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Autour d'un certain genre de coquillages.

« On dit que les poètes finissent tous trafiquants d'armes... »





« Tu es sûr de ton coup, Antonio ? »

Non pas que je n'aie pas envie de venir à Luvneel. Je n'y suis venu que peu de fois mais la beauté de ce royaume à la gloire passée m'a toujours séduit. Et maintenant, s'ajoute cette fibre nostalgique de revoir cette nation, qui comme moi, ne tient son bonheur que de ce qui est déjà terminé… J'en deviens sentimental, mais c'est tout à fait le genre d'endroit où je me verrais bien finir mes jours. Un manoir sur Luvneelgarm à vieillir au rythme de cette antique fourmilière… Je me fais du mal.

La vérité est que j'aimerais trouver de l'argent rapidement, et que cette pensée en chasse bien d'autres. Antonio m'avait parlé il y a quelques jours de ce grabuge qui avait eu lieu dans le port de Norland, où nous nous trouvons en ce moment même. J'avais aussi eu vent de cette histoire, mais mon camarade avait semblé extrêmement intéressé en me la racontant en détail.


Flashback:

Le port de Norland est bien le genre de lieu où les choses peuvent aller vite. On pourrait croire que tout dort, mais il n'en est rien. Après le combat contre l'ange, la rumeur avait enflé : la milice prétendait avoir récupéré les dials de l'ange, aurait menti, et les dials auraient été subtilisés avant que les autorités s'en occupent.

Oui, il ne me semble pas incroyable à moi aussi qu'un ange se battant avec des dials en ait un certain nombre en plus dans son navire, à son usage ou celui de son équipage. La vraie question est : « de combien de dials parle-t-on ? »

« Plus que sûr. Je flaire des millions à la clé. Je pense qu'il est l'heure de nous séparer. On se voit en fin de journée et on garde contact par escargophone. Allons prendre la température de ce port. »

J'aime ce moment autant que la traque en elle-même. Se préparer en s'imprégnant de l'atmosphère de l'endroit où l'on commence sa chasse. L'heure d'allumer son cigarillo et de se rendre à la taverne du coin en courtisant la rumeur pour la faire accoucher de la vérité.

Pendant qu'Antonio s'éloigne, sans doute en vue de rencontrer les plus louches des habitants de ce port, je demande le chemin de la taverne du coin à un passant, qui me l'indique de façon simple mais polie, à la manière de tous les citoyens industrieux… C'est après seulement quelques minutes de marche que je parviens à la trouver. L'information était précise. Les gens d'ici n'aiment décidément pas perdre leur temps. Poussant la porte de l'établissement, je retrouve cependant l'ambiance si sympathique qui est commune à tous les bons lieux de beuverie : me voilà donc rassuré.

Demandant la spécialité du coin à l'homme qui avait visiblement l'air d'être le patron, qui me tend une bière ambrée d'aspect engageante, je lui demande son avis sur les événements récents :

« Tavernier, j'espère qu'on ne fuit pas votre établissement, ce serait dommage… Avec tout ce qui s'est passé récemment... »

« Écoutez, on a la peau dure ici... Il y a pas si longtemps, un pirate connu à fait du grabuge dans le port : après est venu cet ange… On s'habitue et on tient notre affaire : et on survit toujours. »

Me voilà un peu surpris par le manque de réaction du patron. Ce genre d’événements aurait fait parler un barman des mois dans d'autres villes : mais ici, était-ce l'apathie ou la lassitude qui prédominait ? On aurait dit que je parlais à un vieil aventurier lassé de sa dernière expédition. Nous allons bien voir ce qu'en pense réellement le peuple.

Après quelques heures à jouer aux cartes à la table locale et avoir acquis l'image d'un touriste curieux et bonnard, j'avoue me sentir déçu : visiblement, voir des dials en action ne choque pas plus que ça le pékin moyen, qui en a littéralement vu bien d'autres, et n'est gêné du grabuge qui si son jardin a reçu des débris de la maison voisine. Bref, je parle à des gens blasés.

C'est alors qu'un énième client entre dans la taverne : il est chaleureusement salué par la plupart des autres buveurs.

Autour d'un certain genre de coquillages. 1450271780-milicien1

Un homme d'âge avancé aux cheveux grisonnants : mais aucunement l'air décrépi, le regard vigilant et la santé physique d'un homme dix ans plus jeune. Seul son uniforme est un peu relâché : l'habitude des journées chargées.

