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Le Croc-eau-deal


Un jeune garçon -un adolescent, en fait- court à perdre haleine au beau milieu de la rue. Il hurle de douleur en se tenant fermement le bras droit et sanguinolent. Puis, en bout de course, des premiers témoins se mettent bientôt à paniquer et à crier à leur tour, en voyant le blessé grave débarquer. Une minute plus tard encore, ça s'agite déjà dans tous les sens. De nouveaux passants cessent leurs petites affaires ou leurs petits boulots quotidiens, pour aller se précipiter vers la victime.

_ Pour saigner comme ça, l'imbécile a dû perdre à un sérieux bras de fer, me moqué-je tout seul dans mon coin.

Je suis là, en touriste, dans ce village qui ne paye pas de mine. Et à part cramer sous la chaleur de midi, je suis tombé sur cette scène par hasard, après avoir baffé un barman qui ne voulait pas me servir à boire. Soi-disant que tout est limité dans ce trou perdu, pfff ! C'est la règle, à ce qu'il parait.

Alors voilà. Je me suis ensuite dit qu'en errant jusqu'à un prochain croisement, je finirais par me dégoter une taverne plus sympatoche et généreuse avec les gorets de mon espèce. Mais en vain. À la place, il a donc fallu que j'assiste à ce drôle de remue-ménage.
Quand je décide de m'amener au plus près de leur manif, la situation change radicalement... pour ne pas dire empirer. Le jeune homme au bras complètement défiguré se fait alpaguer sous peu par deux balaises qui, au vu de leurs vêtements blancs, doivent s'avérer être des infirmiers. En tout cas, la blouse, les gants et même leur masque de chirurgien ne trompent pas.

Tandis que la foule me fait obstacle, en train de jouer des coudes pour espérer une place VIP aux premières loges, moi je surveille le film du haut de mes deux mètres vingt, derrière tous ces gens. À moins qu'ils cherchent au contraire à m'éviter le plus possible, car venir se frotter à du gabarit gélatineux pareil, ça pourrait les faire vomir ? Mouais bof.
Quoi qu'il en soit, le brouhaha a de quoi m'exploser les tympans, à force. Et résultat, je n'arrive pas du tout à comprendre de quoi il en retourne. Si ce n'est lorsqu'un troisième médecin se pointe, au pas de course, avec quand même un énorme hâchoir de boucher entre les mains !

_ Euh... soufflé-je bêtement en me pinçant le menton.

Ne me dites pas que...?

Eh bah si ! Les deux grands costauds font de leur mieux pour immobiliser leur patient. Et après l'avoir collé fermement sur une table de travail -que je n'ai même pas capté depuis tout à l'heure, d'ailleurs-, le troisième gars en blouse n'a plus qu'à couper le membre défoncé du pauvre garçon.

Couik ! Et splotch... même que ça envoie !

_ Nom d'une pipe en bois ! Il l'a vraiment fait ?

Je suis tout bonnement sur le cul. Façon de parler, hein. Yeux écarquillés, bouche bée et corps figé, en l'occurrence. Bah ça alors !

En revanche, là où ça devient encore plus louche, c'est que les spectateurs ont l'air plutôt ravis de ce verdict. Bien sûr, ça crie toujours, mais ça chiale aussi. Tout le monde ou presque se soulage sur l'épaule de l'autre, patati patata...
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_ Hey ! Ça va pas la tête ! Vous n'êtes que des animaux !

Meuh non, je ne suis pas énervé. J'essaie juste de me faire remarquer un peu mieux, alors que les gens semblent toujours plongés dans leur séquence émotion de fin de rituel.

Résultat, comme ils n'ont pas l'air de vouloir s'intéresser à ma grosse voix, il ne me reste plus beaucoup d'options. Soit je me casse de cet endroit sordide, soit je les baffe. Et ma foi, pour cette deuxième méthode, je dois avouer que c'est très tentant. Donner une bonne leçon bien marquante à ces sauvages, je pense même que c'est la moindre des choses, au vu de ce qui vient de se tramer.

_ Toup...

Mais je n'ai pas le temps de finir. Ni de commencer, enfin de compte. Ça aura juste frétiller au niveau du torse. Trois fois rien, quoi. Puis j'ai repris ma posture initiale.

Le bourreau vient d'expliquer à son assemblée que malgré la barbarie de son acte, tout va dorénavant rentrer dans l'ordre. À part peut-être quand le cobaye sur la table se met à rugir à la mort. Ah, c'est sûr ! Ça doit faire mal de perdre un bras de cette manière. C'est d'ailleurs pourquoi les deux assistants se dépêchent de prodiguer les dernières mesures curatives sur les trois quarts restants du corps.
En gros, ça consiste à lui bidouiller un garrot, de nettoyer la plaie béante, lui coller des bandages... et tout le tralala d'infirmerie. Et en cadeau bonus, on lui assène même une jolie beigne dans la tempe, afin de l'anesthésier pour un certains temps.

Toujours est-il que je reste sceptique. Je n'y connais pas grand chose en médecine, d'accord, mais depuis quand faut-il réagir aussi brutalement sur une blessure, lorsqu'on saigne simplement d'un membre ? J'ai beau fouiller dans ma mémoire, à l'époque du catch et du cirque où je bossais dans le passé, franchement je ne vois pas ! Remarque, moi c'était plutôt du visage, que je prenais principalement plaisir à démolir, avec mes boobies.
Après, je peux envisager la possibilité que dans ce patelin de bouseux, on est pas mal ric-rac concernant les moyens mis à leur disposition. Ceci expliquerait cela.

Bref, toujours est-il que j'ignore les tenants et les aboutissants de cette sale affaire. Et puisque j'ai décidé de renifler, il serait peut-être temps que je passe à la vitesse supérieure. De plus, j'ai que ça à faire. Du moins, si on considère que je ne reprends pas le large de sitôt, ou que prendre racine est le meilleur moyen pour cramer mon crâne chauve.

