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Mais... C'est inadmissible !

Ce tournant dans ma vie me fait apprécier celle-ci d’une toute autre manière. Depuis que j’ai décidé de tourner la page sur la Marine, d’autres choses, bonnes comme mauvaises, sont venues agrémenter ma misérable existence. Pourquoi je dis ça ? Car malgré les hauts et les bas, et oui, par le manque d’argent notamment, je « m’amuse » enfin. Après, l’amusement est une notion très relative je me dis. Certains tuent, volent et j’en passe alors que pour ma part, rien que de ne plus avoir d’ordres à recevoir ou d’hommes à envoyer à l’abattoir ont pu laisser place, l’opportunité plutôt, à cet « amusement » de surgir. Pour être concret, la dernière je me suis rendu à un spectacle de danseuses, ce fût très amusant. Car oui, lorsque l’on est Marine, il est assez difficile de se livrer à ce genre d’activités. Si j’ai envie de flanquer une rouste ? Pas de problèmes ! L’envie de flirter avec une belle femme ? Aucuns soucis non plus. Quand j’en discute avec les frères et sœurs, ils me disent que la Marine m’a empêché de vivre comme je le souhaite, et que les choses auxquelles je me livre avec bonheur forment « la vie ». Et pourtant, en réfléchissant à tout ça, être soldat fait beaucoup réfléchir et te donne un bon aspect de celle-ci. Déjà, tu es quand même discipliné envers tes semblables. Ensuite, être au génie ça aide à côtoyer des personnes avec un minimum de niveau intellectuel. Je ne sous entends pas par là une quelconque superioté. Juste que, discuter de sujets plus pointus que de ce qu’on a mangé la veille est, je pense, plus enrichissant. Je me rends compte qu’à chaque fois que je dois effectuer un long trajet tout seul en mer, je me lance inévitablement dans ces monologues internes. Et puis, c’est surtout pour faire abstraction de la pluie torrentielle qui s’abat avec fracas sur le maigre toit en tôle au-dessus de la barque m’a confectionné mon cher frère menuisier. Et encore, je n’ai pas sa maitrise pour ce qui est d’une quelconque installation de bois ou autres matériaux. La preuve, cette dite protection est tellement branlante et laisse échapper de sinistres bruits aigu. En plus de ça, la nuit approche de plus en plus et ce n’est pas avec ma petite loupiote que j’y verrais grand-chose. Ma destination n’est plus très loin, je pense l’apercevoir au loin. Où je vais, il y a ce que je désire le plus. La quintessence du plaisir sucré, je parle bien sûr du jus, le jus de fruit. Vu l’horreur que l’on m’a servi l’année dernière à Cocoyashi quand j’ai dû enquêter sur cette affaire insensée, l’affaire De Ville, mon mécontentement vis-à-vis de ce qu’on m’a vanté sur l’ile en question atteint d’astronomiques proportions. D’ailleurs, j’aimerais savoir ce que devient ce bougre de Myosotis !

C’est que le silence environnant est particulièrement pesant. Au loin, j’aperçois les lumières abondantes du Royaume de Luvneel. Pourquoi une telle destination ? Car l’on m’a, encore une fois vanté, et j’espère cette fois ci ne pas me tromper, la qualité des fruits aux Santagricoles de Sigurd Dogaku. A la base, l'affaire appartenait à Santa Klaus, qui proposait des produits absolument exquis. J’ai donc tenté de me renseigner sur la personne en question, et les histoires à son sujet vont bon train. Notamment son exorbitante richesse qui s’étend sur une bonne partie du Royaume. Et ce n’est pas tout ! Ce Dogaku est aussi connu pour le dégout qu’il porte envers la Révolution qui s'incruste sur son île  ainsi que le Gouvernement qui le presse pour cracher des impôts aux sommes mirobolantes. Sans oublier que d'autres ragots traineraient comme quoi le Cipher Pol le filerait. Mais bon, si l'organisme aurait voulu l'avoir, ils l'auraient fait depuis déjà des lustres. Je trouve ça quand même étrange de ne pas avoir eu vent d’un tel personnage pendant mes années de service. Mais le plus croustillant, le plus sombre, le plus… calme toi Lawrence, c’est que sans ses fameux pistolets, le célèbre homme d’affaire n’est plus qu’un petit vermisseau. Si il y vraiment quelqu'un dont je dois me méfier dans son entourage Ça tombe bien au cas où il voudrait m’arnaquer pour de sombres raisons. Mais loin de moi cette idée de nuire à un tel homme, surtout si l’envie lui prendrait de me coller une balle sous le menton. Et voilà, plus que quelques mètres, cependant les remous de plus en plus violents font pénétrer de l’eau dans mon embarcation. Et merde… ma tunique est trempée et la loupiote éteinte… Ça va mal finir, je vais finir éclaté contre les rochers à l’allure où la barque fonce vers le rivage tout en valdinguant et zigzaguant sur les petites vagues. Vite, je dois réunir mes affaires ! Les flingues, les lunettes même si je ne les mets presque plus. Et oui, il y a un jour où il faut assumer sa tête. Je consulte ma bourse afin de savoir si je pourrais amarrer mon petit bateau dans un endroit digne de confiance et…la réponse est non. A l’intérieur du petit sac de toile se trouve de quoi louer une chambre pour un voir de- non, une nuitée. Impossible de se stabiliser, j’essaie de rallumer la lanterne en vain. C’est la fin, je vais finir noyé je ne sais où, à part si….

