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exercice de danse

Persé en avait marre. Mais sacrément marre. Le bordel de la mission sur le bateau lui avait demandé une paperasse pas possible. Une première pile de formulaire pour expliquer comment c’était passé la mission, une autre pour expliquer son échec, et une troisième pour se plaindre du service de renseignement. Plus quelques formulaires restants (une à deux heures pour les remplir) de vie courante. Mais là, il allait craquer. Ça faisait deux bonnes heures qu’il ne sentait plus son poignet et il commençait à ne plus pouvoir supporter sa migraine. Il manquait sans doute d’efficacité pour remplir tout ce fatras, mais quand même.
Il était rentré pour jours au centre de formation après le coup de l’exfiltration du prisonnier fantôme, histoire de s’entrainer. Mais, pour l’instant, la seule chose qu’il avait pu faire, c’était remplir ces foutus formulaires. Et là, il était grand temps de faire une pause. Il apporta les documents qu’il avait complétés à l’administration avant de descendre dans le dojo.

La salle, lumineuse et confortable se trouvait au premier étage. Suffisamment vaste pour accueil à l’aise une trentaine d’élève, elle était aujourd’hui vide à l’exception du maitre d’arme, Jyo Haark. L’homme, d’une trentaine d’année, était redouté par les élèves les plus jeunes pour sa rigueur, mais généralement apprécié par les plus âgés pour son efficacité. Il avait agis en tant que CP pendant quelques années avant de préférer l’entrainement des nouvelles recrues au terrain, bien qu’il y retourne de temps en temps, principalement pour encadrer des jeunes. Il combattait comme un joueur d’échec, enchainant les coups sans logique apparente avant d’envoyer un coup foudroyant dans le moindre défaut de la garde de son adversaire, tout en gardant lui-même une défense de fer. Ces conseils toujours pertinents et son sens pédagogique contribuait pour beaucoup au niveau des nouveaux agents.

Bonjour, Persé. Comment vas-tu ?

Je découvre les joies de l'administration, Jyo. Et je m'en passerais bien.

Ça, je dois bien avouer que ça ne me manque pas. Bon, tu veux travailler quoi ?

Le combat à main nues pour commencer, et puis je partirais bien sur le katana.

Le maitre d'armes ce mit en garde sans un mot, imité par Persé. Ils se regardèrent pendant quelques secondes, puis Persé attaqua. Un premier coup de poing, simple et direct, puis il se décala sur le côté et frappa à nouveau. Joy recula et Persé le suivi souplement, frappant derechef. Il enchaina par un coup de pied circulaire, un coup du tranchant de la main visant la gorge et encore un, un pied fouetté en direction du torse. Tous les coups avaient étés parés ou esquivés sans difficulté malgré leur force par le professeur, qui se décala lors du dernier coup, lui saisit la jambe au vol et amplifia son mouvement, faisant voler Persé à travers la salle.

Oh ! Tu fous quoi, là ?

Désolé, j'avais besoin de me défouler.

Persé se remit en garde, et le combat repris. Il reparti à l'attaque, de façon plus prudente cette fois-ci. Ses coups étaient plus mesurés, mais également plus rapide, semblables à des coups de fouets. Haark resta sur la défensive durant les premiers coups, puis commença à son tour à tester la défense de son élève. Ce dernier parait les coups les plus faibles, esquivait les plus forts, tout en s'efforçant de rester fluide dans ses mouvements. Aucun ne cherchait encore à briser la garde de l'autre et ils se séparèrent au bout de quelques échanges, sans qu'une seule goutte de sueur n'ai coulée.

Le combat repris rapidement, beaucoup plus fort. Les coups pleuvaient, rapides et précis. Ils n'avaient plus pour but de tester la garde, mais de la briser. Ce fut cette fois Jyo qui pris l'initiative par une suite à une série de coups hauts et rapides, avec une fente en direction du ventre. Persé pivota sur ses appuis et envoya un coup de genoux dans le ventre offert, mais son adversaire profita de cette impulsion pour venir lui porter un coup pied joins dans le menton avant de relever d'une pirouette. Le combat avait beau être un entraînement, les coups avaient été portés franchement, sans complaisance. Maitre Haark considérait que la douleur des coups faisait à part entière partie du combat, et à ce titre ne la leur épargnait pas. Les deux hommes se jetèrent à nouveau dans la lice, se rendant coup pour coup jusqu'à ce que le maitre d'armes laisse filer un coup des doigts tendus le long de son torse, rentrant ainsi dans la garde de l'apprenti, avant d'enchaîner trois frappe monstrueuse au ventre, au plexus et au poignet.