_ Hého ! M'écrié-je plus fort alors, bras levé et dégoulinant de l'aisselle. Quelqu'un peut me faire partager vos us et coutumes, s'il vous plait ? J'avoue que ça m'intéresse.

Leur ruminage collectif me fait vite comprendre que je ne suis vraiment pas le bienvenu. Et vous savez ce que c'est ? Quand on a des problèmes, on a beau vous conseiller d'en parler à son voisin, au lieu de s'isoler dans la déprime... ranafout' ! Les habitants ne préfèrent pas enfoncer le clou un peu plus, s'ils sont amenés à tout déballer leurs souffrances au premier clampin de passage.

_ Toupie Booblade alors ! Rétorqué-je sans plus attendre. Ah bah vala ! J'ai enfin pu l'exécuter cette fois-ci !

Allez hop ! Allons-y franco ! Salve tourbillonnante de bonnets F extensibles dans la tronche des plus proches fortes têtes... c'est la maison qui régale. La violence de mon attaque les propulse ainsi sur d'autres guignols derrière, et ainsi de suite. De ce fait, tout le monde termine vautré au sol. Aux pieds du groupe d'infirmiers, une fois que la table s'est brisée dans l'agitation.

Il ne reste plus que le duo de colosses et leur leader debouts. Enfin, je suppose que c'est le plus fin qui est le boss de la petite bande. C'est souvent comme ça, de toute manière. Celui qui possède les biceps les plus risibles, c'est celui qui a par contre le plus gros cerveau.
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_ Je disais donc... relancé-je dès qu'on s'est suffisamment regardé dans le blanc des yeux. C'est dégueulasse. J'ai dû louper un épisode. J'aimerais entendre votre version des faits. Merci.

Quant à elle, la foule de faibles figurants à terre en profite pour ramper à l'écart, et ainsi m'ouvrir un couloir jusqu'au boucher et ses sbires. Ils n'osent pas se relever ni moufeter trop ouvertement, mais servir de public ne les dérange apparemment pas.
Avec du bol, je suis même prêt à parier que c'est mon slibard qui les intrigue plus que mon tas de graisse, mouarf !

_ Et si je refuse ?

J'esquisse un sourire nerveux et je pioche l'un des nombreux badauds lambdas à portée de main. Puis je carre sa tête dans mes bourrelets du ventre.

_ Ça ne vous concerne pas, reprend le docteur en chef, pas aussi impressionné que les riverains recroquevillés autour de moi. Alors fichez le camp ! Comme vous le voyez, on a un ado qui a besoin de nous.

En même temps, si le gars n'en est plus à son coup d'essai avec son hâchoir, ce n'est pas un énième villageois entre la vie et la mort qui va l'interloquer. En revanche, les autres blaireaux au sol grognent rapidement en choeur, mais via des messes basses.

_ Grrr ! Vous êtes vraiment des radins, ma parole ! Dis-je en libérant le prisonnier dans ma bedaine. Déjà tout à l'heure, c'est à peine si j'pouvais avoir un verre d'eau au bar d'à côté.

Tiens, au fait, ce ne serait pas lié, à tout hasard ? Maintenant que j'y cogite... et si en prime d'être limité en dosage de boissons, les mecs d'ici avaient aussi reçu l'ordre de ne pas faire trop de pub, au sujet de je-ne-sais qui ? Après tout, dans le monde de brutes dans lequel nous vivons, j'aurais bien envie de pencher pour du vilain pirate dominateur, pour la peine !
Ça marche aussi avec une sale bande de voyous féroces, évidemment.

Bingo ! Pendant que mes neurones fusent, je crois déceler un léger déplacement de sourcil chez l'homme en blouse. Peut-être même aussi un bref frisson au niveau de la lèvre. Bien sûr, le gars porte un masque. Seulement, le pli dans le tissu ne trompe pas à ce moment-là.
Il consulte ensuite son couple de sous-fifres d'un regard silencieux, mais on dirait bien que ça signifie également qu'il est temps de se retirer. Les deux baraqués quittent donc le plateau avec leur patient endormi sous le bras. Je reste donc seul à faire la causette avec le type au hâchoir... à condition qu'il veuille me répondre éventuellement, hein.

_ Oui, finit-il par avouer, suivi d'un soupir.

Sa tête tombe sur sa poitrine et son hâchoir retourne dans son dos, avec ses mains. Du coup, on a l'impression qu'il retrouve sa coiffure bizarre au carré.

_ Tu nous as percé à jour, je suppose.
_ Oh, je suis trop fort, c'est tout... me vanté-je gratuitement, en tapant la pose du héros. Rien ni personne ne me résiste bien longtemps, vous savez.

Il abaisse son masque et pousse un petit rire. Pendant ce temps-là, mes fans, encore par terre, finissent doucement mais sûrement par s'esquiver. Retourner vaquer ailleurs, dira-t-on. Comme si rien ne s'était passé.
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Le chirurgien-boucher me raconte tout le schmilblik, après qu'on se soit mis à l'aise et à l'ombre. J'apprends alors que plus loin, à la sortie de la ville, une bande de sagouins s'est installée dernièrement. Bien sûr, ces chiens ont donc profité de leur nombre, de leur force, et peut-être aussi de leur notoriété pour imposer leurs règles. Ainsi, ils détiennent une sorte de mare aux canards prévue à la base pour les habitants de ce trou. Un point d'eau comme un autre pourtant, mais qui sert d'eau potable. Après traitement, quoi.
Manque de bol, comme les nouveaux proprios ne font pas les choses à moitié, les pauvres faiblards d'ici se sont vite aperçus de l'horreur qui les attend, s'ils osent se pointer désormais sans rendez-vous : des crocodiles ont été dispatchés pour jouer les vigiles de sécurité !

