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Nouveau Testament



Trouvé ici


Beaucoup de choses s’étaient passées. Choses auxquelles Rafaelo n’avait pas assisté pour différentes raisons. Tout d’abord, il avait passé de nombreuses heures à cogiter avec les membres de l’Umbra sur des projets concluants pour l’avenir. Son absence avait quelque peu pesé, mais la révolution était toujours aussi vivace. En récupérant ses souvenirs, de nombreuses choses lui étaient revenues et il lui fallait mesurer l’impact de ses actes. Ce qui s’était passé sur Syrdaha, notamment, ou encore les informations contenues dans le ponéglyphe. Poséidon. Cette … arme. Il ne savait pas s’il devait être soulagé qu’elle fut entre leurs mains ou effrayé qu’elle existe. Ça, et le mystérieux message laissé par Gold D. Roger. Il avait, visiblement, toujours sous-estimé l’importance de ce pirate dans les conflits du monde, outre la nouvelle vague de piraterie cent ans plus tôt. La journée fut donc dédiée aux nouvelles découvertes et aux souvenirs peu plaisants. Il avait trop à faire pour se consacrer uniquement aux allées et venues sur l’île, mais à présent Maselfush avait quitté le navire et il était libre de bouger selon ses envies. Beaucoup de nouvelles questions, beaucoup de nouveaux buts. De quoi se sentir perdu. Il n’y avait aucun pattern qui se dressait face à lui, sinon celui de finir son travail sur Skypeia. Sans compter l’ultime service qu’il se devait de demander à Shaïness concernant Céline. Et ce fut à l’instant même où la volonté de la jeune femme de le retrouver qu’il eut le même désir. Difficile de faire la part entre leur lien et leurs réelles intentions. Parfois, les deux esprits se muaient dans la même direction et se circonvenaient sur l’appartenance de leurs pensées respectives.

Ce fut naturellement que leurs routes se croisèrent. Le jour commençait à décliner, les rayons rouges du soleil perçant à travers la frondaison de la jungle. Le décor était quelque peu surréaliste, au milieu des ruines. Le vent soulevait à peine les feuilles, tout portait à croire que jamais rien ne s’était passé sur cette île céleste. Que les enjeux n’avaient jamais été aussi élevés. C’était un souffle d’air frais après la tempête, un soulagement agréable. Ou le calme avant le pire. Chacun pouvait y voir ce qu’ils voulaient. Ce fut pourtant le premier qui cueillit Rafaelo et Shaïness lorsque leur regard se croisa pour la première fois, foulant le sol ancien de la cité oubliée. Leur seule attache, aussi perché dans les nuages. Les seuls humains des dizaines de lieues à la ronde.

« J’ai beaucoup entendu parler de ton discours, Shaï. » commença-t-il, sur un ton qui sonnait légèrement comme un reproche.

Un regard s’échangea. Quelque chose avait changé chez Rafaelo. Imperceptible au premier abord, mais incroyablement éloquent lorsqu’on connaissait l’animal. Son regard s’était raffermit, et il exhalait une aura placide, assassine. Il inspira.

« Fini le Cipher Pol. Tu es devenue Reine ? » commenta l’assassin, croisant les bras.

Vu la taille de Skypeia, il n’était pas étonnant que la nouvelle eut fait le tour de l’île. D’autant plus que le révolutionnaire n’était pas en manque de bouches à écouter. Mangrove, Chris, Tenna, Sanji et toute la tripotée.

« Tu peux m’expliquer à quoi ça sert, tout ça ? En quoi te lier à une seule nation, en sacrifiant l’atout que tu étais pour la révolution, nous aidera ? En quoi abandonner le combat au profit de ce peuple peut changer quelque chose à présent ? » continua Rafaelo, fusillant du regard Shaïness.

Si elle était heureuse de le retrouver, c’en était certainement fini. Il expira un long soupir.

« Va falloir qu’on parle. Et sérieusement. Je ne comprends pas comment tu as pu perdre à ce point l’objectif de vue. Ce n’est pas toi. Pas telle que je te connais … » lâcha-t-il, à mi-voix.

Le sous-entendu était sibyllin. Mais il y avait un monde entre révéler de but en blanc à son homologue qu’il était enfin revenu d’entre les morts et lui dire qu’elle avait pris la mauvaise route.

« La Shaïness que je connais n’aurais jamais cédé sur une position de pouvoir, pensant changer les choses. La Shaïness que je connais n’aurait pas quitté la seule chose qui lui permettait de conserver sa longueur d’avance pour la compassion d’un peuple. La Shaïness que je connais n’a jamais détourné son chemin du grand tableau. Toujours les yeux rivés vers l’objectif final … et pourtant : tu t’es perdue. Il était grand temps que je revienne. » grogna Rafaelo, ne pouvant malgré tout retenir un sourire.
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Autant dire que je le reçus comme un chien dans un jeu de quilles. De toutes les personnes présentes sur cette île, il était bien le dernier dont j'attendais des récriminations. D'autant plus que j'étais assez contente de mon nouveau statut et c'était toute guillerette que j'allais lui annoncer la dernière bonne nouvelle en date. Son petit laïus me fit l'effet d'une douche froide, et me fila un mal de tête. En fait, une douleur à la mâchoire, comme une rage de dents. Tiens, j'espérais qu'il le sentait, celui-ci. Et déjà qu'en temps ordinaire, je n'étais pas très... attentive à autrui, les changements intérieurs de Môssieur Di Auditore me passèrent, à ce moment, complètement par-dessus la tête.

A mon tour, je pris la pose, celle de la grande dame qui se moque d'un inférieur. Avec mon acceptation de mon statut de reine, c'était toute mon éducation de jeune fille de bonne famille qui me revenait.

- « C'est bien que tu veuilles parler. » fis-je avec une ironique coulant de mes mots comme le caramel sur une pomme d'amour. « Parce que je serai très, mais très curieuse de savoir ce qui t'a pris d'aller blesser sans achever un Marine qui n'avait pas fait grand jour, sans compter le fait de te révéler à lui ? Comme si la nouvelle de la ressurection d'un des plus grands noms de la Révolution, ici, à Skypiéa, ne mettait pas en danger toute la population locale. Si tu voulais la condamnée, tu n'aurais pas pu faire mieux. »

J'affrontai son regard, le défiant de braver ma juste colère. Tout comme lui, j'avais changé. La Shaïness presque timide sur ses capacités, anxieuse de rester dans l'ombre, terrifiée à l'idée de basculer du côté obscur, était... Non, pas morte. Justement, c'était bien là le point cruciale de ma transformation. Je n'avais pas tué cette partie de moi. Je l'avais embrassée, littéralement. Je l'avais acceptée, remerciée d'être là. J'étais une femme forte, en toute possession de ses capacités.
Spoiler:

Serait-il capable de le voir ? De sentir à quel point notre relation venait de trouver un nouvel équilibre ? Je n'avais tant plus besoin d'un mentor que d'un ami. Et si un élève se montrait humble devant son maître, des amis pouvaient se bouffer le nez.

- « La Shaïness que tu connais ? Elle a disparu, si elle n'a jamais existé. Elle était un mirage, un mensonge. En plus, elle ne servait pas à grand chose. » Ce qui n'était pas vrai. En tant qu'agent double au sein des bureaux, j'avais contribué plus qu'une fois à l'effort de guerre. Ma promotion en tant que chef d'équipe augurait de futurs postes hauts placés. Personne n'en avait jamais parlé, mais un révolutionnaire en tant que chef du CP 5, ça aurait arrangé beaucoup de monde. Je savais parfaitement ce que j'avais fait perdre à la révolution. J'en avais été bourrée de remords... pendant un temps.

- « Ah, parce que ça aurait fait de moi une bonne révolutionnaire, peut-être, si j'avais fermé ma grande bouche et laissé Maselfush s'en prendre à des innocents ? Comment oses-tu penser que je puisse fermer les yeux sur le devenir de milliers de gens ? Des gens que je connais, en plus ! C'est bien parce que j'étais révolutionnaire que j'ai agi contre Maselfush, sinon, tu penses bien que je l'aurais laissé faire. Mais j'ai agi, et j'ai bien agi ! Tu ne me feras jamais accepter le contraire ! »

Tiens, mange-toi ça dans les dents, et médite ça !
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Il serra les dents. Assez fort pour qu’elles crissent. Lâcher le morceau n’était pas dans leur nature respective. Oui, il avait le culot de venir la sermonner. Mais c’était différent d’il y a quelques jours. Il était en pleine possession de ses moyens, il aurait croisé Zieger aujourd’hui, il aurait agi autrement. Comment penser, alors, qu’un conditionnement de sa psyché avait arrêté sa lame ? Comment aurait-il pu prévoir ?

« Oui. Car ce n’est pas parce que je commets des erreurs que je n’ai pas le droit de me préoccuper des tiennes. » claqua-t-il, en ayant de plus en plus envie de quitter les lieux.

Qu’il connaisse Skypeia ou non ne changeait rien. Et pour le coup, il les connaissait. Il avait passé suffisamment de temps avec ce peuple pour savoir qu’il était préparé à tout sauf à entrer dans le Gouvernement. Ça ils pouvaient le croire, avec ce que leur disait Shaïness, mais lorsqu’ils verraient la Marine débarquer, piétiner leurs ruines … comment réagiraient les Shandias ? Les colons du Gouvernement seraient bientôt nombreux. Ils dépouilleraient les Skypéiens de leurs terres. Il y aura tout d’abord les amis de Maselfush, puis les simples touristes. Cette terre grouillerait d’hommes et de femmes avides d’emporter avec eux les restes de la culture skypéienne.

