« On dit que les poètes finissent tous trafiquants d'armes... »
« Tu es sûr de ton coup, Antonio ? »
Non pas que je n'aie pas envie de venir à Luvneel. Je n'y suis venu que peu de fois mais la beauté de ce royaume à la gloire passée m'a toujours séduit. Et maintenant, s'ajoute cette fibre nostalgique de revoir cette nation, qui comme moi, ne tient son bonheur que de ce qui est déjà terminé… J'en deviens sentimental, mais c'est tout à fait le genre d'endroit où je me verrais bien finir mes jours. Un manoir sur Luvneelgarm à vieillir au rythme de cette antique fourmilière… Je me fais du mal.
La vérité est que j'aimerais trouver de l'argent rapidement, et que cette pensée en chasse bien d'autres. Antonio m'avait parlé il y a quelques jours de ce grabuge qui avait eu lieu dans le port de Norland, où nous nous trouvons en ce moment même. J'avais aussi eu vent de cette histoire, mais mon camarade avait semblé extrêmement intéressé en me la racontant en détail.
Le port de Norland est bien le genre de lieu où les choses peuvent aller vite. On pourrait croire que tout dort, mais il n'en est rien. Après le combat contre l'ange, la rumeur avait enflé : la milice prétendait avoir récupéré les dials de l'ange, aurait menti, et les dials auraient été subtilisés avant que les autorités s'en occupent.
Oui, il ne me semble pas incroyable à moi aussi qu'un ange se battant avec des dials en ait un certain nombre en plus dans son navire, à son usage ou celui de son équipage. La vraie question est : « de combien de dials parle-t-on ? »
« Plus que sûr. Je flaire des millions à la clé. Je pense qu'il est l'heure de nous séparer. On se voit en fin de journée et on garde contact par escargophone. Allons prendre la température de ce port. »
J'aime ce moment autant que la traque en elle-même. Se préparer en s'imprégnant de l'atmosphère de l'endroit où l'on commence sa chasse. L'heure d'allumer son cigarillo et de se rendre à la taverne du coin en courtisant la rumeur pour la faire accoucher de la vérité.
Pendant qu'Antonio s'éloigne, sans doute en vue de rencontrer les plus louches des habitants de ce port, je demande le chemin de la taverne du coin à un passant, qui me l'indique de façon simple mais polie, à la manière de tous les citoyens industrieux… C'est après seulement quelques minutes de marche que je parviens à la trouver. L'information était précise. Les gens d'ici n'aiment décidément pas perdre leur temps. Poussant la porte de l'établissement, je retrouve cependant l'ambiance si sympathique qui est commune à tous les bons lieux de beuverie : me voilà donc rassuré.
Demandant la spécialité du coin à l'homme qui avait visiblement l'air d'être le patron, qui me tend une bière ambrée d'aspect engageante, je lui demande son avis sur les événements récents :
« Tavernier, j'espère qu'on ne fuit pas votre établissement, ce serait dommage… Avec tout ce qui s'est passé récemment... »
« Écoutez, on a la peau dure ici... Il y a pas si longtemps, un pirate connu à fait du grabuge dans le port : après est venu cet ange… On s'habitue et on tient notre affaire : et on survit toujours. »
Me voilà un peu surpris par le manque de réaction du patron. Ce genre d’événements aurait fait parler un barman des mois dans d'autres villes : mais ici, était-ce l'apathie ou la lassitude qui prédominait ? On aurait dit que je parlais à un vieil aventurier lassé de sa dernière expédition. Nous allons bien voir ce qu'en pense réellement le peuple.
Après quelques heures à jouer aux cartes à la table locale et avoir acquis l'image d'un touriste curieux et bonnard, j'avoue me sentir déçu : visiblement, voir des dials en action ne choque pas plus que ça le pékin moyen, qui en a littéralement vu bien d'autres, et n'est gêné du grabuge qui si son jardin a reçu des débris de la maison voisine. Bref, je parle à des gens blasés.
C'est alors qu'un énième client entre dans la taverne : il est chaleureusement salué par la plupart des autres buveurs.
Un homme d'âge avancé aux cheveux grisonnants : mais aucunement l'air décrépi, le regard vigilant et la santé physique d'un homme dix ans plus jeune. Seul son uniforme est un peu relâché : l'habitude des journées chargées.
« Le meilleur buveur de la ville ? » demandé-je l'air faussement ironique.
« Seulement en fin de semaine ! C'est l'un des meilleurs soldats de notre milice. » me répond l'un des joueurs attablés.
« Ça tombe bien, on est vendredi ! Mettez son premier coup sur mon compte, qu'il nous raconte ses aventures de la semaine. »
Arrivé à notre table, sa bière en main, l'homme, s'asseyant auprès de ses habituels camarades, s'amuse :
« Alors, gamin, on veut écouter les histoires de grand-père ? »
« Tu parles ! Je n'écoute que les histoires d'action ! Racontez-nous votre intervention contre l'ange ! »
Non pas que je n'aie pas envie de venir à Luvneel. Je n'y suis venu que peu de fois mais la beauté de ce royaume à la gloire passée m'a toujours séduit. Et maintenant, s'ajoute cette fibre nostalgique de revoir cette nation, qui comme moi, ne tient son bonheur que de ce qui est déjà terminé… J'en deviens sentimental, mais c'est tout à fait le genre d'endroit où je me verrais bien finir mes jours. Un manoir sur Luvneelgarm à vieillir au rythme de cette antique fourmilière… Je me fais du mal.