_ Ah ouais quand même... glissé-je légèrement stupéfait par l'originalité du binz.
_ Alors voilà le gros souci : les mecs ont taxé la flotte, et limité les doses par personne, par semaine. Mais comme vous le voyez, dans ce coin de paradis, il fait souvent très chaud. Donc on a vite besoin de s'hydrater.
_ En effet, c'est pas de chance... répliqué-je toujours aussi réconfortant dans mes réponses.

Quant à ces fameux gros reptiles, le mec me raconte que leurs morsures, en plus d'être sacrément impressionnantes, elles ont le chic d'infecter très vite la personne qui se serait faite blesser. Donc, plutôt que d'en mourir trop vite, et aussi parce que les soins ne sont pas assez efficaces, le seul foutu remède, qui parait encore le plus adapté, reste visiblement de trancher avant que les bactéries ne se propagent jusqu'au coeur.

_ Pouah ! Je comprends mieux maintenant votre numéro précédent.
_ Exactement, je n'y prends aucun plaisir. J'ai juste un peu d'expérience dans la découpe de viande. Depuis, je suis en quelque sorte devenu le médecin du village.
_ Mouais... bah beurk, hein ! Fais-je en me retenant de vomir. Enfin qu'à cela ne tienne ! Il lui reste toujours un autre bras.

Oups. Boulette again, je suppose ? Mon interlocuteur n'est pas d'humeur mais ignore ma bourde. Mettons ça sur le coup de l'émotion, pour changer...

Pour me rattraper, une idée saugrenue me picote le bout de la langue :

_ Et si j'allais leur dire deux mots ?
_ Quoi ? S'insurge le doc. Vous êtes malade !
_ Bon, bah trois alors ?
_ C'est pas la question ! Vous voulez finir démembré, c'est ça ?
_ Meuh nan. De toute façon, si je reste ici trop longtemps sans boire, je crains que finir avec la gorge sèche, ce serait pire, héhé.

Sans plus tarder, je m'apprête à partir. L'autre cherche à me barrer la route, tandis que ma bedaine très prononcée a vite fait de lui saloper sa tronche et sa blouse. Quelle chance qu'il ne brandit pas son hâchoir dans le feu de l'action, comme pour se protéger, par exemple. Sinon, je pouvais dire adieu à mon nombril.

Puis, après l'avoir bassiné avec quelques anecdotes de catch, il décide enfin de me laisser tranquille. Ça ne le calme pas pour autant, car il s'imagine probablement, dans le fond, que je vais revenir pour une opération d'amputation.

Je plaisante alors une dernière fois en exhibant mes mensurations :

_ Vous m'avez bien regardé ? Comment ces bestioles pourraient-elles ouvrir grand la bouche pour me croquer, hein ?

Et hop ! J'ai tourné aussitôt les talons en pouffant de rire. Direction la piscine des crocos !
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J'avance et je crâme toujours autant. Je n'ose même pas compter le nombre de coups de soleil qui doivent me recouvrir la peau. Une chance que ma transpiration s'écoule souvent dessus. D'une certaine manière, ça fait office de crème. Enfin, rien d'extravagant non plus, parce que, là aussi, mon huile a tôt fait de s'évaporer. Après avoir bouilli sur mes rougeurs, grrr !

Quand j'arrive en vue de ce qui s'avère être la casa des sadiques coquinous, il y a une grille qui me bloque bientôt ma progression. Le genre de porte "attention danger", avec le dessin d'une tête de mort dessus. Mais à vrai dire, je crois surtout que c'est le logo pour annoncer que des pirates résident de l'autre côté de la barrière.

_ Moi qui pensais que c'était juste de la racaille locale, m'étonné-je légèrement.

Dans tous les cas, il n'est pas question que je campe devant et que j'attende qu'on vienne m'ouvrir... ou pas, d'ailleurs. Du coup, un petit rebond sur mon arrière-train extra-large, et hop ! L'acrobatie du professionnel opère de la plus simple façon qui existe : un saut en hauteur des plus basiques, sans avoir besoin de s'éterniser en contorsions et autre salto du genre.

En revanche, le sol tremble pas mal au moment de me réceptionner sur mes deux pieds, ce qui alerte la cavalerie dans les plus brefs délais. Trois fois rien, hein ! Alors ne paniquons pas. Juste un duo de hors-la-loi, armes blanches en main, et fringués comme des vacanciers de plage. Mais dans le style lascar tout de même, sans doute afin de prouver qu'ils sont les fidèles toutous d'un grand chef aux sales moeurs.

_ Salut les gars !
_ Ta gueule ! Jacte le premier.
_ Dégage ! Enchaîne le second.
_ Mais attendez... j'ai même pas encore expliqué la raison de ma visite.

C'est vrai, quoi, merde ! Il n'ya vraiment plus de respect, de nos jours. Preuve encore lorsque les deux zouaves me menacent un peu plus avec leurs lames. Les râles indescriptibles qui s'ensuivent doivent sans doute signifier que je n'ai rien à faire chez eux. Ou que si je fais un pas de plus, ils me plantent.

_ J'ai soif, reprends-je alors, tout ce qu'il y a de plus naturel. Alors si vous me donnez une goutte, je m'engage à vous dédicacer mon slip.

Mouais bof. Avec une réplique pareille, ils sont tout à coup vexés. C'était à parier, en même temps. Celui à ma gauche tente ensuite de me contourner discrètement, via des pas châssés, et cherche à me perforer dans le flanc.

Une technique de lâche comme une autre, je suppose. De ce fait, si je regarde au mauvais endroit, au mauvais moment, son super pote, toujours face à moi, n'aura plus qu'à me trouer à son tour, trankilou. Et vice versa. Je dois donc très vite réagir. Alors par réflexe ou dans la précipitation, j'estime que la meilleure défense reste encore d'esquiver fissa à reculons. Comme ça, les cons tranchent tous les deux dans le vide. De plus, moi je mets une certaine distance entre moi et mes agresseurs.