« Ce que je comprends, c’est que tu as ouvert la voie à la colonisation de Skypeia. Leur culture sera dépouillée, morcelée. Et bientôt, les shandiens ne seront plus que des marchands de tapis, fumant leur calumet et vendant leurs plumes. Être révolutionnaire, c’est protéger l’intégrité, la diversité et la culture des peuples. L’union dans la diversité. Ici, ils vont être obligés d’abandonner ce qui faisait d’eux des skypiéens. Y as-tu pensé, à ça ? Maselfush est un homme parmi tant d’autres. Vas-tu tous les changer un par un ? Que feras-tu lorsqu’on te demandera de la fermer si tu veux que ton peuple ne soit pas éradiqué, rendu en esclavage ? Ton jeu est dangereux. Hasardeux. Tu as maintenant la vie de tout ce beau monde entre tes mains. Je te souhaite simplement de ne pas vivre les mêmes choses que moi. » répliqua-t-il, laissant échapper malgré lui une fumée noire témoignant de son état d’énervement.

Elle ne voulait pas comprendre que ses actes engendreraient le chaos pour les skypéiens. Elle avait vu la solution la meilleure pour eux à long terme, choisissant de retourner un Dragon Céleste. Mais cet homme était coupable de tellement de crimes que sa sentence était décidée d’office. La suite serait bien moins drôle pour Skypeia, et ses habitants le découvriraient bientôt. Le Gouvernement leur piétinerait leur fierté, et les traiterait comme des moins que rien car non-humains. Le racisme … la haine, le dégoût. La curiosité malsaine. Voilà ce que Skypeia aurait à affronter sous peu. Un gruau révolutionnaire. Il ne souhaitait ç à personne. Mais Shaïness et Rafaelo tournaient autour du même pot. Aboyant sans mordre. Le serpent qui se mordait la queue … c’était peut-être ça la solution. Préparer Skypeia ? Uniformiser … peut-être. Un moyen de rattraper ses échecs. Que le cycle se rompe une fois pour toute. Et l’Umbra ne serait pas de trop.

« Tu as troqué ta méfiance contre de la naïveté. C’est l’expérience des guerres, de la mort et du sang dans les rues qui nourrissent mes peurs face à ta décision. » lacha-t-il, écartant les bras.

Cette discussion ne servait à rien, sinon à lui hérisser le poil. Qu’elle réfléchisse donc, elle lui avait donné assez de grain à moudre pour plusieurs jours, et une idée venait de germer quant aux paroles de Shaïness. Evidemment, il n’était pas assez objectif pour reconnaître qu’elle pouvait réussir, mais le potentiel d’échec était trop grand à ses yeux. Mais Goa était censée réussir aussi … comme si une main divine en avait décidé autrement, par pur caprice. Il avait tout prévu, jusque dans l’imprévisible. Sauf cet imprévisible là.

« Prends mes conseils comme tu veux. Tu comprendras plus tard qu’ils viennent de moi, et pas d’un ersatz amnésique. » grommela-t-il, avant de disparaître dans un nuage de fumée.

Qu’elle ait entendu ou pas importait peu. Il avait lâché les mots pour se récuser de ce qu’elle lui reprochait. Aussi sage qu’il se pensait, il avait toujours ses défauts. Distribuer ses conseils comme des sucreries n’y changerait jamais rien.  

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- « Ah bravo !! » Cette fois, j'applaudis, avec toute l'ironie dont j'étais capable. Soit un certain tonnage. « Oui, c'est sûr, tout va bien, aucun souci à laisser un innocent en train de mourir d'une infection ou de faim dans un labyrinthe. C'est sûr, c'est noble, c'est beau, c'est Rafaelo !  »
Le détachement avec lequel il parlait de « régler le cas Zieger » me faisait froid dans le dos. J'avais l'impression qu'il mettait ça dans sa liste de courses, entre passer au pressing et rempoter les fleurs. Mais on parlait d'un être humain, là ! Un fils, un frère, peut-être un mari ! Je le regardai, choquée par cette nouvelle facette de lui.

- « Je suis rentrée dans la Révolution le jour où j'ai réalisé qu'à cause de ce que le Gouvernement me faisait faire, je n'arrivais plus à me regarder dans la glace. Tu peux donc être certain que je ne vais pas m'y mettre, au nom d'une prétendue cause. » fis-je, toute aussi glaciale que lui. « Stratégique ? Depuis quand la Révolution est avant tout stratégique ? On dirait entendre un Amiral de la Marine !!! » raillai-je. « Une personne de l'ombre oui, voilà ce que j'étais devenue. L'ombre de moi-même. A ce rythme--- de toutes les façons, je suis faite pour briller. Que ce soit au sein du CP ou ici à Skypiéa, je ne suis pas faite pour être dans l'ombre. Je suis là pour briller, pour donner de l'ombre aux autres. Aux autres comme toi, par exemple. »

Je voulus crânement rejeter une mèche derrière mon épaule, et je réalisai que je ne pouvais plus, avec mes cheveux courts. Pff, dire qu'il ne l'avait même pas remarqué... dire qu'il n'a même pas pensé à s'enquérir de ma santé. Pas même un bonjour ou autre. Juste des reproches.

- « Oui, je vais être seule. Clairement, tu ne seras pas à mes côtés, puisque tu penses visiblement que je vais me planter. Que je n'ai pas un berry de jugeote. Et bien, figure-toi que même si je n'avais pas prévu tout ça, comme ça, je sais très bien où je vais, ce que je fais. Tiens-toi le pour dit, je suis une trireine. J'ai su m'entourer de gens qui ont confiance en moi, malgré mes défauts. Et tu sais pourquoi ? Parce que j'ai réussi, là où toi, avec tes méthodes, tu as échoué. Goa n'a pas été le succès que tu espérais, et même si tu ne t'en souviens plus, ton âme oui. Et ça la ronge, de voir la p'tite Shaïness l'espionne sans trop d'assurance, réussir à sauver tout un peuple, à se mettre un dragon céleste dans la poche, et le tout, sans verser une goutte de sang. Enfin, moi, si j'ai morflé. Et Phil. Et Skippy, mais ça, c'est ta faute. Qui de nous deux devrait avoir honte de ses actes, hum ? Ce n'est pas parce que tu es un révolutionnaire raté, que tu dois appliquer ton cas à tous !!  »

Oubliée, cette bonne nouvelle comme quoi Skypiéa était révo. En fait non, ça me démangeait la langue. Mais je ne voulais pas avoir l'air d'apporter ma baballe dans l'espoir de recevoir une grattouille. Je n'avais pas de compte à lui rendre, et surtout, je ne voulais me servir de Skypiéa pour avoir l'air de compenser une erreur. Un « oui mais ».... Que dalle. Rafaelo ne méritait pas ma révolution.
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« La Révolution se doit d’être stratégique depuis les échecs successifs de Drum, South Blue et Goa. Depuis qu’on nous tanne d’une quelconque autorité dont j’aimerai bien voir les preuves. S’il n’y a aucune concertation, aucune action commune : autant retourner à l’époque de l’Union Révolutionnaire. » trancha-t-il, sans se laisser démonter.

Un peu plus et il l’aurait pris personnellement, blessé dans son ego. Mais quel ego d’ailleurs ? Il avait toujours raté ce qu’il avait entrepris. Chacune de ses actions de révolutionnaire s’était soldée par un échec. Il avait beau tout avoir planifié, tout avoir envisagé, c’était impossible à contrebalancer. Oui, il était un révolutionnaire raté. Son poing se serra à cette vérité. Il bascula sa tête sur le côté, faisant craquer sa nuque.

« Je m’occuperais de lui ne veut pas dire que je le tuerai. Aie-je tant tué que cela soit ma seule option à présent ? » répliqua-t-il, constatant avec dépit l’image salie de sa propre essence que lui renvoyait le regard de la jeune femme.

Briller. Quelle absurdité. Autant se mettre une cible sur le front et appeler la Marine entière à venir surveiller cette Cipher Pol qui avait tourné sa veste en faveur d’une nation défavorisée. Même les journaux auraient du mal à y croire. Qu’elle ait quitté le Gouvernement ? La seule façon de faire passer la pilule, c’était de renforcer l’illusion de Maselfush l’omnipotent. Il y avait de nombreux moyens pour que les choses se passent en douceur, et facilement, mais il ne voyait que les pires conséquences. Que Skypeia ait choisi un autre souverain, il s’en serait moqué. Mais s’il y avait une personne qu’il ne voulait pas voir risquer sa vie inutilement, ou subir une tentation à laquelle il espérait qu’elle ne cède pas, c’était Shaïness. Prendre le chevalier blanc et le ramener au niveau des autres … C’était sa pire crainte, révélée lors du voyage initiatique. Et il ne pouvait que faire le parallèle avec Shaï. Qu’elle devienne ce contre quoi il luttait. Ce n’était pas une question de confiance mal placée, mais bien de la peur avilissante de la corruption du pouvoir.

« Brille autant que tu veux, mais ne compte pas une seule seconde utiliser ces gens pour te montrer quelque chose. Prend ça comme tu veux, de la part de quelqu’un qui a essayé et échoué. Te montrer que tu vas te planter serait d’un égoïsme que je ne pense pas posséder. Ce n’est pas parce que je te dis la vérité à nu que tu dois me montrer les crocs, Shaï. J’ai toujours vu en toi une recrue de choix pour la Confrérie, mais jamais je n’ai songé à te faire vivre cette vie. Alors ne viens pas me dire que je te considère comme une simple sotte cachée derrière son bureau. Quant à Skippy, tu devras demander à Alincourt comment ça s’est passé, car ce n’est pas qui viendrait m’excuser de la mort de ces gens. Que je me souvienne de ce que je fus importe peu, que j’ai agi en ayant perdu mes souvenirs importe peu : ce qui est fait est fait. Comme ton allégeance, à présent. » poursuivit-il, un peu trop hargneusement à son goût.

