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Lame du Tarot VI – L'Amoureux

Le soleil commençait à rejoindre la ligne d'horizon lorsque le jeune Myosotis posa le pied sur le débarcadère à pilotis entièrement fait de bois, le voyage avait été long. Cette île précédait Inari, c'était sa destination, l'île des religieux. Miroitaient dans son esprit des centaines de croyants prêts à tout pour venir écouter ses prédictions, se faisant passer pour un énième messager divin. Il récolterait des tonnes de berrys ! Des berrys à ne plus savoir quoi en faire ! Une vraie mine d'or. Il s'assit sur une caisse en bois disposée au bas des marches de la jetée pour compter ce qui lui restait, remettant son haut-de-forme correctement sur sa charmante tête androgyne.

*Assez pour une nuit à l'auberge du coin, avec un repas...Va falloir que je me trouve de quoi remplir mes poches pour repartir...*

En effet, il n'avait presque plus rien à part quatre pauvres billets se battant en duel au fond de sa bourse de cuir brune. S'il voulait partir vers Inari après avoir fait escale ici, il lui faudrait donc s'exercer un peu dans ce village avant de devenir riche au milieu des rues grouillantes de fidèles aux bourses pleines n'attendant que sa venue pour les vider. Le village qui se trouvait sur cette île était plutôt grand, d'après ce qu'il avait pu glaner sur le ferry qui l'avait amené la population s'élevait presque jusqu'aux six cents habitants. Des gens vivant essentiellement des produits issus de leurs terres et de leurs récoltes, ça voulait dire qu'une chose : la superstition et les mensonges de l'éphèbe De Ville arriveraient à trouver leur chemin, tel des serpents glissants silencieusement vers leur proie.

- Vous voilà arrivé ! Satisfait du voyage ?

C'était le capitaine du ferry, un type ventripotent au visage benêt possédant un rire tonitruant. Il avait passé une bonne partie du voyage à raconter des calembours et des farces en tout genre, probablement les mêmes à chaque passagers. Rien de très drôle ni divertissant, Myosotis se retourna doucement vers lui, indifférent.

- Oui oui. Où est-ce que je peux dormir ici exactement ? Demanda-t-il d'un ton vif.

- Oh, vous pouvez aller à l'auberge du Tournesol, on est très bien reçu là-bas mon gamin, et on mange bien !

- Bien. Parfait. Merci. Termina-t-il simplement.

Il se releva, pris ses affaires et, laissant le capitaine, se dirigea vers le village en marchant sur un sol pavé, faisant raisonner les talons hauts de ses bottes à lacets. Les rues commençaient à se vider, il ne croisa qu'un couple qui remontait la rue dans le même sens que lui, sûrement après s'être baladé un peu sur le quai et la plage, ils ne remarquèrent même pas le frêle voyant. Il regardait un peu partout autour de lui pour trouver où bien pouvait se trouver la pension dont parlait le matelot. Myosotis comprit qu'il se trouvait dans la rue commerçante du village après être passé devant tant de boutiques. Un boucher, une boulangerie, un fleuriste, un tailleur-cordonnier, une épicerie et même un confiseur ! Le jeune homme salivait déjà à l'idée de pouvoir déguster des berlingots ou des bêtises aux milles et une saveurs. A la fraise, ou peut être menthe, il aimait bien la framboise, la myrtille aussi...Il se voyait déjà manger tranquillement ses friandises comme un petit enfant, face à la mer dans le bateau le menant droit vers Inari.

Perdu dans ses pensées, il n'avait même pas remarqué qu'il était enfin arrivé face à l'auberge du Tournesol, située tout au bout de la rue marchande, faisant face à une grande place ronde. Une fontaine de pierre trônait au beau milieu de la place, vide. On entendait juste le bruit de l'eau qui s'écoulait tout doucement ainsi que l'enseigne de fer de l'hôtel, en forme de la fleur du soleil, qui grinçait en se balançant. Il entra sans trop de cérémonie, pour trouver un hall d'une sobriété sans égale, décoré seulement par quelques peintures sans réelles couleurs attractives. A sa gauche, une porte, fermée, donnant sur la salle des repas, comme l'indiquait un panneau accroché au dessus. Il marcha droit vers le comptoir pour sonner plusieurs fois sur la clochette d'argent posée devant lui. C'est alors qu'une grosse dame barbue émergea de derrière des rideaux de bambous, le visage bariolé de maquillage bon marché, d'immenses anneaux pendant au bout de ses oreilles charnues.

- B'soir ! Qu'est ce que je peux faire pour vous ?

- Euh...commença-t-il, surpris de l'apparence proche du buffle de cette aubergiste, je voudrais une chambre ? Au nom de Myosotis De Ville, c'est possible ?    

- Aucun problème ! Couina la femme d'une voix aiguë, souriante, vous pourrez payer à la fin de votre séjour. Quel régime vous voulez ? Pension complète, chambre et dîner ou juste la chambre ?

- Chambre et dîner.

- Paaarfait ! Les dîners ont lieu à vingt heure dans la salle commune. Venez, je vais vous montrer votre chambre.

L'aubergiste à la carrure bovine se dandina, après avoir pris une clé dans un tiroir, derrière le comptoir puis indiqua à Myosotis de la suivre. Après avoir grimpé une série d'escaliers, il se retrouva au deuxième étage, marchant sur un parquet tout aussi dissonant que l'enseigne. D'autres natures mortes étaient exposées sur les murs, toutes signées de la même griffe. Peut être que cette hôtelière avait une passion pour la peinture ? Peut être même que c'était avec cette peinture qu'elle se maquillait le matin ? Le faux devin se retint de pouffer et continua la marche jusqu'à ce qu'elle s'arrêta enfin face à une porte.

- Voilà. La chambre 10, voici la clé. Nous servons le petit déjeuner dans la salle commune jusqu'à dix heure du matin, il y a une salle de bain tout au bout du couloir. Bonne nuit à vous !

Le jeune De Ville la remercia d'un simple sourire qui ne voulait pas dire grand chose et la laissa redescendre pour entrer dans sa chambre. Rien de grandement folichon à l'intérieur : un lit deux places semblant moelleux, une table ronde avec un pot de fleurs fraîches, une autre horrible peinture ainsi qu'une fenêtre donnant sur la place.

*Je m'attendais pas à plus pour être honnête... *

Et le jeune homme sauta sur le lit après avoir fermé les rideaux, espérant s'endormir vite, trop de pensées se bousculant dans sa tête.
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9h30.
Myosotis trempait une nouvelle fois son bout de brioche dans la tasse de café qu'on lui avait servi. Il était tout seul dans la salle commune, en compagnie de la tenancière de l'établissement, assise à quelques tables de lui, en tain de lire le journal. Le jeune homme s'était réveillé, le soleil lui titillant le nez, perçant à travers les rideaux. Sautant dans la salle de bain, également nullement fréquentée, il avait passé une bonne heure dans un bain chaud, la vapeur montant jusqu'au plafond, embuant les carreaux de la fenêtre. Il adorait passer du temps et se baigner dans un bon bain d'eau chaude, regardant les bulles de la mousse s'éclater une à une, ou fermant les yeux et s'évadant ailleurs.

Mâchonnant mollement son pain au lait, il voyait arriver le fond de sa tasse, son reflet disparaissant peu à peu du liquide noir et amer. Un rire strident, du brouhaha, des voix tonnant plus fort les unes que les autres, il y avait de l'agitation dehors.


- C'est jour de marché aujourd'hui. Vous allez faire des emplettes ?

C'était la voix de la dame barbue qui, tournant une page de son journal, s'était sentie de lui faire la conversation, comme ça, pour passer le temps. Ouvrant grand vers elle son œil qui n'était pas masqué, il se dit intérieurement qu'il avait grande chance d'être arrivé la veille. Jour de marché, c'était parfait pour lui ! Il allait pouvoir s'installer dehors entre des stands et étalages, pratique.

- Pas vraiment non. J'ai aussi ma tente à dresser. Je suis diseur de bonne aventure.

Elle éclata d'un rire franc.

- Ah, très peu pour moi les prédictions mon p'tit ! J'aime bien garder la surprise pour mon avenir !

*C'était pas une proposition pour te tirer les cartes de toute façon... *

Le garçon avala la dernière bouchée de brioche qu'il lui restait avant de se retirer, montant dans sa chambre après l'avoir salué d'un bref sourire complaisant. Attrapant son sac, il redescendit les escaliers quatre à quatre avant de sortir de l'hôtel aussi rapidement qu'il était monté. Arrivant face à la place, il faillit bousculer un homme chargé de plusieurs cagettes de légumes, passant près de lui avant de s'engouffrer dans une rue avoisinante. La place qui, il y à peine quelques heures, était vide grouillait à présent de vie. Des gens qui discutaient, se racontait tout les derniers ragots et les rumeurs mondaines du coin, des nouvelles du monde, d'autres riaient avec les commerçants et des enfants courraient un peu partout, poursuivant avec acharnement un ballon rebondissant.

