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Fruit, parc & tueuse à gage.

*Pff...Jamais j'aurais dû débarquer sur cette foutue île... *

Myosotis était arrivé à Suna Land il y a à peine deux jours et il en avait déjà assez. Suna Land, un véritable petit bout de paradis pour les touristes et les enfants. Un parc d'attractions dressé fièrement vers le ciel où tout le monde pouvait venir se goinfrer de barbe à papa, de sirops, glaces ou de sodas après avoir fait un tour en manège. Un lieu où tout le monde dépensait sans compter pour se faire plaisir. Ça le dégouttait. Tout cet argent qui se tenait là, juste sous ses yeux et qu'il ne pouvait atteindre ! Il avait bien essayé de dresser sa tente de voyance, se disant qu'il allait bien récolter pas mal de profit avec tout ces touristes. Mais, malheureusement pour lui ce fut tout sauf fructueux. Le cartomancien avait à peine eu un client en une matinée ! Tout le monde n'avait d'yeux que pour les attractions, les boutiques de souvenirs ou la nourriture instantanée servie par les divers restaurants rapides du parc. Qui se souciait de la petite tente du petit voyant qui se tenait dans un petit coin ? Personne ! Personne n'allait venir lui demander une prédiction ou un sortilège alors qu'on pouvait aller faire un tour dans une grand roue, gagner le gros lot à la pêche aux canards ou rafler la mise au chamboule-tout. C'est ainsi que, maussade, le jeune De Ville réalisa qu'il était venu sur cette île par erreur, pensant à tort que la chance allait lui sourire. Et bien non, il avait passé le plus clair de ses journées à croiser des gamines habillées en costume de princesse achetés dans les magasins de souvenirs ou des groupes de visiteurs en bob, lunette et sandales, chaussettes comprises. L'authentique kit du vulgaire parvenu en quête d'exotisme.

Désinvolte, il assena un coup de pied à un caillou qui se tenait là, la pierre partant valdinguer un peu plus loin. Le pauvre avait décidé de s'exiler un moment du parc et de ses visiteurs. Il avait décidé d'aller ruminer son malheur un moment, de partir bouder une bonne heure et de réfléchir à ce qu'il pourrait bien faire pour se ressaisir, reconsidérer ses options. C'était dingue quand même, après tout ce qu'il avait dû faire échouer jusqu'à Suna Land ! Arrivant sur South Blue, il avait dû négocier comme jamais avec plusieurs matelots pour être porté sur plusieurs îles insignifiantes, a transité entre divers villages pour trouver d'autres marins à plumer. Il avait même dû séduire un capitaine jeunot ! Utilisant ses charmes pour obtenir un voyage sans trop saigner son porte-monnaie. Arnaquant deux ou trois mousses à bord, gagnant à un jeu de cartes en trichant habilement, il avait réussi à remplir de nouveau sa bourse. Mais, à présent, c'était trop tard. Il était arrivé à Suna Land et n'avait plus de quoi repartir. Il n'avait plus d'argent ! S'il n'arrivait pas à se refaire, il ne pourrait pas quitter l'île...

De là où il était il pouvait encore entendre le bruit de la cohue, les cris des enfants et les rires des grands. Il voyait Suna Land comme une mine d'or dans laquelle il pourrait tirer son épingle du jeu. Mais là non ! Toute l'image qu'il s'était faite de l'île s'était effondrée en deux jours, tel un château de cartes que l'on souffle et qui bascule. A présent, il détestait Suna Land et voyait tout ce parc comme un concentré de tout ce qui l'agaçait : des abrutis friqués plein aux as qui consomment toute la journée sans se soucier d'absolument rien. Ah ça y allait ! Des troupeaux d'obèses qui transitaient toute la journée entre les bains à remous et les terrasses des restaurants à se goinfrer de hamburgers à triple épaisseur et de litres de soda gazeux caramélisé. Le genre de personnes à toujours avoir les doigts maculés de taches rouges de glace à la framboise et la peau cramoisie à cause des coups de soleil. Et les enfants...ces bandes de petits monstres surexcités qui, entre deux séances au cinéma, passaient leur temps à gambader et détaler d'attraction en attraction, passant d'un toboggan à l'autre, en ne perdant pas un seul instant leur volonté et énergie de crier. Plus loin, les mères, qui se contentaient de les surveiller d'un œil volage et qui se sentaient presque plus rassurées lorsqu'elles entendaient leur progéniture beugler comme des condamnés qu'on emmène à l'échafaud. Les apathiques et les enfants, les deux types de personnes que ne pouvait pas supporter Myosotis. Il les haïssait. C'était à cause d'eux qu'il n'arrivait pas à avoir un bon rendement dans ce refuge à idiots, eux qui passaient toutes leurs journées à se prélasser sans penser à se montrer un tant soit peu généreux avec un pauvre petit médium qui essayait de gagner sa vie le plus honnêtement du monde !


*J'suis sensé faire quoi moi maintenant ? *

À part rechigner et continuer à faire la moue, il ne voyait pas vraiment ce qu'il pouvait faire de plus intéressant. Dans sa besace il n'y avait pas assez d'argent pour repartir, il n'avait absolument aucune envie de faire un tour de grande-roue au milieu de la populace. Et les stations balnéaires et autres spas de détente où l'on pouvait se faire dorer la pilule, masser et s'engloutir dans des bassines de boue. Ce genre d'infrastructure aurait pu lui permettre de se poser et d'oublier tout ses tracas, mais là non plus il n'avait pas assez d'argent pour se payer ne serait-ce qu'une séance de drainage lymphatique à ventouses. Et puis de toute façon il n'aimait pas ça. Ces fichues ampoules qui aspirent la peau comme des sangsues qui s'accrochent à leur proie, c'était on ne pouvait plus déplaisant et ça laissait de grosses marques roses sur l'épiderme. Pas superbement pratique quand on jouait sur son apparence pour gagner sa vie...

Un albatros gris passa juste au dessus de sa tête, le narguant d'un rire aiguë et narquois. Le voilà qu'il arrivait sur une grande plage au sable jaunâtre, grande étendue de sable qui se jetait dans une mer azurée dans laquelle se reflétait un ciel tout aussi bleu et clair. La frontière entre le sentier le sable était marquée par la présence de diverses fougères, broussailles et autres fétuques qu'il fallait presque enjamber pour pouvoir accéder à la plage. Myosotis balaya les plantes d'un coup de cravache, afin de les coucher horizontalement et les piétina de ses bottes à talons-hauts. Il fit alors son premier pas sur le sable, la semelle de sa chaussure droite s'enfonçant légèrement à l'intérieur. Un second pas, et il continua sa marche sur la plage, marchant la tête haute , le regard en direction de l'onde parsemée d'écume. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait piégé sur une île, mais les efforts qu'il avait fourni pour l'attendre l'avait quelque peu découragé, entamant un pan de sa détermination. Elle reviendrait, il savait qu'elle reviendrait, il fallait juste un peu de temps ! Mais bon, à l'image des grains d'un sablier le temps filait et il faudrait qu'elle revienne vite avant qu'il n'avait vraiment plus un seul berry en poche.

