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Qui sème le vent court après son chapeau.

"Pfiou... ! Si vous saviez à quel point je suis content d'être tombé sur vous, les gars !", lancé-je en donnant une petite tape dans le dos un des marins du navire sur lequel je me trouve. Il part et dérape sur le pont du bateau sur plusieurs mètres.
"P-p-plaisir p-p-partagé...", bégaie un autre en l'aidant à se relever.
"Tiens, filez moi encore un peu de ce cocktail, c'est un régal ! Et n'oubliez pas le petit parasol dedans et la collerette en sucre !"

Il y a  (encore) un petit moment d'hésitation au sein de l'équipage, décidément. Je lâche un soupir et prends la parole :

"Vous savez, si j'étais à votre place...", commencé-je. Grand Lloyd Barrel, quel malheur ce serait, tant pour moi que pour le monde. Me rendant compte de l'absurdité et du non-sens que causerait une telle situation, je corrige : "Ouais, non, mais enfin, bon. D'une, je me serais déjà sans doute déjà ôté ma pauvre vie, une fois arrivé à votre âge, en n'ayant toujours pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un d'aussi exceptionnel que moi. De deux, en admettant que j'aurais encore le courage de vivre, je serai parti à ma recherche bien plus tôt. Alors, quand vous avez la chance de tomber par hasard sur l'unique, le fabuleux, l'incroyable Lloyd Barrel, quand une opportunité pour laquelle de nombreux hommes et femmes de tous âges et de tous horizons se damneraient pour ne serait-ce qu'avoir l'espoir de l'avoir... Ben, vous feriez mieux d'obéir, quoi."

Ma sublime tirade fait l'effet escompté, et tous recommencent à gigoter dans tous les sens pour tenter de combler mes moindres désirs. Comme si j'avais mis un grand coup de botte dans une fourmilière, et que tous les insectes se remettaient à s'agiter. Et puis, au pire des cas, pas grave si je dois en écraser quelques uns.

"Sinon, il arrive bientôt, ce cocktail, ou je dois me montrer moins conciliant ?"
"Ou-ou-oui, M'sieur Barrel...", balbutie celui que j'ai nommé second temporaire sur cette coque de noix, depuis le décès prématuré du précédent et ma prise de pouvoir légitime.

Celui la, au moins, il semble avoir une once de jugeote, et connait les respects dus à ceux de ma prestance, pas comme celui qu'ils appelaient "Capitaine" et qui avait refusé de me céder ses hommes et son navire ! A moi, l'époustouflant Lloyd Barrel ?! Ha ! Pourtant il était si faible ! Je suis sûr que sa tête roulait déjà par terre à côté de celle de son camarade avant même que ses yeux ne m'aient vu bouger ! Enfin... Au moins, maintenant, la piétaille ne piaille plus et me sert gentiment. Sans grande compétence, certes, mais bon... Il est difficile de trouver des petites gens décents, de nos jours... Il faut tout faire soi-même !

Je baille, m'étire et me lève de la chaise longue dans laquelle j'étais confortablement installé.

"Et le miroir ? Où est le miroir que je vous ai demandé, larbins ?!"
"Il arrive, il arrive, M'sieur Barrel !"
"Hmpf, pas trop tôt !"
"Pourquoi est-ce qu'on doit obéir au moindre de ses caprices, à ce débile hirsute en haillons, putain !"
"Chut ! Tu veux finir comme le Capitaine ? Ce maboule l'a décapité en un instant pour un mot de travers !"
"Je sais, c'était rhétorique, abruti !"
"Vous dites ?"
"Non, non ! Rien, M'sieur Barrel ! Voila votre miroir !"
"Bien ! Allez, faites de la place, maintenant, les pécores, barrez vous ! Et continuez à bien suivre le morceau de papier ! Il vient juste après moi dans la pyramide hiérarchique sur ce rafiot, et juste avant toi !", m'exclamé-je en pointant du doigt à tour de rôle le morceau de Vivre Card nous indiquant Armada et le nouveau second.

Je me mets alors face à la glace qui est posée devant moi, et observe le beau gosse au look post-apocalyptique et à la pilosité paléolithique qui s'y reflète. Mes longs cheveux, plus blanc délavé que blonds m'arrivent désormais au milieu du dos, tandis qu'une épaisse barbe tombe désormais jusqu'au centre de mon plexus. Ma tenue, quant à elle, est toute élimée et déchirée si bien que si je ne dégageais pas ce charme naturel qui fait de moi un tel être de légende, on pourrait me méprendre avec un sans manoir fixe. J'en frissonne rien qu'à la simple pensée. Ah ! Même mon imaginaire est d'une puissance inégalée !

Oui, c'est vraiment une bénédiction pour le monde que je revienne à la civilisation, pour montrer la voie à suivre ! Mais je ne peux décemment pas me pointer dans cet état là... Je veux bien que la seule évocation de mon nom et ce sourire cristallin suffisent à prendre les étoiles du ciel et à les jeter dans les yeux de ces demoiselles, mais tout de même... C'est une question de standing ! Je me ferai bien inviter quelque part, pour dormir dans un vrai lit, prendre un bon bain et qu'un barbier s'occupe de ma majestueuse crinière. Quant à mes vêtements, ils sont bien trop abîmés, et, à mon avis, un passage par la case tailleur s'impose dès que je poserai le pied sur Armada. Il doit forcément y en avoir un et qui n'est pas doté de deux mains gauches, comme le reste des ploucs à bord mon nouveau navire, au vu du costume soigné que portait Red lorsque il est venu à ma rencontre.

"Quel bonheur d'avoir enfin quitté celle île déserte !", m'exclamé-je alors en levant un bras au ciel, tandis que l'on vient me donner ma boisson, servie dans une noix de coupée en deux. Je me laisse tomber mollement dans la chaise longue, lunettes de soleil en toc prises sur la tête de l'ex Capitaine du coin sur le nez, et sirotant mon alcool à travers une paille rose fluo. Je reprends alors la parole : "Hé, au fait, les gars, je vous ai pas demandé... Vous faisiez quoi de beau, dans le coin, avant que vous ne décidiez de vous mettre à mon humble service ?"
"Il est sérieux là ?"
"Qu'on "décide de se mettre à son humble service" ?!"

"Vos gueules ! Hem. Euh, et bien, on est un équipage pirate qui vient à peine de passer Reverse Mountain, M'sieur Barrel. Euh... L-l'ancien Capitaine avait formé l'équi...", commence t-il, s'expliquant maladroitement et accompagnant sa parole branlante par la gestuelle associée (il hésite des mains, hein). Je le coupe alors tout à coup.

"Non, mais oubliez, finalement. Je pensais vraiment que ça aiderait à passer l'ennui, mais en fait c'est encore plus barbant qu'avant, et surtout je m'en fiche royalement. Ça ne m'intéresse plus. Tu peux disposer, machin.", dis-je avec un air débonnaire, en lui faisant signe du doigt, sans même me retourner ou le regarder, et en continuant à slurper (un être aussi fabuleux que le grand Lloyd Barrel est maître de la linguistique et de la verbe, et s'il dit que le mot "slurper" existe, alors il existe). Alors que je débats avec la seule personne à s'en trouver digne sur ce bateau, c'est-à-dire moi, on m'arrache de mes pensées en hurlant une bonne nouvelle :

"Terre en vue ! Euh, plutôt île-navire en vue en fait. Ce doit être Armada !"
"Enfin ! On va pouvoir se débarrasser de cet idiot !"
"Mais chut, gros porc ! Tu vas tous nous faire buter alors qu'on est presque arrivés !"

"Parfait ! Allez, en avant toute, mauvaise troupe !", m'écriai-je en me relevant subitement et en pointant du doigt l'horizon.

Les minutes défilent et l'immense amoncellement de bois et de cordages que constitue Armada se rapproche à vue d'œil. Lorsque nous arrivons à une distance convenable je fais replier les voiles au larbin, pour que nous perdions de l'allure, c'est la première étape pour accoster... Et maintenant ? Comment on s'accroche à cette gigantesque épave d'épaves ? Au pif ? Non, impossible, après tout, Red me connait. C'est obligé qu'il ait préparé un emplacement spécial pour me recevoir, moi, le grand Lloyd Barrel. Mon hypothèse se retrouve confirmée lorsqu'un énorme navire équipé d'un treuil se détache de l'enveloppe externe de la cité-bateau, et s'approche de nous à reculons. Ainsi donc, c'est ça... Armada... Finalement, faut avouer que ça a bien un côté Red, de loin : vite fait un peu moche, mais quand même avec un peu de gueule.


Dernière édition par Lloyd Barrel le Sam 6 Fév 2016 - 10:08, édité 4 fois
    Le navire-remorqueur émet un grésillement sonore, puis un chuintement aigu, avant qu'une voix amplifiée et rodée à son discours ne s'en échappe.

    "Test ? Un, deux, un deux... Ok ! Bien le bonjour, étrangers ! Je suis le représentant de la Guilde des Nochers, dont la tâche est de s'assurer que les bateaux parviennent à s'arrimer sans s'abîmer ! Tout à fait, s'arrimer sans s'ab..."
    "Le grand Lloyd Barrel vous adresse ses salutations ! Red a du annoncer mon arrivée, allez donc me le chercher, mon brave, qu'il m'amène à mon emplacement !", m'exclamé-je en coupant la parole au type dans sa cabine. Un léger silence s'installe.

