça va être le canon. Les coups de feu fusent entre les Marines réfugiés derrière la p’tite palissade et les révolutionnaires tapis dans les bois. Et ils veulent m’en empêcher, ‘videmment. J’escalade un arbre jusqu’à arriver à son sommet, en m’planquant derrière l’écorce qui bloque gentiment les balles pour moi.
Du haut de là où j’suis, j’ai une vue imparable sur le territoire de l’escarmouche. Sur la bordure, les deux agents du CP3 éliminent les uns après les autres les révolutionnaires sur les branches, dans un beau duo qui collabore plutôt bien. Rapidement, ça s’voit quand même qu’elle le soutient lui, en s’arrangeant pour être toujours là quand il faut. Bah, elle fait son taf dans le binôme, quoi, et lui essaie de pas trop gêner. Chef d’équipe, qu’elle est.

J’adresse une série de signes vers les Marines, une main accrochée à l’arbre. Je pointe les positions approximatives des révolutionnaires, et je leur dis de charger. On a quelques boucliers, et ils prennent ou arrachent des fragments de bois des palissades et des murs un peu pouilleux. Ca devrait suffire à faire illusion, en tout cas largement assez.

C’est surtout que j’ai pas spécialement envie de courir dans la forêt à trois ou quatre pour ramasser tous les gris qui trainent. Si j’ai des hommes, c’est bien à ça qu’ils servent, quoi. Leur attaque devrait faire l’affaire pour éparpiller les révolutionnaires, bien trop peu nombreux pour espérer nous faire vraiment face. Puis, le gros canon… Faudrait qu’on le récupère. Ou qu’on leur enlève, en tout cas, j’ai pas envie de me faire canarder tout le temps.

Le binôme continue de brosser le bord de l’assaut en se rapprochant petit à petit de l’arrière. Si les types s’enfuient et leur arrivent tous en même temps dans la gueule, ça va leur faire tout drôle. Quelques Marines se font faucher par les balles, mais les boucliers de fortune en bois amortissent globalement assez les tirs. Puis on a l’avantage du nombre.

Les gris décrochent, se préparent méthodiquement à reculer. Ils ont l’air d’avoir l’habitude de ce genre d’actions de guerilla. Manque de bol pour eux, moi aussi. Le Grey Terminal, Reverse Mountain, j’ai l’impression de passer la moitié de ma vie déguisé en Marine.

J’saute dans le vide.

Mon uniforme claque dans le vent, derrière moi, alors que j’modère ma chute de quelques Geppou pour pas prendre trop de vitesse et me rapprocher de Rockbell et Sküllson. Ils m’ont vu, eux aussi, donc on devrait se retrouver tous ensemble à l’arrière. J’note des bras qui sortent des arbres et des révolutionnaires pour les empêcher de trop tirer, à la fois sur les Marines et sur moi. Puis les balancer au sol, dans le tapis épais de la neige et des congères.

La situation a l’air sous contrôle, mais j’pense qu’on va rentrer au camp avec les rebelles capturés, plutôt que continuer à explorer le coin et prendre le risque de tomber dans une autre embuscade.

Mon esprit est déjà trop loin dans l’avenir, dans la préparation des plans, pour voir et esquiver proprement la balle. Pas qu’elle me touche, mais en l’évitant, j’mange un arbre. Au temps pour la classe.

Chiasserie.
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Le Lieutenant se prend un arbre. Je passe de la surprise du dernier tir à un éclat de rire. Mais si rire c'est bien, faut quand même pas oublier les priorités. Je ferais bien une tentative de Soru, mais je me suis pas encore assez entraînée. Me manque quelque chose, je pense. Mais je suis pas loin. En tout cas c'est pas le moment d'essayer et risquer de m'emmêler les pattes et tomber le nez dans la neige. Même avec mon manteau je vais attraper froid si ça m'arrive.

Jadieu et moi donnons rapidement nos ordres, les révos sont en fuite, c'est fini pour le moment.
- On évacue, emportez les prisonniers et les blessés. Utilisez des prisonniers pour transporter le canon. Me charge du tireur caché. Doombeast tes gars et toi surveillez nos gris. Je vous rattrape vite.

Et puis ça serait une perte de temps. Au lieu de ça, je me sers de bras magiques pour me catapulter dans la bonne direction. Risqué, je sais. Mais avec les arbres, ça devrait aller. Un tir claque pas loin. Réception, renvoi dans une direction ajustée et ... j'le vois !

Il finit de recharger, me vise. Pas question ! J'envoie un coup de poing en avant, un peu sans faire exprès. Parce que c'est celui qui sort de l'arbre à côté du révolutionnaire qui percute sa joue.
Je le rejoins d'un dernier bond, l'assomme et le charge sur mes épaules que je consolide avec une paire de bras supplémentaires, après l'avoir rapidement fouillé. J'ai pas envie de finir avec un couteau dans le ventre moi.


Avec son poids en plus, je saute moins loin. Une fois que j'ai rejoins les traces de mes copains je continue en marchant vite, dans la neige déjà tassée. Ils ont avancé, mais je les rattrape.

Après ça, c'est juste une histoire de sortir de la forêt et de revenir au camp. Pas trop dur, les révovilains doivent être un peu démoralisés d'avoir perdu tous ces prisonniers. Ouais, mais nous on a deux super-blessés et plein de blessés normaux. C'est vraiment, vraiment pas cool. On peut en mourir de ces choses-là !

Mon révo, je le fais porter par deux de ses potes. Je vais quand même pas le trimballer jusqu'au camp. En plus il pourrait m'embêter s'il se réveillait.

Le Lieutenant, il a l'air grognon. Jadieu, il est concentré, mais il en devient pas moins moche que d'habitude. Dans l'ensemble, c'est quand même pas glorieux. On les a fait fuir, on a des prisonniers, clairement c'est nous qui avons gagné. Mais ... ouais, j'ai connu mieux. Je peux pas dire que l'idée du lieutenant de charger comme ça c'était une bonne idée. C'est bien connu que la défense a l'avantage sur l'attaque, en général.
Bon ... on a gagné hein. Mais je pense pas qu'on aurait dû faire ainsi. Après, c'est passé, trop tard pour en changer. Et c'est lui le Lieutenant, donc sur le moment on se tait et on exécute du mieux qu'on peut. C'est ça la marine d’Élite.


La neige blanche nous entoure sur la fin du trajet, après qu'on soit sortis de sous les arbres. La base d'opération devrait pas être trop loin d'ici.
Y a plus de nuages que tout à l'heure. Sans doute qu'il fera mauvais cet après-midi. Peut-être une tempête de neige, comme hier ? Sais pas. On verra bien. J'espère qu'on verra pas de trop près quand même. Pas en étant dehors quoi.

On passe une dernière petite crête et on voit le vieux bâtiment qui nous sert de refuge. On voit pas que lui. Par exemple on voit d'autres bâtiments, on voit des bateaux, on voit surtout le notre, toujours à quai, bord à bord avec un autre plus petit, moins solide, qui porte un pavillon noir et blanc. D'ici j'arrive pas à bien voir.
Par contre qu'est-ce qu'on entend bien la poudre à canon, maintenant qu'on a passé la crête. Même avec le vent léger qui s'est levé, on loupe rien.

Je tourne la tête vers le Lieutenant, qu'était en train de discuter avec Jadieu, je sais pas trop de quoi. Là ils se sont interrompus et ils regardent, comme moi, comme tout le monde. Ce qui vient de se passer dans la forêt, je suppose.

- C'est pas des feux d'artifices qu'ils utilisent en bas. Pas assez de couleur et on est au pire moment de la journée pour les voir.
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