« Le meilleur buveur de la ville ? » demandé-je l'air faussement ironique.

« Seulement en fin de semaine ! C'est l'un des meilleurs soldats de notre milice. » me répond l'un des joueurs attablés.

« Ça tombe bien, on est vendredi ! Mettez son premier coup sur mon compte, qu'il nous raconte ses aventures de la semaine. »

Arrivé à notre table, sa bière en main, l'homme, s'asseyant auprès de ses habituels camarades, s'amuse : 

« Alors, gamin, on veut écouter les histoires de grand-père ? »

« Tu parles ! Je n'écoute que les histoires d'action ! Racontez-nous votre intervention contre l'ange ! »
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Le vieux briscard posa son derrière sur le tabouret et te dévisagea de son regard de faucon. Il en avait vu d'autres mais toi, qui étais-tu d'abord pour venir poser toutes tes questions ? Sans même te présenter ? Les jeunes de nos jours... c'est ce qu'il pensa avant de s'envoyer plusieurs pintes de suite sans te donner satisfaction. Puis jugeant qu'il se l'était assez joué, il consentit à t'abreuver de ses histoires.

Il te raconta l'intervention contre l'ange, l'union de la milice et de la population pour contrer cet être venu d'au-delà des nuages. Mine de rien, c'était un bon racontar le vieux. Chaque action relatée semblait vivante. L'odeur du port, le soleil ce jour-là, le vent sur leurs peaux, la douleur à chaque mandale qu'ils se mangeaient, il te raconta tout. Tu te sentis au cœur de la mêlée, si bien qu'il parvint à te retranscrire la peur qu'ils avaient tous ressenties ce jour-là.

Déglutissant malgré toi, tu te rinças le gosier et essuyas une perle de sueur. Rien à voir avec la chaleur du pub. Quelque chose d'énorme s'était passé ici et venais d'en avoir la confirmation. Mais ce n'était tout à fait ce que tu espérais entendre. Toi, ce qui t'intéressais, c'était l'après victoire. Les dials qu'ils avaient récupérés. Mais sur ce point, aucun détail de la part du vieux. Sans doute avait-il deviné la question inavouée.

Tu n'eus pas le temps de te taper davantage la causette avec lui. Une dose de fierté bien locale suivit la fin de l'histoire du vieux que tout le bar avait écouté avec minutie. La bière coula à flot, on trinqua à la prospérité de Norland, de Luvneel. Le vieux fut porté à bout de bras et toi, tu te renfrognas, boudant pour un sou.
C'est alors que vient t'alpaguer une certaine créature. Pas mal dans son genre, peut-être un peu trop empotée, surement quelques verres d'alcool de trop dans le nez. Cela dit, tu ne l'avais pas remarquée auparavant dans le bar.

Éloïse

- Hic... c't'a plu l'conte du... hic... vieu' ? hoqueta-t-elle en se versant du brun dessus. Y'etai là moi aussi, m'suis battu avec... hic... hargne ! Y'ai même mis... hic... l'feu au bateau !

Voilà un client qui t'avait l'air plus abordable. Un bateau ? Quel bateau ? Le vieux n'en avait dit mot. Alors, tu saisis cette opportunité et tu te rapprochas de la dénommée Éloïse pour en savoir plus. Tout le monde était tellement occupé à festoyer que l'ambiance t'offrait la meilleure des situations.

Enfin, ça c'est ce que tu te disais tout en ignorant que le vieux s'était depuis longtemps débarrassé de la foule de fans et aussi silencieuse qu'une ombre, il s'était glissé à l'extérieur du bar pour passer un coup de fil.

- Hé, c'est moi, Thorn. Y a un jeunot un poil trop curieux à la taverne. Il ne me dit rien qui vaille. Il peut aussi bien être une mouette qu'un CP. Gardons-le à l’œil et si besoin en était, appliquons la solution finale. Nan, il m'a déjà vu, faudrait une autre bouille pour le surveiller.
C'est ça, dis-le au Poète.


    L'ambiance festive que j'ai contribué à créer a donc porté ses fruits. La taverne, dans un état d'ébullition joyeuse, se trouve enfin propice à me livrer l'information pour laquelle je fouine.

    Enfin, nous allons rentrer dans le vif du sujet. Que l'on bénisse les jeunes filles saoules. Prenant mon air le plus intéressé d'admirateur béat, me voici désormais en train d'essayer de tirer les vers du nez d'Éloïse.