En face de lui, au loin, il arrivait à voir un mat dépasser de la mer, et quelques planches flottaient autour de lui. Piquant son attention, le jeune homme prit le temps de se concentrer à nouveau et remarqua que d'autres morceaux de bois se rapprochaient de la rive. Un bateau, il avait sombré et seulement la pointe du mat ressortait encore, comme si elle s'accrochait à vouloir remonter avec sa carcasse. Il n'y avait pas beaucoup de débris, le bateau n'avait pas l'air d'être très imposant et s'était probablement fait aspiré par la mer assez rapidement. Qui sait à qui il appartenait... ? Ça ne remontait pas vraiment le moral de Myosotis, il aurait bien plongé pour inspecter les restes du navire avec l'espoir de trouver un quelconque trésor. Malheureusement, il ne savait pas nager, personne ne lui avait appris...

Un nouveau rire en provenance des cieux. L'albatros était de retour, il tournaient un peu comme un rapace au dessus de sa tête. Hé ! Il n'était pas un vulgaire mulot que l'oiseau pouvait picorer après l'avoir attrapé en fondant sur lui ! Il avait également eu sa dose avec les animaux dangereux... La grosse mouette vint se poser à un mètre de lui, le dévisageant de ses prunelles luisantes, arrêtant son rire strident.


*Hm ? C'est quoi ? *

Le bel androgyne ne l'avait pas encore remarqué mais, sur sa droite, un peu plus loin derrière le volatile, il y avait une cassette échouée sur le sable. Le reflux de la mer venait la repousser toujours un peu plus loin sur la plage. Curieux, Myosotis se leva pour aller chercher le coffre. L'albatros sautilla sur ses pattes palmées pour s'écarter le laisser passer, continuant de l'inspecter d'un regard attentif. Arrivant devant sa trouvaille, Myo' constata que le coffre était relativement simple. Le bois était complètement trempé à cause de l'eau de mer et sa serrure commençait à être rongée par la rouille. Une serrure ? Et si elle était fermée ? Il n'y avait pas de clé, ça ne serait pas surprenant que ce truc soit fermé à double tour. Autrement il se serait ouvert, ballotté par l'eau, et tout ce qu'il renfermait aurait été également emporté par les flots. Tant pis, il devait essayer.

*C'est fermé...C'est bien ce qui me semblait... *

Il eut alors une idée. Passant la main dans son sac en bandoulière, il en retira une fine épingle à cheveux dont il se servait pour coiffer sa perruque, lorsqu'il revêtait sa couverture de jeune femme séductrice. Crocheter la serrure, il pouvait tenter ! Il avait appris à crocheter les serrures les plus simples lorsqu'il était encore à Cocoyashi, il se servait cette habileté pour accéder à la cuisine, la nuit, fermée par ses tyranniques parents afin d'attraper à manger. Toutefois lorsque une serrure était trop complexe à crocheter, elle lui résistait avec brio et il n'arrivait pas à la percer. Ce type de coffre n'avaient que très rarement ce genre de serrures. Il avait l'air trop banal pour protéger quelque chose de trop précieux non plus...


TIC !

*Ça marche, super ! *

Il avait réussi à ouvrir le coffret, la serrure ne lui avait pas opposé grande résistance. L'intérieur n'avait pas l'air d'avoir été touché par la rouille, seul l'extérieur commençait à prendre cette teinte brunâtre. Bon, plus qu'à l'ouvrir maintenant !

*Qu'est ce qu'il y a à l'intérieur... ? *
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*Hein ?! C'est quoi ça... ? *

À l'intérieur de la boîte, Myosotis ne s'attendait pas à trouver un immense trésor. Au contraire, en considérant à quel point elle était petite, elle ne pouvait pas contenir grandes richesses. Quelques bijoux, une poignée de pièces d'or, assez pour se refaire une petite fortune qui lui permettrait de quitter Suna Land dans les plus brefs délais. Il s'était d'abord imaginé la cassette remplie de pièces rutilantes et brillantes comme le soleil, puis son imagination divergea ensuite sur une rivière diamantée parsemée d'autres pierres précieuses carmins, céladons et céruléennes. Le genre de parure qu'il adorait tout particulièrement, qu'il aurait fièrement arboré mais aurait dû se séparer pour renflouer ses caisses. L'espace d'un instant, il s'imagina tomber sur une pile de documents trempés et dont l'encre avait été souillée par l'eau salée de la mer. Qu'est ce qu'il aurait fait d'une pile de papier mouillé complètement illisibles ?! Ou une carte, il aurait pu tomber sur une carte marine. Là non plus il n'aurait jamais pu la lire. Quoi que, avec un papier spécial étanche...Non, il divaguait. Mais au grand jamais il ne s'était attendu à trouver ce qui se trouvait renfermé au fond de ce coffret.

Au fond du coffre se trouvait quelque chose qui ressemblait à un fruit. Pas plus gros que les poings de Myosotis, il était d'apparence singulière. Ovale et arrondi, il ressemblait à un ballon, une sorte de melon de petite taille. Sa peau était violette et possédait plusieurs motifs en forme de spirale. Sa tige, d'à peine trois centimètres possédait également cette forme étrange et donnait à ce genre de pomelo exotique une allure très étrange.


*Qu'est ce que... ?! C'est quoi cette chose ? *

De toutes les découvertes qu'il avait pu faire durant sa longue carrière de fourbe arnaqueur, celle-ci était certainement une des plus surprenantes. Un simple fruit au beau milieu d'un coffret, qui plaçait ses fruits dans ce genre de contenants ? Pour quelle raison est-ce que le propriétaire de ce coffre avait fait ça ?! Il n'avait jamais vu pareil fruit sur un étalage de marché, ça ne ressemblait en aucun cas aux agrumes qui poussaient partout sur Cocoyashi. Peut être un fruit d'une île de Grand Line ? Mais dans ce cas pour quelle raison on le transporterait dans un coffre ? Il était peut être sensible à l'humidité...Si c'était le cas alors le petit plongeon dans la mer avait dû le souiller. De plus, le fait que le fruit soit tout seul avec rien d'autre, même pas une note ou un autre objet au fond de la boîte renforçait le caractère étrange et saugrenu de la situation.

Qu'est ce qu'il était sensé faire exactement à partir de maintenant ? Manger ce gros jujube violet à spirales ? Certainement pas. Il ne connaissait pas la provenance de ce fruit, et rien ne prouvait qu'il n'était pas vénéneux ! Ça serait le comble, mourir à cause du poison d'un fruit bizarre renfermé dans un coffre... Le jeune homme le prit dans sa main pour le soupeser.


*Mouais...ça pèse comme un genre de pamplemousse...Mais qu'est ce que c'est que ce truc ?! *

Il passa délicatement ses doigts sur sa surface. L'éphèbe se rendit compte que ce qu'il pensait être une sorte d'écorce d'agrume était en fait une véritable peau, assez épaisse et légèrement duveteuse, un peu comme celle d'une pêche. C'était doux, très doux, assez agréable même quand on passait plus de temps à caresser sa peau.

Le mystérieux fruit...:

Des bruits de pas lourds se firent soudain entendre derrière lui en provenance du sentier. Myosotis, toujours le fruit entre ses mains, se retourna en direction du chemin et tendit l'oreille. Ce bruit, ces frottements sur la terre...Il n'y avait pas qu'une seule personne, c'était un groupe qui venait par ici. Après, il n'avait aucune idée de combien ils étaient. Mais une chose était sûre : ils arrivaient à grande vitesse, ils étaient en train de courir et de se rapprocher de la plage.

