Silence, oreilles bouchées. Tympans rouges. Douloureux. Eau salée stagnante. Durant mon inconscience, elle a du tenter de les enfoncer au bélier pour atteindre la cervelle marécageuse qui se terre derrière.
Je boîte sur la plage. De la neige. Poudreuse tartinée sur du sable glacial. Drum... Retour à la case départ. Mes neurones ont pas fini leur redémarrage. Sont pas encore bien connectés. J'vois trouble et j'ai une affreuse amertume pâteuse en bouche, assaisonné d'un feu aux sinus, comme si on m'avait pissé au museau. Les flots m'ont bien mixé les organes. L'impression que j'pourrais les dégueuler d'une seconde à l'autre.
Mémoire tronquée. Toute une parcelle des dernières heures juste bazardée dans un grand trou noir. Et j'ai beau me pencher par-dessus les abysses pour tenter de les apercevoir, j'rencontre que l'obscurité la plus muette. Où est... Martin ? Quand est-ce qu'on a fait naufrage... Comment...
... Je tourne la tête de gauche à droite, comme si une plage vide pouvait me renseigner sur le contenu de mon propre néant. C'est ça alors. L'inconscience. La noyade. Le flirt aquatique avec la Mort. Heureusement que l'océan m'a recraché ici, dans un gros mollard d'écume.
Faut que je donne un sens à ma chance maintenant. J'aurais pu rester cloué au fond des abysses des mois mais les courants en ont décidé autrement. Après un tel cadeau du destin, j'me sentirais coupable de retourner sur l'eau aussi follement que dans ma première fois.
J'sais pas combien de temps j'ai dérivé ceci dit. Quelques jours auraient suffis à dérégler ma situation bancale. J'suis sûrement plus le bienvenue ici. Que je tâche de me faire discret. Je commence à avoir l'habitude. Je suis qu'une ombre. Une ombre malodorante, mais une ombre quand même. Je glisse silencieusement derrière les braves gens, ma présence n'est qu'en arrière-plan.
Drum bizarre. Pas les piliers à l'horizon. Mais mes mirettes me trompent peut-être et un brouillard me les censurent ? Peu importe. Avancer avant de penser. Traîner ma lourde carcasse loin de cette plage qui m'expose. J'ai faim. Si faim. Ventre creux et braillard. Des jours de jeun impitoyables qui m'ont laissé maigre asticot tout ramolli.
Et je sens des présences. Des silhouettes. J'distingue mal si c'sont des acteurs envoyés par ma parano pour embrumer davantage mon esprit. Ou si c'est l'instinct qui m'sert de radar.
Il y a des gens au loin. Peur d'aller vers eux. Ils font peur et en même temps, ils me rassurent. Je ne suis pas seul. C'est pas une autre île déserte sur laquelle je...
je perdrais Martin...
Ah oui. Il est mort. A cause de moi. Ma négligence. Combien de cadavres collatéraux dans mon sillage ? Je les sème comme des petits cailloux. C'est grâce à eux que l'on me retrouvera.
Quelques larmes derrière les yeux mais elles n'osent pas sortir dehors, sûrement qu'elles se sentent mieux au chaud dans mes glandes lacrymales.
J'ai perdu mon matos, putain. Mes ustensiles chirurgicaux ne m'ont pas suivi. Putain. Goutte de merde qui fait déborder le vase de diarrhée. Je chiale. Je tousse, j'tombe à genoux. Puis gicle de mes entrailles une soupe de poumons baignant dans l'eau de mer et la gadoue diluée.
J'ignorais qu'un poumon pouvait contenir autant de flotte. J'ai encore jamais eu à disséquer un noyé.
Perdu. Perdu. Me sens aussi léger et vide qu'un spectre. Pourtant mon bide vide me tiraille. Je dois manger. Dormir. Je dois ressusciter. Comme le font tout les messies martyrs trahis par leurs amis. Me souviens d'Elizabeth. Des souvenirs surgissent ici et là des trous parsemant ma mémoire. Des échos. Des cris. Des pleurs. De la rage. De la peine infinie. Ça revient en vrac. Mélangé. Ça n'a plus aucun sens alors que j'me sens ectoplasme délavé de sentiments, mais je sais que j'ai baigné dans un bassin d'horreur il n'y a pas si longtemps de ça.
