Time to be strong

Finalement, l'entrainement ne débuta pas avant le second jour après avoir rencontré son nouvel entraineur. Celui-ci avait accepté de poursuivre les travaux de son frère simplement par respect envers lui, puis, il fallait avouer que pour un vieil homme comme lui, la compagnie d'une jeune femme lui était plus qu'agréable après toutes ces années de solitude. Ainsi, durant ces quelques jours avant le début de la misère pour Pandore, elle en avait profité pour en apprendre davantage sur ce Erbert. Dans sa jeunesse, il avait été un artiste martial reconnu dans son domaine, tous cela s'ajoutant le fait qu'il était reconnu en tant qu'un grand épéiste de son époque. Toute sa vie, il n'avait agit que pour se forger un corps invincible, cela lui coutant alors une vie possiblement paisible avec une famille aimante.

Dès que ses os commencèrent à s'user, il abandonna son train de vie avant de s'isoler pour se consacrer à l'étude de ce monde. Cela non sans essayer de léguer à cette terre son savoir et ses compétences à travers des fidèles apprentis. Malheureusement, personne n'avait réussi à tenir ses enseignements herculéens et d'échec en échec ses méthodes d’entrainements ne devinrent que plus ardues. Pandore ne le savait pas encore mais, elle allait littéralement se jeter dans l'antre des enfers sans savoir encore comment elle allait en ressortir. Elle avait beau être plaisante au regard du vieux, il n'allait pas l'épargner.

Par ailleurs durant ses deux jours de repos, il en profita pour inspecter le corps de Pandore en tentant de ne pas aller trop loin dans son intimité. Il voulait connaitre ses capacités physiques actuelles, histoire lui faire un apprentissage adapté à son niveau. A la vue de sa mine perplexe, Pandore comprit très vite que son niveau était de loin insatisfaisant face à la vue inquisitrice du vieillard. De toute manière, cela n'était pas nouveau pour elle, elle se savait ridiculement faible et c'était d'ailleurs la raison de sa présence ici.

Par la suite, ils échangèrent quelques coups, afin de cerner aux mieux la technique de la demoiselle. Étonnamment, celle-ci impressionnait son sensei, à défaut d'avoir un corps solide, ses mouvements quant à eux étaient tous d'une précision millimétrée et d'une constance parfaite. Ayant absorbée au fil du combat divers style de maniement de la lame, Pandore avait clairement voyagé très loin dans ce qu'était les arcanes de l'épée. Néanmoins, cela ne faisait pas d'elle une personne d'assez forte, elle avait encore tellement de chemin à parcourir que sa vue pourtant si parfaite n'arrivait même pas à voir le bout.

Ce qui surprit le plus Erbert, ce fut lorsqu'elle raconta sa vie. Son niveau n'était pas fameux mais respectable pour un enfant ayant manipulé une lame toute sa vie jusqu'à ses vingts ans. Cependant, Pandore ne faisait parti de la marine que depuis 3 ans, elle qui n'avait jamais combattu auparavant avait déjà grimpé dans la hiérarchie assez vite. Son potentiel paraissait désormais conséquent pour l'ancien combattant pensant qu'il avait enfin trouvé quelqu'un capable de subir ses méthodes sans faillir.

Enfin, le mieux aurait été de ne pas s'avancer trop vite... Même Pandore dont le corps était couvert de cicatrices avait des limites.

Les nuages trônaient dans les cieux et s'étalaient de toutes leurs opulences. L'horizon était à peine concevable à travers ce brouillard épais et invasif. Pourtant, l'ascension physique pour la demoiselle ne pouvait attendre davantage et c'était à l'arrière de la petite maison là où la brume était la moins dense que l'entrainement pouvait enfin débuter. Avant toute chose, la jeune femme était accablée par divers ceintures et autres accessoires que l'homme positionnait à divers endroits afin d'alourdir son corps un maximum. Lestée d'une façon générale de 50 kilos sur tous son corps, ses extrémités se voyaient affublées du même poids pour chacune d'entre elles. Regardant presque totalement médusée par ce qu'elle était entrain de subir. Avant qu'elle ne puisse demander une quelconque justification, la parole lui fut retirée :

- Ces poids vont te permettre de maintenir ta forme physique et de l'améliorer très rapidement. Je t'interdis de les enlever tant que je t'entrainerais, si tu les enlèves une fois, je couperais net l'apprentissage. Cela va aussi lorsque tu veux dormir !

