Le soleil est très cuisant en cette après-midi. Ce genre de climat où on a l’impression qu'l nous ferait presque suffoquer. Tu as beau plonger la tête sous l’eau, rester torse nu à l’ombre transpirant et haletant dans l’espoir de capter le moindre petit courant d’air frais pouvant s’étaler sur ta peau. La pièce dans laquelle je me trouve est tout sauf aéré. L’air est si lourd, malsain que chaque faible bouffée inspiré ont l’air de demander des efforts impensable à tes pauvres poumons tiraillés, faisant lourdement et irrégulièrement tambouriner ton cœur au fond de la poitrine. Ce n’est pas en restant ici que la trouvaille d’un soulagement tant désiré va apparaître comme par magie. Que puis-je donc faire ? Pensif, j’ouvre la petite fenêtre se tenant dans le plafond légèrement mansardé, très pratique pour s'y affaler et attendre que le temps passe. En contrebas, le trafic s’est allégé au fil du temps. Une telle température à forcément fait fuir les habitants hors des rues tel un rat fuyant le chat de gouttière totalement affamé.
C’est qu’on se plait dans cette position, à ne rien faire. Avec quelques degrés de moins, je pourrai rester comme ça pendant des heures à siroter dans la gourde un délicieux jus naturellement sucré à observer la fourmilière en contrebas. Mais en l’état actuel, ce n’était que pures divagations. Inutile d’espérer une quelconque ficelle de fraicheur, je pourrai en mourir debout à force d’attendre. Pour cette situation, il n’y pas trente-six solutions. Ma gourde est totalement asséchée et je n’ai nul envie d’aller me servir en bas, au rez-de-chaussée. Et l’eau croupissant dans le seau rempli il y a peu ne me donne vraiment plus envie d’y plonger la moindre parcelle de mon corps. Il y a une taverne pas loin et les verres ne sont pas chers là-bas. Espérons juste que les boissons sont servies extrêmement fraîches. J’adore ça, lorsque le breuvage glacial descend le long de tes entrailles et tellement froid que l’on peut le sentir couler petit à petit. Je m’y suis rendu il y a deux jours de ça et le temps était quand même plus agréable donc aucune appréhension quant à la qualité des produits servis ce jour-là. Rapidement, la tunique est enfilée et laissée ouverte jusqu’à la taille et les cheveux complètement détachés. Et à part un peu de monnaie, inutile de prendre plus.
Porte fermée, volte-face vers l’escalier. Respectueusement, je salue les quelques locataires et le propriétaire que je croise sans dire un mot. A la seconde où mon corps est hors de la bâtisse, la sensation de me retrouver en plein désert me saisit, aussi vite saisi qu’un œuf sur une poêle brulante. Le sol totalement asséché crépite sous mes pas lourds et presque désordonnés, un peu déboussolé par la chaleur me réduisant à l’état d’un rongeur pris dans le supplice du seau. L’air dans la ruelle emprunté est parfaitement respirable. Sorti de là, le bistrot se trouvera pile en face de moi.
Le troquet n’est pas très grand et la chaleur non étouffante. A l’intérieur, pas beaucoup de têtes, encore moins des connaissances. Il faut dire que ma vie sociale n’est pas au meilleur de sa forme ces temps-ci. Pas de contact avec quasiment qui que ce soit, et encore moins avec une femme. Pour ça, j’avoue que ça me manque beaucoup. C’est jolie une femme, c’est doux, soyeux… et c’est encore plus stimulant si elle sait tenir la conversation. C’est plaisant parler de tout et de rien, tu te sens vivre.
Assis juste à côté d’une fenêtre pour profiter par la suite d’une éventuelle aération, j’attends patiemment, coudes sur la table et les mains jointes devant ces lèvres sèches qui ne veulent autre chose que d'étancher cette soif formant comme un amas de graisse dans ce vieux gosier. Pas besoin d’attendre longtemps et, comme la dernière fois, c’est le jeune serveur blondin qui vient récupérer commande. Lorsque j’étais ici avant-hier, un petit incident est survenu. Un vieux loustique que j’ai pu croiser il y pas mal de temps de ça, quelle coïncidence, s’est attablé dans le bâtiment pour céder petit à petit à l’ivresse et se mettre à maugréer je ne sais quoi et à cracher sur les serveurs. Cet homme n’est autre qu’un vieux Marine papillonnant sur l’ile cherchant constamment son but ou la personne à aller ennuyer aujourd’hui. Son nom m’est inconnu mais son visage me rappelle vaguement quelqu'un, ou du moins quelque chose. Et si je ne suis pas intervenu la dernière fois, c’est parce que d’autres ont réussi à l’adoucir du mieux qu’ils le pouvaient. Un gros porc, disons-le.
Salut m’sieur ! Que puis-je vous servir aujourd’hui ?
Salut à toi, ce sera un jus de goyave je te prie. Très frais si possible. Prononçai-je d’une voix douce.
Pas d’soucis, ça arrive tout d’suite.
…
Très rapide le gamin, et avec des glaçons en plus. J’ai l’impression d’avoir un morceau de glace entre les mains.
C’est super, merci. Tiens, voilà l’addition et un pourboire, tu le mérites.
Il prend le tout et commence à serrer l’argent dans ses mains en se penchant et me remerciant. Les autres clients sont-ils si radins que ça ? Bref, ne me prends pas en pitié, mon petit. Tu risquerais presque de me faire lâcher une larme. Le voilà parti, je m’ancre bien dans la chaise et prend mes aises en desserrant l’épaisse tunique pour commencer à apprécier le verre. Histoire de sentir un peu de vent passer entre les cheveux, j’ouvre la fenêtre d’un mouvement sec sans même regarder ce que je fais.