*Qui vient... ? *

D'un brusque mouvement de la tête, il vit enfin un premier arrivant. Il avait déboulé en haut de la plage et fixait le garçon. C'était un type malingre avec des bras osseux. Sur sa tête, il portait un bandana noir et était barbu en diable. Myosotis remarqua qu'il était borgne, un de ses deux yeux était complètement blanc et vitreux, une grande cicatrice le traversant. Il n'avait pas d'arme en main, juste une dague accrochée à sa ceinture. Myo' ignorait ce que lui voulait ce type, mais il avait un mauvais pressentiment sur ce qui allait se passer... L'étranger se retourna après avoir passé trois bonnes secondes à le reluquer.

- Hé ! C'est bon ! Il est là, je l'ai trouvé !

À qui parlait-il ? C'est bien ce que Myosotis pensait, ce gars là n'était pas tout seul. Il l'avait trouvé. Trouvé quoi ? Est-ce qu'il parlait de lui ou...de ce fruit étrange ?

- Bien joué ! Fit une autre voix masculine.

Ce type tout maigre, c'était un éclaireur. Il n'était pas costaud mais avait l'air vraiment rapide. Comment est-ce qu'il arrivait à bien tenir son poste avec un seul œil ?! D'autres personnages inconnus firent alors leur entrée. Trois hommes qui vinrent se poster aux côtés du borgne, toujours en haut de la butte, devant les fougères qui marquaient l'accès à la plage. Le premier des trois étaient un homme noir au crâne chauve, ses muscles luisaient au soleil et Myosotis remarqua qu'il possédait une pièce de métal, sur sa main droite, dans laquelle il passaient ses doigts, renforçant ainsi sans doute la puissance de son poing. Le second était armé d'un harpon de moyenne taille qu'il tenait ferment entre ses bras, son visage bourru semblait néanmoins satisfait derrière la frange qui cachait ses yeux. Comment il pouvait ne serait-ce que viser correctement avec ça ? Le dernier arrivant avait l'air tout aussi singulier que ses trois comparses. Possédant un cimeterre, il avait la tête enturbannée d'un chèche noir, le reste de son corps caché par une pèlerine bleue.

- Haha ! Je pensais pas qu'on arriverait à le trouver aussi vite... fit le noir.

*Mais trouver QUOI ?! *

- Moi non plus. répondit l'homme au turban d'une voix neutre. Hé ! Petit ! Viens un peu par ici !

Myosotis ne comprenait pas plus ce qui était en train de se passer, on venait de lui ordonner de bouger. Toutefois ces quatre types louches ne lui inspiraient certainement pas confiance.

- Je...Non. Je suis très bien ici. Répondit Myo'.

Il n'irait pas vers eux, mais voulait néanmoins comprendre ce qu'ils lui voulaient. L'homme au poing de fer semblait s'impatienter.

- On va pas le répéter deux fois. Viens ici.

- Non !

Après cette nouvelle réponse négative, le garçon se releva et reposa le fruit dans le coffre pour ensuite refermer ce dernier. Il était prêt à partir en détalant mais celui avec le harpon dit autre chose.

- Parlemente pas avec le gosse. On appelle la boss.

- Pff...fit l'impatient, ouais t'as raison...

La boss ? De qui est-ce qu'ils parlaient ? Alors il n'y avait pas toute la bande face à lui. Il manquait visiblement le dernier membre, leur chef...Il fallait s'y attendre après tout, cette bande d'abrutis n'avaient pas l'air bien dégourdis même s'ils semblaient dangereux, il devait très certainement y avoir quelqu'un pour les coordonner. Où était cette personne ?

- Nul besoin de m'appeler messieurs, je suis déjà là.
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Une belle voix féminine et cristalline s'était faite alors entendre. Myosotis se mit alors sur ses gardes. Ces quatre balourds costauds avaient parlé d'une femme. « La boss », comme ils l'avaient appelé. Cette dame, elle ne lui voudrait probablement pas du bien. Et en parlant du loup...

- Tiens tiens tiens...Bonjour mon mignon.

Et enfin, elle était là. Le dernier protagoniste du charmant tableau qui se dressait ici. Arriva derrière les quatre hommes une femme à la beauté fatale et chimérique. Elle scrutait Myosotis de ses yeux de couleur rubis, elle avait exactement la même expression impérieuse, méprisante et malicieuse à la fois. Ça en était troublant, déstabilisant même. Le garçon percevait bien qu'il ne pourrait pas jouer sur le charme avec elle, cette femme devinerait absolument toutes ses manœuvres de séduction. Avec de sublimes cheveux écarlates coupés en carré plongeant, elle arborait également un manteau et une longue robe de la même couleur que sa chevelure. Un faux col blanc en lavallière était noué autour de son cou et elles avaient les mains élégamment gantées de cuir noir.  Relativement calme, elle arrêta son avancée.

- Vous...Qui êtes vous ? Demanda Myosotis, tentant de retrouver son impassibilité.

- Tu peux m'appeler Lady Scarlett, chéri.

Lady Scarlett:

Chéri....Elle utilisait les mêmes expressions que lui ! Comment osait-elle ?! Il serra le coffre entre ses bras.

- Bien. Tu vas être un gentil garçon et me donner le coffre. Tout de suite.

- Le coffre...

C'est bien ce qu'il pensait. Ils en avaient après le coffre. C'était donc le fruit que ces gens désiraient. Mais...Pourquoi ? Qu'est ce qu'il avait de si spécial ? Ça n'était qu'un fruit, qu'un bête fruit ! À moins que...à moins que ce fruit ne soit quelque chose que Myosotis n'avait juste là pas sous-estimé. Quelque chose de bien plus grand qu'un vulgaire végétal.

*Je...C'est pas possible ! Est-ce que je serais tombé sur... *

Un fruit du Démon. Il n'en avait jamais vu, il ne pensait jamais en voir ! Ces fruits mystérieux et ésotériques donnant à la personne qui la mange de formidables capacités spéciales surréalistes. La contrepartie étant qu'ils étaient maudits par les flots, et de ce fait incapables de nager. Ça n'étaient pas les pouvoirs du fruit qui attira tout de suite Myosotis, mais le profit qu'il arriverait à en tirer. Ce genre de choses pouvaient se vendre jusqu'à plusieurs centaines de millions ! Il avait entre ses mains une véritable fortune comme il en avait toujours rêvé !

- Le coffre, oui. Ne fais pas l'innocent, tu as dû l'ouvrir, tu sais parfaitement ce qu'il y a à l'intérieur, n'est ce pas ? Il appartenait au propriétaire du navire, derrière. Malheureusement, il était sur la liste des personnes qu'on m'a demandé d'abattre. C'était un riche commerçant ambulant tout droit venu d'Alabasta. Il allait bientôt débarquer à Suna Land. Disons que j'ai tout simplement perdu le coffre lorsque le bateau a sombré. Et contre toute attente, tu as réussi à le trouver avant nous.

*Une tueuse à gage hein... ? Je vois. *

- L'exposé est terminé. Donne moi ce coffre, tout de suite ! Ordonna Lady Scarlet en haussant le ton.

