Tous les matins du monde [Solo Nanami - Îlobois (Nom de l'île, inventée)]
Posté Lun 1 Fév 2016 - 16:14 par Yumiko Nanami
"Hey Yumi', allez réveille toi, il est déjà tard. Et pas d'excuses, j'ai vu la lumière allumée sous ta porte jusque tard hier soir, ce n'est pas mon problème si tu n'arrives pas à te lever le lendemain !" tonna une voix masculine au timbre âgé.
Yumiko, du haut de ses dix-sept ans, était encore plongée dans ses rêves. Elle n'offrit en guise de réponse à son grand-père qu'un simulacre de grognement. Il faisait chaud sous la couette, et sa tête était profondément enfoncée dans son oreiller : elle n'avait strictement aucune envie de sortir de là, vraiment ! Elle était comme dans un cocon, à l'abri de tout. Son imagination était la seule limite imposée à ses aventures se déroulant dans ce demi-sommeil.
Cependant, le vieux pêcheur ne l'entendait pas de cette oreille. Sa petite-fille n'était pas une fainéante, elle allait donc lever son fessier de sa couche séance tenante, et se débarbouiller tant que l'eau qu'il avait fait réchauffer plus tôt fumait encore. Agrippant la couette d'une main ferme, il retira d'un coup sec cette dernière, laissant la pauvre jeune fille à pull jaune en proie au froid qui régnait dans la bâtisse pour cause d'hiver particulièrement rude.
Yumiko se recroquevilla sur elle-même en grimaçant, rentrant la tête. Toujours pas.
Le vieil homme gratta sa barbe grise et fournie en poussant un soupir, avant de passer un bras autour de la taille de sa descendance qui commença enfin à remuer. Il était cependant trop tard : il la souleva comme si de rien n'était et la fit sortir de son lit, la traînant jusque dans la pièce principale. La jeune fille qui avait du mal à se réveiller se débattait, frappant de ses petits poings les bras épais de son aïeul : autant dire que ça ne faisait pas grand chose à ce dernier ! Il n'empêchait qu'elle n'était pas des plus heureuses et qu'elle le faisait savoir, offrant ses plus belles grimaces à celui qui la transportait comme un vulgaire sac de patates. Non mais, c'était samedi matin tout de même, il pouvait la laisser dormir une ou deux heures de plus !
Surtout que, si elle s'était en effet couchée tard la veille à cause de ses lectures, elle avait travaillé presque tout aussi tard. Il avait fallu déneiger devant la maison et une petite partie de la rue dans laquelle ils habitaient ; et vu qu'il s'était mis à neiger durant l'opération, ça n'avait pas vraiment facilité les choses...
Le duo improbable arriva finalement devant la mère de la jeune fille, qui se trouvait a moitié couchée dans un lit, bonnet sur la tête et tasse de tisane encore fumante entre les mains. Elle observa son paternel ainsi que sa progéniture avec un sourire amusé et plein de tendresse.
"Regarde moins un peu ce que j'ai pêché ce matin Hanara, pas mal non ? Pas beaucoup à manger sur elle par contre mais ça m'étonne quand même, c'est qu'il pèse bien son poids l'animal !" s'exclama le plus sérieusement du monde le grand-père.
Il s'attira immédiatement les foudres de Yumiko, cette dernière venant lui donner une tape sur son ventre légèrement rebondi tout en lui assénant un regard des plus noirs. Qu'il se regarde un peu lui-même avant de parler du poids des autres !
Dernière édition par Yumiko Nanami le Lun 1 Fév 2016 - 16:21, édité 1 fois
Posté Lun 1 Fév 2016 - 16:18 par Yumiko Nanami
Hanara, la mère, dû cette fois-ci franchement réprimer son rire. Souriant également, le vieux pêcheur et grand-père qui répondait au nom de Makuro reposa la jeune tête brune au sol. Yumiko pouffa pour la forme, encore un peu ensommeillée, puis se fendit d'un large sourire avant de bondir sur le lit de sa mère. Très proche d'elle depuis toujours, l'adolescente aux yeux mauves enfouis sa tête dans le cou d'Hanara qui, profitant de cet instant de tendresse matinal qui lui était si cher, ferma les yeux et serra sa fille contre son coeur, humant le doux parfum de sa chevelure. Elle finit par rompre l'étreinte tandis que la jeune fille se redressait et l'observa longuement.