Il refusait d’aller admettre qu’il avait fait une erreur sous le coup de son amnésie. Il assumerait ses fautes, voilà tout. Qu’il fut en pleine possession de ses moyens ne changeait rien. Mais il y avait toujours, cette sale manie de vouloir enfoncer un couteau dans la plaie et de l’y agiter fermement. Il faillit lâcher les mots, se retint. Soupira. Il ne lui dirait pas qu’il était de nouveau entier. Pas maintenant, ce serait comme se trouver une excuse et il détestait ça. Finalement, c’était toujours une question d’ego, de droiture improbable pour un assassin.

« Peut-être qu’il faut des Amiraux dans la Révolution aussi, ou du moins des gens capables de séparer le grain de l’ivraie. C’est une chose que tu ne pourras plus faire en étant ici. Tu te rends au moins compte que tu ne partiras plus jamais de Skypeia ? Que ta vie ne tiendra plus jamais qu’à un fil, selon qui tu contenteras ? Tu as mis ta vie entre les mains d’un Dragon Céleste, tu le réalises ça ? Que tu le manipules ou non, tu n’es pas la seule à ce jeu. » poursuivit-il, lâchant un claquement de langue réprobateur.


Dernière édition par Rafaelo le Ven 11 Déc 2015 - 18:01, édité 3 fois
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- « Ne pas le tuer ? Mais ce que TU as fais, SANS PENSER, c'est le condamner. Tu crois qu'on peut le relâcher, maintenant qu'il sait que Rafaelo est revenu à la vie ici à Skypiéa ? On va le laisser retourner à Marie-Joie, hein ? Ou le laisser gambader ici, à bien voir tout ce qu'on veut lui cacher ? Ce n'est pas tant ta nature, que les conséquences de tes actes !!! Et après, tu as le culot de venir me sermonner ? »

Je fulminai ! Si j'avais été la porteuse du logia de Rafaelo, nous aurions été en espace sauna instantané. Et plus il parlait, plus il me montrait l'immensité de son aridité. Cet homme était-il devenu ce monstre que j'avais pressenti en moi ? Comment pouvait-il me traiter ainsi ? Je pensais que j'étais son amie. Je n'étais, au bout du compte, même pas son élève. Un maître ne traitait pas ainsi ses protégés. Je le savais, j'avais suivi des cours de management en tant que chef d'équipe.

- « Tu n'as pas la moindre idée de ce dont tu parles. Tu ne sais rien de Skypiéa. Ses habitants, ses envies, son potentiel. Nous sommes capables de faire de grande chose. Et nous allons faire de grandes choses. Je n'ai pas besoin de parcourir les Blues et Grand Line pour être une véritable révolutionnaire. A un moment donné, il faut arrêter de se trouver des excuses. Être révo, ce n'est pas se draper dans une cape et jouer les justiciers. C'est aider le peuple, et le peuple, c'est Skypiéa aussi, ne t'en déplaise !!!
Quant à Maselfush. Je refuse de croire que quelqu'un ne peut changer. C'est une question de volonté. La plupart des pourritures savent qu'elles sont des pourritures. Maselfush... Il peut changer. Il n'est pas le mal incarné, il a juste du mal en lui. Et je ne vais pas le condamner parce qu'il est né le fils de ses parents et pas dans ma famille. Pour moi, c'est ça, être révolutionnaire. C'est arrêter de vivre selon des critères de valeurs hérités d'un système qu'on dénonce. Je vais le sauver, lui aussi. Au moins tenter de faire. De faire le bien autour de moi. Tu devrais essayer, ça te changerait.
Si j'ai été capable de résister au lavage de cerveau d'Alincourt, un type comme toi devrait être capable de ne pas être un pion !! Tu penses trop vite, et tes jugements sont toujours assenés à coups de poings !!! Quand as-tu fait quelque chose qui ne commençait pas par la violence, hein ? »


Excédée, sur le point de fondre en larmes de colère, de frustration, de honte, de dépit, je tournai les talons. Je n'avais plus envie de voir Rafaelo. Pas tant qu'il aurait réfléchi un peu sur ses actions.
Je savais qu'il avait raison. Avant de bêtement me mettre au travers de Maselfush, j'aurais dû garder la tête froide. C'était pour ce genre de mission que j'avais été préparée, en tant que CP comme révo. Etre maître de ses émotions, analyser, trancher rapidement après avoir fait le bilan, peser le pour et le contre, le pire et le meilleur. Là, j'avais foncé au plus essentiel. J'avais, en ce moment, tout ce qu'il fallait pour désamorcer cette situation, sans risquer ma place. Mais justement... j'avais... en théorie. J'avais eu besoin de tout perdre pour me libérer de mes peurs. Rafaelo et moi pouvions nous engueuler pendant des heures, cela ne changerait rien à la situation : c'était un serpent qui se mangeait la queue.

- « XXXXX » Il grommela quelque chose que je ne compris pas, alors que j'avais déjà fait quelques pas.
- « Quoi donc ? »
Bien entendu, il avait disparu, comme par magie, dans un nuage de fumée.
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Il serra les dents. Assez fort pour qu’elles crissent. Lâcher le morceau n’était pas dans leur nature respective. Oui, il avait le culot de venir la sermonner. Mais c’était différent d’il y a quelques jours. Il était en pleine possession de ses moyens, il aurait croisé Zieger aujourd’hui, il aurait agi autrement. Comment penser, alors, qu’un conditionnement de sa psyché avait arrêté sa lame ? Comment aurait-il pu prévoir ?
 
« Oui. Car ce n’est pas parce que je commets des erreurs que je n’ai pas le droit de me préoccuper des tiennes. » claqua-t-il, en ayant de plus en plus envie de quitter les lieux.
 
Qu’il connaisse Skypeia ou non ne changeait rien. Et pour le coup, il les connaissait. Il avait passé suffisamment de temps avec ce peuple pour savoir qu’il était préparé à tout sauf à entrer dans le Gouvernement. Ça ils pouvaient le croire, avec ce que leur disait Shaïness, mais lorsqu’ils verraient la Marine débarquer, piétiner leurs ruines … comment réagiraient les Shandias ? Les colons du Gouvernement seraient bientôt nombreux. Ils dépouilleraient les Skypéiens de leurs terres. Il y aura tout d’abord les amis de Maselfush, puis les simples touristes. Cette terre grouillerait d’hommes et de femmes avides d’emporter avec eux les restes de la culture skypéienne.
 
« Ce que je comprends, c’est que tu as ouvert la voie à la colonisation de Skypeia. Leur culture sera dépouillée, morcelée. Et bientôt, les shandiens ne seront plus que des marchands de tapis, fumant leur calumet et vendant leurs plumes. Être révolutionnaire, c’est protéger l’intégrité, la diversité et la culture des peuples. L’union dans la diversité. Ici, ils vont être obligés d’abandonner ce qui faisait d’eux des skypiéens. Y as-tu pensé, à ça ? Maselfush est un homme parmi tant d’autres. Vas-tu tous les changer un par un ? Que feras-tu lorsqu’on te demandera de la fermer si tu veux que ton peuple ne soit pas éradiqué, rendu en esclavage ? Ton jeu est dangereux. Hasardeux. Tu as maintenant la vie de tout ce beau monde entre tes mains. Je te souhaite simplement de ne pas vivre les mêmes choses que moi. » répliqua-t-il, laissant échapper malgré lui une fumée noire témoignant de son état d’énervement.
 
Elle ne voulait pas comprendre que ses actes engendreraient le chaos pour les skypéiens. Elle avait vu la solution la meilleure pour eux à long terme, choisissant de retourner un Dragon Céleste. Mais cet homme était coupable de tellement de crimes que sa sentence était décidée d’office. La suite serait bien moins drôle pour Skypeia, et ses habitants le découvriraient bientôt. Le Gouvernement leur piétinerait leur fierté, et les traiterait comme des moins que rien car non-humains. Le racisme … la haine, le dégoût. La curiosité malsaine. Voilà ce que Skypeia aurait à affronter sous peu. Un gruau révolutionnaire. Il ne souhaitait ç à personne. Mais Shaïness et Rafaelo tournaient autour du même pot. Aboyant sans mordre. Le serpent qui se mordait la queue … c’était peut-être ça la solution. Préparer Skypeia ? Uniformiser … peut-être. Un moyen de rattraper ses échecs. Que le cycle se rompe une fois pour toute. Et l’Umbra ne serait pas de trop.
 
« Tu as troqué ta méfiance contre de la naïveté. C’est l’expérience des guerres, de la mort et du sang dans les rues qui nourrissent mes peurs face à ta décision. » lacha-t-il, écartant les bras.
 
Cette discussion ne servait à rien, sinon à lui hérisser le poil. Qu’elle réfléchisse donc, elle lui avait donné assez de grain à moudre pour plusieurs jours, et une idée venait de germer quant aux paroles de Shaïness. Evidemment, il n’était pas assez objectif pour reconnaître qu’elle pouvait réussir, mais le potentiel d’échec était trop grand à ses yeux. Mais Goa était censée réussir aussi … comme si une main divine en avait décidé autrement, par pur caprice. Il avait tout prévu, jusque dans l’imprévisible. Sauf cet imprévisible là.
 
« Prends mes conseils comme tu veux. Tu comprendras plus tard qu’ils viennent de moi, et pas d’un ersatz amnésique. » grommela-t-il, avant de disparaître dans un nuage de fumée.
 
Qu’elle ait entendu ou pas importait peu. Il avait lâché les mots pour se récuser de ce qu’elle lui reprochait. Aussi sage qu’il se pensait, il avait toujours ses défauts. Distribuer ses conseils comme des sucreries n’y changerait jamais rien.  
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J'étais, en plus de tout, profondément dégoûtée par le manque de clairvoyance que Rafaelo me prêtait. S'il y avait bien une personne sur cette île qui savait ce que le Gouvernement pouvait ou ne pouvait pas faire, c'était bien moi. Je connaissais les codes civil et droit public par cœur. Croire que je n'allais prendre aucune mesure pour ne pas contrer cette invasion... Pff, c'était bien mal me connaître. Croire aussi que je n'y avais pas pensé, c'était encore pire. Mais ne voyait-il donc pas que la situation présente était ce que j'avais pu obtenir de mieux ? Sans mon intervention, il n'y aurait même pas eu à se soucier d'invasion : il n'y aurait plus eu personne à envahir. Et comme Maselfush l'avait dit, Skypiéa n'avait pas un grand intérêt commercial ou stratégique. Le GM n'aurait jamais investi un berry sur cette île devenue déserte.

