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Crimes, châtiments et pâtés de sable.

Fantine resta plantée un long moment devant le frigo ouvert, regardant les yeux plissés l'intérieur de celui-ci, avec une pensée en tête qui ne la quittait plus : Il y avait un problème. Et la jeune fille n'utilisait jamais le mot « PROBLEME » à la légère, surtout lorsque ça touchait de près ou de loin à un frigo. Contemplant toujours le vide intersidéral de celui-ci, l'estomac en train de brasser de l'air, elle pinça les lèvres et referma la porte avec soin. Avec de la rouvrir à la suite, à la volée, comme si ce geste allait pouvoir faire apparaître quelque chose !

Comme si ce maudit frigo désespérément vide allait soudain se remplir de viandes, de viandes, et de viandes encore, avec un étage pour les aliments bizarres de ce cher Kurn. Mais non, rien. Rien de rien. Rien de rien de rien du tout. Fantine referma la porte, cette fois-ci pour de bon, et sortit sur le pont, les pieds traînant sur le parquet, les cernes marquées sous les yeux, et la mine d'enterrement aidée par son teint naturellement très pâle.

Problème donc.
Depuis qu'ils avaient quitté Armada en ayant dépensé toutes leurs économies, le mot « problème » était naturellement suivi des mots « j'ai faim putain de merde » et d'autres insultes peu sympathiques pas forcément adressées à quelqu'un sur ce navire. Et sans regretter ce train de vie qu'ils avaient mené tous sur l'île mouvante, à profiter des bains moussants et des repas interminables que Fantine réussissait pourtant à terminer, la jeune fille commençait tout doucement à se dire qu'ils auraient du penser à remplir le frigo un peu plus correctement, quitte à partir plus tôt d'Armada.

Néanmoins, le problème n'étant pas tant qu'il y avait plus rien à manger, non. Plutôt le fait qu'elle était persuadée, sûre, à s'en couper les deux mains, d'avoir laisser au moins un saucisson à côté de la laitue des abysses de Kurn, et que l'un comme l'autre avaient disparu. Autant la laitue à base d'algues, elle s'en moquait bien, autant le saucisson, ça tenait, et de loin, du crime passible de peine de mort... Du coup, plantée au milieu du pont, elle posa les poings sur ses hanches, prit une profonde inspiration, et gueula à en recracher ses poumons :

« RAMENEZ VOUS IMMEDIATEMENT ICI ! »

Son ordre fit trembler les planches en bois du navire. Les roues du navire s'arrêtèrent comme par réflexe, la parabole grésilla vaguement avant de descendre de sa vigie, le Crocodog s'approcha la truffe basse et la queue entre les jambes, déjà persuadé de se faire gronder alors qu'il ne savait pas encore de quoi on allait l'accuser, et Kurn se pointa de sa sieste habituelle depuis qu'ils étaient en mer, la tête de travers et l'humeur maussade de se faire tirer ainsi de son sommeil.

Ça pouvait se comprendre, hein. Mais y'avait tellement plus important dans la vie qu'une sieste. Du moins, selon Fantine et son estomac.

« Y'a quoi encore ?
Non ! La question, c'est pas « ya quoi » mais « qu'est-ce qu'il n'y a plus » ! »

La jeune fille montra en direction de la cuisine de son petit doigt osseux, ses yeux roses allant et venant entre tous les protagonistes sur le pont, tous les suspects si l'on pouvait dire, de ce crime impardonnable.

« Quelqu'un, ou quelque chose, rectifia-elle en regardant fixement Kurn alors que la Parabole se sentait beaucoup plus concernée pour le coup, A volé nos derniers vivres dans le frigo ! »

Un lourd silence tomba sur le pont, alors que Fantine leva son autre bras, le poing fermé, pour ajouter :

« Et ce crétin a laissé un indice ! »

Paf !
Elle ouvrit son poing pour laisser tomber... DU SABLE.
Comme si ça pouvait évoquer quoi que ce soit à qui que ce soit ici. Mais la preuve était, la preuve restait, et elle était l'unique piste vers l'imbécile.

« Dès aujourd'hui, je mène l'enquête ! Fantine Holmes est sur le coup ! Fit-elle avec une pointe de joie dans la voix et de la malice dans les yeux : Kurn, tu seras mon fidèle second, Watson et euh... Vous, vous êtes les suspects avec Kurn qui joue les deux rôles en fait.
Woof ! Accepta le crocodog sans rien comprendre.
Bon d'accord, répondit la parabole sans avoir l'air de piger non plus ce qu'il lui arrivait. »

L'enquête pouvait débuter. Une loupe, un chapeau un peu trop grand, un gilet pour le style, Fantine fut équipée en deux temps trois mouvements. Et même avec tout ça, le mystère restait entier.


