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Picoler ou naviguer, il faut se décider.

Rares étaient les occasions de faire une traversée si intéressante. Habituellement, Joe s'efforçait de rester dans son coin en attendant de débarquer sur la terre ferme, mais il fit une exception. Plusieurs facteurs entraient en compte pour qu'il fasse une telle entorse à ses habitudes. D'abord, la somme qu'il avait acquise précédemment le prédisposait davantage à faire un tour du côté des instances où la liqueur coulait à flot. Mais avant tout, si il ne fallait qu'une raison pour sortir de sa cabine et vivre en société, elle tenait à la personnalité du capitaine.
Ici, tout le monde, équipage comme civils le saluaient de bon coeur et l'appelaient capitaine Pinof. Sa réputation était-elle dû à des capacités de navigation hors pair ? Que nenni. Le trouver dans la cabine de pilotage relevait d'ailleurs du miracle, il était toujours affairé avec les passagers.

C'était un bonhomme d'une soixantaine d'année, un nez épais comme une balle de golfe, un teint rougeoyant, des yeux dans le vague, il n'était pas nécessaire de renifler son arôme parfumée mêlant orge et raisin pour comprendre qu'il était le genre d'homme à apprécier un petit verre ou deux à table. Ou davantage...
Joe, une fois remit de ses émotions s'était installé un soir dans la salle de séjour où repas et boissons étaient servis. Quel plaisir de pouvoir se payer une bouteille de vin, même si celle que le cafard avait commandé relevait de la piquette. L'ayant payée argent comptant, il la bu à même le goulot assis seul sur un des tabouret du bar.

- En voilà un autre qui sait boire !

N'aimant pas particulièrement qu'on attire l'attention sur lui, il se retourna, un regard de brute avinée collé au visage. Cela n'effraya pas son interlocuteur qui trouva même moyen d'en rire.

- Fais donc pas cette tête mon gamin, je te paie à boire pour ce soir ! On a pas beaucoup de passagers de toutes manières, alors tu as l'extrême honneur d'être invité à la table du capitaine.

Les cinq personnes qui l'accompagnaient à cette même table rirent de cette remarque. Il n'y avait en effet rien de franchement honorifique d'être à la table du capitaine Pinof, tant qu'il y avait de la place, n'importe qui pouvait venir, peu importe le statut ou même l'âge, une petite fille accompagnait d'ailleurs ses parents qui étaient justement attablée ici même.
Là où il aurait d'habitude fait la sourde oreille, l'idée de boire à l'oeil toute une soirée enchantait particulièrement le forban. Ramenant sa bouteille qu'il avait déjà entamée à moitié, il s'installa à la table, faisant particulièrement tâche comparé à l'engeance bien élevée qui l'entourait. Mais l'alcool aidant, Joe fini par s'accoutumer à leur présence.

La soirée s'étendit longuement, le capitaine et le pirate s'étaient plus ou moins liés d'amitié à partager leurs histoires en mer. Bien que toute la compagnie était allée se coucher, le vice capitaine les avait rejoint et n'avait pas tardé à s'imprégner de liqueur pour rattraper le niveau de ses camarades de discussion.

- Et *hic* Moi j'te l'dis, mais t'le répète pas hein ?! J'ai *hic* J'ai jamais navigué d'ma vie quand y m'ont r'cruté. La casquette de capitaine *hic*, j'l'avais ach'tée dans un quelconque bazar de ch'sais plus ou. Ben ces cons d'la compagnie *hic* z'ont du s'dire que c'était l'habit qui f'sait l'homme, et ça fait trente ans qui m'paient à rien foutre !

Les trois hommes étaient hilares, tous les sujets y étaient passés, le vice capitaine et ses histoires de bonne femme, ou même Joe et ses affaires de piraterie qui ne parurent pas impressionner les deux hommes. Trente ans de bouteille, le capitaine avait dû en voir des boucaniers, et des coriaces même.

- Mais dis, dis voir cap'taine... Si toi tu n'vigues j'mais, et qu'ton second l'est 'vec nous héhé.... C'qui qu'est à la barre ?

Silence de cinq secondes, puis à nouveau crise de rire. Une fois que le capitaine ait essuyé ses larmes à l'oeil suite à cette énième débauche d'hilarité, il se retourna vers son second, puis tenta de prendre un air sérieux, chose relativement peu aisée quand on avait cinq grammes dans le sang.

- Quand on t'a *hic* alpagué toi, tu nous as pas dis que *hic* que t'avais à faire nan ?

