Le soleil commençait à rejoindre la ligne d'horizon lorsque le jeune Myosotis posa le pied sur le débarcadère à pilotis entièrement fait de bois, le voyage avait été long. Cette île précédait Inari, c'était sa destination, l'île des religieux. Miroitaient dans son esprit des centaines de croyants prêts à tout pour venir écouter ses prédictions, se faisant passer pour un énième messager divin. Il récolterait des tonnes de berrys ! Des berrys à ne plus savoir quoi en faire ! Une vraie mine d'or. Il s'assit sur une caisse en bois disposée au bas des marches de la jetée pour compter ce qui lui restait, remettant son haut-de-forme correctement sur sa charmante tête androgyne.
*Assez pour une nuit à l'auberge du coin, avec un repas...Va falloir que je me trouve de quoi remplir mes poches pour repartir...*
En effet, il n'avait presque plus rien à part quatre pauvres billets se battant en duel au fond de sa bourse de cuir brune. S'il voulait partir vers Inari après avoir fait escale ici, il lui faudrait donc s'exercer un peu dans ce village avant de devenir riche au milieu des rues grouillantes de fidèles aux bourses pleines n'attendant que sa venue pour les vider. Le village qui se trouvait sur cette île était plutôt grand, d'après ce qu'il avait pu glaner sur le ferry qui l'avait amené la population s'élevait presque jusqu'aux six cents habitants. Des gens vivant essentiellement des produits issus de leurs terres et de leurs récoltes, ça voulait dire qu'une chose : la superstition et les mensonges de l'éphèbe De Ville arriveraient à trouver leur chemin, tel des serpents glissants silencieusement vers leur proie.
- Vous voilà arrivé ! Satisfait du voyage ?
C'était le capitaine du ferry, un type ventripotent au visage benêt possédant un rire tonitruant. Il avait passé une bonne partie du voyage à raconter des calembours et des farces en tout genre, probablement les mêmes à chaque passagers. Rien de très drôle ni divertissant, Myosotis se retourna doucement vers lui, indifférent.
- Oui oui. Où est-ce que je peux dormir ici exactement ? Demanda-t-il d'un ton vif.
- Oh, vous pouvez aller à l'auberge du Tournesol, on est très bien reçu là-bas mon gamin, et on mange bien !
- Bien. Parfait. Merci. Termina-t-il simplement.
Il se releva, pris ses affaires et, laissant le capitaine, se dirigea vers le village en marchant sur un sol pavé, faisant raisonner les talons hauts de ses bottes à lacets. Les rues commençaient à se vider, il ne croisa qu'un couple qui remontait la rue dans le même sens que lui, sûrement après s'être baladé un peu sur le quai et la plage, ils ne remarquèrent même pas le frêle voyant. Il regardait un peu partout autour de lui pour trouver où bien pouvait se trouver la pension dont parlait le matelot. Myosotis comprit qu'il se trouvait dans la rue commerçante du village après être passé devant tant de boutiques. Un boucher, une boulangerie, un fleuriste, un tailleur-cordonnier, une épicerie et même un confiseur ! Le jeune homme salivait déjà à l'idée de pouvoir déguster des berlingots ou des bêtises aux milles et une saveurs. A la fraise, ou peut être menthe, il aimait bien la framboise, la myrtille aussi...Il se voyait déjà manger tranquillement ses friandises comme un petit enfant, face à la mer dans le bateau le menant droit vers Inari.
Perdu dans ses pensées, il n'avait même pas remarqué qu'il était enfin arrivé face à l'auberge du Tournesol, située tout au bout de la rue marchande, faisant face à une grande place ronde. Une fontaine de pierre trônait au beau milieu de la place, vide. On entendait juste le bruit de l'eau qui s'écoulait tout doucement ainsi que l'enseigne de fer de l'hôtel, en forme de la fleur du soleil, qui grinçait en se balançant. Il entra sans trop de cérémonie, pour trouver un hall d'une sobriété sans égale, décoré seulement par quelques peintures sans réelles couleurs attractives. A sa gauche, une porte, fermée, donnant sur la salle des repas, comme l'indiquait un panneau accroché au dessus. Il marcha droit vers le comptoir pour sonner plusieurs fois sur la clochette d'argent posée devant lui. C'est alors qu'une grosse dame barbue émergea de derrière des rideaux de bambous, le visage bariolé de maquillage bon marché, d'immenses anneaux pendant au bout de ses oreilles charnues.