Dernière édition par Fantine le Dim 10 Jan 2016 - 22:53, édité 1 fois
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Affublé en un clignement d’œil d’une chemise, de bretelles, d’un chapeau haut-de-forme et d’une canne à pommeau d’argent, Kurn resta quelques instants interdit. Puis il s’ébroua et partit à la poursuite de Fantine Holmes, toute à son affaire de détective. En tout cas, il fait rudement chaud, et on était mieux sans tout ça…

Puis s’il nous restait quelque chose à manger, je serais bien rester dormir, mais la situation a l’air vraiment grave…


La rascasse suivit doucement Fantine à travers le navire. Pliée en deux, elle examinait chaque pouce du bateau à la loupe, à la recherche d’il ne savait quoi. Tiens, d’ailleurs…
« Euh, Fantine ?
- Oui, mon cher Watson ?
- Non, non, moi c’est Kurn.
- Non, ce sera Watson ! Et moi c’est Holmes ! Fantine Holmes !
- Alors déjà Groot j’étais pas ravi, mais si ça devient encore davantage n’importe quoi…
- AH-HA ! Vous essayez de me détourner de la piste de l’assassin, Watson ?
- Quoi ? Mais non ! Et puis, quel assa…
- Seriez-vous suspect, Watson ? Vous sentiriez-vous… coupable ?
- Non, pas tellement, je me demandais juste ce qu’on faisait.
- Alors en fait je vérifie le pont pour voir s’il y a d’autres indices, comme du sable, qui pourrait nous indiquer si le coupable est passé par ici.
- Mais ça se trouve, il n’a laissé du sable qu’en bas.
- Tututut ! Le meurtrier a sûrement fait une autre erreur, comme dans la cale !
- Oui, possible…
- Donc je reprends ! »

Une trentaine de minutes plus tard, tout le haut de leur fier vaisseau, qui tournait au ralenti car les roues à aubes voulaient aussi savoir ce qui se passait, avait été passé au peigne fin.
« Pas la moindre trace de sable ! Se plaignit Fantine.
- Tu t’attendais à quoi ? Une piste qui allait tout droit au grand mât, puis au nid-de-pie ?
- Par exemple, oui.
- J’ai l’impression qu’on me considère comme déjà coupable, commenta la parabole.
- Bonne idée ! Interrogatoire ! »

Quelques secondes à peine de plus et ils se trouvaient tous enfermés dans la pièce la plus sombre du navire, dans les tréfonds, sans même un hublot pour éclairer. Une lanterne pendait en grinçant du plafond. Autour de la table de la coquerie étaient assis Fantine Holmes, Kurn Watson et Parabole Parabole (nom non-définitif). Kurn souleva légèrement le rabat de la lampe pour que la flamme n’éclaire que ce qui servait de visage à l’objet dérobé à Navarone.
« On sait que c’est toi ! Entama Fantine.
- Ah bon ? Chuchota Kurn.
- Je bluffe pour l’amener à se découvrir, suis mon exemple.
- Ah, okay. On sait que c’est toi, Parabole !
- Ah bon ?
- Oui ! On a un témoin, clama la jeune fille.
- Ah bon ? Ah bon ? »

Fantine flanqua un coup de coude à Kurn.
« Tout à fait, qu’on a un témoin ! Il nous a tout raconté !
- Ah ?
- De comment, la nuit, pendant qu’on dort, tu descends en douce de la vigie, tu ouvres tout doucement la porte, puis tu descends en secret les escaliers de la cale. Et, une fois dans la cale, tu t’approches silencieusement de notre frigo, et tu l’ouvres pas fort pour pas que ça grince. Puis tu manges notre nourriture ! Mon saucisson ! Et aussi son euh… son truc, là, à Watson. Les algues pas bonnes, là, tu sais.
- Je demande la présence de mon avocat ! Je ne dirai rien de plus !
- Euh… Attends voir… Alors, comme avocat, comme Kurn a déjà Watson et un suspect, que moi je suis la détective, que le Crocodog est un suspect et le témoin et que…
- C’est le Crocodog ! Je savais que c’était lui ! Il ment !
- Mais du coup, tu veux pas un avocat, finalement, Parabole ?
- Ben, y’a qui pour servir d’avocat ?
- Tu peux être ton propre avocat si tu veux.
- D’accord. Donc je peux parler ?
- Oui, t’es en présence de ton avocat, là.
- Trop cool, j’ai jamais été avocat, j’ai toujours été qu’une parabole, avant.
- Bref ?
- Oui. Je suis sûr que le Crocodog ment ! Parce que ce qu’il ne vous dit pas, c’est qu’il finit toujours sa pâtée super vite !
- Euh… Et alors ?
- Bah il a sûrement encore faim !
- Hum… On va y réfléchir. En attendant, Parabole, interdiction de quitter le navire ! Tu es sous le coup d’un mandat d’arrêt !
- Quitter le navire pour aller où ?
- Je sais pas, mais t’as pas le droit !
- D’accord. Je retourne en vigie ?
- S’il te plaît. ♥ »

« Bon, t’en penses quoi, Watson ?
- C’est vrai que Parabole a l’air suspect. En plus, elle n’a aucun alibi pour son absence du poste de vigie pour contrer le témoignage du Crocodog.
- Voilà !
- Mais il faudrait pas interroger le Crocodog pour obtenir le témoignage, d’abord, justement ?
- Elémentaire, mon cher Watson ! »
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Être une enquêtrice aguerrie à l'esprit de logique et de déduction aiguisé (il paraît), ça avait quand même une certaine classe. Fantine devait bien admettre que sous son chapeau trop grand, elle se sentait comme une autre personne. Bien qu'elle fut assez déçue de ne pas trouver une pipe à tabac pour faire comme tous les grands limiers, même si en soi, fumer la pipe était absolument dégoûtant et l'odeur pas forcément mieux.

