Ce tournant dans ma vie me fait apprécier celle-ci d’une toute autre manière. Depuis que j’ai décidé de tourner la page sur la Marine, d’autres choses, bonnes comme mauvaises, sont venues agrémenter ma misérable existence. Pourquoi je dis ça ? Car malgré les hauts et les bas, et oui, par le manque d’argent notamment, je « m’amuse » enfin. Après, l’amusement est une notion très relative je me dis. Certains tuent, volent et j’en passe alors que pour ma part, rien que de ne plus avoir d’ordres à recevoir ou d’hommes à envoyer à l’abattoir ont pu laisser place, l’opportunité plutôt, à cet « amusement » de surgir. Pour être concret, la dernière je me suis rendu à un spectacle de danseuses, ce fût très amusant. Car oui, lorsque l’on est Marine, il est assez difficile de se livrer à ce genre d’activités. Si j’ai envie de flanquer une rouste ? Pas de problèmes ! L’envie de flirter avec une belle femme ? Aucuns soucis non plus. Quand j’en discute avec les frères et sœurs, ils me disent que la Marine m’a empêché de vivre comme je le souhaite, et que les choses auxquelles je me livre avec bonheur forment « la vie ». Et pourtant, en réfléchissant à tout ça, être soldat fait beaucoup réfléchir et te donne un bon aspect de celle-ci. Déjà, tu es quand même discipliné envers tes semblables. Ensuite, être au génie ça aide à côtoyer des personnes avec un minimum de niveau intellectuel. Je ne sous entends pas par là une quelconque superioté. Juste que, discuter de sujets plus pointus que de ce qu’on a mangé la veille est, je pense, plus enrichissant. Je me rends compte qu’à chaque fois que je dois effectuer un long trajet tout seul en mer, je me lance inévitablement dans ces monologues internes. Et puis, c’est surtout pour faire abstraction de la pluie torrentielle qui s’abat avec fracas sur le maigre toit en tôle au-dessus de la barque m’a confectionné mon cher frère menuisier. Et encore, je n’ai pas sa maitrise pour ce qui est d’une quelconque installation de bois ou autres matériaux. La preuve, cette dite protection est tellement branlante et laisse échapper de sinistres bruits aigu. En plus de ça, la nuit approche de plus en plus et ce n’est pas avec ma petite loupiote que j’y verrais grand-chose. Ma destination n’est plus très loin, je pense l’apercevoir au loin. Où je vais, il y a ce que je désire le plus. La quintessence du plaisir sucré, je parle bien sûr du jus, le jus de fruit. Vu l’horreur que l’on m’a servi l’année dernière à Cocoyashi quand j’ai dû enquêter sur cette affaire insensée, l’affaire De Ville, mon mécontentement vis-à-vis de ce qu’on m’a vanté sur l’ile en question atteint d’astronomiques proportions. D’ailleurs, j’aimerais savoir ce que devient ce bougre de Myosotis !
C’est que le silence environnant est particulièrement pesant. Au loin, j’aperçois les lumières abondantes du Royaume de Luvneel. Pourquoi une telle destination ? Car l’on m’a, encore une fois vanté, et j’espère cette fois ci ne pas me tromper, la qualité des fruits aux Santagricoles de Sigurd Dogaku. A la base, l'affaire appartenait à Santa Klaus, qui proposait des produits absolument exquis. J’ai donc tenté de me renseigner sur la personne en question, et les histoires à son sujet vont bon train. Notamment son exorbitante richesse qui s’étend sur une bonne partie du Royaume. Et ce n’est pas tout ! Ce Dogaku est aussi connu pour le dégout qu’il porte envers la Révolution qui s'incruste sur son île ainsi que le Gouvernement qui le presse pour cracher des impôts aux sommes mirobolantes. Sans oublier que d'autres ragots traineraient comme quoi le Cipher Pol le filerait. Mais bon, si l'organisme aurait voulu l'avoir, ils l'auraient fait depuis déjà des lustres. Je trouve ça quand même étrange de ne pas avoir eu vent d’un tel personnage pendant mes années de service. Mais le plus croustillant, le plus sombre, le plus… calme toi Lawrence, c’est que sans ses fameux pistolets, le célèbre homme d’affaire n’est plus qu’un petit vermisseau. Si il y vraiment quelqu'un dont je dois me méfier dans son entourage Ça tombe bien au cas où il voudrait m’arnaquer pour de sombres raisons. Mais loin de moi cette idée de nuire à un tel homme, surtout si l’envie lui prendrait de me coller une balle sous le menton. Et voilà, plus que quelques mètres, cependant les remous de plus en plus violents font pénétrer de l’eau dans mon embarcation. Et merde… ma tunique est trempée et la loupiote éteinte… Ça va mal finir, je vais finir éclaté contre les rochers à l’allure où la barque fonce vers le rivage tout en valdinguant et zigzaguant sur les petites vagues. Vite, je dois réunir mes affaires ! Les flingues, les lunettes même si je ne les mets presque plus. Et oui, il y a un jour où il faut assumer sa tête. Je consulte ma bourse afin de savoir si je pourrais amarrer mon petit bateau dans un endroit digne de confiance et…la réponse est non. A l’intérieur du petit sac de toile se trouve de quoi louer une chambre pour un voir de- non, une nuitée. Impossible de se stabiliser, j’essaie de rallumer la lanterne en vain. C’est la fin, je vais finir noyé je ne sais où, à part si….
