Et pour cause : au beau milieu du second tour, un carambolage tel qu'on n'en avait jamais vu eu lieu aux abords de la place des Cachalions.
Windwings, en première position dans le couloir aérien agencé au-dessus du boulevard, bascula brutalement à la verticale. Droit vers le sol, sans plus du tout continuer à avancer. On pu entendre le grondement de l'ange - un hurlement strident de terreur - au fil de sa descente, jusqu'à ce qu'il parvienne à s'éjecter dans un bassin au terme d'un tonneau.
Le public s'exclama, contrairement aux musiciens qui n'avaient encore rien remarqué.
-MON DIEU! WINDWINGS PERD LE CONTROLE DE... UN TERRIBLE ACCIDENT!
Voyant le problème, Luthier et l'ange qui le talonnaient ralentissèrent brutalement. Contrairement au rédacteur du code de l'air, qui tripla subitement de vitesse pour leur rentrer dedans. Tous tombèrent dans le vide, désarçonnés de leurs véhicules par l'impact... droit vers une mort certaine, dans les rangs du public.
Ce qui causa le plus de commotions furent toutefois les véhicules des concurrents, hors de contrôle, qui basculèrent à plein vitesse dans les tribunes. Et là, la vague de panique enraya les festivités.
-MESDAMES ET MESSIEURS, GARDEZ VOTRE CALME, CE QUI ARRIVE EST COMPLETEMENT...
Il ne termina pas sa phrase. Le balcon sur lequel se tenaient les présentateurs s'effondra aussitôt, les projetant eux aussi vers le vide.
*
* *
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-Vous aurez besoin d'aide?
Le milicien adressa un regard appréciateur à Sigurd. Lieutenant Jérome Legrand, de la police de Norland, qu'il s'appelait. L'homme s'affichait avec un pardessus ouvert, qui laissait distinguer un holster par dessus sa chemise. Avec son chapeau feutre vissé sur la tête et sa cravate impeccableemnt nouée, il avait tout de l'inspecteur chien de chasse. A quelques détails près. Il ne fumait pas, était méticuleusement rasé, et avait préféré demander un thé aux agrumes plutôt qu'un scotch ou un café bien serré. Ca, et le fait qu'il gardait toujours son fusil près de lui. Une carabine agrémenté d'une bayonette en kit, démontée au repos, qui constituait son arme favorite. Elle s'appelait Vera, et était d'excellente facture au point de pouvoir tenir tête à un meitou. La bayonette, pas le fusil.
-C'est forcément du sabotage, répéta Legrand. Windwings a été abattu. Et les autres... ils ont tout trafiqué, ils savaient ce qu'ils faisaient. Ce qui est surprenant, parce que rien n'avait été organisé même pas quinze heures plus tôt.
Trois heures s'étaient écoulées. Le vent de panique s'était calmé de lui même, mais la foule s'était dissipée, et les esprits marqués. Plus important peut être, tous les concurrents étaient saufs, même si blessés pour la plupart. Luthier, rescapé de l'incident, assistait actuellement à la réunion, l'épaule bandée mais toujours opérationnelle. A cela, Legrand ne pouvait que concéder l'intérêt d'avoir des cellules révolutionnaires sauvages implantées dans la ville. C'était désagréable, évidemment. Mais ces "shinobis" avaient très certainement accompli un miracle en rattrapant in extremis les participants avant qu'ils ne touchent le sol. Et leur "chunin", ce qui correspondait au porte-parole de leur clan, avait accepté de se laisser interroger pour que la milice puisse confirmer ou non s'ils avaient quelque chose à voir dans tout ça.
C'était incroyable ce qu'ils pouvaient faire avec des cordes et des grappins. Et une telle réactivité face à cet impérvu... était franchement suspecte, même si ça n'avait rien d'inhabituel. Il se méfiait quand même.
-Aurez-vous besoin de moi plus longtemps?, s'enquit le ninja.
-Je pense que ça ira au moins pour le moment. Si nous avons besoin de vous contacter à nouveau...
-Nous saurons vous trouver, indiqua Jian Furinyapa. Faîtes simplement passer le mot à vos équipes que vous chercher à nous entendre, et nous nous présenterons.