Ils prirent donc tous les deux la direction de la niche du crocodog, décidés à trouver le coupable et à lui faire payer son crime. Sauf qu'en chemin, Fantine fit un détour par la garde robe en annonçant à Kurn que c'était très important, et après l'avoir habillé avec un veston digne d'une personne s'appelant Watson, ils reprirent la route pour revenir sur le pont. Et soudainement, la jeune fille se figea sur place, les yeux ronds, laissant échapper un petit cri de stupeur qui alerta évidemment l'homme poisson :

« Quoi !? Qu'est-ce qu'il y a ?!
Regarde, là, Watson ! Fit-elle avec le doigt tendu dans une pose absolument théâtrale.
Ou ça, là ?
LA !
Oui d'accord mais ou ?
Va vraiment falloir penser à ouvrir les yeux, Groot Watson : LA !
Ah ! »

Il vit enfin, dans la rainure du parquet, ce minuscule morceau de salade des mers verdâtres. Les deux se penchèrent derrière la loupe que Fantine avait dans son équipement, pour l'observer comme une pièce à conviction importante mais néanmoins fragile. La jeune fille délimita la zone avec du ruban-jaune-bandage-de-l'infirmerie quand enfin, l'homme poisson se redressa en réalisant quelque chose :

« Attend, Groot Watson ?!
C'est une preuve, cher coéquipier ! Coupa Fantine sans l'écouter un seul instant : Une preuve que le coupable n'est vraiment pas loin !
Change pas de sujet !
Un autre, regarde ! Suivons les !
Mais eh ! »

Sans attendre, Fantine partit à la suite des preuves laissées en évidence. Après avoir fait trois fois le tour du mât, coursée par Kurn qui exigeait des explications quant à ce nom dont il n'était pas fan (allez savoir pourquoi), la jeune fille se stoppa en se rendant compte qu'elle courrait après les mêmes preuves, manqua de se faire percuter par l'homme poisson, et prit une pose songeuse en regardant autour d'elle.

« La piste s'arrête là. »

La déception dans ses yeux, elle baissa le nez et poussa un long soupir triste. Jusqu'à ce que Kurn, un peu plus attentif à ce qu'il se passait, ne lui tape sur l'épaule en lui désignant près d'un tonneau une forme étrange de la même couleur que les morceaux laissés : La laitue entière ! Ils s'approchèrent tous deux, la contemplèrent, tournèrent autour, jusqu'à ce que Fantine ne la ramasse en l'agitant sous le nez de Kurn :

« Hmmm, le coupable a du s'en débarrasser parce que c'est absolument dégoûtant. Regarde, il a même croqué dedans avant de tout recracher juste ici, elle désigna du doigt un petit tas prémâché avant de relever les yeux vers son ami.
En plus d'être un voleur, il n'a absolument aucun goût.
Mais on a l'empreinte de ses dents si on regarde très bien et très précisément dans ce sens ! Sur ces mots, Fantine fit le poirier sur un bras en tenant toujours la laitue devant elle.
Ce qui nous avancera à rien vu qu'on a pas d'élément de comparaison...
Certes mais c'est un détail, parce qu'on a une autre bonne nouvelle !
Il a saboté ma laitue, je vois pas la bonne nouvelle là...
Eh bien, si tu avais été le voleur, jamais t'aurais craché la laitue vu que tu adores ça, Groot Watson...
Kurn. Juste Kurn.
Donc ça ne peut pas être toi ! Elle sautilla en sortant du rôle : Cool ! Du coup, Groot, tu n'es donc plus suspect, tu peux être avocat, ou de la police scientifique, ou comme tu veux !
Euh chouette ? »

Elle lui fit un grand sourire, bien contente que son coéquipier ne soit pas le coupable :

« Élémentaire mon cher Watson ! Maintenant le crocodog ! »
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Kurn ramassa tout de même la laitue. Il avait un petit creux au réveil de sa sieste, et s’il restait justement de la laitue d’algues, il n’allait certainement pas se priver. Alors qu’il allait croquer dedans sans la moindre retenue, il se fit interrompre.

« Non, Groot Watson ! Ne détruis pas les preuves du crime odieux qui a été commis !
- Mais… J’ai faim…
- Pas de faim qui tienne ! La marque des dents du coupable se trouve inscrite sur cette laitue, c’est une pièce à conviction !
- Oui, bon…
- Visiblement, la police scientifique, c’est pas pour toi, alors je vais plutôt garder la salade. Moi, au moins, on est sûr que j’vais pas la manger, vu comme c’est pas bon.
- Hum… En fait c’est juste que tant que t’as rien à manger, j’ai pas le droit de manger non plus, c’est ça ?
- Pas du tout.
- Pardon ?
- C’est même pas vrai ! Puis arrête de détourner la conversation, Watson, on va chez le Crocodog !
- Chez ?
- Sa niche, quoi ! Rouuuuh ! »

Mais la maison du Crocodog était vide.
« Tu crois qu’il a fui en sachant qu’on arrivait, Watson ?
- Pas du tout, Fantine, il est juste en train de jouer à la balle, là-bas.
- Ca, c’est ce qu’il veut nous faire croire !
- Il était pas censé être notre témoin ?
- Ah oui, si, c’est vrai. Crocodog ! Siffla la jeune fille. »

Le chien reptilien arriva immédiatement, la balle entre ses mâchoires, tout à fait prêt à jouer.
« T’inquiète, Watson, on va le coincer dans sa maison. Il se méfiera moins s’il est dans son environnement naturel.
- T’es sûre que c’est une bonne idée ?
- Oui, oui !
- Hum… »
Kurn accepta, dans l’espoir que plus vite Fantine arrêterait de jouer, plus vite il aurait droit à sa laitue.