-A L’AIIIIDE ! QUE QUELQU’UN VIE-
-OOOOH ! QU’EST C’QUI VOUS PREND ?
Quel miracle, une voix, toute proche de moi en plus ! Une lumière s’allume, laissant deviner un homme se trouvant sur… la berge ?! Alors je suis tout près ? Je sens un bruit sourd résonner tout près de moi, un grappin ! Mince alors, me voilà trainé vers le bord par l’homme en question. C’est un homme assez vieux, avec un air rabougri. Il relève sa lampe afin de m’illuminer mais ne se doute pas que celle-ci peut, dans une certaine éventualité, sensibiliser ma rétine vu l’obscurité dans laquelle j’ai voyagé.
-Et bien tchô ? Quelle folie vous a pris ?
-Bonsoir, je ne voyais pas le r-
-Nin grave, nin grave ! V’z’êtes sur le port de Norland !
-M-merci, connaissez-vous un endroit où je pourrais sécher mes vêtements et dormir l’esprit tranquille ?
Alors que je range soigneusement mes affaires tout en montant sur la terre ferme, l’homme porte une main à son menton pour lever les yeux au ciel.
-Hum… Laissez-moi réfléchir… Loup noir c’doit être blindé, essayez L’baraque d’Norland !
-Pardon ?
-Ouais, c’est pôr là, v’prenez tout droit, tournez à gauche, droite, gauche e-
-Et droite ?
-Nin, gauche. Et pour vot’ bidule, v’pouvez l’laisser lô ! C’min bout ici. J’aime bin venir ici l’soir pour mater l’horizon…
-Mais... il fait noir pourtant, que regardez-vous ? Hmpf, et puis laissez tomber, merci encore à vous. Auriez-vous de la poix, par hasard ?
-Hinhin, t’nez.
J’alimente ma lanterne et prends le chemin indiqué par le vieux loup de mer. Dehors, on n’entend que le bruit de mes pas et la silhouette de l’ancien s’affine peu à peu. Après une courte marche dans la pénombre, j’arrive devant ce qui semble être…un trou à rat. Vu mon pouvoir d’achat, je ne peux plus faire marche arrière et je suis bien trop épuisé. Trêve de balivernes, j’entre. Tout comme dehors, l’intérieur est bien vide et bien silencieux, à croire que l’homme de tout à l’heure a dû jauger d’un rapide coup d’œil le contenu de ma besace. Au comptoir, une vieille dame bien décrépie, de dos. J’avance jusqu’à elle et, étonnement, celle-ci ne daigne même pas se retourner. Peut-être est-elle… ? Pas le temps, je veux pouvoir m’allonger et sécher ce que je porte sur le dos.
*PAF*
Du poing, je frappe sur le comptoir pour attirer son attention mais rien du tout. Aucunes réactions, la dame reste retournée à faire je ne sais quoi. Précédé d’un raclement de gorge, je me lance.
-MADAME !?
Ah, j’anticipe un léger mouvement ! Ca y est, Hourra ! Elle se retourne et me fixe d’un regard totalement vide, accompagné de rétines totalement vitreuses.
-Ouuuui…. ?
-Bonsoir, une chambre s’il vous plait. Et de quoi m’allumer un feu je vous prie.
-Pardooon… ?
-UNE CHAMBRE ET DU BOIS POUR LE FEU JE VOUS PRIE, MERCI !