Oh non, certainement pas ! Il n'allait pas donner la véritable mine d'or qu'il gardait jalousement entre ses mains à cette tueuse haute en couleurs et à sa bande de loubards. C'était SON fruit, c'était LUI qui l'avait trouvé ! Jamais, au grand jamais, il n'accepterait de céder une centaine de millions de berrys à une femme qui avait l'audace d'être tout aussi hautaine et autoritaire que lui ! Quand bien même cette femme était capable de déchaîner tout les éléments du monde telle une enchanteresse démoniaque qu'on ne croise que dans les contes, jamais Myosotis ne lâcherait ce coffre ne serait-ce que d'un doigt.

- Dernier avertissement...Donne le moi ! Hurla-telle.

Myosotis lui jeta un air provocateur.

- Hé l'écrevisse ? Tu veux le coffre ? Viens donc m'attraper.

Agrippant le coffret toujours plus fort, l'androgyne prit une impulsion et partit en courant pour échapper aux cinq meurtriers menaçants. Sprintant sur la plage, il n'avait qu'une destination : le parc d'attractions de Suna Land, qui se situait à plusieurs mètres face à lui. Derrière lui, il entendit Lady Scarlett scander plusieurs ordres.

- Rattrapez le ! Je veux ce coffre, tout ce suite !

Continuant de courir, Myosotis ne faisait pas attention à ce qui se passait juste derrière. Il aurait dû...

CLANG !

À une cinquantaine de centimètres, sur sa droite, un harpon vint se planter dans le sable, manquant de lui faire perdre l'équilibre et de tomber sur le sol tête la première. Ça n'était qu'une diversion, il remarqua que l'éclaireur borgne avait réussi à l'atteindre.

- J'te tiens !

Il avait dégainé la dague de sa ceinture et s'apprêtait à la rabattre droit sur le torse de Myo'.

CLAC !

D'un vif revers de la main, il repoussa le malingre en lui infligeant un coup dans la mâchoire à l'aide de sa cravache. L'autre fut repoussé en arrière et tomba sur son fessier, crachant et insultant le garçon. Le voyant menteur n'eut même pas le temps de répliquer quoi ce soit, les trois autres types avançaient à grands pas. Sur le sentier, Lady Scarlett les regardaient d'un air inquisiteur et pressait également le pas. Cette dernière se mit également à courir lorsque Myo' reprit sa course. Il n'espérait qu'une chose : semer ces cinq tueurs au milieu de la foule et s'éclipser au plus vite.

*Aller...aller ! J'y suis presque ! *
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Déboulant à toute allure dans le parc, Myosotis faillit renverser un groupe d'enfants qui se tenaient par la main en trottinant derrière la personne qui leur servait de tuteur. Vérifiant derrière lui, il constata que les hommes de main de Lady Scarlett étaient toujours à sa poursuite. Le garçon reconnut l'homme enturbanné et le noir au poing de fer. Toutefois il ne voyait pas la femme rouge, disparue de son champ de vision. Où était-elle passée ? Ils avaient sans doute décider de scinder le groupe en deux pour couvrir plus de zones du parc. Pas le temps flemmarder, il devait les semer, il n'avait pas le choix.

- Reviens là ! Hurla le noir.

Une chance pour lui que ces deux types soient simplement armés d'instruments utilisables uniquement au corps-à-corps. Myosotis était plus rapide qu'eux, et il n'allait pas se priver de conserver une certaine distance avec eux. Fanfaronner n'était pas vraiment de mise pour l'instant... Par où devait-il aller ? S'il partait vers la gauche, il tomberait sur les toboggans aquatiques et le reste du complexe balnéaire, s'il partait vers la droite il se dirigerait vers les diverses attractions du parc. De là où il se trouvait, il pouvait voir la grande roue qui tournait tranquillement.

*Pas où ? Par où... ? *

Ils arrivaient, il n'avait plus de temps. S'élançant à nouveau, il bouscula un couple de vieux retraités en sandales et chemises à fleurs. En basculant, ils lâchèrent malencontreusement leurs cornets glacés, si bien que les boules de sorbet aux douces saveurs de framboise et de myrtille vinrent retomber sur leurs nez, dégoulinant ensuite sur chacune de leurs joues ridées. Affolés, ils émirent un petit cri proche du bruit d'une chaise qui grince. Myo' ne les entendit pas, il était déjà loin. Il y avait du monde, beaucoup de monde, mais pas encore assez pour qu'il puisse se fondre au milieu de la foule et disparaître avec son précieux trésor.

Les deux types sur les talons, Myosotis rentra dans l'allée principale donnant accès aux grandes attractions. Il y avait encore pas mal de monde, beaucoup agglutinés ça et là sur quelques stands, le reste marchant nonchalamment sans se presser ou avachis sur des bancs à manger des sandwichs vendus sur place, préparés avec des produits de moindre qualité et pas forcément très sains. En plus, ils étaient généralement accompagné d'un jus ou un soda extra-sucré qui incitait le consommateur à reprendre un peu plus à manger, et pour le tenir excité le reste de l'après-midi. Les terrasses étaient bondées, certaines personnes mangeaient même assis dans la pelouse...

Myo' se mit à fouetter l'air face à lui. Il le fit pour écarter une petite fille en robe verte-pomme qui se tenait en travers de sa route et semblait refuser de bouger. Elle poussa un hurlement suraiguë lorsque le diseur de bonne aventure emporta tout un pan de sa barbe à papa avec sa cravache.


- Et merde... !

Sa baguette de cuir était couverte de texture rose pâle, filandreuse et collante. Tandis que, derrière lui, la fillette ne comprenait rien du tout et se mit à courir dans tout les sens pour aller se chercher une autre confiserie adipeuse. Les deux costauds continuaient de progresser et sinuaient entre les passants avec un jeu de jambe assez habile pour rejoindre le garçon.

*Attendez un peu... *

Arrachant le coton de sucre rose, il le lança en arrière sur ses poursuivants, espérant les déstabiliser ou les faire glisser. L'homme au chèche dégaina son cimeterre et, d'un grand coup, envoya au loin le projectile qui retomba sur les cheveux de la gamine, toujours en train de tourner dans tout les sens en criant. Fâcheusement, la petite stratégie improvisée de Myosotis avait lamentablement échoué. Le pauvre était à court d'idées et à ce train là il finirait par se faire rattraper et coincer. Rester dans les rues de Suna Land n'était pas si sûr que ça.

*J'ai pas trop le choix...Je dois passer par des attractions pour les semer... *

Il bifurqua sur sa gauche. Tombant sur un carrousel, il continua sa course les deux gus sur ses talons. Au loin, il crut reconnaître la silhouette de Lady Scarlett dans sa magnifique robe rouge. La demoiselle se retourna dans sa direction. Oui, c'était bien elle.

- Oh, je te tiens sale mioche !

Myosotis la vit dégainer un pistolet tout droit sorti de sous son manteau. Dans la seconde qui suivit, Myosotis fit un pas de côté tandis que la tueuse tira. Curieusement, l'arme n'émit aucun son lorsqu'elle appuya sur la gâchette. Le jeune fuyard comprit alors que la belle n'avait pas tiré une balle en faisant feu, mais une fléchette soporifique qu'un gros bonhomme en surpoids se prit droit dans le mollet. En quelques secondes à peine le gros s'affala sur le ventre, renversant son gobelet de velouté à la fraise sur le sol, telle un rhinocéros en pleine charge à qui on aurait injecté un anesthésiant surpuissant.