Persé était à terre, le combat était terminé. Il lutta pendant un moment pour reprendre sa respiration puis se releva.

Purée, tu fais pas semblant ! Je me suis trop engagé, sans avoir de bons appuis derrière en prime, c'est ça ?

Exact. Mais tu t'améliores. Tu commences à remarquer des défauts plus subtils dans ma garde, tes coups ont bien gagnés en efficacités et tu arrives à diversifier un peu ton style. Par contre, comme tu l'as dit, tu dois encore faire attention à tes appuis. Je dirais que tu es passés de médiocre à potable.

D'accord.

Tu veux faire une pause avant d'attaquer le sabre ?

C'est pas de refus.

Persé alla se poser contre un mur, le souffle encore rauque, tandis que Jyo allait leur chercher de l'eau. Ils se reposèrent pendant quelques minutes, puis Haark pris la parole :


Alors, comme ça, il n'y avait personne sur ce bateau ?

C'est vrai. Mais c'était un test pour voir comment je réagis en cas de problèmes. Il n'y a jamais eu personne.

Persé connaissait suffisamment le professeur pour savoir qu'une question ne l'aurait en rien avancé alors qu'une affirmation lui permettait d'obtenir toutes les réponses qu'il désirait.

Oui. Et tu l'as réussi. Tu n'as pas fait un sans faute, mais le contraire aurait été très surprenant. Ton examinateur est globalement satisfait.

Ça signifie que j'aurai bientôt une chance de devenir agent ?

Ça signifie que tu restes dans la course. Bon, la pause est terminée. Va chercher un boken.

Persé s'exécuta, et reviens au centre de la salle. Il fit quelques mouvements rapides pour vérifier l'équilibre du sabre en bois. La lame était déséquilibrée vers l'avant, et la garde un peu vers la droite. Rien de grave, mais il fallait en tenir compte.
Haark l'attaqua alors qu'il faisait quelques passes d'armes pour bien le prendre en main. Il esquiva facilement le coup et riposta d'un coup sec aux côtes. Paré, évidemment, par le maitre d'arme qui se lança alors dans une série d'assauts vifs de toutes parts. Persé remarqua alors un déplacement du centre de gravité de son adversaire. Il se préparait à frapper d'un coup puissant aux jambes. Plutôt que de le laisser faire, il bloqua sa lame sous la sienne, tout en envoyant un coup de pied à la gorge. Surpris, Jyo Haark n'eut d'autre choix que de rouler sur le côté, ce dont Persé profita pour lui envoyer un sérieux coup au ventre. Un sourire sauvage éclairait le visage du maitre d'arme lorsqu'il se releva.

Il put tout juste parer la première attaque et céda rapidement du terrain face au déferlement de coup qui suivi. Plutôt que de se laisser dépasser, il pris du champ. Visiblement, Jyo avait soudainement décidé de voir jusqu’où il pouvait aller. Le problème était que la réponse consistait en : « pas beaucoup plus loin », et qu’il n’avait jamais eu affaire à des coups si puissant et rapides. Bah, tant pis. Il était là pour s’entrainer après tout. Il repartit à l’attaque. Les coups passaient régulièrement sa garde et il avait toutes les difficultés du monde à attaquer lui-même, mais il apprit beaucoup. La taille que pouvait atteindre un bleu, déjà, mais surtout à quel point ses gestes étaient peu efficaces. Il avait tendance à armer légèrement ses coups avant de les porter. Impossible de toucher quoi que ce soit ainsi face à un tel adversaire. Les coups continuaient à pleuvoir, et il continuait à tenir. Et à apprendre. A comprendre. Apprendre ce que signifiait combattre, à comprendre à quel point il était faible.

Un coup particulièrement vicieux paralysa son bras gauche, un autre le força bientôt à boiter. Il continua à se battre, non plus vraiment contre le maitre d’arme, mais contre ses propres limites. Tenir. Tenir aussi longtemps que possible. Un coup l’envoya bouler au sol, un autre lui coupa le souffle. Il se releva. Bientôt, il parvenait à peine à distinguer son sabre, mais il continua. Ce ne fut que lorsque ses jambes ne purent plus le porter qu’il abandonna, à deux doigts de l’évanouissement, tous son corps le faisant souffrir.

Pas mal gamin, pas mal. Tu sais quoi ? Je vais peut-être même me débrouiller pour remplir ta paperasserie à ta place. Tu vas déjà souffrir suffisamment comme ça, je crois.