-A L’AIIIIDE ! QUE QUELQU’UN VIE-

-OOOOH ! QU’EST C’QUI VOUS PREND ?

Quel miracle, une voix, toute proche de moi en plus ! Une lumière s’allume, laissant deviner un homme se trouvant sur… la berge ?! Alors je suis tout près ? Je sens un bruit sourd résonner tout près de moi, un grappin ! Mince alors, me voilà trainé vers le bord par l’homme en question. C’est un homme assez vieux, avec un air rabougri. Il relève sa lampe afin de m’illuminer mais ne se doute pas que celle-ci peut, dans une certaine éventualité, sensibiliser ma rétine vu l’obscurité dans laquelle j’ai voyagé.  

-Et bien tchô ? Quelle folie vous a pris ?

-Bonsoir, je ne voyais pas le r-

-Nin grave, nin grave ! V’z’êtes sur le port de Norland !

-M-merci, connaissez-vous un endroit où je pourrais sécher mes vêtements et dormir l’esprit tranquille ?
Alors que je range soigneusement mes affaires tout en montant sur la terre ferme, l’homme porte une main à son menton pour lever les yeux au ciel.

-Hum… Laissez-moi réfléchir… Loup noir c’doit être blindé, essayez L’baraque d’Norland !

-Pardon ?

-Ouais, c’est pôr là, v’prenez tout droit, tournez à gauche, droite, gauche e-

-Et droite ?

-Nin, gauche. Et pour vot’ bidule, v’pouvez l’laisser lô ! C’min bout ici. J’aime bin venir ici l’soir pour mater l’horizon…

-Mais... il fait noir pourtant, que regardez-vous ? Hmpf, et puis laissez tomber, merci encore à vous. Auriez-vous de la poix, par hasard ?

-Hinhin, t’nez.

J’alimente ma lanterne et prends le chemin indiqué par le vieux loup de mer. Dehors, on n’entend que le bruit de mes pas et la silhouette de l’ancien s’affine peu à peu. Après une courte marche dans la pénombre, j’arrive devant ce qui semble être…un trou à rat. Vu mon pouvoir d’achat, je ne peux plus faire marche arrière et je suis bien trop épuisé. Trêve de balivernes, j’entre. Tout comme dehors, l’intérieur est bien vide et bien silencieux, à croire que l’homme de tout à l’heure a dû jauger d’un rapide coup d’œil le contenu de ma besace. Au comptoir, une vieille dame bien décrépie, de dos. J’avance jusqu’à elle et, étonnement, celle-ci ne daigne même pas se retourner. Peut-être est-elle… ? Pas le temps, je veux pouvoir m’allonger et sécher ce que je porte sur le dos.

*PAF*

Du poing, je frappe sur le comptoir pour attirer son attention mais rien du tout. Aucunes réactions, la dame reste retournée à faire je ne sais quoi. Précédé d’un raclement de gorge, je me lance.

-MADAME !?

Ah, j’anticipe un léger mouvement ! Ca y est, Hourra ! Elle se retourne et me fixe d’un regard totalement vide, accompagné de rétines totalement vitreuses.  

-Ouuuui…. ?

-Bonsoir, une chambre s’il vous plait. Et de quoi m’allumer un feu je vous prie.

-Pardooon… ?

-UNE CHAMBRE ET DU BOIS POUR LE FEU JE VOUS PRIE, MERCI !

-Hum ? Ouuuui…

D’une lenteur à rider les géants d’Erbaf, celle-ci attrape une clé ainsi qu’un petit sac de ce qui semble  être des brindilles sous le comptoir. Le sac en ma possession, je dépose des berrys sur le comptoir et ensuite prend la clé tendue dans la main de la vieille femme en lâchant un « Merci ». Et c’est avec stupeur que celle-ci décide ne pas lâcher la clé.