_ Haha ! Bien essayé, les gars. Mais vous ne savez pas à qui vous avez affaire... c'est sûrement ça votre plus grande erreur.

Pour changer, les deux marioles poussent du charabia vulgaire à mon encontre, mais je ne porte même plus d'intérêt à leurs paroles de pacotille. C'est de toute façon le langage des petites fiottes bas de gamme. Du sous-fifre tellement misérable, que sur une échelle de 0 à 10, il n'est pas inscrit, car classé dans le négatif. Mouarf !

Sur ce, je m'empare en un éclair de ma longue ceinture trempée, et je fouette le couple de blaireaux à plusieurs reprises. Tout d'abord, ça les désarme. Et deuxièmement, après en avoir ligoté un à la cheville, je tire un grand coup sec afin de l'envoyer sur son copain. Les mecs s'entrechoquent l'un l'autre, puis terminent leur chute dans la grille de l'entrée.

_ Ça, c'est fait, conclus-je en me rhabillant.

En effet, il n'y a plus besoin de se soucier de l'état de santé de mes adversaires. Je sais, sans même leur adresser une dernière oeillade d'adieu, qu'ils ne se relèveront pas de sitôt.
Bah quoi ? On parle du gros Gura, Super Sumo... Susu, pour les intimes ! Celui qui sue de ses roberts, celui qui sue de ses lolos ! Ouais, c'est Super Sumo !
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Un peu plus loin, c'est toujours autant le calme plat. Il y a effectivement un petit lac, mais pas plus d'obstacles à devoir contourner. Donc à part quelques ponts, des tuyaux et de la machinerie dans le fin fond de ce complexe, le coin est désertique. J'en déduis alors que, soit la fine équipe de bandits n'en est qu'à ses prémices, question casting. Soit elle mise tout sur ses chiens de garde à écailles.
Je poursuis mon avancée sur plusieurs mètres encore, en longeant l'étang, et rien de flagrant n'est à signaler. Je finis d'ailleurs par me demander si les gens du village n'en ont pas fait des caisses.

_ Tu vas voir que c'est juste un petit lézard, en fait, le soi-disant monstre... pensé-je tout haut, après qu'un certain ennui s'empare de mes neurones.

J'ai ensuite l'impression que de longues minutes se sont écoulées, à tel point que brûler sous ce soleil de plomb n'est vraiment plus possible. Conclusion, il faut à tout prix que je fasse quelque chose pour y remédier.
Et pourquoi pas me jeter à la flotte, tiens ! Hein ? En voilà une idée qu'elle est bonne !

Non, en fait, c'est très con, mais j'ai horreur de patienter trop longtemps dans le vent. Enfin, sous le soleil surtout. Du coup, je me suis dit que faire doucereusement trempette ne pouvait me faire que du bien. Et tant pis si la flotte devient crade et un peu plus épaisse après mon passage. Au pire, il faudra juste que leur usine mette les bouchées doubles pour le traitement de l'eau.
Alors, geronimo ! Je pousse un cri de joie, je sautille de bonne humeur... un, deux, trois petits pas de danse... et tada ! L'obèse en slip que je suis fait un giga plouf dans la mare.

_ Hmmm ! Que ça fait du bien ! Il ne me manque plus qu'une brosse pour me grattouiller tout ça, et je serais aux anges.

Ah, tiens ! Quand j'ai dit ça, je crois aussitôt entendre d'étranges expirations dans les parages. À moins que ce soit quelqu'un qui chuchote ou qui grogne en sourdine ? À moins que ce soit l'usine qui s'est mise en marche ?

Tête qui tourne à gauche, puis à droite. Je ne détecte rien. Enfin, pas encore, en tout cas. Pourtant, ces bruits dérangeants pullulent toujours. Peut-être même plus forts qu'au départ, au fur et à mesure que le suspense s'immisce et a l'air de prendre forme.
En temps normal, je n'aurais rien contre une petite partie de beach volley. Seulement, là, tout me porte à croire que les incognitos ne sont pas enclin à partager leur bon esprit de jeu avec un porc quasi à poil. Ou peut-être que si, mais pas dans le sens où on l'entend.

En effet, je capte un peu tard les louches indices qui m'encerclent depuis tout à l'heure. On dirait que des grosses narines verdâtres flottent à la surface, tout autour de moi. Elles se rapprochent petit à petit, très lentement, mais en parfaite synchro. Et puis ?
Et puis, dans la confusion, et sans doute la peur, il y a des bulles qui remontent dans mon dos, puis qui éclatent à l'air libre. Promis, je vous passe les détails et l'origine d'un tel méfait embarrassant. Mais dans tous les cas, c'est le signal que retiennent les trucs dissimulés dans les profondeurs pour surgir tous en choeur. Splash ! Des vagues se dessinent et s'étirent, des silhouettes montrueuses se matérialisent et se dévoilent dans la lumière... et des gueules hors normes, à la dentition toute aussi extraordinaire, s'ouvrent en grand afin d'essayer de me déchirer un max de viande bringuebalante !

_ Omagad ! C'était pas des conneries alors ! Hurlé-je à m'en casser les cordes vocales.
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Dans ces conditions, il n'y a pas trente-six solutions possibles ! Il faut opter promptement pour de l'attaque rotative. Mon tourbillon spécial groupies devrait donc faire l'affaire.

_ Toupie Booblade !

Yes ! C'est ça qui est bon ! Une tornade de nichons dans le pif, c'est radical pour illico mettre les points sur les "i".