Méfiance et naïveté... Encore une fois... Je n'avais jamais été méfiante, j'avais été parano. Et naïve était mon second prénom de révolutionnaire. Scarlett Naïve. Tout révolutionnaire se devait d'être naïf, après tout. Un pessimiste n'aurait aucune volonté à se dresser contre l'ordre établi, aussi injustice fût-il : à quoi bon? se dirait-il.
Tout ce que je voyais, c'était que le seul danger que Skypiéa pouvait courir résidait dans un retournement de veste de Maselfush. Tant qu'il était notre protecteur, il tiendrait le Gouvernement Mondial au loin. Déjà, il ne voulait pas partager SON ponéglyphe. De plus, il souhaitait clairement jouer à Dieu-le-Père, en essayant une expérience sociale humaine à grande échelle. Être le guide d'une communauté qui vivrait dans la joie et le bonheur absolus, loin des vices de la civilisation. Reconstruire et mener un paradis. Je l'avais incité à se la jouer « digne héritier de ses ancêtres », eux les fondateurs du GM, et cela avait marché. En fait, il galopait, le p'tit Elzékior. Enfin, je disais « je », mais Alincourt m'avait aidé, et continuait à le faire. En exil volontaire aux côtés du Dragon Céleste, il pouvait veiller sur lui, et prévenir si besoin était des plans dangereux. Au pire, nous prévenir. Sans compter son fruit qui était un avantage indéniable. Pour ne pas risquer que Maselfush se détournât de Skypiéa, il fallait juste continuer à le rendre heureux. Au moins, indifférent.
C'était carrément possible.

J'y consacrai donc toute mon énergie. La décision fut prise de rénover un des bâtiments les plus extérieurs de Shanda pour en faire un « palais » pour son Illuminescence, en guise pied-à-terre pour quand il nous rendrait visite. S'il nous rendait jamais visite. Du coup, Shanda devint une cité civile, bien que guerrière. Les activités les plus révolutionnaires seraient ainsi cantonnées sur le site de l'ex Lune Noire, avec les Sélénites. Maselfush Island était un chantier à cœur ouvert. Travaillant corps et âme sur un même chantier, s'entraînant ensemble au lieu de s'affronter, les Skypiéiens apprenaient à se connaître.
Voilà pourquoi je ne revis pas Rafaelo avant un bon moment. J'étais trop occupée pour m'attarder sur son cas. Au début, l'aiguillon de l'embarras m'avait titillée. J'avais été à deux doigts d'aller lui présenter mes excuses. Ma fierté me l'interdit cependant. Je n'avais rien fait de mal. J'aurais pu, je le reconnaissais, faire mieux. Mais j'avais passé l'âge d'être grondée. Un conseil oui, une morale non.

Jusqu'à ce jour. Un ange entra dans la salle de travail, où Lullaby, Tenna et moi passions presque toutes nos journées, en trombes :
- « Un bateau ! En train de remonter la Highest Way ? »
- « Il est gros ? Quelles couleurs ? »
- « Moins gros que le Ptérodactyle, mais ce n'est pas une barque non plus. Pas de drapeau, Marine ou pirate. »
- « Préparons-nous au pire. »

Tenna était notre général en chef. Il organisa ses troupes, et bien entendu, Rafaelo était là. Nous échangeâmes un regard entre circonspect et soupçonneux, destinés à l'un, contre à la situation présente. Il haussa les épaules : non il n'était au courant de rien. Pour autant, nous nous faisions toujours, d'un commun accord, toujours la tronche.

Les vigies nous annoncèrent que le navire venait de prendre pied – coque ? - sur la Mer Blanche et semblait se diriger vers nous, sur une des plages de Vearth, sans hésitation. Soudain, mon den-den blanc, que je gardais toujours sur moi, se mit à crachoter.

- «Pulululu ! »
- « Gotcha ! Oui, ici Scarlett. »
- « Pas trop tôt ! On essaye de vous joindre depuis un bail ! Ici Quadrant. On sera là bientôt. »
- « Hein ? Quadrant ? Mais comment ??? »
- « Gotcha. »

Derrière ce nom de code se cachait un redoutable As de la révolution. Quadrant, dont j'ignorais l'identité, était un navigateur hors pair, généralement affecté à des missions de transport de haut vol. Que faisait-il ici ? Raven aurait-elle fait le déplacement ? J'indiquai à Tenna qu'il n'y avait aucun danger immédiat, mais de rester sur nos gardes.

Spoiler:

Le brick qui aborda nos rivages m'était complètement inconnu. En plus, je n'avais qu'un savoir limité en terme de bâtiments. En bonne fille de Marine, je savais la différence entre la poupe et la proue, pouvait nommer les voiles et les mats, et reconnaître à l’œil les principaux types. Avec un peu de chance, je me rappelais même des nœuds basiques.
Là, Quadrant se montra. En bon capitaine, il mit pied à terre le premier et me repéra. De visu, il m'était aussi étranger que son embarcation. Pourtant, à en croire sa démarche directe, il avait quelque chose à me dire. Mais des clameurs coupèrent son effet :
- « Amaury ! Amaury est de retour !!! »
Un grand échelas tout maigre venait en effet de débarquer. Il s'appuyait lourdement sur une jeune femme visiblement enceinte, et pas qu'un peu.
- « Merci Céline, vous m'êtes d'un grand secours. »
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L’apprentissage du langage des ponéglyphes prenait un temps fou, et alors que les deux révolutionnaires s’étaient décidés à ne pas se croiser d’un mutuel accord, l’assassin avait décidé de consacrer ses journées à renouer avec ses anciens camarades. Ainsi, il passa ses journées aux côtés de Mangrove, cernant difficilement les nuances de cette nouvelle langue malgré sa mémoire absolue. Il ne suffisait visiblement pas de connaître les symboles par cœur, mais analyser leurs combinaisons. Chaque glyphe était ainsi une œuvre d’art en lui-même et chaque chose avait son importance. Les ponéglyphes, plus qu’une langue complexe, étaient un véritable code hérité de l’ancien temps. Quant à l’Umbra, elle ne tarda pas à envoyer de nouveau des rapports réguliers à Rafaelo. Si bien qu’on murmura que les choses étaient retournées à la normale, mais nul ne savait, à part le Conseil restreint, qu’Il Assassino était de retour. Et qu’il n’aimait plus trop ce surnom. La guerre l’avait changé en guerrier. Skypeia l’avait changé en libérateur. Quelle serait la prochaine étape ? Certainement pas le retour aux ombres des assassins, il avait des projets plus grands. Des projets qu’il ne pourrait mener seul. Mais une fierté suffisamment grande pour ne pas demander l’aide dont il avait besoin, les éclairements qu’une seule personne pouvait lui donner.

Quoi qu’il en fût, le grand jour arrivait. Il n’avait pas jugé important d’en parler à Shaïness, bien qu’il avait voulu le faire lors de leur dernière rencontre. Les rares fois où il avait entendu parler d’elle c’était par l’intermédiaire de Mangrove. Si elle désirait le voir et lui parler, elle savait où il était. Jusque là, il se passerait d’elle. Evidemment, cette situation était désagréable, mais s’occuper l’esprit aidait à passer outre. Le temps s’écoula lentement, si bien que Rafaelo eut l’impression d’être resté une éternité en exil avec la vieille Shandia pours on apprentissage. Il en était arrivé à un point où il pouvait lire le ponéglyphe d’un trait, jusqu’à même rédiger ses propres textes. La main assurée, il traçait ses lignes et leurs nuances. Un parfait révolutionnaire, avec un but renouvelé. L’information, c’était le pouvoir, après tout. Mangrove lui avait fait plusieurs fois la lecture de la signification du ponéglyphe, allant même jusqu’à la signature de Gold D. Roger. Mais entre savoir ce que le ponéglyphe renfermait et être à même d’en comprendre toutes les subtilités, c’était autre chose.

Puis un fourmillement inhabituel gagna l’île. Ses sens étendus perçurent l’arrivée du navire avant même qu’on ne puisse le lui apprendre : c’était le navire qu’il attendait, après tout. Il redoutait légèrement de croiser Shaïness, de devoir lui expliquer les tenants et les aboutissants du tout. Elle n’avait pas eu l’air de réaliser ce qu’il avait voulu lui dire, et elle le découvrirait bien assez tôt. Les pensées de Rafaelo étaient encore un maelstrom insondable, la fusion de deux personnalités bien différentes après tout. Si on pouvait appeler ça ainsi. Il se sentait différent sans pouvoir l’expliquer. Il jetait un regard honteux sur son passé, comprenant ses erreurs mieux que personne. C’était ce qu’il avait voulu expliquer à Shaïness avec son discours maladroit, accusateur même. Bref. Cela ne changeait rien aux choses. Zieger était toujours en vie, et sous étroite surveillance. En attendant que l’on décide de son sort …

Le navire ne payait pas de mine. Le transport assuré par Rafaelo, via ses contacts, avaient recueilli Céline puis avait joint une autre expédition. À partir de là, il n’en savait pas plus. Un service demandé à Raven, qu’il avait glissé suite à son propre rapport sur la question. Il n’avait pas encore pu joindre Ombre pour le moment, ce qui expliquait qu’il rende des comptes à cette dernière. Il se doutait donc que ce navire en apparence quelconque avait à voir avec Raven. Par contre, ce qui l’inquiéta, c’était que celui qui semblait commander était inconnu au bataillon. Il rendit son regard à Shaïness. La venue de ce navire n’était pas que de son fait. Il était venu avec un but précis. Avec une date qui n’avait été précise que parce que Raven lui avait dit. Elle n’avait pas transmis à l’assassin de demande concernant le fait qu’il devait en parler à Shaïness, donc il ne l’avait pas fait. Cela s’arrêtait là.