Après quelques instants, le Crocodog était tapi à l’endroit de sa niche, assis, les yeux levés vers ses deux maîtres. A quelques millimètres à peine, la capitaine l’observait sans ciller, yeux dans les yeux. Et à quelques millimètres encore, les talons collés aux fesses, et la niche perchée sur la tête, la rascasse observait d’un air blasé la discussion. La petite construction en bois tordait les aiguilles qui surplombaient son crâne. Mais au moins ça me protège un peu du soleil ? Tenta-t-il de positiver.

Non, il faut absolument trouver le coupable au plus vite. Je ne vais pas pouvoir endurer ça plus longtemps.

« Alors, monsieur Crocodog. Vous dites avoir vu la Parabole descendre dans la cale, c’est bien cela ?
- Wouf !
- Et vous l’avez suivi subrepticement, c’est bien cela ?
- Tu connais ce mot, toi ?
- Ben oui !
- Wouf !
- Avez-vous remarqué quoi que ce soit d’étrange ce soir-là, monsieur Crocodog ?
- Wouf. Wouf-wouf ! Wouf… Grrr.
- Je vois, je vois. Merci de votre témoignage, il va vraiment nous aider à trouver le coupable.
- Ah bon ?
- Oui ! C’est l’heure du jugement ! »

Un passage par les cales, qui servaient aussi de garde-robe, et ils revirent le frigo, ouvert sur un vide effarant. Leur détermination fut raffermie par cette vision d’horreur. Kurn revint à l’air libre vêtu d’une ample robe noire et d’une perruque de juge par-dessus son costume de Watson tandis que Fantine revêtait un tailleur et attachait ses cheveux dans un chignon serré qui lui donnaient tous deux un air sérieux inhabituel.

« Ramenez-vous !
- Poc-poc-poc, fit le maillet en bois de Kurn-Watson-juge sur le bastingage. Nous sommes réunis ce jour pour déterminer le coupable du vol de tout ce qui nous restait comme nourriture, à savoir un saucisson et une laitue d’algue. Même si on a retrouvé cette dernière, gravement blessée et sur le point de périr. Sur le banc des accusés, nous avons donc Parabole Parabole. Je laisse la parole au procureur.
- Merci, Groot-Watson-Juge. Suite à une enquête menée par l’incroyable Fantine Holmes et son fidèle assistant, Groot-Watson-assistant, nous avons pu remonter la piste du coupable jusqu’à Parabole Parabole. Nous disposons par ailleurs du témoignage d’un témoin direct !
- Objection, votre Honneur !
- Qu’y a-t-il, Parabole Parabole ?
- Je n’ai pas eu connaissance de ce témoin dans le délai normal avant le début du procès !
- C’est quoi le délai normal ?
- Je sais pas, je pensais que ça faisait bien.
- Mouais… On continue alors. Objection refusée.
- Zut.
- Je demande donc d’écouter monsieur Crocodog !
- Wouf !
- Monsieur Crocodog, jurez-vous sur l’honneur de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ?
- Wouf !
- Bien. Monsieur Crocodog, avez-vous bien vu Parabole Parabole voler la nourriture pour la manger ?
- Wouf-wouf ! Jappa joyeusement l’animal.
- Je pense que le témoignage de mon client est clair, Groot-Watson-Juge. Je laisse le témoin à la défense.
- C’est à nouveau moi mon propre avocat ?
- Oui, oui.
- Chouette ! Alors, monsieur Crocodog, j’ai plusieurs questions à vous poser. Que faisiez-vous, vous-même, réveillé à cette heure de la nuit où vous prétendez avoir vu mon client, Parabole Parabole-suspect, manger la nourriture ?
- Waf !
- Je vois… Mais, dans la pénombre, êtes-vous certain d’avoir bien reconnu mon client ?
- Wouf !
- Il faisait pourtant très sombre, en pleine nuit, au milieu de l’océan, sans lumière. Et les yeux des chiens ne sont pourtant pas connus pour être très perfor…
- Objection, Groot-Watson-juge ! La défense remet en cause les sens affûtés du témoin !
- Objection euh… refusée, Fantine-Holmes-procureur, il fait vraiment très nuit.
- Monsieur Crocodog, parvenez-vous souvent à vous faire comprendre des humains ?
- Wouf !
- Objection, Groot-Watson-Juge ! La défense met en doute mes capacités de compréhension du Crocodog ! C’est pas juste !
- Oui, euh… Objection accordée.
- Une dernière question, monsieur Crocodog. Vos dents ne seraient-elles pas tout à fait aptes à découper une tranche pareille dans de la laitue ? Les chiens ne détestent-ils pas les légumes ?
- Objection, Groot-Watson-juge !
- Encore ?!
- La défense sous-entend que le témoin pourrait être le coupable !
- Et euh… Il pourrait pas ?
- Ben, euh… »

Il y eut un long silence.
« Poc-poc-poc, refit le marteau. Silence dans l’assemblée ! Ajouta Kurn. Nous allons écouter les plaidoiries, maintenant ! Le procureur d’abord.
- Alors le coupable c’est Parabole Parabole, on a trouvé la laitue pas loin du grand mât et monsieur Crocodog a témoigné sous serment !
- Au tour de la défense.
- Tout d’abord, une question d’importance se dégage pour mon client. Parabole Parabole mange-t-il ? Eprouve-t-il la faim ? A-t-il donc un motif de manger du saucisson et de la laitue ? »

Les protagonistes de l’histoire se regardèrent un long moment, les regards passant de l’un à l’autre.