    "Nous informons notre aimable clientèle que ce n'est pas exactement la procédure à suivre dans l'objectif d'une escale sans encombres sur Armada ! La souscription à l'offre de la Guilde des Nochers est un service payant, sans engagement mais avec obligation d'achat si vous désirez accoster. La Guilde des Nochers, pour s'arrimer sans s'abîmer !", continue le speaker, s'emmurant dans sa tirade apprise par cœur. Il marque une très courte pause, puis enchaîne, bien plus rapidement et d'une manière bien moins audible : "Offre non remboursable non échangeable avec achat non obligatoire pour tous les membres des Libres Capitaines d'Armada ™ et soumise à conditions pour plus d'informations veuillez vous renseigner auprès des docks participants."
    "Ça ne m'intéresse pas, merci."
    "Devons nous comprendre que notre aimable clientèle ne désire plus faire partie du cercle extrêmement privilégié et très fermé qu'est notre aimable clientèle ?"
    "Ah non, je suis l'exceptionnel, le fabuleux, l'incroyable Lloyd Barrel ! On ne compare pas quelqu'un d'aussi grandiose que moi au bas peuple !", rétorqué-je, fier, frappant ma poitrine bombée.

    "Parfait ! Alors c'est entendu ! Comment notre aimable clientèle compte t-elle régler ?"
    "Régler ? Non, il y a méprise, je n'ai pas du me faire comprendre...", commencé-je, en m'approchant du remorqueur. Je saute directement à son bord d'un grand bon, et je reprends : "C'est bien moi, le grand Lloyd Barrel ! La barbe et les cheveux longs peuvent surprendre, je l'admets, mais ma seule présence devrait pourtant suffire à m'annoncer !"
    "Nous avions bien compris l'identité de notre aimable clientèle. Nous ne comprenons toutefois pas le rapport avec le mode de paiement de l'opération."
    "Payer ? C'est une insulte qui m'est faite ! Le monde devrait m'offrir tout ce dont j'ai besoin, sans même que je lui demande ! Je devr..."
    "Euh... Cher client ?"
    "On ne coupe pas la parole du grand Lloyd Barrel ! Je n'arrive pas à croire qu'un accueil aussi déplorable soit réservé à quelqu'un comm..."
    "Euh... Cher Client ?", m'interrompt une fois de plus l'homme, au travers de son dispositif. Je vais l'étriper.
    "QUOI ?!"
    "Notre engagement responsable pirate nous met dans l'obligation d'informer notre aimable clientèle que son navire est en train de partir."
    "QUOI ?!", hurlé-je de plus belle en me retournant. Et effectivement, le bateau duquel je viens est déjà a une trop grande distance pour que je re-saute dessus. Je serre des dents. Moi, le grand Lloyd Barrel, victime d'une mutinerie ? Quels rongeurs ingrats ! Ils avaient eu l'insigne honneur de pouvoir respirer un air limitrophe au mien, et c'est ainsi qu'il me remercient ? En se barrant comme des voleurs avec le bateau que je leur ais honnêtement réquisitionné ? En m'insultant au loin ?
    "Adieu, tocard !"
    "Nous vengerons cet affront et la mort du Capitaine, Llyod Berral, sois-en sûr !"
    "Rase-toi, souillon !"

    "Nous précisons à notre aimable clientèle que la garantie "d'arrimage sans abîmage" du navire n'a pas d'effet rétroactif. Tout incident préalable à la signature de la clause contractuelle "tout risque" n'est ainsi pas pris en charge.", rajoute le speaker alors que je suis en train de bouillir de rage.

    Personne ne bafoue impunément la générosité sans bornes du grand Lloyd Barrel !

    Transformant ma main droite en une griffe acérée de diamant grâce à mon Razor Edge, j'arme le bras, et, contractant tous mes muscles pour puiser un maximum de force, je finis par frapper droit devant moi. La violence et la vitesse de l'impact sont telles que l'air semble se distordre dans une onde de choc qui, au bout de quelques secondes, est lancée vers le bateau à toute allure. Vous pensiez être à l'abri de mon courroux en mettant les voiles et en vous éloignant ? Vous pensiez qu'en tant que puriste des arts martiaux, j'étais inutile à longue distance ? Grossière erreur ! La puissance phénoménale du grand Lloyd Barrel est telle qu'elle pourfend les cieux ! La lame d'air file au ras des vagues, jusqu'à atteindre le bois de la coque, et... Traverse le rafiot net de part en part dans un grand fracas sourd avant de s'estomper quelques mètres plus loin, à la surface de l'eau. Je regarde ainsi lentement ces cloportes sombrer dans les dangereuses eaux de Grandline avec leur deux morceaux d'épave.
    Un sort amplement mérité, et ce même si leur cocktail avait franchement de l'avenir.

    "Nous informons notre aimable clientèle que la Guilde des Nochers lui adresse ses sincères condoléances. Mais comme il faut voir les opportunités en toute chose, nous lui signalons également que nous disposons d'une offre de renflouage d'épave, sur laquelle il y a justement une promotion à ne pas manquer aujourd'hui !"
    "Si je n'ai plus de bateau, vous n'avez plus de raison de me faire perdre de mon précieux temps, n'est-ce pas ?", réponds-je tandis que je regarde les derniers mutins couler et que nous nous éloignons.
    "Flûte. Et je n'avais même pas eu le temps de vous faire signer la clause de non rétractation...", soupire le commercial en grésillant, comme s'il était dépité.
    "J'aurai tout de même deux mots à dire à Red, concernant la qualité de son accueil. C'est inadmissible qu'il ne me reçoive pas en personne, et que je sois traité ainsi. Où se trouve t-il, sur cette île ?"
    "Sert à rien qu'il casse les oreilles à tout le monde à gueuler comme ça. Les quartiers du Cap'taine Red se trouvent à l'Atterrissage du Dragon, un peu plus au nord. Pouvez pas l'louper l'cadran, ça ressemble à... Bah, un atterrissage de dragon. 'Fin, vous comprendrez quand vous s'rez sur place.", dit alors un des marins du bateau treuil, tout en s'occupant de nouer des cordes pour l'arrimer à nouveau à la ville flottante. Ah, enfin du personnel compétent et presque respectueux, malgré ses airs rustres et ses relents de consanguinité !

    Depuis le navire Nocher, je bondis "à quai", si l'on peut vraiment appeler ça un quai, et me dirige vers l'endroit indiqué, balayant les alentours du regard sans discontinuer. J'aime Armada. Ça sent le sel des embruns, le bois flotté, l'aventure, et un petit peu le vomi à plein nez. Mes larbins ne sont peut-être pas aussi doués intellectuellement que moi, mais s'ils se sont posé quelque part pour attendre mon grand retour (et il l'ont forcément fait, leur dévotion à mon égard étant sans faille), c'est forcément ici.

    Prenant mon temps pour enjamber les cordages qui jonchent les canaux et sauter d'un pont à l'autre, j'arrive à l'endroit surnommé l'Atterrissage du Dragon lorsque le soleil commence à décliner. Je fais craquer mon dos légèrement engourdi par ma frappe à pleine puissance de toute à l'heure, et, en me cambrant, c'est là que je le remarque. Un superbe bâtiment tout en hauteur, resplendissant de mille feux, richement décoré et qui fait presque honte à toute la crasse qui se trouve autour. Mon équivalent architectural, en quelque sorte. Il ne fait alors plus aucun doute que c'est l'endroit que Red a fait construire spécialement pour ma venue. Parfait ! Il me semble que cela fait une éternité que je n'ai pas passé une nuit dans un bon lit douillet, dans un bâtiment rempli de serviteurs. Je m'approche de l'entrée, et passe devant une épaisse plaque dorée qui m'indique le nom de cet endroit : le Repos des Cieux. Je ne suis pas convaincu.

    Franchement, Red aurait pu appeler ça "Le domaine du Grand Lloyd Barrel". Encore une ombre au tableau. Enfin... Je pousse la porte d'entrée et rentre à l'intérieur du bâtiment.


    Dernière édition par Lloyd Barrel le Mar 22 Mar 2016 - 21:21, édité 5 fois
      Je suis a peine entré qu'une petite voix aiguë vient m'agresser les oreilles :

      "Bonsoir cher client, et bienvenue au Repos des Cieux ! ♥"
      "Bonsoir ! Je suis le gr..."
      "Que pouvons nous faire pour vous satisfaire ? Nous avons tout ici, mais en mieux qu'ailleurs ! Les meilleurs services de tout Armada !", me coupe t-elle immédiatement la parole. Bon, ce n'est pas si grave que ça : mes envies de sommeil, de nourriture et d'un bon bain chaud sont bien plus importantes que celle de lui apprendre le respect et la politesse, alors je vais passer l'éponge.
      "Je n'en attends pas moi..."
      "Allez, ne soyez pas timide, customer-chan ! ♥ Dites moi ce qui vous ferait plaisir !"
      "Customer-chan... ? Qu'est-ce que c'est que ce sobriquet ridi...", commencé-je. Une fois de plus, je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase. La petite femme brune m'attrape le tour du bras et se met à me promener dans un dédale de couloirs.
      "Non, non, ne dites rien, laissez moi deviner ! ♥ Vous êtes la pour notre restaurant gastronomique, qui sert des des mets exotiques et raffinés, à partir de produits frais provenant de toutes les blues et de Grandline ?"
      "Euh, et bien... Je..."
      "Ou non, c'est plutôt pour nos chambres thématiques ! Quel élément vous siérait le mieux ? La terre ? Le feu ? Non, l'eau !"
      "Je suis..."
      "Non, pas l'eau, plutôt l'air, votre peau a l'air sensible et l'humidité ne lui ferait pas du bien... Ah, mais c'est cela ! ♥ Vous venez bien évidemment pour nos masseuses et nos esthéticiennes, mondialement renommées ! Elles vous feront tout : la manucure, le brushing, séances de hammam et de sauna, prendre des bains relaxants dans des nuages ! DES NUAGES ! ♥"
      "Je suis le grand Lloyd Barrel !", hurlé-je finalement, laissant ma frustration exploser, et parvenant enfin à en placer une... Ma voix puissante résonne puis s'estompe dans les couloirs, ne laissant finalement qu'un silence absolu planer et une hôtesse d'accueil en catalepsie, cheveux dressés et yeux grand ouverts. Je reprends mon souffle, haletant, essayant toujours d'assimiler ce qui vient de se passer. Ciel... Quel moulin à parole ! J'abhorre les gens comme elle, qui ne font que s'entendre parler, et s'accaparent tout le temps la parole pour se la raconter ! Flagrant manque de respect... Et de modestie !