Je boîte sur la plage. De la neige. Poudreuse tartinée sur du sable glacial. Drum... Retour à la case départ. Mes neurones ont pas fini leur redémarrage. Sont pas encore bien connectés. J'vois trouble et j'ai une affreuse amertume pâteuse en bouche, assaisonné d'un feu aux sinus, comme si on m'avait pissé au museau. Les flots m'ont bien mixé les organes. L'impression que j'pourrais les dégueuler d'une seconde à l'autre.
Mémoire tronquée. Toute une parcelle des dernières heures juste bazardée dans un grand trou noir. Et j'ai beau me pencher par-dessus les abysses pour tenter de les apercevoir, j'rencontre que l'obscurité la plus muette. Où est... Martin ? Quand est-ce qu'on a fait naufrage... Comment...
... Je tourne la tête de gauche à droite, comme si une plage vide pouvait me renseigner sur le contenu de mon propre néant. C'est ça alors. L'inconscience. La noyade. Le flirt aquatique avec la Mort. Heureusement que l'océan m'a recraché ici, dans un gros mollard d'écume.
Faut que je donne un sens à ma chance maintenant. J'aurais pu rester cloué au fond des abysses des mois mais les courants en ont décidé autrement. Après un tel cadeau du destin, j'me sentirais coupable de retourner sur l'eau aussi follement que dans ma première fois.
J'sais pas combien de temps j'ai dérivé ceci dit. Quelques jours auraient suffis à dérégler ma situation bancale. J'suis sûrement plus le bienvenue ici. Que je tâche de me faire discret. Je commence à avoir l'habitude. Je suis qu'une ombre. Une ombre malodorante, mais une ombre quand même. Je glisse silencieusement derrière les braves gens, ma présence n'est qu'en arrière-plan.
Drum bizarre. Pas les piliers à l'horizon. Mais mes mirettes me trompent peut-être et un brouillard me les censurent ? Peu importe. Avancer avant de penser. Traîner ma lourde carcasse loin de cette plage qui m'expose. J'ai faim. Si faim. Ventre creux et braillard. Des jours de jeun impitoyables qui m'ont laissé maigre asticot tout ramolli.
Et je sens des présences. Des silhouettes. J'distingue mal si c'sont des acteurs envoyés par ma parano pour embrumer davantage mon esprit. Ou si c'est l'instinct qui m'sert de radar.
Il y a des gens au loin. Peur d'aller vers eux. Ils font peur et en même temps, ils me rassurent. Je ne suis pas seul. C'est pas une autre île déserte sur laquelle je...
je perdrais Martin...
Ah oui. Il est mort. A cause de moi. Ma négligence. Combien de cadavres collatéraux dans mon sillage ? Je les sème comme des petits cailloux. C'est grâce à eux que l'on me retrouvera.
Quelques larmes derrière les yeux mais elles n'osent pas sortir dehors, sûrement qu'elles se sentent mieux au chaud dans mes glandes lacrymales.
J'ai perdu mon matos, putain. Mes ustensiles chirurgicaux ne m'ont pas suivi. Putain. Goutte de merde qui fait déborder le vase de diarrhée. Je chiale. Je tousse, j'tombe à genoux. Puis gicle de mes entrailles une soupe de poumons baignant dans l'eau de mer et la gadoue diluée.
J'ignorais qu'un poumon pouvait contenir autant de flotte. J'ai encore jamais eu à disséquer un noyé.
Perdu. Perdu. Me sens aussi léger et vide qu'un spectre. Pourtant mon bide vide me tiraille. Je dois manger. Dormir. Je dois ressusciter. Comme le font tout les messies martyrs trahis par leurs amis. Me souviens d'Elizabeth. Des souvenirs surgissent ici et là des trous parsemant ma mémoire. Des échos. Des cris. Des pleurs. De la rage. De la peine infinie. Ça revient en vrac. Mélangé. Ça n'a plus aucun sens alors que j'me sens ectoplasme délavé de sentiments, mais je sais que j'ai baigné dans un bassin d'horreur il n'y a pas si longtemps de ça.