Retour à la case départ…
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L'enquête était au point mort depuis deux jours. Deux très longs jours qui avaient énormément frustrés la jeune fille. Allongée par terre à fixer le plafond de la cale, Fantine n'avait pas bougé d'ici. Principalement parce qu'elle était trop faible et affamée pour le faire, même si elle ne voulait pas l'admettre. Ensuite parce que toujours imprégnée de son rôle de célèbre détective, elle jouait les impuissantes, cherchant toujours une solution, une réponse, à ce mystère s'épaississant de plus en plus.

Mais elle aurait dû s'en douter. Les enquêtes n'étaient jamais faciles, jamais. Elle avait suffisamment regarder la dendenTV pour le savoir pourtant. Il y avait toujours cinquante rebondissements plus improbables les uns que les autres, menant systématiquement vers le coupable que l'on suspectait le moins. Est-ce que les crimes de la vraie vie réelle était si compliquée aussi ? Fantine avait tendance à dire que pas mal de choses étaient gratuites, notamment dans les actes. Est-ce que le vol du saucisson cachait un secret, qu'elle n'avait pas encore découvert ? Est-ce que ce crime cachait finalement un autre crime, plus abject encore, fruit d'une haine palpable à l'égard de l'un des membres de l'équipage, probablement elle ? Ou même Kurn, vu la cruauté de l'acte contre sa laitue !

« Cargaison à la mer ! »

Fantine se redressa immédiatement, l'eau à la bouche, le ventre grondant, en oubliant au passage toutes les questions qu'elle s'était posée jusqu'ici. Peut-être qu'elle en ferait part à son coéquipier un peu plus tard dans la journée, mais pour l'instant, elle préférait largement se remettre sur ses jambes maigrichonnes et partir en courant vers le pont, perdant son chapeau de détective au passage ! Elle arriva en trombe à l'extérieur en hurlant comme une gamine :

« CHOUETTE ! »

Ils mirent un certain temps avant de remonter tous les tonneaux et les caisses qu'ils venaient de trouver. Et à en faire le tri également. Lorsqu'il ne s'agissait pas de rien, il n'y avait pas non plus grand chose. Probablement un navire englouti qui recrachait ses stocks déjà vidés. Ils réussirent néanmoins à se faire une petite réserve plutôt correcte, qui pourrait probablement permettre de terminer le voyage jusqu'à dieu savait où. Plantant ses mains sur ses hanches, Fantine annonça fièrement :

« Nous n'avons qu'un tonneau de vivre et un autre de rhum...
Woof ! »

Et surtout, toujours aussi faim. Mais résister était le mot d'ordre pour la jeune fille qui enfila peu de temps après son chapeau de détective en annonçant fièrement la seconde d'après :

« Et nous ne toucherons ni à l'un, ni à l'autre !
Quoi ? Mais le crocodog se fait les dents sur la parabole depuis deux jours, tu es affamée et moi aussi !
ORDRE DU CAPITAINE ! »

Kurn fut plus ou moins le seul à ne pas en croire ses yeux. La Parabole, elle, ne mangeait rien du tout en général, et le Crocodog avait déjà réussi à piquer quelque chose pour se planquer dans sa niche et se faire les crocs dessus. L'homme poisson était plus ou moins le seul à subir la décision, plutôt mécontent de ce choix. Fantine le prit à part pour lui souffler dans l'oreille comme un secret :

« Ce soir, Watson nous allons tendre un piège au méchant !
Encore ? Mais c'est pas fini...
Dans la joie et la bonne humeur, Watson ! »

Kurn resta les bras ballants, avant de tenter de raisonner la jeune fille. Mais elle n'écouta pas grand chose, retournant dans la cale avec leurs biens pour les installer.

Quelques heures plus tard, tous deux étaient installés l'un à côté de l'autre face aux deux tonneaux disposés devant eux. La porte d'entrée était fermée et la jeune fille avait même soigneusement installé des pièges pour prendre le méchant dans ses filets. Il suffisait désormais de rester éveiller pour l'empêcher de prendre la fuite, et de profiter des quelques vivres qu'elle avait finalement cédé à Kurn pour le faire taire.

« Je prends le premier tour de garde, et toi le second, ok ?
Mais qu'est-ce que je fais là... »

Les soupirs de l'homme poisson furent parfaitement ignoré par la jeune fille, qui retomba sur le dos en sortant une couverture de nul part pour lancer très distinctement dans la pièce :

« Bonne nuit, Groot Watson !
Bonne nu- Heing quoi ?! »

Sa lanterne d'appoint fut soufflée et en deux secondes, Fantine se mit à ronfler comme une bienheureuse dans les bras de Morphée. Son second, par contre, ne pouvait pas en dire autant... N'est-ce pas ?

« ... »
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Kurn cligna des yeux pour en chasser le sommeil, pour au moins la dix-septième fois en dix minutes. Puis il mâchouilla l’intérieur de ses joues, juste pour sentir ses dents jouer contre quelque chose. Si je prenais quelque chose maintenant… Il n’arrivait pas à s’ôter cette idée de la tête, et resta à observer les deux tonneaux en remuant doucement avec le roulis pour ne pas s’assoupir.

A côté de lui, Fantine murmurait dans son sommeil, un filet de bave au coin de la bouche. Il n’y prêta qu’une oreille distraite, entendant les mots saucisson, gigot, filet… Il sentit la salive s’accumuler et déglutit difficilement. Ne plus écouter, ne plus écouter… Abandonnant sa position assise, il se mit sur les genoux, les fesses légèrement surélevées par rapport aux talons.