Le marché s'étalait sur toute la place ainsi que sur toute la longueur de la rue commerçante, encombrant le trottoir et forçant les gens à marcher sur la chaussée. Certains stands étaient tellement accolés les uns aux autres qu'ils en bloquaient presque l'entrée de magasins, obligeant ceux qui désiraient y entrer d'opérer une habile enjambée pour ne pas renverser tout les produits exposés sur les étalages de bois. Beaucoup vendaient des légumes et fruits de toutes sortes, colorant l'ensemble du paysage de rouge, de jaune, de vert et d'orange. D'autres avaient dressé leur stand pour exposer divers pots, vases ou amphores en terre cuite peinte et ouvragée, résultat du dur labeur des artisans locaux. Et il y avaient ceux qui ne vendaient que de la camelote sans grand intérêt, comme tout ces brocanteurs qui essaient de se donner un style en empoussiérant un peu des objets qu'ils ont simplement repêché hors d'une poubelle ou dans une crique de la plage. Myosotis passa à côté de deux vieillardes assises sur un banc adossé à la fontaine, leurs sacs de courses posés à leurs côtés, débordants de vivres pour de bons petits plats. Il se cherchait un bon point, un endroit stratégique duquel il pourrait capter l'attention des passants, les poussant à s'arrêter pour entrer sous sa tente. Où devait-il aller ? Devant l'entrée vers une des rues adjacentes très certainement, tout le monde passait par là pour pouvoir rentrer dans le marché ou repartir vers leur maisons.

Là ! Voilà ! Il avait trouvé, le bon emplacement. Juste en face de la boucherie, sur le trottoir, juste à côté la rue se prolongeait pour se perdre entre diverses habitations, plusieurs personnes circulaient dans un sens comme dans l'autre, il serait très bien ici. Il posa donc sa tente ici, la dressant en environ cinq bonnes minutes, plaçant à l'entrée l'habituel écriteau de tissu qui disait « Voyance, prédictions et sortilèges en tout genre ! ». Il entra ensuite pour placer ses ustensiles pour parfaire l'ambiance, sa boule de cristal en plein milieu, aux côtés de deux bougies parfumées, l'encadrant pour éclairer la pièce d'une lueur tamisée et mystique. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre un pigeon...euh, un client.


Une bonne demie-heure s'était déjà déroulée et il n'avait, pour l'instant, croisé personne. Personne ne s'était présenté à lui, si bien qu'il venait à se demander s'il avait vraiment choisi un spot rentable, les gens passant par là avaient peut être les bras déjà plein de produits et, donc, plus de berrys pour lui ! Quelle horreur, d'habitude il récoltait au moins dix mille berrys les jours de marché ! Mais bon, il fallait avouer que le village n'était pas très grand, il ne risquait pas de récolter tant d'argent, surtout si personne ne se pressait à sa porte. Il souffla, agacé, s'arrêter sur cette île était nécessaire mais en sortir semble, pour l'instant, bien compliqué...  
 
- E...Excusez moi ? Je...je peux entrer ?

Une voix fluette et d'une extrême timidité attira alors son attention.Un jeune et frêle blondin se tenait dans l'encadrement de l'entrée de la tente. A vue d’œil on lui donnait à peu près vingt cinq ans, maigrelet, tout comme le cartomancien il n'avait que la peau sur les os, des yeux bleus gris, un grand nez, une bouche fine et des cheveux cendrés coupés courts. Il portait une chemise blanche immaculée avec, par dessus, un veston bleu marine aux boutons dorés, un pantalon de costume gris avec des chaussures de cuir. Il n'était pas rassuré, pas du tout même, on aurait presque dit qu'il était en train de trembler, tout hésitant.

*Oh la ! Ça m'a l'air d'être un bon lui. *

- Oui ? Vous pouvez entrer...détendez-vous, aussi. Lui indiqua Myosotis.

L'inconnu s'exécuta sans poser aucune question, à la manière d'un chien qui obéit sans réfléchir à l'ordre de son maître. L'arnaqueur jubilait déjà, celui là serait malléable comme personne, docile à souhait, comme il les aime. Il s'assit face à Myosotis, en face de lui, respirant toujours un peu fort, ça se voyait à trente kilomètres qu'il était stressé.

* Bon, ça commence ! Allons dépouiller cet abruti. *

- Bien, je suis tout à vous. Commencez moi par me dire votre nom, monsieur. Entama mielleusement le supposé augure.

Il bafouilla tout d'abord, mais releva la tête, et plongea son regard dans celui de Myosotis, il le regardait intensément, le plus sérieusement du monde.

- Leonel. Je m'appelle Leonel.
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Il avait changé du tout au tout, l'homme craintif et réservé qui se tenait face à Myosotis il y a quelques secondes avait l'air d'avoir disparu pour laisser place à une toute autre personne, plus sérieuse d'aspect et déterminée. Était-ce vraiment lui ou sa personnalité était-elle tout simplement lunatique ? Tant pis, il ferait avec, c'était pas le moment de s'attarder sur des détails aussi insignifiants. Il s'adapterait à tout les changements émotionnels de ce Leonel, quoi qu'il en coûte. Après tout, de beaux berrys tintaient à l'arrivée !

- Ravi de faire votre connaissance, Leonel. Je suis ici pour vous servir. Que voulez-vous ? Connaître votre avenir ? Peut être pourrais-je en montrer un bout à travers ces cartes... ?

Myosotis prit son paquet de cartes divinatoires pour ensuite les étaler, faces cachées, avant de les mélanger et reformer ensuite le ballot. La lumière des bougies étincelaient dans la sphère de cristal, peaufinant l'ambiance magique de la tente. Leonel prit une grande inspiration, ajustant ses manches de chemises légèrement dépareillées, sûrement à cause de son excitation. La bouffée d'air qu'il prit eut pour effet de faire briller un peu plus ses yeux azurés, les rendant aussi beaux que des saphirs, faisant presque parcourir un frisson sur l'échine du voyant.

- Non. Vous êtes mon seul espoir. Lorsque j'ai vu votre tente et l'écriteau à l'entrée, j'ai cru à une bénédiction divine ! Je...j'ai besoin de vous ! J'ai besoin d'un sortilège ! Est-ce  vrai ? Est-ce que vous pouvez réellement user de la magie ? Vos pouvoirs sont-ils réels ?

*Bien, il a mordu à l'hameçon. Je n'ai plus rien à faire, il remontra tout seul ! *

La marche habituelle, Leonel l'avait fait tout seul. Chaque fois qu'une personne rentrait dans la tente de Myosotis, il se devait de leur prouver que ses dons de voyance étaient avérés, qu'ils avaient affaire à un professionnel, qu'ils ressortiraient tous des rêves et des paillettes pleins des yeux, convaincus que leur vie serait sous le signe d'une bonne étoile. Il y arrivait toujours. Mais certains se convainquaient tous seuls et le jeune homme avait juste à baragouiner des formules pour parfaire le déguisement, c'est ce qu'il ferait pour cette séance semble-t-il.

- Réels ? Enfin, oserais-je faire de la publicité mensongère ? Demanda-t-il malicieusement en arquant un sourcil.

C'était inouï la façon dont tout le monde le croyait alors qu'il déblatérait sans arrêt tout un tas d'inepties. Était-il véritablement nécessaire de se questionner sur l'existence ou non de la magie ? Bah, après tout, que sont les fruits du Démon, si ce n'est l'ersatz d'un univers chimérique où vivent dragons, fées et sorcières ? Jouer de la crédulité des gens était tellement amusant, ils font tout ce que vous leur dite de faire sans même se demander si c'est la bonne chose à faire. Iils le font, convaincus qu'ils en sortiront plus forts ou plus chanceux. Le monde est bien différent pour ceux qui sont incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Que d'ignares, mais bon, il en fallait pour faire tourner son business !

*Mentir...Un peu quatre-vingt quinze pour-cents de ce que je fais... *

- Mes pouvoirs sont tout ce qu'il y a de plus réels, ayez confiance. Dit-il calmement pour mettre Leonel à l'aise.

Ça fonctionnait, il lui sourit, tout penaud, mais avait l'air de se sentir rassuré.

- Oh, merci ! J'ai eu raison de rentrer ici. Comme je vous l'ai dit, vous êtes mon seul espoir !

- Allez-y, je vous en prie, dites moi pourquoi vous avez besoin de moi.

Il prit une nouvelle inspiration après avoir dégluti.