-Et le meeerci ?

-MERCI ! Enquiquineuse va.

-En haut à drooooite…

Pas la peine de répondre à cette croulante, ma patience à des limites et l’eau suintant de mes vêtements et de ma tignasse n’a que pour don celui de me faire perdre patience. Je me dépêche de monter, m’enferme dans ma chambre et me déshabille en vitesse. J’allume un feu avec la maigre quantité de branches et autres composants inconnus et je m’allonge dans ce misérable lit.

C’est décidé, allons tester les agrumes de ce fameux Dogaku dès demain, on verra si ils sont à la hauteur de l'ex patron.

[...]

Quelle mauvaise nuit, impossible de dormir plus de deux heures d'affilées. A peine je fermais l'œil que j'entendais des grattements derrière les murs et des bruits de petites pattes contre le mesquin plancher. Si je serais quelqu'un de cruel, j'aurais repris mon argent sans hésitation. Bref, au moins, mes affaires ont séchées mais je suis dans un de ces coltard... Espérons qu'il n'y aura pas de surprises quand j'arriverais au Santagricole. Depuis le temps où j'ai posé les pieds ici je ne me souviens plus très bien du chemin à prendre. Heureusement, le port est assez animé ce matin et le temps est appréciable. Mais avant, afin de ne pas avoir de surprises, je retourne à l'endroit où j'ai laissé ma barque pour être sur de pouvoir repartir tranquillement. Il ne me faut pas longtemps pour retourner au même endroit et me sentir très vite soulagé. L'embarcation est toujours là et, en plus, le vieil homme d'hier aussi. Celui-ci me remarque immédiatement et me fait signe.

-Hey g'min ! Bien dormi ? Hinhin..

-J'ai souvent vu pire mais j'ai déjà vu mieux, disons. Dites moi, savez-vous où se trouve le Santagricole de Sir Dogaku ?

-El' Santa' ? C'est qu'M'sieur a envie de fruits héhé, v'srez pô déçu ! En plus, 'pouvez même rencontrer le patron !

Je sors une carte de l'île de ma poche, achetée au préalable avant mon voyage, que l'homme annote avec ce qui semble être un petit fusain. D'un signe, je le remercie et commence à prendre le chemin indiqué. Ce que j'ai faim, l'état de la taverne d'hier soir ne me donnait vraiment pas envie de manger ne serait-ce qu'un morceau de pain venant de ce taudis. Les borborygmes s'amplifiant de plus en plus, laissant parfois les gens se retourner à mon passage, je marche de plus en plus vite vers la boutique d'agrumes afin de m'exploser la panse. Rien que d'imaginer les énormes oranges et pamplemousses à la couleur bien vive, laissant échapper leur abondant et délicieux jus en un minuscule petit coup de couteau.
L'homme de tout à l'heure m'a bien expliqué la route et le tracé sur la carte est assez clair. Plus que quelques minutes et ce sera bon ! Les rues sont assez animées, les gens parlent entre eux, on entend les gérants des boutiques alpaguer les passants pour vendre leurs produits. Bref, une ambiance que je pourrais qualifier de "bon enfant". Au fur et à mesure que j'avance, je me rends compte que la boutique n'est plus très loin. Passant quelques rues en observant les quelques stands de nourriture laissant échapper de délicieux parfums, je me force à tenir bon. Une dernière fois, je me munie de la carte et c- Et bien, me voilà déjà au bout de la rue où se trouve Le Santa'. En quelques pas, j'arrive devant la boutique relativement imposante. La porte est poussée, laissant retentir une petite note de musique. Au comptoir, une jolie jeune femme assez peu vêtue.

-Bonjour ! Que puis-je pour vous ?

-Bonjour... Hum, deux oranges je vous prie.

-D'accord, ce sera tout ?