Arquant un sourcil, elle regrettait que son mentor du moment ne lui fasse pas encore pleinement confiance. L'ancien artiste martial avait été déjà abandonné par plusieurs disciples, si bien qu'il appréhendait chacune de ses tentatives avec toujours plus d'amertumes. Lâchant un léger soupir, lorsqu'elle fut totalement cernée par les divers poids ancrant son corps dans le sol, ce fut à peine si elle arriva à se déplacer. Tout son corps devait fournir un grand effort pour ne serait-ce que rester debout. Et cela allait être son quotidien pour les prochains mois qui allaient suivre.

- L'on va d'abord te forger le physique qui te convient. Depuis plusieurs années, j'ai passé mon temps à étudier la médecine et l'anatomie humaine. Le corps est composé de muscle, ce n'est qu'une pure théorie qui n'est pas prouvée mais je pense que l'on peut différencier les muscles en deux groupes. Ceux que j’appelle les muscles rouges et les muscles roses. Les muscles rouges sont communs à tous les hommes lambdas, plus ou moins développés c'est ce qui donnent au corps le gabarit énorme de certain. Mais le véritable potentiel de l'être humain se cache dans les muscles roses. Bien moins visibles à l’œil nu, ils permettent pourtant de dégager une force incroyablement plus puissante. C'est comme cela que je justifie qu'un homme fin peut abattre des bateaux au simple maniement de ses poings.

- Et comment l'on acquiert ces... muscles roses ?

- Normalement, dans des conditions normales, cela prend toute une vie pour façonner son corps entièrement. Pour d'autres possédant des dons de la nature, cela prend plusieurs années dans la limite du raisonnable. Toi Pandore, tu as un énorme potentiel mais ton corps est aussi fragile qu'une feuille de papier. Mes recherches n'ont été faite que pour une seule chose. Accélérer le processus. D'ici les trois prochains mois, ton corps va se faire démolir encore et encore pour qu'à chaque reconstruction, il se rapproche de cette perfection rosée. Mais même une fois finie, cela ne tiendra qu'à toi de pleinement développer cette force que je vais te donner. Enfin... ça , c'est si tu tiens.

Le projet était ambitieux mais confus pour la demoiselle. Elle avait complétement cerné la théorie de son mentor mais, elle se demandait encore comment y arriver en si peu de temps. Pensive, son corps alourdis par des multiples charges n'étaient que le début d'une longue série de diverses épreuves toutes plus dures les unes que les autres. Des vacances hein ?

Les lieux n'arboraient guère un meilleur visage qu'à leurs habitudes. Ils auraient pu être aussi calme que d'habitude s'ils n'avaient pas été perturbé par l'agitation perpétrée parles deux protagonistes de l'histoire. Pandore, alourdie de toute sa charge se retrouvait à contorsionner son corps dans des positions tout aussi éprouvantes les unes que les autres. Elles étaient déjà compliquer à effectuer pour un soldat entrainé mais alors, cela était une véritable épreuve lorsqu'on se retrouvait avec autant de handicape et un professeur aussi sévère qu'efficace.

Pour parler de sévérité, celui-ci interdisait par ailleurs à Pandore de faire quoi que ce soit d'autres tant qu'elle n'avait pas fini ses divers exercices herculéens. Pire, elle ne pouvait même pas se reposer une fois tous cela fini, l'entrainement n’arrêtant jamais réellement. L'acquisition de la puissance passait par une destruction complète, bien que purement théorique, Pandore était la parfaite cobaye pour mettre en œuvre ces méthodes diaboliques. Dès qu'elle commençait à s'habituer à son calvaire, le vieillard avait toujours le bon moyen pour renforcer davantage sa souffrance.

Outre l’entrainement, la jeune femme se tenait au courant des actualités à travers ces divers passages aux villages. Au départ, on avait du mal à se faire à sa personne, elle qui tranchait tellement avec le brouillard cette île. Mais peu à peu, elle était considérée de tous comme l'élève de l'ermite. Celui-i par ailleurs poursuivit par sa réputation était victime de plusieurs parie au coin d'une bière sur le temps qu'il allait mettre pour briser ce petit bout de femme. Par ailleurs, ils n'avaient pas l'air très confiant quant à ses capacités si bien qu'ils pensaient tous qu'elle n'allait pas finir la semaine.

Enfin... Cela était avant d'arriver au début de la troisième semaine. La résilience et la volonté de Pandore en avait surpris plus d'un au village. Même Erbert n'avait pas pu forger d'apprentis aussi apte à encaisser ses sévices.  Son corps s'était rapidement adapté au rythme de son professeur. Plus sa force se forgeait moins Erbert trouvait de moyen pour la pousser de plus en plus à bout. Telle une prodige du combat, son esprit n'était pas la seule chose faites pour se battre mais toute sa génétique était fait de telle sorte. Elle n'avait juste pas été capable de mettre la barre toujours plus haute pour se renforcer encore et encore.