La mère leva son bras droit pour venir caresser la joue de son seul et unique enfant.
« Alors, tu as bien dormi Yumi' ? Pas de cauchemars j'espère ? » s'enquit-elle d'une voix douce.
L'adolescente hocha négativement la tête en gardant son fin sourire. Elle n'aurait certes pas craché sur quelques minutes de plus sous la couette, mais elle était loin, très d'avoir passé une mauvaise nuit. Cette dernière, à part pour les derniers instants, s'était au contraire montrée plutôt plaisante.
« Hm, et des rêves à propos de Ren ?.. » fit-elle, plus suspicieuse dans le ton alors que ses yeux se plissaient très légèrement.
Roulant des yeux, Yumiko poussa un long et profond soupir agacé, avant de tirer la langue à sa génitrice et de sortir du lit. Ren était un jeune garçon du village qui n'avait qu'un ou deux ans de plus qu'elle. Il était charpentier, et s'occupait aussi bien des navires que de l'entretien et la réparation des docks. Il sculptait même un peu le bois sur son temps libre. Vu que la jeune fille travaillait sur le bateau de son grand-père depuis quelques années déjà, ils s'étaient croisés et avait échangés à plusieurs reprises. Il serait peut-être exagéré de les considérer comme amis, mais ils ne devaient pas en être trop loin non plus. Après tout, ils se voyaient quasiment un jour sur deux.
Il y a quelques temps, à cause du givre, la dernière née de la famille Nanami avait glissé et aurait violemment chuté si le jeune homme qui l'accompagnait ne l'avait pas rattrapée. A ce petit incident, il n'avait pas fallu plus d'une boutade maladroite de son aïeul une fois rentrés pour que la graine du doute et de la suspicion ne germe chez sa mère : pour elle, sa fille avait le béguin pour le jeune homme. Ce n'était évidemment pas le cas, mais l'adolescente aux iris d'améthyste avait déjà eu le doute à une ou deux reprises quand aux sentiments du garçon à son égard. Il est vrai qu'il était le seul membre du sexe opposé sur lequel elle pouvait compter, avec lequel elle passait du temps. Mais elle ? Non, pas qu'elle sache en tout cas.
Elle n'avait pas envie de se pâmer devant lui, ni n'éprouvait de sentiments particuliers à son égard : pas de gêne soudaine en sa présence, de palpitation, ou autre signe d'attirance. Cependant, sa mère ne semblait avoir que faire du déni de sa fille. Elle était hautement méfiante dès qu'elle évoquait le garçon. Est-ce qu'elle avait peur qu'on lui arrache son jeune trésor ? Ou avait-elle peur qu'il ne la blesse, qu'il joue avec elle ? Il était aussi possible que les réticences éprouvées par sa génitrice soient dues à son handicap, comme nombre de ses autres inquiétudes. Le mystère était entier, et très franchement, vu l'entêtement dont faisait preuve Hanara, Yumiko ne se voyait pas chercher la raison de cet état de fait.
C'était comme ça, elle ferait avec et puis c'est tout. Sa mère finirait bien un jour par se lasser, ou voyant ses accusions rester infondées, elle se rendrait compte toute seule de sa méprise. Yumiko haussa énigmatiquement les épaules avant de gratifier la femme qui l'aimait le plus au monde d'un clin d'oeil, tandis que cette dernière levait, exaspérée, les yeux au ciel.