-Pour le moment, oui. Merci

La minette part dans l'arrière boutique et revient quelques instants plus tard. Dans un fin sachet en carton, celle-ci dépose deux magnifiques oranges. Magnifiques tout comme ses... Lawrence, il faut vraiment que tu arrêtes. J'aminci encore une fois ma besace et dépose l'argent demandé devant la jeune femme. En la remerciant, je me retourne et sors de la boutique en vitesse. J'ai trop faim. D'un rapide coup d'œil, je trouve un endroit où m'asseoir le temps de déguster ces fameux fruits.
Me voilà confortablement installé et, je me saisis d'une des oranges pour déposer le sac à mes pieds pour commencer à enfoncer mes doigts dans la peau afin d'arracher celle-ci. Vu le geyser de jus m'ayant arrosé les mains, un bon présage s'annonce. Sans réfléchir, je porte un large bout à ma bouche et commence à mâcher frénétiquement et.... quelle fût ma surprise. Cet agrume est tout simplement fade ! Mais quelle arnaque, la petit va m'entendre. Venir jusqu'ici dans la galère juste pour cette horreur.
J'y retourne et pousse la porte qui claque contre le mur. Rapidement, la femelle de toute à l'heure rapplique, avec de grands yeux ronds.

-Mo- Monsieur ?! Que puis-je faire po-

Je sors les oranges du sac en carton qu'elle m'a donné juste avant pour en presser une dans ma main sous le coup de la colère.

-Vous voyez ?! C'que vous m'avez vendu, c'est dégueulasse !

-Pardon ? Mais.. tout nos clients sont satisfait de n-

-Mais Mais Mais... C'est inadmissible ! Le patron est ici ?!

-Je-

Je lui fais peur je pense. Ce n'est pas dans mon habitude mais servir un fruit de mauvaise qualité à un tel adorateur que moi, c'est un crime très grave.

-RAMENEZ MOI LE PATRON !


Dernière édition par Lawrence Gargalen le Sam 19 Déc 2015 - 16:13, édité 1 fois
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-Mais si je vous dis qu’il n’est pas là !

-On ne me l’a fait pas. Avec une telle boutique, le chef se doit d’être présent.

A ce stade, je serais étonné de me faire rembourser. L’envie me titille d’aller voir en arrière-boutique pour éventuellement dénicher ce fameux boss et lui toucher deux mots. Je m’avance lentement, pas après pas tout en fixant la gente demoiselle qui, visiblement, n’a aucune envie de me laisser passer. C’est qu’elle est déterminée, à faire barrage à l’aide de son petit corps. Tout de même, je n’ai pas envie d’être violent avec la gente féminine, c’est extrêmement lâche. Et aussi, je n’ai pas envie d’abimer une si jolie boutique. Déjà que celle-ci me rappelle quand même d’agréables souvenirs mais surtout parce l’agencement est tout simplement beau. Le plancher est fait d’un bois très clair, les murs au vert si clair et un peu laiteux entre en parfaite adéquation avec le thème des fruits, en plus. Et ces rangées de basses armoires, remplies elles de fruits servant je pense, à décorer ne pourrait me rendre que triste à l’idée de tout saccager. Surtout que ce ne sont que des fruits, et que le patron se doit d’être au courant du mécontentement d’un client. Je n’ai plus aucun sou désormais, et la sensation que mon estomac s’auto-dévore est très dérangeante. Réfléchissons…que faire ? Le seul passage menant au fond du négoce est gardé par la demoiselle, limite en position de combat. Je ne vais pas non plus faire demi-tour et repartir, vu comment je me suis donné en spectacle… Mais d’ailleurs, en parlant de dégâts, c’est que j’ai abimé le mur derrière la po-

*BIIIM*

Outch, je l’ai pas senti arriver, celle-là. A peine tu prends le temps d’analyser les dégâts causés par une déferlante éphémère de colère que tu te prends un coup…de poêle ?! Elle a osé me mettre un coup de poêle ?! A la vitesse de l’éclair, je fais un tour sur moi-même et bombe le torse au maximum tout en plissant les lèvres et en adoptant un regard très en colère. C’est qu’elle est rapide pour s’être ruée sur moi tout en se munissant d’un tel instrument. Le coup de pression fonctionne, on dirait qu’elle se recroqueville sur elle-même en faisant un regard tristounet de peur que je riposte. Je lève la main pour…tendre l’index.

-Je vais passer. Que vous le vouliez ou non, jeune femme.

Mon assaillante fait mine de se reculer pour me laisser passer. Je m’avance d’un pas pour commencer à me rendre dans le fond de la salle quand soudain, je suis presque victime d’un nouveau coup en traitre. Si je me l’étais pris, s’en aurait été fini de moi. En effet, j’étais sur le point de me prendre un sacré coup de pied dans l’entrejambe. Mais heureusement que mes reflexes sont suffisamment aiguisés. Doucement, je lui saisit le talon pour l’envoyer valser sur le côté. Une vraie furie ma parole !

-Espèce de monstre ! Laissez-moi tranquille !

