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Par delà les sables du désert || Acte 2.


- « Ouuuaaaaaaah ! Cette classe ! »

Le petit garçon du transporteur qui avait bien voulu m’emmener à Alabasta était stupéfait, bouche bée. Tout juste assis sur l’un des garde-corps du pont supérieur, il avait les étoiles pleins les yeux devant la grosse lame de vent que je venais de décocher à nos poursuivants. En une seule attaque seulement, leur embarcation avait été réduite en charpie. Pas le temps de rigoler ou de considérer de pareils zouaves à mon sens. D’ailleurs, lorsque le transporteur me signifia qu’il s’agissait d’un dénommé Reda et de sa bande, je haussai mes épaules en prenant son gosse dans mes bras pour lui ébouriffer gentiment les cheveux. Me rappelais plus de ce zigoto. A savoir si je l’avais déjà rencontré, tiens. J’avais de toute façon mieux à faire que me souvenir de ploucs de son genre. Par la suite, les hommes du capitaine du navire dans lequel nous étions, me remercièrent infiniment. Le gosse que je tenais dans mes bras avait les étoiles pleins les yeux devant ma prestation digne des plus grands et m’arrachait même quelques rires avec sa mine à la fois hébétée et admirative. Je venais de me faire encore un p’tit fan qui songerait très certainement, dans le futur, à intégrer les rangs de la marine pour devenir comme celui qui venait de le bluffer. Que du bon…


***


Le reste du voyage se passa sans encombre. Nous arrivâmes à la capitale en pleine nuit. Vers les environs de 20h. La ville, elle, était plutôt en pleine effervescence. Ce traité de paix suscitait l’engouement de la populace locale, mais elle était aussi un prétexte pour faire un peu la fête. L’ambiance n’était pas pour me déplaire en tout cas, d’autant plus qu’à tout coin de rue, on voyait des groupes de musiciens et de danseuses ; ce qui n’était pas sans me rappeler le déhanché sensationnel de l’albinos. Ce souvenir m’arracha un sourire pervers, avant que je ne bifurque vers une avenue qui donnait sur un hôtel cinq étoiles où j’avais l’habitude de camper lorsque j’étais à la capitale. Après m’être rapidement installé, j’appelai mon frère pour lui indiquer ma position, mais il ne décrocha pas du tout. Il devait être encore en plein love avec la serveuse qu’il embobinait sans aucun doute. Ces jours qui défilaient m’amusaient vraiment. Après un long bain relaxant, je quittai ma suite pour aller me balader dans les rues. Les festivités commenceraient demain vers le milieu de la journée. Le prince et sa délégation devaient être déjà arrivés. J’aurai bien voulu m’inviter au palais royal rien que pour voir Elizabeth se faire chier avec son prétendant, mais j’avais mieux à faire.

- « Ooooh, si ce n’est pas mon cher contre-amiral ! »

Une voix suave, sucrée. Intonation féminine que je ne connaissais que trop bien : Leila, sans aucun doute. J’eus un petit sourire, avant de me retourner vers la jeune femme qui tenait un paquet de vivres entre ses mains. L’une de mes innombrables maitresses. Chevelure noire de jais, lèvres pulpeuses, yeux de biches, grande taille (le mètre 80 à peu près) teint mate, poitrine inexistante -Pour le plus grand malheur des amateurs-, mais un cul qui défiait celui d’Elizabeth elle-même. Bref, une meuf bien foutue qui me faisait tourner la tête, en plus d’être affable et très bonne en cuisine. La femme idéale que n’importe quel homme voudrait épouser en somme : « Je te pensais loin de l’île depuis longtemps, moi… » Je ne sus quoi répondre. Il est vrai, que je donnais peu de news de moi à toutes celles qui partageaient régulièrement ma couche. Comprenant mon léger embarras, elle botta elle-même en touche et me décocha un sourire Colgate qui fit chavirer mon cœur. Et mon zboub, siouplait : « Tu viens manger à la maison ? Je pourrai te faire un truc… J’ai une dinde. » Comment refuser ? Sans pouvoir piper mot, je m’avançai néanmoins vers elle et pris son paquet en main pour la suivre. Elle qui, devant moi, exagéra le balancement de sa croupe saillante. Elle me connaissait bien...

- « Tu me donnes des idées, toi… »

- « T’es incorrigible Salem ! Tu sais pertinemment que tu es sensé être un exemple non ? Le grand Fenyang ! Le fils de son père… »

- « Oublie mon titre un peu et continue d’avancer… »


Leila eut un rire, se tût et continua de marcher devant moi en continuant de se déhancher. Vile sorcière ! Elle était pleinement conscience de son pouvoir sur moi. Elle était l’une de ces femmes fortes et indépendantes qui me troublaient carrément. On était loin des petites pisseuses ou des pimbêches que je pouvais me taper sans être impressionné/marqué/complètement charmé. La marche dura dix minutes plus ou moins, avant que nous n’arrivions à ses appartements. Somptueux d’ailleurs. Leila était une marchande riche. Assez riche. Mais qui était toute simple. La preuve en était qu’elle faisait ses courses parfois toute seule. Sans valets derrière elle. Sans aucun garde. Alors qu’elle en avait une trentaine. Ces derniers accoururent d’ailleurs lorsque nous fîmes notre apparition dans la cour de sa villa, mais elle les chassa d’un geste de la main et m’invita à la suivre jusqu’à dans sa cuisine. Là, elle m’obligea presque à cuisiner avec elle, me faisant éplucher et découper des légumes pour la sauce qu’elle comptait confectionner. Nous discutâmes de tout et de rien pendant une bonne trentaine de minutes, jusqu’à ce que je décide d’aborder un sujet relatif à l’enquête que m’avait refilé l’autre bonasse qui devait bien se faire chier dans son coin :

- « Je me demandais… »

- « Quoi donc, très cher ? »

- « Tu penses quoi de ce traité de paix ? »

- « Rien en particulier… Enfin, je suppose que c’est une bonne nouvelle… »

- « Quelqu’un susceptible de tout faire capoter ? De vilains petits canards dans la famille royale ? »

- « Oh ça, il y en a quelques-uns. Mais personne ne serait susceptible de tout gâcher. Il n'y aucun intérêt, non ? Je veux dire... Ce n’est rien de plus qu’un simple traité de paix. Mais pourquoi ces questions ? Tu enquêtes ? »


Alors que Leila me posait des questions, je m’évadais doucement dans mes pensées. L'enquête risquait d'être vraiment chiante. Je devrais peut-être justement laisser toutes ces conneries à cette enquêtrice qui m'avait embarqué dedans à sa manière. Si ça se trouvait, elle était juste parano et nous nous étions fait des idées pour rien… De toute façon, si pépins il y avait et vu que j’étais déjà sur place, j’allais pouvoir intervenir…
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- Et beh, j'aurais pas pensé à un tel dénouement. était intervenu le marchand.

Devant nos yeux, les trois vaisseaux de pirates venaient de disparaître à l'horizon, dans un tourbillon de poussière aussi rapide qu'instantané. De son côté, l'embarcation qui était tantôt poursuivie continuait sa route sans rencontrer plus de tracas. Essayant d'utiliser cette fameuse capacité que le Marine avait appelé "Mantra", je m'étais rapidement essoufflée à essayer de me concentrer pour pas grand chose. Après de nombreux essais non-concluants, j'avais finalement réussi à étendre ma bulle autour de moi, mais celle-ci s'était limitée au navire uniquement.

- Les gens, dans la soute, les rameurs : ils souffrent. Il fait chaud, c'est humide, ils ont faim et sont malades... Oh Anna-chan, ne vas surtout pas en bas... m'avait alors informée la gamine dans ma tête.

Petit à petit donc, nous nous étions rapprochés du lieu du crash où l'on pouvait désormais voir les épaves éparses des vaisseaux éoliens de Reda. Lorsque nous étions passés à proximité, j'avais pu apercevoir des hommes dispersés autour des épaves : certains mal-en-point, d'autres arrivant à se tenir debout et parmi eux, Reda. Je ne pouvais pas encore le voir, bien évidemment, mais je sentais sa présence dans ma bulle. Était-ce Salem qui avait fait ça ? Comme de par hasard alors, notre vitesse de croisière avait atteint le plus bas, si bien que les pirates des sables avaient eu tout le temps de nous voir venir et c'était donc sans surprise que bientôt Reda et plusieurs de ses compères s'étaient présentés à notre bâbord. L'homme se tenait difficilement debout, le visage maculé par le sang qui s'échappait à gros bouillons de son cuir chevelu, le corps visiblement endolori au point qu'il tressaillait de temps à autre tout en s'adressant à nous. Ses adjudant n'étaient pas dans un meilleur état.

- Vous ! Donnez-nous votre bateau ou nous all... entame-t-il tout en s'approchant du bastingage avant de remarquer ma présence et d'écarquiller de grands yeux ronds stupéfaits. La... la tigresse ! m'assène-t-il soudainement en balbutiant et en pointant son index provocateur vers moi en tremblotant.

- Pardon ? m'offusquè-je.

- Je vous saurais gré de faire davantage preuve de déférence envers mon épouse, vil pirate. intervient le sultan à son tour.

- Beh qui c'est celui-là ?

- Je suis le sultan d-

- Rien à branler ! l'interrompt soudainement le bonhomme, apparemment remis de ses émotions. Pied à terre et qu'ça saute sinon on tire dans l'tas. termine-t-il donc en donnant l'ordre à ses hommes de lever leurs armes.

Clac !

L'équipage s'exécute, actionnant simultanément le chien de leur fusil, les pirates nous tiennent désormais en joue avant que nous n'ayons pu faire le moindre geste. Sentant dans mon dos la peur transpirer à travers les pores des marchands, je me dis qu'il risque de s'écouler peu de temps avant que ceux-ci n'abdiquent et que le prince, trop bon, trop con, n'accepte la reddition de ses hommes avant même qu'ils n'aient brandi leurs armes. Pourtant, un chuchotement inconnu vient soudain perturber le silence à bord, une voix grave et inquiétante d'un homme que je n'avais jamais entendu parler jusque là.

- Mon sultan, puis-je m'occuper de ce maraud avant qu'il n'aie fait couler la moindre goutte de sang ? demande l'homme taciturne au visage buriné, le général de l'infanterie et de cavalerie du pays, Hamza Saliamek.

L’œil rivé sur l'oriental au regard vicieux et à la main délicatement posée sur le pommeau de son sabre, je ne remarque pas le souverain qui me jette lui aussi un regard inquiet avant de finalement hocher la tête en réponse à la question. A peine ai-je alors le temps de clore les paupières que le sabreur a déjà rejoint les sables en contrebas pour faire face aux boucaniers du désert, l'épée à la main.

- Quoi ? Tu veux te mesurer à nous ? T'es suicidaire, t’espères quoi à un contre dix ?

