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Opprimés


Je m'étouffe dans la chaleur environnante. C'est sur ce bout d'île aride que je me questionne au delà des dunes de sables. La sueur qui perle par tous les pores. J'empoigne ma gourde et chope une gorgée rare d'une eau tout aussi rare. Car la boisson qui filoche dans ma gorge n'est autre que du Rhum. Ohé ! Quoi de bon que de se saouler et se déshydrater à Alabasta. Je suis peut-être un fou suicidaire...

Je me considère comme un surhomme, pff... En quoi le suis-je ? C'est ironique de la part d'un être abandonné par la vie, ses compagnons d'armes et ce père absent. A quoi je pense en ce moment ? A la recherche d'un homme peut-être mort dans ce désert comme je le serais bientôt et voilà que j'hallucine... J'aperçois au loin une silhouette. A force d'être invisible, mes neurones ont disparus ! Je ne pense plus à rien depuis trop longtemps, suis-je vraiment indétectable par les empathiques ? Je réfléchis et j'annule Wall of Jericho et Free Soul. Je ne suis plus libre de rien, j'ère dans l'inconscient des grains parsemés sous mes pieds nus. Encore une autre gorgée !

Là je me rappelle les nombreuses rencontres éphémères qui m'ont permis de me construire. Mon premier équipage, les Shinoryuus et mon envie de réaliser leurs rêves au point où j'ai été aveuglé par la lumière provenant de leurs cœurs noirs. Au fond, c'est parce que je n'avais aucun rêve... Je me suis raccroché à eux. J'ai développé le Roi y'a déjà deux ans... En tentant de sauver un être cher, j'ai sacrifié ma vie pour eux, il n'en reste qu'un fragment de néant, un souvenir décoloré. Et l'armement, ce Titan Oretus Awakuzim, découvert à Innocent Island pendant un combat acharné avec/contre Adrienne Ramba, tant de différences invisibles, développé sur les blues à la rencontre d'un Sous-Amiral pas à la hauteur de ma grandeur. Et maintenant l'empathie... Dans ce vaste endroit infernal.

Je ne suis que des miettes de moi-même...

Visible comme jamais, je sors mon katana de son fourreau et lance une lame d'air au dessus de la silhouette. Est-ce encore un mirage ?


Dernière édition par Mizukawa B. Sutero le Mer 27 Jan 2016 - 20:20, édité 1 fois




    Il y a eu un coup de vent, non ?

    … …

    … Un coup de vent qui a littéralement découpé la partie supérieure de mon tricorne. Oui.

    … …

    Merde. Je croyais être seule et croiser qu'une caravane à la rigueur. La Translinéenne repartira pas avant demain, rapport au fait que les navigateurs aiment pas bien prendre la mer de nuit. Surtout sur Grand Line. Alors, je me suis dit que j'allais me rappeler les bons jours d'Hinu Town en allant traîner mes grolles dans le sable.

    Mais je croyais ni tomber sur une tête connue, ni tomber sur ce genre de tête connue. Parce que je ne l'avais jamais vue physiquement parlant, celle-là. Elle était collée sur une affiche de recherche de la marine. Peut-être aussi quelques fois dans le journal. Sutero. Un type réputé  complètement taré et bipolaire. Et pourtant, le désert a pas l'air d'y changer quelque chose. Heureusement, j'ai l'esprit clair (assez pour faire des jeux de mots toute seule même), grâce au démon qui me permet gentiment de régler ma température corporelle. Je ressens pas la chaleur, je ne perd pas non plus beaucoup d'eau. Ça doit pas être le cas pour lui.

    Il a une sale réputation, et pour zoner tout seul sur Grand Line en étant un foutu pirate, ça doit être un monstre ; mais dans mon genre, je suis pas mal non plus, et par températures extrêmes, je suis avantagée.

    La seule chose que je redoute, c'est que la Gazette dise vrai et qu'il ait bel et bien mangé le fruit de l'Invisibilité. Auquel cas je serais vraiment dans la merde.

    Sans lui tourner le dos je ramasse mon tricorne, met la partie sectionnée dans ma poche et enfonce l'autre sur ma tête. J'ai pas peur. J'ai jamais été foutue d'avoir vraiment peur dans des situations de ce genre de toutes façons. C'est pas maintenant que j'ai remplacé la contenance de l'uniforme par celle des peintures de guerre que ça va changer. Je me sens femme-tempête au pays des sables mouvants.