Mouais bof. J'ai peut-être joui un peu trop vite de mon succès. Habituellement, la surprise et la violence d'un tel matraquage en série a de quoi faire taire à peu près n'importe qui, mais il faut croire que contre des bourrins de cette race, je vais devoir rapidement trouver autre chose, ou du moins insister plus sérieusement lors de mes frappes.
En effet, les méchantes bestioles ont bel et bien savouré de mes baffes pectorales et suintantes. Malheureusement, ça a juste servi à les repousser d'un mètre ou deux à peine. De quoi éviter leurs morsures, c'est tout de même un bon point.

Dans tous les cas, je ne traîne pas plus longtemps dans ma baignoire et je rejoins la terre ferme. Je profite d'une fraction de seconde pour consulter mon torse, mais ouf ! Rien n'a été dévoré par mégarde pendant la dernière attaque. La seconde d'après, en revanche, mes furieux agneaux veulent déjà remettre le couvert.

_ Je sais bien que je suis un met de choix, les mecs ! Leur dis-je tout en bidouillant mon nombril avec l'index. Mais si vous voulez me mordiller un téton, brossez-vous au moins les dents trois fois par jour, par pitié ! Ce serait la moindre des choses, quoi !

Ils me regardent tous avec leur air de sauvageon affamé, et n'ont évidemment cure de ce que je leur bave. Qui plus est, un rugissement bestial groupé me confirme bientôt que je ferais mieux de garder mes petites feintes pourries au placard.

Après quoi, le deuxième round est ouvert. Et les horribles bouches des crocos également. Le quatuor de monstres nagent le crawl jusqu'au rebord, grimpe hors de l'eau, et s'époussettent brièvement comme des gentlemen. Bien sûr, leurs manières sont un brin exagérées. C'est surtout pour démontrer que ces imposants reptiles ont le chic pour prendre leur temps et venir ramper jusqu'à leur proie.
Je ne sais pas s'ils ont deviné qu'un large type enveloppé ne pourra jamais les semer si je viens à prendre la fuite, ou si ça fait partie du spectacle. Néanmoins, j'aurais tendance à penser que ce sont de vrais acteurs pour film d'horreur. Ça me rappelle même un peu le cirque où je bossais à l'époque, dans une certaine mesure.

Bref, lorsque la meute est en position et prête à me bondir dessus, elle n'hésite pas et fonce dans le tas. Là encore, je suis obligé d'esquiver sur-le-champ ou je peux dire au revoir aux trois quarts de mes bourrelets. Donc, via un simple et petit Kamik'Ass, j'ai tôt fait de décoller dans les airs, loin de leur crocs aiguisés et puants.
J'atterris alors derrière eux, cette fois-ci, d'une bonne vingtaine de pas, histoire de placer une distance de sécurité et de pouvoir mieux observer leur foutue chasse sournoise. Une chance que ces crocodiles sont également des lourdeaux, quand j'y pense. Du coup, je me sens moins seul dès qu'il s'agit de dandiner mon énorme carcasse de droite à gauche.
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_ Je sais ! M'exclamé-je après qu'une idée à la con me traverse l'esprit, soudain.

Bah oui ! Ça m'arrive de m'interroger lorsque je ne sais plus trop comment me débarrasser de mes assaillants. Et si mon catch ne peut pas venir à bout contre du costaud bétail du genre, il faut bien essayer de pencher pour la ruse ou l'éclair de génie. Ou quelque chose qui y ressemble, quoi.

_ Si j'utilise ma ceinture convenablement, j'ai peut-être une chance de pouvoir dresser un de ces crocos. Et pourquoi pas même de le monter.

C'est alors décidé ! Je vais tout faire pour organiser ce coup de maître.

Ainsi, pour que l'occasion idéale se présente, je me débrouille donc d'abord pour isoler une des bêtes. Comme par exemple, en longeant un mur. À ce moment-là, le groupe de morfales est alors obligé de se serrer si chacun veut toujours m'avoir dans son champ d'action. Comparé au début, les ploucs ne peuvent plus me cerner selon leurs envies. On se retrouve tous face à face, en somme.
Puis, une fois que j'ai dégrafé ma ceinture, j'essaie de les provoquer tous en même temps. Quelques fouettages sur le museau ou dans l'air suffisent à les tenir sur le qui-vive. Et lorsque le coup bas de trop les énerve au plus haut point, ils grognent et cherchent à m'arracher le cordage des mains.

_ Allez, allez, allez... petit, petit... celui qui attrape un morceau, gagne le jackpot ! Le droit de planter ses canines dans ma cuisse. Du bon jambonneau.

À vrai dire, la tâche est plutôt risquée parce que si je loupe la suite, j'y laisse vraiment ma peau. Et là, adieu Grand Line, adieu les trésors, adieu le titre de Roi des Pirates, entre autres...

Mais heureusement que je n'en suis plus à mon coup d'essai avec les animaux. J'ai eu le temps d'assister, spectateur ou comédien de la scène, à divers numéros pour les beaux yeux du public, pendant mes plus jeunes années. Sur ce, comme prévu, lorsque les reptiles imposants commencent à se cogner l'un l'autre pour me bouffer, ils ragent surtout entre eux d'avoir été gêné dans leur manoeuvre.
Moi, bien sûr, je me marre. Et je reste aux aguets dans la foulée, cela va de soi. Résultat, tôt ou tard, j'ai beau être assez large, seuls trois des immondices ont véritablement un accès direct vers ma chair. Les deux à ma droite ne tardent pas à se postillonner dessus, et les deux autres ne font pas mieux non plus... si ce n'est que le plus éloigné se fait vite dégager.

Tatatam ! Voilà comment le plus isolé se retrouve, de ce fait, avec le moins de chances possibles de m'ingurgiter. En fait, pour cela, il devrait surtout croquer son copain et l'éjecter. Sauf que visiblement, dans cette famille de batraciens énormissimes, il est interdit de se trancher dans le vif. Comme c'est mignon, des frangins aussi soudés !
Quoi qu'il en soit, l'aubaine en or me tend les bras, et j'ai bien l'intention de ne pas la laisser filer. Alors pouf ! Sans prévenir, je décolle une énième fois du sol, je m'écrase sur le dos du croco malchanceux et solitaire, et je lui sangle la gorge avec mon long ruban moite et adhésif.