A nouveau le silence. Mais fini de rire. Le vice capitaine se leva brusquement en titubant. Il faut dire qu'il ne faisait initialement que passer pour transmettre une communication sans importance au capitaine, ce dernier ayant insisté pour lui offrir un verre insista davantage pour qu'il reste quelques instants. Quelques instants plus tard, quatre heures s'étaient écoulées, personne à la barre, un miracle que le navire n'ait pas encore percuté un obstacle.
Un miracle, peut-être pas. Depuis quelque temps, le bateau semblait immobile, ancré. On ne souvient plus de la dernière fois ou le bateau avait tangué, ou même du bruit d'une vague s'étant écrasée contre la coque.
Les trois hommes se ruèrent, avec la grâce qui incombait aux alcooliques notoire, jusqu'à la cabine de pilotage.
Le cafard, qui roulait modestement sa bosse en matière de navigation chercha à se repérer, d'abord le compas en mains, puis ensuite en allant sur le pont et en scrutant les étoiles. Plissant ses paupières, car ayant la vision trouble, il écarquilla soudain les yeux quand il réalisa où ils se trouvaient. La peur qu'il venait de ressentir était telle qu'il avait à moitié désaoulé.

- Oh putain... On est sur Calm Belt.

Quatre heures à la dérive, il aurait peut être été préférable de se heurter à un récif, les chances de survie auraient été supérieures.
Le capitaine ne tarda pas à rejoindre le cafard sur le pont, en titubant toujours.

- T...t'sais *hic* J'en connais un rayon sur les rois des mers.

Il pointa du doigt en direction de la proue, la nuit noire empêchait de voir à plus de cinq mètres devant soi.

- Bah ça, tu vois, ça *hic* par exemple, c'est un Lustic bleu. S'pas l'plus gros, mais s'un malin, y peut c'mmuniquer 'vec ceux d'sa race *hic* un seul grognement, et y'en a deux comme lui qui rappliquent dans un rayon de plus de 100 lieues.

Un bruit assourdissant se fit entendre. Ce que montrait du doigt le capitaine n'était pas une hallucination causée par l'alcool, il y avait effectivement un roi des mers face à eux. Si ce qu'en disait le capitaine était vrai, tous ses congénères n'allaient pas tarder à rappliquer. Mais quelle importance ? Le bestiau faisait bien trente mètres de haut, à lui seul, il aurait facilement raison de la petite frégate.

- Bon allez grand, maint'nant qu'on sait où on est *hips*, on va s'en r'mettre un p'tit ?

Au moins le capitaine n'aurait pas peur avant d'y passer, pour cela il pouvait remercier les vertus bénéfiques de l'excès d'alcool.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 25 Déc 2015 - 12:35, édité 1 fois
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Tétanisé, Joe ne savait comment réagir face à un tel spectacle. Les eaux de Calm Belt, habituellement si calmes étaient agités par les remous des peuplades qui habitaient dans ses fonds marins, à croire que les rois des mers étaient enthousiastes à l'idée d'accueillir des inconnus sur leur territoire. La pluie commença à s'abattre sur Joe.

- M.. Manquait plus que ça, les rois des mers, et maintenant la pluie, la journée commence vraiment mal !

A défaut de stratégie pour s'en sortir, Joe usa de sarcasme, dans cette situation, c'était guère la seule chose qu'il pouvait faire. Reprenant son calme, sans pour autant se mouvoir, il se demanda comment la pluie, qui venait de cesser, pouvait arriver dans une zone où le vent ne souffle jamais. Levant la tête fébrilement, il aperçu un nouveau monstre penché au dessus du navire.

- I... Il est encore plus gros que l'autre !

D'ici quelques minutes, c'est une dizaine de spécimens qui risquaient de s'agglutiner dans le coin. Sans doute était-ce mieux ainsi, de la sorte, ils se battraient peut-être pour se réserver le droit de gober le bateau, et les voyageurs pourraient alors en profiter pour décamper.
Car heureusement, ils avant de la chance dans leur malheur. Puisque les vents étaient absents de cette zone géographique, ils n'avaient pas pu dériver, mettre quelques coups de rames suffirait à retourner à South Blue. Seulement, Joe imaginait mal les rois des mers donner leur bénédiction pour les laisser partir.
Pour le moment, les deux monstres se contentaient de regarder leur proie sans bouger. Ils observaient. Pour profiter au mieux de cette situation, il ne fallait rien faire pour les contrarier, ne pas bouger, et ne pas faire de bruit.

