Retour à Reverse Mountain, du côté du Cap des Jumeaux. Désolidarisé et relativement changeant, seul le paysage naturel des grandes murailles rougeâtres s’élevant hors des flots demeurait réellement immuable tandis que la ville qui évoluait à ses pieds ne cessait d’évoluer au gré de la compagnie marchande qui s’y était récemment installée et des allées et venues des flibustiers qui ne pouvaient s’empêcher d’endommager cette belle ville flottante. Principalement composé de bâtiments sur pilotis et autres embarcations en bois, le port des Jumeaux avait cependant ce petit quelque chose de familier et d’attachant qui expliquait bien ce rare sentiment de bien-être et de chez-soi que je ne trouvais pas partout.
Quelques heures auparavant, j’avais débarqué à bord de la Translinéenne sur les épais pontons en bois de l’entreprise qui se trouvaient plus ou moins dans la zone industrielle du coin. Gigantesque complexe de pontons désarticulés et de bâtiments flottants comme un résidu de déchet ne cessant de rencontrer le rebord abrupte des falaises selon l’inclinaison des vagues, l’endroit se dressait de façon linéaire comme un liseré bordant Red Line sur toute sa longueur. A peine quelques minutes après avoir mis pied à terre, je m’étais alors approchée du guichetier pour lui demander comment il était possible de se rendre à Bulgemore et quel navire il fallait emprunter. M’indiquant la "ligne trois" sur le gigantesque panneau que l’on ne pouvait décidément pas rater, juste à côté, il m’avait alors informé de l’heure à laquelle accosterait la prochaine embarcation qui m’emmènerait vers la destination convoitée.
- Demain à quinze heures.
Vissant les mains dans mes poches, j'avais alors tiré une moue catastrophique reflétant l'ennui et l'exaspération, prenant congé des docks pour finalement me diriger vers la partie plus commerciale du port.
S'étirant et se gonflant, je remarquais alors que le port avec ses parties flambantes neuves et ses quartiers plus anciens formait un réseau de nœuds et d'embranchements qui menaient parfois sur quatre voies différentes ou bien se resserraient en une seule. Mises bout à bout, les planches en bois qui constituaient le chemin étaient souvent reliées entre elles de manière grossière et les bifurcations se faisaient généralement naturellement en accrochant un nouveau ponton à l'ancien de façon totalement rudimentaire. Le bois humide et noir résistait néanmoins très bien et la ballade offrait malgré tout quelque chose d'exotique, pour peur qu'il fasse beau et que le ciel soit bien aéré, que le soleil illumine de ses rayons la façade rouge de la montagne, celle-ci renvoyant alors une tendre lumière chaude sur la ville en contrebas. Passant donc de quartiers en quartiers, de groupements de baraques pseudo-mitoyennes ou bien de résidences proprement séparées, j'avais fini par atterrir dans le centre névralgique de la métropole : un coin atypique et frais, où la vie allait bon train et où les gens semblaient vaquer à différentes affaires. On retrouvait, dans ce centre-ville, absolument de tout : des hommes en costume aux artisans, des vendeurs à la criée aux étals flottants, des parents veillant sur leurs gosses intenables aux jeunes amoureux profitant du romantisme de la ville aquatique.
M'effaçant dans ce spectacle, à la recherche d'un hôtel ou d'une auberge pouvant m'accueillir pour la nuit, je n'avais pu m'empêcher de penser à la bonté qu'inspirait cette zone, malgré son passé diablement tourmenté, malgré les raids des pirates empruntant le canal pour débarquer sur Grand Line, malgré la menace omniprésente que tout aille mal. Et pourtant, malgré tout cela, les gens riaient de bon cœur et se laissaient vivre sans sembler rongés par la peur et l'angoisse, différant totalement des profils types des habitants de Logue Town ou Las Camp. Car si l'endroit n'envoyait architecturalement pas plus de rêve, il restait familier et sympathique, me rappelant étrangement le calme et la sérénité de mon île natale.
- Un peu comme Syrup.
