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La fureur du dragon.

Maintenant une garde sans ouvertures, je toise le dénommé Carmine de tout mon être, toujours transformé complètement en diamant. Bien que le top départ du combat ait été lancé, aucun d'entre nous n'a fait de mouvement, attendant patiemment que l'autre fasse le premier pas... Et la première erreur. Car lorsqu'on en arrive à un certain degré de maîtrise des arts martiaux, et que nos frappes deviennent si puissantes qu'elle peuvent déchirer la pierre et l'acier... Il convient de faire attention et avant tout d'assurer une défense parfaite...

Oh, et puis, je suis en diamant.

Je m'élance à toute vitesse sur lui, brisant le calme du combat, le poing droit armé et prêt à frapper.

Faire attention ? Pour le fond de cuve humain peut-être oui, et encore, qu'en sais-je, moi qui suis tellement fort et parfait, grand Lloyd Barrel que je suis ? Pense t-il vraiment me forcer à rester sur la défensive et attendre ? Hors de question ! Je prends l'ascendant sur mes ennemis, je les surclasse, je leur impose ma puissance, je leur prouve ce que pourtant je n'ai à prouver à personne : que je suis le meilleur. Alors j'attaque sans me soucier d'un éventuel contre. De toute manière, lorsqu'on devient fort, le corps le devient aussi. Lorsqu'on traverse des épreuves difficiles, il apprend à endurer. Lorsqu'on prend des coups, on s'entraîne à les recevoir...

Oh, et puis... Je suis en diamant.

Il bloque ma frappe de l'avant-bras gauche, et gardant une occlusion d'épaules faible comme le font les boxeurs, vise mon visage de son poing droit qui s'enflamme comme précédemment. Son coup s'écrase contre ma joue, sans que je n'essaie de parer ni d'esquiver, à son grand étonnement. Ma tête part d'un coup sec sur le côté sous le poids du choc et se fait inonder par une bourrasque de flammes. Du coin de l'œil, je vois un léger sourire se dessiner sur la bouche de mon adversaire. Sourire qui se transforme bien vite en rictus haineux quand mon cou pivote et que mon regard se porte à nouveau sur lui, comme si de rien n'était. Oui, lorsqu'on prend des coups, on s'entraîne à les recevoir... Et on prend goût à les renvoyer.

Profitant de l'instant de délai généré par sa surprise non feinte, je lui place un violent coup de pied au niveau de la cuisse. A l'instant où le dos de mon pied entre en contact avec sa jambe, il parvient à réagir et à contracter ses muscles, me donnant littéralement l'impression de frapper dans un bloc de béton. Il n'a peut-être pas vu mon attaque venir, mais ses réflexes sont suffisamment bons pour lui éviter l'amputation. Il dérape méchamment sur le côté, ayant replié sa garde sur sa tête pour la protéger, tandis que je finis dans la continuité de mon mouvement en posant le pied au sol et en m'en servant comme appui pour repartir à toute vitesse sur lui, ne lui laissant aucun temps mort pour reprendre ses repères.

Je lui assène un coup de coude en sortie d'un Brilliant Dash qui constitue clairement la quintessence des trois "P" que j'ai moi-même défini comme étant le socle des arts martiaux : Puissance, Précision, et Vitesse. Il parvient pourtant à amortir le coup en l'absorbant grâce à la souplesse de son dos, et contre-attaque en visant mon ventre au niveau du colon ascendant d'une frappe basse. Son poing se heurte et se brise à la rencontre de mes abdominaux adamantins. Quant à la décharge de flammes libérée à l'impact, à part glisser contre mon corps et nous aveugler tous les deux un bref instant, elle n'est pas bien plus efficace que lors de sa première tentative. J'en profite pour abattre mon bras gauche qui, replié, était plaqué à son épaule, et fauche de plein fouet son poing qui est en contact avec mon ventre. Il lâche un cri de douleur tandis que son bras est balayé vers le bas. Le dos tordu, la garde brisée, son propre bras le gênant et limitant ses possibilités de manœuvre, je me mets dans une situation avantageuse pour conclure mon enchaînement... J'arme en exagérant la gestuelle, car bien que ce soit bien moins efficace, c'est quand même bien plus stylé. Je suis le grand Lloyd Barrel, tout de même, c'est une question de standing.

Je vise son thorax et je cogne. De toutes mes forces.
    "C'est un oiseau ?"
    "C'est un boulet de canon ?"
    "Je sais pas, mais ça vient droit sur nous !"