Un son d'accordéon se fit entendre, suivi par des choeurs :


♪ ♫ A moi forban que m'importe la gloire
Les lois du monde et qu'importe la mort?
Sur l'océan j'ai planté ma victoire
Et bois mon vin dans une coupe d'or. ♫ ♪

♪ ♫Vivre d'orgies est ma seule espérance
Le seul bonheur que j'aie pu conquérir
Si sur les flots j'ai passé mon enfance
C'est sur les flots qu'un forban doit mourir.♫ ♪


Fou de rage, le cafard se rua dans la cabine de pilotage. Là, il trouva le capitaine avec un coquillage dans la main, et son vice capitaine faisant signe avec son doigt devant sa bouche, de ne pas faire de bruit. Aucun d'eux ne chantait, Joe fut troublé et ne comprenait pas ce qui se passait. Le capitaine Pinof qui n'avait pas encore désaoulé brandit le coquillage.

- Eh bah ça mon gars *hips* Z'appellent ça un dial. J'l'ai ach'té le prix fort à des marchands à East Blue. Ca permet d'enregistrer des sons, pis d'les restituer en appuyant d'ssus *hips*.

D'un mouvement violent, le forban s'empara de l'appareil, appuya dessus nerveusement sur tout les côtés, et la chanson cessa. Pour le moment, le bateau ne tremblait pas, les monstres marins n'avaient pas attaqué. Cependant le Lustic Bleu poussa à nouveau un cri grave pour attirer les siens. Une occasion pareille ne se représenterait peut-être pas de si tôt. Le dial en main Joe appuya dessus afin d'enregistrer par dessus la chanson, le cri de la bête.

- Di Diou mais c'est qu'y m'fout ma chanson en l'air ce p'tit con.

Le capitaine restait dans l'entrée de la cabine, porte grande ouverte, et s'adressait à Joe, qui, quelque mètres devant brandissait le dial. Si ce qu'avait dit le vieux loup de mer était vrai, alors en appuyant sur le bouton une nouvelle fois, le pirate obtiendrait ce qu'il désirait. A nouveau, le son strident se fit entendre, interpelant la bête qui leur faisait face.
L'autre roi des mers, situé derrière commençait à s'agiter et semblait décidé à se précipiter sur le navire simplement pour le détruire. Réflexe typique d'un animal territorial. Cependant, il fut stoppé dans son élan par le Lustic bleu qui lui rentra dedans.

- Oui ça marche !

Joe, encore tremblant, car conscient d'avoir échappé à une mort certaine, se félicita de sa prouesse. En répétant le cri du Lustic bleu, il avait permit de se faire passer pour un de ses congénères, ce qui expliquait la réaction protectrice du monstre à leur encontre.
Toute cette cacophonie avait évidemment réveillé tout le monde à bord, ça s'agitait dans tout le vaisseau. Ceux qui sortirent sur le pont furent ébahis. A côté du bateau, un monstre de trente mètres, et un autre plus haut d'au moins dix mètres étaient en train de se battre. Leurs ébats manquait de faire chavirer le navire.

- Prenez les rames et faîtes demi tour bordel !

Le personnel navigant ne trouva rien à redire et couru jusque dans la remise pour s'emparer des rames. Rapidement, tous trimèrent pour sortir la frégate de cette sinistre mer placide. Cela ne prit pas cinq minutes. Ils étaient à présent tous hors de danger. Le capitaine semblait n'avoir pas eu conscience une seule seconde du danger qui les avait guetté.

- Poooaarf, trop bu, me suis encore pissé dessus.

- T'es pas le seul...

Joe avait en effet eu plus peur que de raison en voyant tout à l'heure le roi des mers fondre vers eux. Jetant le dial dans la cabine de pilotage, il s'apprêtait à aller se reposer. Les subalternes, probablement habitués à manoeuvrer sans l'aide du capitaine, prirent les choses en main pour se diriger vers leur destination initiale.
C'est un monde vaste et impitoyable qu'était le leur. Dans sa cabine, tandis qu'il faisait sécher son caleçon, Joe se demanda :

- Est-ce donc aussi terrible sur Grand Line ?

Sans savoir à quoi s'attendre, il demeurait néanmoins aveuglé par les promesses d'argent facile qu'on lui avait narré ici et là. Les monstres pouvaient être dix fois plus grands que ceux qu'il venait de rencontrer, pour le cafard, tant qu'il y avait de l'or, il y avait de l'espoir, Grand Line était une route d'espérance.
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