Le général ne répond pas, esquissant un sourire distordu sur son faciès macabre n'évoquant absolument rien de bon. Ne sachant pas pour autant à quel moment il l'a sortie de son fourreau, j'admire la plastique de son épée avec laquelle il fait, de façon provocante, des moulinets devant lui. Un bien beau sabre, probablement d'une grande valeur si ce n'est l'un des légendaires Meitous pour lesquels le CP2 s'arracherait les cheveux. C'est alors que je dénote quelque chose de surnaturel dans les mouvements de l'homme à la peau sombre. Involontairement, je sens cette curieuse capacité reposant sur l'observation se déclencher pour venir décrire ce que l'oeil nu ne saurait voir normalement.

- C'est étrange, c'est comme si son épée provoquait de longues estafilades aussi épaisses que des fils dans l'air. Tu as vu cette façon avec laquelle ces-dernières s'enroulent autour de Reda et... oh non c'est horrible !

Oui, c'est le cas de le dire. Alors que Reda et ses hommes demeurent toujours debout, rigolant comme des idiots devant la prestation de Hamza, je comprends soudain qu'ils ne se doutent aucunement de ce qu'il est en train de se passer. Comme pour un poulet à qui l'on a instantanément coupé la tête, leurs corps semblent donc garder les derniers réflexes précédant leurs morts avant de s'immobiliser dans un terrible rictus et de s'écrouler à terre, synchrones, au moment où le soldat vient rengainer sa lame, finement tranchés de part en part par des fils invisibles.

- Que... que vient-il de se passer ?

Clap... Clap. Clap, Clap-Clap-Clap...

Le sourire aux lèvres, le sultan répond au combat par des applaudissements bientôt suivis de ceux de sa garde, avant de répondre à la question du marchand.

- Considérez-vous heureux Meth'Lab... ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de voir l'une des Grandes Lames en action ! Allez, trêve de bavardages, nous avons déjà perdu bien assez de temps... remettons-nous en route !

Et donc, comme si l'ordre du souverain avait été entendu depuis la cale, instantanément les rameurs débutent leur pénible tâche pour faire avancer le navire. De son côté, sans piper mot, le général qui avait entre temps bondi à bord furtivement était retourné se terrer dans l'ombre, à l'abri des regards et des applaudissements, la main toujours rivée sur son Meitou...

...et ses yeux fixés sur moi.
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- « Merci pour le repas. Je vais fumer, je reviens… »

Leila ne prononça pas un mot. Elle me connaissait plus ou moins. Quand j’étais dans cet état, il valait mieux me laisser tranquille dans mon coin. Je sortis donc de son immense cour non sans saluer tous ceux qui étaient sur mon passage, avant de me retrouver dehors. Malgré la brise nocturne assez fraiche, les gens étaient toujours à l’extérieur. Ça riait, ça chantait, ça faisait même des emplettes et ça se promenait en couple… Bref, le bonheur à plein nez quoi. Mais dans mon cas, j’étais plutôt soucieux, d’autant plus que je n’avais pas encore reçu le moindre appel de l’enquêtrice. Manquerait plus que les gardes du sultan l’aient buté. Mais ça m’étonnerait quand même. Il allait la coller aux basques, c’était clair et net. Je l’imaginais même essayer de la peloter, mais l’image était tellement improbable que j’eus un petit rire, ce qui me détendit quelque peu. Là-dessus, je retirai une cigarette que j’allumai rapidos. La première taffe acheva de faire disparaitre ma tension pour de bon. Et puis, il y avait une belle femme qui m’attendait, toute prête à prendre soin de moi. La perspective m’arracha un gros sourire, sauf que…

- « Qu’est-ce qui vous fait sourire comme ça, maitre ? »

- « Hein ? HEIN ?! »


Pour la deuxième fois de la soirée, une voix féminine m’arracha de mes pensées les plus profondes. Plus espiègle et plus juvénile cette fois. A croire que mon mantra ne marchait pas du tout quand une personne dénuée de mauvaises pensées m’approchait. Mais le plus incroyable dans tout ça, c’est qu’il ne s’agissait pas de n’importe qui : J’avais à mes côtés l’une des membres de la famille royale, Cloclo Nefertari. L’unique ! Une gamine tête brulée qui avait soif d’aventures et de sensations fortes. L’étonnement fit place à un sourire : Je me rappelais encore de sa petite crise de pleurs lorsque j’emmenais Maalem avec moi hors du royaume, histoire de l’entrainer. Elle avait maintenant bien grandie. Et elle était toute belle. Compliment sans aucune arrière-pensée cheloue, bien entendue : « Je ne pensais pas vous revoir depuis votre entrevue avec mamie Vivi, maitre ! » Par contre, ce que je n’aimais pas trop, c’était sa propension à m’appeler « Maitre ». Si Maalem avait fait le forcing, il n’était pas question qu’un autre membre de la famille royale n’intègre les rangs de la marine. J’en étais bien conscient. Ce pourquoi il ne fallait pas qu’elle se fasse trop d’idées avec moi. Je n’étais pas prêt à devenir son maitre et tout…

- « Tu devrais arrêter de m’appeler maitre, tu sais… Je pourrais avoir des ennuis. »

- « Mais non vooyoons ! En plus, vous êtes marrant ! J’veux venir avec vous quand vous partirez à l’aventure ! Comme ça, je verrai Maalem ! Ça fait tellement longtemps ! »


Et là voilà qui se colle à moi, qui choppe mon bras et qui se met à glousser comme toute gamine de son âge. Erf… Je venais d’hériter d’une sacrée emmerde là. Et tel que c’était parti, j’étais prêt à parier qu’elle n’allait plus me lâcher d’une semelle. Je pouvais dire adieu à la séance de jambes en l’air que j’allais avoir avec Leila ! La galère, je vous dis pas ! Ça m’apprendra à vouloir fumer, alors que je pouvais rester tranquille à l’intérieur et lui réclamer un petit massage. « Heu… Et pourquoi tu es là sinon ? Il y a la rencontre entre le… » Même pas eu le temps d’essayer de m’en débarrasser que la gamine sauta sur mon dos et m’emprisonna la taille à l’aide de ses jambes. Rien à faire. Je venais d’hériter d’une plaie, carrément ! J’eus un soupir et la mine déconfite. J’étais tout bonnement foutu. Foutu de chez foutu. Elle passa ensuite ses frêles bras autour de mon cou et se lova carrément contre moi. De peur qu’un des gardes de Leila se fasse des idées et aille tout cafter à sa maitresse, même si nous n’étions pas du tout fiancés et tout, je préférai m’éloigner tranquillement de sa demeure, la mort dans l’âme. C’est alors que la gamine commença à m’expliquer qu’elle n’aimait pas les cérémonies et tout ce qui suivait du genre. Son kif, c’était l’aventure !

- « Halala… Bon. Et qu’est-ce que sa majesté veut qu’on fasse ? Qu’on retourne au palais ? »

- « Non, invitez-moi plutôt ! J’ai faim ! »

- « Ok, en échange, tu me parleras un peu des liens que t’as avec les autres membres de ta famille, d’accord ? » Qu’avais-je dit en ricanant et en reprenant volontairement le tutoiement qui ne semblait pas du tout la gêner.

- « Yeay ! Deal ! Vous êtes génial ! »

Bon, j’allais peut-être pas perdre mon temps pour rien, finalement…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Jeu 24 Déc 2015 - 0:35, édité 2 fois
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La nuit était tombée, il faisait froid. Très froid, beaucoup plus que lors des nuits passées à l'hôtel, dégagée de mes couvertures lorsque les températures extrêmes s'alternaient mystérieusement. Non, ici il s'agissait d'une fraicheur encore plus sèche, encore plus frigide qui circulait et s'amplifiait à travers le vent et les courants d'air qui venaient faire s'égrainer le sable du haut des pentes des dunes. Haut dans le ciel, l'astre lunaire composait l'unique mais suffisante source de lumière naturelle, éclairant d'une lumière bleue vive l'horizon nocturne et dévoilant fugacement les mouvements des bestioles qui avaient l'habitude d'évoluer dans un tel environnement. Comme les crabes des sables, ces gigantesques crustacés circulant à travers le désert d'un démarche ridicule évoquant le pas chassé perpétuel, toutes pinces en l'air.

- Et ça là-bas, c'est des Kung Fu Dugong. Ils ont l'habitude de trainer en bandes et de dépouiller les touristes, on a bien de la chance qu'ils soient loin sinon on aurait eu des ennuis : on raconte qu'ils sont capables de mettre en pièces détachées un bateau, genre une caravelle, en seulement quelques minutes. Mazette si ça devait nous arriver !

Puis nous nous étions progressivement rapprochés des lumières qui n'avaient pas tardé à poindre dans le lointain, rapidement signalées comme "les feux d'Alubarna" grâce aux marchands qui aimaient étaler leur science à tour de bras. A cette occasion, le Sultan n'avait alors pas pu s'empêcher de personnellement me gratifier d'une prose pas totalement indispensable, que son fanclub de gardes du corps s'était empressé e reprendre presque aussitôt en cœur.

- Les lumières de la capitale d'Alubarna... font naufrager les papillons de ma jeunesse... avait-il entamé avant de saisir la dure vérité : que j'en avais à peu près rien à cirer.

Les yeux posés sur le paysage, je m'évertuais ainsi à ignorer les propos de mon trop charmant époux pour plutôt admirer ce qui se présentait devant mon iris investigateur. La ville s'étendait à flanc de montagne, construite sur un plateau rocheux et bâtie avec des pierres blanches et calcaires, lui donnant une impression de propreté, de prospérité et de richesse. Plus loin derrière, de hautes tour albinos encerclaient le bâtiment le plus immense et de loin le plus beau : le palais royal d'Alubarna et son dôme cuivré. Et si pendant mes quelques jours de tourisme à Nanohana je n'avais pas eu l'occasion de voir les autres villes, je conservais secrètement la satisfaction d'être tombée sur un os, au final, pour pouvoir profiter d'un tel spectacle. Et ce-dernier n'avait cessé de me surprendre à mesure que nous nous étions approchés.

***

- Bienvenue à Alubarna, Majesté. s'enquit aussitôt un jeune palanquin alors que nous débarquons dans la cour du château.

Cela faisait près d'une heure que la galère marchande nous avait débarqués dans le quartier marchand et que nous avions pris la route depuis ce-dernier jusqu'au palais. Les festivités de la nuit battant leur plein, les rues avaient eu beau être larges, la densité de la foule venue assister aux arts et spectacles établis sur les places et dans les avenues à l'occasion n'avait néanmoins pas facilité la progression. Dans tous les cas, après une heure de déplacement à pied supplémentaire, voilà donc que nous étions arrivés aux portes de la demeure de sa majesté la Reine et je m'étais avouée un peu déçue de ne voir que deux individu à l'entrée : le petit gamin maigrichon enturbanné qui venait de nous faire une référence et un homme large d'épaule, musclé comme un taureau, aux narines aussi gonflées que les trapèzes qui ornaient son cou. A l'approche du gamin, ce dernier réagit d'ailleurs brusquement, le saisissant par le bras et le rappelant instantanément à l'ordre sans faire de quartiers.

- Cesse tes idioties minus et va prévenir la Reine comme il était prévu ! Le Sultan ne va pas rester à la porte éternellement ! Allez, bouge-toi, plus vite !! ordonne alors le bonhomme tout en envoyant balader le mioche d'un geste du poignet.