    Ses pieds se décrochant du sol à cause de la brutalité du coup, il se retrouve propulsé à toute allure et termine une course aérienne brève mais intense dans une détonation sourde et sèche en allant s'écraser contre le plus bas rang des gradins, écrasant au passage cinq ou six spectateurs. A cause du grand bruit de fracas, de l'épais de nuage de poussière qui s'échappe des décombres, et des blessures plus ou moins mortelles de ceux qui se trouvaient à l'emplacement de l'atterrissage forcé de mon adversaire, il y a naissance d'un effet de foule visant à déguerpir vers les hauteurs et à s'éloigner le plus vite possible d'une zone de combat qui s'est visiblement élargie. Mais bon, c'est un peu trop tard. Après tout, si ring il y a, la sortie doit en être éliminatoire. Je tourne la tête vers la cabine où se trouve Angelica et la fixe de mes yeux cristallins.

    "Dégagez des gradins inférieurs, faites leur de la place, qu'ils fassent durer le divertissement ! Ce combat ce soldera par la mort ou l'abandon !", crie t-elle au travers de escarg'haut-parleur, jubilant, riant aux éclats comme une diablesse.

    Que le combat continue ? Haha, mais il est déjà terminé depuis que j'ai délivré le coup final ! Au vu de la violence de l'impact, il est complètement impossible que cet Alexander ait tenu le choc. Il a du être réduit en bouillie, que dis-je, désintégré par ma frappe ! Je déchante bien vite quand la fumée commence à se dissiper, c'est bien sa silhouette que j'aperçois, allongée dans les décombres. Enfin, déchanter, c'est vite dit... Je suis le grand Lloyd Barrel, après tout ! Car quand bien même il serait encore en un seul morceau, il est évident qu'il est salement amoché... Et que le prochain coup, pour sûr, sera fatal.

    Je m'élance et bondis dans les airs jusqu'à atterrir à califourchon sur lui, suivi de très près par l'onde de vent qui accompagnait mon saut, et qui soulève à nouveau un nuage de poussière. Ceinturant le corps de mon adversaire à la taille et l'écrasant de mon poids démultiplié pour l'empêcher de bouger, je commence à enchaîner les frappes comme un démon. Une joue. Puis l'autre. Encore et encore.

    Inlassablement.

    Chaque coup que je porte à ce visage que je ne vois pas mais que je sens plus dur que l'acier m'incite à frapper une fois de plus. Encore plus fort. A creuser un peu plus dans ce cratère qui s'agrandit à vue d'œil dans les gradins. E tandis qu'à chacun de ces bruits sourds qui percent le silence d'Armada comme le ferait le marteau sur l'enclume d'un forgeron, les ondes de choc d'air suivent et font peu à peu retomber la fumée. Jusqu'à ce que je puisse enfin discerner les traits de son visage... Qui, bien que marqué, ne montre aucune blessure.

    Qui est aux trois-quarts noirci de haki de l'armement.

    Un sourire s'inscrit sur ses lèvres. Et je me retrouve projeté à l'horizontale, par une force invisible, et heurte de plein fouet le banc des gradins opposés. Ce n'était pas douloureux, et je n'ai manifestement rien. Mais c'était comme une déferlante, comme un courant contre lequel je n'ai pas pu lutter. Qu'est-ce que c'était que ça ? Malgré ma surprise de le voir recouvert de la couleur de l'armement, je n'ai pas baissé ma garde et je suis resté attentif. Et pourtant je n'ai rien vu.

    Je suis subitement arraché de mon analyse par un Alexander qui apparaît soudainement dans les airs juste au dessus de moi, et qui abat un poing brûlant de haki sur moi. Je roule sur le coté et parviens à esquiver de justesse, tandis qu'un véritable torrent de flammes se met à laper le bois laqué. Me laissant tomber sur la rangée de bancs inférieure, je me sers de mes bras comme d'un appui pour me renvoyer vers le centre de l'arène, mettre de la distance entre nous et y revoir plus clair.

    Il disparaît de sa position et réapparaît directement dans mon dos. Bordel. Sa vitesse n'a rien à voir avec celle de toute à l'heure, et ce bien que je le sente bien plus pataud à cause de tous les coups qu'il a ramassé. Nul doute que c'est son haki qui le renforce à ce point et qui décuple ainsi ses capacités physiques. Il tente de plus belle de m'avoir à la tête. Me retournant, je viens attaquer son bras d'un tranchant de la main que j'aiguise par mon Razor Edge, le dégageant du milieu et l'entaillant malgré la solide couche de haki qui l'entoure. Et moi aussi, d'ailleurs, comme si mon diamant n'était que du verre. De minuscules éclats se séparent de mon bras, et, brillants, tombent au sol, avant de se teinter de rouge... Et de redevenir du sang.