- Bien. Je vous l'avoue. Je suis amoureux. Dit Leonel d'un trait, sans flancher.

* Tiens tiens...un cœur épris. Et moi qui croyais que j'aurais droit à quelque chose d'intéressant... *

Il reprit sans changer de ton.

- Elle s'appelle Andrea, elle travaille comme fleuriste dans une boutique plus bas, dans la rue commerçante en dessous de la place. Je vous avais jamais vu , vous êtes nouvellement arrivé ici je suppose, vous avez certainement dû voir sa boutique en arrivant par le débarcadère ! Cette femme...elle est magnifique ! Une véritable beauté !

C'est vrai, le bel androgyne était passé devant le magasin fleuriste en arrivant en ville, elle était fermée, il n'avait pas vraiment pu profiter de sa devanture ni de sa vendeuse ! Andrea, alors il était amoureux de la fleuriste, pas vraiment original. Mais alors, pourquoi venait-il ici ?

-Je vois. Mais dites moi, pourquoi êtes vous ici ? Savoir si elle vous aime aussi ? Une sortilège de chance...?

-Non, le coupa Leonel. J'ai peur d'aller la voir, peur de lui dire...Si je suis ici, c'est que j'ai besoin de votre magie ! Est-ce que vous connaîtriez un moyen de me garantir un amour réciproque ? Lancez votre sortilège, et j'irai la voir demain !

La demande eut pour effet de surprendre Myosotis, pas parce qu'on ne lui avait jamais demandé, mais à cause du délai qu'il lui avait soumit. Demain, il comptait voir les résultats du « sortilège » demain ! C'était trop peu ! Jamais il n'aurait le temps de repartir vite fait bien fait et de laisser Leonel affronter seul la dure réalité de la vie. Soit il refusait sa requête, soit il jouait carte sur table et lui demandait une somme importante pour pouvoir quitter le village et foncer vers Inari le plus rapidement possible. Oui, c'est ce qu'il devait faire ! Sauver sa peau et filer en catimini pendant que tout le monde avait le dos tourné.

- Je pourrais lancer un tel sort, mais tout dépend de vous. Un tel degré de magie nécessite une importante compensation et...

-Aucun problème pour ça ! Coupa une seconde fois l'amoureux transi, je suis le fils du maire de ce village, ma famille est aisée ! Je vous promet 100 000 berrys si vous réussissez !

*Hein ? Cent mille berrys...ça devient juteux là... *

Cent mille berrys, voilà qui devrait couvrir largement son voyage vers Inari ainsi que ses dépenses une fois sur place pour les premiers temps de son séjour ! Il ne pouvait pas passer à côté d'une occasion pareille. Il devait aider Leonel.

- Je vois que vous m'avez compris, Leonel. Je pense que nous pouvons faire affaire dans ce cas, je vais lancer ce sort pour vous. Revenez me voir demain matin à l'aube, le sortilège sera lancé ! Répondit rapidement Myosotis, essayant de trouver un plan à mettre en place.

Le visage du blondin s'illumina d'un grand sourire radieux, il ne pouvait pas paraître plus heureux encore. Il sorti de sa poche un porte monnaie de cuir duquel il prit cinq billets verts entre ses mains, sur ces derniers était dessinée une tête de mort coiffée d'un chapeau ressemblant étrangement à celui d'un cowboy : des billets de dix mille berrys.

- Tenez, la moitié de la somme maintenant. Je vous donnerai le reste demain matin quand le charme aura fonctionné ! Merci beaucoup, je suis tellement content... !

Le sombre De Ville tâchait de conserver son sourire, s'imaginant comment il allait procéder pour satisfaire son client. Il pouvait parfaitement s'échapper maintenant de la ville, avec cinquante mille berrys en poche, mais l'appel de l'argent était plus fort. Jamais il ne passerait à côté d'une si importante somme ! Il aurait ces cents mille berrys, même s'il doit pour cela remonter une cascade !

Leonel sortit de la tente, satisfait, tandis que Myosotis restait seul, un problème épineux sur les bras : il devait s'arranger pour faire tomber cette Andrea amoureuse.
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Le voilà dans de beaux draps ! Myosotis avait accepté la proposition de Leonel sans même savoir comment il allait se débrouiller. Faire tomber quelqu'un amoureux, c'était complètement impossible, il le savait. Est-ce que sa trop grande confiance en lui commençait à lui monter à la tête ? Il n'était même pas sûr de réussir dans son entreprise...Non, il devait se ressaisir, considérer ses options et établir une bonne stratégie.

Bien, Leonel est le fils du maire, et a donc une très bonne situation. Amoureux de la fleuriste Andrea, il n'a jamais eu le courage d'aller lui déclarer sa flamme. Et il promettait de remettre cinquante milles berrys en plus au jeune voyant s'il arrivait à faire fonctionner sa « magie » sur la jeune fille. Il avait vingt quatre heures pour créer la circonstance parfaite pour qu'Andrea tombe dans les bras de monsieur le fils à papa. Il fallait adopter une bonne tactique, tout d'abord en apprendre un peu plus sur la damoiselle et ranger ses affaires qui se trouvaient encore dans sa chambre d'hôtel, il pourra s'éclipser encore plus rapidement le lendemain matin. Et en plus de ça il ne pourrait plus accueillir plus de clients vu le monstre de travail qui l'attendait. Il allait d'abord faire ça.

Remballant sa tente après avoir rangé son barda, le jeune homme considéra l'état du marché. Les stands étaient toujours là, les gens aussi, les passant riant et les vendeurs criant pour attirer la clientèle, notamment une grande poissonnière qui se vidait les poumons à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. Tout North Blue l'entendrait presque dans sa tonitruante clameur...Devant-elle se dressaient plusieurs poissons en tout genre, des palourdes à rayures, des maquereaux brillants, du poulpe bien caché dans un coin de son étalage, même du homard ! Chez lui, à Cocoyashi, Myosotis se débrouillait toujours pour dégoter des restes, il adorait le poisson. Des carcasses de crabes, des pinces de homard par ci par là, des sardines pas finies, ses parents et son frère ne finissaient jamais leurs assiettes.


- Vous êtes déjà de retour ?! Vous avez été rapide !

Myo' était rentré à l'hôtel du Tournesol après avoir enjambé plusieurs caisses et cagettes, la tenancière était au comptoir, écarquillant de grands yeux et lui souriant toujours avec sa bouche de crapaud peinturlurée de rouge. Effectivement, il n'était pas parti depuis très longtemps.


- Non, dit-il, j'ai...une requête spécial de la part d'un client, je dois m'y atteler durant toute ma journée. Est-ce que je peux régler la chambre tout de suite ? Je resterai encore cette nuit mais je partirai tôt demain matin.

- Oh, bien sûr mon p'tit. Alors..., elle se mit à calculer dans sa tête et en faisant plusieurs gestes de ses mains. Deux nuit, un petit déjeuner et un dîner, ça nous fait un total de dix mille six cent berrys !

Myosotis avait toujours du mal à laisser son argent partir au loin, entre de nouvelles mains. Mais bon, il devait se faire une raison, et donna le cœur lourd la somme que l'aubergiste lui avait demandé. Suite à quoi il monta directement dans sa chambre. Jetant sur son lit les affaires qu'il avait déjà sur lui, il rassembla les autres avec les premières pour se tenir prêt à partir le lendemain matin venu. Une bonne chose de faite, il pouvait dès à présent s'atteler à la grosse tâche que lui avait confié Leonel. Il balaya la pièce du regard, il n'allait pas partir dans la ville les mains vides. Gardant sa cravache attaché à sa ceinture, l'androgyne choisit de conserver également son jeu de tarot, ça faisait son impression dans les conversations et il arriverait peut être à parfaire son illusion en faisant une prédiction à Andrea.

En sortant, il croisa un autre client, un vieux monsieur qui montait péniblement à l'étage supérieur en s'appuyant une canne de bois verni. Il ne le salua même pas en passant rapidement derrière lui et se contenta de revenir à la réception. La grosse dame était toujours là, fidèle à son poste, en plein excès de zèle en train de lire un magazine féminin.


- Dites moi, le client que je viens de voir m'a parlé d'une certaine fleuriste, vous savez qui c'est ?

Elle releva la tête pour battre des cils et pincer la bouche en guise de réflexion.

- Une fleuriste, vous devez parler d'Andrea ! Une belle p'tite ! Elle travaille pas loin d'ailleurs ! C'est chez elle que je vais acheter mes fleurs, les plus jolis bouquets de l'île. La bouchère me racontait l'autre jour que Zerwan, le jeune charpentier, a le béguin pour elle ! Bah, c'est normal, elle est bien mignonne la demoiselle !