- « Merci Céline, vous m'êtes d'un grand secours. »

En un instant, il n’y eut plus de Shaïness, de Raven ou de Révolution. Crevant la foule, Rafaelo joua des coudes. Il dépassa le dénommé Quadrant sans sourciller, tandis que Céline aidait Amaury à se maintenir droit. Il l’attrapa dans ses bras, la soulevant comme un fétu de paille. Le révolutionnaire soucieux, aux rides et à la balafre devint moins intimidant d’un coup. Il la serra contre lui avec douceur, enfonçant son visage dans sa chevelure de jais. Décidée à lui en vouloir pour les frayeurs qu’il lui avait causé, Céline se laissa aller à son étreinte et l’embrassa. Rafaelo éclata d’un rire gêné avant de la reposer à terre. Quadrant se retourna, ouvrant des yeux gros comme des billes. Il venait de reconnaître le révolutionnaire. Il regarda la passagère qu’il pensait inconnue jusque là en ouvrant la bouche, béat. Il avait trouvé ça étrange que Raven lui impose un passager, mais là … il venait de voir un mort. Et sa femme.

« Désolé, vieil homme. » s’excusa Rafaelo, attrapant le bras d’Amaury qui vacillait.

- « Mais non, mais non. Ce serait plutôt à moi de m’excuser de l’avoir autant sollicitée. Le voyage a été extrêmement mouvementé. » fit le dénommé Amaury.

« Et toi ça va ? » fit-il, se retournant vers Céline.

Les skypéiens présents échangèrent des regards, découvrant non seulement que Rafaelo avait une femme, mais qu’elle était en ceinte. Céline leva ses yeux bleus vers Rafaelo, posant la main sur son ventre. Son teint avait pris une teinte légèrement verte. Les joies de la grossesse. Elle enfonça ses doigts dans la tunique du révolutionnaire, posant sa main sur son ventre.

« Les contractions ont commencées pendant l’ascension, elles n’ont pas l’air de se … » commença-t-elle, avant de blêmir.

« Elle a perdu les eaux ! » hurla-t-on dans la foule.
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Dire que je ne comprenais rien de ce qui se passait serait faux. J'avais été capable de tisser les liens entre les événements, assez rapidement. Accepter pour de vrai ce que tout cela voulait dire était autrement plus compliquer. Amaury était l'ambassadeur que Gisèle avait envoyer vers le Gouvernement Mondial pour chercher de l'aide. Il était tombé sur un monstre des mers qui l'avait amoché avant d'être trouvé par Maselfush. Ce qu'il était devenu après ça avait été un secret défense, mais aucune information n'était si inaccessible pour le réseau d'espionnage de la Révolution. Amaury aurait donc dû être en train de pourrir dans les tréfonds de Tequila Wolf. Comment pouvait-il être ici ? Que s'était-il passé en bas ?

Amaury était un point. Une virgule à la rigueur, dans ma vie. Rafaelo était beaucoup plus majuscule. Même si nous étions en froid, je n'étais pas indifférente à son devenir, et le voir se ruer vers la femme enceinte. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que c'était Céline. Mais depuis quand se souvenait-il de sa femme ? Pourquoi ne m'avait-il pas prévenu qu'il avait retrouvé sa mémoire ? Il me manquait, mon vieil ami, plutôt que cet être mi-Rafaelo, mi-Solomon. Rafomon était un type absolument détestable. Il était temps qu'il eût évolué en quelque chose de plus intéressant.

- « Elle a perdu les eaux ! »
- « Ça va, pas besoin de hurler non plus ! » protestai-je en grimaçant. Mon tympan était juste éclaté pour le reste de la journée. « Ce n'est pas non plus un drame ou un exploit. Tous les enfants naissent comme ça. Bon, on se disperse, on trouve un médecin, on se rend utile. » Je tapai dans mes mains pour faire bouger tout ce petit monde. « Quadrant, on va vous accompagner jusqu'à une baie pour y mettre votre navire. En sécurité et loin des possibles visiteurs. »

Cela m'arrangeait bien, de renvoyer cette discussion à plus tard. Je ne savais pas de quoi il s'agissait, mais je n'allais pas aimer. Ça se voyait à ce petit rictus satisfait qu'il avait eu en m'identifiant. Il était porteur de mauvaises nouvelles me concernant, et il en était content. Pas étonnant donc, que rien en lui ne m'avait donné envie de le connaître ou de lui parler.

- « Allez, on laisse un peu d'intimité à la madame. » Je chassais les derniers curieux, de telle sorte qu'il ne restait plus que nous trois. Amaury avait été récupéré par les siens, Quadrant avait hissé la voile et chacun était retourné à ses occupations. Seule une Skypiéienne d'un âge mûr était restée auprès de Céline. « Bonjour Céline. Je suis Shaïness. Enchantée de te rencontrer, et bienvenue sur Skypiéa. On peut dire que tu es comme Rafaelo, tu sais ménager tes effets. » Je plaisantais pendant que nous l'aidions à remonter la pente de la plage jusqu'à l'ombre des arbres. « Nous allons trouver un moyen de transport adapté pour te ramener à Shanda. C'est là que nous sommes tous. »
- « En attendant, allongez-vous, voulez-vous ? Je vais vous examiner. » L'Angette avait les mains douces mais fermes. « Je ne suis pas docteur, mais j'ai eu cinq enfants et j'ai aidé mes trois filles à mettre au monde leurs propres enfants. Ça fait de moi la plus experte en naissance dans le coin. » En effet, la population civile était restée à Shanda, tandis que seuls les guerriers s'étaient déplacés. Du coup, elle était l'experte locale.
- « Tout va bien se passer. Rafaelo, relax. C'est juste une naissance, pas la fin du monde. Et calme-toi, tu me donnes une migraine. On a le temps. Entre la perte des eaux et l'accouchement, on attend généralement bien deux ou trois heures. »

Étonnant, n'est-ce pas ? J'avais une connaissance assez poussée sur la maternité. C'était après tout le rôle auquel ma famille m'avait destinée. Dans les thés dansantes et les après-midis caritatives qui occupaient Mesdames et Mesdemoiselles de la bourgeoise Marine, les questions de grossesses et d'enfants étaient un des sujets de conversation préférés. Je savais donc de quoi je parlais, parler étant le mot clé ici.
- « Généralement... » grommela l'Angette. « Celui-ci semble presser de venir. C'est peut-être le changement d'altitude ou autre. »
- « Hein ? » // « Quoi ? »
- « Le bébé arrive. Bonne dilatation, ça se compte en minutes maintenant. »
- « Mais-mais... on n'est que trois !! Dont un éclopé qui fume par toutes les pores de sa peau !! Et j'ai très envie de partir à tir d'ailes, là !!! » Mon gémissement se termina en hululement assez aigu de panique.
- « RAFAELO ! SHAÏNESS ! ON SE REPREND ! » Mère et grand-mère peut-être, mais soldat avant tout. C'était bien pour ça qu'elle avait été sur la plage au départ. Instinctivement, nous fumes au garde-à-vous devant notre général. « Rafaelo, trouve-nous de l'eau et de quoi la stocker. Je vais en avoir besoin pour nettoyer le bébé. Shaïness, aide Céline à s'installer le plus confortablement possible, puis tiens-lui compagnie. Je vais trouver quelques plantes pour nettoyer mes mains et préparer tout ça. »
- « Non, mais ne pars pas, reviens !!!! Naaaaaaan ! »

Ce fut ainsi que je me retrouvai seule avec Céline. Je ne connaissais d'elle que ce que Rafaelo m'en avait dit, ce qui revenait à peu. Et vu sa position – la jupe relevée sur les hanches et tout – ce n'était pas le cadre le plus approprié pour établir une discussion sereine.
- « Heuuuuu.... ben.... …. …. Tu vas rester sur Skypiéa ? Ou c'était juste pour voir Rafaelo ? »
- « Je.... aaaaah, je dois pousser ! »
- « NAAAAAN ! C'est sûrement une très mauvaise idée ! On arrête de pousser ! »
- « Si !! »
- « J'veux pas !!! RAF!! RAAAAAAF !!! Y'A TA FEMME QUI ACCOUCHEEEEUUUUU !!! »

Céline trouva je-ne-sais d'où la force de agripper au col et me tirer à elle. Nos visages étaient à deux centimètres l'un de l'autre, et elle était absolument terrifiante.
- « Écoute, c'est moi la femme enceinte et si je dis, je pousse, c'est que je pousse. On ne te demande pas ton avis ! Alors tu vas en bas et tu récupères mon enfant et si tu le fais tomber, je te tue !! Est-ce que c'est clair ? »
- « Oui Madame Céline, bien Madame Céline, tout à fait Madame Céline. » Plus jamais je ne croirais que c'était Rafaelo qui portait le pantalon dans ce couple. « OK... Il faut respirer. C'est important de respirer. On fait le petit chien. Sans insulte, hein. C'est bon. Doucement, calmement. Ah je vois sa tête. Je crois. C'est peut-être ses pieds ou son bras, j'en sais rien, mais ça ressemble à de la chair. Je crois. »
- « Très rassurant... »
- « Hé oh ! Je suis agent CP, espionne et reine. Pas sage-femme. Je trouve que je me débrouille pas mal. » protestai-je, très dépitée en fait par l’admonestation de Céline. « Bon, je crois que c'est bon. On pooooousse. On pouuuuuuuuusse !! ON LÂCHE MES CHEVEUX !!!! » hurlai-je alors que Céline m'empoignait la chevelure à pleines mains. D'un coup, mes mèches s'étaient rallongées, sûrement en écho de mes exhortations à pousser. Ce que ça pouvait être littéral, un cerveau de zoan de papillon.
- « AAAAAAAH ! RAFAELO, ESPÈCE D'ABRUTI ! C'EST TA FAUTE TOUT ÇA. IL FALLUT QUE TE TE RETROUVES AU FIN FOND DU TROU DU CUL DU MONDE HEIN !! TU NE POUVAIS PAS RESTER DANS UN PAYS CIVILISÉ ? »
- « OUAIS RAFAELO, C'EST TA FAUTE !! JAMAIS LÀ QUAND ON A BESOIN DE TOI !!! »
- « TU PARLES !! QU'EST-CE QU'IL Y CONNAÎT, EN ACCOUCHEMENT ? »
- « IL L'A FAIT, IL LE SORT !!! »
- « J'AIIIII MAAAAAAALEEEEEUUU !!!!! »
- « J'AI PEUREUUUUUUU !!!!! »

Ben elle était belle, la révolution, tiens.  