    « T'es drôlement courageuse dis donc ! Mais quand tu dis bateau, tu parles... »

    « Ben d'celui d'l'ange... hic...tiens. Y a eu un gros foutoir dans l'… hic… combat et je me suis retrouvé… hic... dessus. »

    Voilà un élément qui commence fortement à m'intéresser. Suspendu aux lèvres de la fille, je note par ailleurs qu'elle devient de plus en plus tactile et a visiblement un peu de mal avec la notion de distance, parlant des fois à quelques centimètres de mon visage. J'ai déjà vécu cette situation des dizaines de fois, et je suis intérieurement aussi fébrile qu'un jeune lycéen cherchant à ramener sa dulcinée du soir à la maison par la voie d'une douzaine de bières. Mais en ce moment, je n'ai besoin que de la vérité.

    « Mais comment t'as fait pour y mettre le feu ? »

    « Déjà… hic… y avait du grabuge sur le pont. Pas qu'j'suis lâche, mais j'voulais… hic… rendre à c't'enfoiré ce qu'il avait fait à la ville, t'vois. J'suis descendue à la cale et j'ai trouvé leur coquillages...hic… qui fond du feu, là.  Dans une grosse caisse. Pfft, une grosse caisse... »

    « Ha ha, pas mal. », dis-je, l'air le plus faux du monde.

    Mon Dieu, tout y est. Je suis obligé d'écouter les blagues ratées d'un soûlard que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam. Tout à fait comme dans ma jeunesse.

    « Je me suis cachée derrière et j'ai un peu tout cramé à côté. Hic. Ha ha ha… Enfin ça a bien pris, quoi. Après, j'ai sauté… hic... dans l'eau et j'ai rejoint le port… hic… à la nage. Trop forte, hein ?»

    « Wow, en effet. Le coquillage, tu l'as toujours ? »

    « Ben oui, au cas ou des vilains… hic... garçons viendraient m'aborder dans un bar. Kr kr kr... »

    Son rire se termine en un drôle de hoquet, et la demoiselle s'affaisse finalement sur sa chaise, sa tête tombant du côté opposé au mien. La rattrapant avant qu'elle ne s'étale sur le sol, je décide, finalement redevable, de ne pas laisser au tavernier le soin de la mettre dehors. Après tout, elle avait du boire environ trois fois ce qui aurait suffit à une fille de son âge et de sa corpulence pour finir par terre. Tant de persévérance dans la beuverie mérite récompense.

    La soutenant dans son état demi-conscient, je me lève de table et demande une chambre au patron. Il me donne les clés d'un air complice et rigolard, assumant visiblement que je n'ai aucun scrupule. Ce qui n'est pas entièrement faux, par ailleurs. Mais j'ai un peu passé l'âge pour ce niveau de filouterie.

    Montant tant bien que mal les escaliers vers l'étage des chambres, je réussis enfin à la placer sur son lit dans une position qui ne la fera pas mourir dans son vomi.

    Profitant d'une pause méritée, je m'éloigne alors pour me diriger vers la fenêtre que comporte la pièce. Allumant un cigarillo, l'air frais et humide de la soirée contribue à me réveiller un peu. C'est alors qu'observant la foule, un frisson me parcourt l'échine. J'aperçois au loin, au bout du boulevard parallèle à la taverne, le vieux milicien qui m'avait raconté sa si passionnante histoire, s'en retourner sans doute chez lui. Bien sur, il n'était pas obligé de me parler du bateau, peut-être pour des raisons propres à la sécurité intérieure, mais ce n'est pas comme si il n'y avait pas eu de témoins…

    Quelque peu troublé et pour entendre autre chose que les grognements du sommeil troublé d'Éloïse, je décide d'appeler mon confrère.

    « Antonio ? Je suis sur que notre cargaison existe bel et bien. Et je n'ai pas l'impression que les autorités l'aient récupérée. Ça reste à confirmer, en tout cas... »

    « Bonne nouvelle. Je suis sur une bonne piste, je t'en dirais plus quand elle sera vérifiée… Hé, t'imagines pas à quel point l'Underworld a infiltré la société civile, ici. », dit mon camarade en ricanant. « Politiques, fonctionnaires, milice… C'est à tous les niveaux. »

    « Sans blague ? Dis-moi, si t'entends parler d'un humain, âgé, grisonnant, moustachu et milicien dans tes combines, n'hésite pas à appeler. », affirmé-je froidement.