Quoi ?! Un autre prétendant, c'était pas prévu. On vantait les mérites de la beauté d'Andrea depuis qu'on lui avait parlé d'elle, ça n'était pas si surprenant que ça. Mais c'était un contretemps en plus que Myosotis devait prendre en compte, Zerwan ne le laisserait pas faire et il fallait vite le mettre hors-jeu pour ne pas qu'il empêche le fils du maire d'avoir ce qu'il voulait. Le fils du charpentier...ce type devait être plus costaud, musclé, bien bâti et avec encore plus d'assurance, il n'aurait pas peur d'aller la voir et de lui déclarer sa flamme. Non, ce type devait avoir toutes les qualités qui manquaient à Leonel. Prenant une grande inspiration pour soupirer ensuite, exaspéré.


- Le fils du charpentier hein...Je vois.

- Pourquoi vous voulez savoir ça ? Demanda-t-elle en tournant une page de sa revue.

- Oh non, pour rien. Je comptais juste acheter des fleurs avant de partir demain matin. Un petit souvenir ! Minauda-t-il.

- Haha ! Vous devriez acheter un souvenir qui ne risquera pas de faner ! Fit-elle avant de s'en retourner sur les potins de sa gazette. Vous vous rendez où ensuite ?

- Inari.

*Qu'est ce que ça peut bien lui foutre ?! *

Myosotis la laissa tranquille et sortit de l'hôtel. Sa prochaine destination ? La boutique de fleurs. Il fallait qu'il lavoit de ses propres yeux. Il fallait qu'il rencontre Andrea.


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 13 Jan 2016 - 9:46, édité 1 fois
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Redescendant la rue en direction de la boutique de fleurs, Myosotis regardait un peu ce marché qu'il n'avait même pas pris le temps d'explorer. Les légumes vendus ici venaient tous d'exploitations ou de vergers environnants. L'île était plutôt grande et avait l'air propice à la culture de toutes sortes de choses. Les primeurs vendaient de superbes tomates, d'un rouge carmin pouvant faire pâlir le plus beau des rubis, des pommes également. L'élevage semblait être une activité répandue dans le coin, un crémier proposait des fromages affinés aux côtés de pots de crème et de yaourt ayant l'air plus blancs doux que du coton. Une odeur de poulet provenant de l'étalage d'un rôtisseur vint caresser délicatement les narines du jeune homme, lui rappelant subtilement qu'il n'avait avalé qu'une pauvre brioche ce matin là et que son ventre ne tarderait pas à se manifester très bientôt. Malheureusement, il n'aurait pas le temps de combler son appétit aujourd'hui vu le travail délicat qu'il avait accepté. Il fallait qu'il s'y consacre pleinement pendant toute la durée du jour, espérant que ça sera suffisant...

Il arriva enfin face à la devanture du magasin de fleurs, sur l'enseigne on pouvait lire : « Aux pétales d'Andrea ». Alors comme ça la boutique lui appartenait ? Aucune importance, le savoir n'était absolument pas essentiel. Plusieurs pots étaient disposés hors de la boutique, ils n'étaient pas là la veille au soir. Ils étaient remplis de terreau et de charmants arbustes y étaient plantés. D'autres pots, plus petits, montraient des bulbes fleuris aux couleurs chatoyantes. Violets, roses, oranges, bleus, roses, elles étaient magnifiques et leur parfum embaumait l'air devant l'entrée, forçant les gens à tourner la tête pour voir d'où venait cette divine fragrance.

Ding !

Il entra enfin dans la boutique. L'intérieur était tout aussi beau et coquet que la devanture. Des myriades de couleurs de toutes parts, Myosotis fut accueilli par des guirlandes de fleurs à clochettes placées au dessus de la porte, cachant une véritable cloche habilement dissimulée, on avait presque l'impression que c'était les fleurs qui sonnaient. Il retira son haut-de-forme pour mieux pouvoir passer cette belle entrée, qu'il ne se prenne pas dans les guirlandes. Faisant quelques pas en avant, il regardait par-ci par là à quoi ressemblait le reste de l'échoppe. Des bonsaïs parfaitement taillés étaient disposés sur une table ronde face à lui, ils étaient agencés de telle sorte à former un cœur. Leur feuillage avait été coupé par un véritable expert, l'un d'eux avait une allure de bateau, un autre un symbole berry, un troisième une tête de chat...

Hé mais ! Non ! C'était un véritable chat ! Myosotis avait mal vu, un vrai chat évoluait au milieu des pots et des bonsaïs, certainement réveillé par le bruit de la cloche lorsque le jeune homme entra. Il était beau, svelte et gracile. Il le toisait du haut de ses petites pattes, lui jetant un regard inquisiteur avec ses yeux dorés aux pupilles fendues. Le félin s'assit en face de lui, continuant de le regarder avec curiosité, remuant sa queue farouchement de droite à gauche, son pelage brun tigré luisant grâce au soleil rentrant à travers la vitre. Myosotis continua son avancée dans la pièce, admirant à présent des bouquets multicolores posés dans des vases, composés de jonquilles, de lys et autres fleurs en forme de trompette. Le chat le suivait, toujours posé sur la table. A chaque fois que le garçon faisait un pas, l'animal l'imitait, ne quittant pas sa table, le suivant simplement tout au tour du meuble.

Meooow !

Il miaula un coup, ça alerterait sûrement quelqu'un, pour l'instant personne ne se trouvait dans la pièce hormis ce chat. Andrea devait se trouver dans l'arrière-boutique et n'avait pas entendu le son de cloche. Ce chat n'était pas si inutile finalement. Quoi que...ce dernier se rejeta sur le côté pour se coucher gracieusement et se mettre à lécher une de ses pattes avant, fermant ses yeux, sa queue tapotant le bois ciré de la table. Sa langue râpeuse faisait un peu de bruit à chacune de ses léchouille, Myosotis n'avait même pas remarqué avant cela qu'un calme serein régnait dans la boutique.


- Bonjour ! Dit-une voix claire et cristalline, excusez moi, je ne vous avais pas entendu entrer. Je vous souhaite la bienvenue !

Myosotis se retourna pour alors faire face à une jeune femme absolument magnifique. C'était elle, Andrea, et sa beauté était digne des louanges qu'il avait entendu depuis le début de la journée. Elle était belle, très belle même. Des yeux noisettes qui brillaient, un petit nez en trompette et un peau éclatante ayant l'air aussi doux qu'une pêche. De sublimes bouclettes auburn retombaient en cascade sur ses épaules et son dos. Elle lui souriait, Myo' ne s'attendait pas à voir une demoiselle aussi jolie, il en eu momentanément le souffle coupé. Leonel ne mentait pas, Zerwan avait également raison d'être entiché de cette petite, elle n'avait rien à envier aux sirènes ! Habillée d'une robe de travail verte, elle s'avança, une petite truelle entre ses doigts fins, son sourire chaleureux toujours affiché sur ses lèvres.

- Comment puis-je vous aider ?

- Je...euh...Andrea, c'est vous n'est-ce pas ? Fit Myosotis, essayant de retrouver son flegme habituel.

- Oui, c'est moi en effet. Vous n'êtes pas d'ici, je suis ravie de vous rencontrer ! J'espère que notre île vous plaît !

- Hm oui elle est...sympathique. Je suis un médium de passage, je suis en route vers Inari, je m'accordais une journée pour visiter un peu avant de reprendre mon pèlerinage.

Il avait piqué son attention, elle avait l'air surprise.

- Oh ! Un médium ! Vous êtes capable de voir dans l'avenir ?! C'est fantastique !

- Haha, en effet. Dit-il essayant d'avoir l'air impressionnant. Vous savez quoi ? Je vais vous montrer ce que je sais faire, juste pour vous. Donnez-moi votre main, et je vous raconterai votre avenir.

Andrea afficha alors un grand sourire, il avait réussi à la contenter et elle allait se montrer plutôt coopérative. Elle s'épousseta un peu les mains après avoir posé sa truelle sur la table aux bonsaïs, à côté du chat toujours occupé à faire consciencieusement sa toilette. Elle s'avança une fois de plus vers le cartomancien avant de lui tendre sa main droite. Elle avait effectivement la peau très douce, comme du velours, ses lignes de main étaient parfaitement structurées et aucune n'en croisait une autre. Bah, de toute façon elle n'y connaît rien, il pouvait lui dire ce qu'il voulait. Et il savait déjà ce qu'il allait lui dire...

- Et bien, mademoiselle, j'ai bien fait de vous proposer cette prédiction ! Je vois quelque chose d'absolument incroyable !

- Ah oui ? Dit-elle, intriguée, qu'y a-t-il ? Rien de grave j'espère !