-Ce qui est -trèès- rassurant. Vous avez des gens chez nous? Ou vous nous espionnez?
Legrand avait prononcé ces mots sans animosité, même si c'était forcément désagréable de savoir que des choses lui échappaient dans la ville qu'ils devaient contrôler. Encore plus au sein de ses institutions.
-Ni l'un. Ni l'autre, répondit le shinobi. Nous avons nos interlocuteurs, et ils savent nous trouver. Tout simplement.
L'inspecteur tiqua mentalement, mais passa à autre chose. Il n'était pas en charge d'essayer de percer le bazar infini qu'étaient les révolutionnaires de la ville. Et il avait la chance d'en avoir de très coopératifs à sa disposition. Il y avait plus à plaindre.
Pour combien de temps encore, c'était un autre sujet. Eh.
-Vous pouvez y aller. Evitez simplement de passer par la fen...
Le shinobi claqua des doigts, s'affaissant sur lui même... jusqu'à ne devenir qu'une ombre qui s'épancha sur le sol avant de disparaître. Et puis plus rien du tout, si ce n'est une odeur de liquide vaisselle particulièrement prononcée. Il ne comprendrait jamais.
-Putain j'en étais sûr, se plaignit le lieuteant.
C'était juste impossible. Du grand n'importe quoi. Ils ne pouvaient rien faire. Contrôler des ninjas? Qui faisaient ça? Cette ville tomberait en un instant le jour où ils le décideraient. Entre ça, les révolutionnaires, la sorcière qu'ils se trimballaient, les horreurs qui venaient frapper à leurs portes au moins tous les trimestres et les tapis volants...
-Ah ouais, pas mal, commenta Roderik à la vue du ninja.
-Je l'avais jamais vue, celle-là, renchérit Dogaku.
Ils étaient tous les deux installés sur la grande table de la salle de réunion, l'un à coté de l'autre. On ignorait encore si c'était juste pour rester ensemble, ou si c'était parce qu'il n'y avait qu'un seul bol remplit de pistaches qu'ils remplissaient et descendaient à vue d'oeil depuis qu'ils étaient arrivés. Bruyamment, ce qui leur avait valut plusieurs regards noirs dignement ignorés.
Klara et les autres miliciens présents dans la salle regardèrent les alentours, sans que rien ne transparaisse de Furinyapa. La fenêtre était fermée, contrairement à la porte entrouverte, mais... mais... aucune idée. Il avait disparu.
Eilhart s'était retrouvée ici sans trop comprendre comment. Elle avait assisté à la course en compagnie de Dogaku, et ils avaient été rejoints par la borgne, Nerassa Roderik, que le Luvneelois s'était contenté de présenter comme une excellente amie "un peu folle sur les bords, et complètement tarée dedans". Et en aussi peu de temps, Eilhart avait pu deviner que la nouvelle venue était extrêmement avenante au point d'en devenir suspecte, même si elle avait vraisemblament excellent fond. A priori.
Ca et le fait qu'elle parlait encore plus que Sigurd, et qu'ils se chamaillaient pour un rien. Et qu'ils semblaient adorer ça. Et qu'ils parlaient d'un tas de choses qu'elle n'avait pas réussi à suivre. Et qu'ils s'étaient arrêtés de plaisanter juste le temps de l'incident, pour reprendre leurs idioties bien avant que les inquiétudes ne se soient dissipées.
Deux heures plus tard, après que la milice ait réussi à rétablir l'ordre, Dogaku s'était spontanément présenté aux officiers de la milice qui encadraient les lieux, comme s'il avait quelque chose à faire là.
"Ils vont sûrement se demander si j'ai quelque chose à faire dans ce bazar, ou si je sais un truc qui pourrait les aider. Parait que c'est souvent le cas. Je viens leur expliquer que non", avait-il expliqué aux deux femmes.
Et ils l'avaient laissé entrer sans une hésitation, conduit jusqu'à Legrand... et elles deux avec lui. Ce qui les amena dans cette petite salle de réunion tronant au coeur d'un poste de police du quartier, que le lieutenant avait réquisitionné pour ses besoins. Au final, ils avaient assisté à l'entrevue du chunin avec le lieutenant, ainsi qu'à un exposé détaillé des faits constatés jusque là.
