Alors je gambade à travers Bulgemore en songeant à toute cette merde qui remplit mes godasses.
Un petit bouquin sous l'aisselle, La Biographie de Wrath par Ankou. Offert par les ivrognes du Troquet qui pensaient que ça égayerait mon séjour, et ils avaient raison.
C'est gentil.
Ce bouquin sera soit un filon d'informations, soit un torchon plein de merde. Dans tous les cas, ça m'fera de la lecture pour le trajet, et du papier-cul aussi peut-être. J'me sens à l'étroit. L'impression d'être intriqué dans quelque chose qui me dépasse...
Mars me l'a bien dit. Si je joue au hors-la-loi involontaire qu'a bu un plein bol d'emmerdes et qui cherche à évacuer ce qu'il a avalé avant de s'en bouffer d'autres, j'ai mes chances. Mon rôle sera celui d'un homme-poiscaille timoré et paumé qui a très peur des pirates... et qui traîne 105 millions de prime comme une lourde épée de Damoclès qui lui caresse le cuir chevelu. 105 millions. Ça fait 105 fois mon salaire de l'époque. Frangin et moi aurions du partir sur un sea-trip de chasseurs de primes hommes-requins, duo stylé et efficace, qui engrange des fortunes en rayant des nuisibles, et en choisissant la teneur de leur Justice. On aurait même pu partager du gâteau avec la révo', car elle est là l'issue à cette labyrinthique énigme qu'est la Justice : un mélange onctueux de tout ce qui se fait de bon dans chacun des camps.
Trop tard pour regretter les bourdes d'orientation. J'divague, j'divague, et j'risque d'oublier de garder mon cap, tandis que j'me laisse emporter, une fois encore, par un courant qui me dépasse un peu. La Révolution s'est imposée à moi comme une évidence, mais la Marine aussi l'avait fait, il y a six ans, avant de peu à peu ne se révéler que comme étant un grossier mirage qui ne tromperait que des mômes aux mirettes obstruées par des idéaux.
On a beaucoup chié sur mes idéaux. Ils puent la merde désormais... J'y toucherai plus. M'en faut d'autres.
J'vais te retrouver, Tark ! On parlera ensemble de l'avenir qu'on envisage. Je sais que les geôles et les arènes n'ont pas pété les genoux à ta résolution d'apporter nos pierres stables à cet édifice bancal qu'est le Monde : au contraire, tu dois être bouillant d'une rage contenue qui ne demande qu'à être convertie en passion.
Bref, j'pensais pas que mon cul valait un investissement de 105 millions, le gouvernement est d'une rancune exacerbée quand on lui la met à l'envers. J'espère que l'appel de Jack n'est pas un horrible canular herissé de piques, un filet qu'il jette dans les océans pour pécher tous les primés les plus couillons avant de les revendre à la Mouette qu'il est censé servir...
... d'un autre côté, réfléchis, tocard, un appel aux brutasses aurait été plus efficace qu'un bête appel aux scientifiques pour une chasse aux primés. Il faut que j'claque ma parano, et cultive ma confiance. C'est ce qui décidera du bide, ou pas, de cette infiltration.
Alors je souris. Je souris à plein crocs en déambulant dans les plus étroites veines de cette grande cité cancéreuse. Je me force à sourire et ça me déchire les joues. Sans rire, littéralement. Si peu habitué à la manoeuvre que je viens de m'ouvrir l'intérieur de la joue avec l'un des rasoirs maladroits qui me sert de canine. Putain.
Un petit bouquin sous l'aisselle, La Biographie de Wrath par Ankou. Offert par les ivrognes du Troquet qui pensaient que ça égayerait mon séjour, et ils avaient raison.
***
J'ai du acheter c'truc un soir où j'étais très bourré et que j'me souvenais pas que j'ai jamais appris à lire ! Tiens, p'tit cadeau !C'est gentil.
