- Eh Mad'moiselle, t'es charmante. Ca t'dirait une glace à la menthe ?
What ?
- J'en ai plein mon frigo. Chez moi. Juste toi moi.
Le client se met à rire sans raison apparente puis il s'endort tout à coup, faisant raisonner le bruit de sa tête tapant contre la table dans tout le restaurant presque vide à une heure si avancée.
Encore un ivrogne...
Je m'approche de lui et lui tape l'épaule violemment pour le réveiller.
- Vous payez ?
Le client sort de son sommeil difficilement, un filet de bave dégoulinant élégamment de sa bouche. Il me regarde de ses yeux fris et essaye de me toucher les fesses tout en parlant.
- Alors ma jolie ? On a décidé d'accompagner papa ?
Je lui attrape la main avant qu'elle ne touche sa cible et le plaque contre la table en bloquant son bras derrière son dos.
- Tu payes et tu dégages.
Je le libère de sa position pour qu'il puisse payer, ce qu'il fait très naturellement, et qu'il puisse s'en aller, ce qu'il fait aussi sans demander son reste. Je ramasse les Berrys en me rendant compte avec joie qu'il en a laissé bien plus que ce qu'il ne fallait, je place le surplus dans ma poche arrière et le reste dans la caisse du restaurant. Un gros pourboire de temps en temps ça ne fait pas de mal.
Depuis que le patron m'a embauché, il y a de cela trois mois, je mène une vie tranquille et sans aucun soucis. Je ne vole plus, ne me bas plus, j'achète ce que je mange et je dors dans une maison. Enfin, dans un grenier qui ne paye pas de mine mais avec un matelas et de l'eau à disposition. Autant dire que je n'ai jamais eu une vie aussi calme depuis bien longtemps.
Mais tout cela m'ennuie... Je ne vais pas mentir, trouver un train de vie stable n'est pas déplaisant, mais ce n'est pas la vie que je souhaite. Je veux d'une vie pleine de rebondissement où chaque jour mes compétences seront remises en jeux. Ou parfois je devrais me battre pour survivre comme je le faisais avant. C'est peut-être égoïste de penser ça mais je m'en fou. Mon but a toujours été et sera toujours de partir aussi loin que possible, de faire parler de moi, de laisser ma trace dans l'histoire et de, peut-être, revoir Vilma. Mais rester ici avec ce petit boulot et cette vie ne m'avancera à rien.
- Aoi, la table 6 s'il te plait !
Je vais vers les cuisines pour prendre le plat et je le ramène à la table où l'on m'observe avec insistance. De la méfiance et de la peur par apport à mon altercation de tout à l'heure ? Que nenni !
Très vite après avoir été embauché mon comportement envers les hommes et certains clients ont très vite été remarqué par certains types d'individus qui, je ne sais pour quelles raisons, aiment plus que tout me voir en colère et les remettre à leurs places. Des masochistes purs on peut le dire. Je sais qu'il attend que je lève la voix contre lui, il le veut, mais je trouve ça tellement glauque que je l'ignore, comme je le fais toujours. Mais faire ça fonctionne aussi chez eux il faut croire car très souvent je les vois revenir dans l'attente que je leurs dise quoi que ce soit.
On pourrait penser que serveuse est un métier facile mais mon dieu que c'est épuisant... Entre les délires chelous, les tentatives d'attouchements et la population uniquement composée d'homme je peine à ne pas faire exploser ce restaurant et tous ces occupants avec.
Je me dirige une nouvelle fois vers les cuisines, non pas pour ramener un nouveau plat mais tout simplement pour partir parce qu'il ne reste presque personne, que j'ai passé une longue journée, et que je veux rentrer, tout simplement.
Je sais qu'il ne dira pas non, il ne m'a jamais dit non pour quoi que ce soit. Avec lui je suis libre de faire ce qu'il me plait, nous nous contentons des quelques règles élémentaires de courtoisie durant le travail mais pas plus.
La plupart des clients sont des habitués le connaissant d'avant son métier de cuistot, lorsqu'il était encore un marine respecté et craint. Aujourd'hui encore il l'est mais il n'a plus ce titre de marine cependant. Un vieux souriant, imposant, grand et avec les cheveux grisonnant dont on ne peut jamais connaitre le fond de la pensée.
- Patron, je pars, il est tard et il y a plus personne sauf des habitués.
- Très bien Aoi, à demain.
Je prends ma cape en passant près de l'entrée, l'enfile puis prends mon arc et sors enfin dehors. La fraicheur ambiante m'envahit agréablement et je l'accueille volontiers. J'aime bien la chaleur mais je préfère tout de même le vent glacial de ce début d'hiver. Je m'éloigne du restaurant dont une odeur alléchante s'échappe pour me rendre enfin chez moi.