    « Une de tes nouvelles connaissances, peut-être ? Ça manque de filles, tout ça. »

    « J'ai ce qu'il faut, merci. », dis-je en raccrochant, mesurant l'ironie de la situation.

    Me retournant pour fermer la porte à double tour, je prends le temps de m'asseoir dans le seul fauteuil que comporte la pièce. Il s'agit de rester vigilant. Je sens qu'il existe quelque chose dans cette ville que j'effleure mais ne parvint à saisir, quelque chose qui englobe plus d'aspects de la société que je ne saurais dire. Je compte bien faire une visite approfondie du port, demain. Si aucun coup de fil ne me réveille.
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    Un rai de lumière se décalqua sur ton visage et t'arracha à un sommeil bienfaiteur. Huit heures passées déjà, tu t'étais assoupi sans t'en rendre compte. Devant toi, le lit était défait et vide. Avec affolement, tu te souvins de la nuit passée, de la fille que tu avais allongée là. Ta précieuse source d'information.
    Après une rapide inspection de la chambre qui te confirma qu'elle s'en était allée, tu descendis au bar en toute hâte. Soulagement, la voilà accoudée prenant quelque chose pour soulager la migraine qui devait la tarauder. Ses yeux sur toi te scrutèrent et semblèrent se poser mille questions silencieuses.

    - Toi, j'tai trouvé dans la chambre. Est-ce que...

    Tu oscillas du chef pour couper court à sa question. Celle que se posaient toutes les femmes en se réveillant le lendemain d'une cuite, un inconnu dans leur chambre. Ta réponse sembla lui suffire et après avoir payé le barman, elle se dirigea vers l'extérieur, ce qui te laissa interdit. L'alcool lui avait-il fait oublier votre conversation de la veille ? Sans hésiter tu l'alpaguas et lui posa la question qui te brûlait les lèvres. Dans ses yeux, la lueur de la nostalgie.

    - J'ai dit que j'l'ai coulé ? Hahaha, c'est du mytho, c'est l'alcool qui a parlé, pas moi ! C'est une sorcière qui a coulé c'truc et elle n'est plus là.

    Tu tombas des nues mais tu n'abandonnas point. Peu t'importait qui avait coulé le bateau de l'ange. Le plus important était de connaitre son emplacement. Une petite plongée et hop ! A toi les dials.

    - Ah sûr, j'peux t'indiquer l'endroit. C'est dans une zone du port un peu désaffectée et en travaux. Suis-moi.

    Tu la suis dans la clarté matinale de Norland. Sur vos talons, une ombre.

    ________________________________________


    Le jour se lève également pour Antonio. Lui aussi se réveilla dans un fauteuil, mais a contrario de toi, il était ligoté, cagoulé et bâillonné. La porte de la remise dans laquelle il était détenu grinça et deux hommes vinrent se planter devant lui. On lui enleva sa cagoule et son bâillon. Douloureusement, il expectora un épais mollard sanguinolent sur le sol, preuve des soins qui lui avaient été administrés la veille.

    Après avoir raccroché avec toi, il avait effectivement rencontré un homme correspondant à la description que tu lui avais donnée. Mais temps ne lui fut pas alloué pour te contacter.

    - Ton pote et toi venez ici, posez vos questions. A notre tour, fit le vieux barbu en sortant une longue dague de son étui. Qui êtes-vous et que nous voulez-vous ? Et t'as intérêt à être clair et concis.

      Soulagé de trouver dans les rues de Norland l'air marin et le pâle soleil matinal après la soirée d'hier, je commence peu à peu à retrouver l'acuité nécessaire à ma future recherche. Plutôt agacé au premier abord d'avoir été victime d'un mensonge, même venant d'une fille saoule, je me dis qu'au final seul le résultat compte. Tant qu'elle m'indiquerais l'endroit précis où je puisse au moins tenter de tracer ces satanés coquillages, je l'en remercierais bien et nous nous quitterons bons amis.

      Le costume et la chemise froissée du sommeil aléatoire de la veille - Dieu que je hais cette sensation ! -, j'essaye malgré tout de garder une forme d'optimisme. J'ai tout de même connu bien pire informateurs par le passé : drogués, instables en tout genres, m'amenant dans toutes sortes de situations plus absurdes les unes que les autres… Il faut peut-être que je me fasse à l'idée que j'ai vieilli. Le signe le plus évident étant de me plaindre comme si j'étais octogénaire.