Penser arts martiaux aquatiques. La philosophie du karaté. Les différentes règles…

Quelques heures, ou peut-être seulement des minutes, passèrent pendant que Kurn se remémorait, pour la première fois semblait-il depuis des longs mois, toutes les bases qu’il avait apprises. Son attention était majoritairement tournée vers lui-même, et rien ne bougeait dans la cale obscure, du côté des deux tonneaux.

Son ventre gargouilla. Fort. Et longtemps. Il secoua doucement l’épaule de Fantine.
« Fantine ? Chuchota-t-il.
- Hingneuh entrecôte…
- Fantine.
- Sauuuuce…
- Fantine !
- Hein quoi Groot ? Ca se mange l’écorce ?
- On n’a pas d’écorce.
- Pas toi ?
- Non !
- Puis pourquoi tu m’as réveillée d’abord ?
- Parce que c’est ton tour de garde.
- Pas du tout, j’ai pris le premier !
- Tu n’as fait que dormir !
- Le voleur est venu ?
- Non.
- Alors tu vois, j’ai bien fait mon travail.
- Oh et puis zut. Moi, je dors, surveille, ‘’capitaine’’.
- Rouuuh ! »

Kurn se roula en boule, tourna le dos à Fantine et ferma les yeux, laissant sa respiration se ralentir. Son binôme restait elle bien assise, les yeux semblait-il fixés sur les deux tonneaux. Il s’assoupit sans tarder.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAH !
- Hein, quoi, qu’est-ce qu’il se passe ?! On nous attaque ? Démarra l’homme-poisson avec une crampe dans le cou.
- On a volé la nourriture !
- Pendant ton tour de garde ?!
- Non, non, c’était le tien, Groot Watson !
- Ah, on continue les surnoms ?
- Quels surnoms ? Je suis Fantine Holmes !
- Tu as oublié ton chapeau sur le pont.
- Oui, bon, détail. Puis on met pas de chapeau en intérieur ! »

La rascasse se dirigea vers le tonneau, et vit que le couvercle avait été déplacé. Mais c’était celui de rhum qui avait été ouvert, et non l’autre. Et il en manquait vingt bons centimètres. Autour du baril, pas la moindre trace d’humidité, uniquement du sable, à nouveau, donc il ne s’était pas renversé non plus. Mais le plus important, c’est qu’il reste à manger.
Kurn ouvrit l’autre conteneur et observa la viande salée qui s’y trouvait. Son bras s’y glissa et allait en ressortir avec un jambon quand une petite main se referma tant bien que mal autour de son poignet.

« Le coupable a encore frappé !
- Juste la boisson, cela dit. Donc on peut peut-être…
- Non, Watson, on ne touche pas à la nourriture, on la laisse pour attraper le voleur.
- Mais il faut bien qu’on puisse l’attraper ? Si on est trop affaibli par la faim, on ne pourra pas, justement.
- Woof ! Fit le Crocodog qui avait dû être attiré par l’odeur.
- Mouais…
- Puis il en restera largement assez pour appâter, justement.
- Woof !
- Mouais… »

Le ventre de Fantine laissa échapper un grognement, à sentir la bonne nourriture proche. Le bruit se répercuta dans toute la cale du navire et la Parabole se tourna vers eux, du nid-de-pie sur lequel elle se trouvait.

« Et on a faim !
- Wooooof…
- Mouais… Bon, d’accord.
- Oui !
- Mais juste un petit peu alors !
- Bien sûr ! »

Il ne leur fallut que quelques instants pour arriver au fond du tonneau.
« Fantine ?
- Fantine Holmes ! Oui ?
- Je crois qu’il ne reste plus rien.
- Tu veux dire qu’on vient de tout manger ?
- Oui.
- C’était bon.
- Oui.
- Et ben quoi ?
- On devait pas en garder pour attraper le coupable ?
- Qu’est-ce qui prouve que ce n’est pas toi le coupable ?
- Je croyais que j’étais innocenté après l’histoire de la laitue d’algues.
- Ce n’était peut-être que pour te faire un alibi !
- La question, c’est plutôt qu’est-ce qu’on va manger ensuite si on reste encore longtemps en mer, non ?
- On retrouvera sûrement des tonneaux pleins de nourriture !
- Mouais… »

Kurn observa Fantine qui respirait lourdement après avoir avalé tout ça.
« Dis Fantine. Ca serait quand même pas toi, la coupable ?
- Quoi ?!
- Je veux dire, le coupable a mangé tes affaires. Tu nous as tous accusés les uns après les autres… Pour te disculper ?
- Quoi ?!
- Appelle-moi Kurn Holmes, tu es sur le banc des accusés ! »

« Woof ! Commenta le Crocodog. »
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Elle avait pris le temps de se changer pour être présentable pour le procès suivant. Elle n'avait eu d'ailleurs besoin que d'une petite heure pour revenir sur le pont dans sa tenue adéquate, où ses « amis » l'attendaient avec une certaine impatience. On avait même envoyé plusieurs fois la parabole guêter qu'elle ne s'était pas enfuie, avant de réaliser qu'elle n'avait nul part où aller avec l'océan la cernant de toute part. Fantine Holmes faisait face, la tête haute, aux accusations qu'on portait contre elle.