- B'soir ! Qu'est ce que je peux faire pour vous ?
- Euh...commença-t-il, surpris de l'apparence proche du buffle de cette aubergiste, je voudrais une chambre ? Au nom de Myosotis De Ville, c'est possible ?
- Aucun problème ! Couina la femme d'une voix aiguë, souriante, vous pourrez payer à la fin de votre séjour. Quel régime vous voulez ? Pension complète, chambre et dîner ou juste la chambre ?
- Chambre et dîner.
- Paaarfait ! Les dîners ont lieu à vingt heure dans la salle commune. Venez, je vais vous montrer votre chambre.
L'aubergiste à la carrure bovine se dandina, après avoir pris une clé dans un tiroir, derrière le comptoir puis indiqua à Myosotis de la suivre. Après avoir grimpé une série d'escaliers, il se retrouva au deuxième étage, marchant sur un parquet tout aussi dissonant que l'enseigne. D'autres natures mortes étaient exposées sur les murs, toutes signées de la même griffe. Peut être que cette hôtelière avait une passion pour la peinture ? Peut être même que c'était avec cette peinture qu'elle se maquillait le matin ? Le faux devin se retint de pouffer et continua la marche jusqu'à ce qu'elle s'arrêta enfin face à une porte.
- Voilà. La chambre 10, voici la clé. Nous servons le petit déjeuner dans la salle commune jusqu'à dix heure du matin, il y a une salle de bain tout au bout du couloir. Bonne nuit à vous !
Le jeune De Ville la remercia d'un simple sourire qui ne voulait pas dire grand chose et la laissa redescendre pour entrer dans sa chambre. Rien de grandement folichon à l'intérieur : un lit deux places semblant moelleux, une table ronde avec un pot de fleurs fraîches, une autre horrible peinture ainsi qu'une fenêtre donnant sur la place.
*Je m'attendais pas à plus pour être honnête... *
Et le jeune homme sauta sur le lit après avoir fermé les rideaux, espérant s'endormir vite, trop de pensées se bousculant dans sa tête.
*Assez pour une nuit à l'auberge du coin, avec un repas...Va falloir que je me trouve de quoi remplir mes poches pour repartir...*
En effet, il n'avait presque plus rien à part quatre pauvres billets se battant en duel au fond de sa bourse de cuir brune. S'il voulait partir vers Inari après avoir fait escale ici, il lui faudrait donc s'exercer un peu dans ce village avant de devenir riche au milieu des rues grouillantes de fidèles aux bourses pleines n'attendant que sa venue pour les vider. Le village qui se trouvait sur cette île était plutôt grand, d'après ce qu'il avait pu glaner sur le ferry qui l'avait amené la population s'élevait presque jusqu'aux six cents habitants. Des gens vivant essentiellement des produits issus de leurs terres et de leurs récoltes, ça voulait dire qu'une chose : la superstition et les mensonges de l'éphèbe De Ville arriveraient à trouver leur chemin, tel des serpents glissants silencieusement vers leur proie.
- Vous voilà arrivé ! Satisfait du voyage ?
C'était le capitaine du ferry, un type ventripotent au visage benêt possédant un rire tonitruant. Il avait passé une bonne partie du voyage à raconter des calembours et des farces en tout genre, probablement les mêmes à chaque passagers. Rien de très drôle ni divertissant, Myosotis se retourna doucement vers lui, indifférent.
- Oui oui. Où est-ce que je peux dormir ici exactement ? Demanda-t-il d'un ton vif.
- Oh, vous pouvez aller à l'auberge du Tournesol, on est très bien reçu là-bas mon gamin, et on mange bien !
- Bien. Parfait. Merci. Termina-t-il simplement.