-Estimez-vous heureuse, je ne suis pas votre ennemi. J’ai juste besoin de toucher deux mots à votre supérieur. Maintenant, levez-vous.

Je la relève par le bras et la traine vers la sortie. La voilà dehors et me saisis d’un objet assez lourd pour coincer la porte histoire d’être tranquille. C’est qu’elle frappe déjà à la porte en criant diverses insultes et j’en passe. En plus, ce sont les clients qui commencent à doucement arriver. C’est qu’il est tôt mine de rien. Enfin, me voilà tranquille ! En y pensant je pourrais même me servir dans la réserve mais restons honnête. Il faut dire qu’après ce que je viens de faire, « rester honnête » est un bien grand terme. C’est que l’arrière-boutique n’est pas si vaste que ça. Pas mal de caisses sont alignées et entassées l’une sur l’autre, dont des oranges… Choisissons en une d’ailleurs, vu la mesquinerie que l’on m’a vendu. Il y en a une qui me fait bien envie. Bien grosse, la peau tendue à souhait, tout simplement parfaite. Allez, j’arrache sauvagement et commence à entamer la chair tout simplement divine et même pas acide en plus de ça. Quel bonheur, mais la question n’est pas là. Il y encore une pièce qui rallonge le côté caché du commerce. Et j’aurais dû m’en douter, la porte est bloquée. On ne va pas y aller par quatre chemins.

-Si il y a quelqu’un, ouvrez ! Sinon je défonce cette porte !

Espérons qu’il y au moins quelqu’un derrière, que je ne passe pas pour un fou. Mais je suis tout seul, enfin je pe- et puis merde.

-Si ça n’ouvre pas, je vais faire une razzia sur la réserve ! Soyez-en certain !

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Cela fait déjà quelques minutes que je suis tel un idiot la tête contre la porte, mon poids reposant quasiment sur celle-ci tout en déblatérant des menaces qui deviennent aussi volatiles qu’un moineau proche d’une détonation. Je réfléchis tout de même à comment procéder, l’option de l’enfonçage de la porte étant un peu malpoli et assez inopportun. Surtout quand on se remémore le motif de cette querelle insensée, je me dis quand même que j’ai encore le temps de faire demi-tour et oublier cette histoire en fauchant quelques fruits au passage histoire de m’offrir un déjeuner décent. Après tout, mieux vaut rester sur ses positions, c’est ce qui fait un homme apparemment. Je me retourne une dernière fois vers l’abondante réserve d’agrumes qui, vu le niveau de faim avalant littéralement mon estomac, attire inévitablement mon esprit. « Mange nous Lawrence, Maaaange nous ! » qu’ils me disent… Mais je suis fatigué de la nuit précédente et commence à partir un peu en vrille. Je dois me ressaisir et, en retournant un peu sur mes pas pour constater le mécontentement en dehors de la boutique, je me rends compte qu’il vaudrait mieux que je me dépêche avant de passer au bûcher. Dehors il commence à y avoir de l’agitation. Les gens commencent à fortement râler et se rameutent près de la porte en verre soigneusement bloquée. Le seul souci est que la porte en question est la seule issue, espérons que je ne prenne pas un coup de fourche en sortant.

-J’ai prévenu ! J’arrive !

Reste calme Lawrence et tout ira bien…pour eux. Passons aux choses sérieuses, je n’en peux plus d’attendre. D’un coup de pied comme je les affectionne, j’explose le verrou de la porte. J’enverrai la facture pour la réparation de celle-ci ainsi que des quelques fruits fauchés au passage. La pièce dans laquelle je pénètre est un charmant bureau. Une petite lampe diffuse timidement un fin faisceau de lumière se répercutant sur les murs à la belle couleur boisée. Peu de meuble dans la pièce et surtout, il n’y a personne. En tout cas, si quelqu’un m’a entendu, il me prendrait pour un débile profond. Jetons un rapide coup d’œil avant de détaler en vitesse, histoire d’assouvir une curiosité naissante. Il n’y a rien de bien intéressant, ne serait-ce que quelques livres de comptes et d’autres choses lié au business. Je n’ai plus rien à faire ici, c’est encore un échec pour toi Law. Pas grave, je trouverai ce fameux patron une prochaine fois. Maintenant, il me faut régler un nouveau problème qui est de calmer la petite foule dehors. Je vais y aller tranquillement sans faire de « bêtise », surtout que des femmes composent le groupe en rogne. Au passage, je fauche quelques fruits que je prendrai soin de rembourser à mon futur passage ainsi que les quelques dégâts occasionnés. D’un pas prudent et en analysant les gens dehors, j’avance vers la porte d’un verre très propre pour décaler l’obstacle sensé la bloquer. Calmement, je fais face à toutes ces personnes colérique et les regarde un par un. Ca y est, les hostilités démarrent.