« Je peux pas faire le juge donc le crocodog prend ma place, fit Kurn. Et-
Je veux mon avocat !
La parabole, ça t'ira ?
Ouais, carrément.
Cool !
Par contre, est-ce que la tenue de prisonniers était obligée ?
Non pas du tout, mais je l'ai volé et c'était l'occasion de la mettre !
Vu comme ça. »

Il y eut un silence très solennel sur le pont. Une fois le Crocodog avec son marteau de charpentier dans les pattes, s'abstenant d'en grignoter le manche, il prit la parole en remuant fièrement la queue :

« Woofwoof waf woof woof waf-
On peut peut-être passer ça ? Toute façon, on sait très bien pourquoi on est là.
Woof !
Parfait. Merci monsieur le Juge Crocodog. Je souhaiterais faire venir l'accusée à la barre s'il vous plait.
Non mais t'es sérieux ? Faut en plus que je me déplace?
Quitte à faire un procès, autant aller jusqu'au bout non ?
Toi, tu vas surtout aller au devant de très gros problème mon p'tit Groot.
Je sais, mais quitte à en avoir des problèmes, autant aller jusqu'au bout aussi... »

En se redressant de sur sa caisse, Fantine lança un regard assassin à Kurn. Elle ne le quitta pas des yeux en avançant sur le pont jusqu'à la « barre » en question, jurant ensuite de dire juste la vérité et rien que ça sous serment. Puis, le brave Homme poisson fit son show, sous le regard consterné de l'accusée :

« Vous êtes accusée d'avoir fomenter un complot sans précédent pour vous disculper du vol du saucisson et de la dernière laitue restante dans le frigo, qu'avez vous à dire pour votre défense ?
Bah déjà, que c'est pas moi.
Euh, oui mais c'est vague ça.
OBJECTION ! Bondit la parabole sur le bastingage du navire.
Euh pourquoi ?
Woof ?
C'est le procureur qui est vague, pas ma cliente !
Waf !
Ah bon, d'accord. Bon. Avez vous un alibi, des preuves pour vous disculper ?
Bah... Non ? fit-elle d'une voix boudeuse.
Coupable ! Ah-ah ! On vous tient Fantine euh ?
Objection votre honneur ! L'accusation n'a rien prouvé du tout.
Woof.
Non mais ça va bien oui ?
OBJECTION !
Bon, ça suffit !
Non toi ça suffit ! Alors déjà c'est toujours Fantine Holmes, tu me piques pas mon rôle comme ça espèce de gros goujat ! Et puis d'abord, tu sais très bien que j'ai rien fait ! C'est carrément pas juste ce que tu es en train de dire de moi !
Et pourquoi ça serait pas toi, hein ? Nierais-tu être assez manipulatrice pour monter un plan comme ça !?
Bon... Non mais-
Nierais-tu le fait que tu avais faim, comme tout le monde sur ce navire, et que tu détestes avoir faim ?!
Non, c'est pas ça, mais-
Et enfin, nierais-tu le fait que tu as profité honteusement de mon tour de garde pour continuer à voler honteusement des provisions ?!
Oui !
OUI ?
OUI !
ET POURQUOI CA JE TE PRIE ?!

PARCE QUE LA SEULE CHOSE QUI A ETE PRIS, C'ETAIT DU RHUM !
ET ALORS ?

ET JE DETESTE LE RHUM ! »

L'assemblée suivit la joute « verbale » et un peu bruyante comme un match de ping pong, jusqu'à la découverte finale qui leur coupa le souffle. Une pirate qui n'aimait pas le rhum. La jeune fille croisa les bras sur sa poitrine menue avant de lui lancer à la figure :

« PUISQUE C'EST COMME CA, JE BOUDE. »

Elle lui tourna violemment le dos, ses longues tresses suivants le mouvement avant de retomber par-terre. Prostrée, l'ignorant royalement, l'homme poisson eut droit à une bouderie de haut niveau.

« Ah oui.

Tu boudes combien de temps du coup ? Trois minutes, comme d'hab ?

Bon, ok. »

Trois minutes plus tard.

« C'est bon ?

Eh merde. »

Sept heures plus tard.

« Bon, Fantine, ça fait longtemps là, tu peux arrêter peut-être ? On reprend le procès nan ?  T'es presque innocent-
Non, ça m'énerve ! Pour une fois, j'ai vraiment rien volé et je me souviens TOUJOURS de ce que je mange ! Tu peux tout me demander à ce propos ! Et bah ce saucisson, je l'ai pas mangé, et jamais j'aurais mordu dans ta laitue parce que je sais qu'elle est pas bonne du tout !
Oui, bon.
Puis d'abord, pourquoi on exploite pas notre preuve ! Le sable ! D'où je serais aller le chercher le sable ! On est au milieu de nul part, et y'en a que au fond, je peux même pas nager ! Puis j'aime vraiment pas ça le sable ! Ça se glisse dans les vêtements et dans les cheveux, et ça gratte ! »

Mais ce cher Groot Watson venait d'avoir une révélation :

« Y'a un autre endroit où on peut trouver du sable... »
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t14014-knock-knock-who-s-there-me-i-kill-you
Il ne fallut que quelques instants à Kurn pour tout expliquer à Fantine, Parabole Parabole et le Crocodog. Quelques instants qui suffirent à convaincre tout le monde. L’évidence était là. Le sable. Les fruits du démon. L’engrenage était pourtant évident…

Ce devait être la faim qui nous a destabilisés. Mais maintenant que nous avons bien trop mangé, puis digéré un petit peu pendant que Fantine boudait, la solution est à portée de main. Oui, la faim et les costumes rigolos. Il faut bien ça pour s’occuper en mer.

Habillé d’un costume de policier retroussé au niveau des pattes, avec une casquette sur la tête et l’étoile épinglée fièrement sur la poitrine, le Crocodog jappa joyeusement jusqu’à la cale, dans laquelle se trouvait le coupable de toute cette sombre affaire. Assisté de Fantine-Holmes-procureur, de Kurn-Watson-juge et de Parabole-Parabole-avocat, il ne leur restait qu’à appréhender celui qui les avait fait tourner en bourrique tout ce temps.