    Oh, et puis, je suis en diamant. Mais ça fait mal quand même.


    Dernière édition par Lloyd Barrel le Jeu 11 Fév 2016 - 15:29, édité 1 fois
      Fou de rage à l'idée de voir quelqu'un d'aussi misérable percer ma carapace indestructible et la tâcher d'écarlate, de voir quelqu'un aussi insignifiant avec un haki aussi puissant... Surtout quand le quelqu'un en question n'est d'une pas le grand Lloyd Barrel, mais de deux qu'il des des goûts stylistiques aussi pourris ! Pourtant, quand on a la chance comme lui d'apparemment vivre sur une île aussi propice au développement culturel et intellectuel que celle sur laquelle un être aussi parfait et ayant une influence aussi positive que moi ait grandi... Comment peut on faire fausse route à ce point ? Quoiqu'il en soit, il doit payer les multiples affronts qu'il a commis envers quelqu'un de ma prestance, et ce même si je lui ai promis un combat à la loyale et que je n'ai qu'une parole... Ce doit être une exécution.

      Je me lâche. Je tente un coup de poing au torse. Il bloque. Il riposte avec un coup de genou. Je lui oppose le mien. Dans l'extension, coup de pied latéral. Il absorbe. Il enchaîne, en abaissant son centre gravité et en tentant de me balayer ma jambe d'appui. Je ne me laisse pas faire et saute dans les airs. Je profite du du mouvement pour étendre ma jambe et aller chercher sa nuque. Le coup fait mouche et il part avaler le sol la gueule ouverte, le tout dans un concert pyrotechnique impressionnant. Il se relève presque aussitôt, épongeant le sang qui coule de sa bouche avec sa manche.

      Je lâche un petit rire nerveux durant l'accalmie qui résulte de cet échange brutal et intense.

      "C'est avoir réussi à me toucher qui te fait rire, yo ?"
      "Non.", sifflé-je en faisant craquer mes phalanges et mon cou. De mon perçant regard opalin, je le fixe et reprends : "C'est le fait que l'échauffement soit enfin terminé."

      Je prends la pose quelques secondes, pour accentuer l'effet dramatique. Grand Lloyd Barrel que c'était classe. Je tourne la tête vers Angelica et, bien que je ne la discerne pas complètement, je lui adresse un clin d'œil qui brille avec le soleil.

      C'est ça, aussi, d'être quelqu'un comme moi.

      Alexander en profite et me gratifie d'un coup gratuit au visage, d'une frappe imprégnée de haki qui fait vibrer la totalité de mon corps. Restant quelques secondes bloqué avec le coup à quatre-vingt-dix-degrés, je bouge ma mâchoire de droite à gauche et crache un glaviot de sang cristallisé.

      "On frime, yo ? T'as pas changé Barrel... Toujours le même péteux qui prend rien au sérieux, t'as pas changé d'un poil, yo. Sauf que moi j'suis différent, maintenant. J'ai la force de te remettre à ta place, la force de me venger en t'écrasant dans les règles de l'art, yo.", déblatère t-il, sans doute fier de lui. Je me passe la main sur le menton et me le masse avec force. Se venger, hein... ? De qui ? Ah oui, son père. Mais je n'ai absolument aucun souvenir de ça. Je ne m'encombre jamais de retenir les noms et les visages de ceux qui n'en valent pas la peine. De toute manière, je me moque bien de ses motifs.
      "Tout le monde sait que je suis le meilleur... Voyons ! Je pars avec l'avantage certain d'être le grand Lloyd Barrel. C'est normal que je te laisse au moins un coup d'avance !", m'exclamé-je, en affichant un grand sourire. Il grogne comme un animal, et me dévisage avec un regard noir et fourbe.
      "Toujours cette arrogance, yo... Ce même air hautain, yo !"
      "De l'arrogance ? Non, la pure vérité ! Et encore, je pourrais rester là et ne rien faire pendant une minute entière, et ça serait toujours en ta défaveur !"
      "Ah, vraiment, yo ?", commence t-il, en arborant toujours son sourire mesquin. Il reprend, en se remettant en garde : "Alors je peux te prendre au mot, yo ? Une minute, hein, yo ?"
      "Euh... C'est que..."
      "Tu es le grand Lloyd Barrel, n'est-ce pas, yo ? Tu n'as qu'une seule parole et ça devrait pas te faire trop peur, non, yo ?"
      "Bien sûr que non ! Le grand Lloyd Barrel n'a peur de rien ni personne !", lâché-je alors en bombant le torse. Le dénommé Alexander ricane à nouveau, comme un gros oiseau débile. Et il me fracasse la joue dans une explosion de flammes.