      Mieux vaut me ressaisir et vite. Pendant que je n'écoute que d'une oreille les commérages d'Éloïse,   j'appréhende ce qui va suivre. Même si les dials sont toujours au fond du port, ce dont je doute, la plongée est probablement hors de question, du moins sans matériel. Les eaux portuaires sont rarement claires et vu la taille de la cargaison, sans une forme de monte-charge ou autre… Et je vois  mal les autorités attendre aussi longtemps s'ils savent ou se trouvent ces coquillages.

      Ceci dit, la ballade d'Éloïse prend plus de temps que prévu : « C'est un peu excentré, et la plupart des bateaux évitent de s'y rendre. Peur de la poisse, j'pense. Mais l'endroit est pas totalement réparé non plus. »

      Quelques minutes plus tard, j'aperçois l'endroit dont me parle mon ancienne compagne de beuverie :  même propre et sobre architecture, mis à part quelques traces du combat : cependant de moins en moins nombreuses à mesure que les ouvriers présents sur les divers échafaudages réparent les lieux. Ils ont visiblement fait du bon travail : si j'en crois les divers racontars, le port était dans un état dramatique et ils l'ont presque rendu présentable. Éloïse interrompt cependant ma réflexion :

      « Viens voir, c'est juste au bout de la prochaine arcade. »
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      C'était donc ici que reposait le navire de l'ange.
      Du moins, c'est que ce que te faisait comprendre ton guide. Vous vous teniez dans une aire délaissée du port que les combats avaient éprouvée. L'entière zone commençait juste à être rénovée. Devant toi, une longue jetée, derrière toi, un empilement désordonné de conteneurs en tout genre. C'était le bazar et cela pourrait bénéficier à quelqu'un qui te filerait par exemple... D'ailleurs, l'ombre qui vous suivait à votre insu depuis votre sortie du bar-hôtel trouva refuse à l'ombre d'une de ses caisses et vous observait avec attention.

      - Donc, voilà, t'as vu c'que t'as voulu voir. Moi, j'me casse.

      Tu l'arrêtas, tu n'en avais pas encore fini. Les questions qui te taraudaient étaient légions. Combien de profondeur la mer dans le coin ? Le bateau avait-il déjà été remorqué ? Si oui, par qui ? Sinon, y aurait-il une boutique quelconque pour louer des équipements de plongée ? Malgré toi, tout ça sortit d'un coup suscitant la suspicion de ta vénale accompagnatrice.

      - Y a d'l'argent là d'ssous hein ? fit-elle d'un air attendu. Pour n'avoir pas profité de moi hier, je t'offre la promenade jusqu'ici. Mais pour un supplément, faudrait m'payer. Y a des trésors dans l'bateau hein ? T'es un chasseur d'épaves, dis ?

      Chasseur d'épaves non, pas plus que tu ne confierais être un chasseur de primes. Ces deux professions étaient auréolées d'une aura de Berry et s'il t'arrivait d'avouer que tu faisais partie de l'un ou l'autre corps de métier, cette espèce de stipendiée te taxerait un maximum pour ses infos... Dont tu avais désespérément besoin. Alors tu inventas quelque chose...

      - Un chercheur ? Quoi genre à l'université et tout ? Beurk...
      Et tu étudies la flore sous-marine qui colonise les épaves les rendant vivable aux bancs de poissons coraux qui eux-mêmes attirent les grands prédateurs ?
      répéta-t-elle d'une traite. Rien que d'l'avoir dit, ça m'a soulé p'tain ! Bon, ça t'empêchera pas d'douiller quand même. Allez, aboule le fric.

      Dans ses serres, tu déposas une liasse de Berry que tu considéras comme un investissement. En espérant avoir un retour en trouvant les dials et en les vendant. Elle consentit alors à te donner de plus amples informations. Non, le bateau gisait toujours par cinquante à cent mètres de fond et à sa connaissance, nul ne l'avait visité. Tu reniflas de regret. "Sa connaissance" était très limitée vu qu'elle habitait loin du port et n'y travaillait pas. Remonter l'épave aurait sûrement fait du bruit, sur ce point, tu lui accordas le bénéfice du doute mais quand à savoir si on n'y avait pas fouiné...