La scène m'interpelle mais je ne laisse pour autant paraître aucune perplexité, immobile aux côtés du souverain. Ce-dernier s'était en même temps élancé vers la brute et l'étreignait désormais amicalement. Ils se connaissaient ?

- Ah, mon cher Mabhoul, ton séjour à Alabasta ne t'a vraiment guère changé, toi. Et l'homme d'accompagner sa phrase d'un geste de la main me désignant. Moi, vois-tu, j'ai trouvé l'amour. Elizabeth, voici Meïleh Mabhoul, mon Grand Vizir. Meïleh voici Elizabeth Butterfly, ma future sultane. Qu'en penses-tu ? N'est-elle pas ravissante ? Tu devrais essayer, toi aussi, ça te ferait grand bien. Tu cesserais de t'énerver pour si peu.

Suivant le discours du Sultan d'un échange de regards vers moi, puis lui, puis moi à nouveau, le bonhomme semble peiner à comprendre. Sortant de nulle part, la gouvernante vient alors éclaircir le propos, non sans se comporter comme un cheveu sur la soupe.

- Monseigneur a rencontré cette.. mmh... magnifique demoiselle à Nanohana hier et l'a... demandée en mariage... Elle a accepté ce matin et nous accompagne depuis... vient crisser la bonne femme entre ses dents.

Placide au possible, le Grand Vizir n'émet pas un mot mais garde pendant une bonne dizaine de secondes supplémentaire ses prunelles noires rivées sur moi, empreintes d'un sentiment que je ne connais que trop bien : de la haine, pure et condescendante. Je me doute alors soudainement que ce type-là est louche et qu'il n'est probablement pas sur Alabasta pour faire copain-copain, comme il peut le raconter.

- Très bien. fait-il avant de tourner le visage vers le souverain. Sa Majesté Vivi Nefertari et son petit-fils Ymdebekht II vous attendent pour souper, ils espèrent pouvoir commencer à faire connaissance dès ce soir. Je ne saurais vous cons-

- Qu'à cela ne tienne, j'ai l'estomac dans les talons ! coupe soudainement l'héritier, rejetant sur son officier son lourd manteau de fourrures et se précipitant dans l'entrée, sa suite royale le succédant tant bien que mal.

Rapidement, l'endroit se vide alors entièrement quasi-instantanément ; en même temps que le Grand Vizir se hisse sur son cheval amené entre temps par un serviteur, je dénote l'échange d'un regard entendu avec la gouvernante à laquelle il remet la cape duveteuse avant de s'en aller définitivement pour une destination inconnue, sans dire un mot de plus. Et au moment où je prends l'initiative d'entrer à mon tour, celle-ci vient alors se poster en porte à faux devant moi.

- Cela a assez duré, je te conseille de dégager avant qu'il ne t'arrive des bricoles petite. Tu n'es pas la première, sache-le, alors si j'étais toi je déguerpirais vite fait. essaye-t-elle de m'intimider naïvement.

En guise de réponse, je lui souris alors, simplement, de toutes mes dents, avant de la pousser nonchalamment sur le côté pour me libérer le passage, puis de récupérer le manteau royal et lui répondre finalement, le dos tourné, dans un signe de mépris extrême :

- Alors déguerpis vite fait, car c'est à ta Sultane que tu parles, pas à ton chien.

Fixant ensuite le vêtement autour de mes épaules fraiches et nues, je me complais à ne plus rien écouter sinon le bruissement léger et fluide produit par l'effleurement de la cape souveraine sur les pavés mats et lisses du chemin royal.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 25 Déc 2015 - 2:23, édité 1 fois
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- « Et après, j’ai réussi à l’avoir suite à deux coups de feux ! C’était chaud vous savez ! »

Depuis que nous avions rejoint le restaurant de mon hôtel cinq étoiles, le meilleur du coin en tout cas, la jeune Cloclo n’arrêtait pas de piailler. Un vrai moulin à paroles. C’est à se demander si elle ne concurrençait pas sa propre mère à qui j’avais eu l’occasion de parler par le passé et qui ne m’avait pas lâché pendant des heures entières. Qui plus est, elle mangeait comme quatre. C’était plutôt hallucinant. Mais avec un brin d’élégance tout de même. A croire qu’elle n’oubliait pas qu’elle était tout de même une princesse de sang royal. J’étais plutôt heureux d’être bien friqué, sans quoi je n'aurai pas pu gérer toute la quantité étonnante de plats qu’elle s’envoyait à elle toute seule. Une morfale. Un monstre, même ! Une fille pas croyable. Tous les autres invités la regardaient d’ailleurs avec des gros yeux. Cloclo n’était pas très connue sur l’île vu qu’elle fuyait tous les grands rendez-vous de ce qu’elle m’avait avoué, mais elle avait une petite popularité au sein de la capitale, ce qui expliquait pourquoi tout le monde l’observait sans comprendre. Et puis, avec ma présence à ses côtés, il y avait de quoi se poser des questions. Mais oublions un instant l’environnement autour de nous et concentrons nous une nouvelle fois sur la discussion :

- « Tu seras quand même au palais demain, non ? Il y aura une fête et le sultan est un très beau garçon il parait ! »

- « Nan ! Pas envie ! Ça va être ennuyant, je suis sûre… »

- « Et si moi, je veux y aller pour être aux premières loges de l'évènement, tu m’accompagnerais ? »

- « Oooh ! Si c’est vous, volontiers ! Nini aura la rage, hinhinhin ! »

- « Nina ? Ta cousine ? Tu ne l’aimes pas ? »

- « CETTE PIMBÊCHE ?! JE LA DÉTESTE ! »


La Cloclo tapa soudainement du poing sur la table, furibonde ! J’eus un sourire navré, avant de lever mes mains en l’air pour la calmer. Mon air embarrassé dû la toucher, puisqu’elle se calma instantanément en se rendant compte de son erreur. Elle se mit également à rougir légèrement tout en sentant les regards désapprobateurs et curieux autour d’elle, avant de se confondre en excuses. La jeune fille était tellement mignonne à cet instant que n’importe qui accepterait volontiers son pardon ! Elle resta terrée un moment dans un mutisme éloquent en jouant avec l’une des mèches de ses cheveux, pendant un moment, avant que je ne la questionne encore. Je tenais le bon bout : « C’est la seule ? Et les autres, tu t’entends avec eux ? Comment ils sont en privée avec toi et tout ? » La princesse s’empara d’une pince de crabe du désert qu’elle vida de sa chair, avant de commencer à parler d’un ton morose. Elle ne détestait pas cordialement sa famille -Nina étant la seule exception-, mais elle ne l’aimait pas spécialement. Aussi me dressa-t-elle un tableau fade et un peu ennuyant des membres royaux du royaume. Toutankhassan était son seul ami. Et le reste l’exaspérait, ne l’intéressait pas au possible. Par contre, l’un d’entre eux attira mon attention :

- « En somme, Nina et Djesser sont des plaies. Je ne les fréquente pas ! Papy divague tout le temps avec ses papillons ennuyeux ! Maman et moi n’avons pas les mêmes centres d’intérêts ! Dingue hein ? Oncle Ymdebekht et Toutankhanon sont trop sérieux, toujours occupés ! Il y bien a oncle Phume, mais il ne s’occupe de personne d’autre que lui-même. Maman dit toujours que c’est un sale cafteur et un gros rancunier qui se donne trop d’importance ! Moi j’vous le dis, c’est pas une famille ! »

J’eus un petit soupir non dissimulé. Elle ne m’avait pas raconté grand-chose. J’avais l’impression que toutes ses paroles avaient été influencées par son avis négatif sur les membres de sa famille. Ils ne pouvaient pas être aussi mauvais, surtout pour des nobles de leur calibre. Je voulais bien admettre qu’Ymdebekht était assez spécial dans son genre pour l’avoir déjà fréquenté, mais pour le reste… Mouais non… Autant ne pas accorder de crédit à ce qu’elle me racontait. En lieu et place, je me mis à boire doucement mon verre de vin en la matant s’empiffrer. Puis, lorsqu’elle finit avec le repas, le dessert et tout, j’abondai dans un autre sens. Autant aller directement à la source : « Je te raccompagne au palais ? Une aussi jolie princesse dehors à cette heure, ça fait pas bien ! Et puis promis, je serai là avec toi pour les festivités. Si je suis ton invité, il n’y aura aucun souci, non ? » En vérité, je n’avais même pas besoin d’elle pour squatter le palais. Mais j’eus quand même un petit sourire ravageur qui fit son effet, puisqu’elle se mit à rougir, puis à me bafouiller une réponse timide comme quoi il n’y avait pas de problèmes. Sa réaction me fit rire pendant quelques temps, avant que nous ne nous levions pour nous diriger vers le centre de la ville.

Direction le palais royal !
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Accoudée au balcon de ma chambre à coucher, je regardais au loin les deux silhouettes se dessinant à l'entrée du palais. Un homme très grand que je devinais aisément comme le Contre-Amiral sans même voir les détails de ses vêtements dialoguait avec ce qui se présentait comme une jeune fille au nez retroussé, trait symbolique des Nefertari, probablement une jeune princesse. Tout de suite mon regard s'était chargé de suspicion alors que je me demandais bien ce que l'autre pervers avait pu faire à l'extérieur de la demeure royale avec la jeune adolescente, mais une partie de moi voulait croire qu'il continuait à progresser dans l'enquête de son côté et que la demoiselle avait un rapport de près ou de loin avec ce qui se tramait dans le pays.

Toujours était-il qu'après ma rencontre avec le Grand Vizir, j'étais absolument certaine que les choses risquaient de mal virer. L'homme était puissant et dégageait des ondes néfastes qui avaient fait naître en moi un mauvais pressentiment, encore plus mauvais que lorsque j'avais rencontré la suite du Sultan. Suite pour laquelle j'avais d'ailleurs eu le mérite de la jouer un peu plus franc jeu avec la gouvernante qui, pour ma peine, ne m'avait plus lâchée d'une semelle depuis, épiant mes faits et gestes sitôt que j'entrais et sortais d'une pièce ou bien me rapprochais un poil du prince. Cette fois-ci j'en étais sûre, c'était une certaine forme de jalousie, sinon quelque chose d'encore plus mystérieux qui la poussait à agir ainsi. Cependant je n'étais pas sûre de jusqu'où cela pouvait aller et si je devais me considérer en danger, mais puisque la bonne femme avait décidé de me suivre partout, je m'étais mise à lui rendre la pareille, prétextant des absences aussi stupides qu'incongrues à mon futur époux qui m'attendait derechef dans son lit. Ah ces orientaux.

Avachie sur la rambarde en pierre de mon balcon, donc, je conserve des yeux l'endroit où est venue se planquer la gouvernante, dissimulée dans l'ombre, tâchant de capter du mieux que je peux des bribes d'informations avec ma nouvelle capacité que je découvre un peu plus chaque jour. Plutôt que d'entendre directement la voix de la gouvernante murmurer dans l'obscurité, c'est belle et bien la gamine qui vient me répondre comme à son habitude.