      Top chrono.

      Je fais un vol plané et glisse par terre sur le dos. Ma mâchoire est toute engourdie, et un espèce de sifflement sourd s'installe et ne veut plus me laisser. Je me relève pourtant sans trop de difficulté.

      "Allez, hop, ça fait une minute, c'est fini. Tu vois bien que je suis le grand Lloyd Barrel et qu'il en faut bien plus que ça pour m'avoir !"
      "N'IMPORTE QUOI, CA FAIT A PEINE TROIS SECONDES, YO !"
      "Maintenant, cinq, héhé."

      Je me reprends un coup qui me fait le même effet que le précédent. Au moins, grâce à un stratagème ingénieux dont seul un esprit aussi brillant que le mien peut être amené à élaborer, j'ai gagné un peu de temps... Non pas que ça change quelque chose. Même si je lui laissais des années et des années au lieu d'une minute, ça ne changerait rien. Mais je ferais mieux de ne pas lui dire, quand même, sait-on jamais. Après tout, mon temps est bien précieux pour être gaspillé ainsi... Quoi qu'est-ce vraiment du gaspillage que de rappeler aux rampants qui peuplent ce bas monde que je suis si fabulOURF.

      Fabulourf ?

      Oui, "fabulourf", ou "coup de pied boosté au haki dans le ventre" dans le jargon de l'arène. Je me tords en deux sous la douleur, et une gerbe de sang s'échappe de ma bouche cristalline, et dégouline sur mon torse.

      Quarante-cinq. Quarante-quatre.

      "Alors, on commence à regretter, Barrel, yo ? Ou tu comptes t'entêter jusqu'au bout et crever par pure obsession, yo ?"

      Je relève la tête vers lui, et souris à pleines dents. Un filet écarlate coule encore depuis le coin de mes lèvres sur mon menton. Je le regarde avec plein de détermination, fait étinceler une de mes dents et lui dis, contre toute attente :

      "Je... Suis... Le grand Lloyd Barrel... Hah... J'ai connu... Un manchot qui tapait plus fort..."

      Il explose de colère, et m’enchaîne une série d'une dizaine de frappes au niveau du ventre, du plexus, du sternum et du visage, tandis que je sens à mon tour l'énergie affluer en moi et enrober graduellement de plus en plus de surface sur mon corps. Lorsque le dernier de ses coups est porté, je vacille mais ne tombe pas. Je suis désormais couvert de sang et d'abrasions sur un corps de plus en plus noirci, et je tiens bon, comptant toujours dans ma tête. Trente-cinq, trente-quatre, trente-trois... C'est une bataille de ténacité, contre cet Alexander mais aussi contre moi-même. Une bataille de pugnacité, de conviction.

      Son haki contre le mien.


      Dernière édition par Lloyd Barrel le Sam 13 Fév 2016 - 22:18, édité 1 fois
        Huit. Sept. S... Six...

        La douleur est innommable, à la limite de l'insupportable. J'ai l'impression que mes yeux révulsés vont sortir de leurs orbites. J'en suis arrivé au point que je ne compte plus les coups que je reçois, les manchettes, les coups au menton, aux côtes... Je ne compte plus que les secondes. Des secondes qui sont interminables, inexorables ; cette minute semble être plus longue encore que cette année passée coincé sur une île déserte. Et pourtant, je tiens toujours debout, droit comme un I, les pieds fermement ancrés sur le sol métallique, ma garde maintenue, et tous mes muscles contractés, congestionnés... Et quasiment tous recouverts d'une pellicule de haki.

        Le dernier coup, plus violent que les autres, renforcé par la rage de me voir tenir tête à tous ses assauts, me fait poser un genou au sol, chanceler. Mais je tiens bon et mon esprit ne se détourne pas du décompte qui m'obsède désormais depuis exactement cinquante et une secondes. Il arme une nouvelle fois son poing, empli d'autant de lassitude et d'exaspération que de force et de colère. Son bras s'abat vers mon crâne, gainé de flammes et de fluide, et s'en approche à grande vitesse. Celui la va faire mal. Et il va arriver dans peu de temps.

        T... T-trois... Deux... Un...