-Hum ? Ouuuui…
D’une lenteur à rider les géants d’Erbaf, celle-ci attrape une clé ainsi qu’un petit sac de ce qui semble être des brindilles sous le comptoir. Le sac en ma possession, je dépose des berrys sur le comptoir et ensuite prend la clé tendue dans la main de la vieille femme en lâchant un « Merci ». Et c’est avec stupeur que celle-ci décide ne pas lâcher la clé.
-Et le meeerci ?
-MERCI ! Enquiquineuse va.
-En haut à drooooite…
Pas la peine de répondre à cette croulante, ma patience à des limites et l’eau suintant de mes vêtements et de ma tignasse n’a que pour don celui de me faire perdre patience. Je me dépêche de monter, m’enferme dans ma chambre et me déshabille en vitesse. J’allume un feu avec la maigre quantité de branches et autres composants inconnus et je m’allonge dans ce misérable lit.
C’est décidé, allons tester les agrumes de ce fameux Dogaku dès demain, on verra si ils sont à la hauteur de l'ex patron.
[...]
Quelle mauvaise nuit, impossible de dormir plus de deux heures d'affilées. A peine je fermais l'œil que j'entendais des grattements derrière les murs et des bruits de petites pattes contre le mesquin plancher. Si je serais quelqu'un de cruel, j'aurais repris mon argent sans hésitation. Bref, au moins, mes affaires ont séchées mais je suis dans un de ces coltard... Espérons qu'il n'y aura pas de surprises quand j'arriverais au Santagricole. Depuis le temps où j'ai posé les pieds ici je ne me souviens plus très bien du chemin à prendre. Heureusement, le port est assez animé ce matin et le temps est appréciable. Mais avant, afin de ne pas avoir de surprises, je retourne à l'endroit où j'ai laissé ma barque pour être sur de pouvoir repartir tranquillement. Il ne me faut pas longtemps pour retourner au même endroit et me sentir très vite soulagé. L'embarcation est toujours là et, en plus, le vieil homme d'hier aussi. Celui-ci me remarque immédiatement et me fait signe.
-Hey g'min ! Bien dormi ? Hinhin..
-J'ai souvent vu pire mais j'ai déjà vu mieux, disons. Dites moi, savez-vous où se trouve le Santagricole de Sir Dogaku ?
-El' Santa' ? C'est qu'M'sieur a envie de fruits héhé, v'srez pô déçu ! En plus, 'pouvez même rencontrer le patron !
Je sors une carte de l'île de ma poche, achetée au préalable avant mon voyage, que l'homme annote avec ce qui semble être un petit fusain. D'un signe, je le remercie et commence à prendre le chemin indiqué. Ce que j'ai faim, l'état de la taverne d'hier soir ne me donnait vraiment pas envie de manger ne serait-ce qu'un morceau de pain venant de ce taudis. Les borborygmes s'amplifiant de plus en plus, laissant parfois les gens se retourner à mon passage, je marche de plus en plus vite vers la boutique d'agrumes afin de m'exploser la panse. Rien que d'imaginer les énormes oranges et pamplemousses à la couleur bien vive, laissant échapper leur abondant et délicieux jus en un minuscule petit coup de couteau.
L'homme de tout à l'heure m'a bien expliqué la route et le tracé sur la carte est assez clair. Plus que quelques minutes et ce sera bon ! Les rues sont assez animées, les gens parlent entre eux, on entend les gérants des boutiques alpaguer les passants pour vendre leurs produits. Bref, une ambiance que je pourrais qualifier de "bon enfant". Au fur et à mesure que j'avance, je me rends compte que la boutique n'est plus très loin. Passant quelques rues en observant les quelques stands de nourriture laissant échapper de délicieux parfums, je me force à tenir bon. Une dernière fois, je me munie de la carte et c- Et bien, me voilà déjà au bout de la rue où se trouve Le Santa'. En quelques pas, j'arrive devant la boutique relativement imposante. La porte est poussée, laissant retentir une petite note de musique. Au comptoir, une jolie jeune femme assez peu vêtue.
-Bonjour ! Que puis-je pour vous ?
-Bonjour... Hum, deux oranges je vous prie.
-D'accord, ce sera tout ?
-Pour le moment, oui. Merci
La minette part dans l'arrière boutique et revient quelques instants plus tard. Dans un fin sachet en carton, celle-ci dépose deux magnifiques oranges. Magnifiques tout comme ses... Lawrence, il faut vraiment que tu arrêtes. J'aminci encore une fois ma besace et dépose l'argent demandé devant la jeune femme. En la remerciant, je me retourne et sors de la boutique en vitesse. J'ai trop faim. D'un rapide coup d'œil, je trouve un endroit où m'asseoir le temps de déguster ces fameux fruits.