Les quatre boulets de fonte retrouvés dans le cerf-volant de Windwings, apparus dieu seul sait comment pour l'aplatir contre le sol.
Les dials de propulsion en quantité six fois plus importantes qu'ils n'auraient dû l'être sur le tapis volant défectueux.
Les filins invisibles en cable d'acier qui avaient été tendus entre les immeubles à l'attention des concurrents.
Les colonnades complètement défoncées qui soutenaient le promontoir des présentateurs, abattues à l'aide d'outils contondants.
Comme l'avait dit Legrand, c'était du sabotage.
Et Sigurd Dogaku venait de lui proposer son aide. Ce qui était toujours bon à prendre, compte tenu des services qu'il avait déjà rendu à la ville jusque là. Même s'il ne payait pas de mine - il fallait être fort, pour donner l'impression de se laisser complètement aller quand on portait des vêtements aussi beaux - il était très utile. Et collaborait étroitement avec la milice en l'informant de tout ce qu'il trouvait et faisait, contrairement à tous ces insupportables qui préféraient faire cavalier seul et les laisser colmater les dégâts laissés sur leur sillage.
-Et bien oui, votre aide serait tout à fait appréciée, comme touj...
-Euuuh en fait nan, je préfèrerai ne pas avoir à me mêler de ça, se ravisa Dogaku.
Chuis censé être un type normal et pas un enquêteur, et encore moins un combattant, vous vous souvenez?-Eeeuh... eeeeuh... ah. Oh. Pourquoi pas.
Ca servait à quoi de dire ça tout à l'heure, alors?
-J'pas réfléchis, désolé.-Tsss.
Bon. Pourquoi pas, se dit le lieutenant. C'est vrai qu'il n'était pas intervenu dans un quelconque incident depuis un bon moment, maintenant. Peut être qu'il n'avait pas le goût et les épaules pour ce genre de choses, finalement. Ou que ça lui était vite passé. Ce qui n'était pas plus mal. C'était à la milice de se charger de ça, pas à un pseudo héros autonome.
-Aucun problème. Mais vous n'êtes pas vraiment quelqu'un de normal, cela dit. Et vous ne faîtes pas vraiment des efforts pour l'être, monsieur l'homme d'affaires musical.
-Mwarharh. Pourquoi pas si c'est comme ça que vous voulez me mettre l'étiquette, mais ouais, chuis sûrement pas justicier vigilant. Elle par contre, c'est une chasseuse de primes, fit-il en désignant Eilhart. Elle pourrait vous aider si vous avez besoin de bras, de ce qu'elle m'a raconté elle s'en tire comme une cheffe. Et elle... c'est une putain de magouilleuse qu'on doit aussi pouvoir décrire comme une "aventurière itinérante", j'imagine, rajouta-t-il en indiquant Roderik. Mais elle est super efficace. Vous devriez la prendre.
-"Putain de magouilleuse"?
-Bougre de magouilleuse ou saleté de pirate, si tu veux plus poli.
-Mais t'es vraiment infect!
-Nan, je viens juste de me souvenir que je suis complètement dégouté que tu sois une pirate, zut.
-Une gentille pirate!
-Qui vole un porc vole un port, et je trouve ça injuste.-Est-ce que j'ai bien entendu ce que j'ai...?, questionna le militaire.
-Probablement pas, répondit Sigurd. Je dis plein de bêtises. 'Videmment. Comme d'hab.
Il secoua la main comme en signe de dénégation : ce qu'il venait de dire était parfaitemnt ignorable... probablement. La borgne adressa un sourire éclatant au lieutenant Legrand, qui préféra finalement ne pas creuser le sujet. Pour ce qu'il savait, Dogaku était blanc comme neige, son amie avait été essentielle pour que la ville puisse rentrer en contact avec Weatheria, et...
-Mais plus sérieusement, elle ne fera rien de louche, y'a pas à s'inquiéter. Et elle va vous surprendre, elle sera très utile, appuya sincèrement le Luvneelois. Vous vouliez mon aide? Tout ce que je fais, elle le fait beaucoup mieux.
