- Allez les Hyènes, tous à la manœuvre, on approche de Reverse ! Navigo, c’est toi qui donne les ordres !
Tout l’monde est tendu à bord. Même Xia et son p’tit singe qui sont jamais venus ici et qui ont jamais vu Reverse et ses cascades d’leurs propres yeux. Donc ils savent pas combien traverser cette montagne est difficile et dangereux. Mais ils angoissent tout aussi facilement que nous j’imagine.
Dans quelques minutes, nous s’rons pris dans les rapides et le moindre petit mouvement peu nous envoyer nous éclater dans la roche rouge et s’en s’rait fini de nous. Assommés, ballottés, tuméfiés, et noyés. Si c’est pas pire, genre empalés, ou broyés.
Donc pour le moment, on peut juste stresser -même si ça sert à rien- et essayer d’prendre le canal qui mène au sommet dans les meilleures conditions possibles, dans la meilleure position qui soit, c’est à dire, pile en face.
Waxx s’accroche déjà au garde-corps comme à son habitude, il s’fait copieusement insulter de tous les noms par sa soeur, comme toujours héhé.
- Hoy ! Waxx ! T’es con ou quoi ? Si on percute RedLine à ta hauteur, tu peux dire au revoir à la viande hachée et à tes miettes d’os qui te servent pour le moment de doigt !
Il me regarde, paniqué, les yeux ronds comme un cul de pelle et s’enferme dans ma cabine. C’est tout aussi con, mes meubles vont bouger de place, et il risque de se faire plaquer contre une des parois ... Boarf, il verra bien ...
Paris qui a compris ça a un rictus moqueur qui lui fend la gueule en deux. Et il redouble de méchanceté quand elle voit son frère paniquer autant que Waxx.
- Ouais allez, vas y. Vas le rejoindre et allez bien vous faire castrer par la table qui glissera contre le mur de la cabine, bwahaha !
Je crois qu’il n’a pas pris le temps d’écouter la fin d’la phrase de sa charpentière de soeur. Putain, faudrait les abandonner en pleine nature ces lâches !
Le truc, c’est qu’on s’retrouve plus qu’à treize pour gérer le rafiot et éviter qu’il fasse plus qu’un avec la chaîne de montagne. Même les larbins aiment pas trop c’passage, mais ils ont au moins les couilles de rester, même si j’en vois bien un ou deux qui auraient préféré aller chialer dans sa piaule. M’enfin ...
Bon, du coup ... Paris et Joh’, ça va. Dae et moi, on a pas l’droit d’nous défiler, Dae pour piloter le rafiot, et moi pour encourager ceux qui manœuvrent. Reste plus que Xia, et son avis m’intéresse. Du coup, un petit sourire vicieux tord mes lèvres.
- Hoy ? Doc’ ? Alors ? Tu l’vis comment ? Impressionnant hein ? Tu crois qu’un jour t’aurais eu la chance de voir ça d’tes propres yeux si t’avais pas été des nôtres ?
J’la laisse prendre la mesure de ce que je viens d’lui dire, pis j’continue :
- T’inquiètes pas, quand j’suis passé ici pour la première fois, y’avait qu’une gamine et huit guignols avec moi et j’suis passé ! Aujourd’hui, j’ai un meilleur navigo et une bonne famille, pas moyen qu’on s’rate !
Mon sourire vicieux est devenu complice à ces mots. Mais j’fais toujours gaffe à la route.
- Courage les gars ! On va rentrer dans les rapides ! Ce sera intense mais très rapide !