Me voilà confortablement installé et, je me saisis d'une des oranges pour déposer le sac à mes pieds pour commencer à enfoncer mes doigts dans la peau afin d'arracher celle-ci. Vu le geyser de jus m'ayant arrosé les mains, un bon présage s'annonce. Sans réfléchir, je porte un large bout à ma bouche et commence à mâcher frénétiquement et.... quelle fût ma surprise. Cet agrume est tout simplement fade ! Mais quelle arnaque, la petit va m'entendre. Venir jusqu'ici dans la galère juste pour cette horreur.
J'y retourne et pousse la porte qui claque contre le mur. Rapidement, la femelle de toute à l'heure rapplique, avec de grands yeux ronds.
-Mo- Monsieur ?! Que puis-je faire po-
Je sors les oranges du sac en carton qu'elle m'a donné juste avant pour en presser une dans ma main sous le coup de la colère.
-Vous voyez ?! C'que vous m'avez vendu, c'est dégueulasse !
-Pardon ? Mais.. tout nos clients sont satisfait de n-
-Mais Mais Mais... C'est inadmissible ! Le patron est ici ?!
-Je-
Je lui fais peur je pense. Ce n'est pas dans mon habitude mais servir un fruit de mauvaise qualité à un tel adorateur que moi, c'est un crime très grave.
-RAMENEZ MOI LE PATRON !
C’est que le silence environnant est particulièrement pesant. Au loin, j’aperçois les lumières abondantes du Royaume de Luvneel. Pourquoi une telle destination ? Car l’on m’a, encore une fois vanté, et j’espère cette fois ci ne pas me tromper, la qualité des fruits aux Santagricoles de Sigurd Dogaku. A la base, l'affaire appartenait à Santa Klaus, qui proposait des produits absolument exquis. J’ai donc tenté de me renseigner sur la personne en question, et les histoires à son sujet vont bon train. Notamment son exorbitante richesse qui s’étend sur une bonne partie du Royaume. Et ce n’est pas tout ! Ce Dogaku est aussi connu pour le dégout qu’il porte envers la Révolution qui s'incruste sur son île ainsi que le Gouvernement qui le presse pour cracher des impôts aux sommes mirobolantes. Sans oublier que d'autres ragots traineraient comme quoi le Cipher Pol le filerait. Mais bon, si l'organisme aurait voulu l'avoir, ils l'auraient fait depuis déjà des lustres. Je trouve ça quand même étrange de ne pas avoir eu vent d’un tel personnage pendant mes années de service. Mais le plus croustillant, le plus sombre, le plus… calme toi Lawrence, c’est que sans ses fameux pistolets, le célèbre homme d’affaire n’est plus qu’un petit vermisseau. Si il y vraiment quelqu'un dont je dois me méfier dans son entourage Ça tombe bien au cas où il voudrait m’arnaquer pour de sombres raisons. Mais loin de moi cette idée de nuire à un tel homme, surtout si l’envie lui prendrait de me coller une balle sous le menton. Et voilà, plus que quelques mètres, cependant les remous de plus en plus violents font pénétrer de l’eau dans mon embarcation. Et merde… ma tunique est trempée et la loupiote éteinte… Ça va mal finir, je vais finir éclaté contre les rochers à l’allure où la barque fonce vers le rivage tout en valdinguant et zigzaguant sur les petites vagues. Vite, je dois réunir mes affaires ! Les flingues, les lunettes même si je ne les mets presque plus. Et oui, il y a un jour où il faut assumer sa tête. Je consulte ma bourse afin de savoir si je pourrais amarrer mon petit bateau dans un endroit digne de confiance et…la réponse est non. A l’intérieur du petit sac de toile se trouve de quoi louer une chambre pour un voir de- non, une nuitée. Impossible de se stabiliser, j’essaie de rallumer la lanterne en vain. C’est la fin, je vais finir noyé je ne sais où, à part si….
-A L’AIIIIDE ! QUE QUELQU’UN VIE-
-OOOOH ! QU’EST C’QUI VOUS PREND ?
Quel miracle, une voix, toute proche de moi en plus ! Une lumière s’allume, laissant deviner un homme se trouvant sur… la berge ?! Alors je suis tout près ? Je sens un bruit sourd résonner tout près de moi, un grappin ! Mince alors, me voilà trainé vers le bord par l’homme en question. C’est un homme assez vieux, avec un air rabougri. Il relève sa lampe afin de m’illuminer mais ne se doute pas que celle-ci peut, dans une certaine éventualité, sensibiliser ma rétine vu l’obscurité dans laquelle j’ai voyagé.