-Enfoiré !

-Tu frappes les femmes ! T’es pas un homme ! Monstre !

-SILENCE ! Les faibles parlent, les forts agissent.
Mince, je n’aurais pas dû autant les provoquer. A peine que je ferme la bouche qu’un homme se rue sur moi armé d’un bâton. Je n’ai aucune envie de blesser qui que ce soit, étant donné que je suis clairement en tort. Après tout, j’ai agis sur l’effet d’une colère éphémère et je dois en assumer les frais. Mais si il y a une chose que je redoute, c’est les Bleus viennent fourrer leur nez dans l’histoire. Je me décale et saisit le bâton du paysan fermement pour le casser entre mes mains. Le reste de l’équipe se rue sur moi et, instinctivement, je saisi l’homme qui m’a attaqué le premier pour le pousser sur les autres et m’offrir une ouverture. Dans la course, je perds une orange qui roule doucement sur côté avant de se faire piétiner lamentablement. Je trace une bonne pointe et prend sans cesse les tournants pour avoir un maximum de chances de semer les poursuivants. Pendant la poursuite, je suis victime de lancer de cailloux et autres projectiles mais ce n’est pas un drame en soit. Cette altercation m’a aussi permis d’apprécier un bon niveau d’endurance dont je n’avais plus idée depuis quelques temps. Il faut dire qu’arrêter la vie de soldat, ça nous ramollit un peu. Me voilà en sureté pour le moment mais pour combien de temps ? Je pourrais peut-être me livrer à une autre activité histoire d’apprécier l’ile et de ne pas partir sur un échec mais…va savoir quoi. Tel un pestiféré ne voulant pas se mêler à la foule, je rase les murs en priant intérieurement pour ne pas que les villageois se mettent une seconde fois à me prendre en chasse. C’est que la fille qui gère l’accueil a bien dû leur monter le chou. Quelle garce… Et maintenant je me dis qu’il vaudrait mieux partir. Je n’ai rien à faire ici et attendre plus longtemps augmenterait mes chances que quelqu’un donne ma description aux Bleus du coin. Mais avant de faire quoi que ce soit, trouvons un coin pour se remplir la panse, je suis au bord du malaise avec toute cette agitation. Je ne suis pas surpris du gout, ces fruits sont des cadeaux du ciel, un miracle sur terre ! Et puis, toujours discrètement, je me rends à l’endroit où se trouve ma barque et, comme d’habitude, j’y revois le Monsieur de toute à l’heure. Personne ne m’a remarqué durant le trajet, ce qui me rassure.

-Dure matinée…

-Hey t’chô ! Tu t’in vas ?

-Et oui, je n’ai pas trouvé ce que je suis venu chercher, disons. Et vous, comment se passe votre journée ?

-Boarf... me suis imbrouille ‘vec el’ bande qui traine sur la plage…

-Ah bon, comment ça ? Dites-moi ce qui s’est passé.

Cet homme a accepté de garder mon embarcation pendant que je papillonnais non loin d’ici à faire n’importe quoi. Je peux au moins me résoudre à écouter son problème, un homme aussi serviable se doit d’être écouté un minimum. Surtout qu’à en juger sa présence régulière sur le port, il est être quelqu’un de solitaire.

-Bin… J’rev’nais d’el pék’ y’a nin si longtemps qu’co et j’les ai vu sur el’ plage tout dit à s’battre intre eux à faire des paris où je n’sais quo. Et qu’in j’suis possé vek em’ caisse eud’ pichon et en passant côté d’eux l’un y r’cule o fond et y m’bouscule. D’coup tout mes pichon ‘sont tombés din’ l’sable… ‘lor j’lui ai t’peux nin faire gaffe et y m’o poussé et pri m’caisse… Même qu’jsuis tombé et qui mo mis un coup din l’dos, j’ai mal mét’né…

Encore de l’embrouille… et bien, quand il n’y en a plus, il y en a encore.

-Vous savez où ils ont l’habitude de trainer ?

-Hum… p’tête por lo’ , mais c’nin grave laisse couler tcho.. pis’ t’es to-

-Je ne vais tout de même pas laisser une bande de cafards voler votre travail et en plus de ça vous trainer par terre.

Sans rien ajouter de plus, je fais volte-face et pars vers la direction indiquée. Après ça je me tire.