La douleur quant à elle ne gênait plus la sabreuse bien avant son entrainement. Depuis sa torture aux mains de John, elle avait su davantage l'encaisser par simple instinct de survie. Étrangement, là où son corps aurait du s'effondrer, elle avait le don pour se relever encore et encore non sans les soins de son maitre expert en la matière. D'ailleurs, c'était durant ses séances de revitalisation que les deux avaient apprit à se connaitre davantage. Erbert trouvait la vie de son apprentie bien triste. Jamais elle n'avait vécu du moins pas pour elle. Si jeune et déjà si vide d'ambition personnel. Pourquoi devait-elle s'infliger un sentiment d'altruisme aussi profond ?

Au final, les jours s'étaient enchainés aussi vite que des bières siphonnées par des ivrognes et Pandore se retrouvait toujours en la compagnie de son vieux maitre. C'était à peine si elle sentait son corps après tant d'effort, celui-ci lui paraissait même étranger tant il avait changé après les divers supplices de l'effroyable ermite. Cependant, l'heure n'était plus à l'entrainement ce soir là,. Elle venait de déguster avec une certaine tendresse le diner préparé par Erbert qui était devenu expert en gastronomie après toutes ces années à vivre dans la solitude la plus totale. Au grand damne de la jeune femme qui n'avait jamais réussi à faire ne serait-ce qu'un plat de sa vie malgré tout ses efforts. Elle était tout bonnement incroyablement mauvaise dans ce domaine, si bien que cela en devenait presque effarant. Qu'importe le nombre d’essai, il y avait toujours quelque chose qui faisait que cela partait en catastrophe biologique.

Mais, ce n'était pas tant la gastronomie qui importait dans l'instant. Après avoir fini d'ingurgiter la nourriture qui allait lui donner la force de survivre au lendemain ,elle se dirigea vers la pièce la plus isolée de la maison au milieu de bois. Cette maison était d'ailleurs incroyablement grande pour un homme seul et coupé du monde. D'après ses dires, il l'avait confectionné seul,connaissant de plus en plus le savoir et la force de cet individu, cela ne surprenait désormais plus Pandore qui avait bien compris qu'elle avait à faire un phénomène de ce monde. Dans tous les cas, cette pièce était une bibliothèque emplie de livre en tout genre.

Des romans à la poésie, c'était surtout les ouvrages scientifiques qui intéressaient la justicière. Elle n'avait pas l'âme d'un artiste mais son esprit était celui d'un savant, un savant voulant ingurgiter autant de connaissance qu'il pouvait avant de saturer. Des ouvrages de chimie à ceux de physique, la biologie était aussi extrêmement présente celle-ci étant le domaine de prédilection de son maitre. Sa surprise fut plus grande lorsqu'elle avait aperçu pour la premières que trônait en ce lieu des ouvrages plus complexe encore, sur la mécanique et l'électronique. Pour le peu qu'elle en savait de ça avant de venir, ces sources de savoir figées sur du papier était particulièrement jeune comparées aux autres, si bien qu'elle se demandait comme il avait pu s'en procurer.

Enfin, elle arrivait très bien à vivre avec ce mystère pour le moment et, ce fut avec une grande curiosité qu'elle plongeait dans ces livres théoriques. L'esprit de Pandore était comparable à une ruche, dont chaque abeille était porteuse d'une information. Le privilège qu'elle possédait et que ces abeilles représentatives de savoir ne mourraient jamais, elles étaient tout bonnement immortelles rendant le concept de souvenir très abstrait pour Pandore qui n'oubliait jamais rien. Chacune des individues de cette ruche communiquait entre elle, permettant ainsi de focaliser en permanence toutes ses connaissances afin de dégager une capacité de réflexion assez démentielle.

Et lorsqu'elle ne comprenait pas quelque chose, ce n'était qu'une question de temps avant que la ruche ne s'étende davantage. En réalité, Pandore ressemblait davantage à un ordinateur qu'à un être humain si l'on tentait de disséquer son cerveau. En soit, cela allait très bien avec le personnage en question. Bref, celle-ci s'étant jeté corps et âmes sur de la physique, elle portait un grand intérêt aux travaux d'un certain Rubert Ramnstein, véritable génie de son temps. Dans ce monde presque insolite et absurde, ces théories donnaient un sens, une structure à un univers dépourvu de squelette. Que ce soit dans l’infiniment petit ou dans l’infiniment grand, ce type possédait une interprétation de ce monde dans sa globalité si bien qu'il était le plus à même à comprendre sa véritable nature.