- Les lignes de votre main sont assez droites, votre avenir reste très floue. Mais je suis certain d'une chose : je vois votre âme sœur.

Cette fois, elle ne put réprimer un léger cri de surprise.

- Mon...mon âme sœur ! Vous...vous le voyez ? Qui est-il ? Je n'arrive pas à voir son visage, mais je peux vous dire que ce jeune homme se manifestera demain matin. Oui !

- Cette fois j'en suis sûr : votre âme sœur est l'homme qui vous fera part de son amour pour vous demain matin !

Myosotis lâche sa main, Andrea avait l'air à la fois chamboulée, rayonnante et allègre à la fois. Ses yeux devenaient humides, comme si elle n'y croyait pas.

- Je...Oh mon dieu...Merci ! Merci infiniment ! Je vais avoir la boule au ventre toute la journée, toute la nuit, jusqu'à demain matin mais...merci beaucoup ! Vous illuminez ma journée ! Je vais prier pour que votre prédiction se réalise !

*Oh mais crois moi ma belle, elle se réalisera... *

On aurait dit qu'elle allait lui sauter au cou. Pendant ce temps, De Ville jubilait intérieurement, il avait trouvé comment il satisferait Leonel. Il n'était plus question de magie ni de sortilèges, à présent il s'agissait de persuasion, de mensonge et de séduction. Andrea revenait vers lui, une rose rouge épanouie entre ses mains.

- Tenez, c'est peu, je n'ai pas beaucoup d'argent. Mais c'est pour vous remercier de votre prophétie. J'espère que ça vous conviendra !

- Bien entendu. Je ne vous demandais rien en retour, ça me fait vraiment plaisir, Andrea. Roucoula-t-il.

Il prit délicatement la rose entre ses mains pour en humer son parfum. Cachant son rictus qui commençait à se dessiner sur son visage, il décida de repartir du magasin après avoir fait une énième courbette à Andrea.

*Voilà qui est parfait pour ma couverture. *

Son larcin prenait forme, comme il avait eu le temps de l'échafauder, doucement mais sûrement, depuis que Leonel avait quitté sa tente. La suite était simple à deviner, Myosotis avait réussi à faire croire qu'Andrea rencontrerait son grand amour demain matin, et elle le ferait. Et pour cela, il fallait tout simplement que l'autre prétendant disparaisse. Pour de bon.
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Myosotis était très satisfait de sa visite chez le paradis fleuri d'Andrea, il avait posé les bases de son plan et il ne lui restait plus qu'à finaliser sa belle symphonie jusqu'au final. Il avait fait le plus facile, ce qui voulait dire que le plus compliqué allait venir. La prochaine étape était très simple : Zerwan devait sortir de scène, pour ne plus jamais y revenir. Mais avant de forcer le charpentier prétendant à dégager....il fallait que le jeune homme le trouve ! Où habitait-il ? Il n'allait pas retourner demander à l'hôtelière, trop de questions attirent les soupçons. Il fallait donc réfléchir intelligemment, et rapidement, le temps s'écoulait plus vite qu'il ne s'y attendait.  

Un atelier de charpentier, où est-ce qu'il allait bien pouvoir trouver ça ? Le village n'était pas si grand...Tout les commerces avaient l'air d'être concentrés dans la même rue, le reste des allées ne semblaient être que des habitations et des demeures de particuliers. Mais il n'avait pas souvenir d'avoir vu un quelconque atelier en débarquant et en parcourant la rue principale. Peut être que l'atelier se trouvait près du débarcadère dans ce cas ? Il ne l'avait pas vraiment exploré non plus, et ça avait l'air d'être l'endroit le plus propice, il y avait de l'espace et n'importe qui, habitant comme arrivant, pouvant aller lui réclamer ses services, c'était l'endroit parfait.

*Bon, allons voir là bas... *

Il devait en avoir le cœur net, il demanderait à un passant pris au hasard si jamais cela ne se trouvait pas sur le quai. Marchant plus activement, il repassa devant la confiserie, un bocal rempli de chocolats et de guimauves violettes le narguèrent, elles avaient l'air si goûteuses, si savoureuses. Il se réconforterait après l'effort, pour l'instant ça n'était pas important de toute façon. Avant de passer la boutique, il remarqua également une série de sucettes rondes multicolores, celles que son frère mangeait tout le temps à Cocoyashi. Il arrivait à seulement y goûter lorsque son aîné ne les terminait pas et les jetait, sinon il se débrouillait pour mettre la main sur le bâton de bois toujours un peu collant et sucré pour le suçoter. Quand bien même le bonbon avait été mangé, la baguette avait toujours son goût et son odeur de miel, de rose ou de mandarine. C'était tellement doux, tellement bon...Il avait eu de la chance de pouvoir s'échapper de son île natale, il pouvait désormais découvrir toutes les saveurs que lui offrait le monde. Il se les appropriait sans demander la permission à qui que ce soit pour s'en délecter tranquillement, regardant la mer encore et toujours.

Arrivant sur le quai, il se mit à zyeuter un peu partout pour trouver la direction d'un quelconque atelier. En face de lui, le débarcadère d'où il était arrivé, quelques bateaux attendant là peinardement qu'on vienne les déloger pour qu'ils puissent encore voguer sur les flots. A droite, ça avait l'air de mener à des entrepôts, l'odeur de poisson et de sel qui s'en dégageait lui en donnait la puce à l'oreille, ainsi que l'affluence d'hommes qui entraient et sortaient les bras chargés de caisses contenant des filets et des crustacés encore piégés entre les mailles. Autant tenter à gauche dans ce cas, d'autres hangars s'enchaînaient mais n'avait pas, au premier coup d’œil, ce cachet maritime et marin de ceux de droite. Myo' ne croisait personne, c'était jour de marché après tout, tout le monde devait être occupé à faire ses emplettes en centre-ville, espérant que Zerwan soit dans son atelier.

*Tiens, j'avais raison, il est là ! *

Un massif bâtiment rouge se dressait devant lui, une enseigne en forme de tronc écrite au dessus de la grande porte déclarant fièrement « Charpentier Clerc père & fils ». Zerwan Clerc, c'était donc comme ça qu'il s'appelait. Ça n'avait aucune importance, mais c'était toujours sympathique à savoir. Myosotis entendit alors des coups de marteaux provenant de l'intérieur de l'atelier, il y avait donc bel et bien quelqu'un. S'avançant doucement, il jeta un coup d’œil à l'intérieur avant d'entrer. Plusieurs planches coupées et plusieurs établis de travail s'alignaient ça et là dans chaque coins, le sol était couvert de sciure et de poussière et des outils coupants étaient accrochés aux murs. Il chercha d'où provenait les coups de marteau mais ne vit d'abord personne, avant de remarquer qu'à sa gauche, juste à côté de l'entrée, était posé un établi sur lequel travaillait un artisan.

- Excusez moi, je cherche Zerwan Clerc. Fit Myosotis, savez-vous où je peux le trouver ?

L'homme releva la tête et Myosotis eu alors exactement le même éclair, le même frisson lui parcourant le dos que lorsqu'il rencontra Andrea. C'était un jeune homme d'une vingtaine d'années qui le dépassait de deux bonnes têtes, il était brun avec des yeux sombres, le visage tout aussi carré et bien proportionnée que sa carrure d'athlète. De la sueur coulait de son visage et continuait sa course sur ses muscles sculptés après moult journées de labeur. Il s'arrêta de marteler avant de se tourner vers Myosotis et lui sourire.

- Bonjour ! Oui je sais où le trouver, c'est moi ! Qu'est ce que je peux faire pour vous ?

C'était bien ce qu'il pensait, Zerwan était tout ce que Leonel n'était pas : beau, taillé comme un dieu et sociable comme personne. Le parfait candidat pour gagner le cœur de la plus belle fille de l'île ! Le De Ville se dit que se débarrasser d'un type aussi bien bâti allait être plus compliqué que prévu, mais il n'allait pas changer de plan pour autant, il fallait qu'il continue sur sa lancée pour ne pas perdre le peu de temps qu'il avait déjà.

- Oh, parfait ! J'ai eu de la chance de vous trouver tout de suite. Répondit le garçon en souriant de manière condescendante, voulant paraître tout aussi sociable que l'apprenti charpentier. Je venais vous voir de la part d'Andrea, la fleuriste, il me semble que vous la connaissez.

Il avait piqué l'attention du bel l'artisan. C'était normal, il l'aimait, il ne pouvait qu'écouter et boire les mots de l'opportuniste voyant à présent.

- Andrea ? Je suis encore allé la voir hier matin pour acheter un bouquet. Fit-il le plus attentivement du monde. Est-ce qu'elle va bien ?