        Son poing me heurte de plein fouet, me couvrant moi ainsi que l'arène d'un épais manteau de flammes. Lorsque la déflagration cesse, la première chose qu'Alexander voit, en plus de mon parfait sourire blancheur total plus, c'est ma main intercalée entre entre la sienne et mon front, d'où coule un mince filet de sang. Mes doigts s'aiguisent et deviennent aussi tranchants que des pointes de lances grâce à mon Razor Edge, et se plantent dans sa chair. D'un mouvement sec et empli d'une énergie dont il n'a plus été témoin depuis une minute, je lui vrille le poignet, et l'envoie violemment sur le côté, en lui lacérant la peau. Je me relève lentement en m'appuyant sur ma cuisse.

        "Le temps est déjà écoulé, yo ? C'est fout comme ça passe vite quand on s'amuse, yo..."
        "Je... Te le fais pas dire...", soufflé-je en étirant mon dos. Je fais craquer des os dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Peut-être parce que c'est des morceaux d'os que je connaissais, justement. Enfin... Des diamants. C'est un peu bizarre d'ailleurs, comme sensation. Je passe la main sur mon visage minéral et pose mon regard de rouge : elle est teintée de rouge, plus comme un énorme rubis. Je reprends : "C'était... Aah... Enrichissant..."
        "Je dois avouer que je suis quand même impressionné que tu aies tenu, yo ! Félicitations, t'auras au moins ça pour toi et ton orgueil démesuré, yo ! Mais tu comptes faire quoi, maintenant, Lloyd Barrel, yo ?"

        Ce que je compte faire ? La même chose que depuis le départ, si ce petit contretemps ne m'avait pas retardé. J'ai un spasme dans le biceps droit, qui fait contracter le muscle de lui-même. Je suis exténué, affaibli, et pourtant mon corps continue à vouloir me faire aller de l'avant. Ce que je compte faire... ? Et bien...

        "Te rétamer."
        "Tu t'en crois capable, yo ? Ton pouvoir... Je ne peux pas passer au travers, mais mon haki, oui, yo ! Et il est bien plus puissant que le tien, yo !"
        "Haha, qu... Quelle bonne blague ! Rien que le fait q-qu'un raté comme toi le possède... Relève du miracle Lloyd Barrelien !", lâché-je péniblement en pouffant.
        "Tout le monde est capable de s'éveiller au haki, yo ! C'est l'énergie qui se dégage quand ta volonté brûle avec ta destinée, yo ! Le feu et le bois dans l'âtre qui propage la chaleur ans tout le corps, yo !"
        "C-c'est vraiment... Nécessaire tous ces "yo" ?"
        "J'ai pas l'culot de dire que j'ai une destinée hors du commun, yo... Mais de la volonté, ça, j'en ai une... Et elle est inébranlable, yo."

        Je commence à rire aux éclats. Je m'interromps pour cracher un peu d'hémoglobine, puis je reprends :

        "P... Puisque tu... Aimes les métaphores..."
        "Allons, yo, t'as même plus la force de parler. Alors laisse moi te carboniser, tu veux, yo ?"
        "Me carboni... Ser... ? Haha... Avec ton petit feu de cheminée ? Tu... Tu fais pas le poids..."
        "Ah, et contre quoi, yo ?"

        Je le regarde dans les yeux. Pas un feu de forêt, au-delà.

        Je m'élance vers lui, comme si mon corps était insufflé d'une énergie nouvelle, d'une chaleur réconfortante, apaisante... Pas Armada en flammes, au-delà.

        "Un monde entier qui se consume."
          Je frappe, refrappe et re-refrappe. C'est jour des soldes sur les pralines, les pêches, les patates, les pains, les tartes, les châtaignes et les marrons, les beignes et les métaphores alimentaires de mauvais goût au marché du grand Lloyd Barrel.

          Cette force nouvelle qui afflue en moi est en train de me faire tourner la tête, de m'enivrer. De prendre possession de moi. Autant d'habitude, mon instinct et mes réflexes martiaux prennent souvent le pas sur ma réflexion, me permettant de réagir bien plus rapidement, ce qui est parfaitement normal quand on est un guerrier aussi exceptionnel que moi. Mais là... C'est différent. C'est comme si des ficelles étaient attachées à mes membres et me forçaient à bouger tel un corps inanimé et dépourvu de conscience. Comme si ma volonté qui me dirige d'habitude avait laissé sa place à autre chose... Le destin. J'esquive un crochet à la tête en me baissant, presque sans m'en rendre compte. D'un mouvement au moins aussi automatique, je riposte avec un uppercut si violent qu'il doit déchausser une ou deux dents à mon adversaire.