_ Yeehaaa !! M'extasié-je fièrement comme un cowboy.

Le squelette du crocodile a apparemment survécu à mon surpoids, en tout cas. Il m'est difficile de maîtriser ma monture lors des premiers rodéos qu'il m'impose, mais les baffes d'un Sumo finissent toujours par avoir le dernier mot.

Et tandis que tôt ou tard, mon transport n'a d'autres choix que de se soumettre à la volonté de son tout nouveau jockey, on se trémousse et on galope bientôt à la régulière dans l'usine, autour du lac. Quant à ses potes verdâtres... ils sont verts, ahem ahem ! De jalousie, sans doute ?
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Super, hein ? Et maintenant, quoi ? Un tour par-ci, une balade par-là, j'ai vite fait la visite du lieu jusqu'au moindre centimètre. À tel point que mon cheval à écaille finit tôt ou tard par s'épuiser. Apparemment, il a beau être costaud, ce doit être la première fois qu'il supporte un porcin de deux cent cinquante kilos sur le dos. Le pauvre !
Puis c'est ensuite pour ma pomme, d'être crevé à ma façon. Bah quoi ? Comme si j'avais besoin d'user mes jambes pour me fatiguer, pfff ! C'est surtout ce maudit soleil qui n'a pas cessé de me taper dessus. Alors forcément, la chaleur me fait suer toujours plus, et du coup, ça m'engourdit tout autant qu'un simple effort physique, par exemple.

_ Bon alors ? Me plains-je à un moment donné, pour la peine. Où est-ce qu'ils sont ses gredins ?
_ Juste ici, mon gros ! Réagit une voix masculine et enjouée, en un tournemain.
_ Eh bah si j'avais su qu'il suffisait de demander tout simplement... me moqué-je tout en levant le nez vers l'étranger.

Sur une plateforme incrustée dans un mur, un ou deux étages plus haut, j'aperçois une silhouette accoudée à une rampe. Mais un rayon de soleil a tôt fait de m'aveugler, alors je n'en saurai pas plus pour l'instant. Sauf si...?

_ Gura ? Reprend la voix du mec, complètement abasourdi.
_ Hein ? M'étonné-je. Comment tu connais mon nom ? Et pis, t'es qui d'abord ?

J'essaie de manier mon crocodile pour me placer dans une meilleure position, sans finir aveugle, tant qu'à faire... malheureusement, je me retrouve à contrejour cette fois-ci. Chiottes ! Le type reste donc mystérieux de nouveau.

_ Haha ! Gura ! Si, c'est bien toi, on dirait.
_ Mais euh...
_ Un gros sac en slibard et ruisselant, j'en connais qu'un seul, de toute façon. Ça n'explique pas ce que tu fous là, mais ça faisait un bail, dis donc !
_ Atta... je fouille dans mes souvenirs...

Je réfléchis, encore et toujours, mais rien à faire ! Pas moyen de me souvenir de qui il peut s'agir. Si ce n'est que, me connaissant visiblement du passé, j'aurais tendance à dire que c'est grâce au cirque ou à mes combats de catch. Peut-être un banal membre du personnel, ou juste une faible tarlouse rapidement expédiée dans les cordes... allez savoir !

_ En tout cas, tu n'as pas changé. À part peut-être un bourrelet ou deux en plus, j'imagine, héhé.
_ Oh si, j'ai changé bien plus que tu ne sembles le croire. Je suis beaucoup plus fort...
_ Je te fais confiance pour ça.
_ Alors si tu ne veux pas que je t'aplatisse tout de suite, rétorqué-je aussitôt après sa réplique, tu ferais bien de te présenter mieux que ça !

Le mec se marre, sans doute parce qu'il reconnait bien là, mon sale caractère sous un soleil de plomb, puis il se jette dans le vide afin de me rejoindre à mon niveau.

_ Et comme ça, tu me trouves comment alors ? Fait-il en souriant, accompagné d'une petite courbette.

Maintenant, c'est plus clair, y'a plus de doute. Ça se confirme, c'est donc bien un des nombreux artistes que j'ai déjà pu croiser à l'époque du cirque.

D'ailleurs, après coup, je me dis que je suis trop con de ne pas avoir su deviner plus vite. Le gars était justement réputé pour ses numéros avec des animaux. Un dompteur, quoi. À part qu'il dressait des chiens, en ce temps-là. Il faut croire qu'il a dû se recycler depuis.
C'était quoi son nom, déjà ? Barclay ou quelque chose comme ça ? Ah oui voilà ! Eddy Claybarr, je crois !
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Le bonhomme a bien changé, par contre. Qu'il ne veuille plus porter son accoutrement de comédien, ça se comprend. Mais le truc qui me choque un grand coup, après que les monstres d'écailles retournent à leur ronde, et lorsqu'on se dirige vers un salon plus accueillant pour invités de marque, ce sont ses bras de métal ! J'apprends, en fait, pendant la balade qu'il s'est fait bouffer les bras par de l'animal un peu trop sauvageon. À ses débuts dans la piraterie, quoi. Il a dû être un peu con de croire qu'apprivoiser du lourd marcherait aussi facilement, rien qu'en donnant un su-sucre ou un nonosse, j'imagine.

_ Moi aussi, j'me suis lancé dans la piraterie ! M'exclamé-je en échange.
_ Hahaha ! Un gros sac comme toi, qui veut devenir pirate ? Sans rire ?
_ Bah quoi ?
_ Mais le bâteau aura vite fait de couler, andouille !