- Elle parle à quelque chose dans sa main... non, quelqu'un... les deux, quelqu'un qui parle à travers quelque chose, un escargophone ?

- Mais encore ? m'exaspérè-je.

- C'est un lieu... non, un rendez-vous, elle confirme qu'elle y sera dans une deux heures... à cheval... à Nanohana... avec un dénommé Rhi Rhi ? Ça ne me dit rien. Ah, elle a terminé, ça a fait "Katcha". Elle revient, attention ! prévient-elle.

Et en effet, après cette déclaration, dissimulée comme préconisé derrière les piliers en pierre blanche du balcon, je jette un œil curieux en direction de la cachette d'où sort brusquement la blondasse tout en zieutant tous azimuts avec des coups d’œil rapides et furtifs. Non, définitivement, ça n'avait rien de normal. Rebroussant chemin jusque dans ma chambre, j'ouvre donc les placards pour chercher une tunique plus chaude et plus décontractée dans l'optique de m'engager à la poursuite de la suspecte et déniche finalement une tenue élégante de voyageuse toute en lins légers mais assez chauds pour le climat - même nocturne - que j'enfile prestement avant de m'engager discrètement dans le couloir du palais, direction les écuries.

***

Comme j'avais réussi à être la première sur les lieux, j'en avais profité pour faire le tour de l'endroit et me dénicher une bonne cachette dans l'un des boxes. Par chance, à un enclos près j'aurais tout aussi bien pu être découverte puisque c'était dans celui situé juste après le mien que se trouvait le cheval du fameux Rhi Rhi, qui n'était autre que l'un des généraux : Effkri Mabhoul, celui qui commandait les ninjas du désert. Et il accompagnait évidemment la gouvernante qui prenait grand soin de garder le silence alors que les deux bonshommes sellaient leurs bêtes. Par chance, je m'étais occupée de faire de même avec la mienne avant qu'ils n'arrivent, anticipant une traversée du désert puisque la bonne femme avait mentionné "Nanohana" lors de la conversation à l'escargophone ainsi que son heure d'arrivée dans la cité. De ce fait, sans mot dire, les deux individus avaient rapidement fichu le camp dans la nuit et je les avais suivis depuis un écart suffisant pour ne pas me faire repérer, bien évidemment.

Cela faisait une heure et demi désormais que je suivais les traces de sabots dans le sable, descendant et escaladant les dunes pour continuer toujours plus loin. C'était le milieu de la nuit et le temps était froid, limite gelé mais la bête tenait bon et restait réactive au moindre de mes mouvements, ce qui lui valait de temps à autre une petite carotte que je dénichais dans l'une des sacoches fixées à la selle. Malgré tout, le voyage restait difficilement confortable car la selle était large et prévue pour un séant d'homme et non celui d'une femme : je n'avais pas assez remonté les étriers et me retrouvais légèrement handicapée, mal dégrossie sur le dos du canasson qui faisait visiblement preuve de compassion en avançant malgré tout au galop lorsque je le lui demandais.

- C'est bien, c'est un bon cheval ça. Je me demande à qui tu appartiens... m'étais-je questionnée alors.

Ainsi, vingt minutes plus tard, j'arrive finalement à une Nanohana, endormie et paisible, dont la plénitude foulant les avenues, rues et ruelles laisse indemnes les traces de pas que je piste soigneusement, facilement remarquables dans les sables sauvages et volants qui jonchent les pavés de la cité. Délaissant Margot - le nom dont j'ai affublé ma jument au cours du trajet - près d'une source d'eau potable, solidement attachée à un poteau prévu à cet effet, je continue mon voyage à pied, bifurque à quatre intersections et emprunte des ruelles où j'arrive à peine à remarquer les marques avant d'enfin me retrouver à une cinquantaine de mètres d'un vieux bouge, sale et sombre, sur le port... et tomber nez à nez avec l'un des généraux, faisant probablement des rondes à l'extérieur au cas où quelqu'un viendrait mettre son nez dans des affaires qui ne le regardent pas.

- Vous...

- Soru. interviens-je subitement, prenant l'homme à revers pour venir le frapper sur le sommet du crâne d'une pierre ramassée à la va-vite.

Cependant le gusse ne s'avère pas être général d'un pays voisin sans raison : abandonnant sa mine subitement déconfite, ce-dernier se retourne subitement et vient m'attraper le bras au vol et, d'un coup de poing dans les abdominaux, me propulse contre le mur d'une maison mitoyenne. Et au moment où je me relève pour lui faire face à nouveau, je remarque dans ses manches l'apparition de cordes qui viennent s'enrouler autour de ses poings.

- Père avait raison, vous n'êtes pas simplement une fille ordinaire. me dit-il alors, la mine sombre.

Fronçant les sourcils, je n'estime pas nécessaire d'intervenir dans un dialogue qui serait aussi inutile qu'il me ferait perdre du temps. Mais il me faut bien zigouiller le gaillard pour pouvoir par la suite prêter une oreille attentive à ce qui se dit dans le fameux rendez-vous pour lequel j'ai dû faire Alubarna - Nanohana en Orient Express. Ainsi, pour toute réponse, je me campe un peu plus sur mes appuis avant de me lancer dans les airs et essayer de surprendre mon adversaire avec un Kamisori - un déplacement en zigzag - face à lui. Ce n'est malheureusement sans compter un mouvement ample du bras qui vient soudainement me balayer dans un tas de cageots en bois, d'un seul coup de corde dure et claquante.

- Je ne veux pas te tuer, tu as encore le temps de rentrer chez toi. m'intimide le bonhomme tout en jouant avec sa liane de chanvre.

Le Rope Action, j'en avais entendu parler. Plusieurs agents du CP l'utilisaient aussi, c'était une technique pratique lorsqu'il s'agissait de capturer des proies ou bien, comme le gusse le démontrait assez facilement, d'empêcher un ennemi d'approcher trop près. C'était une véritable plaie pour le combat au corps à corps et je n'avais pas vraiment d'autres choix sinon d'intervenir à distance.

- Kamisori... Rankyaku Gaichou !

Zigzaguant sur la gauche du général, j'entreprends donc de lui asséner une attaque au niveau des côtes avec une lame d'air produite avec la jambe. Mais, usant de ses cordes flexibles et rigides, ce-dernier vient esquiver mon attaque en se soulevant dans les airs d'un coup de fouet sur le sol assez puissant pour le propulser.

- Je vois, je n'ai donc pas le choix...

Retombant lourdement, Effkri contre-attaque soudainement en effectuant un mouvement circulaire au ras du sol avec la liane liée à son bras droit, cherchant à me frapper au niveau des chevilles et à me faire tomber sur le dos. Esquivant donc au dernier moment, je profite de la continuité de son action pour me déplacer dans l'air au niveau de sa tête et l'asséner d'un coup de pied brutal renforcé au Tekkai Kenpou au niveau des côtes.

CRACK !

J'entends l'os se rompre d'un coup sec alors que l'homme termine sa course encastré dans un mur. Cependant, malgré la blessure, le général parvient à s'extraire des briques et à se redresser maladroitement avant d'effacer d'un revers de la main le sang perlant de l'une des commissures de sa bouche. Sortie de nulle part, une corde vient soudain se serrer autour de mon cou et me soulever au-dessus du sol, épaisse et rugueuse. Mon adversaire avait-il prévu le coup ? Avant-même que je n'aie pu penser à fortifier mon corps du Tekkai, je me retrouve asphyxiée et brusquement déboussolée. La lame dégainée, Effkri entame un déplacement lent mais douloureux sur la courte distance qui nous sépare. La seule solution qui me vient naturellement à l'esprit est de couper la corde, mais en essayant de saisir maladroitement mon couteau de chasse à ma hanche, mes doigts trébuchent et le font tomber. Je cherche alors des yeux la continuité de la corde, à moitié dissimulée dans le sable et la poussière qui jonche les pavés avant de remarquer son prolongement.

- Ran...kya...ku... Ran !

Profitant d'être surélevée, je fouette l'air des deux jambes en direction des nœuds sur le sol en espérant couper les liens. Soudain, la pression se relâche et me permet de respirer brusquement, m'occasionnant une quinte de toux incontrôlée alors que je retombe mollement à terre. Mais il est déjà trop tard car, en un clignement d’œil, j'aperçois le général au-dessus de moi, prêt à me désolidariser le crâne du corps à l'aide de son immense cimeterre sorti de son fourreau. Ma chance réside dans le doute qui l'habite alors que sa lame vient s'immobiliser en l'air une seconde avant de s'abattre, me laissant le temps d'intervenir.

- Tekkai Utsugi !!!

Rencontrant la peau de mon cou devenue dure comme fer, m'écrasant cependant les vertèbres et m'affligeant tout de même d'une vive douleur dans la nuque, l'épée m'épargne et s'envole, tâchée de sang, pour aller se planter plus loin. Relevant mon œil à hauteur de mon ennemi, je vois ce-dernier contorsionné au-dessus de moi, la mine terrifiée et pour cause : un moignon sanguinolent remplace désormais la main qui tenait la garde de son cimeterre quelques instants auparavant. Je profite alors de sa stupeur pour balancer mon bras droit vers l'arrière et venir le faucher d'un uppercut pile sous le menton. Le général tombe finalement lourdement devant moi, inconscient, mettant fin au combat.

Saisissant par la suite son corps par les pieds, je le traine dans le coin sombre d'une ruelle ténébreuse avoisinante avant de le ligoter avec ses propres liens.

- Et de un.

Puis enfin je me retourne vers la taverne - visiblement déserte ou bien donnant l'impression d'être fermée - où mènent les traces de pas.
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J'avais rencontré une impasse en arrivant devant le bâtiment. Si j'étais persuadée que la gouvernante s'y était faufilée, ainsi que deux autres personnes au vu des traces de pas, je n'avais aucun moyen de le vérifier sans devoir me mouiller davantage. Aucune lumière ne filtrait à travers les volets soigneusement fermés qui barricadaient les fenêtres, il ne m'avait donc plus resté que l'infiltration comme méthode d'espionnage. Ainsi donc, je m'étais empressée de faire le tour de la taverne avant de dénicher une fenêtre ouverte et accessible au deuxième étage de l'immeuble. Après deux trois Geppou bien placés, j'étais rapidement parvenue à m'insérer dans une petite pièce obscure et fort heureusement vide dans laquelle j'avais progressé à pas feutrés jusqu'à la porte que j'avais déverrouillé délicatement avant de débouler dans un couloir au sol légèrement grinçant. Notant la lourde couche de poussière sur les meubles environnant, j'imaginais bien que l'endroit était à l'abandon et devait constituer une sorte de repère pour les trois compères que je pistais. Finalement, j'avais remarqué au cours de ma progression une lumière blafarde léchant les pans des murs défraichis bordant les escaliers menant à l'étage inférieur et m'étais donc glissée contre le mur jouxtant la première marche, l'oreille tendue à essayer de saisir quelques mots assez difficilement.

- ...jeune pétasse... la supprimer... pour la mission... avait alors fait la voix la plus proche, que je reconnaissais aisément comme celle de la gouvernante.

