Des remords ?
Alors c'est ça ? La liberté à laquelle j'aspire ? La fulgurante vie de pirate dont j'ai toujours rêvé ? Les richesses et les trésors qui m'attendent ? Hahaha !
J'y vois plus claire à présent. Tout ce que je cherche ne sont donc que des petits moments de plaisirs fugaces entrecoupés de souffrance, désespoir et mort ? Est-ce donc que ça ?
Je viens de parcourir plusieurs noeuds de distance, le ventre vide. Après que de braves pirates m'aient vaillamment recueilli et nourri, je les ais étripé alors qu'ils étaient saoul. Et tout ça pourquoi ? Des clopinettes ! L'appât du gain ! Encore et toujours ! Deux cents mille berrys ! Super ! Ça me fait Trois cents mille maintenant ! Encore un peu et je pourrais refaire la peinture de ma barque ! On a pas tous les mêmes ambitions, hélas. Tout ce que voulait ce pauvre diable de Phil, c'était rentrer chez lui pour revoir sa famille. Cette somme était donc plus que suffisante pour lui, alors que moi je m'attendais à des sommes faramineuse dans un petit tonneau. Ça signifie aussi qu'en tant que simple matelot, il n'avait pas le droit d'accéder à la majorité du butin, donc le reste a sûrement brûlé avec le rafiot. Non non, je divague. En tout cas, ç'était une bonne idée de sa part que de mettre une bouteille de rhum dans le tonneau. Une chance qu'elle ne se soit pas cassée ! Bruuup !
Purée je suis arraché ! Il commence à faire sombre et le froid nocturne commence à m'envahir le corps. Je navigue encore une fois sans connaître mon cap. Je suis bien trop claqué pour utiliser mes petits outils de navigation de merde ! Alors que je comate un peu, j'entends un truc taper contre la coque de ma barque. Serait-ce un récif ? En me penchant par dessus bord, je vois une sorte de grosse bouteille en verre, remplie de feuille. En tentant de l'attraper, je glisse lourdement dans l'eau. Un énorme éclaboussement se fait entendre tandis que je bois la tasse. Quelle journée de merde ! Je remonte difficilement sur mon embarcation avec la bouteille en verre sous le bras, faut dire que je ne suis pas très sobre aussi, je ne suis pas très surpris d'être tombé. Je pose cet objet sur ma barque et j'essore ensuite ma chemise. Je soupire de fatigue, quand je me dis que ça ne peut pas être pire, ça le devient. Heureusement que j'ai enlevé ma sacoche au moment de quitter le rafiot des pirates de l'Orange, sinon toute ma poudre serait mouillée.
La bouteille est plutôt grosse et semble très solide. Elle doit pouvoir contenir cinq ou six litres à vue d'oeil. Elle est transparente mais plusieurs morceaux de papiers, de journaux apparemment, cachent à ma vue ce qu'il y'a à l'intérieur. Elle ne semble pas entièrement vide. Un gros bouchon est rentré dans le goulot. J'essaye de l'enlever en tirant dessus mais il semble bloqué. Moi, Waylon Rendão, qui vient de décimer un équipage entier pour quelques pruneaux, je n'arrive pas à ouvrir une simple bouteille ? Je mord le bouchon que j'arrache d'un coup sec avant de le cracher dans l'eau. En secouant la bouteille vers le bas, des liasses de billets tombent. Je suis très surpris et déboussolé à la fois. J'essaye tant bien que mal de compter le pognon, en rotant mes derniers relents de rhum. J'arrive à compter jusqu'à huit cents mille, un peu près. Alors, ça signifie que j'ai étripé des hommes pour bien moins que ça ? Putain, je n'arrête pas de broyer du noir, c'est horrible. Moi qui voulais me remettre en question, passer à la vitesse supérieur, me voilà en pleine mer, complètement trempé et bourré. Un vent glacial me frigorifie le dos tandis que je range l'argent dans le tonneau. J'enlève ensuite mon T-shirt que j'essore avant de prendre un morceau de tissu déchiré, provenant d'un ancien vêtement, que j'enroule autour de moi tel une couverture. Me sentant un peu plus enclin à réfléchir que tout à l'heure, je saisis mes outils de navigation et je tente de déterminer ma position actuelle. Le vent étant plutôt fort, l'allure est disposé entre le près et le vent de travers, la vitesse de l'embarcation n'est pas au maximum. Je suis apparemment pas très loin de Sirup, j'ai donc ma prochaine destination en tête !