      "Puis-je savoir la raison de tout ce raffut ?", dit alors une voix venant de mon dos.
      "C-c-c... C-customer-chan...", bégaie la brune, toujours figée. Ah, mais c'est qu'elle me dénonce, en plus !
      "C'est toujours plus fort que toi...", dit simplement la nouvelle arrivante, une ange aux cheveux blonds, en se massant les tempes. Elle secoue alors vivement la tête, affiche son plus beau sourire, et d'une voix bien plus douce et calme s'adresse à moi : "Le Repos des Cieux vous présente ses plus plates excuses pour l'attitude déplacée de son employée, et vous prie de l'excuser... Monsieur... ?"
      "Je suis le grand Lloyd Barrel."
      "Permettez moi de me présenter, monsieur Barrel..."
      "Grand Lloyd Barrel, j'y tiens."
      "... Je suis Celenia Blanchele, je gère cet établissement en nom de sa propriétaire, dame Tahgel."
      "Ta gueule ? On me dit "ta gueule", à moi, l'illustre, le sensationnel, l'époustouflant Lloyd Barrel ? Oui, vraiment, Red va m'entendre !", m'indigné-je alors. Ça alors, lui qui vendait son Armada Comme la deuxième merveille du monde (derrière moi, cela va de soi), honnêtement, je trouve ça plutôt pourri, comme coin. Cette île-rafiot est honorée que je daigne en fouler le sol !
      "Euh... Non, non, loin de moi cette idée la, monsieur ; je parlais de dame Izya Tahgel, la Reine Céleste, la Dragonne d'Armada.", commence t-elle, en courbant le dos.

      Ah.

      La dragonne d'Armada ? C'est sans aucun doute la jeune femme aux cheveux rouges. La caractérielle qui suivait Red lorsque nous nous sommes rencontrés, et qui avait manqué de me tuer pour... Du chocolat. L'ange reprend :

      "Mais... Vous connaissez monsieur le Capitaine Red ?"
      "Oui, et Izya aussi. Et l'homme-femme aussi, la, Raymond, ou Simone."
      "Monsieur Reyson D. Anstis ?", devine t-elle. Reysonne ! C'est ça ! Je n'étais vraiment pas loin.
      "En plein dans le mille ! Ils m'ont tous trois remis en mains propre ma vivre-card vers Armada, en me suppliant de les y rejoindre. C'est exactement comme ça que ça c'est passé. C'est que je suis le grand Lloyd Barrel, quand même."
      "Ah, dois-je comprendre que monsieur est un invité spécial de dame Tahg... Hum, de dame Izya ?", demande t-elle alors, en penchant la tête. Voila, enfin quelqu'un de rapide à la réflexion, possédant un brin de jugeote et me traitant comme l'on devrait traiter quelqu'un de ma prestance ! Je suis sûr et certain qu'elle va me supplier, dans quelques instants, de la prendre dans mon équipage. Après tout, c'est ce que ferait quelqu'un de sensé, et jusqu'à maintenant, elle est sur un sans faute.
      "C'est bien ça !"
      "Dois-je alors comprendre que vous souhaiteriez notre suite la plus prestigieuse et l'accès à la totalité de nos services ?"
      "Parfaitement !"

      Ses yeux semblent s'illuminer (je crois même y discerner le symbole du Berry, mais ce doit être la fatigue), et elle serre le poing, avant de tirer une révérence.

      "Si vous voulez bien me suivre, monsieur Barrel, je vais vous conduire à votre étage. J'imagine que mon employée vous a déjà présenté nos spécificités ?"
      "Vaguement, oui."
      "Fort bien. J'imagine qu'un être aussi formidable et béni du ciel désire séjourner dans notre suite aérienne ?"
      "Evidemment. Allons, puisque tu sembles me connaître si bien, tu aurais du savoir que cette question était superflue !"
      "Toutes mes excuses, monsieur Barrel, je n'avais pas autant poussé ma réflexion.", répond-elle en baissant la tête une fois de plus.
      "C'est normal. C'est pour cela que je suis le grand Lloyd Barrel, après tout."
      "Très certainement, monsieur."

      Elle me rappelle Willy, le majordome que j'avais sur Barrel Island. Armada, Izya et Red remontent tous les trois légèrement dans mon estime grâce à cette employée. Voila comment les choses devraient tout le temps se passer !

      Nous montons jusqu'à l'avant-dernier étage, le plus élégant du bâtiment, et elle me fait rentrer dans une suite magnifique et finement ouvragée. On dirait un grand cocon rempli de nuages, dans lequel circulerait un très léger courant d'air rafraîchissant. De la fenêtre, il y a une vue imprenable sur la totalité d'une Armada toute éclairée et pleine d'agitation. Pourtant, on n'entend aucun bruit. Cet endroit... Est digne de moi, vraiment.

      La responsable me laisse, après m'avoir expliqué où se trouvaient les différents services proposés par l'établissement. Il n'est pas encore très tard. Que vais-je bien pouvoir faire ? Hammam, sauna, coiffure, musculation quotidienne, bain nuageux, repas et repos ? Cela me parait être un bon plan. En tout cas, je sens que je vais apprécier mon séjour ici, d'autant plus quand je m'imagine le prix qu'aurait à payer un être humain lambda pour de tels services. Après tout, je suis le grand Lloyd Barrel, ils n'oseraient pas me faire débourser un seul misérable Berry... Surtout que, bien que j'ai eu de l'argent à une époque, je n'ai aucune idée d'où il peut se trouver désormais, haha ! Quelle utilité d'en avoir quand on est quelqu'un avec autant de notoriété que moi ?

      Mais bon, il n'y aura aucun problème, il est bien entendu que je suis invité par Red et Izya, ici... N'est-ce pas... ?
        Au rythme du soleil qui montait dans le ciel, moi, le grand Lloyd Barrel, me suis levé, donnant ainsi au reste des pauvres hères peuplant ce monde l'autorisation de commencer à passer une bonne journée. J'ai sans doute passé la meilleure soirée de ma vie, me faisant servir et chouchouter de longues heures durant, avant de m'endormir confortablement, lové dans ce moelleux coussin de nuages. Je me lève, fais une toilette, et mets des habits que j'avais demandé à la responsable de m'apporter, pour remplacer temporairement ma tenue qui était en lambeaux et que j'avais fait porter chez le tailleur. Je finis d'avaler le copieux petit déjeuner que l'on m'a monté et descends les escaliers jusqu'à me retrouver à la réception du Repos des Cieux, où je me fais aborder sauvagement comme la veille :

        "Customeeeeeer-chaaaaaan ! ♥"

        Argh, Grand Lloyd Barrel, encore cette hystérique assourdissante ! Je ne laisserai pas faire bouillir ma cervelle par sa simple voix et ses surnoms débiles ! J'arme une frappe d'une main droite que j'aiguise grâce à mon Razor Edge et que j'infuse de haki, des flammes dans les yeux. Je ne te laisserai pas prononcer un mot de pl...

        "Monsieur Barrel ! Avez-vous passé une bonne nuit ? La chambre était-elle à votre convenance ?", m'interrompt alors la sympathique et serviable gérante, Cele... Na... ? La vue de ce larbin docile et bien dressé calme mes ardeurs et sauve, à la seconde près, la vie de son employée. Faisant revenir discrètement ma main à la normale, je me tourne vers elle et lui répond :
        "Ce fut digne de moi, rien de plus à ajouter. Chaque ville de chaque île de ce monde devrait avoir un endroit comme celui-ci pour m'accueillir quand je suis de passage."
        "Vous m'en voyez ravie. Si vous voulez bien nous suivre, que nous passions au règlement..."
        "Le règlement ?",
        "Comptiez-vous plutôt payer la totalité à la fin de votre séjour ? C'est possible également.", répond t-elle alors sereinement. J'éclate de rire : elle a même été formée à avoir un humour à m'en arracher une larme
        "Haha ! Payer ? Elle est bien bonne !"

        Sa veine au front commence à gonfler.

