"Pfiou... ! Si vous saviez à quel point je suis content d'être tombé sur vous, les gars !", lancé-je en donnant une petite tape dans le dos un des marins du navire sur lequel je me trouve. Il part et dérape sur le pont du bateau sur plusieurs mètres.
"P-p-plaisir p-p-partagé...", bégaie un autre en l'aidant à se relever.
"Tiens, filez moi encore un peu de ce cocktail, c'est un régal ! Et n'oubliez pas le petit parasol dedans et la collerette en sucre !"
Il y a (encore) un petit moment d'hésitation au sein de l'équipage, décidément. Je lâche un soupir et prends la parole :
"Vous savez, si j'étais à votre place...", commencé-je. Grand Lloyd Barrel, quel malheur ce serait, tant pour moi que pour le monde. Me rendant compte de l'absurdité et du non-sens que causerait une telle situation, je corrige : "Ouais, non, mais enfin, bon. D'une, je me serais déjà sans doute déjà ôté ma pauvre vie, une fois arrivé à votre âge, en n'ayant toujours pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un d'aussi exceptionnel que moi. De deux, en admettant que j'aurais encore le courage de vivre, je serai parti à ma recherche bien plus tôt. Alors, quand vous avez la chance de tomber par hasard sur l'unique, le fabuleux, l'incroyable Lloyd Barrel, quand une opportunité pour laquelle de nombreux hommes et femmes de tous âges et de tous horizons se damneraient pour ne serait-ce qu'avoir l'espoir de l'avoir... Ben, vous feriez mieux d'obéir, quoi."
Ma sublime tirade fait l'effet escompté, et tous recommencent à gigoter dans tous les sens pour tenter de combler mes moindres désirs. Comme si j'avais mis un grand coup de botte dans une fourmilière, et que tous les insectes se remettaient à s'agiter. Et puis, au pire des cas, pas grave si je dois en écraser quelques uns.
"Sinon, il arrive bientôt, ce cocktail, ou je dois me montrer moins conciliant ?"
"Ou-ou-oui, M'sieur Barrel...", balbutie celui que j'ai nommé second temporaire sur cette coque de noix, depuis le décès prématuré du précédent et ma prise de pouvoir légitime.
Celui la, au moins, il semble avoir une once de jugeote, et connait les respects dus à ceux de ma prestance, pas comme celui qu'ils appelaient "Capitaine" et qui avait refusé de me céder ses hommes et son navire ! A moi, l'époustouflant Lloyd Barrel ?! Ha ! Pourtant il était si faible ! Je suis sûr que sa tête roulait déjà par terre à côté de celle de son camarade avant même que ses yeux ne m'aient vu bouger ! Enfin... Au moins, maintenant, la piétaille ne piaille plus et me sert gentiment. Sans grande compétence, certes, mais bon... Il est difficile de trouver des petites gens décents, de nos jours... Il faut tout faire soi-même !
Je baille, m'étire et me lève de la chaise longue dans laquelle j'étais confortablement installé.
"Et le miroir ? Où est le miroir que je vous ai demandé, larbins ?!"
"Il arrive, il arrive, M'sieur Barrel !"
"Hmpf, pas trop tôt !"
"Pourquoi est-ce qu'on doit obéir au moindre de ses caprices, à ce débile hirsute en haillons, putain !"
"Chut ! Tu veux finir comme le Capitaine ? Ce maboule l'a décapité en un instant pour un mot de travers !"
"Je sais, c'était rhétorique, abruti !"
"Vous dites ?"
"Non, non ! Rien, M'sieur Barrel ! Voila votre miroir !"
"Bien ! Allez, faites de la place, maintenant, les pécores, barrez vous ! Et continuez à bien suivre le morceau de papier ! Il vient juste après moi dans la pyramide hiérarchique sur ce rafiot, et juste avant toi !", m'exclamé-je en pointant du doigt à tour de rôle le morceau de Vivre Card nous indiquant Armada et le nouveau second.
Je me mets alors face à la glace qui est posée devant moi, et observe le beau gosse au look post-apocalyptique et à la pilosité paléolithique qui s'y reflète. Mes longs cheveux, plus blanc délavé que blonds m'arrivent désormais au milieu du dos, tandis qu'une épaisse barbe tombe désormais jusqu'au centre de mon plexus. Ma tenue, quant à elle, est toute élimée et déchirée si bien que si je ne dégageais pas ce charme naturel qui fait de moi un tel être de légende, on pourrait me méprendre avec un sans manoir fixe. J'en frissonne rien qu'à la simple pensée. Ah ! Même mon imaginaire est d'une puissance inégalée !