Oui, c'est ça, un peu comme Syrup. A cette idée, un flot de mémoires d'enfance s'égraina spontanément dans mes neurones, balayant plus ou moins mon équilibre mental pour me laisser dans un espèce de léthargie non désirée. Pourtant, si avant ces pensées avaient pu me tourmenter, aujourd'hui j'arrivais plus ou moins à vivre avec mes anciens démons. Et c'était bien logique en soi : j'en avais créé de nouveaux que je m'évertuais à repousser mentalement jour et nuit.
Sophia...
Quelques heures auparavant, j’avais débarqué à bord de la Translinéenne sur les épais pontons en bois de l’entreprise qui se trouvaient plus ou moins dans la zone industrielle du coin. Gigantesque complexe de pontons désarticulés et de bâtiments flottants comme un résidu de déchet ne cessant de rencontrer le rebord abrupte des falaises selon l’inclinaison des vagues, l’endroit se dressait de façon linéaire comme un liseré bordant Red Line sur toute sa longueur. A peine quelques minutes après avoir mis pied à terre, je m’étais alors approchée du guichetier pour lui demander comment il était possible de se rendre à Bulgemore et quel navire il fallait emprunter. M’indiquant la "ligne trois" sur le gigantesque panneau que l’on ne pouvait décidément pas rater, juste à côté, il m’avait alors informé de l’heure à laquelle accosterait la prochaine embarcation qui m’emmènerait vers la destination convoitée.
- Demain à quinze heures.
Vissant les mains dans mes poches, j'avais alors tiré une moue catastrophique reflétant l'ennui et l'exaspération, prenant congé des docks pour finalement me diriger vers la partie plus commerciale du port.
S'étirant et se gonflant, je remarquais alors que le port avec ses parties flambantes neuves et ses quartiers plus anciens formait un réseau de nœuds et d'embranchements qui menaient parfois sur quatre voies différentes ou bien se resserraient en une seule. Mises bout à bout, les planches en bois qui constituaient le chemin étaient souvent reliées entre elles de manière grossière et les bifurcations se faisaient généralement naturellement en accrochant un nouveau ponton à l'ancien de façon totalement rudimentaire. Le bois humide et noir résistait néanmoins très bien et la ballade offrait malgré tout quelque chose d'exotique, pour peur qu'il fasse beau et que le ciel soit bien aéré, que le soleil illumine de ses rayons la façade rouge de la montagne, celle-ci renvoyant alors une tendre lumière chaude sur la ville en contrebas. Passant donc de quartiers en quartiers, de groupements de baraques pseudo-mitoyennes ou bien de résidences proprement séparées, j'avais fini par atterrir dans le centre névralgique de la métropole : un coin atypique et frais, où la vie allait bon train et où les gens semblaient vaquer à différentes affaires. On retrouvait, dans ce centre-ville, absolument de tout : des hommes en costume aux artisans, des vendeurs à la criée aux étals flottants, des parents veillant sur leurs gosses intenables aux jeunes amoureux profitant du romantisme de la ville aquatique.
M'effaçant dans ce spectacle, à la recherche d'un hôtel ou d'une auberge pouvant m'accueillir pour la nuit, je n'avais pu m'empêcher de penser à la bonté qu'inspirait cette zone, malgré son passé diablement tourmenté, malgré les raids des pirates empruntant le canal pour débarquer sur Grand Line, malgré la menace omniprésente que tout aille mal. Et pourtant, malgré tout cela, les gens riaient de bon cœur et se laissaient vivre sans sembler rongés par la peur et l'angoisse, différant totalement des profils types des habitants de Logue Town ou Las Camp. Car si l'endroit n'envoyait architecturalement pas plus de rêve, il restait familier et sympathique, me rappelant étrangement le calme et la sérénité de mon île natale.
- Un peu comme Syrup.
Oui, c'est ça, un peu comme Syrup. A cette idée, un flot de mémoires d'enfance s'égraina spontanément dans mes neurones, balayant plus ou moins mon équilibre mental pour me laisser dans un espèce de léthargie non désirée. Pourtant, si avant ces pensées avaient pu me tourmenter, aujourd'hui j'arrivais plus ou moins à vivre avec mes anciens démons. Et c'était bien logique en soi : j'en avais créé de nouveaux que je m'évertuais à repousser mentalement jour et nuit.
Sophia...