        "Q-que... Voulez-vous dire par la ?"
        "Et bien, il va de soi que cet endroit a été bâti pour m'héberger, n'est-ce pas ? Après tout, c'était bien il y a plus d'un an que Red et sa clique étaient venus à ma rencontre. Il parait logique qu'il ait eu le temps de faire construire un édifice aussi splendide que moi, pour préparer ma venue."
        "Vous voulez dire que vous n'avez rencontré dame Tahgel qu'une seule fois, et que c'était il y a plus d'un an ?!"
        "Exactement !"
        "Alors pourquoi dites vous que vous êtes un invité de marque ?! Et ne me dites pas que c'est parce qu vous êt..."
        "Parce que je suis le grand Lloyd Barrel, pardi !"

        Le temps semble suspendre son cours. Plus aucun son n'est audible dans le bâtiment. Elle m'attrape par le col, des flammes brûlant dans ses yeux à elle, cette fois ci. Elle se met alors à me vociférer dessus.

        "CECI EST UN COMPLEXE HÔTELIER DE LUXE, NOUS NE FAISONS PAS LA CHARITÉ !! ALORS VOUS ALLEZ RÉGLER LE MILLION DE BERRYS QUE VOUS NOUS DEVEZ ET..."
        "Un million de Berrys ? Ce sera vite vu, je ne les ai pas sur moi !"
        "QUOI ?!"
        "Ah, je les ai. Mais pas sur moi."
        "QUOI ?!"
        "C'est une longue histoire, qui implique un équipage avec beaucoup de borgnes, un navire qui coule, des rataupes, une soirée trop arrosée, et une île déserte. Tout à commencé quand Yskino et moi sommes arriv..."
        "RIEN A FICHE DE VOS HISTOI...", me coupe t-elle, hurlant encore et encore. Mais je ne la laisse pas finir sa phrase non plus, lui plaquant ma main contre sa bouche.
        "On va se calmer tout de suite. Je pourrais tous vous tuer en un battement de cil et m'en aller comme le pirate que je suis dans le cité pirate où je me trouve. Au vu de votre attitude vis-à-vis d'un être aussi majestueux que moi, donnez moi une seule bonne raison de ne pas le faire.", lâché-je simplement en lui libérant la mâchoire. Elle a intérêt à bien choisir ses mots, parce que sin...

        "Cet hôtel est la propriété de dame Izya Tahgel. Vous l'avez déjà vue au moins une fois... Vous savez ce que ça donne quand elle est colère ?", me coupe t-elle en me lançant un regard noir.

        C'est... C'est effectivement une bonne raison. La dragonne courroucée est... Terrifiante ? Non, ce n'est pas exactement ça. Cataclysmique ? Oui, plutôt. Déjà que l'homme-femme me donne des frissons juste par son côté malsain et contre nature, les trois comparses me font individuellement trembler, moi, le puissant Lloyd Barrel, tant ils sont forts. C'est même au-delà de ça. Et je n'ai absolument aucune envie d'attirer leurs foudres sur moi, et plus particulièrement celles d'Izya, car il n'y a pas besoin d'avoir mon intelligence hors-normes pour savoir qu'ils me transformeraient en sashimis. Je déglutis lentement, une goutte de sueur perlant sur mon front blêmissant. Si elle est capable de tant de force et de cruauté pour s'emparer de chocolat... Alors que pourrait faire ce monstre reptilien contre quelqu'un qui lui doit de l'argent ?

        "Euh... Il y a peut-être moyen de s'arranger... ? ... Allez... ?"


        Dernière édition par Lloyd Barrel le Lun 8 Fév 2016 - 12:07, édité 1 fois
          Trouver des chapeaux. C'est ça, son "arrangement" ? J'entends encore ses paroles résonner dans ma tête : "Deux pirates venus récemment ont donné vie au chapeaux de monsieur le Capitaine Red. Dame Starling, sa représentante sur Armada, offre une récompense pour chaque chapeau qui lui sera ramené. Vous avez de la chance, dame Izya et monsieur le Capitaine Red sont absents pour le moment... Vous avez un peu de sursis pour m'amener la somme convenue. D'ici là, vous trouverez un autre endroit pour dormir ! Au passage, je suis sincèrement désolée d'être si injuste avec vous, vous qui êtes tellement beau, et fort, et merveilleux, grand Lloyd Barrel...". Oui. C'est mot pour mot ce qu'elle a dit. Toujours est-il que je me retrouve à arpenter les quais de la cité de la piraterie, à la recherche de... Chapeaux volants qui foutraient le bordel ? Ce ne serait pas plus simplement un gros problème qu'ils ont avec l'alcool dans le coin ? Et puis, plus important...

          Je n'ai aucune idée de ce que mange un chapeau ! Comment suis-je censé les appâter pour les capturer ?! Peut-être qu'en enlevant ma chemise et en me mettant torse nu, mon charme naturel les attirerait et je n'aurais plus qu'à... Non, ce n'est pas envisageable : j'exercerais également une emprise bien trop irrésistible pour les hommes et les femmes des alentours, et Armada risquerait de couler à cause de leur nombre trop important... Ma seule solution est de parcourir la ville et de glaner des informations. Je ne trouverai sans doute pas de choix plus raisonné et logique. Ou alors... Je pourrais monter sur cet arbre stupidement grand qui se trouve planté en plein milieu de la cité, et tâcher de débusquer les chapeaux moi-même avec mon regard perçant ! Après tout, pourquoi faire compliqué quand je peux faire si simple ?

          Plusieurs bonnes dizaines de minutes plus tard alors que je fais face à l'océan grondant, en bout de quai, mon enquête a bien avancé et je suis désormais sûr et certain de deux choses : l'arbre géant n'est pas là, et je n'aurais pas du écouter cet ivrogne et tourner à droite au quatrième cordage. Ah, grand Lloyd Barrel... Vois ce qui t'arrive quand tu décides d'avoir foi en ceux qui rampent à tes pieds ? Quoiqu'il en soit, je me suis bien perdu, ayant traversé Armada d'un bout à l'autre... Et me retrouvant non loin d'un immense bateau, amarré à l'île comme tous les autres, mais dégageant bien plus de bruit et d'agitation. M'approchant de son flanc, j'y distingue une échelle à côté de laquelle se trouve une énorme pancarte clouée sur laquelle il y a marqué, à l'encre noire : "Le Terminus", et en plus petit : "Pariez, buvez, combattez. Pas forcément dans cet ordre.". Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

          "Z'êtes venu faire quoi, alors ?", demande alors une voix provenant d'au-dessus de moi, au niveau du pont du bateau.
          "Plait-il, péquenot ?", réponds-je en levant la tête. Un espèce de balourd affublé des clichés de la piraterie (cache-œil, jambe de bois, bandana sur le crâne, dents déchaussées et cicatrices) est accoudé sur la balustrade, et mâche sa chique. Un condensé de médiocrité ambulant, en quelque sorte. Quelle horreur.
          "Euh... M'avez traité de péquenot, ou bien je rêve ?"
          "C'est quoi cet endroit ?"
          "Ça débarque à peine à Armada, hein ? Ici, c'est le Terminus. C't'une arène où on picole, on mise la thune sur des gros bras, et on les mate s'faire la peau dans la joie et la bonne gnôle."

          Ah, une arène de type Underground, comme celles dans lesquelles j'ai commencé ma carrière de combattant clandestin, sur North Blue, et que je répondais au délicieux mais non moins représentatif surnom de "Sérénissime Empereur de l'Univers" (pas abrégé en SEU, j'y tiens). Cela fait longtemps que je ne me suis plus battu, et honnêtement, ça me manque sérieusement de pouvoir me défouler sur des individus dont la destinée se résume à se trouver à ce moment précis sur mon chemin, juste pour se faire refaire le portrait. Non pas que ça ne soit déjà pas un des honneurs les plus insignes, mais tout de même, quelle vie pathétique... Pareil que des blattes...

          "Hé machin ! C'est où pour s'inscrire ?"
          "Montez l'échelle. J'vous amène à la Libre Capitaine Angelica, c't'elle qui gère tout c'bordel. Elle reçoit les nouveaux en personne en ce moment, 'vec tout le monde qu'est parti à Navaronne... C'la crise, qu'voulez-vous... Quoique c't'encore le seul cadran qui tourne bien."

          Une femme qui gère une arène de combat viril et brutal ? J'ai du mal à le croire. Ne serait-ellepas mieux dans sa cuis... Mes pensées sont une nouvelle fois interrompues par une vision d'Izya qui m’apparaît très clairement dans la tête, avec sa mâchoire bardée de lames de rasoir, ses yeux emplis de feux haineux et destructeurs, et son hurlement bestial... Et encore, ça, ce n'est que lorsqu'elle est en forme humaine. En forme de dragon... Brrr... J'en frissonne rien que d'y penser. Suivant bidule jusqu'au bateau principal, je commence à discerner de manière de plus en plus audible un speaker faire son show, micro en main.

          "Elle est inarrêtable ! Les quatre frères qui avaient pourtant étés autorisés à combattre ensemble, Michelangelo, Donatello, Leonardo et Tartopruno ont été ridiculisés par Diro, et ils étaient connus pour leur force et leur brutalité !"
          "C'est Jiro, pas Diro !"
          "Kiro en est à sa septième victoire consécutive, qui pourra donc l'arrêter ?"
          "C'est Jiro, pas Kiro !"
          "Peut-être que ce sera Silver Fang, pirate originaire de South Blue et primé à 20.000.000 de Berrys ! Début du combat dans deux minutes, à vos paris !"
          "On y est."