Oui, c'est vraiment une bénédiction pour le monde que je revienne à la civilisation, pour montrer la voie à suivre ! Mais je ne peux décemment pas me pointer dans cet état là... Je veux bien que la seule évocation de mon nom et ce sourire cristallin suffisent à prendre les étoiles du ciel et à les jeter dans les yeux de ces demoiselles, mais tout de même... C'est une question de standing ! Je me ferai bien inviter quelque part, pour dormir dans un vrai lit, prendre un bon bain et qu'un barbier s'occupe de ma majestueuse crinière. Quant à mes vêtements, ils sont bien trop abîmés, et, à mon avis, un passage par la case tailleur s'impose dès que je poserai le pied sur Armada. Il doit forcément y en avoir un et qui n'est pas doté de deux mains gauches, comme le reste des ploucs à bord mon nouveau navire, au vu du costume soigné que portait Red lorsque il est venu à ma rencontre.
"Quel bonheur d'avoir enfin quitté celle île déserte !", m'exclamé-je alors en levant un bras au ciel, tandis que l'on vient me donner ma boisson, servie dans une noix de coupée en deux. Je me laisse tomber mollement dans la chaise longue, lunettes de soleil en toc prises sur la tête de l'ex Capitaine du coin sur le nez, et sirotant mon alcool à travers une paille rose fluo. Je reprends alors la parole : "Hé, au fait, les gars, je vous ai pas demandé... Vous faisiez quoi de beau, dans le coin, avant que vous ne décidiez de vous mettre à mon humble service ?"
"Il est sérieux là ?"
"Qu'on "décide de se mettre à son humble service" ?!"
"Vos gueules ! Hem. Euh, et bien, on est un équipage pirate qui vient à peine de passer Reverse Mountain, M'sieur Barrel. Euh... L-l'ancien Capitaine avait formé l'équi...", commence t-il, s'expliquant maladroitement et accompagnant sa parole branlante par la gestuelle associée (il hésite des mains, hein). Je le coupe alors tout à coup.
"Non, mais oubliez, finalement. Je pensais vraiment que ça aiderait à passer l'ennui, mais en fait c'est encore plus barbant qu'avant, et surtout je m'en fiche royalement. Ça ne m'intéresse plus. Tu peux disposer, machin.", dis-je avec un air débonnaire, en lui faisant signe du doigt, sans même me retourner ou le regarder, et en continuant à slurper (un être aussi fabuleux que le grand Lloyd Barrel est maître de la linguistique et de la verbe, et s'il dit que le mot "slurper" existe, alors il existe). Alors que je débats avec la seule personne à s'en trouver digne sur ce bateau, c'est-à-dire moi, on m'arrache de mes pensées en hurlant une bonne nouvelle :
"Terre en vue ! Euh, plutôt île-navire en vue en fait. Ce doit être Armada !"
"Enfin ! On va pouvoir se débarrasser de cet idiot !"
"Mais chut, gros porc ! Tu vas tous nous faire buter alors qu'on est presque arrivés !"
"Parfait ! Allez, en avant toute, mauvaise troupe !", m'écriai-je en me relevant subitement et en pointant du doigt l'horizon.
Les minutes défilent et l'immense amoncellement de bois et de cordages que constitue Armada se rapproche à vue d'œil. Lorsque nous arrivons à une distance convenable je fais replier les voiles au larbin, pour que nous perdions de l'allure, c'est la première étape pour accoster... Et maintenant ? Comment on s'accroche à cette gigantesque épave d'épaves ? Au pif ? Non, impossible, après tout, Red me connait. C'est obligé qu'il ait préparé un emplacement spécial pour me recevoir, moi, le grand Lloyd Barrel. Mon hypothèse se retrouve confirmée lorsqu'un énorme navire équipé d'un treuil se détache de l'enveloppe externe de la cité-bateau, et s'approche de nous à reculons. Ainsi donc, c'est ça... Armada... Finalement, faut avouer que ça a bien un côté Red, de loin : vite fait un peu moche, mais quand même avec un peu de gueule.