- « Souffle, souffle !! Pousse, pousse !! »
- « Ta gueule, toi ! J'te déteste, et arrête de me donner des conseils !! BON IL ARRIVE CE MÔME ? »
- « C'EST LA TÊTE, C'EST LA TÊTE [size=10]enfin, je crois[/10]. »
- « C'EST LA FÊTE, C'EST LA FÊTE !!! » Céline délirait en brayant comme une folle-furieuse.
- « La tête est sortie !!! On passe les épaules ! MAIS POUSSE CÉLINE BON SANG !!! METS-Y DU TIEN, MINCE !!! »
- « J'AIMERAIS T'Y VOIR !!! »
- « JE L'AI !!! OUUUPS !!! NON C'EST BON, JE L'AI !!! C'EST UNE FILLE !!! L'EST TRÈS MOCHE MAIS C'EST UNE FILLE !!! »
- « OUIIIIIIIIIIIIIN !!!!!!!! »
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« C’est toi la moche ! »

Les bras chargés de divers baquets, l’assassin se tenait là, à côté des deux femmes. Il passait tantôt d’un gris translucide à un noir prononcé. De quoi donner le tournis. Il posa les récipients par terre, en reversant la moitié. Ne sachant la taille, ou la quantité, nécessaires, il avait tout pris. Tout. Il s’agenouilla aux côtés de Céline, lui attrapant la main. Il dut s’y reprendre à deux fois pour ne pas passer au travers. Shaïness pouvait percevoir sans mal le trouble qui habitait l’assassin, tant il se déversait en elle aussi. Peur, joie. Un joli mélange de n’importe quoi.

« Fille ? C’est une … fille ? » bégéaya-t-il, tentant d’éponger le front de Céline.

Elle hocha de la tête, avec un sourire soulagé.

« J’espère qu’elle tiendra plus de moi que de toi. » raya-t-elle, avant d’être secouée de nouvelles contractions.

L’assassin écarquilla les yeux, se tournant vers l’ancêtre, venant de revenir. Cette dernière fronça les sourcils. Il se tourna donc vers Shaïness. Autant désemparée que lui.

« Avez-vous des antécédents de jumeaux, dans votre famille, Rafaelo ? » fit la skypiéenne, se grattant le menton tout en humidifiant un linge.

« Heu … c'est-à-dire ? J’ai un frère jumeau. Mon père en avait un, et certainement mon grand-p… » commença-t-il, avant d’être coupé par un cri de Céline.

« Foutredieu, y’en a deux ? » s'étonna-t-il, avant de se prendre une claque de Céline.

« T’as mis ça en moi, tu te débrouilles maintenant ! » hurla-t-elle, attrapant son col pour l’amener à elle.

« Hey, faut être deux pour … Shaï ! Aide-moi ! Je fais quoi ?! » paniqua l’assassin, regardant partout autour de lui.

Et après ça, jamais plus Shaïness n’aurait de doute sur qui portait la culotte, si elle en avait encore.

« L’eau ! Heu … j’en fais quoi ? Ah, oui. Tiens, amour … tu me broies la … *aïe* … non, rien, rien. » fit-il, ressemblant plus à un labrador paniqué qu’à un révolutionnaire digne de ce nom.

Attrapant le linge que lui tendait la vieille shandienne, il épongea le front de Céline qui gémit de soulagement avant d’être de nouveau secouée par la douleur. Avant tout, la vieille femme emmitoufla le premier bébé dans un drap sec, puis elle le confia à l’assassin.

« Vous êtes complètement inutile. Tenez votre fille, ça sera déjà bien. Shaïness ? » fit l’ancêtre, sans laisser de choix.

« Hey, elle a les yeux gris, c’est norm… magnifique, amour, elle est magnifique ! Un vrai petit ange, sans les ailes … Pousse … non, je sais que tu sais mais … d’accord. Je la ferme. »

Bien assez vite, le révolutionnaire se retrouva avec deux tas de serviettes dans les bras, braillant et griffant l’air de leurs doigts boudinés. Epuisée par l’effort, Céline demanda à les voir, ne pouvant articuler plus que quelques mots. Elle les prit contre elle, et la sage-femme, ou ce qui s’en approchait, ordonna qu’on lui laisse un peu d’intimité. N’ayant pas le choix, ils s’exécutèrent, gagnant un petit lopin forestier isolé.

« … »

Le silence s’éternisa, bercé par les cris des enfants un peu plus loin.

« Hum. M… merci. Pour ton aide, tout ça. » hésita Rafaelo, avec un sourire gêné.
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J'en avais fait des choses, dans ma vie. Accoucher une femme n'avait jamais fait partie de mes projets. Encore plus si c'était l'épouse d'un de mes meilleurs amis. Mais qui je pensais tromper ? Mon meilleur ami. Rafaelo n'était plus mon mentor, il était mon alter-ego. Et je compris que c'était pour ça que j'avais si mal pris ses critiques. Je voulais qu'il me regardât comme son égale. Et ce n'était pas en jouant à la petite fille contrariée qu'il allait me prendre en considération.

- « Tu n'as pas besoin de me remercier. Je serai toujours là. Surtout pour les trucs importants. Qu'importe ce qu'on peut se dire, on se connaît, toi et moi. » C'était là ma façon de m'excuser. Si Rafaelo me connaissait aussi bien que je le pensais, il se saurait.

Un nouveau vagissement me fit un peu sursauter et je ricanai :
- « Héhé, Rafaelo papa. Un jour il défie la Marine pour la liberté du peuple, demain, il change les couches et joue au dada. Félicitations ! » Mon sourire était sincère. « Je n'arrive pas à comprendre que j'ai fait ça. J'ai assisté à la naissance d'un être vivant.. Ce qui ça peut être moche un bébé... et bruyant – d'ailleurs, interdiction de t'installer dans un périmètres de trente mètres de chez moi – mais ils sont tout... mignons ? Je ne sais pas, ça me rend toute chose. … Tiens, pour ton information, les bébés, ça a les yeux bleus. Tous les bébés ont les yeux bleus, ça se sait. Il va falloir que tu sois un peu plus concentré, hein ? Moi, je suis tata Shaïness, je peux les foutre par terre mais pas toi. Enfin, s'ils m'appellent Tata, je les trucide. Je suis bien trop jeune pour être une « tata ». … Vous allez les appeler comment ? Ooooh, ce sont nos premiers Skypiéiens !!! »

Tiens, j'avais bien fait de militer pour faire la différence entre la nationalité et la race. Ces deux petits avaient une place ici, dans le berceau d'une nouvelle révolution. Ils grandiraient en paix, mais en apprenant que le monde ne l'était pas. Jamais ils ne seraient en danger, jamais ils ne seraient couvés jusqu'à l'embrigadement. Ils seraient libres de vivre leur vie comme ils le voudraient. Ils seraient l'exemple même de ce qu'un Skypiéien pouvait être : digne, honorable et capable d'inspirer les autres. Et je n'étais pas peu fière de savoir que j'allais faire partie de ceux et celles qui allaient faire partie de leur vie.

C'était ça, être révolutionnaire, pour moi. C'était prendre soin des gens. Si nous nous battions contre le Gouvernement, c'était parce que les gens souffraient du système. Le jour où tout le monde serait en paix et heureux, je déposerai les armes. Avec le plus grand bonheur. C'était pour ça que j'avais tout de suite eu un « coup de coeur » pour Skypiéa, et c'était exactement pour ça que je ne voulais pas être reine. Un jour, un jour très proche, les Skypéiens seront capables de se débrouiller sans moi, et alors, j'irai aider quelqu'un d'autre, quelque part d'autre. J'étais telle la Marie Poppins ou le Peter le Dragon des contes de mon enfance.

- « Rafaelo... Skypiéa est révolutionnaire. » J'annonçai de but en blanc, après un moment de silence. « Tu dis que j'ai mis l'AR dans le pétrin en quittant mon poste, et tu as sûrement raison. Mais je n'ai pas fait ça pour rien. J'ai sauvé des gens. Même s'ils n'étaient pas tous révolutionnaires, j'ai sauvé ces gens. Nous les avons sauvés. Et avec le recul, c'est un choix que je referai. Entre sauver maintenant des milliers des gens, et peut-être en sauver des millions, je prends le concret, le présent. Je n'ai pas de mari, je n'ai pas d'enfant, mais c'est tout comme. Rafaelo, comprends-moi. Je suis toujours aussi engagée. Mais quand je vois Céline et tes enfants, je ne peux pas m'empêcher de penser que je ne suis pas à ma place comme espionne. Non seulement c'était en train de me tuer à petit feu, mais  à la rigueur, je suis prête à mourir pour la Cause, mais je suis bien meilleure à toucher les gens, à leur parler, qu'à espionner.
Je voudrais tellement que tu vois ça, que tu me soutiennes dans ce projet. Que tu m'aides à devenir la révolutionnaire que je suis destinée à devenir, si j'y mets toutes mes forces. »
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Tata Shaïness. C’était tout à fait ça. Et les premiers skypéiens. C’était vrai, ça aussi. Quoi qu’il en fût, il hocha de la tête à ses paroles, acceptant ses excuses et offrant par là même les siennes propres. Cela aurait plus simple s’il lui avait dit le fond de sa pensée. Mais ça aurait été admettre qu’il ne pouvait pas se charger de ses problèmes seul. Ce qui était un autre débat. Il soupira, souriant d’un air béat.