On se marre comme des gamins attardés. On connait tous les deux ce genre de feinte répétitive par coeur, parce qu'on me l'a déjà fait des centaines de fois. Mais vaut mieux rire que pleurer, comme dirait l'autre, hein ? Et pour ma part, je préfère largement être dans ses petits papiers pour le moment.

Sinon, son nouveau look semble lui aller à ravir. Un chapeau d'aventurier par-dessus sa bouille de blondinet, une chemise beige, courte, légère et ouverte sur des pecs saillants, une ceinture avec tout un attirail de guerrier survivor... bref, que des habits à la mode en cette saison chaude, mixé à du Indiana Jones... pour ne pas dire Crocodile Dundee, dans ce cas-ci.
Sa baraque de riche n'est pas mal non plus, qui plus est. Mais pour en être arrivé à un tel résultat, la réalité a tôt fait de me faire grincer des dents. Discrètement, bien sûr. Car dans ce monde de brutes, plus tu te recroquevilles, plus tu vois pendouiller tes billes ! Enfin, à condition de ne pas collectionner trop de bourrelets au bide. Sinon, c'est eux que tu vois principalement pendouiller.

Bref, la piraterie, c'est la liberté. Donc, pourquoi ne pas se trouver un petit coin tranquille, se monter un beau business bien lucratif, et bâtir sa belle forteresse ? Le tout, en n'omettant pas de s'entourer de super potes dociles, voire de super bestioles capables de tenir les faibles curieux à l'écart.

_ Alors ? Me relance-t-il. Laisse-moi deviner, Gura... vu ton sérieux embonpoint, tu t'es dit qu'un verre rafraîchissant ne serait pas de refus ?
_ Euh... hésité-je avant de reprendre, l'air de rien. Ouais ouais. Ce maudit soleil est vraiment une plaie pour moi.
_ En souvenir du bon vieux temps, je suis prêt à te refiler gratos tout un tonneau, si ça peut te consoler.

Il me tapote l'épaule, une fois qu'on s'est assis dans son divan de luxe. Je le remercie évidemment sur-le-champ. Par contre, surprise-surprise quand il découvre que j'ai déjà tout trempé. Même sa main de réconfort n'y a pas échappé, héhé !

_ Désolé.
_ Haha, j'ai failli zapper ce détail, mon gros. Je vois que ça s'arrange toujours pas.
_ Encore et toujours cette chaleur, tu t'en doutes.
_ Évidemment.

Je lâche un long soupir, je me force de sourire, et je mime par des gestes vagues comme quoi les fortes températures ont de quoi m'alourdir un peu plus.

Mon pote d'antan pige alors la gravité de la situation, et fait signe à je ne sais quel larbin de ramener des glaçons au plus vite. On passe ainsi les prochaines minutes à se désaltérer avec du cocktail ultra frais. Et ma foi, ça fait du bien par où sa passe !
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Puis, dès que toutes ces frivolités ont assez duré, vient ensuite le quart d'heure sérieux. Celui où se la jouer directeur d'entreprise ou presque, c'est du boulot à entretenir de temps en temps. Résultat, il me fait part de ses quelques soucis avec la population locale. Et ce, quand bien même il possède une panoplie de soldats à sa botte, et des quadripèdes très affamés.

J'en déduis alors que malgré tout ce qu'il entreprend, les habitants ont le chic de récidiver sans cesse. De ce fait, il a oublié de prévoir que les villageois, eux, prolifèrent, tandis que ses sbires ne naissent pas sur demande. Et conclusion, il arrivera un jour où sa fine équipe n'existera peut-être carrément plus. Ça, ou alors les autochtones seront décimés, de quoi perdre toute sa clientèle.

_ Beh écoute... lui réponds-je. J'en sais rien, moi. J'veux plutôt voyager d'île en île et sur les mers. Sinon, si c'était pour rester à un même endroit, autant que je restais à la maison.
_ Moi aussi. C'est juste que j'amasse d'abord quelques sous, avant de recommencer ailleurs. Dans une autre branche, qui sait...

Ah ouais quand même ! Le gars n'aspire qu'à se faire du fric sur le dos des autres, en les obligeant à débourser chaque fois un bout de leur salaire, quoi. Boarf, c'est une idée comme une autre, je suppose. Mais perso, je trouve ça un peu feignasse. Rien de tel que baffer un minimum, sinon c'est tout de suite moins drôle.

_ Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse, de toute façon ? Leur dire que t'es vraiment pas sympa, pour leur faire encore plus peur ?
_ Bah... c'est un peu ça, ouais. Mais faudrait être pas mal convaincant, en fait.
_ Hmmm, ne puis-je que rétorquer, perplexe.

J'essaie de me creuser la tête pour espérer trouver l'idée de génie du siècle, mais je ne suis qu'un simple catcheur. Je règle souvent mes problèmes avec des coups. Mais peut-être que, justement, c'est ça le deal à mettre en place ? Taper tous ces blaireaux afin de montrer qui est le patron ?

_ Hmmm ! Fais-je avec plus d'étoiles dans les yeux, poing levé.
_ Je peux t'assurer que je n'ai rien ajouté dans ton verre, plaisante l'autre, mais avec une pointe d'inquiétude. Raconte ?
_ Je crois que j'ai trouvé comment leur en mettre plein la vue, à ces guignols qui te résistent.
_ C'est vrai ?
_ Héhé ! Tu sais à qui t'as affaire, hein ?

Je me relève avec le sourire, fier de ma trouvaille. Comme ce jaillissement est brutal, quelques gerbes de sueur ne se privent pas d'éclabousser mon copain, son divan, le sol, la petite table de salon, etc...

Après quoi, il veut que je lui fasse partager mon plan, mais je refuse. Je lui explique que je préfère garder le suspense jusqu'au tout dernier moment. Ainsi, s'il tient tant que ça à connaître le fin mot de l'histoire, il n'aura qu'à admirer par lui-même en temps voulu, ou attendre après les futurs commérages.