-Et bien tchô ? Quelle folie vous a pris ?
-Bonsoir, je ne voyais pas le r-
-Nin grave, nin grave ! V’z’êtes sur le port de Norland !
-M-merci, connaissez-vous un endroit où je pourrais sécher mes vêtements et dormir l’esprit tranquille ?
Alors que je range soigneusement mes affaires tout en montant sur la terre ferme, l’homme porte une main à son menton pour lever les yeux au ciel.
-Hum… Laissez-moi réfléchir… Loup noir c’doit être blindé, essayez L’baraque d’Norland !
-Pardon ?
-Ouais, c’est pôr là, v’prenez tout droit, tournez à gauche, droite, gauche e-
-Et droite ?
-Nin, gauche. Et pour vot’ bidule, v’pouvez l’laisser lô ! C’min bout ici. J’aime bin venir ici l’soir pour mater l’horizon…
-Mais... il fait noir pourtant, que regardez-vous ? Hmpf, et puis laissez tomber, merci encore à vous. Auriez-vous de la poix, par hasard ?
-Hinhin, t’nez.
J’alimente ma lanterne et prends le chemin indiqué par le vieux loup de mer. Dehors, on n’entend que le bruit de mes pas et la silhouette de l’ancien s’affine peu à peu. Après une courte marche dans la pénombre, j’arrive devant ce qui semble être…un trou à rat. Vu mon pouvoir d’achat, je ne peux plus faire marche arrière et je suis bien trop épuisé. Trêve de balivernes, j’entre. Tout comme dehors, l’intérieur est bien vide et bien silencieux, à croire que l’homme de tout à l’heure a dû jauger d’un rapide coup d’œil le contenu de ma besace. Au comptoir, une vieille dame bien décrépie, de dos. J’avance jusqu’à elle et, étonnement, celle-ci ne daigne même pas se retourner. Peut-être est-elle… ? Pas le temps, je veux pouvoir m’allonger et sécher ce que je porte sur le dos.
*PAF*
Du poing, je frappe sur le comptoir pour attirer son attention mais rien du tout. Aucunes réactions, la dame reste retournée à faire je ne sais quoi. Précédé d’un raclement de gorge, je me lance.
-MADAME !?
Ah, j’anticipe un léger mouvement ! Ca y est, Hourra ! Elle se retourne et me fixe d’un regard totalement vide, accompagné de rétines totalement vitreuses.
-Ouuuui…. ?
-Bonsoir, une chambre s’il vous plait. Et de quoi m’allumer un feu je vous prie.
-Pardooon… ?
-UNE CHAMBRE ET DU BOIS POUR LE FEU JE VOUS PRIE, MERCI !
-Hum ? Ouuuui…
D’une lenteur à rider les géants d’Erbaf, celle-ci attrape une clé ainsi qu’un petit sac de ce qui semble être des brindilles sous le comptoir. Le sac en ma possession, je dépose des berrys sur le comptoir et ensuite prend la clé tendue dans la main de la vieille femme en lâchant un « Merci ». Et c’est avec stupeur que celle-ci décide ne pas lâcher la clé.
-Et le meeerci ?
-MERCI ! Enquiquineuse va.
-En haut à drooooite…
Pas la peine de répondre à cette croulante, ma patience à des limites et l’eau suintant de mes vêtements et de ma tignasse n’a que pour don celui de me faire perdre patience. Je me dépêche de monter, m’enferme dans ma chambre et me déshabille en vitesse. J’allume un feu avec la maigre quantité de branches et autres composants inconnus et je m’allonge dans ce misérable lit.
C’est décidé, allons tester les agrumes de ce fameux Dogaku dès demain, on verra si ils sont à la hauteur de l'ex patron.
[...]
Quelle mauvaise nuit, impossible de dormir plus de deux heures d'affilées. A peine je fermais l'œil que j'entendais des grattements derrière les murs et des bruits de petites pattes contre le mesquin plancher. Si je serais quelqu'un de cruel, j'aurais repris mon argent sans hésitation. Bref, au moins, mes affaires ont séchées mais je suis dans un de ces coltard... Espérons qu'il n'y aura pas de surprises quand j'arriverais au Santagricole. Depuis le temps où j'ai posé les pieds ici je ne me souviens plus très bien du chemin à prendre. Heureusement, le port est assez animé ce matin et le temps est appréciable. Mais avant, afin de ne pas avoir de surprises, je retourne à l'endroit où j'ai laissé ma barque pour être sur de pouvoir repartir tranquillement. Il ne me faut pas longtemps pour retourner au même endroit et me sentir très vite soulagé. L'embarcation est toujours là et, en plus, le vieil homme d'hier aussi. Celui-ci me remarque immédiatement et me fait signe.