« Je sais, je sais. La réciproque sera toujours vraie. Tu le sais. » fit-il en posant son poing droit sur son cœur.

Il mimait par là le lien qui les unissait à un niveau empathique. Peut-être la raison pour laquelle leurs disputes pouvaient si facilement dégénérer : les émotions de l’un affectaient l’autre. Il sourit, baignant dans cette sorte de bonheur béat qui faisait les nouveaux parents. À en voir Shaïness, il se demandait si elle n’était pas affectait par ce bonheur qu’il ne pensait jamais recevoir.

« Tu sais, je pense que j’avais tort. Je me suis toujours battu comme s’il n’y avait pas de lendemain pour moi mais … je pense que j’ai changé. » fit-il, regardant dans la direction de Céline et de ses enfants.

« J’ai mis quelques jours à me demander ce qui en était à l’origine, mais je pense que Rafaelo, lui aussi, est parti. Il y a un peu de ce ‘Solomon’, à présent. Et beaucoup du père. Ah ah … voilà que je parle d’avenir. Dis, tu t’en rends compte, hein ? Je suis papa … » ricana-t-il tout seul, réalisant à peine de quoi il parlait.

L’assassin au cœur tendre, c’était ridicule. Né pour tuer, né pour mourir au terme de sa mission. Mais là, il remplissait ses devoirs humains les plus basiques. Il fournissait une descendance, des êtres qu’il devrait choyer et protéger à tout prix. Une faiblesse, une force. C’était étrange comme sensation. Priser la vie à ce point, comprendre qu’il fallait entreprendre un changement dans sa vie, dans sa manière d’aborder les choses. Peut-être était-ce cela qu’il avait mal entrepris. Penser le lendemain comme acquis. Il ne suffisait pas de libérer le monde de l’oppression, de le purger. Il fallait le préparer pour les générations à venir, les éduquer.

« Ce que je souhaite, Shaï, c’est ton bonheur, tout comme celui de mes enfants, et de ma femme. Skypeia est révolutionnaire, c’est déjà un grand pas. Nous pouvons mettre ça à profit, je suis sûr que nous trouverons un moyen … de toucher les gens. De les éduquer … Oh. Oui. C’est peut-être ça qu’il nous faut … » termina-t-il en murmurant pour lui-même.

« Tu viens d’avoir une idée fabuleuse, Shaïness. L’important, c’est de sauver les peuples. L’important, c’est de leur montrer ce qu’un monde libre peut apporter, non ? Dans ce cas … quel meilleur moyen y-a-t-il de procéder ainsi que d’éduquer ce peuple ? Que d’amener les révolutionnaires à comprendre le sens même du combat, de dépasser cette condition inhérente de vengeance qui nous habite tous … Comprendre le sens même de notre combat. » fit-il, parlant explicitement du renouveau que connaissait sa propre vision de la cause.

« Il ne suffit pas de laisser un meilleur monde, il nous faut aussi de meilleurs révolutionnaires. Plus organisés, plus unis. Moins de dissidents … plus d’alliés. De meilleurs hommes et femmes pour éduquer nos enfants, notre génération future. Si tu es sereine dans ton choix d’abandonner tes talents au sein du Cipher Pol, alors j’ai une idée que nous pourrons discuter plus tard. Pour l’heure … je me dois d’être un exemple. Et je compte sur toi, pour être là si je ne le suis pas. Pour Caleb et Esther. » fit-il, avec un sourire.

Marraine Shaïness était plus exact.

« Rafaelo le libérateur, qu’en dis-tu ? Ça sonne mieux qu’Il Assassino. » ricana-t-il, sachant pertinemment qu’il ne se déferait jamais de ce nom.

Mais une chose était certaine : l’assassin avait cessé d’être. C’était la conséquence de son voyage, et les conséquences des différentes guerres. Lui aussi n’était plus fait pour l’ombre à présent. Il était devenu un guerrier, un soldat de la révolution. Mais il visait encore plus haut. Il voulait éduquer au lieu d’épurer à présent, et avant tout il devrait prouver sa légitimité à agir ainsi. Il n’y parviendrait pas seul, c’était une certitude.

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Caleb et Esther, hum. J'aimais bien. Caleb et Esther Di Auditore. Un nom pas anodin. Un héritage. Un fardeau peut-être. Plus que tout autre chose, je connaissais le poids de cette responsabilité. Plus que Skypiéa, où les habitants étaient des adultes en majorité. Là, on parlait d'enfants qui n'avaient jamais rien fait. Personne ne naissait mauvais ou raciste. On le devenait. Je savais exactement quel avenir pouvait attendre ces petits. Je ne pouvais pas être insensible aux dangers qui les menaçaient. Des dangers qui venaient de leur famille, de ce passé auquel ils ne pouvaient rien.
En parlant de ça...

- « Ce n'est pas une question de libérateur, Raf. C'est plus une question d'éducation. » fis-je, avec un sourire. Je serrai son avant-bras pour lui signifier que j'acceptais totalement son discours, ses excuses comme ses rêves. « J'ai compris que la révolution ne pouvait pas être imposée. On ne peut pas éternellement se battre pour les gens, à leur place. S'ils ne luttent pas, au départ pour eux-mêmes, ou pour le bien général pour les plus nobles d'entre eux, nous ne pourrons pas le faire pour eux. Et lutter ne veut pas forcément dire prendre les armes. Être conscients des travers actuel du Gouvernement, être d'accord dans les pensées à défaut des actes, que le système doit changer, c'est ça, être révolutionnaire. Si on impose notre combat, sous prétexte qu'il est juste, cela fait de nous des tyrans. Toute naissance fait dans la douleur... » et nous le savions très bien, vu ce que nous venions de vivre, « … mais une vie n'est pas forcément une vie de douleur. Avant même de penser à combattre au nom de la révolution, il faut connaître ce nom. C'est notre responsabilité, Rafaelo, de faire connaître aux gens que la révolution, ce n'est pas la guerre aveugle ou aveuglée. »

Nous étions sur le même plan de pensée. Nous alimentions notre propre réflexion, et à chaque mot de l'un, l'autre pouvait presque voir se dessiner les ébauches d'un programme, tel les plans d'un bâtiment. C'était presque de la télépathie, tellement nous avions accepté cette résonance entre nous. Ce n'était pas de l'amour comme un homme pouvait en avoir pour une femme. Je ne voyais pas Rafaelo comme ça. Il n'était pas plus masculin que je n'étais féminin à ses yeux. Je voyais l'âme en lui, tout comme il connaissait mes défauts et mes travers. Il avait un jumeau, m'avait-il dit. J'étais une sorte de jumelle perdue, en quelque sorte.
Nous aurions ainsi pu continuer à parler pendant des heures, mais un bruissement de feuilles et un cri étranglé en provenance de Céline nous avertirent que quelque chose n'allait pas. D'un seul pas, nous nous précipitâmes. Et là, je restai figée. Autour de Céline, qui tenait ses deux bébés sur sa poitrine aussi de la façon la plus protectrice possible, quatre... serpents ?? Mais qu'est-ce que c'était que ces bestiaux.

- « Les serpents ailés ! » souffla la Skypiéienne en se reculant d'un pas respectueux. « Ils viennent pour les enfants ! » Elle était émerveillée, ce que je pris pour de la peur. Rafaelo ne m'avait pas raconté ses aventures serpentiques, et j'ignorais tout de l'existence de ses autres bébés. Pourtant, avec ma propre expérience du Serpent Onirique, j'aurais dû voir là un lien. Mais non, j'étais trop occupée à batailler avec ma frayeur de marraine : et s'ils étaient là pour les enfants, dans le sens de les mettre au menu ?

- « Allez, zou ! » ordonnai-je en faisant claquer un de mes fil au-dessus de leur tête, prête à décapiter le premier qui ferait un pas de plus en (enfin, rampage) en leur direction. « On ne veut pas de vous ici ! »
Les serpenteaux reculèrent en sifflant, et j'eus très soudainement une impression de douleur poignante, causée par un rejet incompréhensible. Les serpents eurent une sorte de gémissement – depuis quand ça gémissait, les serpents ?

- « Non, non !!! » La combattante ailée s'accrocha à mon bras, pour retenir mon coup. « Ils ne sont pas dangereux ! Ils sont là pour les enfants, pour les protéger. C'est un grand honneur que d'être choisi par un serpent ailé ! Ça faisait des générations que personne n'en avait vu, donc encore moins de voir l'un d'entre nous être choisi. »

J'étais pour le moins sceptique sur ce sujet mais quand Rafaelo s'avança et posa une main sur mon épaule en souriant, je me détendis. Si Super-Papa-Protecteur était zen... D'ailleurs, un des bébés serpents agita ses plumeaux avec un bruit presque exalté et bondit vers mon ami, s'enroulant autour de ses épaules avec un bonheur sans égal, frottant sa tête contre sa joue mal rasée. Deux autres serpenteaux firent de même avec les bébés, se lovant avec eux, sans que Céline ou les jumeaux n'eussent le moindre cri. Au contraire, les nouveaux-nés gargouillèrent quelque chose proche du contentement. Le dernier s'approcha vers moi, l'air plus hésitant.