Malheureusement, c'était un incompris, son intellect dépassant largement ses semblables à le commun des mortes, il fut seulement considéré comme un fou et rares sont ses écris encore en circulation. Pour Pandore, ce type possédait absolument tout pour révolutionner l'existence, mais, il était condamné à ne la révolutionner que pour le seul. Ayant appris à ce monde seulement quelques concepts avant de s'éteindre, il avait emporté dans sa tombe pleins d'autres connaissances à défaut d'avoir réussi à les partager efficacement.

Finalement, il n'était pas le seul et n'était qu'un grain de sable parmi l'océan des personnes incomprises. Pour changer le monde à l'aide de connaissance, le simple génie ne suffisait plus. Pandore n'avait pas la prétention de pouvoir les égaler, bien qu'elle en avait clairement les moyens. Mais elle savait une chose, si elle avait été à leurs places, elle se serait clairement donné les possibilités que le monde la suive derrière elle. En cet instant, c'était le voie du combat qu'elle avait choisit, la justice par le glaive, mais, elle savait pertinemment que la justice pouvait aussi s'appliquer par la connaissance. Et c'était sa capacité à pouvoir allier les deux suivant sa volonté qui faisait d'elle une personne si différente ce Rubert ou d'un soldat.

Deux mois s'étaient écoulés depuis la première fois que Pandore avait mis ses pieds sur l'île. A ce stade, Nebelreich était devenue une sorte de seconde maison, hormis les divers QG de la Marine et son île natale, elle n'avait pas pour qualité de profiter pleinement de chaque endroit qu'elle traversait. Ainsi était la vie d'un soldat que l'on trimballait de champ de bataille en champ de bataille. Enfin... Moins elle s'attachait à ce monde mieux elle se portait en quelques sortes.

Aujourd'hui l'ordre du jour était l'entraînement d'une manière plus directe que la simple sculpture de la chaire. Le vieux et elle échangeait divers attaques plus ou moins puissantes. Erbert était doué avec Pandore, en si peu de temps il avait su l'apprivoiser et analyser entièrement ses défauts physiques et moraux. Il avait pu sentir une certaine animosité en elle qui dépassait largement son sens de la justice. Son but était presque irréalisable, radier le mal était en soit prendre le risque de succomber à celui-ci a force de le côtoyer. Ainsi plus Pandore devant inhumaine moins elle était entachée par chaque litre de sang qu'elle versait. Néanmoins, sa torture, tragique événement de sa vie avait réveillait en elle une bête. Celle-ci ne demandait qu'à rugir et dévoiler ses crocs aux grands jours.

Jusqu'alors, Pandore n'avait fait que contenir ses émotions, peignant sur son visage le même tableau qu'elle avait montré depuis le premier jour de sa formation. Cependant, la colère venait de plus en plus salir cette œuvre d'art autrefois monochrome. Erbert l'avait vaguement deviné, à travers le comportement de la jeune femme, il avait découvert ce léger déréglage dans cet ensemble de rouage semblant bien trop huilé pour être vrai. Ainsi, alors que la confrontation battait son plein, il commença petit à petit à mettre en pression la Pandore transpirante, toujours chargée comme une mule.

Alors qu'elle n'arrivait plus à passer à l'offensive tandis que son adversaire l'attaquait sur tout ses points faibles, ce fut le coup de trop qui fit tout déraper. Son souffle fut coupé net après le violent coup qu'elle reçu au ventre. Pire, celui-ci déclencha alors chez Pandore tout en mécanisme de défense, ce même mécanisme qui la rongeait intérieurement. Depuis St-Uréa, elle se sentait ardente de vengeance, la présence de Jakku avait su tempérer la demoiselle, le fait qu'elle n'avait pas été mis dans des positions désastreuses n'avaient pas provoqué le pire.

Mais là, c'était tout autre, l'espace d'un instant, elle fut replongée dans ses souvenirs, ressassant alors la douleur qu'elle avait mangé durant des jours au mains de John. Perdant presque la raison, le contexte du combat, elle lâcha son épée afin de se jeter sur Erbert, les yeux injectés de cette lueur rouge définitivement représentative de sa rage. Le premier coup percuta le vieil homme de plein fouet, la récupération bien trop rapide de la demoiselle et son changement d'attitude brutale l'avait prit au dépourvu. Le second arriva aussi bien trop vite, cette fois-ci, il commençait réellement à accuser le coup. Pandore se battait pour sa survie, son instinct lui ordonnait de se battre pour survivre sans même prendre conscience de la situation où elle se trouvait.