J'imaginais que ma présence était à l'ordre de jour et que j'étais la fameuse "pétasse" dont parlait la bonne femme, ce qui se vérifiait par les remarques des autres interlocuteurs. Rapidement, j'avais reconnu l'un d'entre eux comme le Grand Vizir, affirmant mon pressentiment à propos du bonhomme tandis que la seconde voix demeurait inconnue au bataillon. Les diffamateurs continuant cependant à parler à voix basse, j'arrivais assez mal à entendre l'intégralité de la conversation, saisissant ça et là des mots et des groupes de mots que j'assemblais maladroitement pour saisir le sujet de leurs discussions.

Enfin, au bout de plusieurs bonnes minutes, alors que le sujet change pour en venir à quelque chose de plus important et que mes tentatives pour développer le Haki dans l'espoir d'en découvrir un peu plus se révèlent infructueuses, les trois individus en viennent au fin mot de l'histoire.

- Comme prévu... offensive demain... entame donc le bras droit du Sultan.

L'oreille dressée, je peine toujours voire davantage à en savoir plus. Remarquant une sorte de corniche bordant la cage d'escalier, je m'aventure donc prudemment sur celle-ci en espérant rejoindre une poutre un peu plus loin qui me permettrait d'épier la conversation plus facilement. Regagnant donc celle-ci, je remarque la particularité de la pièce : une vaste salle avec des tables et des chaises renversées, éclairée par une simple bougie, posée sur une énième table ronde - à l'endroit cette fois-ci - autour de laquelle les comploteurs sont réunis. Dans l'espoir d'arriver à voir leur visage et capter leurs paroles, j'évolue donc sur les poutres épaisses mais fragiles et vermoulues avant d'enfin me positionner agilement, à quatre pâtes, deux mètres au-dessus d'eux.

- Je récapitule donc : demain à midi, un festin sera organisé pour précéder la signature de l'accord de paix au palais. Pendant que des danseuses du ventre divertiront la foule, Lhou Lhou s'occupera de verser un poissant poison dans la jarre de vin que le Sultan prendra pour remplir le gobelet de la reine Vivi. Au moment où cette-dernière portera le verre à sa bouche, j'interviendrai pour lui arracher le poison des mains et le ferai boire à son gouteur, accusant le Sultan d'être responsable de l'attentat quand le pauvre commencera à s'étouffer. Sauvant la vie de la reine en me dressant contre le plan machiavélique de mon monarque, celle-ci sera obligée d'admettre ma bonne foi et mettre le souverain derrière les barreaux. Le Grand Vizir marque une pause, déplaçant ses mains sur la table, le regard vrillé sur l'homme encapuchonné dont les traits me rappellent étrangement quelque chose de familier, bien que je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Pendant ce temps, toi Phume-masigareth tu t'occuperas de faire battre en retraite mes garnisons clandestines postées à Katorea et Nanohana, dont l'ordre est, je rappelle, de provoquer un maximum de chaos pour incriminer davantage le Sultan. Tu prétexteras que je t'ai mis au courant du plan d'action de Djahad ce qui te vaudra de recevoir des honneurs auprès de la reine et m'appuyer comme le prochain prétendant au trône... une fois que j'aurai signé moi-même le traité de paix. Hé hé hé. conclut finalement l'homme patibulaire, l'oeil brillant mais la mine toujours sombre.

- J'imagine bien que tu as une dernière preuve que le prince est bien derrière tout ça, quelque part dans ta manche ? Je préfère ne pas prendre trop de risques, tu sais... intervient alors le fameux Phume-masigareth dont le visage ne me laisse définitivement pas de marbre.

En réponse à cela, Mabhoul sort alors un drôle d'objet qu'il place au centre de la table, un gros coquillage dont la partie supérieure est visiblement segmentée, agissant comme un bouton à l'instant où il vient la presser.

- Je... ? Vous êtes sûr ? T-très bien... J-je vais conquérir Alabasta et prendre la place de la Reine Vivi ! Hahaha hahaha ! C'est... c'était bien ?

Le Sultan ? C'était la voix du Sultan ? Je reste hébétée devant la stupidité des aveux, comment peut-on être à la tête d'un pays tout entier et être aussi idiot ? A froid, avec du recul, une telle déclaration ne peut que faire l'objet d'un quolibet mais à chaud, juste après les événements, l'enregistrement pourrait aussi bien faire l'effet d'une bombe, d'une énième preuve inculpant la responsabilité du Sultan.

- Quant à moi je-

Crack.

Je hausse un sourcil de stupeur, zieutant froidement la poutre sous mes pieds qui ne semble plus pouvoir supporter mon poids, se craquelant progressivement et ne me permettant pas de faire un seul mouvement supplémentaire.

- Ah... zut. s'exprime la voix au fond de moi.

Renvoyant le regard vers la tablée des conspirateurs, je remarque avec effroi que les énergumènes ont les yeux rivés sur moi. Un long silence soutenu accompagne l'expression hébétée sur leur visage, stoppés net par la surprise d'avoir un visiteur inattendu. Finalement je m'essaye à prendre la tangente, déplaçant mon centre de gravité vers la gauche mais la poutre apparente sur laquelle je me déplace ne semble plus pouvoir supporter le poids excédentaire de mon postérieur davantage.

CRAAACKK !

Le morceau de bois massif se détache soudain, m'envoyant bouler grossièrement dans le vide. Par instinct, j'essaye d'atténuer ma chute avec le Geppou mais mini-Anna intervient aussitôt dans ma tête.

- Abstiens-toi !

M'effectuant, inerte, je chute lourdement sur le plancher et me déboite douloureusement l'épaule de fait. Elle avait raison, il valait mieux que je me contienne et éviter d'utiliser le Rokushiki, des fois qu'ils seraient au courant de ce que c'est et le relieraient au Cipher Pol. Si je me montrais assez faible, ils pourraient tout aussi bien affecter plus tard la disparition du fils Mabhoul à la présence du Contre-Amiral à mes côtés, le jour précédent. Mieux valait qu'ils croient à cela plutôt qu'ils ne suspectent le gouvernement et si je devais être amenée à être capturée, mieux valait leur faire croire que je n'étais qu'une petite fouine lambda. Pour le moment, ça aurait probablement l'effet de me laisser la vie sauve, s'il leur prenait l'idée de me sous-estimer.

- C'est elle ! Elle nous a suivis, mais... comment ? vient hoqueter la gouvernante en me voyant.

- Peu importe, nous devons nous en débarrasser. répond le conspirateur tout en sortant de sous sa cape un gigantesque sabre qu'il vient me pointer sous le nez. Il aurait fallu la faire disparaître tôt ou tard, de toutes manières.

Avachie sur le sol, je redresse néanmoins le menton en direction du Grand Vizir.

- Vous auriez tort de me tuer. souris-je, ne pouvant malgré tout empêcher mon insolence.

- Ferme-la grognasse ! Qu'attends-tu pour la tuer ?!

Jaugeant la situation, le militaire finit néanmoins par se rétracter au bout d'une dizaine de secondes, suscitant l'incompréhension de la blondasse tandis que le troisième personnage continue, de son côté, à rester dans l'ombre sans rien dire, toujours assis à la même place.

- Non, elle a raison, elle me sera bien plus utile vivante. répond-t-il en plissant les yeux malicieusement. Cela va faire longtemps que je dois régler une dette à un vieil ami... une dette de sang.

Soudain, l'air environnant semble se remplir d'une fine poudre rose sortie de nulle part qui vient se déposer sur moi, sans plus d'explications. Surprise, je ne cherche même pas à couper ma respiration pour éviter d'inhaler les particules volantes.

- Que...

Ma vision se trouble alors, les forces dans mon cou qui me permettent de garder la tête haute faiblissent et mon regard se couvre progressivement d'un voile noir. Une poudre soporiphique... ? Comment s'y était-il pr...

* Black Out *

Une douleur vive au niveau du ventre vient soudainement me tirer d'un sommeil sans songes aussi soudain qu'inattendu. Petit à petit, les sensations reviennent dans mes extrémités, précédant l'ouverture de ma paupière qui tarde à réagir. Il fait chaud, je sens les rayons du soleil irradier ma peau alors que l'air qui pénètre mes narines a une drôle d'odeur de brûlé. La bouche pâteuse, je relâche un mélange âcre de sable et de poussière en toussant et en crachant. L'habituel QQOQCP interrogatif vient former une multitude de questions dans mon crâne avant que je n'arrive enfin à ouvrir l'oeil pour remarquer près - trop près - de ma trombine le visage buriné par le soleil d'un type vêtu d'une tenue orientale au regard sadique.

- La belle au bois dormant s'est enfin réveillée ! Hé hé hé.

Cherchant instinctivement à bouger, je me rends alors compte que mes mains et mes pieds sont liés et que je suis solidement attachée à des crochets fixés à même la paroi du mur contre lequel mon corps est étendu... en petite tenue. Mon regard s'étend finalement autour de moi pour découvrir le ciel orangé de l'aurore et, plus loin, un grand feu crépitant.

- Où suis-je ? murmuré-je d'une voix faiblarde.

- Nulle part. Tu devrais plutôt demander ce que je vais te faire, pwha haha ! Tu es un présent, un cadeau d'un vieil ami et il m'a demandé de prendre bien soin de toi avant de partir.

Ponctuant la phrase du bandit, la douleur ressentie dans mes abdominaux à mon réveil se fait plus criarde. Je remarque alors des hématomes çà et là, expliqués par la barre à mine que l'homme tient dans ses mains. Ne pouvant m'empêcher d'avoir l'air pitoyable, je demande alors au monstre la question qu'il attend impatiemment que je pose :

- Qu'allez-vous faire de moi ?

Le gusse explose de rire, dévoilant ses chicots pourris et sa langue de vipère. Son visage est exécrable et j'espère bien pour lui qu'il ne me manquera pas lorsqu'il décidera de me tuer, car l'envie puissante et entêtante de l'ajouter à la liste de mes monstres ne cesse de tambouriner dans mon crâne. Avant même qu'il ne l'aie dit, j'ai déjà imaginé le pire scénario qui n'est pas si loin de la réalité.

- Ton corps est à moi, je vais en profiter... par tous les moyens...

Il empoigne alors plus fermement son arme pour me l'envoyer dans les côtes, me faisant cracher un filet de sang la seconde d'après.

- Mais avant de savourer sa viande il faut bien l'affermir. Pwha haha haha !