*Ok...ne pas se faire toucher ou c'est la fin pour moi ! *

Sur sa gauche, l'entrée d'un palais du rire ! Ce genre de parcours sans queue ni tête qui consiste en un enchaînement d'agrès déstabilisants. Personne dans la file, excellent ! Il fonça vers l'entrée et passa le portique, une genre de grande bouche de clown qui avait l'air satisfait d'ingurgiter tout les visiteurs qui entraient. Myo' eut juste le temps d'entendre Lady Scarlett ordonner :

- Poursuivez le, je vais essayer de trouver la sortie.

À l'intérieur du château du rire, le premier obstacle que rencontra Myosotis fut une roue de hamster à échelle humaine qui tournait de plus en plus vite et, parfois, ralentissait pour faire tomber la personne qui posait le pied dessus. Rangeant sa cravache dans son sac, il se remit à agripper fermement la cassette avant de commencer à marcher sur la roue. Quelle idée il avait eu de rentrer là dedans, avec ses talons c'était complètement irresponsable...Il s'étala une fois, puis deux fois, ballotté par la roue. Derrière lui, le noir et le type en turban entrèrent dans le parcours à leur tour.

*Merde...Ils me lâchent pas... ! *

Rampant, il arriva à se sortir de la roue tournante pendant que les deux autres continuaient d'avancer. La prochaine étape était des jets d'eaux qui giclaient aléatoirement de toutes parts, ainsi que d'autres projetant de la fumée colorée. Rien d'insurmontable là dedans, mis à part être mouillé le jeune De Ville ne risquait pas chose. Traversant les tirs aquatiques, il en ressortit effectivement trempé, mais il avait toujours le coffre. De leur côté, les deux hommes sautèrent le passage de la roue en l'enjambant simplement. Les tricheurs...Il ne fallait pas rester planté là, sinon ils le rattraperaient en quelques pas. Progressant dans le grand couloir du parcours, Myo' arrivait maintenant face à un escalier à doubles marches effectuant chacune d'elles un va et vient inversé. Parfois, elles basculaient ou pivotaient rendant toute progression extrêmement ardue. Fort heureusement, il y avait néanmoins une rampe sur laquelle on pouvait s'accrocher. Le hic, c'était qu'il ne pouvait pas lâcher le coffre, il allait devoir s'y tenir avec une seule main...

*Comment j'vais monter là haut... ?! *

Il commença prudemment son ascension tout en essayant de s'activer un peu. Pour l'instant les marches ne mouvaient pas, il réussit à gravir un tiers de l'escalier sans encombre.

- Attends un peu, morveux ! Lâcha le noir.

Ils étaient en train de traverser la partie du circuit avec les jets et la fumée, Myo arrivait à voir l'eau ruisseler sur son crâne chauve et mouiller le chèche de l'autre.

CLUNG !

*Qu'est ce que... ? *

Manquant de tomber, il sentit sa jambe droite redescendre et sa gauche monter, l'escalier s'était mit à bouger. Perdant l'équilibre, il s'empressa d'attraper la barre pour ne pas tomber. Malheureusement pour lui, les deux autres étaient sorties et arrivaient en bas des marches.

- Haha, on te tient maintenant. Ricana le type au turban.

Son épée à lame courbe toujours en main, il attrapa le talon droit de Myo' qui passait à sa portée, s'apprêtant à le tirer jusqu'en bas d'un seul coup. Se débattant et bataillant pour ne pas lâcher la rampe de fer, il remarqua alors que l'enturbanné était également sur l'escalier, juste au dessus de son collègue. Il se mit alors à sourire malicieusement.

- Haha, ou pas.

Et il rabattit son talon en plein dans la figure de son assaillant. L'autre, déséquilibré et le nez sérieusement entamé, lâcha prise et dégringola sur son comparse qui n'eut même pas le temps de répliquer quoi que ce soit.

*Huhu, trop facile... *
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La chute du tueur au turban sur son compagnon au poing d'acier les avait complètement sonné. Myosotis put reprendre patiemment sa progression jusqu'en haut de l'escalier mouvant. Arrivant en haut, il se sentait presque soulagé. C'était comme s'il avait gravi une véritable montagne ! Mine de rien, monter ces marches qui allaient et venaient par intermittence n'était pas de tout repos. Si bien que Myo' eut du mal à se dire qu'il devait vraiment continuer de fuir...Il devait se dépêcher de sortir de cet endroit. Il avait entendu Lady Scarlett dire qu'elle allait trouver la sortie du parcours pour l'y attendre là bas. Le garçon devait y arriver avant elle ! De toute façon il n'avait pas le choix, soit il atteignait la sortie avant la tueuse, soit il perdait le fruit...

*Il est à moi... ! *

Se relevant délicatement, il fit quelques pas en haut de l'escalier pour se rendre compte que, en face de lui, se tenait un toboggan donnant sur piscine à boules. Le genre de bassins dans lequel les enfants pouvaient passer des heures sans s'ennuyer et jouer à plonger sous les sphères de plastique, faisant semblant de nager. Comment est-ce qu'on pouvait trouver ce genre de choses amusantes ?! Se laissant glisser dans la glissière multicolore, il tomba dans le bassin à boules. Complètement couvert par les balles vertes, bleues, jaunes et rouges, Myosotis sortit furtivement la moitié de sa tête, tel un crocodile qui guette les environs en émergeant de sa rivière. En face de lui, un autre couloir menant à la sortie. Ici, il fallait sauter sur des plate-formes lumineuses pour atteindre le portique de sortie et quitter enfin le palais du rire. Rien de bien compliqué...

Cette attraction était d'une facilité déconcertante ! Comment est-ce qu'on pouvait décemment l'appeler palais du « rire » ? Elle avait été conçue pour que même des chinchillas mentalement déficients puissent la réussir sans problème ! Et à la sortie ? Est-ce qu'il y avait quelqu'un ? Jetant un œil au fond, Myo' n'arrivait pas à voir grand chose. Il y avait pas mal de monde marchant dans la rue, difficile de voir si la voluptueuse tueuse l'attendait à la sortie...Tant pis, il devait tenter le coup ! Là non plus il n'avait pas le choix.


*Bon. Fini de jouer. On y va. *

Sortant de la piscine de balles, il se hissa sur le bord le coffre calé entre ses bras. Il y avait une dizaine de plate-formes avant la sortie, rien de bien compliqué. Myosotis se mit alors à sauter sur chacune d'elles. La première qu'il toucha le surpris lorsqu'elle émit un nasillement digne d'un canard colvert qui se pavane orgueilleusement autour de sa marre. Alors comme ça les dalles, en plus d’émettre une lumière criarde lorsqu'on posait le pied dessus, se mettaient à lâcher le cri d'un animal. Génial. Le bel éphèbe eut droit au canard, au chaton en quête de lait, au mouton qui s'ennuie et tout un tas d'oiseaux qu'il ne pouvait nommer tellement ces cris étaient improbables. Quel oiseau est assez stupide pour crier « Léon » ? À quel moment ce volatile a trouvé que c'était une bonne idée ? Pff, il ne devait certainement pas être beau...