La ville de nuit a des allures de bêtes sauvages, prête à se jeter sur toi à n'importe quel moment , à t'engloutir entier pour ne plus jamais te relâcher. C'est sans doute pour cela que j'aime bien plus la nuit que le jour. Car la nuit, tout semble plus dangereux, plus électrique, plus violent, me donnant l'impression de ne faire qu'un avec elle.
Les habitants se font rares mais les ivrognes et les personnes louchent beaucoup moins. Une femme voulant se faire de l'argent en vendant son corps à la nuit, un homme cherchant maladroitement la bagarre avec n'importe quel passant, des rires, des cris, du bruits et moi. Moi, laissant une trainée rouge à chaque pas, moi, faisant couper cours à toute discussion, moi et mon capuchon qui ensemble imposons une certaine forme de respect. Celui qui ne donne pas envie à qui que ce soit de venir nous chercher pour créer une bagarre.
Une fois enfin arrivé j'ouvre la porte devant mon bâtiment, et je grimpe les quatre étages pour arriver à mon domicile. Le bâtiment en lui-même ne paye pas de mine, un extérieur en brique, un intérieur en bois, , une odeur de poussière et un grand escalier délabré. J'entends des éclats de voix venant de l'étage du dessous mais je m'en contre-fiche. Les problèmes de couple de mes "voisins" ne m'intéresse pas.
J'ouvre la porte pour retrouver mon chez moi.
Une petite pièce entrecoupé de poutre bien usées par le temps, d'un plancher grinçant à chaque pas et de murs blancs craquelé ici et là. Un taudis pourrait dire certains, un havre de paix pour moi. Mon matelas, étalé au sol, semble m'ouvrir ses bras avec insistance et je me dirige vers lui sans même y faire attention. Je ne suis pas fatiguée, je ne trouverais sans doute pas le sommeil avant un bon moment, mais la sensation d'être allongé confortablement et quelque chose que j'aime plus que tout.
Une sensation qui t'empêche d'avancer, de devenir celle que tu devrais être. Qu'est ce que tu fais encore la Aoi ? Ce n'est pas toi qui t'étais promis de retrouver Vilma et de la surpasser ?
Entrant intérieurement dans un bataille entre mon envie qui veut profiter du confort et de cette vie facile et ma raison qui elle sait très bien ce que je veux réellement, je finis par sombrer dans une nuit sombre et sans rêve, une nuit froide et tristement banale.
What ?
- J'en ai plein mon frigo. Chez moi. Juste toi moi.
Le client se met à rire sans raison apparente puis il s'endort tout à coup, faisant raisonner le bruit de sa tête tapant contre la table dans tout le restaurant presque vide à une heure si avancée.
Encore un ivrogne...
Je m'approche de lui et lui tape l'épaule violemment pour le réveiller.
- Vous payez ?
Le client sort de son sommeil difficilement, un filet de bave dégoulinant élégamment de sa bouche. Il me regarde de ses yeux fris et essaye de me toucher les fesses tout en parlant.
- Alors ma jolie ? On a décidé d'accompagner papa ?
Je lui attrape la main avant qu'elle ne touche sa cible et le plaque contre la table en bloquant son bras derrière son dos.
- Tu payes et tu dégages.
Je le libère de sa position pour qu'il puisse payer, ce qu'il fait très naturellement, et qu'il puisse s'en aller, ce qu'il fait aussi sans demander son reste. Je ramasse les Berrys en me rendant compte avec joie qu'il en a laissé bien plus que ce qu'il ne fallait, je place le surplus dans ma poche arrière et le reste dans la caisse du restaurant. Un gros pourboire de temps en temps ça ne fait pas de mal.
Depuis que le patron m'a embauché, il y a de cela trois mois, je mène une vie tranquille et sans aucun soucis. Je ne vole plus, ne me bas plus, j'achète ce que je mange et je dors dans une maison. Enfin, dans un grenier qui ne paye pas de mine mais avec un matelas et de l'eau à disposition. Autant dire que je n'ai jamais eu une vie aussi calme depuis bien longtemps.
Mais tout cela m'ennuie... Je ne vais pas mentir, trouver un train de vie stable n'est pas déplaisant, mais ce n'est pas la vie que je souhaite. Je veux d'une vie pleine de rebondissement où chaque jour mes compétences seront remises en jeux. Ou parfois je devrais me battre pour survivre comme je le faisais avant. C'est peut-être égoïste de penser ça mais je m'en fou. Mon but a toujours été et sera toujours de partir aussi loin que possible, de faire parler de moi, de laisser ma trace dans l'histoire et de, peut-être, revoir Vilma. Mais rester ici avec ce petit boulot et cette vie ne m'avancera à rien.
- Aoi, la table 6 s'il te plait !