_ Tu fais chier, Gura ! Grogne-t-il, voyant tôt ou tard qu'il n'a aucune chance contre un mastodonte de ma trempe.
_ C'est pour ça que tu m'aimes, haha ! Lui envoyé-je comme énième pique gentille dans les dents.

Mais je lui promets d'expliquer deux ou trois trucs d'ici mon départ. J'attends juste que le soleil a sérieusement chuté, sinon je crains de m'écrouler sur le chemin du retour.
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Ayé ! La fin de journée s'amorce donc, quelques heures plus tard. Et je le sens d'ailleurs, une fois le nez remis dehors. Maintenant, je n'ai plus à m'en faire. Les rayons du soleil ne feront plus fondre mes bourrelets comme de la vulgaire neige. Sur ce, tonneau rempli de flotte sur l'épaule, je me fais ensuite escorté jusqu'à la sortie de la base de cette bande de vilains cupides, par deux hommes. Et tant pis si le sbire forcé de respirer tout proche de mon aisselle mise à nu doit en crever avant d'arriver devant la grille d'entrée.

_ Merci pour l'accueil et tout le reste, conclus-je en leur serrant la main.

Bon d'accord, le plus malade d'entre eux n'a pas su résister à mon parfum naturel, et s'écroule sous peu, comme convenu.

Puis dans la foulée, et comme tout à l'heure, on peut bientôt retrouver le patron de cette boîte, perché sur son petit balcon en hauteur. Et à vrai dire, tant mieux qu'il se soit grouillé de siffloter un petit air, car les crocodiles seraient revenus à la charge pour me becqueter les miches, sinon.

_ Prépare les nouvelles consignes, lui réponds-je une dernière fois.
_ T'es dur en affaires, Gura, dit-il en poussant un petit rire de diablotin. Mais ok, on fait comme ça. D'ici que t'auras rejoint le village, je stipulerai aussitôt après que la taxe augmentera et que les doses seront encore plus limitées par personne, haha !
_ Voilà, par exemple. Et si avec ça, ces idiots osent encore jouer aux héros, beh t'en remets une couche. Puis, tu penseras aussi à t'implanter ailleurs, au pire.

On éclate de rire comme des beaux enfoirés, je le salue pour de bon et je quitte l'endroit enfin.

Des kilomètres plus loin, quand j'arrive tranquillement vers les premiers mouvements de foule dans la rue principale, la soirée est tombée depuis. Les lumières de la ville ont été allumées ici et là, alors tout le monde voit très vite ce que je transporte. En tout cas, ils devinent très bien. On m'acclame ou on s'étonne que je sois toujours en vie, mais les gens ont l'air de se faire une raison : j'ai effectivement réussi à récupérer de l'eau.
En revanche, là où le bas blesse, je leur annonce direct que ce n'est pas pour eux. Évidemment, mon égoïsme soudain donne droit aux insultes, alors je leur raconte illico que c'est la faute à mes mensurations. Un homme de ma carrure a besoin d'un tonneau entier, picétout ! Parce que je le vaux bien, merde !

_ Allons, allons... calmez-vous ! Ajouté-je pour calmer leurs ardeurs. Il y en aura pour tout le monde, car j'ai su négocier avec eux. À ma façon, si vous voyez ce que j'veux dire.

Là, les plus sceptiques et les moins naïfs montent au créneau. Et puisqu'ils ne me croient pas, ils cherchent à s'interposer en poussant les crétins qui les gênent. Ça leur permet ainsi de s'amener au plus près de ma graisse.

_ C'est ça ! Fous-toi de nos gueules, en plus ! Jazzent-ils tous en choeur, et autres variantes de ce style.
_ Eh bah si vous ne me croyez pas, je m'engage à vous le prouver sur-le-champ. Toupie Booblade !

Oups, j'ai aussi baffé les gens qui n'ont rien demandé. Mais au moins, tous les habitants dans les parages ont pu s'apercevoir qu'une paire de boobies rotatifs, ça peut faire très mal quand on ne s'y attend pas. Alors si en prime, on reçoit également plusieurs salves dans le pif, qu'on pisse le sang, il y a peut-être ensuite moyen d'imaginer que les racailles qui sévissent pas loin d'ici ont alors aussi morflé sévère !

_ C'est ancré dans vos tronches, maintenant ? Fais-je en rigolant, malgré leurs cris et protestations.

Je patiente une seconde ou deux, mais dans l'ensemble on peut vite remarquer que mes victimes semblent convaincues. Elles doivent enfin se dire qu'un porcin de mon espèce aurait vraiment été assez balaise pour mettre un terme au conflit.

_ Ça s'arrose, tiens ! Dis-je en vidant un quart de mon énorme boisson.

Voilà comment s'est achevée l'anecdote, et comment j'ai fait mon gros mythomane, ce jour-là. Comme ces pauvres innocents désespérés ont fini par me croire, un groupe d'hommes a débarqué ensuite vers l'usine pour s'assurer de la véracité de mon récent exploit, croyant qu'ils obtiendraient facilement gain de cause à leur tour.

Résultat, ils ont bien sûr pu revenir par la suite chez eux, bredouilles et vivants, pour raconter leur défaite écrasante. Mais ils ont surtout fini mordus par les crocodiles, tous sans exception. Et subsidiairement, amputés. Une sorte d'avertissement pour dissuader les autres potentiels couillus restants, et leur folie des grandeurs.
Pendant ce temps, j'en ai profité une dernière fois pour faire la fête avec les plus sympathiques et crédules. Je suis obligé de leur faire partager mon tonneau, en échange de pouvoir bouffer à ma faim. Mais au final, ça me va.

Après ça, on ne m'a plus revu dans ce patelin, ni sur leur rocher tout entier.
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