Il se releva, pris ses affaires et, laissant le capitaine, se dirigea vers le village en marchant sur un sol pavé, faisant raisonner les talons hauts de ses bottes à lacets. Les rues commençaient à se vider, il ne croisa qu'un couple qui remontait la rue dans le même sens que lui, sûrement après s'être baladé un peu sur le quai et la plage, ils ne remarquèrent même pas le frêle voyant. Il regardait un peu partout autour de lui pour trouver où bien pouvait se trouver la pension dont parlait le matelot. Myosotis comprit qu'il se trouvait dans la rue commerçante du village après être passé devant tant de boutiques. Un boucher, une boulangerie, un fleuriste, un tailleur-cordonnier, une épicerie et même un confiseur ! Le jeune homme salivait déjà à l'idée de pouvoir déguster des berlingots ou des bêtises aux milles et une saveurs. A la fraise, ou peut être menthe, il aimait bien la framboise, la myrtille aussi...Il se voyait déjà manger tranquillement ses friandises comme un petit enfant, face à la mer dans le bateau le menant droit vers Inari.
Perdu dans ses pensées, il n'avait même pas remarqué qu'il était enfin arrivé face à l'auberge du Tournesol, située tout au bout de la rue marchande, faisant face à une grande place ronde. Une fontaine de pierre trônait au beau milieu de la place, vide. On entendait juste le bruit de l'eau qui s'écoulait tout doucement ainsi que l'enseigne de fer de l'hôtel, en forme de la fleur du soleil, qui grinçait en se balançant. Il entra sans trop de cérémonie, pour trouver un hall d'une sobriété sans égale, décoré seulement par quelques peintures sans réelles couleurs attractives. A sa gauche, une porte, fermée, donnant sur la salle des repas, comme l'indiquait un panneau accroché au dessus. Il marcha droit vers le comptoir pour sonner plusieurs fois sur la clochette d'argent posée devant lui. C'est alors qu'une grosse dame barbue émergea de derrière des rideaux de bambous, le visage bariolé de maquillage bon marché, d'immenses anneaux pendant au bout de ses oreilles charnues.
- B'soir ! Qu'est ce que je peux faire pour vous ?
- Euh...commença-t-il, surpris de l'apparence proche du buffle de cette aubergiste, je voudrais une chambre ? Au nom de Myosotis De Ville, c'est possible ?
- Aucun problème ! Couina la femme d'une voix aiguë, souriante, vous pourrez payer à la fin de votre séjour. Quel régime vous voulez ? Pension complète, chambre et dîner ou juste la chambre ?
- Chambre et dîner.
- Paaarfait ! Les dîners ont lieu à vingt heure dans la salle commune. Venez, je vais vous montrer votre chambre.
L'aubergiste à la carrure bovine se dandina, après avoir pris une clé dans un tiroir, derrière le comptoir puis indiqua à Myosotis de la suivre. Après avoir grimpé une série d'escaliers, il se retrouva au deuxième étage, marchant sur un parquet tout aussi dissonant que l'enseigne. D'autres natures mortes étaient exposées sur les murs, toutes signées de la même griffe. Peut être que cette hôtelière avait une passion pour la peinture ? Peut être même que c'était avec cette peinture qu'elle se maquillait le matin ? Le faux devin se retint de pouffer et continua la marche jusqu'à ce qu'elle s'arrêta enfin face à une porte.
- Voilà. La chambre 10, voici la clé. Nous servons le petit déjeuner dans la salle commune jusqu'à dix heure du matin, il y a une salle de bain tout au bout du couloir. Bonne nuit à vous !
Le jeune De Ville la remercia d'un simple sourire qui ne voulait pas dire grand chose et la laissa redescendre pour entrer dans sa chambre. Rien de grandement folichon à l'intérieur : un lit deux places semblant moelleux, une table ronde avec un pot de fleurs fraîches, une autre horrible peinture ainsi qu'une fenêtre donnant sur la place.
*Je m'attendais pas à plus pour être honnête... *
Et le jeune homme sauta sur le lit après avoir fermé les rideaux, espérant s'endormir vite, trop de pensées se bousculant dans sa tête.