Je vais vers les cuisines pour prendre le plat et je le ramène à la table où l'on m'observe avec insistance. De la méfiance et de la peur par apport à mon altercation de tout à l'heure ? Que nenni !
Très vite après avoir été embauché mon comportement envers les hommes et certains clients ont très vite été remarqué par certains types d'individus qui, je ne sais pour quelles raisons, aiment plus que tout me voir en colère et les remettre à leurs places. Des masochistes purs on peut le dire. Je sais qu'il attend que je lève la voix contre lui, il le veut, mais je trouve ça tellement glauque que je l'ignore, comme je le fais toujours. Mais faire ça fonctionne aussi chez eux il faut croire car très souvent je les vois revenir dans l'attente que je leurs dise quoi que ce soit.
On pourrait penser que serveuse est un métier facile mais mon dieu que c'est épuisant... Entre les délires chelous, les tentatives d'attouchements et la population uniquement composée d'homme je peine à ne pas faire exploser ce restaurant et tous ces occupants avec.
Je me dirige une nouvelle fois vers les cuisines, non pas pour ramener un nouveau plat mais tout simplement pour partir parce qu'il ne reste presque personne, que j'ai passé une longue journée, et que je veux rentrer, tout simplement.
Je sais qu'il ne dira pas non, il ne m'a jamais dit non pour quoi que ce soit. Avec lui je suis libre de faire ce qu'il me plait, nous nous contentons des quelques règles élémentaires de courtoisie durant le travail mais pas plus.
La plupart des clients sont des habitués le connaissant d'avant son métier de cuistot, lorsqu'il était encore un marine respecté et craint. Aujourd'hui encore il l'est mais il n'a plus ce titre de marine cependant. Un vieux souriant, imposant, grand et avec les cheveux grisonnant dont on ne peut jamais connaitre le fond de la pensée.
- Patron, je pars, il est tard et il y a plus personne sauf des habitués.
- Très bien Aoi, à demain.
Je prends ma cape en passant près de l'entrée, l'enfile puis prends mon arc et sors enfin dehors. La fraicheur ambiante m'envahit agréablement et je l'accueille volontiers. J'aime bien la chaleur mais je préfère tout de même le vent glacial de ce début d'hiver. Je m'éloigne du restaurant dont une odeur alléchante s'échappe pour me rendre enfin chez moi.
La ville de nuit a des allures de bêtes sauvages, prête à se jeter sur toi à n'importe quel moment , à t'engloutir entier pour ne plus jamais te relâcher. C'est sans doute pour cela que j'aime bien plus la nuit que le jour. Car la nuit, tout semble plus dangereux, plus électrique, plus violent, me donnant l'impression de ne faire qu'un avec elle.
Les habitants se font rares mais les ivrognes et les personnes louchent beaucoup moins. Une femme voulant se faire de l'argent en vendant son corps à la nuit, un homme cherchant maladroitement la bagarre avec n'importe quel passant, des rires, des cris, du bruits et moi. Moi, laissant une trainée rouge à chaque pas, moi, faisant couper cours à toute discussion, moi et mon capuchon qui ensemble imposons une certaine forme de respect. Celui qui ne donne pas envie à qui que ce soit de venir nous chercher pour créer une bagarre.
Une fois enfin arrivé j'ouvre la porte devant mon bâtiment, et je grimpe les quatre étages pour arriver à mon domicile. Le bâtiment en lui-même ne paye pas de mine, un extérieur en brique, un intérieur en bois, , une odeur de poussière et un grand escalier délabré. J'entends des éclats de voix venant de l'étage du dessous mais je m'en contre-fiche. Les problèmes de couple de mes "voisins" ne m'intéresse pas.
J'ouvre la porte pour retrouver mon chez moi.
Une petite pièce entrecoupé de poutre bien usées par le temps, d'un plancher grinçant à chaque pas et de murs blancs craquelé ici et là. Un taudis pourrait dire certains, un havre de paix pour moi. Mon matelas, étalé au sol, semble m'ouvrir ses bras avec insistance et je me dirige vers lui sans même y faire attention. Je ne suis pas fatiguée, je ne trouverais sans doute pas le sommeil avant un bon moment, mais la sensation d'être allongé confortablement et quelque chose que j'aime plus que tout.
Une sensation qui t'empêche d'avancer, de devenir celle que tu devrais être. Qu'est ce que tu fais encore la Aoi ? Ce n'est pas toi qui t'étais promis de retrouver Vilma et de la surpasser ?
Entrant intérieurement dans un bataille entre mon envie qui veut profiter du confort et de cette vie facile et ma raison qui elle sait très bien ce que je veux réellement, je finis par sombrer dans une nuit sombre et sans rêve, une nuit froide et tristement banale.
Dernière édition par Aoi Fujita le Mar 01 Mar 2016, 20:42, édité 6 fois