      - Dans l'quartier des Vieux Dockers, juste à la sortie du port, sur l'avenue d'la Houle, tu pourras trouve la boutique des frères Ika. Ils vendent du mat'riel d'plongée en plus d'louer leur tronche pour vous aider sous la flotte C'sont des hommes-poissons calamar, crut-elle bon de préciser face à tes haussements de sourcils. Voilà, tout c'que j'sais. L'bateau est là, pour plonger, soit tu t'transformes en poisson, soit t'y vas acheter l'mat'riel. Allez, ciao !

      A la fois déçu et content, tu te saisis de ton escargophone et appela ton compère pour lui faire part de ta trouvaille. Qui plus est, cet endroit était vide de gens, idéal pour fouiner en toute discrétion. Cent mètre de profondeur au maximum, c'était beaucoup, mais pas impossible à gérer avec un bon scaphandre et des tuyaux assez longs. Quant à requérir les services d'un duo d'hommes poissons... Fallait en discuter avec Antonio.

      PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !

      ________________________________________


      - Allô ? Verón ? Oh ? C'est une bonne nouvelle ça, tu as beaucoup plus avancé que moi ! Non, j'ai passé la nuit à suivre de fausses pistes. J'ai été arnaqué en fait. Avant d'aller chez les frères Ika là, tu peux passer à l’Ébène ? Demande seulement, tout le monde connait, c'est l'une des plus grandes menuiseries du coin. Je me suis fait un ami là, il fabrique des sortes de submersibles avec de vulgaires tonneaux de bière. En plus avec de la verrerie et tout... Ça vaut le coup d’œil, à tout de suite !

      Un jeune homme au visage goguenard raccrocha puis se répandit en barres de rire imité par le comité qui retenait le vrai Antonio toujours prisonnier. Ce dernier, conscient, se débattait sur la chaise comme un beau diable. Il aurait voulu hurler au piège, il aurait voulu vociférer pour alerter son ami mais le mal était déjà fait. Ce type avait imité sa voix avec une remarquable ressemblance. Verón pourrait-il détecter la différence ? La différence de débit, de lexique peut-être ?
      Bâillonné, Antonio en vint à se raccrocher à n'importe quelle bribe pouvant lui donner espoir. Ces types, c'étaient des révolutionnaires... Et ils pensaient, malgré ses démentis, que Verón et lui étaient des agents du Cipher Pol venus démanteler leur section. Autant dire qu'ils étaient prêts à n'importe quel jusqu'au-boutisme...
        Donc, d'après les maigres informations que j'ai collectées, je suis sensé voir un menuisier qui fabrique des scaphandres en tonneaux de bière, pour peut-être ensuite aller rendre visite à deux frères calamars. Les quelques billets que j'ai lâchés à Éloïse ne m'ont pas mis de la meilleure humeur du monde, mais le plus étrange, c'est la réponse d'Antonio. Avouer qu'il avait été « arnaqué » sans autre forme de précision me gêne particulièrement. S'il s'agissait de simple rencontres de type Éloïse qui vous extorquent, je pense que son orgueil l'aurait empêché de le mentionner. Si c'était plus grave, pourquoi n'avoir pas précisé : par qui ?

        C'est sur que c'est sa voix que j'ai entendue, mais il me semble outrageusement léger pour quelqu'un qui n'a rien trouvé mis à part un gars à qui acheter des tonneaux au cas ou on voudrait plonger… Aurait-il passé la nuit à se saouler ? Les années passées l'ont-il rendu nonchalant ? Je sais Antonio capable de toutes sortes d'excès, mais en général je suis celui qu'on charge de s'infiltrer dans les beuveries. Quoiqu'il en soit, j'ai payé pour à peu près la même information que lui : des plongeurs. Il peut bien attendre un peu si c'est tout ce qu'il a été fichu de trouver. Autant voir les hommes-poissons d'abord et rentabiliser l'investissement, s'ils sont une petite entreprise, peut-être qu'on peut s'attendre à un prix fidélisant le client...

        Après avoir quitté Éloïse sans autre forme de procès, je maugrée légèrement en pensant au poids des ans et à la manière dont il nous affecte. Un jeune homme alerte et ambitieux transformé en un trentenaire indolent… Bon, mon pessimisme habituel aggrave énormément le portrait. C'est notre première reprise du métier depuis dix ans après tout, je peux lui laisser le bénéfice du doute.