[…]
Les minutes défilent, l’ambiance est toujours aussi morte dehors. C’est alors que la boisson est presque finie qu’une voix bien connue de l’endroit commence à doucement retentir, sur le ton de la chansonnette.
Un dimanche à Kutsurogi, on part faire chier les mioches…
C’est qu’on se plait dans cette position, à ne rien faire. Avec quelques degrés de moins, je pourrai rester comme ça pendant des heures à siroter dans la gourde un délicieux jus naturellement sucré à observer la fourmilière en contrebas. Mais en l’état actuel, ce n’était que pures divagations. Inutile d’espérer une quelconque ficelle de fraicheur, je pourrai en mourir debout à force d’attendre. Pour cette situation, il n’y pas trente-six solutions. Ma gourde est totalement asséchée et je n’ai nul envie d’aller me servir en bas, au rez-de-chaussée. Et l’eau croupissant dans le seau rempli il y a peu ne me donne vraiment plus envie d’y plonger la moindre parcelle de mon corps. Il y a une taverne pas loin et les verres ne sont pas chers là-bas. Espérons juste que les boissons sont servies extrêmement fraîches. J’adore ça, lorsque le breuvage glacial descend le long de tes entrailles et tellement froid que l’on peut le sentir couler petit à petit. Je m’y suis rendu il y a deux jours de ça et le temps était quand même plus agréable donc aucune appréhension quant à la qualité des produits servis ce jour-là. Rapidement, la tunique est enfilée et laissée ouverte jusqu’à la taille et les cheveux complètement détachés. Et à part un peu de monnaie, inutile de prendre plus.
Porte fermée, volte-face vers l’escalier. Respectueusement, je salue les quelques locataires et le propriétaire que je croise sans dire un mot. A la seconde où mon corps est hors de la bâtisse, la sensation de me retrouver en plein désert me saisit, aussi vite saisi qu’un œuf sur une poêle brulante. Le sol totalement asséché crépite sous mes pas lourds et presque désordonnés, un peu déboussolé par la chaleur me réduisant à l’état d’un rongeur pris dans le supplice du seau. L’air dans la ruelle emprunté est parfaitement respirable. Sorti de là, le bistrot se trouvera pile en face de moi.
[...]
Le troquet n’est pas très grand et la chaleur non étouffante. A l’intérieur, pas beaucoup de têtes, encore moins des connaissances. Il faut dire que ma vie sociale n’est pas au meilleur de sa forme ces temps-ci. Pas de contact avec quasiment qui que ce soit, et encore moins avec une femme. Pour ça, j’avoue que ça me manque beaucoup. C’est jolie une femme, c’est doux, soyeux… et c’est encore plus stimulant si elle sait tenir la conversation. C’est plaisant parler de tout et de rien, tu te sens vivre.
Assis juste à côté d’une fenêtre pour profiter par la suite d’une éventuelle aération, j’attends patiemment, coudes sur la table et les mains jointes devant ces lèvres sèches qui ne veulent autre chose que d'étancher cette soif formant comme un amas de graisse dans ce vieux gosier. Pas besoin d’attendre longtemps et, comme la dernière fois, c’est le jeune serveur blondin qui vient récupérer commande. Lorsque j’étais ici avant-hier, un petit incident est survenu. Un vieux loustique que j’ai pu croiser il y pas mal de temps de ça, quelle coïncidence, s’est attablé dans le bâtiment pour céder petit à petit à l’ivresse et se mettre à maugréer je ne sais quoi et à cracher sur les serveurs. Cet homme n’est autre qu’un vieux Marine papillonnant sur l’ile cherchant constamment son but ou la personne à aller ennuyer aujourd’hui. Son nom m’est inconnu mais son visage me rappelle vaguement quelqu'un, ou du moins quelque chose. Et si je ne suis pas intervenu la dernière fois, c’est parce que d’autres ont réussi à l’adoucir du mieux qu’ils le pouvaient. Un gros porc, disons-le.
Salut m’sieur ! Que puis-je vous servir aujourd’hui ?
Salut à toi, ce sera un jus de goyave je te prie. Très frais si possible. Prononçai-je d’une voix douce.
Pas d’soucis, ça arrive tout d’suite.
…
Très rapide le gamin, et avec des glaçons en plus. J’ai l’impression d’avoir un morceau de glace entre les mains.
C’est super, merci. Tiens, voilà l’addition et un pourboire, tu le mérites.
Il prend le tout et commence à serrer l’argent dans ses mains en se penchant et me remerciant. Les autres clients sont-ils si radins que ça ? Bref, ne me prends pas en pitié, mon petit. Tu risquerais presque de me faire lâcher une larme. Le voilà parti, je m’ancre bien dans la chaise et prend mes aises en desserrant l’épaisse tunique pour commencer à apprécier le verre. Histoire de sentir un peu de vent passer entre les cheveux, j’ouvre la fenêtre d’un mouvement sec sans même regarder ce que je fais.
[…]
Les minutes défilent, l’ambiance est toujours aussi morte dehors. C’est alors que la boisson est presque finie qu’une voix bien connue de l’endroit commence à doucement retentir, sur le ton de la chansonnette.
Un dimanche à Kutsurogi, on part faire chier les mioches…