Sauf être bête et grincheux, là je la surclasse bien. Vous perdez pas au change, z'avez pas à z'en faire.
Il garderait cette information sous le coude, pour une autre fois. Même Dogaku et ses amis n'avaient pas à bénéficier de passes-droits. Affecter quelques informateurs sur le sujet , en temps voulu, ne pourrait pas faire de mal. Mais pour l'heure, il avait d'autres affaires pressantes.
-Eh bien... ma foi. Pourquoi pas. Êtes vous prête à nous apporter votre aide?
-Certainement, lui répondit Klara.
Elle avait répondit sans vraiment réfléchir, en se laissant porter. La chasseuse n'avait pas envisagé que Dogaku la présente sous un jour favorable auprès de l'inspecteur -parce que bon, même s'il n'avait rien dit de spécial à son compte, il l'avait quasiment
recommandée pour l'affaire-, mais en fin de compte, pourquoi pas. Elle était censée venir là en vacances, et profiter des festivités pour se reposer, pour changer. Mais au final... cette tension, ces incidents, le fait d'avoir à nouveau un réel objectif à acomplir, et quelque chose de bien à faire... c'était son élément. La visite de la ville lui ferait un excellent souvenir, mais Eilhart avait déjà trop de temps libre pendant ses traversées de l'océan. Vagabonder au gré des bonnes idées de son guide, c'était encore autre chose qui ne lui correspondait pas tant que ça.
-Je vous en remercie. Je vous propose de vous rapprocher du bureau de la milice, dans un premier temps, ne serait-ce que pour qu'ils vous donnent les accréditations nécessaires et qu'ils puissent vous inscrire dans les registres des aides de la ville. Vous devriez aussi parler à Faris - notre gestionnaire des scientifiques, ils balaient toute la zone à la recherche de traces. Pour un plus gros briefing, on verra ça plus tard. Et en ce qui vous concerne...
Ces derniers mots étaient adressés à Roderik, qui était restée présente, bien qu'assez dissipée. Elle était occupée à se chamailler à voix basse avec l'autre, et... ça n'était pas exactement une bataille de pouces qu'ils venaient de faire, mais... pourquoi diable se tenaient-ils tous les deux le nez comme ça?
-Allô?, hésita l'officier.
Elle lâcha les deux joues de Dogaku étirées stupidement en une grimace absurde, attendit qu'il en fasse de même avec ses sourcils à elle, puis se tourna vers lui en ajustant son tricorne pour se redonner contenance.
-Ouiiii. Suis vexée que vous n'ayez pas commencé par moi, pour info. Alors donc... on pourrait vous aider? Vraiment?
-Jeee... j'ai des doutes, commença le lieutenant. En fait, je me demande...
Il ne termina pas. Nerassa venait déjà de se désintéresser de lui, faisant volte face pour s'en retourner vers Sigurd.
-Allez, ça va être mégachouette. T'as vraiment pas envie de te mêler de ça?, lui demanda-t-elle.
-Vraiment trop pas du tout. Chuis convaincu que le monde fera très bien moi. Comme j'disais à Klara l'autre jour, la milice fait très bien son boulot. Vous z'avez pas besoin de moi.
-Mais ça va être fuuuuun.
-Naaan. Je préfère glandouiller pendant mon temps libre, en ce moment. J'd'autres moyens de m'amuser.
-T'as toujours du temps libre!
-Que tu crois. Ca s'est pas fait tout seul, déclara-t-il en tirant sur le col de sa redingote pour montrer ce qu'il portait.
-Et voilà, c'est fini. Maintenant : Sig' est riche, il s'sent plus, dans dix ans il sera gros comme un baril et chiant comme la pluie.
-Tuuu... parles à un gars qui organise des comédies musicales qui pop de nulle part, tu sais?
-Et qui jouait au Sheepball avant ça, putain!-Tut tut tut. Mon boulot c'était d'organiser les fêtes de fin d'année pour la ville, d'avoir de chouettes idées et de les mettre en place. Et je crois qu'on a une petite île volante en orbite stationnaire au dessus du port, donc le taf est bien fait.
-Nan mais...