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Mar 29 Déc 2015 - 18:05, édité 1 fois
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Dans la merde. J’étais la merde…

- « MAIS DÉGAGE DE LA ! C’EST MOI QUI L’AIE INVITÉ ! SORCIÈRE ! PROFITEUSE ! MAITRE DITES-LUI VOUS ! »

- « NON MAIS TU T’ENTENDS PARLER ?! L’AMIRAL N’EST PAS TON JOUET ! ET J’AI LE DROIT DE LUI CAUSER QUAND ET COMME JE VEUX, SALE NEUNEU ! »


A peine étions nous rentrés dans le palais Cloclo et moi que nous étions tombés sur l’inévitable Nina. Une fille bien sous ses coutures aux premiers abords, mais qui s’avérait être en fait une sale peste derrière. Pour avoir fréquenté un nombre incalculable de femmes, je pouvais me targuer de bien connaitre les pimbêches de son genre. Pimbêche pas si mal que ça d’ailleurs. Niveau sex-appeal en tout cas, elle surpassait la sympathique Cloclo, ça c’est clair. Le genre de meuf qu’on prendrait volontiers dans un recoin sombre pendant une bonne demi-heure. Sauf que voilà, aussi chieuse soit-elle, Nina n’en demeurait pas moins une princesse de sang royal qu’il me fallait ne pas toucher au risque de finir prince sans m’en rendre compte moi-même. L’idée était peut-être tentante, mais j’avais déjà une autre chieuse de première catégorie dans mon cœur. Fallait d’ailleurs que je pense à savoir où elle était en ce moment même et si durant ces trois ans, elle n’avait pas fini par se fiancer voire même se marier ; ce qui, je ne vous le cache pas, me fendrait très certainement le cœur. Mais en attendant, l’objectif pour moi était de séparer ces deux furies qui avaient chopé l’un de mes bras chacune et qui me tiraient violemment de leur côté. Limite un écartèlement, j’vous jure. Sauf que voilà… Un ange ou plutôt un autre démon dans son genre fit son apparition :

- « EN VOILA DES MANIÈRES ! VEUILLEZ CESSEZ IMMÉDIATEMENT CE RAFFUT, PETITES SOTTES ! »

La pire calamité qui pouvait m’arriver : Soso Nefertari. Mère de Cloclo, d’ailleurs et accessoirement, tante (Ou cousine, je ne savais plus trop) de Nina. Une bavarde renommée dans tout Alabasta et que je craignais assez. Il ne pouvait pas y avoir pire situation possible qu’être aux côtés de cette femme. Ceci dit, son intervention avait eu le mérite de calmer la tempête autour de moi, car les deux filles s’étaient immédiatement adoucies. L’une s’était mise à geindre et l’autre ne faisait que pousser des jurons, toujours en s’accrochant à mon bras qu’elle ne voulait clairement pas lâcher. Dur d’être un beau gosse parfois… « Nina chérie, aurais-tu l’obligeance de lâcher le Seigneur Fenyang ? Il me semblait d’ailleurs que ton père te cherchait à propos des préparatifs de demain. Tu dois accorder une danse au sultan, n’est-ce pas ? » Nina se mit à rougir de colère. Même si elle savait pertinemment que c’était archi-faux, elle ne pouvait infirmer ouvertement les dires de sa tante. Aussi pesta-t-elle une bonne fois pour toutes, avant de me lâcher et de quitter les lieux en claquant exagérément ses talons sur le sol ; non sans rouler exagérément des hanches pour mette en valeur un cul bien rebondi que je me gardai bien de reluquer trop longtemps. Il ne fallait pas se faire mal voir. Cloclo, quant à elle était en larmes et voyait de loin la sentence qui lui était réservé :

- « Dans ta chambre ! »

- « Jamais de la vie ! Je te déteste toi et tous les autres ! JE VOUS DÉTESTE ! »


Le tout s’était joué en deux phrases entre mère et fille et cette dernière en larmes, finit par s’enfuir sans que je ne puisse faire grand-chose. Sans doute quittait-elle le palais encore une fois. Je voulus la retenir, mais Soso racla « poliment » sa gorge pour m’en dissuader. Et lorsque je me retournai vers elle, la quadragénaire avait un sourire qui en disait long : J’étais sa proie ce soir. Sauf que malgré sa joliesse, ce bout de femme ne me disait rien, mais vraiment. Je me gardai donc de soupirer et m’avançai vers elle, histoire de saisir l’une de ses mains et effectuer un baisemain. Geste qui la charma, puisque Soso se crut obligée de l’ouvrir comme d’habitude : « Veuillez excusez le comportement de ces filles. Elles sont encore si jeunes… Oh ! Pas ce sourire s’il vous plait ! Holala, amiral ! Toujours aussi galant… » Si elle savait ce qui m’en coutait que d’être obséquieux sur le coup, elle serait déçue ! Mais il ne fallait rien retranscrire. Plutôt jouer le jeu et laisser faire les choses. Les occasions ne manqueraient pas pour m’échapper. Que m’étais-je dit. Sauf que je me tapai deux heures avec elle. Après un énième repas. Le troisième de la soirée tiens. Mais plutôt que bouffer comme un porc, j’avais bu plus que de raison. Je m’étais réfugié dans l’alcool si on veut, tant elle était ennuyante à parler sans jamais prendre de pause. Et enfin, une occasion se présenta :

- « Oh ? Je ne vous l’avais pas dit ? Le sultan voud- »

- « Désolé de vous interrompre Soso, mais pourriez-vous m’indiquez le chemin des toilettes ? »


Peu glamour, je l’avoue, mais toujours est-il qu’elle me l’indiqua bien volontiers, tout en trouvant pertinent de me préciser qu’elle m’attendrait ici. Ouais ouais. Elle pouvait courir ! Elle n’allait plus m’avoir. Foi de Fenyang ! Je me réfugiai donc dans les toilettes et je pris mon temps pour vider ma vessie. Mais alors que je fis remonter ma braguette après avoir fini, mes yeux se posèrent sur l’escargophone portatif que j’avais au poignet. Mes pensées affluèrent aussitôt vers l’enquêtrice qui depuis le matin, ne m’avait donné aucune nouvelle. En deux temps trois mouvements, j’étendis mon haki autour du palais pour m’assurer qu’Elizabeth était dans les parages… Mais après une minute de concentration, je dus me faire à l’idée qu’elle n’était pas dans le coin. C’est à ce moment précis que je me souvins que le sultan logeait ici aussi, dans ce grand palais. Il n’y avait plus qu’à aller le voir et me renseigner comme il faut. Lorsque je quittai donc les toilettes, j’eus la chance de rencontrer une servante qui m’indiqua rapidement les quartiers du souverain. Et ce n’est qu’en m’y rendant que je tombai sur une blonde que je jurai avoir déjà vu ! Intrigué par ce spécimen, je la suivis prudemment et la vis rentrer dans la demeure du sultan d’où une vive discussion éclata aussitôt. Adossé sur un pilier tout près, je fis une fois de plus usage de mon haki pour mieux les épier :

- « Alors ? Tu l’as retrouvé ? »

- « Non, malheureusement. Sa majesté ne devrait cependant pas s’en faire. Mamou mettra tout en œuvre pour la retrouver au plus vite. Gardez espoir. »

- « NON ! PAS ENCORE ! PAS ELLE ! »


J’entendis un bruit. Comme si le sultan s’était jeté sur son lit. Puis des pleurs. De gros pleurs de pourri gâté. De mon côté, j’observais sereinement l’horizon, bras croisés sur mon torse, toujours adossé au pilier derrière moi. L’enquêtrice avait été ici, mais elle avait finalement disparu. Il y avait quelque chose qui clochait, sérieusement. Je pouvais toquer à la porte et me renseigner, mais mon petit doigt me disait d’attendre, de patienter. La p’tite blonde se mit à chanter une chansonnette. Elle devait border le gros bébé, puisque pas plus tard que cinq minutes, les pleurs cessèrent et je sentis le souffle du sultan se calmer. Il dormait paisiblement à présent. Eh ben ! Il était gâté, ce jeunot. Mais pas le temps de penser à lui, puisque la blondasse sortit de la chambre en pestant : « Tu vas voir sale gamin ! Je vais plutôt m’assurer qu’elle est bien six pieds sous terre, cette putain de salope qui pense que remuer son gros cul suffit à appâter tous les hommes ! Tchh ! » Démarche sulfureuse et exagérée -C’est à croire qu’elles aiment toutes remuer du popotin dans cette ville, ou que je me faisais des idées…- et voilà la grognasse qui part en direction opposé. J’étais tenté de l’arrêter, mais là encore, je ne pus m’y résoudre. Mon instinct me l’interdisait formellement. Alors, plutôt que de l’aborder, j’allais la suivre en toute discrétion. On allait bien voir ce que ça allait donner…
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Trente minutes plus tard, nous étions en dehors de la capitale, entrain de progresser dans le désert et ses rudes conditions. Elle devant, moi derrière. Avec un écart de trois à quatre cent mètres bien entendu, vu que je la filais précautionneusement. La direction qu’elle prenait ne faisait aucun doute : Nanohana. Ce qui me faisait penser qu’elle et ses acolytes avaient eu le temps de kidnapper Eliz’ et de l’envoyer là-bas pour des raisons obscures. Au vu de la réaction du sultan, il ne faisait aucun doute que ce dernier n’avait rien à voir avec tout ça. Il était trop bon, trop doux, trop niais, trop con même. J’eus un soupir et je continuai de la suivre discrètement. Le cheval que j’avais « emprunté » appartenait à l’un des gardes du palais royal et faisait largement l’affaire. Avec le savoir-faire que j’avais acquis en une année ici, j’étais devenu un cavalier pro et l’équitation n’avait plus aucun secret pour moi-même dans ces conditions exécrables. Ceci dit, ce sont ces mêmes conditions-là qui me trahirent malgré le chèche que j’avais porté, puisqu’un éternuement me prit par surprise -Avec toute cette brise, difficile de ne pas prendre froid même pour les plus aguerris du désert- ; ce qui malgré la distance, attira l’attention de la jeune blondasse que je suivais. Celle-ci en se retournant et en voyant ma silhouette au sommet d’une dune, se mit à cavaler encore plus fort pour me fuir.

Sans chercher à comprendre. Enfin, bonne réaction dira-t-on.

- « Qu’est-ce que tu te reproches, babe ? » Me murmurais-je.

J’eus un rire. Vu que j’étais grillé, il n’y avait plus rien à faire. Il me fallait la rattraper et la cuisiner comme j’en avais l’habitude. A partir de ce fait, une course-poursuite s’engagea. Pendant près d’une bonne demi-heure. J’avais réussi à réduire la distance, mais elle avait toujours une bonne longueur d’avance. Du coup, fourbe comme je l’étais et n’ayant plus trop le choix vu que nous n’étions plus qu’à une heure quasiment de la ville de Nanohana, je dégainai mon sabre et provoquai une lame de vent en un seul mouvement. Le projectile que j’avais généré les survola en à peine quelques secondes et s’écrasa à cinq petits mètres devant eux, provoquant une explosion conséquente qui effraya aussitôt le cheval. Paniqué, celui-ci cabra dangereusement ce qui ne manqua pas de faire tomber sa cavalière, avant de continuer à galoper dans un autre sens. La pauvre femme qui s’était faite mal en tombant, réussit à se lever avec un peu de difficulté et commença à pousser des jurons envers l’animal qui fuyait loin d’elle. Mais à peine voulait-elle faire un pas en avant, que la blondasse sentit dans son dos ma présence imposante. Immédiatement, elle s’immobilisa. Pour ma part, je ricanais doucement et caressais tranquillement la tête de mon destrier. J’avais dans l’idée de la suivre jusqu’à sa destination, mais le destin en a voulu autrement. Tant pis.