          C'est une immense cage, creusée à même la structure de ce qui semble être un ancien navire de fret, qui se dévoile à mes yeux en contrebas lorsque nous arrivons au Terminus. Véritable enclave de métal (pour des raisons de solidité au vu des combats qui s'y déroulent, j'imagine) cernée de gradins dans cette cale en bois, l'endroit est impressionnant. Une sorte d'étage se trouve légèrement au-dessus de moi, et au niveau duquel il y a bon nombre de tables et un grand comptoir. La zone, qui semble s'étendre à n'en plus finir, fourmille étrangement de monde, comparé au reste d'Armada. Les liasses de billets, les pièces et autres richesses y volent dans tous les sens, tandis que des bières sont renversées par un public qui jubile. Truc me fait signe de le suivre, ce que je ne fais pas, car le grand Lloyd Barrel ne suit personne ; au contraire, c'est lui qui me suit, mais à l'envers. Nous arrivons alors dans une sorte de structure privée, légèrement excentrée par rapport à l'arène, dans laquelle se trouvent le commentateur, ainsi qu'une belle jeune femme blonde au regard éteint et ayant un lézard à moitié mort sur l'épaule, et dont l'aura fait froid dans le dos (celle de la femme, pas du reptile).

          "Voila, c'là."
          "Plus qu'une minute !", annonce le présentateur en regardant consciencieusement les grains passer la graduation de son grand sablier.
          "Capitaine Angelica ?"
          "... Hmmmm... ?", se retourne t-elle, avec le même air qu'un Yskino mangeant des restes de méduse faisandée.
          "Je suis le grand Lloyd Barrel ! C'est un honneur de me rencontrer.", me présenté-je en lui tendant ma main pour qu'elle la baise. Elle semble me regarder avec dédain, et ne cille même pas. Bien qu'intérieurement bouillant de rage suite à son irrespect le plus total, je ne bouge pas non plus, et me contente simplement de ranger ma main. Cette femme est de la même trempe qu'Izya, sans que n'arrive clairement à déterminer laquelle serait la pire. En tout cas, elle est bien plus forte que moi à l'heure actuelle. La douleur est double que d'admettre que ce soit possible et de devoir me rabaisser, moi, le grand Lloyd Barrel, face à cette représentante du sexe faible... Mais c'est le premier pas vers le perfectionnement. Et la survie, aussi. Entre autres.
          "Je suis la Libre Capitaine Skuka Angelica. Tu viens te battre dans mon arène ?"
          "Précisément."
          "D'accord. Vous entrerez en piste quand le prochain combattant sera à l'eau ou dans les vapes. Des questions ?"
          "Pas particulièrement."
          "Tant mieux. Les questions sont ennuyeuses. J'espère que ce sera divertissant."
          "Fin des paris ! Chiro, Silver Fang, battez vous messieurs !"
          "C'est Jiro, pas Chiro !"

          Je tourne la tête en direction de l'arène, où le combat vient de débuter. La foule s'extasie de revoir l'hémoglobine gicler après cette courte interruption consacrée aux mises, à la pause toilettes, et au remplissage des réserves de nourriture et de boisson. Je sors de l'espèce de cabine et scrute l'endroit, cherchant un endroit digne de porter la marque de mon postérieur pour me poser en attendant d'entrer dans l'action. Je sens alors que l'on m'agrippe le bras.

          "Hé."

          C'est machin.

          "Y'a quelques spécificités au Terminus, quand même, s'rait bien que j'vous en cause. Elle elle explique rien, ça l'a fait chier d'expliquer.", continue t-il.
          "Ah ?"
          "La Libre Capitaine Angelica... Elle s'en fout du résultat. Elle veut juste s'enjailler, surtout depuis le sac de l'arène l'année dernière. Et si ça lui plait pas, vous finissez à la flotte."
          "Ce serait fâcheux.", lâché-je en pensant au fait qu'avec mon fruit du démon, me retrouver à la mer serait fatal. Pas intérêt de faire un combat décevant, donc... Comme si c'était mon objectif dans tous les cas, ha ! Je suis l'incroyable Lloyd Barrel, après tout, un combattant de légende au style unique et spectaculaire !
          "Faut qu'ça brille, qu'ça pète dans tous les sens si vous v'lez rester en piste. Montrez du spectacle."
          "Que ça brille ? Parfait, c'est justement dans mes cordes !", lancé-je en faisant étinceler ma dentition parfaite et en l'accompagnant d'un pouce en l'air.

          "Huitième victoire consécutive de Miro !", interrompt alors le commentateur. Mince, déjà ? Le match a été expédié si vite que je n'ai même pas eu le temps d'y jeter un œil pour voir de quoi est capable mon prochain adversaire. Bah, tant pis, ce n'est pas comme si ça importait vraiment, dans tous les cas.
          "C'est Jiro, pas Miro !"
          "Silver Fang est battu à plates coutures ! Le prochain combattant aurait peut-être plus de chances ! Il est originaire de North Blue, et connu pour... Euh... Ses faits d'armes tel que... Euh... Acclamez-le : Lloyd Barrel !"
          "C'est le grand Lloyd Barrel !", corrigé-je en levant le poing. D'un grand bond, je me jette alors dans la fosse, au milieu des cris des spectateurs. Je n'arrive toujours pas à m'imaginer à quel point cela m'avait manqué, la foule en délire qui hurle à la joie de me voir, et ce bien que ce ne soient pour la plupart que des badauds.
          "Début du combat dans deux minutes, à vos paris !"

          "Lloyd Barrel ? Le capitaine des Avalons ? Celui qui a disparu il y a un an ?", m'adresse alors mon adversaire, auquel je n'avais pas prêté particulièrement attention jusqu'alors.
          "Lui-même, en personne. Qui a l'honneur ?"

          Je me retourne vers lui. Ou plutôt elle. C'est une femme qui doit être à peine moins âgée que moi, aux cheveux longs et blonds, et qui et qui est toute vêtue de rouge. On dirait une version low-cost de Red, à compter qu'elle existe, en somme. Mais surtout, elle porte un grand chapeau rouge que je reconnaîtrais entre mille : celui de Red, justement. Mes yeux s'écarquillent lorsque je me rend compte qu'en plus de ça, celui-ci frétille. Est-ce que cette pirataillon de pacotille sait qu'elle a sur la tête la clé du salut de celui qui, dans quelques secondes agrémentées de baffes, sera son idole pour les années à venir ?

          "Je suis Jiro Sicardy. La plus grande collectionneuse de chapeaux de toutes les m..."
          "IL EST A MOI !", vociféré-je en l'interrompant et lui arrachant le couvre-chef de la tête dans un mouvement vif du bras. Ses yeux sortent littéralement de ses orbites tandis qu'elle tente de me reprendre l'accessoire stylistique animé, du bout de doigts. Je dégage instantanément son bras de mon axe de corps d'un coup du dos de la main dans son poignet, et met de la distance entre nous lui envoyant un solide coup de pied dans le ventre.

          C'est ainsi qu'à la stupéfaction du speaker, l'indifférence d'Angelica, l'empressement d'un public qui perd le compte dans ses paris et la colère d'... Euh... A peu près tout le monde en fait, que notre combat commence prématurément...


          Dernière édition par Lloyd Barrel le Dim 7 Fév 2016 - 21:26, édité 6 fois
            ... Et se termine tout aussi vite, mon adversaire n'ayant tenu que quelques secondes suite à mon coup de pied avant de tomber raide dans les vapes en crachant des bulles.

            Quoi ? Elle était si nulle que ça ? Toute cette accumulation de tension et d'ambiance de combat pour une scène aussi bâclée ? Je veux dire, je suis l'époustouflant Lloyd Barrel, et il est parfaitement normal que je gagne avant même le début du combat mais quand même... De quoi est-ce que ce passage aura l'air dans l'autobiographie que je ferai rédiger ? D'un autre coté, si je le romance et rajoute du suspens de la difficulté pour qui passerais-je ? Bon, ce n'est pas forcément le plus important, l'essentiel étant que j'ai désormais mon sauf-conduit : un des fameux chapeaux rebelles de Red. Ce dernier commence d'ailleurs à gigoter et à s'étirer, comme s'il sortait d'une confortable sieste sur le crâne de la fameuse Piro... Biro... Bah, un truc du genre. Quoiqu'il en soit, je le baffe, afin de le mettre dans le même état que son propriétaire intérimaire et qu'il ne m'embête pas pendant que je le ramène à son propriétaire légitime.

            C'est quand même curieux, cette histoire de chapeaux qui s'animent à cause d'un pouvoir démoniaque. Comme quoi, on peut trouver de tout sur ces mers... Et surtout des gens qui ont tiré le mauvais numéro à la loterie de la vie en croquant dans ces fruits, comparé aux facultés exceptionnelles que j'ai récupéré, moi, du fait de ma condition d'être au destin exceptionnel...