Cette rage éphémère s’arrêta bien vite lorsqu'elle fut envoyée contre un mur, son dos s'écrabouillant contre celui-ci. Ce coup ayant eut l'effet d'une seconde secousse, elle reprit ses esprits bien que déboussolée par ce qui venait de se passer. Son esprit était particulièrement désaxé, il avait soif de sang plus que de justice. Pour la première fois, ce n'était pas de son incapacité à battre son adversaire dont provenait ses plus grandes craintes mais de celle à ne pas réussir à ne pas le tuer. Regardant avec effroi son poing fumant, ce fut totalement désespérée et apeurée qu'elle jetait son regard vers son maitre. On lui avait apprit à faire face à toutes les situations, à tous les ennemies, mais jamais on lui avait enseigné à se battre contre elle même.

Celle qui se pensait indemne et totalement guérit de son traumatisme se retrouvait bien plus atteinte que prévue.

Seule une lueur venait transgresser les ténèbres de la pièce. Celle-ci était vide de tout bruit, de tout mouvement, seulement une faible respiration venait donner le tempo à la scène. Pandore avait le regard plongé face au mur, seule à tenter d'affronter ses anciens démons. Ce n'était qu'une légère perte de contrôle, rien de bien grave pour quelqu'un de normal néanmoins cela paniquait profondément Pandore qui avait pour mettre mot la maitrise de soi. Désormais, elle semblait n'être à ses yeux qu'un pantin à sa colère. Elle qui s'était forgée une si grosse carapace la voyait se faire détruire non pas de l'extérieur mais de l'intérieur, là où ses défenses n'avaient jamais été préparées à cela.

Elle soupira, elle était venue ici pour progresser et voilà qu'elle se retrouvait à faire un énorme pas en arrière. Inévitablement, elle allait encore devoir traverser cette épreuve sans voir une once d'espoir jusqu'à l'arrivée. Les minutes s’égrainèrent et le mince rayon de lumière vint s'affaler sur la chevelure abondante de la demoiselle. Jetant un regard à celle-ci, avait pleinement l'occasion de de l'observer. Pandore ne possédait que deux seuls plaisirs dans la vie. Celui de boire une tasse de thé bien chaude quant à l'autre, c'était de se teindre les cheveux en noirs.

Depuis son enfance elle faisait cela régulièrement, si bien, que personne ne pouvait prétendre l'avoir vu rousse hormis sa famille. Néanmoins, l'entrainnement ne lui avait pas laissé le temps et l'occasion d'entretenir cette habitude si bien que sa couleur flamboyante était très vite revenue au clair du jour. Passant une mèche dans sa main, elle la contempla pendant quelques minutes sans dire mot, toujours avec cette même respiration pesante, alourdie par une peine profonde. Un quart d'heure après, la décision avait été prise, puisque qu'elle avait brisé son quotidien en laissant sa chevelure s'orner de son aspect original, plus jamais elle ne tenterait de la noircir de nouveau.

C'était une petite résolution, mais au vu des changements qui s’opéraient chez la jeune femme, ce n'était qu'une mince transformation physique. Elle avait par ailleurs du mal à se souvenir pourquoi elle avait rejeté pendant tous ce temps sa rousseur naturelle. Probablement car elle était la seule à être rousse dans sa famille, ni ses frères et sœurs ni ses parents avaient montré un signe de cette caractéristique ne serait-ce qu'une seule fois. A croire que sa génétique avait clairement merdé durant la procréation.

Quelques jours passèrent, Pandore avait repris son esprit d'antan grâce au conseil et à la sagacité de son maitre. L’entrainement touchait à sa fin, sa période de "repos" allait se terminer d'ici deux jours et allait devoir reprendre du service très rapidement. Heureusement pour elle, elle n'avait apporté presque aucun bagage à son arrivée ici mais, c'était plus le fait de laisser le vieux de nouveau seul qui la chagrinait un peu.

Quant à lui, il était fier d'avoir pu enseigner son savoir à une élève digne et avisée. Le départ de Pandore allait lui provoquer un pincement au cœur mais, le simple fait de savoir qu'elle allait se lancer dans une vie pleine d'aventure le rendait heureux comme un père. Il était néanmoins légèrement inquiet, la bestialité de Pandore ne lui avait pas échappé. Il était trop tard pour lui pour trouver une solution à ce problème mais, au fond, il espérait que Pandore arrive à battre cet instinct animal qui ne demandait qu'à rugir.