        Le temps de marcher en parlant dans ma barbe que je me trouve déjà sur l'avenue de la Houle. Après l'avoir remontée cinq minutes, j'aperçois une petite boutique sans prétention ornée d'un écriteau en lettres d'une calligraphie exotique : « Frères Ika : Matériel de mer en tout genre ».
        De l'extérieur, on aperçoit les quelques articles exposés en vitrine : toutes sortes d'objets à l'air un peu ancien, mais d'une qualité artisanale certaine. Après avoir hésité un instant, je décide de franchir le pas de la porte et d'entrer dans le magasin : il ne faut que quelques secondes pour les deux hommes-poissons de sortir d'on ne sait où pour me souhaiter la bienvenue de derrière leur comptoir.

        D'ordinaire, je ne suis guère à l'aise avec les hommes-poissons, surtout dans des endroits comme Luvneel, où l'apparence d'un honnête homme cache parfois un endurci marginal… Je fais donc un effort pour prendre mon air d'universitaire affable le plus crédible possible, leur expliquant en quelques mots mes recherches sur la flore sous-marine et l'intérêt que je porte au port de Norland… Et de l'épave qui y a coulé.

        L'un des frères Ika semble réagir à mon histoire en m'affirmant : « Oui, je peux vous garantir que ce sera intéressant… Mais vous feriez mieux d'être accompagné : il est possible qu'il y ait quelques prédateurs attirés par les bancs de poissons, en effet…On peut s'entendre sur le prix, bien sur… » me dit-il d'un air qui se veut engageant.

        « Oui, je serais intéressé, mais voyez-vous… On m'a parlé de quelqu'un à la menuiserie Ébène qui pourrait me faire descendre à vil prix… Qu'est-ce que vous en pensez ? »

        Voyons ce que mon ami calamar pense de la concurrence.
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        - Hé, Thorn, l'vieux. L'fouineur s'en est allé chez les Ika hein.

        - Mais on lui avait dit de venir ici d'abord, ce fils de pute ! maugréa le vieux moustachu grisonnant. Il ne faut absolument pas qu'il se laisse séduire par ces poiscailles. Tu dois tout faire pour le diriger vers nous. Sans utiliser la force. Pas en plein jour. Le poète n'aimera pas ça.

        - L'poète, l'poète, n'avez que c'nom là à la bouche. Qu'il se montre et fasse l'sale boulot au lieu d'délirer la plus part du temps ! Qui s'farcit les ennemis, hein ?

        - N'oublie pas où est ta place Alass. Ou tu veux que je vienne te le rappeler ?

        - Nan.

        De mauvais sang, le dénommé Alass raccrocha son mini-escargophone. De sa position, il avait une vue cadrée sur la devanture du magasin des frères Ika. Il avait été ton ombre depuis qu’Éloïse et toi aviez quitté l'auberge.
        Quand il poussa la porte grinçante du magasin de matériels, il te trouva en pleine conversation avec Ikaku, l'aîné des frères. Saluant puis flânant, il ne manqua rien de votre discussion.

        - Ébène, dis-tu ? répéta Ikaku. Sur son visage se lisait la moue dédaigneuse de ceux qui étaient convaincus de détenir un secret dont les autres ne douteraient jamais. Ils font de bons meubles. Ils s'aventurent aussi dans les scaphandres et matériels de plongée mais... Comment dire ça sans paraître raciste...

        - Ce ne sont que des humains, compléta son frère Ikakushi. Vous ne pouvez pas nous égaler dans notre élément naturel, la nature nous a donné le pouvoir de vous être supérieur dans ce domaine, continua-t-il, ses huit bras de céphalopodes croisés d'un air condescendant. Il avoisinait les neuf pieds de haut. Ce n'est pas raciste de dire ça. Pas plus qu'un oiseau qui affirmerait être meilleur dans le ciel qu'un mammouth.

        - Aie... fit, Alass demeuré silencieux jusqu'à présent. A part vous quatre, personne d'autre en ces lieux. Ça c'était blessant. L'mamouth et tout. Nous les humains, on a aussi d'la fierté. Au fait, moi c'est Alass, fit-il en te tendant une main que tu serras sans plus.

        - Donc, Alass, tu veux acheter quelque chose ou participer à un débat ?