Elle ne termina pas sa phrase. Pour cause, une grande figure musculeuse qui venait de pénétrer dans l'antichambre de leur salle de réunion... et qui l'avait visiblement fait sans autorisation.
Sans que personne ne puisse la stopper, également. Et rares étaient ceux qui osaient protester au dessus d'un demi-ton, alors que le nouveau avançait au milieu des bureaux de l'office.
-Doucement, Letka, douuuucement. ils n'y sont pour rien.
-Je sais. Je me contente d'entrer. Je n'ai frappé personne, tu as vu.
-Tu les as renversés et... oh, je suis vraiment désolée, il ne tenait pas à...
-Mais oui, on est désolé. Allez, y'a pas de mal.
L'ange, ou plutôt l'armoire à glace rousse dotée d'ailes, releva un officier qu'il avait à moitié couché sur une table en forçant le passage. D'une seule main, en le soulevant à hauteur de la ceinture, à bout de bras, sans montrer le moindre effort.
-Stylééééée, commenta Roderik. Et plutôt beau gosse.
-Je le savais, répondit Dogaku. Vous êtes toutes toujours à baver sur les dark ténébreux.
Il jeta un regard à Eilhart... qui était, en effet, elle aussi subjuguée par les muscles de l'ange. On voyait chaque contour de ses bras, et...
Il lui fallu un instant avant de refermer la bouche et éponger la bave qui coulait sur sa joue.
-Tu reviendras quand t'auras ses biceps, bonhomme.
-Aaaarghbl.
-Mais j'aime pas ses tatouages, si ça peut te...
-Bonjour. Je suis Letka, des boucliers de Weatheria. La troupe d'élite qui protège les magos. C'est ma soeur, indiqua-t-il en parlant de la femme derrière lui, une autre ange elle aussi.
-Tina Firespirit, enchantée. Je... vous êtes sur l'incident? C'est bien vous?, demanda-t-elle à l'adresse de Legrand.
-Tout à fait.
-J'ai besoin de savoir tout ce que vous savez sur ce qui s'est passé, intima le guerrier. Félix m'a dit qu'il avait été attaqué. A coups de boulets de canon. On a rien entendu. Et ça n'est pas normal.
-Oui, alors donc...
-Je vous laisse!, déclara Sigurd. Qui m'aime me suive et pour les autres... ben bon courage, et merci pour ce que vous faîtes. Sincèrement.
Des paroles peut être maladroites, et sûrement mal interprêtées. Sa désinvolture lui attira plusieurs regards, dont ceux des anges qui trouvèrent presque suspects qu'il s'éclipse à leur arrivée. Letka le regarda d'un air inquisiteur, qu'il préféra ne pas soutenir. L'ange ne le retint pas. Pas plus que Roderik, qui n'en avait pas fini de vouloir le recruter, mais ne voulait pas perdre sa chance auprès du lieutenant pour faire partie des festivités. Et puis, la borgne sentait qu'elle pourrait faire montre de ses talents de négociatrice -ou d'enfumeuse notoire- avec ce Letka qui semblait de mauvais poil. Aussi se rassit-elle, ignorant les cacahouètes pour se rapprocher de Luthier.
Cela dit, quelqu'un talonna Dogaku au sortir de la salle. Lorsqu'il se retourna, il retrouva Klara, qui avait visiblement quelque chose à lui dire. Qu'elle ne savait pas vraiment comment lui formuler.
-Merci pour le cadeau, lâcha-t-elle finalement.
-Oh beuh... désolé si c'est ça. Je croyais que ça aurait pu vous faire des affaires ici, et... comme vous m'aviez dit que...
-Non, non, je veux dire, vraiment merci. Je préfère ce genre de choses.
-Ah?
-Oui. Je crois que les vacances... ça n'est pas trop mon truc.
-Ah. 'Kay.
C'est bizarre, mais...
-Je suis bizarre, je sais.-Bah. J'connais pire. Et pour l'illustration, voilà. C'est mon taf de faire ça. Permettre aux gens de trouver des occaz' pour faire des choses chouettes. Du coup j'ai aucune idée de ce qui va se passer sur s't'histoire, mais... merci pour ce que vous allez faire, je m'inquiète pas du tout.