    -Je sais qui tu es. Qu'est-ce que tu veux ?

    Mes poings sont relâchés, mes épaules et mon dos aussi ; j'ai les pieds bien en contact avec le sol et je me sens reposée. Il a l'air bourré, en plus. Ça va. Je suis pas sûre d'avoir une réponse intelligible. Mais s'il passe invisible, ça se verra sur le sable, ça soulèvera de la poussière avec son déplacement. Je le verrais venir. Et dès lors que je lui aurais mis la main dessus, je ne le lâcherais plus.

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    Un son lourd et grave irrite mes tympans, dissimulé dans le brouillard du temps. Comme la vague impression d'avoir tout perdu, mon cerveau s'éteint une demi-seconde et se rallume le regard plongé dans le vert de ses mirettes. Alors je lui tends ma bouteille de Rhum et m'assoit sur le sable car mes guibolles ne tiennent plus. Je ne perds pas de vue la jeune femme, me cachant les yeux en mettant ma main métallique sur le devant du visage pour éviter ce soleil, elle ne semble pas remarquer l'absence de ma main droite. Je reste silencieux. Pusher

    Qui suis-je ? Même moi je ne le sais pas. Une question que je me suis posé des centaines de fois sans trouver le sens ou la réponse à celle-ci. Un enfant du désert face à une Lionne impassible. T'es venu déposer tes tourments pour évoluer ? Tu rugis à ma présence et tu cherches à m'atteindre, elle doit surement me penser fou et quelque peu bipolaire, pourtant je suis stable. Je distingue dans le vaste éther, un nuage. Comme ce dernier, je suis une boule vaporeuse en suspens, comme figé. A ce moment, je souhaite m'abandonner marre de devoir chercher un homme disparu pour devenir Shichibukai. A cet instant, je veux mourir. Est-ce vraiment ce que je veux ? J'en sais foutrement rien.

    Je ne veux ni ton mal, ni ton bien. Point de vérité, point de miséricorde. On né dans la violence, on commet meurtre après meurtre ! Doute et espoir, couches successifs m'écrasent le thorax et je n'arrive plus à respirer, je souffle un coup. Je suis las de cette (en)vie, sans le vouloir j'apparais sous les traits de la paresse et me rappelle le moment où j'ai rencontré Sloth, ce flot de désespoir qui m'a traversé, a brisé mon âme. Où est ma joie ? Ai-je été joyeux un jour ?

    - Désolé pour ton chapeau...

    Enfin des mots qui sortent de ma bouche pâteuse. Je ne dis rien d'autre, pas le courage. Démoli et au plus bas de mon moral. Cherchant un grain dans un désert, il doit sûrement m'en manquer un (Moi aussi je peux faire des jeux de mots tout seul). Je sors de mon veston, un paquet et m'allume une clope, tendant alors à la jeune demoiselle... ''Une cigarette ?''

    - Tu sais qui je suis, vraiment ? Je voudrais bien le savoir... Et toi ? Ton nom...

      Taré ; il est taré, ce mec, complètement jeté, y'a des pages par dizaines sur lui dans n'importe quel base de la marine. Je serais pas la première à qui il propose une clope avec une gueule de chiot battu juste après avoir eu l'intention très nette de décapsuler un cerveau à la lame d'air. Pas la première qui répondrait bêtement « Mizukawa Sutero » à sa foutue question, pas la première qui quitterait ses mains – invisibles, comme je le craignais – des yeux pour me retrouver avec les yeux en train de loucher entre mes omoplates quelques secondes plus tard. Ce mec est dangereux, il a foutu en l'air des villages, des foules de gens sans distinction, juste parce qu'il sait pas se contrôler.



      Alors pourquoi est-ce que j'ai pris sa clope, pourquoi je l'ai allumée sur ma main comme pour jouer franc jeu, et pourquoi est-ce que je me suis assise sur le sable pour la fumer avec lui ?