- « Je peux vous accompagner si vous voulez… »

Même pas le temps de réagir -pour un lambda en tout cas- que l’humaine se retourna et enchaina sur un coup de pied qui faillit nous faire valser à des mètres plus loin si je n’avais pas eu le bon réflexe de la contrer à l’aide de mon épée rangée dans son fourreau. L’impact du coup nous balaya quand même sur deux ou trois petits mètres, mais le cheval se redressa in-extrémis et je dus le calmer rapidement pour ne pas qu’il se rue n’importe où. Lorsqu’il fut un poil plus serein, je descendis de ma monture et soupirai bruyamment : J’avais affaire à un gros calibre. Et le pire, c’est qu’il s’agissait d’une femme. Du moins à première vue. Et les bastons contre les femmes, ça ne me réussissait jamais. Ou presque. « Allons allons. Ne soyez pas si violente voyons ! Je ne vous veux aucun m- » Même pas le temps de finir ma phrase que la blonde se rua vers moi pour enchainer coups de pieds sur coups de pieds. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle était plutôt rapide. Si j’arrivais à esquiver sans trop de mal, je ne pouvais pas en placer une. Ou plutôt, je ne voulais pas du tout, vu les ouvertures assez flagrantes qu’elle me laissait et dont elle n’avait pas vraiment conscience. Et puis, grand classique, un poignard émergea de l’une de ses chaussures et me laissa une jolie et longue estafilade sur la joue gauche. Balafre gratos qui fit même sourire la pétasse devant moi.

- « Niark ! Je t’ai eu enf-…. VOUS ! »

Oui parce qu’en plus de m’avoir coupé, la jeune femme ne m’avait pas du tout reconnu malgré la lune qui éclairait bien notre champ de bataille et tout. Enfin, faut dire qu’avec le chèche que j’avais porté -et qui était maintenant déchiqueté au niveau du côté gauche-, il y avait de quoi ne pas me reconnaitre. Ma gueule la fit trembler, mais un sursaut d’orgueil (ou de peur ?) la poussa à continuer à m’assaillir d’attaques qui me disaient vaguement quelque chose. Hormis le fait que Satoshi, le célèbre corsaire utilisait ce genre de techniques basé sur des coups de pieds dans sa jeunesse, j’avais la nette impression de l’avoir déjà vu quelque part. Ses coups devinrent accessoirement plus violents, si bien qu’en contrant l’un d’eux avec mon avant-bras, elle faillit me le casser, carrément. En lieu et place, j’avais maintenant un gros bleu sur le membre. Lasse de voir ses attaques déviées ou évitées, la gouvernante me sortit de son espèce de kimono deux dagues. Et la bataille continua de plus belle. Pendant au moins dix minutes, je me contentai d’éviter ses offensives, sans répliquer. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle me lessiva complètement puisqu’au sortir de ce énième enchainement, j’avais mes vêtements déchirés de toutes parts, ainsi que le corps en sueur et en sang. La blondasse avait eu la chance de me toucher à plusieurs reprises sans toutefois atteindre un point vital.

- « Bon… Ça suffit ! »

Un geste. Il n’avait suffi que d’un geste à l’aide de mon sabre pour qu’un vent violent s’abattre sur la jeune garce qui fit un vol plané de plusieurs mètres, avant de retomber lourdement et piteusement au sol. J’y étais allé un peu fort, mais je perdais du temps à ne pas vouloir la cogner. C’était la vie d’Elizabeth qui était en jeu. Je me rapprochai tout doucement de mon adversaire, pendant que cette dernière essayait de se relever sans trop de succès. Elle devait s’être brisée quelque chose. J’étais désolé, mais elle l’avait bien cherché. Ce n’est qu’une fois à ses côtés que l’impensable se produit : Sa perruque blonde tomba et laissa place à une calvitie bien avancé. Gros beug sur le coup. Si bien que nous restâmes figés pendant quelques secondes, à se regarder l’un l’autre, avant que je n’avance rapidement ma lame vers l’un des pans de sa robe bizarre qui glissait le long de son épaule droite. Je l’écartai rapidement et mes yeux tombèrent… Sur un torse d’homme. Ma mine d’abord pantoise se froissa du tout au tout. De la surprise, je passais doucement à la colère. J’avais l’impression qu’on s’était foutu de ma gueule. « Qu’il » s’était complètement foutu de ma gueule. C’est dès lors que je pus mettre un nom sur son art martial ignoble que je me disais bien avoir déjà vu quelque part : L’Okama Kenpo. Rien que ça ! De quoi me mettre définitivement hors de moi…

- « ALORS, TU M’EXPLIQUES, PETIT CON ?! »

Question rhétorique, hé.

- « JE SUIS UN HOMME ! ÇA S’VOIT PAS ?! »


Même le ton de sa voix avait changé du tout au tout.

Il n’y avait plus besoin de me retenir. Sur ce constat, je passai alors à tabac le sale travelo. A l’aide du retour à la vie, j’avais grossi mes poings que j’abattais farouchement sur l’homme qui se faisait passer pour une femme. Il réussit à se relever avec sa gueule toute amochée et ensanglantée, essaya de riposter pour mieux fuir, mais rien à faire. J’encaissais non seulement ses attaques sans rien sentir, mais je répliquais deux fois plus fort, si bien qu’en moins de trente minutes, le combat à sens unique prit fin. J’avais presque éclaté son visage. Il avait les lèvres et le pif pétés, des dents en moins et les yeux horriblement gonflés, sans oublier son arcade sourcilière ouverte qui saignait abondamment. J’avais pris le soin de lui briser un bras ainsi qu’un pied en petits morceaux. Autant dire qu’il était à moitié mort, ce sale pervers. « Maintenant, raconte-moi tout. Où se trouve la concubine du sultan ? Et qu’est-ce que tu mijotes depuis ? » Complètement terrorisé par ma mine sinistre et par le long sabre que je me mis à dégainer lentement, l’okama dépassa sa douleur et se mit à tout m’avouer dans les grandes lignes. La séquestration d’Elizabeth qui les épiait en plein milieu du désert, dans un camp de forbans, le complot machiavélique du grand vizir et la participation secrète d’un membre de la famille royale : Plume. Cerise sur le gâteau : Sa jalousie envers Elizabeth qui l'avait poussé à reprendre le chemin du désert à dos de cheval.

Jalousie incompréhensible, d'ailleurs.

De quoi me choquer pendant un bon moment…

Avant que je ne fasse volte-face pour me diriger vers mon cheval qui m’attendait dans son coin : Rechercher Elizabeth devenait primordial.

- « AIDJE MWA… GNE MEUH LAICHE PAS CHEULE ! EN PLUSH, TCHU CHAIS PAS OU ILS CHONT ! »

- « T'en fais pas. J'ai confiance en mes compétences. D’ailleurs, dis coucou aux chacals qui arrivent… »


En effet, une meute affamée s’approchait lentement vers elle. Attirés par l’odeur de sang sans doute. Et pendant que l’okama me suppliait, moi je partais au galop. Il n’y avait plus de temps à perdre…
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Après une bonne heure de recherche, j’étais enfin tombé sur le camp de fortunes dont l’okama m’avait parlé. Et j’étais à présent certain que l’enquêtrice se trouvait là. Mon mantra couvrait toute la zone et même au-delà et c’était d’ailleurs en mode sonar que je m’étais déplacé dans le désert, ce qui m’avait permis de dénicher l’endroit. A l’horizon, l’aurore pointait le bout de son nez. Il me fallait faire vite. Et bien. Le temps pressait et de ce que mon fluide me permettait de discerner, il n’y avait pas moins d’une cinquantaine de bandits. Du boulot en perspective. Décidément, cette salope ne m’avait pas permis de chômer : Entre les gamines pourries gâtées, la mère bavarde, la recherche d’indices, la filature et la course-poursuite dans le désert, la baston qui suivit, la recherche de ce camp et maintenant la bataille à venir, autant dire que j’avais bossé. J’aurai bien voulu dire que j’avais fait tout ça pour rien, mais le complot que je comptais bien évidemment faire échouer, ne me le permettait pas. Et puis, n’eut été notre rencontre fortuite, j’allais passer à côté de quelque chose. Quelque part donc, elle méritait amplement que je sauve son gros cul.


***Deux minutes plus tard, du côté des soldats***


- « Bwahahaha ! J’suis sûr que le patron est en train de se mettre bien ! »

- « Bah ouais, mate le boule qu’on nous a ramené ! Une étrangère en plus ! Y’a pas moyen qu’il s’ennuie, mec ! D'ailleurs, il nous a promis qu’on y passerait tous ! On va lui faire un gros tchi tchi à cette nana, hahahahaha ! »

- « Ouaaaaaaah, ça à l’air d’être un chouette programme ! »

- « Évidemment que ça l’est ! Pas tous les jours qu’on peut enculer une étrangère ! M-MAIS T’ES QUI T- »


Même pas le temps de finir sa phrase que je l’avais joyeusement décapité. Et les autres à côté. J’avais cru être discret, mais un mec qui revenait avec des tasses en fer cria et sonna l’alarme par la même occasion. Galère ! Mais au moins, ça m’éviterait de tous les chercher et de les buter en deux temps trois mouvements. Et comme je l’avais prévu, c’était ce qui se passa. Une vingtaine d’hommes se rua bêtement sur moi, mais tel un ange de la mort, je les vainquis tous, sans trop d’efforts à fournir. Ceci dit, je m’étonnai de mon sang froid. Fut un temps où je m’interdisais de tuer, même mes ennemis. Là, je leur arrachais la tête comme si c’était normal. En même temps, c’était plus simple. Je n’étais pas un extrémiste qui pensait qu’un homme mauvais ne pouvait pas du tout changer, mais l’expérience m’avait assez démontré qu’une raclure restait une raclure. Et puis, pas le temps de faire des prisonniers, sans oublier que je n’avais pas envie de laisser des survivants pour qu’ils songent un peu plus tard à me rattraper pour se venger. Ce genre de situations m’énervait passablement. Le cas de Reda et de sa bande était un exemple assez concret.


*** Au même moment, du côté du boss ***


- « Mais qu’est-ce qui se passe de l’autre côté ?! Héééé ! Mais où est-ce que vous fuyez BANDE DE LÂCHES ?! »

Alors que le chef du groupe était sur le point de « conclure son affaire » vu comment il tenait piteusement son sexe, il entendit comme tous les autres l’alarme et les cris d’agonie qui suivirent. L’affaire aurait pu en rester là, sauf qu’il voyait le reste de ses hommes détaler du côté opposé. Paniqué, il regarda l’albinos devant lui avec un gros regret au cœur pendant une bonne minute, réalisant qu’il avait eu tort de la taper ou de prendre tout son temps, puis il commença à revêtir maladroitement son slip dégueulasse. Alors qu’il voulut enfin enfiler son pantalon, il entendit une voix. Une voix masculine qui chantonnait et qui se rapprochait de leur position. Sans se faire prier, l’homme saisit une arme à feu et voulut contourner l’une des nombreuses tentes dressées, mais un coup de poing venu de nulle part écrasa son gros pif et l’envoya valser à dix mètres plus loin, ravageant au passage plusieurs tentes çà et là. L’homme qui lui décocha un punch fit enfin son apparition avec un sourire moqueur aux lèvres. Et cet homme-là n’était autre que moi-même, le grand Alheïri, dans toute sa splendeur. Un homme que le chef des lieux n’aurait jamais imaginé croiser.