La vérité est que j'aimerais trouver de l'argent rapidement, et que cette pensée en chasse bien d'autres. Antonio m'avait parlé il y a quelques jours de ce grabuge qui avait eu lieu dans le port de Norland, où nous nous trouvons en ce moment même. J'avais aussi eu vent de cette histoire, mais mon camarade avait semblé extrêmement intéressé en me la racontant en détail.
- Flashback:
- « Je pense que tu comprends comme moi qu'une cargaison de dials peut-être un atout majeur si l'on veut recommencer à chasser du primé. On n'en couvrira tes dettes que plus vite. »
« Soit ; peux-tu me dire pourquoi ces dials ne seraient pas être en train d'être vendus sur le marché noir à l'autre bout des Blues ? »
« Parce qu'aucun de mes contacts dans l'Underworld n'a entendu parler de grosses réserves de dials sur le marché récemment. Et crois-moi qu'en général, on repère une telle cargaison. Je pense que les dials sont toujours sur Luvneel. Ils n'ont peut-être même pas quitté le port de Norland. »
« Ce qui ne rend pas forcément la chose plus facile. Si les voleurs n'ont pas l'intention de les vendre, ou pas tout de suite, il faudra sans doute enquêter un certain temps avant d'en retrouver la piste… »
« Ce sera l'occasion de voir si tu es toujours autant capable de traquer l'information. Et j'ai bien l'impression que dans ce genre d'endroit, elle voyage vite. »
Le port de Norland est bien le genre de lieu où les choses peuvent aller vite. On pourrait croire que tout dort, mais il n'en est rien. Après le combat contre l'ange, la rumeur avait enflé : la milice prétendait avoir récupéré les dials de l'ange, aurait menti, et les dials auraient été subtilisés avant que les autorités s'en occupent.
Oui, il ne me semble pas incroyable à moi aussi qu'un ange se battant avec des dials en ait un certain nombre en plus dans son navire, à son usage ou celui de son équipage. La vraie question est : « de combien de dials parle-t-on ? »
« Plus que sûr. Je flaire des millions à la clé. Je pense qu'il est l'heure de nous séparer. On se voit en fin de journée et on garde contact par escargophone. Allons prendre la température de ce port. »
J'aime ce moment autant que la traque en elle-même. Se préparer en s'imprégnant de l'atmosphère de l'endroit où l'on commence sa chasse. L'heure d'allumer son cigarillo et de se rendre à la taverne du coin en courtisant la rumeur pour la faire accoucher de la vérité.
Pendant qu'Antonio s'éloigne, sans doute en vue de rencontrer les plus louches des habitants de ce port, je demande le chemin de la taverne du coin à un passant, qui me l'indique de façon simple mais polie, à la manière de tous les citoyens industrieux… C'est après seulement quelques minutes de marche que je parviens à la trouver. L'information était précise. Les gens d'ici n'aiment décidément pas perdre leur temps. Poussant la porte de l'établissement, je retrouve cependant l'ambiance si sympathique qui est commune à tous les bons lieux de beuverie : me voilà donc rassuré.
Demandant la spécialité du coin à l'homme qui avait visiblement l'air d'être le patron, qui me tend une bière ambrée d'aspect engageante, je lui demande son avis sur les événements récents :
« Tavernier, j'espère qu'on ne fuit pas votre établissement, ce serait dommage… Avec tout ce qui s'est passé récemment... »
« Écoutez, on a la peau dure ici... Il y a pas si longtemps, un pirate connu à fait du grabuge dans le port : après est venu cet ange… On s'habitue et on tient notre affaire : et on survit toujours. »
Me voilà un peu surpris par le manque de réaction du patron. Ce genre d’événements aurait fait parler un barman des mois dans d'autres villes : mais ici, était-ce l'apathie ou la lassitude qui prédominait ? On aurait dit que je parlais à un vieil aventurier lassé de sa dernière expédition. Nous allons bien voir ce qu'en pense réellement le peuple.
Après quelques heures à jouer aux cartes à la table locale et avoir acquis l'image d'un touriste curieux et bonnard, j'avoue me sentir déçu : visiblement, voir des dials en action ne choque pas plus que ça le pékin moyen, qui en a littéralement vu bien d'autres, et n'est gêné du grabuge qui si son jardin a reçu des débris de la maison voisine. Bref, je parle à des gens blasés.
C'est alors qu'un énième client entre dans la taverne : il est chaleureusement salué par la plupart des autres buveurs.
Un homme d'âge avancé aux cheveux grisonnants : mais aucunement l'air décrépi, le regard vigilant et la santé physique d'un homme dix ans plus jeune. Seul son uniforme est un peu relâché : l'habitude des journées chargées.
« Le meilleur buveur de la ville ? » demandé-je l'air faussement ironique.
« Seulement en fin de semaine ! C'est l'un des meilleurs soldats de notre milice. » me répond l'un des joueurs attablés.
« Ça tombe bien, on est vendredi ! Mettez son premier coup sur mon compte, qu'il nous raconte ses aventures de la semaine. »
Arrivé à notre table, sa bière en main, l'homme, s'asseyant auprès de ses habituels camarades, s'amuse :
« Alors, gamin, on veut écouter les histoires de grand-père ? »
« Tu parles ! Je n'écoute que les histoires d'action ! Racontez-nous votre intervention contre l'ange ! »