Cinq minutes plus tard, ils étaient tous sur le pont, la rascasse avait son marteau en main et frappa contre les planches du navire.
« Aïe ! S’écria ce dernier.
- Oops, pardon. C’est sous le coup du… Enfin bref, silence dans l’assemblée, et prière aux reporters de ne pas faire trop de bruit !
- C’est qui les reporters ?
- Les roues à aubes. Ca fait du bien, des reporters, pour clôturer cette affaire.
- D’accord. Pas de huis clos, donc.
- Sauf si la défense le souhaite ?
- Non, c’est bon, ça va aller.
- Bon, nous pouvons donc commencer. Je laisse la parole au procureur, Fantine-Holmes-procureur.
- Merci, votre Honneur Groot-Watson-juge. »

Fantine prit une longue inspiration.
« Vous n’êtes pas sans savoir les circonstances dramatiques du crime odieux qui a été commis. La nourriture volée qui a failli nous faire mourir parce qu’on en avait plus ! Et le pire, dans tout ça, c’est qu’on avait FAIM !
- Objection !
- Oui, Parabole-Parabole-avocat ?
- Tout le monde n’avait pas faim ici. Ni les reporters, ni moi, déjà, et…
- Oui mais… Quel rapport ?
- Objection rétractée, alors.
- Objection refusée, même !
- Zut.
- Fantine-Holmes-procureur ? Reprenez, je vous prie.
- Oui. Le coupable nous a entrainés de fausses pistes en fausses pistes, cherchant à semer la zizanie et le chaos parmi nous. Est-ce qu’on allait le laisser faire ? Il faut bien admettre qu’à certains moments, toutes les preuves pointaient vers Parabole-Parabole-coupable, puis vers Monsieur Crocodog-officier, et même vers Groot-Watson-coupable-pas-encore-juge.
- Et aussi vers toi, Fantine-Holmes-coupable-procureur-avant-et-re-procureur-après.
- Oui, même vers moi ! C’est dire la duplicité du coupable. »

Il y eut une pause le temps que chacun se remémore cette sombre époque où le voisin trahissait, dénonçait son voisin sans vergogne.
« Mais, en reprenant les éléments un par un, en partant des preuves que nous possédions, à savoir le SABLE, j’ai pu remonter la piste jusqu’au…
- Dis donc, Fantine-Holmes-détective, c’est moi qui ai trouvé la solution, quand même.
- Pas du tout Groot-Watson-assistant ! C’était moi le détective, c’est moi qui ai trouvé, toi t’es que assistant, d’abord !
- Passons, passons… »

« Enfin bref. Le coupable, c’est vous ! Fit Fantine en pointant triomphalement la source de leurs malheurs du doigt. »

Surveillé de près par le Crocodog-officier, la bave aux lèvres, le coupable resta totalement immobile. Il ne lâcha pas le moindre mot.

« Le criminel reste stoïque, refuse d’agraver son cas. Mais nous avons déjà toutes les preuves pour l’inculper ! La nuit, c’est lui qui a fouillé dans le frigo, il était déjà dans la cale et c’est pour ça qu’en étant sur le pont ou dans nos chambres, nous n’avons rien pu trouver ! C’est lui qui a mangé mon saucisson et craché la salade pas bonne de Groot !
- Objection ! Ma salade est très bonne !
- Le juge a le droit de faire des objections ?
- Euh… En fait, non, je crois pas, laissez tomber.
- Puis ensuite il a bu le rhum dans le tonneau, parce qu’aucun de nous n’aime ça ! Le coupable, c’est vraiment lui !
- C’est fini pour le réquisitoire du procureur ?
- Oui, Groot-Watson-juge.
- A la défense, alors.
- Euh… Je dois vraiment le défendre ? Non parce que là, on sait quand même tous que c’est lui, il n’y a aucun doute possible, et comme j’ai été moi aussi faussement accusé, ça m’embête un peu de le défendre…
- On va le laisser se défendre lui-même, fit le juge. »

Mais le coupable ne dit rien, muet comme une tombe. Il les fixait tour à tour, sans mot dire.

« Avec ça, je déclare le coupable coupable. Comme mesure, je propose…
- De le pendre !
- De le décapiter !
- Oui, non, ça va être compliqué. On va plutôt l’enfermer là où il ne pourra plus nuire à personne.
- Bon, ok, faisons comme ça. »

Laissant leurs costumes sur le pont, ils attrapèrent la source de toute l’affaire et la trainèrent sur le pont, puis dans la cale, sous les commentaires des reporters, les deux roues à aubes, qui commentaient toute l’affaire. Enfin, ils ouvrirent la porte blindée d’une cellule. Comme le navire appartenait à la Marine à l’origine, des petites prisons devaient avoir été prévues. Kurn lança violemment le coupable à l’intérieur et ferma les barreaux.

Le prisonnier tapa du pied. Cependant, ses dénégations muettes mais frénétiques ne trompèrent personne.

Fantine, Kurn, la Parabole et le Crocodog se serrèrent tous la main ou ce qui s’en approchait le plus, puis s’enlacèrent fraternellement. Avec tout ça, nos liens en tant qu’équipage se sont assurément resserrés.

Tout de même, qui aurait pu croire que c’était un tonneau rempli de sable animé par le fruit de la vie de Fantine qui mangerait toute leur pitance ?
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