            "En... Un seul coup ? Avant même que le combat ne commence ? Lloyd Barrel aurait t-il triché ? Tiro feindrait t-elle l'inconscience pour l'argent des paris ?"
            "C... C'est... J... J-Jiro, pas T... T...", murmure t-elle avant de sombrer complètement dans l'inconscience.
            "QUOI ? COMMENT EST-CE QUE LA PENSÉE QUE MOI, LE GRAND LLOYD BARREL, PUISSE TRICHER NE PEUT NE SERAIT-CE QUE VOUS EFFLEURER L'ESPRIT ?!"
            "Remboursez, c'est du chiqué !"
            "Hé, j'ai parié sur le baril, moi, pas envie que ce soit annulé !"
            "Le baril ? QUEL BARIL ?!"
            "Calmez-vous, chers spectateurs... Et combattant... Nous allons trouver un arrangement pour..."
            "Ah non, marre des arrangements, qu'est-ce qu'il va se passer, hein ? Va falloir chercher des boules de cristal magiques, maintenant ? Non, s'il y en a qui osent remettre en doute ma force Newgatienne, qu'ils descendent dans l'arène, je vous prends tous en même temps !"
            "Cause toujours, blondasse !"
            "QUOI ?! Vous êtes finis, je vais vous..."

            Je m'interromps soudainement tout seul, sentant comme un poids sur mes épaules, telle une menace imminente et dangereuse, même pour moi. Comme lorsque je sens quelqu'un qui m'observe et me jalouse quand je me marche dans la rue et parviens à tourner automatiquement la tête vers elle (encore un talent unique et fantastique dont moi seul ait le secret), je pivote d'instinct ma tête vers la cabine du Terminus, celle où se trouve le speaker... Et Angelica, qui me fusille du regard, et qui a ses deux mains sur un grand levier en bois. Je me souviens alors à peu près des paroles de machin (plus que de son visage insignifiant en tout cas), concernant la fameuse trappe qui envoie à la mer ceux qui agaçaient Angelica. Mais bon, impossible que ça m'arrive n'est-ce pas ? Après tout, je suis le légendaire Lloyd Barrel, sans doute aucun son idole depuis l'enf...

            Oh, si, elle oserait.

            Je bondis alors in extremis vers un des gradins, et, prenant appui sur le crâne dégarni d'une des larves du public, me lance en hauteur. Rebondissant de torse en torse ou de tête en tête, en faisant particulièrement attention à bien écraser du talon les clavicules ou le nez de ceux qui m'avaient manqué de respect, je commence ainsi à me replier à grande vitesse vers le pont supérieur du bateau, mon chapeau groggy sous le bras. Je parviens finalement au sommet, et j'ai mon précieux butin. Peu de chances qu'Angelica se lance à ma poursuite, étant donné qu'elle aura déjà fort à faire de calmer son public enragé. Plus qu'à retourner au Repos des Cieux, que j'aperçois au loin malgré ses lumières faiblardes en plein jour. Au vu de l'immense fortune de Red et de sa réputation d'investisseur et d'acheteur compulsif, la paie devrait largement suffire pour que je rembourse ma nuit passée dans le domaine d'Izya.

            Ceci étant dit, je ne cracherais pas sur un petit peu d'extras, histoire de mettre du caviar dans mon homard, vu que les gens d'Armada sont bien trop irrespectueux pour me couvrir de richesses ou m'offrir spontanément ce dont j'ai besoin... Celenia m'avait dit qu'il y avait une trentaine de couvre-chefs rebelles en liberté, dont un qui serait le préféré du capitaine rouge... Ce qui me ferait un bon paquet de berrys, si je les lui ramenais tous. Seul bémol, c'est sans doute une tache longue et fastidieuse, même pour moi, l'admirable Lloyd Barrel, et j'ai déjà gaspillé trop de mon précieux temps sur cette cité-île. Où sont les foules en délire prêtes à se dévouer corps et âmes pour devenir mes larbins et me supplier de faire mon sale boulot à ma place ? Tant pis pour ce tas de rafiots, je pense que je n'ai pas d'autre choix que d'en revenir au plan originel...

            C'est ainsi que je commence à déboutonner ma chemise.


            Dernière édition par Lloyd Barrel le Dim 7 Fév 2016 - 17:15, édité 1 fois
              "Laisse moi deviner... Tu penses qu'en enlevant ton haut, le vent va transporter ton arôme dans toute la cité et te ramener des femelles en chaleur, Lloyd Barrel, yo ?", lâche alors quelqu'un dans mon dos, la voix emplie d'assurance. Bien que je n'apprécie pas ce ton, il faut tout de même que j'avoue qu'il a visé juste ! Enfin quelqu'un qui aurait la vision suffisamment claire dans le coin pour se rendre compte de mon génie et de mon charisme hors normes ? Je me retourne vers le type en question.
              "Je suis le grand Lloyd Barrel, pas Barrelio..."

              Il a de longs cheveux rouges, une tunique qui laisse voir ses abdominaux saillants comme un gigolokama (oui, ce mot existe, je suis le grand Lloyd Barrel), et un air très sûr de lui. Comme une version low-cost d'Izya, à compter qu'elle existe, en bref.

              "Je sais bien comment tu t'appelles, yo."

              ... Et il finit ses phrases en disant "yo". Autrement dit, il possède la panoplie complète du bouseux, et pas n'importe quel bouseux... Celui qui me connait. Un de mes plus grands admirateurs qui se serait fourvoyé et se serait cru capable d'atteindre une splendeur pareille à la mienne ? Quelle ineptie ! C'est du non-sens complet ! Quoiqu'il en soit, je ne vais pas le remettre à sa place. La vie le fera pour moi, comme s'il s'agissait de ma servante, et le goût dans sa bouche sera amer quand il comprendra qu'il ne pourra jamais être destiné à d'aussi grandes choses que son idole. Cela me ferait presque de la peine, si son existence m'importait ne serait-ce que dans la plus infime des mesures. Enfin, allons bons...

              "Bon, n'en dis pas plus, je sais pourquoi tu es là..."
              "V... Vraiment, yo ?", bégaie t-il presque, ses traits s'adoucissant légèrement. J'esquisse un léger sourire. Une fois de plus, si j'en avais quelque chose à faire, je trouverais ça touchant, cette manière qu'il a de jouer au gros dur et de se ramollir quand l'homme qu'il vénère s'adresse à lui. Dans tous les cas, oui, je sais pertinemment pourquoi il est venu à moi, pourquoi il a trouvé le courage d'ouvrir la bouche et de me parler. Ah... Je lâche un léger soupir en me disant que ma magnanimité et ma mansuétude sont décidément sans égales.
              "Oui, tu veux bien évidemment un de mes avis de recherche dédicacé, c'est évident.", lâché-je alors en sortant ma chemise entrouverte la fameuse prime et un stylo. Je le décapuchonne, et, de mon écriture naturellement divine (malgré le fait que je tienne un énorme chapeau sous le bras), inscris dessus :

              Qui sème le vent court après son chapeau. Ecritu11

              "Et voila !"
              "Une dédicace... Pour... Machin... Sérieusement, yo ?", bégaie t-il encore  en tremblant. De prime abord, je me demande si c'est peut-être que son nom prend deux "h". Puis, je me rassure en me disant qu'après tout, je suis le grand Lloyd Barrel et que je ne peux pas m'être trompé, et c'est juste qu'il ne réalise pas encore qu'il tient entre ses mains un objet si précieux qu'ils seraient légions à mourir pour éviter qu'il n'ait rien qu'une simple égratignure.
              "Mais non, tu ne rêves pas ! C'est bien la réalité ! Allez, file donc vite avec ce trésor qui vaut sans doute plus que ta misérable vie, j'ai des choses plus importantes à faire."
              "Alors... Yo...", commence t-il en serrant fort son poing, froissant au passage mon autographe. Mon regard se durcit. Comment ose-t-il faire subir pareil traitement à une image de moi, qui plus est dédicacée ?! C'est un affront d'une gravité sans précédent ! Pire que le meurtre d'un Dragon Céleste, pire même encore qu'une viande qui me serait servie trop cui... Sa main, au travers de ses mitaines noires, s'embrase alors, calcinant le papier, me laissant bouche bée... Non pas de stupéfaction, mais de colère. Il reprend : "Tu as même oublié mon nom, Lloyd Barrel, yo ?!"

              Son poing, désormais enroulé d'une langue de flammes, se met alors à fuser en direction de ma tête, et à grande vitesse. J'ai à peine le temps de décaler la tête, et de sentir ma peau et mes cheveux blonds roussir, tant le coup est rapide. Derrière moi, une explosion de feu, résultat d'une concussion d'air embrasée produite par l'onde de choc de sa frappe, témoigne également de la force contenue dans son poing. Ce type ne rigole pas.

              D'instinct, je riposte en lui envoyant moi-même un coup au niveau du thorax, qu'il bloque en rabaissant toujours le même bras d'un mouvement sec et net, repoussant ainsi violemment le mien vers mon intérieur, lui donnant une ouverture d'attaque tout en me brûlant légèrement l'avant-bras. Son poing gauche s'enflamme alors à son tour, et il enchaîne comme je l'avais prévu, en visant à nouveau mon visage. Impossible de bloquer un coup pareil sans se brûler, à moins...

              A moins de s'appeler le grand Lloyd Barrel.

              Je viens le frapper au niveau de son poignet, ayant au préalable complètement ouvert ma main droite pour créer un "plat d'air" et ainsi souffler ses flammes dans la direction opposée à ma chair. Mon génie martial frappe une fois de plus en plein dans le mille, et, naturellement, je parviens à dévier son coup  et à mettre de la distance entre nous en faisant une feinte de coup de pied, gagnant ainsi quelques secondes pour souffler et réfléchir. Je n'ai absolument pas la moindre idée de qui est ce type, et encore moins ce qu'il me veut. Une chose me taraude, cependant... Son style de combat ressemble étrangement au mien (en bien moins classe et parfait, forcément)... En plus chauffant. Hé, mais comment fait-il ça, au juste ?

