Ils sont chiants.
A circuler en se traînant, en jugeant ce qui les entoure comme s'ils avaient envie de prendre part à la misère du monde mais sans se salir les mains. Il y en a de toutes les sortes ; de toutes les origines, avec tous les vices et toutes les vertus. Mais tous, ils ont la même tare, bien enfouie en eux et qui casse leur rapport au réel en profondeur.
Ils ont la Grande Croyance. Elle se résume en six mots, qu'ils prennent tous soin de se faire graver au fer rouge au niveau du cœur ; ça contracte le muscle et ça ralentie ses battements. De la sorte, ils se rendent insensibles au malheur de l'autre, ils éprouvent moins de précipitation à venir en aide à un frère et ils croient qu'au fond personne ne mérite plus de survivre que celui qui a les dents les plus longues. Ces six mots sont : l'homme est un loup pour l'homme.
Certains aiment travailler en groupe et sentir leur âme tisser des liens avec l'espace et le temps ; ce sont des hommes de paix, curieux de l'autre et peu enclins à s'adosser contre leur propre univers. Ils en ont fait des chefs de horde cruels et barbares, usant de la force s'ils le peuvent, divisant les leurs par esprit de concurrence et faisant circuler les symboles par-delà les frontières et suivant des critères de temps négatifs. Ce qu'ils ont aimé, ils l'ont détruit avec leur cynisme. Et ils haussent les épaules, en se disant que l'homme est un loup pour l'homme.
Certains aiment sentir le sillon se tracer sous leur semelle, le lent travail du temps et l'odeur de la pluie dans les fossés ; ils savent évaluer les différences subtiles dans leurs œuvres, sentent la coopération discrète des entités à l'œuvre dans le cosmos et savent s'y positionner à la verticale. Ils en ont fait des maîtres des machines, des broyeurs de terre et des planteurs de mort, qui passent leurs congés en convention de chars à voiles. Parce que maudire sa descendance en lui donnant les moyens de se détruire elle-même, c'est aussi dire un peu que l'homme est un loup pour l'homme.
Certains sont des conciliateurs, qui ont contemplé le bien et qui ont voulu voir son œuvre se répandre partout avec toutes ses couleurs et toute sa candeur sans mièvrerie. Ils ont été virils, fiers et pourtant aptes à appeler un frère « mon frère ». Ils en ont fait des calculateurs tournés vers le jeu du feu, des menteurs et des sophistes pour qui l'intrigue et le pouvoir personnel représentent des fins en soi. Parce qu'au fond du drapeau qui entoure les lois, il y a le cœur brûlé des mêmes lettres sacrées : l'homme est un loup pour l'homme.
Alors, pourquoi est-ce que la solidarité est anarchiste ?
Pourquoi est-ce que l'accueil du plus différent est parfois condamné par les lois ?
Pourquoi est-ce qu'on continue à s'aimer sans compter, et à donner pour donner ?
Pourquoi est-ce qu'on préfère piétiner le nom de Satan et chanter Dieu et la gloire du cosmos ?
Pourquoi est-ce que ce sont toujours les enfants de la terre contre les armées du veau d'or ?
Quand est-ce que l'on va tous enfin comprendre que les loups ont leurs cœurs brûlés d'écritures et que les hommes avancent avec le sang fluide et pur ?
A la Grande Croyance, j'opposerai la Grande Pratique.
Mon frère, je te souhaite de faire de même.
A circuler en se traînant, en jugeant ce qui les entoure comme s'ils avaient envie de prendre part à la misère du monde mais sans se salir les mains. Il y en a de toutes les sortes ; de toutes les origines, avec tous les vices et toutes les vertus. Mais tous, ils ont la même tare, bien enfouie en eux et qui casse leur rapport au réel en profondeur.
Ils ont la Grande Croyance. Elle se résume en six mots, qu'ils prennent tous soin de se faire graver au fer rouge au niveau du cœur ; ça contracte le muscle et ça ralentie ses battements. De la sorte, ils se rendent insensibles au malheur de l'autre, ils éprouvent moins de précipitation à venir en aide à un frère et ils croient qu'au fond personne ne mérite plus de survivre que celui qui a les dents les plus longues. Ces six mots sont : l'homme est un loup pour l'homme.
Certains aiment travailler en groupe et sentir leur âme tisser des liens avec l'espace et le temps ; ce sont des hommes de paix, curieux de l'autre et peu enclins à s'adosser contre leur propre univers. Ils en ont fait des chefs de horde cruels et barbares, usant de la force s'ils le peuvent, divisant les leurs par esprit de concurrence et faisant circuler les symboles par-delà les frontières et suivant des critères de temps négatifs. Ce qu'ils ont aimé, ils l'ont détruit avec leur cynisme. Et ils haussent les épaules, en se disant que l'homme est un loup pour l'homme.
Certains aiment sentir le sillon se tracer sous leur semelle, le lent travail du temps et l'odeur de la pluie dans les fossés ; ils savent évaluer les différences subtiles dans leurs œuvres, sentent la coopération discrète des entités à l'œuvre dans le cosmos et savent s'y positionner à la verticale. Ils en ont fait des maîtres des machines, des broyeurs de terre et des planteurs de mort, qui passent leurs congés en convention de chars à voiles. Parce que maudire sa descendance en lui donnant les moyens de se détruire elle-même, c'est aussi dire un peu que l'homme est un loup pour l'homme.
Certains sont des conciliateurs, qui ont contemplé le bien et qui ont voulu voir son œuvre se répandre partout avec toutes ses couleurs et toute sa candeur sans mièvrerie. Ils ont été virils, fiers et pourtant aptes à appeler un frère « mon frère ». Ils en ont fait des calculateurs tournés vers le jeu du feu, des menteurs et des sophistes pour qui l'intrigue et le pouvoir personnel représentent des fins en soi. Parce qu'au fond du drapeau qui entoure les lois, il y a le cœur brûlé des mêmes lettres sacrées : l'homme est un loup pour l'homme.
Alors, pourquoi est-ce que la solidarité est anarchiste ?
Pourquoi est-ce que l'accueil du plus différent est parfois condamné par les lois ?
Pourquoi est-ce qu'on continue à s'aimer sans compter, et à donner pour donner ?
Pourquoi est-ce qu'on préfère piétiner le nom de Satan et chanter Dieu et la gloire du cosmos ?
Pourquoi est-ce que ce sont toujours les enfants de la terre contre les armées du veau d'or ?
Quand est-ce que l'on va tous enfin comprendre que les loups ont leurs cœurs brûlés d'écritures et que les hommes avancent avec le sang fluide et pur ?
A la Grande Croyance, j'opposerai la Grande Pratique.
Mon frère, je te souhaite de faire de même.
T.