- Bien entendu qu'elle va bien, comme toujours. Répondit Myosotis, continuant à sourire. Je suis un de ses cousins, je vis à Inari et je venais la visiter pour quelques jours.

- Oh...Elle ne m'a jamais parlé de vous.. !

- C'est normal, on est assez éloignés dans la famille. On s'est vu que quelques fois depuis qu'on est petits. Mais comme j'étais de passage j'ai voulu aller la saluer ! Elle est très occupée à la boutique ce matin à cause du marché et elle m'a demandé de passer vous voir pour vous proposer un rendez-vous.

Cette fois Zerwan avait l'air surpris, il en lâcha son marteau. Et oui, un rendez-vous proposé par l'élue de son cœur, ça avait de quoi impressionner.


- Un rendez-vous... ? Vous êtes sûr ?

- Bien sûr que je suis sûr. Tenez, elle m'a même donné ça pour vous !

D'un geste subtil, il tendit la rose qu'Andrea lui avait offert gracieusement lors de son passage. Il avait eu raison de l'accepter, cette fleur était le leur parfait pour faire croire à Zerwan qu'il venait bien de la part de la belle. Zerwan l'attrapa pour ne humer le parfum, il ferma les yeux et esquissa un sourire.

- C'est bien une des roses du magasin d'Andrea, je reconnais leur beau parfum...A quelle heure veut-elle qu'on se retrouve ?

- Vingt et une heure m'a-t-elle dit. Avez-vous un lieu de préférence ?

- Hm, oui ! Dit le jeune artisan.Il y a une grange au nord, à la sortie du village qui donne vers la forêt. Là-bas, on sera tranquilles, et le ciel est si beau...ça ne la dérangera pas de marcher jusque là-bas vous pensez ?

Myosotis esquissa un sourire des plus carnassiers, montrant à Zerwan sa blanche dentition.

- Ne vous inquiétez pas. Elle m'a dit que n'importe où ferait l'affaire. Ma cousine avait l'air drôlement pressée de vous voir, j'ignore ce qu'elle veut vous dire, mais j'ai la nette impression que vous rejoindrez bientôt la famille !

Il lança un sourire potache à Zerwan qui lui rendit timidement tout en rougissant, heureux de la nouvelle et captivé par la rose.

En s'éloignant, laissant le charpentier musclé se remettre à l'ouvrage, Myosotis ne put s'empêcher de trouver le fils Clerc d'une grande naïveté. Ce n'était pas anodin s'il était amoureux d'Andrea, elle était aussi était plutôt candide, très candide même. Une simple rose en guise de preuve...Bah, il n'allait pas cracher dessus, son plan fonctionnait à merveille !

*A ce soir, beau Zerwan. *
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Myosotis avait profité de tout l'après-midi pour faire un tour de repérage sur la fameuse grange à laquelle Zerwan voulait retrouver Andrea. Le jeune homme avait quand même mis du temps à trouver le fenil, ne connaissant ni la ville ni les environs. Ainsi, il avait déambulé un peu partout sans trop savoir où aller, perdant de cette façon trois bonnes heures avant de trouver l'endroit. En y parvenant, il constata que quelqu'un faisait des allées et venues, entrant et sortant de la grange. C'était un fermier avec une fourche qui transportait du foin au dehors, partant ensuite vers son champ pour faire on ne sait quoi, sûrement donner à manger à ses bêtes. Caché dans un fourré à quelques mètres de l'entrée, le jeune homme remarqua que le fermier mettait aux alentours d'un quart d'heure pour revenir reprendre du foin. C'était parfait, ça lui laissait assez de temps pour inspecter l'intérieur du bâtiment avant que l'autre avec sa fourche ne pointe le bout de son museau.

La grange tenait plus d'une bicoque tellement elle était mal rangée, le fond était complètement encombrée par du foin et de la paille, empilés en ballots ou dans des sacs. De la poussière partout sur le sol, un peu comme dans l'atelier des Clerc. Des toiles d'araignées tapissaient presque l'intégralité de la charpente ainsi que du plafond, empêchant à Myo' de voir ne serait-ce que le bois du toit. A première vue, ça n'était pas vraiment le plus idyllique et romantique des points de rencontre pour une soirée entre amoureux... A droite, des cordes accrochées au mur, à côté d'ustensiles ressemblant à des serpes, faux, même une hache. De l'autre côté de la pièce, à gauche donc, se trouvait une table sur laquelle était disposée plusieurs bouteilles d'hydromel, vides. Alors comme ça on est porté sur l'alcool monsieur le fermier ? Ça n'était pas pour déplaire au jeune homme, tout ces outils, toutes ces options qui se dressaient face à lui pour se charger de Zerwan ! Myosotis trépignait déjà à l'idée de le voir fouler le sol de cet endroit, pensant que sa dulcinée l'attendait...ça allait être tellement amusant ! C'était le moment d’échafauder la bonne stratégie. Attendre que Zerwan arrive et le frapper avec l'un des outils sur le mur ? Non, trop rapide, il fallait savoir profiter. Comment procéder dans ce cas ?

* Peut être en utilisant les bouteilles, la corde et...Oui ! C'est ça ! Excellent. *

Ça y est, il avait trouvé. L'exécution parfaite pour un ahuri parfait. Le cartomancien attrapa l'une des bouteilles d'hydromel vide posée sur la table avant de filer comme il était venu, retournant se planquer dans son buisson.

20h50.
Bon, c'était l'heure à présent. Il venait de finir de manger et avait filé droit dans la nuit, retournant droit dans sa cachette. Le dîner qu'avait préparé la grosse madame de l'hôtel avait été frugal, un simple ragoût arrosé d'une simple sauce et un peu de jus de viande. Il avait néanmoins attendu qu'elle ait le dos tourné pour s'éclipser avant de lui lâcher un « bonne nuit ! », histoire de pas éveiller de soupçons. Ne souhaitant pas être en retard, il avait couru au milieu des rues, tenant son haut de forme dans une main et sa cravache dans l'autre. Il prenait également soin d'éviter les lumières des lampadaires, on ne sait jamais si quelqu'un était susceptible de passer dans le coin et de le voir. Il continuait de foncer droit vers la grange, ne souhaitant pas arriver après Zerwan, l'effet de surprise était primordial et il ne devait pas rater son coup. Quand on voyait la stature musclée de l'artisan, c'était quitte ou double. Soit il l'avait, soit c'était lui qui se faisait avoir...

Bien caché dans son maquis, Myosotis attendait l'arrivée de Zerwan. Il avait au préalable allumé une lanterne à l'intérieur de la grange. Premièrement pour le voir arriver au milieu de toutes ces ténèbres, et ensuite pour lui faire croire qu'Andrea attendait déjà à l'intérieur. Histoire de l'attirer un peu à la manière d'un moustique charmé par la lumière d'une ampoule.

*Bon, dans 10 minutes... *

Qu'est ce qu'il ne ferait pas pour une poignée de berrys quand même. Le matin même il ne pensait même pas en arriver jusque là. L'appât du gain et sa soif insatiable d'argent primaient sur à peu près la plupart de ses jugements, et sa raison. Il s'en fichait, il n'était pas à ça près ! Ça lui rendait service, et ça rendrait également service à son client. C'était tout ce qui importait. Et peut être un peu à Andrea aussi, elle deviendra riche avec Leonel ! Il fallait voir le bon côté des choses dans tout cette affaire.

SHHH

Du bruit. Quelqu'un approchait, un bruit de pas foulant l'herbe et le sol du sentier. Étais-ce Zerwan ? Il ne pouvait le savoir pour le moment. Myosotis se contenta donc d'attendre que l'individu se montre. La porte de la grande s'ouvrit enfin, laissant une silhouette apparaître dans l'encadrement. L'ombre mouvante était celle d'un homme aux épaules carrées, il était élancé et bien costaud. Ce type avait l'air d'être, à première vu, un sportif ou quelqu'un pratiquant une activité éprouvante relativement souvent. Zerwan, ça ne pouvait qu'être lui, le voyant reconnaîtrait sa carrure entre milles ! Myosotis sortit de son bosquet, écartant délicatement les branches pour ne pas se faire entendre et se faufila tout doucement, marchant sur le sentier menant à l'entrée, il y était presque !L'homme entra à l'intérieur, sur le seuil de la grange, passant à présent sous le fil de la lumière. Myosotis put enfin en avoir le cœur net : c'était bien le fils du charpentier.

- Andrea ? Tu...tu es là ? Dit-il distinctement en passant le pas de la porte.

Tenant fermement dans sa main la bouteille au cul en forme de ballon qu'il avait chouré sur l'établi quelques heures plus tôt, Myo' tentait de s'avancer le plus discrètement possible. L'autre scrutait le fond de la grange pour essayer de trouver la fameuse fleuriste objet de son cœur et continuait d'appeler.