          Les coups fusent dans tous les sens et sous toutes les formes : c'est l'apothéose d'un combat explosif, le point d'orgue d'un affrontement qui aura fait des étincelles... Je viens m'encastrer à nouveau dans un gradin à cause d'un coup d'une puissance brute à en couper le souffle, faisant s'envoler planches, morceaux de métaux, et chopes abandonnées par des spectateurs qui continuent d'observer le combat de très très très loin... Et ils ont bien raison. Même le commentateur a fui le confort de sa cabine pour s'en aller vers les hauteurs du Terminus, et seule sa propriétaire, Angelica, reste à proximité tandis que nous ravageons l'endroit sous son regard étrangement jovial et amusé étant donné les circonstances. Et je n'en ai rien à faire. Pas comme si c'était le cas d'habitude, je suis le grand Lloyd Barrel après tout, mais... C'est différent. Je ne suis même plus sûr d'avoir conscience de l'endroit où je me trouve. Rien ne m'importe plus désormais que ce combat que je mène, pas même l'ampleur des dégâts de cet affrontement, ou des conséquences qu'il pourrait y avoir.

          Malgré tout ça, le combat dure. Je ressemble à un cadavre, mais je tiens bon, et mon corps multiplie des attaques qui épuisent Alexander de plus en plus. Tailladant ses bras à chaque fois qu'il bloque les miens, il perd de plus en plus de terrain, malgré l'avance que je lui ai laissé... Et sa maîtrise du haki a beau être, à cause d'une sorte d'incohérence scénaristique que même moi ne saurait expliquer (c'est dire), meilleure que la mienne, j'ai le dessus du point de vue du physique, avec mon fruit du démon. Mon adversaire n'est clairement pas le plus puissant des adversaires que j'ai rencontré jusqu'à présent, mais il m'apporte l'affrontement le plus éprouvant. Nous nous relançons à l'assaut l'un de l'autre. Je vise la tête. Il bloque du bras, et frappe à main ouverte au niveau du ventre. Mes abdominaux encaissent. Il cible alors mon genou. J'anticipe et son pied rencontre l'os au lieu du cartilage, le brisant sur le coup.

          Le combat vient de s'achever.

          Il lâche un cri de douleur et fait un pas en arrière. J'esquisse un grand mouvement circulaire et tente de lui faucher sa jambe avant, qu'il enlève aussitôt, comme prévu. Seulement, en reportant tout son poids sur sa jambe arrière et son pied cassé, il perd son équilibre... Et sa possibilité de manœuvrer pour esquiver ma prochaine attaque. Ceci dit, ce serait sous-estimer mon génie martial que de penser que c'est l'unique raison de mon geste : je n'ai jamais eu l'intention de le faucher. En effet, dans l'élan de mon mouvement sur-exagéré, ma tentative de balayage raté se transforme en coup de pied à la lune vrillé, dans le but de prendre de l'énergie potentielle, de la vitesse et de me recaler dans le bon axe. La double feinte s'avère efficace et c'est ainsi, en détendant ma jambe en fin de saut, que la plante de mon pied s'enfonce dans sa cage thoracique, le projetant dans le décor avec une violence sans pareille depuis le début du combat, l'onde de choc allant même se propager plus loin et trancher en deux une autre épave qui constitue le cadran. J'atterris, non sans classe, en posant un poing au sol, ma jambe tremblant encore. Je ne suis pas sorti indemne de cette attaque, les vibrations produites ayant légèrement fragilisé mon diamant.

          Mais lui, il doit être à l'article de la mort.

          "Yo...", souffle t'il en s'extirpant des décombres du mur d'une arène désormais en bien piteux état, à ma grande stupeur. Balayant la fumée générée par l'impact de la main, j'aperçois alors son torse noirci indemne, et le reste de son corps étrangement coloré. Impossible. Il a misé sur le fait que ce soit une feinte et aurait concentré toute son aura en ce point ? Il a contré mon attaque en me surpassant sur le plan tactique ? Je n'y crois pas. C'est...
          "I-impossible..."
          "Risqué, yo, mais tout à fait possible, au contraire..."
          "Si j'avais mis... Toute ma force dans mon balayage, tu n'au... Tu n'aurais plus eu de jambe !"
          "J'ai passé ces quatre dernières années avec pour seul but de te tuer, Barrel, yo. Je sais comment tu te bats, je sais comment tu penses, je sais comment tu ne veux pas que ce combat se termine, yo. Comme je te l'ai dit... Ton égoïsme te rend stupidement prévisible, yo."

          Je grince des dents. Je n'aurais jamais pu penser que l'obsession de quelqu'un à mon égard pourrait m'être préjudiciable. Toujours est-il qu'il ne se sort de notre échange pas si mal, finalement. Il s'approche de moi, en clopinant avec son pied blessé, un sourire narquois posé sur ses lèvres. Pense t-il vraiment pouvoir me prendre de haut, moi, le grand Lloyd Barrel ? C'est intolérable !