Une nouvelle plate-forme, un nouveau bruit, cette fois-ci un barrissement d'éléphant. C'était la dernière ! Encore un saut et Myo' atteignait la sortie. Bien, c'était l'instant de vérité. Glissant sa tête sous le portique, il scruta de droite à gauche pour voir une quelconque silhouette écarlate. Pour l'instant il ne voyait pas grand chose et décida de s'avancer à tâtons. Il devait faire également attention aux deux autres hommes de main restants, le tireur et l'éclaireur. Sortant du palais du rire, il s'avança prudemment dans la nouvelle allée. À droite il pouvait voir les tours d'un grand château qu'on ne trouve que dans les contes de fées, construit pour le plus grand bonheur des demoiselles en quête de romantisme ou de décor doucereux. Boutiques de souvenirs, salons de thé, balcons fleuris, c'était un petit coin bien sympathique pour ceux désirant se poser et se détendre un moment. Mis à part le féerique château, le chemin menait à plusieurs bouts de parcs et chemins de haies. Il décida de partir vers la gauche, là où la foule se faisait un peu plus dense.

Tournant la tête, il put voir un stand de pêche aux canards. Ce genre de petits jeux dans lesquels il fallait attraper des canards en plastique à l'aide d'un filet ou d'une canne à pêche miniature. Les canetons étant souvent classés par couleurs et tournant dans un bassin circulaire. Devant le stand, quelques enfants en bas âge avec leurs parents agitaient leurs cannes pour mettre leurs prises dans les paniers, regardant avec avidité les grosses peluches d'oursons ou de singes accrochés en haut du stand. Juste à côté, un kiosque qui donnait des journaux, livrets et brochures concernant le parc pour les grands et vendait des sucettes et sucres d'orge pour les gourmands. Myosotis avait bien faim également, et il n'aurait pas dit non à une petite confiserie pour se remonter le moral. Dommage, il devait fuir... Mis à part ces stands, le reste de l'allée était constituée d'attractions diverses. Cet endroit était un vrai gruyère ! Quand on rentrait dans une attraction on savait jamais où on allait atterrir ! Il aurait dû chopper un des plans pour se repérer, il avait jeté le dernier qu'il avait en se dirigeant vers la plage dans une des poubelles du parc...

Derrière lui, un bruissement ! Il se retourna brusquement pensant que c'était sa dangereuse poursuivante. Non, ça n'était pas elle, juste un pigeon qui s'était posé puis envolé subitement. Plus de peur que de mal il fallait croire. Il fit quelques pas en arrière avant de rendre compte qu'il avait heurté quelque chose...


- Hm, alors ? On fait pas attention où on marche, chéri ?

Myosotis déglutit. Il savait sur qui il venait de tomber, il savait parfaitement qui se tenait derrière lui. Le jeune homme sentit deux mains gantées passer délicatement sur ses épaules avant de les attraper. En se retournant, les mains le lâchèrent et il tombe sur nul autre que Lady Scarlett croisant les bras. Elle avait réussi à trouver la sortie du palais du rire avant lui ! Elle devait l'attendre depuis pas mal de temps déjà, bien cachée.

- Un plan du parc, ça aurait pu te servir. Lui dit-elle en souriant chaleureusement.

*Espèce de... *

Qu'est ce qu'il était sensé faire ? Il fallait qu'il trouve quelque chose pour se sortir de se pétrin. Encore une fois il devait agir dans l'urgence et fuir vers la première attraction venue.


- Assez joué. Donne moi ça !

- Non !

Réagissant encore une fois au quart de tour, Myosotis renvoya un coup vif en utilisant le bord du coffre dans le ventre de la jeune femme qui, ne s'y attendant pas, recula de quelques pas en se pliant. Grondante, cette dernière releva la tête pour remarquer que Myo' s'enfuyait une fois de plus, partant sur l'entrée de l'attraction qui se situait sur leur droite. Se redressant, elle partit également à toute allure pour suivre le cartomancien.

*Oh c'est pas vrai.... *

De tout les parcours qui pouvaient exister dans ce parc, Myosotis avait très certainement choisi le pire de tous. Le hasard et la bonne fortune le maudissaient très certainement, histoire de lui apprendre la vie ou n'importe quelle leçon stupide...Après le palais du rire, il avait atterri au beau milieu d'un labyrinthe de miroirs. Myosotis ne savait plus par où aller. Est-ce qu'il était déjà allé par là ? Il était déjà passé par ce chemin ou pas ? Il n'en avait plus aucune idée avec tout ces miroirs déformants, concaves ou convexes, transformant sa gracile silhouette en grotesque boule ou alors en grande tringle à rideaux.

*Je suis sensé aller où moi maintenant ? *

Complètement perdu au beau milieu de ce palais des glaces, il ne savait plus du tout comment s'orienter. La seule satisfaction qu'il pouvait en tirer c'était que Lady Scarlett s'était elle aussi engouffré là dedans et ce traquenard n'en était plus vraiment un, elle aussi était perdue dans le dédale. Il redoutait toutefois de la croiser au détour d'un couloir, elle lui planterait une de ses aiguilles dans le coup et lui volerait le coffre avant même qu'il n'ait eu le temps de cligner des yeux. En plus, elle risque de le voir arriver avec tout ses reflets. Lui aussi, il fallait le noter...Des bruits de talons ! Elle se rapprochait !

Myosotis se trouvait à un embranchement et choisit la voie de droite, puis la prochaine à gauche. Il ne savait pas où aller, mais il fonçait quand même ne désirant plus s'arrêter. Elle avait eu raison, il fallait qu'il trouve un plan du parc pour ne plus se perdre et pour mieux les semer. En parlant de ça, c'était bizarre d'ailleurs, personne ne faisait la file pour entrer au palais du rire, ni ici d'ailleurs...


*Les gens ont peut être compris que ces attractions étaient complètement nulles. Ils sont peut pas aussi débiles qu'ils en ont l'air... *

Il se mit à courir pour essayer de sortir le plus rapidement possible de ce méandre de psychés. Il se voyait de toutes parts et sous toutes les coutures ça en était dérangeant, presque malsain. Le bruit de ses talons raisonnait, ça risquait d'alerter son assaillante mais il n'en avait cure. Ce qui importait pour lui c'était de sortir. Une fois dehors, il pourrait se débrouiller pour serpenter entre les visiteurs. Il pourrait ainsi esquiver encore les dards en espérant qu'ils touchent quelqu'un d'autre. L'androgyne arrivait au détour d'un chemin, un cul-de-sac ! Il se retrouvait bêtement là en face d'un grand miroir qui étirait son visage, le faisant ressembler à une grosse crêpe bizarre...

*Je commence à en avoir plus que marre ! *

Repartant en arrière et revenant vers le croisement où il s'était trompé, pour prendre l'autre chemin, espérant qu'il émergerait bientôt de cet endroit où tout se ressemblait. Une figure rougeâtre se fit alors entrevoir sur certains miroirs. Myosotis se figea à la vue de la forme de Lady Scarlett sur les glaces autour de lui, un long frisson lui parcourant les échines. Resserrant son étreinte autour de la cassette, il avait l'impression d'être un rapace qui s'accrochait à sa proie avec ses serres et refusait de la laisser partir. Elle aussi avait dû le repérer et allait accélérer le pas. S'engouffrant dans le premier chemin qui passait à sa portée, Myosotis se mit à raser les murs en priant pour que cette nouvelle voie ne soit pas une énième voie sans-issue.