- Andrea ? C'est Zerwan, je suis arrivé !

*Oh t'inquiètes pas, moi aussi je suis arrivé ! *

Marchant plus activement, Myosotis passa à son tour l'entrée de la porte. TOC !

*Non ! Zut ! *

Enfer et damnation ! Il avait malencontreusement fait cogné la bouteille contre l'encadrement de la porte en rentrant. Zerwan avait certainement entendu et, pensant que c'est Andrea, se retournerait dans la seconde. Myosotis arrêta de bouger, stoppé net dans son élan et laissa échapper un petit soupir de surprise. Non, il ne devait pas se laisser aller, pas après être allé si loin. Il devait continuer et le mettre à terre vite pour ne pas lui laisser le temps de riposter d'une quelconque manière. Trop tard, le fils Clerc entamait doucement sa volte-face. Ni une ni deux, le De Ville bondit, sautant aussi prestement et agile qu'une biche pour se retrouver derrière l'autre qui finit par lui faire face.

- Andre...hein ?!

- Et non, extinction des feux ! Clama Myosotis, rictus aux lèvres.

Et il abattit la bouteille sur sa pauvre tête, laissant Zerwan et le verre brisé tomber au sol.
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- Ah...hum...

- La princesse endormie se réveille ? On a fait de beaux rêves ?

Allongé sur le sol, le fils du charpentier s'éveillait péniblement. Ses pieds et ses mains avaient été attachées avec des cordes qui, quelques instants avant, étaient accrochées sur les murs de bois de la grange. Il s'assit tant bien que mal, toujours dans les vapes. Le pauvre tentait de réaliser ce qui lui était arrivé, constatant qu'il était attaché. Zerwan serra les dents de douleur, sa tête lui faisait mal. Un mince filet de sang lui coulait sur la joue gauche, petit cadeau de la bouteille qui venait d'être brisée sur sa tête, en plus de la bosse que ça avait dû causer. Quand bien même il n'arrivait pas à se rendre compte de la situation, il se mit à bouger nerveusement ses poignets et ses chevilles pour voir s'il pouvait se libérer de l'étreinte des liens. Mais un petit rire malicieux attira son attention et le fit s'arrêter.

- Inutile d'essayer. Petit souvenir emporté de Cocoyashi. Une vieille connaissance a utilisé les mêmes nœuds sur moi, une fois. Impossible de s'en débarrasser en gesticulant ! Continua la voix, pouffant de plus belle.

Devant lui se dressait fièrement un jeune homme monté sur des bottines à talons, habillé de manière raffiné et distingué avec de superbes vêtements luxueux. Aussi noirs que sa tunique, ses cheveux encadraient son visage au teint de neige et le sourire désinvolte qu'affichait ses lèvres rehaussait la teinte perçante de son œil de jais, l'autre étant maqué par un cache digne d'un pirate. Sur sa petite tête trônait un grand haut-de-forme qui soulignait encore plus son allure chic et fringante. Enfin, entre ses doigts fins, il s'amusait à triturer un cravache de cuir dont il allait sûrement faire usage dans quelques secondes...Zerwan le reconnut tout de suite.

- Vous ! Que...Qu'est ce que vous faites là ?! Qu'est ce que vous avez fait à Andrea ?!

Myosotis ricana encore une fois, visiblement l'autre n'avait toujours pas comprit. Après tout Zerwan était quelqu'un d'assez benêt, ça n'était pas vraiment surprenant qu'il soit long à la détente. Sautillant joyeusement comme un enfant qui s'amuse, le garçon à la cravache arriva face à celui à terre pour lui renvoyer un coup de cravache sur sa joue droite, le faisant retomber à terre. Criant et haletant péniblement, Zerwan se releva, ses yeux se faisant humides. Il avait l'air fin ce grand costaud maintenant, aussi inoffensif et et inerte qu'une tortue.

- Haha ! Mon pauvre...Quel idiot tu fais. Tu comprends toujours pas ? Y a jamais eu de rendez-vous avec Andrea ! Je suis même pas son cousin !

- Hein...quoi.. ?! Vous...vous êtes qui alors ? S'exclama l'autre complètement hébété, ne comprenant absolument rien.

- Myosotis De Ville, le plus habile manipulateur que vous pourrez trouver ! Après tout, qui soupçonnerait le pauvre et frêle petit garçon que je suis ? Hm ?  

Myo' fit une petite mou tendre et innocente, le genre de tête qu'il utilise pour amadouer les gens d'habitude, un des nombreux masques de son répertoire. Désireux de s'amuser encore un peu, il asséna un nouveau coup sur la joue gauche de Zerwan. Un petit morceau de chair se décolla, le faisant saigner encore plus, il laissa s'échapper un nouveau cri d'affliction en voyant le bout de peau ensanglanté sur le sol, ça ressemblait à un ver de terre. Il cracha pour se retourner vers le cartomancien.

- P...pourquoi vous faites ça ?!

- Leonel m'a promit une grosse somme pour que je lance un sortilège si puissant qu'il forcera Andrea à l'aimer. Lui aussi est idiot. Toute personne sensée saurait que la magie n'est que chimère. Mais c'est pour ça que je suis là, je ne peux pas lancer de charmes, mais je peux quand même forcer le destin.

Myosotis passa derrière Zerwan, se trouvant désormais dans son dos, et continua son petit discours.

- Alors me voilà. J'ai embobiné cette greluche de fleuriste pour qu'elle pense que l'homme qui lui déclarera sa flamme demain matin est son âme sœur. Et je vous laisse deviner qui sera cet homme...

- Alors Leonel ne sait rien de ce qui m'arrive...C'est complètement insensé de me faire ça !

- Pas vraiment non. Andrea est naïve, très naïve, tout comme vous d'ailleurs. Et Leonel n'a rien pour lui si ce n'est son argent. Elle se rendra très vite compte qu'elle n'est pas heureuse avec lui. Et si vous, son seul autre prétendant connu, êtes hors course, elle n'aura personne d'autre avec qui aller. Et vous, vous n'aurez jamais la possibilité de lui demander sa main, vous ne saperez jamais les chances de ce pauvre fils à papa. En fin de compte, Leonel sera heureux et j'aurai mon argent. Andrea et vous, j'en ai strictement rien à faire !

CLAC !

Et encore un coup de cravache, sur son dos cette fois ! Le tissu partit en lambeaux, laissant apparaître une belle écorchure. Zerwan grimaça une nouvelle fois, en pleine souffrance.

- S'il vous plaît...Laissez moi partir ! Je...je ne veux pas mourir !

- Je sais bien mon ami, je sais bien. Mais vous n'êtes pas vraiment en position de négocier quoi que ce soit. Vous savez ce que je vais faire ? Je vais vous laisser là et mettre le feu à cette baraque, ensuite je vais vous laisser griller et hurler à la mort comme un cochon. Ça me semble être une belle fin. Tout en panache, avec des effets de lumière et tout...

Et le voilà qu'il se met à éclater en sanglots ! Un gros baraqué comme lui, qui l'eut cru ! Le bruit de ses plaintes fit sourire Myosotis, ça lui rappelait ces moments passés avec son frère. Sauf que durant ces moments c'était lui qui pleurait, et son frère qui tenait le bâton. Mais aujourd'hui...aujourd'hui c'était lui qui avait le contrôle, c'était lui qui infligeait la douleur, il devait se l'avouer : il aimait ça. Il aimait ? Non, il adorait ! Il adorait ce sentiment de puissance, cette émotion qu'il ressentait, ce pouvoir ! C'était ce dont il avait toujours rêvé, ce qu'il avait toujours voulu, le pouvoir. Il l'aurait, un jour. Mais pour l'instant il allait s'amuser avec son petit jouer. Continuer de le torturer un peu.

- Ooh, alors comme ça on est triste ? Je comprends, ça doit être atroce de mourir brûlé, sentir sa chair se décoller peu à peu, la douleur provoquée par le feu qui vous lèche et vous nécrose la peau. Ça doit être réellement atroce. Tu vas te voir mourir pauvre Zerwan, tu vas te voir mourir. Te sentir partir sachant que tu n'as rien fait pour m'empêcher de manipuler Andrea du début à la fin. Te sentir partir en sachant que tu ne seras jamais heureux, que tu vas laisser ta famille seule, que tu n'auras absolument rien accompli de toute ta vie. Pauvre, pauvre Zerwan ! Quand on y réfléchis, ça veut dire que tout ce que tu as accompli jusqu'à maintenant n'a servi à rien. Oups ! Hahaha !