Ce bouquin sera soit un filon d'informations, soit un torchon plein de merde. Dans tous les cas, ça m'fera de la lecture pour le trajet, et du papier-cul aussi peut-être. J'me sens à l'étroit. L'impression d'être intriqué dans quelque chose qui me dépasse...
***
Ouais, une belle ressource. La bio de Jack par son scribouillard Ankou. Et s'il est si bon capitaine que ça, m'étonnerait qu'elle soit objective, p'tete qu'elle m'apprendra rien de concret. Mais de simples indices sur sa personnalité, qui transparaîtront forcément à travers les récits d'ses promenades sanglantes, m'aideront à concevoir des plans fiables sans trop risquer d'me lourder. Connais ton ennemi comme toi-même, tout ça, et encore, mon esprit me fout bien plus la trouille qu'un gorille ivre mort, mes idées macabres ont pas encore fait la paix avec mon âme. Elles sont juste baillonnées et séquestrées dans un coin...Mars me l'a bien dit. Si je joue au hors-la-loi involontaire qu'a bu un plein bol d'emmerdes et qui cherche à évacuer ce qu'il a avalé avant de s'en bouffer d'autres, j'ai mes chances. Mon rôle sera celui d'un homme-poiscaille timoré et paumé qui a très peur des pirates... et qui traîne 105 millions de prime comme une lourde épée de Damoclès qui lui caresse le cuir chevelu. 105 millions. Ça fait 105 fois mon salaire de l'époque. Frangin et moi aurions du partir sur un sea-trip de chasseurs de primes hommes-requins, duo stylé et efficace, qui engrange des fortunes en rayant des nuisibles, et en choisissant la teneur de leur Justice. On aurait même pu partager du gâteau avec la révo', car elle est là l'issue à cette labyrinthique énigme qu'est la Justice : un mélange onctueux de tout ce qui se fait de bon dans chacun des camps.
Trop tard pour regretter les bourdes d'orientation. J'divague, j'divague, et j'risque d'oublier de garder mon cap, tandis que j'me laisse emporter, une fois encore, par un courant qui me dépasse un peu. La Révolution s'est imposée à moi comme une évidence, mais la Marine aussi l'avait fait, il y a six ans, avant de peu à peu ne se révéler que comme étant un grossier mirage qui ne tromperait que des mômes aux mirettes obstruées par des idéaux.
On a beaucoup chié sur mes idéaux. Ils puent la merde désormais... J'y toucherai plus. M'en faut d'autres.
J'vais te retrouver, Tark ! On parlera ensemble de l'avenir qu'on envisage. Je sais que les geôles et les arènes n'ont pas pété les genoux à ta résolution d'apporter nos pierres stables à cet édifice bancal qu'est le Monde : au contraire, tu dois être bouillant d'une rage contenue qui ne demande qu'à être convertie en passion.
Bref, j'pensais pas que mon cul valait un investissement de 105 millions, le gouvernement est d'une rancune exacerbée quand on lui la met à l'envers. J'espère que l'appel de Jack n'est pas un horrible canular herissé de piques, un filet qu'il jette dans les océans pour pécher tous les primés les plus couillons avant de les revendre à la Mouette qu'il est censé servir...
... d'un autre côté, réfléchis, tocard, un appel aux brutasses aurait été plus efficace qu'un bête appel aux scientifiques pour une chasse aux primés. Il faut que j'claque ma parano, et cultive ma confiance. C'est ce qui décidera du bide, ou pas, de cette infiltration.
Alors je souris. Je souris à plein crocs en déambulant dans les plus étroites veines de cette grande cité cancéreuse. Je me force à sourire et ça me déchire les joues. Sans rire, littéralement. Si peu habitué à la manoeuvre que je viens de m'ouvrir l'intérieur de la joue avec l'un des rasoirs maladroits qui me sert de canine. Putain.
Dernière édition par Craig Kamina le Dim 14 Fév 2016, 04:52, édité 2 fois