Voilà, on avait été reçu par la Dame de Pierre et comment dire. On n'avait pas été déçu du voyage. Certes, la vieille peau était reconnaissante qu'on l'ait sauvée, cependant lorsqu'elle apprit que l'instigateur du coup d'état soit un ancien membre du Cipher Pol, le ton devint nettement moins amical. Nous fûmes donc poliment mais fermement dégagés du palais. Un peu dépités par ces félicitations mi-figue mi-raisin, les gars de la 102ème vidèrent donc les lieux et regagnèrent leur navire. Et moi, je les suivais, uniquement parce que mon petit Sakazuki était resté à bord.
Me revoilà donc à bord du Circonstance Spéciale. Quel drôle de nom pour un navire d'ailleurs! Enfin, le plus important pour moi, c'est de récupérer mon enfant et de filer. Je ne suis plus soldate de la Marine, et je n'aipas l'intention de le redevenir avant longtemps. Seulement, voilà, ce fichu rafiot est grand. Et surtout, je n'arrive pas à m'y repérer. D'autant plus qu'à cause de ma fierté d'handicapée trop forte pour demander son chemin, je suis perdue. Et la moutarde commence à me monter au nez. J'ai l'horrible impression d'avoir perdu mon bébé, et petit à petit la colère que je ressentais se mue en panique. Je me stoppe et je reprends mon souffle. Je me calme et je ravale ma fierté d'aveugle qui n'a pas besoin d'aide pour se repérer. Je demande donc mon chemin, et finalement, je retrouve Bram Green et mon petit ange.
Je remercie chaleureusement l'homme et je me prépare à partir quand soudain, je sens que le bateau bouge. Hé! Minute! Il y a encore une civile à bord! Partez pas, faut que je sorte de là moi! Ma voix n'autorise pas la réplique lorsque j'ordonne à Bram de me mener sur le pont. Sakazuki dans les bras, je fulmine contre le sinistre abruti qui a ordonné de lever l'ancre avec une civile à bord. En chemin, on m'intercepte. On larbin m'explique qu'il doit me guider jusqu'au mess des officiers et que le Colonel d’Élite Jakku Kattar m'y attend pour diner. Il essaie aussi de me faire comprendre que ce serait mieux que je vienne seule. Mais qu'ont-ils contre les bébés ici? Mais comme il ne me laisse pas le choix, je confie à nouveau la chair de ma chair à l'adorable Bram Green et je file.
Je finis donc par arriver au mess. Une table y est dressée. Au bout, Jakku et son odeur de fève de Tonka. A sa droite le vieux Genji et sa légère fragrance de noix de coco. Et d'autre officiers que je ne connais pas encore. Je ne suis pas idiote, je sais bien qu'on ne compte pas me laisser remettre les pieds à Saint Urea. Le navire ne fera plus demi-tour à présent. Et tout ça m'énerve. le jeune soldat qui me sert de guide m'amène jusqu'à la chaise à coté du "tonton". Où il m'y fit m'asseoir. Je sens que Pandore est déjà là aussi, elle qui sent la pomme et la cannelle. Apparemment, on n'attendait plus que moi pour commencer.
"Soldats, je vous félicite. Votre bravoure à Saint Uréa nous a permis de remporter une nouvelle victoire contre la Révolution. Malheureusement, nous n'avons pas pu convaincre la Dame de Pierre de se placer sous l'égide du Gouvernement Mondial, ce qui était pourtant notre objectif principal. Mais, nous ne repartons pas les mains vides. En effet, vous l'aurez sans doute remarqué, nous grossissons nos rangs avec l'arrivée du Sergent Pandore et de la Lieutenant Kamahlsson..."
"Quoi?"
Je me suis levée d'un coup, faisant basculer ma chaise au passage.
"Je suis une simple civile maintenant, j'ai démissionné! Je ne veux pas rempiler! C'est hors de question!"
"En fait, vous n'avez pas vraiment le choix Lieutenant. On vous a réquisitionnée. C'est une prérogative rarement utilisée, mais la Marine peut solliciter m'importe quel soldat ayant servi sous ses ordres, les retraités comme les démissionnaires." répondit le plus calmement du monde Genji.
"Vous vous fichez de moi?"
"Non, veuillez regagner votre place, Lieutenant." tonna un Jakku irrité de cette insubordination.
La mort dans l'âme, je m'exécute. Je ramasse mon siège et je m'assois. Je bous de rage. J'en tremble. J'ai l'impression de m'être faite avoir, et, en fait, ce n'est pas qu'une impression.