          "Finissons-en."

          Nous nous frappons simultanément à la joue, moi avec mon poing droit, et lui le gauche. Reculant d'un pas, je ré-avance sur lui plus rapidement qu'il ne reprend ses repères, à cause de son pied endolori. Il tente un crochet à l'oreille, que j'esquive en me baissant. C'est à ce moment là que je ne sens plus mes jambes : il vient de me les balayer d'un coup sec en se servant... De son pied fracassé ?! Je ne l'ai pas vu venir. Et je me rétame au sol, sur le dos, ma tête heurtant violemment l'acier, tandis que lui hurle à la mort comme un animal. Il se laisse ensuite tomber sur moi, ses mains visant ma gorge.

          Mais je ne me laisserai pas faire : moi aussi je peux jouer à ce jeu là. M'appuyant à terre avec mes mains, je me surélève et commence à tourner sur moi même, et, relevant mes jambes, lui dégage ses bras en effectuant une coupole. Un tour plus tard, ayant le champ libre, je le frappe aux côtes et à l'estomac. Et je pousse de toutes mes forces. Mon adversaire se retrouve alors projeté une bonne dizaine de mètres dans les airs, à la verticale, légèrement groggy. Un dernier tour plus tard, je me redresse et me stabilise en position accroupie. Là, fléchissant les jambes et y concentrant toutes mes forces... Je m'élance à une vitesse prodigieuse à sa poursuite, creusant le disque de métal de l'arène au décollage dans un grand fracas sourd.

          Je me retrouve quasi-instantanément dans son dos. Et comme si j'effectuais un salto, concentrant toutes mes forces dans ma jambe blessée... Je frappe. De toutes mes forces. Il s'écrase en contrebas, avec une brutalité sans précédent, s'enfonçant dans le métal de plusieurs dizaines de centimètres, en crachant une gerbe de sang et en s'évanouissant, visiblement, la noirceur de son haki s'estompant progressivement sur tout son corps. Mais un combat n'est jamais terminé quand un adversaire est à terre : il faut encore porter...

          Le coup final.

          Tendant ma jambe vers l'avant, je commence à chuter en piqué, en y mettant tout mon poids, accélérant, accélérant, accélérant encore et toujours, fonçant sans m'arrêter vers ma destinée.

          Jusqu'à ce que l'impact ait lieu. Au niveau de sa tête.
            Un vacarme assourdissant retentit, tandis que ma jambe de diamant traverse littéralement le disque métallique qui constitue le sol du Terminus en le fissurant également en plusieurs endroits, et que mon genou s'y enfonce juste à côté. Je crache une gerbe de sang et, comme ensuqué par la fatigue, me tourne lentement vers le corps inerte d'Alexander. J'esquisse le plus lamentable de mes sourires adamantins, et tousse à nouveau, tandis que mon armure de haki s'évapore elle aussi, n'ayant plus assez de forces pour la maintenir. Ou même tenir debout : je m'effondre sur mon poing. Je mets quelques secondes à reprendre mes esprits, à ne plus avoir la vue trouble. Je suis vraiment dans un piteux état, moi... Le grand Lloyd Barrel, n'est-ce pas ? Je ne sais pas comment ça a pu se produire. Quand était la dernière qu'une chose pareille m'est arrivée, en dehors de ce fameux réveillon de 1625 dont j'ai mis presque un an à me remettre ?

            Enfin, tout ce qui compte c'est qu'au final...

            "... J'ai gagné."
            "Tu m'as épargné, yo", souffle le perdant, toujours sans bouger dans son sarcophage de métal, les bras et les jambes étendus comme une étoile de mer. Ma tête pivote à nouveau vers le trou étroit dans lequel ma jambe est enfoncée, et qui se trouve au plus à cinq centimètres de sa tête. Oui, je l'ai épargné. Pourquoi exactement ? Par un acte de bonté et de mansuétude dont seuls les plus grands de ce monde savent faire preuve ? Pour qu'il y ait une personne de plus sur cette terre capable de témoigner de mon épopée légendaire ? Tout simplement parce qu'il est fort ? Je ne me suis un jour embarrassé de ce genre de choses, et puis j'ai décidé de faire une croix dessus, de tuer tous ceux que je rencontrais, de purger ce monde de la vermine qui y grouille. Alors qu'est-ce qui a changé, depuis Banaro ?