              "Pas mal. En même temps, je serais déçu si tu n'avais que ça dans le ventre, yo. J'ai tellement de choses à te faire payer... Yo !", ricane t-il alors, en faisant craquer son poing droit, toujours en maintenant sa garde. Des choses à me faire payer ? Je comprends alors tout de suite.
              "C'est Izya qui t'envoie, n'est-ce pas ? Avec le feu et tout, c'est sûr ! Quelle garce, cette Celenia ! Elle m'avait dit qu'elle saurait se taire le temps que je lui apporte l'argent ! J'ai déjà retrouvé un des chapeaux, en plus, regarde !", réponds-je en lui pointant le couvre-chef que j'ai laissé tomber par terre en bloquant, et qui y ronfle, toujours inconscient.
              "De... De quoi tu causes, Barrel, yo ?! J'suis là pour te faire payer ce que tu as fait il y a tout juste quatre ans..."
              "Mon énième victoire au tournoi annuel de Lloyd Barrelitude ?"
              "Non !"
              "A celle du concours annuel d'imitation du grand Lloyd Barrel, alors ?"
              "Non plus !"
              "Ma médaille annuelle du plus grand nombre de concours annuels remportés ?"
              "NON ! YO !"

              Un léger blanc s'installe, durant lequel je me remémore tous ces bons moments passés sur mon île natale et à toutes ces compétitions que j'ai gagné haut la main contre les autres habitants et de manière fair play et implacable (la plupart du temps avec 120% des voix), sans même me fouler. Ah, c'était le bon vieux temps, celui où personne ne doutait du fait que je sois incontestablement le meilleur. Mais alors...

              "Ma médaille annuelle du plus grand nombre de médailles annuelles du plus grand nombre de concours annuels remportés !", m'exclamé-je en frappant du coté du poing dans ma main ouverte, persuadé qu'il s'agit de cet événement.
              "NON ! TU AS TUÉ MON PÈRE, SALAUD !", vocifère t-il alors en se ruant sur moi, en enflammant ses deux poings au passage.

              S'en suit alors un enchaînement d'assauts et de contre-attaques accompagnées tantôt de gerbes de flammes et tantôt d'ondes d'air. Coup de pieds hauts, balayages, coups de coudes, de genoux, frappes à mains ouvertes du tranchant, ou bien fermées... C'est un véritable éventail de techniques martiales qui se succèdent et s'annulent au rythme des déflagrations pyrotechniques et sonores qui s'échappent dans les airs. Un moment d'accalmie s'installe, pendant lequel nous reprenons un peu notre souffle, tentant de jauger l'autre.

              Je semble un poil plus fort physiquement que lui, mais ses flammes que je dois suivre du regard en permanence m'empêchent de me concentrer et de lui montrer ma vraie force. Dans tous les cas, je vais petit à petit prendre le dessus sur lui, et sans utiliser mon pouvoir démoniaque. D'une part, mieux vaux toujours le garder en tant qu'atout dans ma manche et d'autre part... Ce n'est pas comme s'il mérite que je m'en serve contre lui, ni que j'en ai particulièrement besoin. Et puis... Je suis un peu rouillé, depuis tout ce temps sur mon île sans pouvoir combattre personne qui ait du répondant. Autant en profiter pour affûter encore plus mon style et m'amuser un peu.

              "Tu ne t'en souviens même pas, yo... Tu es vraiment la pire des ordures, yo !!", lâche t-il en fonçant à nouveau sur moi. Je me prépare à le recevoir, quand il freine au dernier moment, pour éviter deux projectiles lancés vers lui. Je suis moi-même obligé de bondir sur le côté pour éviter le même type d'attaque. C'est alors qu'ils apparaissent, émergeant des ombres les uns après les autres, encapuchonnés et masqués de noir. Moi et machin nous retrouvons très vite encerclés, et en joue d'armes de jets métalliques.

              "Qu'est-que c'est que merdier, yo ?!"
              "Des ninjas."
              "QUOI ? MAIS CA N'A AUCUN SENS ! ... YO !"
              "Au contraire. Dans les histoires que Mère me comptait, le héros était toujours attaqué par des ninjas à un moment ou à un autre. C'est donc le tour du grand Lloyd Barrel."
              "MAIS MAIS MAIS. DES NINJAS ? A ARMADA ?! C'EST BEAUCOUP TROP CLICHÉ ET PAS DU TOUT COHÉRENT, YO !!"
              "Ils sont sans doute la pour me dérober le chapeau !"
              "MAIS C'EST QUOI CETTE HISTOIRE DE CHAPEAU, A LA FIN, YO ?!!"

              Les ninjas se mettent en garde, certains sortant des katanas et d'autres des nunchakus. Tout en restant à l'affût du moindre mouvement de la part des assaillants qui m'entourent, je m'adresse au plouc :

              "Honnêtement, j'ai aucune idée de ce que tu me veux, bidule, je me souviens pas de toi et à vrai dire, je m'en fous, puisque je ne retiens pas les personnages secondaires de mon histoire. Ce passage ne figurera peut-être même pas dans mon autobiographie comparé à plein d'autres moments épiques que je vis au quotidien !", lancé-je, un sourire aux lèvres. Je marque une légère pause : "Mais si tu veux te mesurer à moi, je serai ravi de t'offrir une bonne leçon en un contre un et t'éclater le portrait, dès que je me serai occupé de ces guignols !"

              Il ne répond pas, et se contente de se jeter vers un des hommes masqués, ses fameux poings enflammés en avant. Peu de cervelle et un style vestimentaire déplorable, comme j'aurais pu m'y attendre, mais il agit. Et il est costaud. Oui, il fera un parfait sac de frappe le temps que je me remette dans le bain. Tant pis s'il doit y passer...

              Je visse le chapeau de Red sur mon crâne et retrousse mes manches. En attendant, y'a des ennemis moins charismatiques que des meubles et qui ont autant de raison de venir se mettre sur ma route que ce qu'ils auront de dents dans quelques instants, devant moi et il faut bien que quelqu'un s'en occupe. Vous voulez polluer l'épopée légendaire du grand Lloyd Barrel en débarquant sans un mot et sans aucun réel intérêt scénaristique ? Très bien, alors venez, je vais vous dédicacer le visage à coups de poings !


              Dernière édition par Lloyd Barrel le Mar 9 Fév 2016 - 10:53, édité 3 fois
                La bataille sur les sommets des épaves du Terminus bat son plein.

                Je repousse plusieurs lancers de shuriken d'une puissante concussion d'air, en frappant dans le vide devant moi. Puis, en un éclair, je me retrouve au contact d'un des ninjas et lui assène un violent coup du dos du poing dans le ventre, ce qui a pour effet de lui faire remonter dans la gorge son foie, son pancréas, un peu de sang, et ses deux derniers repas. Alors qu'il se recroqueville au sol et se tord de douleur, j'entends un sifflement métallique venant de mon angle mort droit. D'instinct, je transforme mon bras en diamant avec Harden et, me retournant, bloque le sabre qui m'attaque en le faisant glisser contre ma peau adamantine en garde haute. Dans la continuité du mouvement, et avec le même bras, je viens saisir à toute vitesse mon adversaire au niveau du larynx et lui fais une clef pour l'envoyer directement dans les vapes. Le lâchant, son corps inanimé tombant lourdement au sol, je me retourne vers un autre groupe de ninjas alors que mon bras reprend sa consistance normale.

                Oui, c'est bien les mêmes que dans les contes. Ils sont extrêmement faibles et se font rétamer en un coup, même du coté de machin. Se sont juste des sbires qui sont la pour faire gagner du temps, ou dans ce cas, accentuer l'effet de classe lorsque leur chef arrive. Quelle mise en scène pitoyable. Je n'ai absolument pas besoin de recourir a des stratagèmes aussi bas et avilissants pour me mettre en valeur... Je suis le magnifique, le sensationnel, l'exquis Lloyd Barrel, après tout ! Mon existence toute entière est un condensé de classe !

                Alors que le dernier des ninjas tombe au sol, de ma main bien évidemment (délivrer le coup final est toujours le privilège des meilleurs combattants), le calme semble retomber dans le cadran de la cité pirate. Les premiers qui avaient étés mis par terre se relèvent péniblement et, tout tremblotants, prennent conscience de l'étendue des dégâts.

                "Vous en voulez encore ?", demandé-je, un sourire mesquin aux lèvres. Ces rustres ne daignent même pas me répondre, au comble de l'irrespect, et se contentent de jeter une bombe fumigène au sol. Lorsque l'écran de fumée se dissipe, il n'y a plus personne, même plus ceux qui étaient inconscients et éparpillés ça et là. Le coup classique des ninjas, en somme.