"P-p-plaisir p-p-partagé...", bégaie un autre en l'aidant à se relever.
"Tiens, filez moi encore un peu de ce cocktail, c'est un régal ! Et n'oubliez pas le petit parasol dedans et la collerette en sucre !"
Il y a (encore) un petit moment d'hésitation au sein de l'équipage, décidément. Je lâche un soupir et prends la parole :
"Vous savez, si j'étais à votre place...", commencé-je. Grand Lloyd Barrel, quel malheur ce serait, tant pour moi que pour le monde. Me rendant compte de l'absurdité et du non-sens que causerait une telle situation, je corrige : "Ouais, non, mais enfin, bon. D'une, je me serais déjà sans doute déjà ôté ma pauvre vie, une fois arrivé à votre âge, en n'ayant toujours pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un d'aussi exceptionnel que moi. De deux, en admettant que j'aurais encore le courage de vivre, je serai parti à ma recherche bien plus tôt. Alors, quand vous avez la chance de tomber par hasard sur l'unique, le fabuleux, l'incroyable Lloyd Barrel, quand une opportunité pour laquelle de nombreux hommes et femmes de tous âges et de tous horizons se damneraient pour ne serait-ce qu'avoir l'espoir de l'avoir... Ben, vous feriez mieux d'obéir, quoi."
Ma sublime tirade fait l'effet escompté, et tous recommencent à gigoter dans tous les sens pour tenter de combler mes moindres désirs. Comme si j'avais mis un grand coup de botte dans une fourmilière, et que tous les insectes se remettaient à s'agiter. Et puis, au pire des cas, pas grave si je dois en écraser quelques uns.
"Sinon, il arrive bientôt, ce cocktail, ou je dois me montrer moins conciliant ?"
"Ou-ou-oui, M'sieur Barrel...", balbutie celui que j'ai nommé second temporaire sur cette coque de noix, depuis le décès prématuré du précédent et ma prise de pouvoir légitime.
Celui la, au moins, il semble avoir une once de jugeote, et connait les respects dus à ceux de ma prestance, pas comme celui qu'ils appelaient "Capitaine" et qui avait refusé de me céder ses hommes et son navire ! A moi, l'époustouflant Lloyd Barrel ?! Ha ! Pourtant il était si faible ! Je suis sûr que sa tête roulait déjà par terre à côté de celle de son camarade avant même que ses yeux ne m'aient vu bouger ! Enfin... Au moins, maintenant, la piétaille ne piaille plus et me sert gentiment. Sans grande compétence, certes, mais bon... Il est difficile de trouver des petites gens décents, de nos jours... Il faut tout faire soi-même !
Je baille, m'étire et me lève de la chaise longue dans laquelle j'étais confortablement installé.
"Et le miroir ? Où est le miroir que je vous ai demandé, larbins ?!"
"Il arrive, il arrive, M'sieur Barrel !"
"Hmpf, pas trop tôt !"
"Pourquoi est-ce qu'on doit obéir au moindre de ses caprices, à ce débile hirsute en haillons, putain !"
"Chut ! Tu veux finir comme le Capitaine ? Ce maboule l'a décapité en un instant pour un mot de travers !"
"Je sais, c'était rhétorique, abruti !"
"Vous dites ?"
"Non, non ! Rien, M'sieur Barrel ! Voila votre miroir !"
"Bien ! Allez, faites de la place, maintenant, les pécores, barrez vous ! Et continuez à bien suivre le morceau de papier ! Il vient juste après moi dans la pyramide hiérarchique sur ce rafiot, et juste avant toi !", m'exclamé-je en pointant du doigt à tour de rôle le morceau de Vivre Card nous indiquant Armada et le nouveau second.
Je me mets alors face à la glace qui est posée devant moi, et observe le beau gosse au look post-apocalyptique et à la pilosité paléolithique qui s'y reflète. Mes longs cheveux, plus blanc délavé que blonds m'arrivent désormais au milieu du dos, tandis qu'une épaisse barbe tombe désormais jusqu'au centre de mon plexus. Ma tenue, quant à elle, est toute élimée et déchirée si bien que si je ne dégageais pas ce charme naturel qui fait de moi un tel être de légende, on pourrait me méprendre avec un sans manoir fixe. J'en frissonne rien qu'à la simple pensée. Ah ! Même mon imaginaire est d'une puissance inégalée !