-Hey g'min ! Bien dormi ? Hinhin..
-J'ai souvent vu pire mais j'ai déjà vu mieux, disons. Dites moi, savez-vous où se trouve le Santagricole de Sir Dogaku ?
-El' Santa' ? C'est qu'M'sieur a envie de fruits héhé, v'srez pô déçu ! En plus, 'pouvez même rencontrer le patron !
Je sors une carte de l'île de ma poche, achetée au préalable avant mon voyage, que l'homme annote avec ce qui semble être un petit fusain. D'un signe, je le remercie et commence à prendre le chemin indiqué. Ce que j'ai faim, l'état de la taverne d'hier soir ne me donnait vraiment pas envie de manger ne serait-ce qu'un morceau de pain venant de ce taudis. Les borborygmes s'amplifiant de plus en plus, laissant parfois les gens se retourner à mon passage, je marche de plus en plus vite vers la boutique d'agrumes afin de m'exploser la panse. Rien que d'imaginer les énormes oranges et pamplemousses à la couleur bien vive, laissant échapper leur abondant et délicieux jus en un minuscule petit coup de couteau.
L'homme de tout à l'heure m'a bien expliqué la route et le tracé sur la carte est assez clair. Plus que quelques minutes et ce sera bon ! Les rues sont assez animées, les gens parlent entre eux, on entend les gérants des boutiques alpaguer les passants pour vendre leurs produits. Bref, une ambiance que je pourrais qualifier de "bon enfant". Au fur et à mesure que j'avance, je me rends compte que la boutique n'est plus très loin. Passant quelques rues en observant les quelques stands de nourriture laissant échapper de délicieux parfums, je me force à tenir bon. Une dernière fois, je me munie de la carte et c- Et bien, me voilà déjà au bout de la rue où se trouve Le Santa'. En quelques pas, j'arrive devant la boutique relativement imposante. La porte est poussée, laissant retentir une petite note de musique. Au comptoir, une jolie jeune femme assez peu vêtue.
-Bonjour ! Que puis-je pour vous ?
-Bonjour... Hum, deux oranges je vous prie.
-D'accord, ce sera tout ?
-Pour le moment, oui. Merci
La minette part dans l'arrière boutique et revient quelques instants plus tard. Dans un fin sachet en carton, celle-ci dépose deux magnifiques oranges. Magnifiques tout comme ses... Lawrence, il faut vraiment que tu arrêtes. J'aminci encore une fois ma besace et dépose l'argent demandé devant la jeune femme. En la remerciant, je me retourne et sors de la boutique en vitesse. J'ai trop faim. D'un rapide coup d'œil, je trouve un endroit où m'asseoir le temps de déguster ces fameux fruits.
Me voilà confortablement installé et, je me saisis d'une des oranges pour déposer le sac à mes pieds pour commencer à enfoncer mes doigts dans la peau afin d'arracher celle-ci. Vu le geyser de jus m'ayant arrosé les mains, un bon présage s'annonce. Sans réfléchir, je porte un large bout à ma bouche et commence à mâcher frénétiquement et.... quelle fût ma surprise. Cet agrume est tout simplement fade ! Mais quelle arnaque, la petit va m'entendre. Venir jusqu'ici dans la galère juste pour cette horreur.
J'y retourne et pousse la porte qui claque contre le mur. Rapidement, la femelle de toute à l'heure rapplique, avec de grands yeux ronds.
-Mo- Monsieur ?! Que puis-je faire po-
Je sors les oranges du sac en carton qu'elle m'a donné juste avant pour en presser une dans ma main sous le coup de la colère.
-Vous voyez ?! C'que vous m'avez vendu, c'est dégueulasse !
-Pardon ? Mais.. tout nos clients sont satisfait de n-
-Mais Mais Mais... C'est inadmissible ! Le patron est ici ?!
-Je-
Je lui fais peur je pense. Ce n'est pas dans mon habitude mais servir un fruit de mauvaise qualité à un tel adorateur que moi, c'est un crime très grave.
-RAMENEZ MOI LE PATRON !
Dernière édition par Lawrence Gargalen le Sam 19 Déc 2015 - 16:13, édité 1 fois