                "Hmmm... C'est illogique..."
                "BIEN SÛR QUE C'EST ILLOGIQUE, C'EST DES PUTAINS DE NINJAS A AR-MA-DA, QU'EST-CE QU'ILS FOUTENT LA, YO ?!", se remet alors à crier truc, la veine au front. Décidément, il est un peu lent à la détente... Fort peu étonnant de la part d'un paysan, mais quand bien même...
                "Ils sont là pour le chapeau, je l'ai déjà dit, c'est assez évident.", commencé-je en désignant le couvre-chef qui se trouve sur ma tête. Quelle tristesse que je doive lui expliquer les plus élémentaires des déductions. Allons, grand Lloyd Barrel, soit clément et concupiscent, il n'a pas choisi de naître ainsi, et c'est ton devoir que d'apporter la lumière dans sa terne vie... Je reprends : "Leur chef aurait du apparaître lorsque le dernier sbire était inconscient, en disant quelques chose comme "Incapables, il faut tout faire soi-même...". Et eux auraient du disparaître en lâchant un : "On reviendra, gnéhéhéhé.". Quelque chose ne tourne pas rond."
                "C'EST PAS LE PROBLÈME, YO ! AAAAAH !", continue t-il de hurler, en se secouant la tête pour reprendre ses esprits. Il reprend : "Bordel, et qu'est-ce que je fous, moi, putain, yo ! Rien à foutre de ta fixette sur des détails et tes délires romanesques, de tabasser des ninjas et de supporter ta présence à deux mètres de moi, yo ! Tu vis pas dans un putain de conte, Lloyd Barrel, yo ! C'est la vraie vie, ici, et tu n'es... Tu n'es..."

                Il enflamme à nouveau son poing et se jette sur moi. J'esquive in extremis en cambrant le dos en arrière, et, profitant de mon pivot forcé, prend appui sur une jambe pour lui envoyer un coup de pied en plein ventre, le repoussant sur plusieurs mètres. Serrant les dents, il m'assaillit de plus belle :

                "TU N'ES QU'UN MEURTRIER, YO !!"

                Ses frappes sont de plus en plus puissantes, précises et rapides, mais je parviens tout de même à les esquiver où à les bloquer, et même à placer quelques contre-attaques. Malheureusement, aucune de mes ripostes n'est réellement efficace, et c'est plutôt une jolie chorégraphie que nous nous contentons de faire. Quelle insulte à ma vocation de plus grand guerrier des mers ! Il semblerait que j'ai sous-estimé l'insecte, mais s'il croit un seul instant qu'il peut prendre le dessus ! J'appâte son prochain coup, et, feintant le même type de parade que depuis le début de nos échanges, change soudainement de mode opératoire et décidant d'attraper son poignet incandescent en transformant tout mon bras droit en diamant. Me servant de son propre poids pour l'entraîner en avant, et avec la surprise combinée de ma réaction et de la vue de mon incroyable pouvoir, il ne peut esquiver le coup de coude en plein sternum que je lui assène, et il vole vers le pont d'un autre navire.

                "Fini de jouer, maintenant.", lâché-je dans les airs, tandis que je le rejoins d'un saut qui impressionnerait le commun des mortels. A mi-chemin, je transforme entièrement ma jambe gauche en diamant, et tente de le finir en lui portant une frappe du talon accompagnée de tout mon poids. Il évite de justesse en roulant sur le côté, et me fait une balayette en en profitant pour se relever. Je heurte violemment le sol la tête la première, et glisse contre le bois humide. Me retournant pour me mettre sur le dos, je l'aperçois alors se jeter littéralement en avant sur moi, toujours en vociférant :

                "OUI, C'EST TERMINÉ, YO !"

                Merde. Balançant mes deux bras en arrière, j'attrape une grande planche du pont sur lequel nous sommes, et utilisant mon Gift of Midas, propage ma magnificence et mon pouvoir à l'intérieur pour la diamantifier... Et m'en servir pour lui smasher la gueule au vol. Il lâche une sorte de "Blourf" étouffé et s'en va rouler-bouler avant de dégringoler dans une sorte de grande fosse.

                "Yoooooooooooooooooooooooooooo..."

                Je laisse choir au sol la planche, qui redevient progressivement de son matériau d'origine, fais craquer mon cou, et court me jeter à mon tour dans le grand puits dans lequel je viens de l'envoyer. Ce n'est que lorsque je suis complètement élancé que je me rends compte que cette entrebâillement à même le pont du bateau m'est étrangement familier... Et que je reconnais ce grand disque métallique qui se trouve à son fond, et où machin est étendu, entre deux personnes que je ne saurais discerner.

                C'est l'arène du Terminus.

                Utilisant mon Armored Lloyd en pleine course lorsque je vois que je vais rentrer en contact avec l'acier, je passe ainsi en trombe, sous les yeux d'un public ahuri, et m'écrase violemment dans un grand bruit sourd. Quelque chose de mou a amorti le choc, et pourtant, il y a une sale marque d'impact sur le sol en métal.

                Le truc mou était quelqu'un.

                Quelqu'un qui est désormais dans un sale état, tout aplati et sanguinolent. Bah, tant pis pour lui, c'est le prix a payer pour entrer en contact avec mon divin postérieur. Je me relève en même temps que bidule, en étirant mon dos. Ce n'est que lorsque le commentateur se met finalement à parler que je prends vraiment conscience de l'endroit où je me trouve :

                "Euh... Nos deux combattants sont... Tous les deux hors d'état de combattre à cause d'une intervention extérieure... Euh... Un instant, chers spectateurs, nous allons consulter le règlement..."

                L'assemblée commence à se lever, et à huer de toutes ses forces. Comment osent t-il me réserver cet accueil, à moi, le grand Lloyd Barrel ?! Je balaye la salle d'un regard méprisant. Se rendent t-il compte le chance qu'ils ont, de pouvoir être témoins de mon pouvoir démoniaque, et d'assister ainsi à une telle démonstration de ma supériorité. Mais bon, n'est-ce pas la le propre des bouseux, que de ne pas savoir reconnaître une telle perfection quand on la voit ?

                "Silence.", porte alors la voix glaciale, terne et briseuse d'ambiance d'Angelica, qui semble t-il, s'est emparée du microphone du speaker. En un seul mot, elle calme la totalité de l'assemblée. Je me tourne vers sa cabine, tandis que machin se relève péniblement du disque central de la cage de l'arène, et dans lequel il a lui aussi laissé sa trace.

                "Chers parieurs et spectateurs ! La journée d'aujourd'hui fut rythmée d'imprévus ennuyants et sans aucune saveur, et vous avez mes plus plates excuses. Je vous propose de me rattraper immédiatement. Dans l'arène se trouvent actuellement notre plus grand champion depuis la reconstruction de l'arène, un combattant redoutable au style explosif, et membre des Poings Divins..."

                Je me redresse et bombe le torse, à l'approche de l'annonce de mon nom. Voila une introduction digne de moi et de mes prouesses martiales. Je n'ai aucune idée de ce que seraient les Poings Divins, par contre. Il est vrai que ma boxe a un style légendaire et à la limite du céleste mais... Oh, et puis allez, j'aime bien le nom, soit. Au final, Angelica aura beau avoir essayé de garder son masque frigide et hautain, elle est forcée d'admettre que je suis bien le meilleur combattant que ses petits yeux tristes ont eu la chance de v...

                "Alexander Carmine !"

                Quoi ?

                "... Ainsi que celui qui fui son propre combat en le bâclant, et qui vient d'interrompre celui auquel nous étions en train d'assister... Lloyd Barrel !"

                Quoi ?

                "Les deux s'opposeront dans un match à mort ! Messieurs, si vous tentez de fuir ou refusez le combat... Je vous tuerai moi même.", commence t-elle alors que je suis toujours sous le choc de sa présentation. L'autre plouc, le meilleur combattant qui se soit pointé dans cette arène ? C'est une blague ? Et n'a t'elle pas meilleur éloge à me faire que ses piètres accusations mensongères ? En tout cas, les menaces de la capitaine du Terminus semblent bien réelles. Elle reprend : "Les paris seront en temps réel pour ce combat ! Battez vous dans les gradins, aussi, s'il le faut, balancez leur des bouteilles de verre, faites ce que vous voulez mais faites honneur au Terminus ! Peut-être qu'enfin l'ennui se fera buter au passage ! Maintenant... Place au combat !"

                La foule semble rentrer dans une phase de délire, l'argent volant dans tous les sens et l'alcool couler à flots. Angelica semble avoir grillé ses derniers neurones et vouloir juste créer un bordel innommable dans son arène. Et maintenant, quoi ? Je tente de m'en aller, ou je reste ? Je reste, bien sûr : j'ai toutes les raisons qu'il me faut pour vouloir combattre. Primo, je suis le grand Lloyd Barrel, le preux et incroyable guerrier qui ne manquerait jamais une occasion de montrer à la vermine pourquoi il est le meilleur. Secundo, ce type m'a attaqué. Hors de question que je laisse passer ça. Qui plus est, je lui ai fait la promesse de respecter le Primo, et le grand Lloyd Barrel n'a qu'une parole. Tertio... Une folle furieuse m'y force un peu, quand même. J'enlève le chapeau que j'ai sur la tête et le frappe de toutes mes forces pour le faire revenir au stade de simple objet sage et inanimé, et le jette sur le côté pour éviter de le perdre.

                Donc, on combat.

                Ce qui, au final, me va complètement, tant que je suis au centre de l'attention. Et pour ça, il faut que je face mordre la poussière à cet Alexander, qui se met aussitôt en garde. Alexander... Carmine... Tuer son père... ? Il y a quatre ans... ?

                Alexander Carmine.

                Bordel, mais c'est bien sûr.

                Je n'ai aucune idée de qui c'est.