Le fils Clerc ne répondait même pas, il se contentait de pleurer à chaudes larmes, complètement désemparé et désespéré, il savait que la fin était proche et qu'il ne pouvait rien contre. Il se laissa retomber, face contre terre pour se cacher de Myosotis, comme un enfant qui veut se cacher d'un monstre en s'enfouissant sous sa couverture.

- Oh, et ne t'inquiètes donc pas pour moi. Personne ne m'attrapera. Tout le monde déboulera pour essayer d'éteindre les flammes. J'observerai de loin et je pointerai le bout de mon nez, tout affolé, pendant la panique. La grosse dame à l'hôtel pense que je suis allé me coucher de toute façon, elle me servira d'alibi cette dinde !

Myo' s'agita encore pour aller attraper un ballot de foin et le jeter à la figure de Zerwan, arrachant au passage une toile d'araignée dont la propriétaire, morte, tomba lamentablement au sol.

- Alors mon mignon, bien cuit ou à point ?


Dernière édition par Myosotis De Ville le Ven 8 Jan 2016 - 19:14, édité 1 fois
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- Voilà ce que je vous avais promis, un accord est un accord. Je...je dois avouer que votre magie m'impressionne...

- Huhu ! Ne doutez jamais de la magie des astres, Leonel.

Myosotis et Leonel, discutant devant la boutique de fleurs d'Andrea. Le fils du maire avait l'air satisfait, il souriait au voyant en lui donnant la somme qu'il lui devait, cinquante milles berrys tout ronds ! Des étincelles miroitaient dans les yeux de Myo' lorsqu'il vit ses cent milles berrys enfin réunis entre ses griffes ! Il avait trimé pour les avoir, et les avait amplement mérité. Le fils du maire se retenait de faire éclater sa joie, ça se voyait. Il avait gagné l'élue de son cœur, il devrait crier de bonheur ! Hm...Peut être que cela avait avoir avec le drame de la nuit dernière... ? Hm ?

- Tout va bien Leonel ? Vous avez l'air d'être déçu. dit hypocritement Myosotis.

- Déçu, non vous m'avez donné ce que je voulais, chamboulé plutôt. Vous avez entendu parler de ce qui est arrivé hier sûrement ! Un incendie au nord de la ville, Zerwan le fils du charpentier est décédé.

- Oh, oui, j'ai même aidé les autres à éteindre les flammes. Il était trop tard lorsque le brasier a été apaisé, on a juste retrouvé le corps de Zerwan. Fit Myo', la mine éplorée.

En effet, il avait aidé les autres à éteindre l'incendie. Bien caché dans son fourré il avait regardé de loin le bâtiment s'embraser peu à peu, les flammes montant encore et encore, dansantes et crépitantes, entourant la colonne de fumée qui se perdait peu à peu dans l'obscurité du ciel. Fermant les yeux, il avait écouté les supplications et les plaintes de Zerwan, consumé par le feu. Flambé à point ! Cinq minutes plus tard les cris s'étaient arrêtés, l'apprenti charpentier n'avait pas résisté bien longtemps à l'assaut du brasier et s'était laissé emporter par l'étreinte de la chaleur et de la mort. Écoutant les hurlements aussi calmement et détendu que s'il était en train de profiter d'une douce mélopée, le vil manipulateur regardait les habitants de village accourir, complètement affolés, ne sachant que faire. Petit à petit, certains repartaient pour revenir avec des seaux d'eau. Si bien qu'une énorme foule s'était agglutinée pour se relayer avec les seaux et s'occuper d'éteindre l'incendie. Une grosse forme familière capta son attention, une forme ronde qui se dodelinait tant bien que mal sur le sentier pour arriver face à la grange. De Ville la reconnut tout de suite lorsque la lumière du feu éclairait sa face : la patronne moustachue de l'auberge du Tournesol. Profitant de cette occasion pour pouvoir laver tout soupçons potentiels, Myosotis s'élança dans les ténèbres pour se positionner loin sur le sentier et faire son entrée. Aussi éploré et choqué qu'une tragédienne interprétant un mélodrame.

Il se revoyait courir sur le sentier, la main sur le cœur et l'autre gigotant en l'air. Arrivant aux côtés de l'aubergiste et lui lancer un : « Mon dieu ! Quelle horreur ! Qu'est ce qui s'est passé ici ?! », puis elle lui répondre : « Je...je l'ignore, j'ai été réveillée par l'agitation ! Je...Je ne sais pas ce qui s'est passé ! Venez, il faut qu'on éteigne de feu, aidez moi à prendre ce seau ! ». Lui et la grosse dame s'étaient mis à prendre le baquet à deux pour aller le remplir, le puits ne se situait pas trop loin d'après les allées et venues rapides de plusieurs personnes et ils s'adaptèrent au mouvement pour aider les autres à maîtriser puis éteindre le feu.

L'aurore pointait le bout de son nez lorsque le feu fut éteint, le ciel commençant à passer doucement du cobalt au rosé. Tout le monde était épuisé, même Myosotis. La fatigue le gagnait, ce qui était une bonne chose, ça s'ajouterait à sa couverture. Lorsque tout le monde entra dans ce qui restait de la grange, une bien macabre découverte les attendait. Au milieu des ruines encore fumantes et des cendres se trouvait un corps complètement calciné. Dieu merci pour Myosotis, les cordes avec lesquelles il avait attaché Zerwan avaient entièrement brûlé, il n'en restait plus rien. Et on ne pouvait pas dire qu'il restait grand chose de l'homme musclé non plus. Il ne ressemblait plus à rien si ce n'est un vulgaire bout de chair carbonisée dont le fumet et l'odeur de mort enfumait les environs. Sa tête était méconnaissable, sa peau complètement mangée et déchiquetée par la morsure des flammes. Personne n'aurait été capable de le reconnaître dans cette état, jusqu'à ce qu'une femme à émettre un cri déchirant avant de s'effondrer dans les bras dans les bras d'un moustachu présent à ses côtés. Une vieille dame, que Myosotis reconnu, l'une des femmes assises sur la fontaine avec ses courses le matin même, elle s'approcha du corps et attrapa entre ses mains ridées une chaînette accrochée autour du cou du cadavre. Myo' ne l'avait même pas vu, cachée en dessous de ses vêtements. La vieillarde se tourna d'un air désolé vers le moustachu qui, dans la seconde, éclata en sanglot, serrant entre ses bras sa femme inconsciente. C'étaient les parents de Zerwan, monsieur et madame Clerc, et ils l'avaient reconnu...

- Et Andrea ? A-t-elle apprit la nouvelle ? S'enquit Myosotis, voulant savoir comment avait réagi la fleuriste par rapport à la mort de son prétendant.

- Oui. Son père a fait irruption dans la boutique juste après que je lui ai déclaré ma flamme. Elle s'est effondrée dans mes bras et pleurait à chaudes larmes. La pauvre...C'était une amie de Zerwan. Et moi aussi, on a été à l'école ensembles...

- Vous allez vous serrer les coudes pour surpasser cette perte, Andrea et vous. Elle vous a maintenant, et vous l'avez également.

- Oui, vous avez raison. Merci, merci pour ce que vous avez fait pour moi, et pour votre gentillesse également.

*Et merci à vous pour être un abruti complet, chéri. *

Myosotis regarda Leonel repartir dans la boutique aux fleurs de sa nouvelle dulcinée. Il était plutôt satisfait et avait accompli un excellent travail ! Toutefois, il lui fallait cacher sa joie, il la laisserait exploser en repartant vers Inari sur le bateau.

*Bien, après l'effort, le réconfort à présent ! *

Se dirigeant vers la confiserie, le jeune homme y entra d'un pas ferme et décidé. Devant le voyant se dressait des montagnes de gélatines, d'oursons en guimauves et de sucettes de toutes les couleurs ! Il ne savait plus où donner de la tête. Ça ressemblait à la boutique d'Andrea, elle était toute aussi colorée, mais dans cette boutique-ci on pouvait manger les denrées et produits qu'on vendait ! Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir prendre... ? Il hésitait entre les sucettes, les berlingots, les dragées, de la nougatine ou des pralines. Il coupa la poire en deux et décida d'acheter un cocktail de toutes les sucreries qui lui faisaient envie. Et c'est ainsi qu'il repartit de la confiserie avec son medley de bonbons qu'il entamait déjà ! Attrapant une bêtise rose avec ses doigts, il la renvoya dans sa bouche, la gobant et se mettant à la suçoter. Elle était douce, savoureuse, son goût prononcé de framboise le faisant sourire de plaisir.

*Hmmmm, trop bon ! *

Et il se dirigea vers les quais pour reprendre le bateau. Inari se profilait dans son horizon, et il comptait également profiter des cent milles berrys qu'il venait de récolter. Il les dépenserait très sûrement, mais il le ferait avec panache !

*Inari, j'arrive ! *
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