            Ce qui a changé, c'est que j'ai été seul si longtemps que j'ai souhaité ne plus jamais l'être. Je me racle une gorge endolorie et sanguinolente. Et puis, au fond... Je suis le grand Lloyd Barrel et je fais ce que je veux de la vie de mes sujets. Si je veux qu'ils vivent, ils vivront. Et vice-versa.

            "D-Dommage que je ne sois pas si con que toi, yo."

            Sans faire un bruit, Alexander s'est relevé, et est sorti de son ange d'acier sans faire un bruit. Il me toise désormais, me dévisageant de haut, tremblotant de partout : il épuisé, lui aussi. Pour qui se prend t-il ? Bien que je sois un être parfait, j'ai des limites à ne pas franchir et bien que j'ai fait preuve d'une clémence sans pareille à son égard, je pourrais très bien changer d'avis et instantanément l'occire. Je commence à m'extirper de... Bordel de... Ma jambe est coincée. Et ce liquide froid dans lequel elle baigne depuis mon atterrissage, c'est l'océan sur lequel flotte Armada. Voila pourquoi je me sens anormalement faible depuis toute à l'heure... L'homme aux cheveux rouges profite de ma condition pour venir m'aplatir au sol de son pied sur mon dos, me plaquant la joue contre terre. Cet affront est inadmissible, impardonnable. Me porter moi, le grand Lloyd Barrel, en soumission ? Je vais lui faire la peau, tout compte fait. Le pire, c'est qu'en l'état actuel des choses, sa force a grandement diminuée, et que si je n'étais pas en contact avec cette maudite eau, je l'écraserais en moins de temps qu'il n'en faut pour dire : "Vive le grand Lloyd Barrel, le meilleur combattant de ces mers et bien au-delà, notre seigneur à tous et à toutes que nous vénérons en chaque jour béni dont il a daigné nous accorder sa seule existence.".

            "T'as... Gagné le combat, Barrel, yo, ça c'est sûr. T'es fort, yo, vraiment... Mais... Mais au final le grand vainqueur c'est moi, yo. Tu sais ce qui a été décisif... Yo ? Je ne combats pas pour gagner, moi, yo...", commence t-il, quasiment en bégayant de fatigue. Il relâche à peine son emprise et puis force à nouveau, haussant le ton : "Je veux te tuer, yo. Et si je ne peux pas t'avoir à la loyale, yo... Tant pis !"

            Se rapprochant du sol, il décoche un coup de poing de toutes ses forces restantes... Dans le disque métallique, qui se fend complètement en plusieurs morceaux. L'impact est poussif et clairement insuffisant pour exploser l'acier. En revanche, vu que la structure était déjà bien fragilisée par ma frappe... Elle cède. Et moi avec. J'essaie de me débattre, de m'appuyer sur le métal, de me hisser sur une plaque... Mais au fur et à mesure que mon corps s'immerge, je perds de plus en plus de forces, et le pied d'Alexander sur mon dos semble devenir aussi lourd et oppressant qu'une enclume. Il finit par me lâcher, mais c'est trop tard. Je ne peux rien faire. Je tiens bon, mes doigts s'accrochant aussi fermement que possible sur un rebord du trou béant au milieu duquel je suis, mais c'est désormais mon propre corps qui me parait trop lourd pour faire quoique ce soit.

            "J'ai entendu dire que tu étais piètre nageur, yo, alors bonne chance !"

            Et puis je lâche, battu par les flots, tandis qu'Armada continue sa route et me passe par-dessus. Mon corps reprend graduellement sa texture d'origine, aussi. Les bris de diamants deviennent des plaies, des fractures, des afflux sanguins, tandis que l'eau salée m'enrobe et me brûle. La douleur arrive d'un coup, comme une claque, et m'assomme. Au final, je ne saurais toujours pas qui était ce type, ni ce qu'il voulait vraiment. En ennemi qui me laisse en proie à une mort certaine, il aurait du vouloir se vanter, me rappeler qui était ce père que j'aurais tué, non ? J'imagine qu'il n'était juste pas comme ça.

            Est-ce la fin ? J'aimerais croire à un deus ex machina salvateur. Après tout, je suis le grand Lloyd Barrel, non ? Ma destinée, ma bonne étoile, elle ne peut pas m'abandonner comme ça, non ? On dirait bien que non.

            A moins que cette main que j'entraperçois traverser les ténèbres abyssales ne soit réelle.

            A moins que cette poigne que je sens sur un bras en mille morceaux ne soit pas le fruit de mon délire.

            Je sombre à pic, faisant honneur à ma malédiction, les yeux quasiment clos, moi, le... Grand... L-Lloyd... Ba... Barr...