Myosotis arriva dans une petite salle avec quatre alcôves, le tout couverts de miroirs. Il se voyait de tout les côtés mais cette fois son reflet n'était pas distordu. Tout autour de lui se reflétaient des chemins et des formes infinies de lui même. Le sol s'illumina soudain en kaléidoscope multicolore, passant du bleu au violet puis du violet au vert et enfin du vert au rouge. Le plafond aussi se mit à luire pour adopter le même pattern. Myo' en vint à fermer les yeux puis à baisser la tête, se recroquevillant sur le coffret. Toute cette ambiance psychédélique lui donnait mal à la tête.


*Faut que je sorte de là ! *

Les yeux toujours clos, il tâtonna en passant sa main sur les murs réflecteurs, avec pour seul but : trouver un échappatoire à cette salle colorée. Il se sentait comme un drogué au beau milieu d'un mauvais délire après absorption de substances. Il refusait de rouvrir les yeux, il risquerait de tomber au sol avec des maux de têtes incroyables. Qui est l'abruti qui a eu l'idée de faire une pièce pareil ? Une personne incapable de tenir face à autant de lumière risquait de finir sur le sol en train de baver ou parsemé de spasmes, c'était complètement irresponsable. Respirant avec difficulté, Myosotis avait très peur, peur que Lady Scarlett déboule et le mette hors d'état de nuire avec son arme à feu. Avec un peu de chance, elle aussi serait prise dans la spirale de lueurs et dans la même situation que lui...


*Hé ? *

Là ! Les murs s'arrêtaient ! Ouvrant subrepticement les yeux, Myo' remarqua qu'il n'y avait pas de reflet face à lui, mais juste une grande allée sombre avec, au bout, un rideau à travers duquel perçait la lumière du soleil. La sortie ! Il l'avait trouvé !
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Après tout ce déluge de couleurs et de stroboscopes, la lumière du soleil fut assez agressive pour les pupilles de Myosotis, si bien qu'il dû patienter un peu pour qu'elles s'adaptent à nouveau et continuer tranquillement sa progression. Tranquillement était un bien grand mot, il s'activait tout de même pour s'échapper un peu plus du palais des glaces. Lady Scarlett n'était toujours pas sortie, elle avait dû se perdre à l'intérieur du dédale, tout comme lui...

*C'est pas possible... *

On pouvait dire que le jeune De Ville tombait de Charybde en Scylla... À peine avait-il fait quelques pas que, sur un banc juste en face, étaient assis le tireur au harpon et l'éclaireur. Ils zyeutaient un peu partout, faisant mine de faire le guet alors que c'était flagrant qu'ils étaient en excès de zèle. Lady Scarlett avaient dû leur demander de rester ici, les alpaguant et leur ordonnant de ne plus bouger le temps qu'elle s'occupe elle même du coffre...Quoi qu'il en soit ils étaient là, et ils avaient repéré Myo'...

- Et le voilà ! S'écria l'éclaireur, lève toi ou la boss va nous engueuler !

*Et c'est reparti... *

Le bel éphèbe ne pouvait pas se remettre à courir, la salle des lumières avait sérieusement entamé son endurance et bientôt il ne pourrait plus continuer ce jeu du chat et de la souris. Il se ferait attraper en deux temps trois mouvements par le coureur à la dague. Là encore, il devait s'engouffrer dans une nouvelle attraction. C'était soit jouer avec le hasard, soit se laisser prendre et adieu la fortune ! Il ne prit même pas le temps de réfléchir et s'engouffra dans la première entrée venue, rapidement suivi par les deux tueurs. Les pauvres auraient dû porter attention à l'endroit où ils étaient rentrés. S'ils avaient ne serait-ce que levé la tête ils auraient pu remarquer la façade lugubre d'un manoir entouré de ronces et de faux arbres morts, entourés d'une grille rouillée...Et oui, ils venaient tout les trois de fouler le sol de la Maison Hantée !

En passant la porte, Myo' ne s'attendait pas à tomber sur un groupe de trois personnes attendant dans le vestibule. Il était constitué de trois jeunes gens qui semblaient avoir une vingtaine d'année. Un grand gaillard brun tenant par l'épaule une demoiselle blonde et, à côté d'elle, une amie rouquine qui avait l'air également satisfaite bien que légèrement anxieuse. Les deux tueurs arrivèrent alors juste derrière et le garçon en profita pour se faufiler entre les deux femmes et se poster devant-elles. Tant qu'il restait avec eux, les deux malfaiteurs n'oseraient pas s'en prendre à lui. Ils risqueraient d'alerter la sécurité du parc si jamais ils commettaient un méfait en face d'autres civils, l'astuce c'était donc de rester avec ces trois là. Myo' se doutait toutefois que la tâche ne serait pas aussi facile...


*Ils attendent que de me coincer... *

- Bon aller, on y va ? Demanda le bellâtre brun à ses deux amies.

Les concernées acquiescèrent et ils se mirent alors à avancer vers la porte menant au grand hall de la maison. Myosotis s'apprêtait à les suivre mais la blondinette aux yeux en amande se retourna vers lui pour lui lancer :

- Haha ! Bonne chance à vous trois !

Et ils disparurent derrière la porte...
Le cartomancien ravala sa salive, la boule au ventre, en voyant ses espoirs de salut s'enfuir au loin dans ce factice manoir des horreurs. En se retournant, les deux moches avaient un rictus aux lèvres.


- Alors ? Tu croyais que tu allais nous fausser compagnie ? Lança le type au harpon.

- Uhu, non non...répondit-il en reculant doucement, loin de moi l'idée de m'amuser sans vous...

- La ferme ! Tu nous as fait assez courir. Fais pas d'histoires, file nous le coffre et on te laisse partir, on dira à la boss qu'on t'aura réglé ton compte.

- Tu peux dire à ta boss d'aller se faire voir !

Partant aussi vif qu'un renard, il passa la porte qui menait dans le hall empruntée par les trois amis. En déboulant à l'intérieur, il fit face à un gigantesque escalier menant à un étage supérieur qui avait l'air d'être séparé en deux ailes distinctes. Toute la pièce était plongée dans la pénombre, seulement éclairée par de fausses bougies et parsemée de poussière et de toiles d'araignées. Les fenêtres étaient barricadées par des planches et les rideaux, en lambeaux, avaient l'air d'avoir été dévorés par des mites. Le jeune homme arrivait néanmoins à remarquer deux portes situées de part et d'autre de la salle.

- Hiiiii !!