-T’un bon gô…Snif…
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Les mains au fond des poches, le regard à moitié en colère et blasé, c’est avec une certaine désinvolture que je me rends sur la plage. Dans le fond, l’équilibre sera encore une nouvelle fois rétabli. D’un côté un jeune homme ne trouvant pas où amarrer son bateau ni où dormir qui suit les conseils d’un bon samaritain sorti de nulle part dont l’honneur la fierté a été atteinte et qui s’apprête à être rendue. Je longe l’allée du port en esquivant les passants en me mouvant et en réduisant l’amplitude qu’occupent mes bras lorsque les coudes sont fléchis. J’emprunte le petit escalier menant directement au sable chaud ainsi qu’à la mer. D’un tel point de vue et avec un tel soleil, c’est dans ces conditions que l’infini océan prend tout son charme. Il n’y a pas le feu ni grand monde sur la plage, ce qui me permet d’admirer tranquillement l’horizon et de refaire joujou avec mes pensées. Les mouettes virevoltent un peu partout à la vue des quantités de poissons ramenés par les navires pêcheurs. Certaines bonnes âmes lâchent même quelques boyaux à la mer pour satisfaire ces insatiables estomacs volant. De là où je me trouve, je peux déjà entendre des rires bourrus qui d’ailleurs me rappelle étrangement quelqu’un, ce qui m’extirpe instantanément de mes pensées. Me tournant vers la gauche, je me mets en route vers le groupe apercevable au loin. Avec une vue assez handicapée comme là, il m’est absolument impossible de dire ce qu’ils font. Des silhouettes s’agitent, surement en train de s’amuser comme ils le peuvent. Au fur et à mesure que j’avance, l’appréhension est de plus en plus palpable. Le groupe n’est plus très loin et, comme le hasard fait si bien les choses, je reconnais une des tronches. Bob ?! Qu’est-ce qu’il fait ici ?! Je continue d’avancer et me fait interpeller dans la foulée par l’ancien collègue.

-Hey m’c’est Lô !!! Lôhoooo !!! LAUR-

-C’EST BON C’EST BON J’ARRIVE !

Pfff…toujours la même tronche. Et les mecs qui l’accompagnent ce n’est pas mieux. Les vêtements en piètre état, une odeur on ne peut plus fétide émane en plus de leurs corps sales. Je vais attraper des maladies à frapper dans de tels tas de purin. D’un air dédaigneux, j’inspecte de bas en haut la totalité des énergumènes et…la caisse de poissons à leurs pieds. Ils me fixent avec leur air d’affreux, la seule envie qui me vient est de leur éclater les dents et enfoncer la sale trogne de Bob bien profondément dans le sable. Je salue tout de même la bande et m’adresse directement à l’éternel chef.

-Salut, Bob. Comment ça va ?

-Lô ! C’fait longtemps ! Hey, t’vu ma gueule ? Réparé ma mâchoire hinhin..

-En effet, c’est que ça te donne du charme !

-Uh, quand même pô !

En effet, il se paie une belle cicatrice le long du côté droit de la mâchoire, même que celle-ci redescend carrément un peu sur le cou. C’est vrai qu’à l’époque son élocution était vraiment désastreuse. Je n’ose même pas imaginé dans quel cave dégueulasse et surtout par quel loubard il s’est fait refaire la caboche. Le boucher a dû y aller franchement parce qu’à l’époque, avouons qu’il était quand même moins laid.

-Comme par hasard je passe dans le coin et qui je vois ?! Mon bon vieux pote Bob ! Tu ne m’invites pas à manger un coup ? Ca à l’air bon c’que tu nous fais là…

-Ah ! Si, si, carrément ! Faites lui une plôche les gars !

-T’embêtes pas va, je vais rester debout. Le vent frais, le sable chaud… Tout ça.

-Hum. Okay. Toi, fais lui cuire un poisson vô !

Comme à leur habitude, ils établissent un petit feu et s’assoient sur des caisses et se livrent à d’autres activités du genre. Je ne vais pas m’éterniser, réglons cette histoire très vite. J’ai encore mal digéré les évènements de la boutique de Dogaku.

-Dit moi, tu l’as eu comment ce poisson ?

-Bin... pêché pardi !

Il se met à rire comme un singe en regardant ses amis pour se donner de l’assurance. Il ne va pas continuer longtemps.

-Tiens ! Tout compte fait, j’ai changé d’avis ! Si on se faisait une petite session comme les dernières fois ?!

-Pfff… pas maintenant Lô, assieds-toi tranquille et mange un coup !