Oui, c'est vraiment une bénédiction pour le monde que je revienne à la civilisation, pour montrer la voie à suivre ! Mais je ne peux décemment pas me pointer dans cet état là... Je veux bien que la seule évocation de mon nom et ce sourire cristallin suffisent à prendre les étoiles du ciel et à les jeter dans les yeux de ces demoiselles, mais tout de même... C'est une question de standing ! Je me ferai bien inviter quelque part, pour dormir dans un vrai lit, prendre un bon bain et qu'un barbier s'occupe de ma majestueuse crinière. Quant à mes vêtements, ils sont bien trop abîmés, et, à mon avis, un passage par la case tailleur s'impose dès que je poserai le pied sur Armada. Il doit forcément y en avoir un et qui n'est pas doté de deux mains gauches, comme le reste des ploucs à bord mon nouveau navire, au vu du costume soigné que portait Red lorsque il est venu à ma rencontre.
"Quel bonheur d'avoir enfin quitté celle île déserte !", m'exclamé-je alors en levant un bras au ciel, tandis que l'on vient me donner ma boisson, servie dans une noix de coupée en deux. Je me laisse tomber mollement dans la chaise longue, lunettes de soleil en toc prises sur la tête de l'ex Capitaine du coin sur le nez, et sirotant mon alcool à travers une paille rose fluo. Je reprends alors la parole : "Hé, au fait, les gars, je vous ai pas demandé... Vous faisiez quoi de beau, dans le coin, avant que vous ne décidiez de vous mettre à mon humble service ?"
"Il est sérieux là ?"
"Qu'on "décide de se mettre à son humble service" ?!"
"Vos gueules ! Hem. Euh, et bien, on est un équipage pirate qui vient à peine de passer Reverse Mountain, M'sieur Barrel. Euh... L-l'ancien Capitaine avait formé l'équi...", commence t-il, s'expliquant maladroitement et accompagnant sa parole branlante par la gestuelle associée (il hésite des mains, hein). Je le coupe alors tout à coup.
"Non, mais oubliez, finalement. Je pensais vraiment que ça aiderait à passer l'ennui, mais en fait c'est encore plus barbant qu'avant, et surtout je m'en fiche royalement. Ça ne m'intéresse plus. Tu peux disposer, machin.", dis-je avec un air débonnaire, en lui faisant signe du doigt, sans même me retourner ou le regarder, et en continuant à slurper (un être aussi fabuleux que le grand Lloyd Barrel est maître de la linguistique et de la verbe, et s'il dit que le mot "slurper" existe, alors il existe). Alors que je débats avec la seule personne à s'en trouver digne sur ce bateau, c'est-à-dire moi, on m'arrache de mes pensées en hurlant une bonne nouvelle :
"Terre en vue ! Euh, plutôt île-navire en vue en fait. Ce doit être Armada !"
"Enfin ! On va pouvoir se débarrasser de cet idiot !"
"Mais chut, gros porc ! Tu vas tous nous faire buter alors qu'on est presque arrivés !"
"Parfait ! Allez, en avant toute, mauvaise troupe !", m'écriai-je en me relevant subitement et en pointant du doigt l'horizon.
Les minutes défilent et l'immense amoncellement de bois et de cordages que constitue Armada se rapproche à vue d'œil. Lorsque nous arrivons à une distance convenable je fais replier les voiles au larbin, pour que nous perdions de l'allure, c'est la première étape pour accoster... Et maintenant ? Comment on s'accroche à cette gigantesque épave d'épaves ? Au pif ? Non, impossible, après tout, Red me connait. C'est obligé qu'il ait préparé un emplacement spécial pour me recevoir, moi, le grand Lloyd Barrel. Mon hypothèse se retrouve confirmée lorsqu'un énorme navire équipé d'un treuil se détache de l'enveloppe externe de la cité-bateau, et s'approche de nous à reculons. Ainsi donc, c'est ça... Armada... Finalement, faut avouer que ça a bien un côté Red, de loin : vite fait un peu moche, mais quand même avec un peu de gueule.
Dernière édition par Lloyd Barrel le Sam 6 Fév 2016 - 10:08, édité 4 fois