- « T’as une sale tronche, toi. Mais même malgré ça, t’es diablement sexy. Il comptait te faire quoi, là ? Te niquer bien profond ? Remarque, avec les fringues qu’il t’a foutues, ça se comprend… »


Bien entendu, je n’adhérais pas du tout au viol, mais là, je n’avais pas pu m’empêcher de me foutre un peu de sa gueule. Pauvre femme. Tout le monde voulait la baiser. Moi, mon frère, le sultan, les bandits du désert ET p’être même le cheval attaché pas loin qui matait la scène. Entre ses seins ridiculement moulés dans un débardeur trop court, trop transparent et une petite culotte à rayures qui mettait en valeur ses hanches évasées, il faut dire qu’il y avait de quoi vouloir en profiter. Je m’approchai d’elle alors qu’elle était toujours accrochée à un mur d’une maisonnée à moitié détruite, avant d’éclater de rire pendant une bonne minute. Puis je rompis les liens qui la tenait captive, avant de la réceptionner et de la plaquer contre moi. Pendant ce temps, le chef de la bande s’était relevé et s’était courageusement rapproché vers nous. Lorsqu’il nous vit, il eut un cri. Pas du tout d’effroi en voyant ma gueule hein. Mais de déception. Comme si je lui ravissais son jouet, quelque chose comme ça. D’ailleurs, il n’y avait qu’à voir comment ses petites jambes l’avaient lâché et comment sa mine retranscrivait son dépit pour le comprendre…

- « Ooooh ? T’es déçu ? Tu pleures pas pour tes camarades que j’ai tué, t’es pas du tout effrayé par ma gueule, mais t’es chagriné parce que j’te vole ton trophée ? »

Il y eut comme un sadisme latent qui me remua les tripes. J’allais complètement achever ce putain de numéro qui semblait avoir un problème avec les priorités. Du coup, je dirigeai le gros derche d’Elizabeth vers sa direction, avant de commencer à le remuer dans tous sens pendant près d'une bonne trentaine de secondes ! Le gars, devant mon p'tit tripotage se mit à pleurer. Et là, j’eus un fou rire, au point de lâcher ma poupée gonflable pour agripper mon ventre. Mon Dieu ! On m’avait jamais fait un truc pareil ! Mais c’est que même dans mon hilarité, le mec n’en démordit pas puisqu’il se mit à courir vers la jeune femme. Ceci dit, c’était sans compter mon intervention puisque je réussis à lui trancher le crane comme du beurre, avant de remuer ma tête de droite à gauche. Même pas plus fort que ses larbins. Pitoyable. A croire que même dans cet ère, il existait toujours des imposteurs de son genre. Pour le sauvetage du prince sur son cheval blanc et tout, on pouvait repasser ! D’ailleurs, c’est sur cette pensée que je me retournai vers l’enquêtrice. J'le sentais qu'elle allait m'en vouloir, mais peu m'importait.

- « Faut qu’on cause gamine. T’avais complètement raison. Et c’est grave. Cherche un truc à bouffer et à boire, des vêtements pendant que je raconte tout ce que je sais. On a dix minutes chrono et après, on se casse d’ici pour regagner la capitale. »

Le ton était redevenu sérieux, impérieux. Plus de temps à perdre.


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mer 20 Jan 2016 - 19:49, édité 1 fois
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Je... Je... Quoi ?

Retrouvant progressivement mes esprits et luttant contre les douleurs qui m'assaillent là où des hématomes gigantesques recouvrent ma peau, je peine malgré tout à assimiler les dernières longues minutes durant lesquelles le Contre-Amiral - cet individu détraqué et malsain - avait tout bonnement profité de ma faiblesse pour violer mon intimité. Disposant de mon corps dans le but d'éveiller chez l'enrubanné une frustration maladive, le gusse s'était appliqué à me peloter ça et là et était même allé jusqu'à m'écarter les cuisses devant le bandit pour le faire enrager de n'avoir pu butiner ma fleur et le pousser au vice.. avant de lui trancher la tête. Autant dire qu'au moment où il m'avait finalement reposée à terre, retirant ses sales pattes de mon corps, la nausée était telle que j'étais à deux pas de gerber la bile que je sentais remonter trop facilement dans mon œsophage. Arrivant finalement à me redresser, je décroche quelques mots tout en dardant sur lui un regard noir explicite :

- Ne me touche plus. Jamais.

Les poings serrés, je me demande alors ce qui m'empêche de braver les interdits pour en finir avec l'énergumène, là, maintenant. Cependant, outre le fait que le type soit un haut-gradé de la Marine et un Fenyang de surcroît, je me dis que vue la façon avec laquelle il a réussi à se débarrasser des criminels environnant, il ne laisse planer aucun doute - notamment après mes dernières défaites - que l'attaquer relèverait du pur suicide. Alors, conservant ma rancune en mon for intérieur tout en espérant que j'aurai l'occasion de me venger tôt ou tard, je préfère me déplacer vers les tentes renversées dans l'espoir d'y trouver eau, nourriture et vêtements comme il me l'a préconisé.

Dix minutes. Le repos est de courte durée et les vivres que je découvre se révèlent rapidement immangeables. Et si tout semble alors pâteux avec un arrière-goût acre et acide, la cause ne semble pourtant pas être la qualité de la nourriture, légèrement défraichie, mais bien cette envie constante de dégobiller mes tripes à chaque instant. Ayant connu pire, cependant, j'arrive malgré tout à recouvrer assez de forces, dans le délai imparti, pour rejoindre le sale type patientant devant son cheval. Et alors que celui-ci grimpe et me tend ultimement sa main, m'invitant à le rejoindre et à me coller à son dos pour ne pas tomber durant la chevauchée, une goutte de sueur vient soudainement perler le long de mon front tandis que je demeure stoïque pendant une longue minute.

- Pas avec toi. fais-je tout en tournant sur moi-même, à la recherche d'un autre canasson.

Mais assez promptement je dois me rendre à l'évidence : les autres montures ont fuit pendant le grabuge et il ne reste plus que celle-là, fidèle à son maitre, hennissant à mon approche. Alors, tandis que je me vois contrainte d'accepter et de grimper en selle, une idée malveillante émerge dans mon esprit. Et c'est finalement après avoir fait plusieurs dizaines de mètres, le cheval au galop, que je viens glisser brusquement ma main droite dans le pantalon de l'officier, profitant de son inaptitude à lâcher les rennes pour proférer mes menaces. Serrant enfin les bijoux de famille dans le creux de ma paume, j'estime qu'il est de bon ton de jouer à mon tour avec son honneur.

- Et maintenant, qu'est-ce que ça fait lorsque quelqu'un s'amuse comme ça avec son intimité, hein ? Fais-je tout en rapprochant mes lèvres de l'esgourde du bonhomme, soudainement transi par la surprise. J'ai le pouvoir de t'énucléer d'un moment à l'autre et si tu ne m'étais pas utile pour la suite, comprends bien que je l'aurais déjà fait. Ah et puisqu'on y est, sache que je ne suis pas l'une des putes que tu as l'habitude de culbuter mais un agent du gouvernement, alors réfléchis-y à deux fois la prochaine fois que tu veux toucher à mon entrejambe.

Resserrant une dernière fois ma poigne sur la dignité du Fenyang, source de mon ascendant temporaire, je relâche finalement la pression avant de ressortir mon avant-bras du falzar du conducteur et le renouer autour de son ventre. Nous voilà désormais quittes. Le cœur un peu plus léger, je me surprends même à sourire et faire preuve d'une malsaine complicité avec l'oriental, allant jusqu'à poser délicatement ma tête contre son immense dos vouté par le mouvement. Étrangement réveillée par cette ultime confession, je me rappelle alors ce vers quoi nous nous dirigeons ainsi que pourquoi nous faisons route à triple galop à travers ce coin perdu du désert, à quelques heures d'Alubarna. Alors, comme pour combler le silence régnant en maître dans les terres arides aussi bien qu'entre l'officier - dont l'esprit semble pour le moins embrumé - et moi, je conclus finalement :

- Et maintenant que les pendules sont à l'heure, allons déjouer le complot et sauver le Sultan !
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Se saisir de mon pénis et me menacer ? Elle n’était pas la première et ne serait certainement pas la dernière à tenter le coup. D’ailleurs, sa prise était trop faible, trop molle à mon gout pour que les menaces et la manière ne titillent mon égo. Seul un sourire flottait. Un gros pervers lui aurait tout simplement éclaboussé sa pauvre petite paluche. Ni plus, ni moins.

Gamine trop peu aguerrie. Elle avait oublié les caractéristiques même du haki qu’elle développait et que je lui avais décrit. Son intention malsaine ? Je l’avais vu senti. Je l’avais vu venir. Futur immédiat. Et malgré tout, je n’avais pas bougé, pas cillé. Rien. Sinon à quoi aurait servi mon sauvetage ? A quedal. Surtout si j'avais réagi du tac au tac en lui portant un coup qui aurait pu s'avérer mortel.

Là où je fus cependant choqué, c’est lorsqu’elle m’avoua enfin ce qu’elle me cachait depuis le début de toute cette mascarade : Agent du gouvernement hein ? Ça se tenait. Et si mon père n’avait pas pu avoir d’infos sur elle, nul doute que j’avais affaire non pas à une bureaucrate, mais à un CP. Là encore, mon intuition avait fait mouche : Elle ressemblait trop à Shaïness.

Tout s’expliquait maintenant.

- « Bien reçu. T’es pas une pute et j’me garderai d’écarter tes fesses, agent gouvernemental. Sur ce, allons sauver ce royaume, nfufufufu ! »

Plus que le fait de m’avoir énervé, je pourrai même dire qu’elle m’avait légèrement émoustillé. Sale n’est-ce pas ? Et pourtant… C’était comme avec Nina. Les vilaines filles m’attiraient plus que les ingénues. Pas pour rien qu’il m’arrivait de claquer des sommes astronomiques dans des lupanars alors que je pouvais draguer des filles bien sous toutes leurs coutures. Eli’ me plaisait vraiment.

Vraiment beaucoup.

La laideur de son âme m’attirait, moi qui était pourtant une personne du bon côté de la ligne.

Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis.

Qu’on disait.

Juste après cette pensée, je sentis un nombre monstre d'hommes qui se dirigeait vers le camp visité par la mort. De notre position, je pouvais entendre les mots, cris de rage et autres pleurs de ces arrivants grâce à mon mantra. Le reste des bandits ? Sans doute. C'est dire que nous avions échappé à une bataille supplémentaire. Et nous étions trop loin pour qu'ils puissent nous rattraper et se venger...
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