Posté Lun 1 Fév 2016 - 16:19 par Yumiko Nanami
La jeune fille à la chevelure d'ébène se dirigea vers la petite salle d'eau où elle se débarbouilla avec l'eau qu'avait fait chauffer un peu plus tôt son aïeul et en profita également pour se peigner les cheveux devant le vieux miroir ébréché qui pendait au mur. Une fois un peu plus présentable, Yumiko revint en silence prendre son petit-déjeuner alors que son grand-père et sa mère semblaient s'être engagés dans une discussion d'argent qui soit n'allait pas l'intéresser, soit qui ne devait pas la concerner. Elle avait beau être grande, ces deux-là pensaient encore qu'il était nécessaire de la préserver de certains soucis.
Sauf qu'elle n'était plus une enfant, mais une jeune adulte. Elle avait appris à reconnaître les situations de crise, et celle-ci en était définitivement une. Son grand-père n'avait pas pu pêcher à cause du froid et de la glace ces dernières semaines. Leurs économies étaient en train de disparaître comme peau-de-chagrin. La jeune fille aux yeux violets soupira, observant les flocons blancs cascadant de l'autre côté de la fenêtre. Il y avait une solution aux problèmes financiers, mais ils n'avaient pas voulu en entendre parler sous prétexte que c'était trop dangereux. Yumiko avait fait part de son désir d'aider, se proposant à la vue de ses capacités d'archère de partir à la chasse dans la forêt. Elle pourrait ainsi revendre ses prises, la viande et la fourrure se faisant rare en cette saison ayant un prix relativement élevé, et gagner de fait un petit pécule.
Sa mère s'y était fermement opposée, précisant qu'elle préférait encore y aller elle-même que de laisser sa fille courir le moindre danger. Elle avait cherché un peu de soutien dans le regard de son grand-père, mais ce dernier lui avait offert le même genre de réponse.
Sauf qu'elle voulait aider, et qu'elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire d'autre pour gagner sa croûte. Travailler à la taverne ailleurs qu'en cuisine ou au nettoyage n'était pas envisageable vu son handicap, et malheureusement ils ne cherchaient personne de ce côté là. De même, nombres d'autres tâches lui étaient impossibles, ou plutôt refusées pour les mêmes raisons. En plus, ce n'était pas comme si le terrain lui était complètement étranger, de même que la faune et la flore. Elle avait grandi sur cette île, quand même ! Elle poussa un soupir, dépitée mais pas résignée.
Après tout… S'ils ne savaient qu'elle était partie s'aventurer seule en forêt pour chasser qu'après coup, et qu'elle revenait de préférence victorieuse, ils seraient possiblement plus enclins à l'avenir à lui accorder ce genre d'autorisations. Elle n'en avait pas vraiment besoin au fond, elle pouvait tout à fait faire comme bon lui semblait vu son âge. Mais elle ne voulait pas se mettre en opposition avec eux qui avaient tant fait pour elle depuis sa naissance. Elle ne voulait que rendre la pareille au fond. Alors qu'elle finissait lentement son thé, un plan mettant cette idée en scène commença à germer dans son esprit.
Si elle se débrouillait bien… Elle pourrait partir la journée entière sans éveiller les soupçons, et rentrer le soir venu avec sa, ou ses prises si elle était chanceuse. Mais il fallait qu'elle prenne de quoi lutter contre le froid, et un nécessaire de survie au cas ou. Le climat était particulièrement traître dans Grand Line.
Rêvassant sur son plan, elle fut tirée de sa rêverie par l'appel de son grand-père, qui avait besoin d'elle pour étendre le linge. Elle finit d'avaler son petit-déjeuner en vitesse et alla ensuite lui prêter main forte. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle partirait à l'aventure en tout cas, les corvées s'empilant les unes après les autres jusqu'au crépuscule…
La vie réelle l'avait rattrapée. Et de tout l'hiver, l'occasion d'effectuer sa petite sortie ne se présenta pas. Le temps s'était heureusement amélioré et la pêche avait pu reprendre. Yumiko était cependant un peu triste au fond. Elle aurait bien aimée partir à l'aventure dans les bois…