      Peut-être parce que c'est le désert et qu'il n'y a nulle part où fuir. Peut-être que ce n'était qu'une attitude rationnelle face à une situation irrationnelle. Juste prendre ce que donne la vie sans chercher plus loin. Ou alors. Ou alors, j'étais vraiment convaincue de passer un moment qui aurait du sens.

      Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que j'ai répondu :

      -Serena.

      Et puis que j'ai laissé un temps, avant d'ajouter :

      -Ils disent que tu es un tueur qui fait des trucs bizarres, comme offrir des clopes à ses victimes. Ça te parle, comme définition de ce que tu es ?

      Toujours pas crispée. Je porte la tige à mes lèvres. Il commence à faire chaud, et ça m'était encore jamais trop venu à l'idée d'en griller une en plein désert. Toujours pas crispée, non ; j'attends juste la suite, la conscience complètement ouverte sur le danger potentiel qui a l'air tout petit, posé à côté de la certitude qu'il n'y a rien à faire pour qu'il disparaisse. Rien, à part faire comme s'il n'existait pas et si on pouvait passer un moment normal entre deux êtres humains.

      Après tout, un être humain seul, c'est pas une foule anonyme. Peut-être que le risque existe pas. Qu'il a la forme d'un mirage qui se dissout au fur et à mesure qu'on s'approche de sa source. Alors, je m'approche, comme pour mieux entendre ce qu'il a à dire.
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      Je sais très bien me contrôler... Si un jour, j'ai foutu en l'air des villages, des gens juste comme ça, c'est qu'ils l'ont cherché. Pourquoi pensé-je à cela maintenant ? Encore une gamine pour me faire la morale sur mes précédentes actions ? Car oui, on dit beaucoup de choses sur moi ; je suis un tueur qui fait des choses bizarres en leur offrant des clopes ? Hrmph, je suis tombé sur une pauvre chtarbée... Ma foi, si c'est ce qu'on pense de Mizukawa Sutero, je laisserai la rumeur se pavaner où bon lui semble. Ai-je à répondre ? Le vide s'installe entre deux bourrasques de vents du désert. Pas un mot ne sort de ma bouche comme lassé de tenir des explications, ça prendrai trois chapitres rp sur mes meurtres et aucun n'implique une tuerie pour des clopinettes, quoique ? Ah non...

      - Alors qu'est-tu fous dans le désert, Serena ? Tu te promènes ? Dis-je pour rompre le silence et passer à autre chose.

      Le ton reste aimable, aucune émotion grave ne perce dans ma voix. Calme et bien ordonné, ce qui pourrait sembler bizarre chez un homme bourré, mais que voulez-vous, je suis ivre à longueur de journée sans qu'on ne le remarque, bien trop invisible pour qu'on le sache et trop prévisible pour le mentionner, je dirais.

      Cette Envy de meurtre a cessé, il y'a bien longtemps. Je me suis rangé comme dirait le vieux singe blanc. Le tic tac douloureux s'est arrêté, la pendule s'est brisée, les rouages de la mécanique autrefois bien huilée ne fonctionnent plus. Cette attirance pour le rouge s'est évaporée, pouf ! Disparue comme je peux faire disparaître nombreuses choses de la vie. Ce sentiment acidulé est devenu amer sous le poids de mes regrets qui ne se lisent pas sur mon visage, pour cela, il faut avoir l'empathie pour le sentir. Culpabilité qui ronge mon âme, condamné à vivre éternellement dans l'enfer insaisissable du purgatoire. Là où se trouvait Oretus Awakuzim. Titan à ses heures perdues, aujourd'hui maîtrisé par le Prince, furieux roi qui a perdu tout contrôle récemment à la venue de Matilda, cette source de vie inénarrable.

      Ce tic tac resurgit parfois mais là non. Je ne dis pas que je suis devenu un bon samaritain qui sauve la veuve et l'orphelin, oh non. J'dis pas non plus que je suis un pirate trempé à l'acide brûlant de la colère et l'orgueil. Et alors je me réveille et daigne répondre à la question d'avant...

      - Non, faut pas croire ce qu'on pénave à m'on s'jet. J'suis juste un camé de pirate à 300 Millions de prime. Qui se cherche une liberté perdue en rejoignant le gouv'er...''ment''.

      Véridique M'dame Serena.