-Non maintenant, allez ! Je me sens bien chaud la !

Pour me mettre dans l’ambiance, je me mets torse et pieds nu en faisant mine de m’échauffer tout en continuant de provoquer gentiment l’équipe.

-P’tain Lô, t’es chiant ! Une vraie machine ce gars, prenez exemple sur lui !

-Toi là, viens voir ! Un p’tit échange tranquille ! Allez !

Timidement, l’un d’eux se lève et cherche un peu de réconfort en lançant de vifs regards vers ses compagnons, encore hésitant. Il approche doucement et se met en garde d’un air peu rassuré, c’est à ce moment que le coup de tête qu’il se prend l’envoie vers des contrées lointaines et féeriques. Allez, un bon coup de genou dans le bide pour la route. Les autres se lèvent, stupéfaits.

-PUTAIN ! Vas-y mollo putain ! Tu l’as niqué ! P’tit frère ?!! l’est KO chef…

-C’tait nin très sympa Lo…

-Et voler le travail d’un vieil homme tu penses que ça l’est ? Amenez-vous tous. Je vous prends tous en même temps bande de larbins. C’est bête pour toi, vieil ami. Je te garantis que tu vas vraiment passer un sale moment.

Mon poing s’encastre dans les dents du premier venu. Mon coude vient démolir le plexus du petit raton qui a tenté de m’avoir dans le dos. Le troisième ? Je le saisis par les jambes et le jette par-dessus mes épaules et lui assène un coup de genou sauté dans la face en plein vol. Trois hommes à terre en quelques instants, c’est que Bob a pas l’air si étonné que ça.

-Ah tu veux jouer à ça ? Nin d’prob mec, nin d’prob.

Lui aussi retire ses vêtements pour se mettre torse nu et engager la bagarre, un jeunôt passant à côté et voyant le spectacle rameuta une bonne poignée de villageois pour assister au spectacle.

-BAAAAASTON !

Petit à petit, la populace afflue pour former un cercle autour de nous et commencer à crier et s’agiter pour faire monter l’excitation. Je n’avais pas du tout le sentiment que ça allait finir comme ça. Au moins, il sera ridiculisé devant tout le monde. Il me charge comme un taureau et je passe sur le côté en l’esquivant tranquillement. J’enchaine des directs au niveau de sa face qu’il esquive quasiment sans soucis. C’est qu’il est rapide. Il m’assène de rapides crochets dans les côtes suivi d’un coup de tête qui me sonne pour me voir ensuite étalé par terre. Réagissant vite, je lui saisis un bras à l’aide de mes jambes pour entamer une prise de soumission et plier celui-ci d’une manière très douloureuse. Il crie et se débat et, avec de la force, arrive à se dégager. Nous nous relevons et nous tournons l’un autour de l’autre. Un crochet très ample vient droit vers moi, je m’abaisse et mitraille son ventre gras avec toute la fouge emmagasinée depuis tout à l’heure. Je repense à ce fruit pourri venu épouser mes papilles, à ce vieil homme qui a lâché une larme quand j’ai accepté de l’aider. Je serre les dents, les coups lui font mal et ce n’est pas fini. Il se recule durement, la charge est relancée par plusieurs coups de pieds rapides dans les cuisses, les côtes et même la tête. Il n’est pas très endurant, il va lâcher prise. Sa dernière tentative est de venir au corps à corps pour me saisir tel un lutteur. Grossière erreur… Intérieurement, je remercie Clarence pour tous ses enseignements dans ce domaine. Me tirant vers lui, je me laisse aller pour tomber doucement sur le dos et lui asséner une planchette japonaise. J’effectue une roulade arrière pour me retrouver pile au-dessus de lui pour le terminer avec des coups venus tout droit des enfers. Rien ne sert de continuer, il ne réagit plus. Je me relève et profite des acclamations de la foule avant de ramasser ma tunique et la caisse. En repartant vers l’endroit où j’avais vu le vieil homme, je l’aperçois au loin. Un large sourire est distinctif sur ses lèvres.

-T’chooooo ! T’es un grind fou !!! Quin j’vô raconter co à mes poto, ‘vont nin en croire leur z’oreilles héhé.

-Tenez, ils ne vous embêteront plus. Mon rôle s’achève ici, c’est la seul chose que j’ai à vous offrir po-

-Méé nin ! T’un super gô ! Commin tu t’oppelles ?

-Lawrence, Lawrence Gargalen. Adieu vieil homme.

-Lolo le fidèle justicier ! Qu’les dieux d’el mer guide tin ch'min !!!
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