- « Euh, pourquoi il vient, lui ? »
- « Il vous a choisi ! Il faut le laisser venir ! »
- « Ah. Chouette... » Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour son peuple ? Avec un soupir résigné, je laissai le serpenteau se draper autour de moi. Je jetai un regard venimeux à Rafaelo. « Qu'est-ce que tu as encore fait, hein ? C'est ta faute ! »

Bon, le cuir de serpent, c'est doux et chaud, et la bestiole ne pesait pas trop lourd. J'avais l'impression qu'elle ronronnait presque. Elle m'abandonna une fois aux abords de Shanda. Les quatre petits filèrent vers le Poneglyphe, là où Mangrove s'occupait d'eux. Céline, transportée en litière, s'était assoupie, nous laissant à Rafaelo et moi, le temps de nous raconter nos aventures de ces derniers jours.

- « Je ne sais pas ce que Quadrant vient faire. A part ramener Céline et cet Amaury. Il a clairement un message à me faire passer. Une idée de ce que ça peut être ? De mon côté, je vais avancer l'idée de créer une académie de la révolution ici. On pourra dire ce qu'on veut, mais le Gouvernement a raison, avec le BAN. Il est temps que la révolution s'organise une bonne fois pour toute. C'est fini, les pratiques d'amateurs. Si nous voulons être pris au sérieux, et réussirent à faire quelque chose de bien, il faut qu'on partage une base et que nos hommes et nos femmes soient préparés un minimum. Tu te sens l'âme d'un prof, Rafaelo ? Tu serais un atout indéniable à ce projet, si tu restais ici d'occuper des nouvelles générations de révos. »
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L’information c’était le pouvoir, comme toujours. Mais encore fallait-il savoir la sélectionner, comprendre quelle était la vérité, et ce qui ne l’était pas. Et sans un minimum de réflexion, de formation cela serait compromis. Il fallait … une école ? Un centre de formation révolutionnaire ? Un endroit libre de toute pensée, un endroit où la vérité pourrait s’épanouir. Un endroit dédié à la réflexion et à la quête de la vérité. Un endroit où les révolutionnaires viendraient volontairement poursuivre la logique de leur combat. On ne naissait pas révolutionnaire, on le devenait. Le projet s’épancha entre eux, trouvant corps avec leurs émotions mélangées par le mantra. C’était une idée qui leur paraissait fabuleuse, une autre manière d’écrémer le troupeau si on pouvait parler ainsi. Les révolutionnaires n’étaient pas des barbares qui faisaient sauter une caserne pour le plaisir. C’était, malheureusement, parfois le cas. Des gens comme ça ne pouvaient se revendiquer révolutionnaires, c’était insensé. Une guerre aveugle, comme le disait Shaïness. Mais il auraient tout le temps d’en parler plus tard …

« Hey, les serpents, on se … calme. » fit-il, en attrapant un par la queue.

Il le renvoya en arrière, avant que ce dernier ne s’enroule autour de son bras. Il commença à repousser sa tête, pour dégager le serpent, comme il en avait pris l’habitude, puis se stoppa lorsqu’il perçut les yeux écarquillés des skypiéens. Quel sacrilège était-il donc en train de commettre ?

« Ahem … voici Alpha, Blue, Charlie et … Delta Les petits de Kulkutanne, Shaï. Un … problème que j’ai rencontré y’a quelques jours. Quand Maselfush était là. Un grand serpent sacré, qui allait pas tarder à gober de quoi dormir pour une vingtaine d’années … j’ai pris soin du problème, mais … y’avait des petits, alors … » glissa l’assassin, à l’oreille de l’ex-CP, histoire de ne pas choquer la foule entière.

Si tirer sur la queue d’un bébé serpent était mal vu, alors arracher la trachée d’un truc encore plus gros et du même genre serait évidemment pire. Il s’approcha de Céline, avec un grand sourire, le serpent en écharpe. Ils s’occupa de sa femme pendant le reste du trajet, jusqu’au moment où les enfants sacrés de Skypeia (NDLR : les serpents à plumes) les abandonnèrent. L’assassin en profita pour quitter les abords de la litière où Céline s’était endormie après avoir nourri les jumeaux. Une journée forte en émotions.

« Professeur, moi ? Ah. T’en as des bonnes. Si l’académie est une nécessité, il y a des personnes bien plus sages que moi à y engager. Je n’ai pas l’âme d’un professeur, pas encore. Ou à temps partiel. J’ai encore fort à faire pour la révolution … et je ne peux rester ici, c’est certain. Il va d’ailleurs falloir que je parte sous peu pour ne pas mettre Skypeia en danger. » commença-t-il, soulevant un sourcil perplexe chez Shaïness.

« T’aies-je déjà parlé du fruit détecteur de fruits ? Et bien … si son détenteur est encore inconnu, nous savons qu’il existe depuis longtemps chez le Gouvernement quelqu’un qui le possède. Quelqu’un qui, à n’importe quel instant, peut localiser un détenteur spécifique de fruit du démon. Tu comprends donc qu’en cherchant le fruit fumigène, si l’envie leur en prenait, cela pointerait directement sur Skypeia. Voilà pourquoi je ne peux rester ici : ce serait tous vous mettre en danger. Maintenant que d’autres personnes sont au courant de ma survie, l’information risque de filtrer. Et si par malheur il leur prend l’envie de rechercher le fruit que je possède, et que cela pointe ici … » expliqua l’assassin, laissant la menace représentée par cet homme planer dans le vide.

« Voilà pourquoi je me dois de gagner un territoire non revendiqué par le Gouvernement, le temps de faire savoir que je suis encore en vie. Un endroit où ma survie n’aura pas de réelle importance, seulement de laisser une légère méfiance s’installer. J’y ai rapidement réfléchi, et je pense que Syrdaha sera un bon début. Je ne serais pas trop loin de Skypeia et je pourrais superviser l’installation d’un centre révolutionnaire là-bas. J’ai discuté avec quelques sélénites, et nous avons eu une idée : récupérer l’Enterprise et le rapatrier à Alabasta. Cela pourrait permettre à la révolution de comprendre les atouts que représente Skypeia et aider le développement de Syrdaha. Je ne contacterai cependant Raven qu’avec ton accord, Tri-Reine. » conclut-il, avec un sourire sincère.
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Des bébés serpents sacrés. Mais bien sûr. Ils étaient tous fous, et c'était moi la reine. Avec un soupir résigné, je laissai Charlie me monter dessus. Shaï et Charlie, ça sonnait bien. Encore un peu et j'aurais été triste de le voir (ou la voir... comment faire la différence entre un monsieur serpent ailé et une madame serpente ailée?) me quitter. Par contre, je fus profondément choquée par le refus de Rafaelo. Pas tant son refus que ses raisons.

- « Le fruit du démon détectant les autres fruits du démon ? » répétai-je, abasourdie. Ah ben mince alors. « … et moi, je suis en sécurité ? Je veux dire, personne d'autre que les gens d'ici savent pour mon zoan. Ce type, est-ce qu'il peut savoir que j'ai mangé un fruit rien qu'en me regardant ? Ou est-ce que par détection, il faut entendre « que » localisation ? » Ce qui n'était pas rien non plus. Je soupirai. Pauvre Raf. Obligé de partir alors même qu'il venait de retrouver sa femme, qu'il était devenu père. Et dire que je me plaignais des sacrifices que je faisais. Rafaelo payait un tribut bien plus important encore, et je n'avais pas l'impression qu'il refusait. Bien sûr, ça lui déchirait l'âme. Je le sentais. Pourtant il avait accepté, et acceptait toujours, de tout abandonner, au nom de la cause. Je n'étais pas sûre de ne jamais réussir à atteindre un tel stade d'abnégation.

- « Si tu dois partir... » fis-je à regret. « Tu n'as pas besoin de ma permission. Surtout qu'elle ne sert à rien, il faut celles des deux autres. Tu pars, tu reviens. Skypiéa sera toujours ta maison. Quant à contacter Raven... Depuis quand tu as besoin de ma bénédiction pour ça ? Je n'ai pas le monopole de Raven, hein. Par contre, avant de disséquer ton épave, pense à faire remonter des pièces détachées pour le Maquis. On a besoin de retaper le navire. Après, fais-toi plaisir. Qui sait, on va peut-être pouvoir enfin en mettre plein la vue au Gouvernement. »

La section scientifique du GM était pour moi l'antre de tous les cauchemars. Les ingénieurs là-bas étaient capables d'inventer les pires outils de destruction massive, comme les Pacifistas. Un endroit où la Révolution n'avait jamais réussi à s'infiltrer. Je pense que ça tenait au fait que pour y entrer, il fallait être un scientifique, et qu'un scientifique se voyait à une seule cause : la recherche. Il n'y avait pas de place pour l'amour de la liberté et de l'égalité. Je repensais à ce que Mosca de Torcy m'avait raconté de son ami révo tombé entre les mains de la Marine. S'il était devenu le Bunker, c'était à cause de la section scientifique. Il va falloir que nous nous occupâmes de ça un jour où l'autre.

- « Tiens, en parlant d'épave, ça me fait penser à quelque chose qu'Andy m'a dit. Il y a à l'est d'ici une sorte de dépotoir. Les navires qui s'échouent dans le coin sont assez nombreux, sans parler de ceux qui se fracassent à l'arrivée du Knock-up Stream. Ça faudrait peut-être le coup de regarder de ce côté. Surtout que nous allons avoir besoin d'un ou plusieurs navires rapidement. Je te rappelle qu'on est monté à bord du Ptérodactyle. Pour le moment, on est coincé ici. Est-ce que tu peux t'en charger ? Je ne fais pas confiance aux Skypéiens, ils n'ont jamais mis les pieds sur une mer d'eau. J'aimerais ne pas couler, hein... Et moi, je vais voir ce que Quadrant me veut. »
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