        - Bah, j'étais v'nu voir c'que vous aviez en matière d'aide à la plongée mais j'constate vous vendez surtout des services. Vos services. Chez Ébène, y a toute une gamme d'scaphandres, avec des réservoirs d'oxygène portable et autonome. C'que vous avez vous, c'est juste l'modèle archaïque avec tube et corde. Ébène a un mini-submersible avec paroi et baie de verre pour une plongée à 360° vous perm'ttant d'faire une vraie expérience sous-marine. Vous, vous proposez d'ramener les poissons en bocal, j'imagine ?

        L'ambiance s'électrifia d'un coup. Ce type était soit un fervent défenseur de l'ingéniosité humaine, soit un démarcheur du concurrent venu faire une promotion en terrain ennemi. Ce que tu aurais pu te dire. Mais ce que tu sais, c'est que la fanfaronnade ne plut pas du tout aux frères céphalopodes. Mais pas du tout. Tellement qu'en moins de temps qu'il n'en fallu pour le dire, Ikaku fusa et une paire de mains palmées aussi grosses qu'un fût de bière se referma sur la gorge du commercial. Alass étouffant et virant au violet fut soulevé sans peine, ses pieds gesticulant dans le vide. Au bord de l'asphyxie, son bourreau le projeta contre un mur. Il s'y esquinta, glissa le long puis s'affala en dessous en une petite masse qui bougeait à peine.

        - Je crois que je le reconnais, dit Ikakushi derrière son comptoir, le plus naturellement du monde comme si son frère venait juste d'enlever une toile d'araignée du plafond. Je ne connaissais pas son nom. Je le vois souvent avec ce vieux, Thorn, je crois.

        Un vieux... Pas quand même le vieux que tu avais croisé au bar ? Après tout, le monde était rempli de vieilleries. Mais la promptitude de ce type, Alass, à apparaitre et te vanter les mérites du magasin que ton compère t'avais adjoint de rejoindre toute affaire cessante était un peu bizarre. Sans compter que tu avais également trouvé étrange ton copain Antonio à l'escargophone. Cette affaire se déroulait-elle vraiment comme tu l'espérais ? En tout cas, ce type était à ta merci et si des alliés tu cherchais, deux hommes-calamars prêts à péter un câble étaient juste tes côtés. Tant que tu y mettras le prix...

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        - Il tarde, Alass ! maugréa Thorn.

        - Qu'est-ce qu'on fait s'il ne parvient à le convaincre de venir ici ? demanda un des sbires. Ces gens du CP sont des tueurs. Et si on se débarrassait de celui-là d'abord ? Un à la fois ?

        - J'vote pour aussi. Bon sang ! On l'raccourci d'une tête et puis basta. Dans la voix de celui-ci, la peur et un début d'hystérie.

        - Et si ce sont juste des chasseurs de trésors comme il l'a dit ? s'enquit Thorn que le doute assaillait.

        - Il manquera à personne ! tonna le peureux. J'vous dit que ça sent l'moisi moi. Ils ont eu Alass, ils vont nous avoir. J'ne vivrai pas un second nettoyage. Bon sang ! Bon sang ! Bon sang ! Bon sang ! Vous autres savez pas c'que s'est... On nous a nettoyé à Las Camp, Bon sang ! J'ai eu du bol d'v'nir m'cacher ici. La Cause nécessite des sacrifices et surtout pas d'indulgence ! Bon sang !

        - On devrait l'emmener au poète voir...

        -BON SANG ! IL EST OU LE POÈTE HEIN ? C'EST NOUS QU'ON VA NETTOYER !

        Antonio gigota sur sa chaise. Les choses tournaient vraiment très mal. Et la dernière chose dont il avait besoin, c'était d'un révolutionnaire traumatisé et hystérique. D'ailleurs, les choses s'envenimèrent rapidement et une dispute éclata entre les trois éléments présents. Imperceptiblement, Antonio continua à limer la corde qui retenait ses poignets attachés dans le dos. Depuis qu'il avait été capturé, il n'avait cessé de cisailler petit à petit ce lien grâce à un lime-ongle dissimulé dans ses manches.

        Tout à coup, la situation explosa, l'hystérique révolutionnaire rossa un compère d'une gifle qui fit voler ce dernier. Il sortit un couteau qu'il planta dans la main non gantée de Thorn arrachant au vieil homme des glapissements de douleur. Une lueur démente dans les yeux, il retourna le poignard vers Antonio et fusa sur lui.