Un cri déchirant provenant de l'étage alerta l'attention de Myosotis. Une des filles ! C'était le cri de l'une des filles ! Qu'est ce qui se passait à l'intérieur de ces salles ?! Pas vraiment le temps de se poser plus de questions, ses poursuivants passaient également la porte. Myo' s'élança pour passer dans la située à gauche du hall. Clairement vu par l'éclaireur et le tireur, ils ne tarderaient pas à arriver peu après lui... En arrivant dans cette nouvelle salle, l'androgyne remarqua qu'il s'agissait d'une véranda. Il était impossible de voir l'extérieur, les vitres étant couvertes de poussière et de saleté. Le sol dallé de noir et blanc était également tapissé mais cette fois par de la terre et des gravillons. Au fond, des chaises rouillées agencées en cercles qui faisaient penser à un coin pour la lecture. Dans le reste de la pièce, des pots dans lesquels trônaient des fleurs et broussailles mortes depuis longtemps. Les murs, quant à eux, étaient rongés par des lianes et du lierre, rendant l'atmosphère de ce jardin d'intérieur encore plus lugubre. C'était pas comme s'il y avait énormément de coins où se cacher...Seulement tout au fond, entre les pots et les jarres des plantes. Myo' ne se fit pas prier et partit se faufiler entre les gros vases de terre cuite, guettant la porte d'entrée. En à peine une seconde les deux autres étaient rentrés. De l'étage, un autre cri retentit, celui d'un homme. C'était sans aucun doute le copain de la blonde...

- Il se passe quoi cette maison ? C'est pas sensé être une attraction ?! Fit le maigrichon.

- On s'en fout, trouve le petit ! Où est-ce qu'il est passé ?

- Pff...T'es pas très malin toi...Y a qu'un seul endroit où se cacher. Là-bas !

*Merde.... *

Malheureusement pour Myosotis l'éclaireur pointait du doigt pile le coin où il s'était planqué. Le tireur, l'air satisfait, marcha droit dans sa direction pour venir le trouver et le tirer par le bras hors de sa cachette.

- Tu vas faire quoi maintenant hein ?

Il releva Myo' de force pour venir le jeter au milieu de la salle. Tombant sur ses genoux, il n'avait pas lâché sa prise sur le coffret. En face de lui, le coureur ricanait.


- T'as sérieusement cru que c'était une bonne cachette ?

- Ça valait le coup d'essayer, j'avais pas trop le choix... maugréa Myo'.

- Ouais c'est ça ! Dit le tireur, t'avais surtout le choix de...hein ?

Intrigués, Myosotis se retourna et l'éclaireur toujours en face de lui releva la tête vers son compagnon. Ce dernier regardait son talon avec stupeur, une des lianes du mur l'avait agrippé et refusait de le lâcher.

- C'est quoi ça ?!

S'abaissant pour retirer la plante de sa cheville, il fut en un éclair recouvert d'une multitude d'autres racines qui lui attrapèrent les bras et le buste avant de l'emporter à travers une ouverture dans le mur qui se referma tout de suite après son passage. Le pauvre hurlait à la mort de terreur pendant toute l'entreprise... Juste en face, Myo' et l'éclaireur regardaient la scène pétrifiés par la stupeur.

- Aaaaah !

- Aaaaah !

Criant en même temps, Myo' se releva puis ils se ruèrent tout deux dans le hall, comme si toute l'animosité qu'ils se vouaient était disparue en un instant et que cette histoire de fruit n'avait jamais eu lieu. Courant vers dans le hall, ils se rendirent compte que la porte du vestibule avait disparu ! Une figure en face d'eux, descendant de l'escalier, vint se mettre en travers de leur course et ils se frappèrent tout trois de plein fouet. Se redressant, Myosotis s'empressa de rattraper la cassette qu'il avait momentanément lâché et considéra la nouvelle arrivante. C'était la fille rousse qui attendait avec ses amis dans le vestibule, pour est-ce qu'elle était pas avec les autres ?

- Ooh vous avez perdu quelqu'un vous aussi ? Dit-elle.

- Perdu quelqu'un ?

- O...Oui ! S'écria l'éclaireur, apeuré, là-bas ! Dans la véranda, les plantes ! Elles l'ont emporté dans le mur !

- Qu'est ce c'est que cette maison ?!

- Et bien...fit la rouquine, plus détendue, si j'ai bien compris chaque pièce renferme un piège, là-haut, dans l'aile gauche, dans la salle de bain c'est la baignoire qui se remplit de sang et une main qui attrape la personne qui se penche au dessus...Et à côté ! La bibliothèque, c'est un squelette qui tire la personne entre les étagères !

- Je...J'ai trop peur ! Faut qu'on sorte d'ici ! S'écria le maigre qui avait l'air d'avoir complètement oublié la présence de Myo'.

- On peut sortir que tout le monde s'est fait piégé, ou si on arrive à trouver le passage secret vers la cave...Vous êtes allé dans la véranda et nous dans l'aile gauche. Il reste l'aile droite et la pièce là bas !

Elle pointait de doigt la seconde pièce de l'étage inférieur, celle juste en face...D'un commun accord, ils décidèrent de rester tout les trois. Le malingre n'avait pas l'air d'avoir tilté sur le ridicule de la situation, il aurait pu chiper le coffre depuis longtemps. Mais Myosotis profitera de cette absence et de son manque de sang-froid pour conserver le fruit, quand bien même lui aussi faisait profil bas à cause de la peur qu'il avait eu dans la véranda. Se relevant tout les trois, ils se serraient les coudes et entrèrent dans la pièce. C'était une grande salle à manger avec une longue table rectangulaire recouverte d'une nappe grise, anciennement blanche, également trouée. Dessus, un service depuis longtemps rouillé et un chandelier enveloppé de cire. Il n'y avait rien hormis un tableau sur le mur, représentant un vieil homme osseux au nez crochu portant un haut-de-forme. Et, au fond, une cheminée qui avait l'air d'être allumée.

*Un feu, ici ? *

Où était le piège ici ?! Toujours tout les trois collés les uns aux autres, ils décidèrent de progresser tout doucement pour inspecter la salle. Quel était le but ici ? Ils avaient nettement plus de chances de tomber dans le traquenard que sur le passage secret vers la cave ! C'était n'importe quoi...Le tueur s'écria tout d'un coup :

- Je sais ! Je sais où il est !

Laissant Myo' et la rousse, il partit devant et regarda sous la table. Rien.

- Tss...ça doit être de l'autre côté !

- Mais qu'est ce que tu cherches exactement ? Le passage ou le piège ?!

L'autre ne prit même pas le temps de lui répondre, le type avait trop la pétoche. On pouvait presque entendre ses dents claquer et ses genoux jouer des castagnettes. Tu parles d'un tueur ! Il partit de l'autre côté de la table, juste en face de l'âtre. La fille et Myosotis émirent en chœur un couinement mêlant surprise et panique lorsqu'ils virent le type disparaître dans la cheminée, aspiré par les flammes. Le foyer ne rejeta qu'un nuage de fumée et de charbon et, lorsqu'il disparu, il n'y avait plus rien du tout ! Les deux s’empressèrent de ressortir en trombe de la salle à manger.

- C'est pas vrai, on en finira jamais !

- Il ne reste plus que l'aile droite...

Elle avait raison, deux salles encore à inspecter sur l'aile-est du manoir. Gravissant les escaliers, Myo' tenait d'une main le bras de la rouquine et, de l'autre, le coffre. Tournant à droite en haut de l'escalier, ils rentrèrent tout les deux dans la première salle. C'était une chambre de maître avec au fond juste devant, un grand lit à baldaquins rouges entièrement déchirés. De chaque côtés du lit, des tables de chevets avec des lampes brisés. Juste à gauche de l'entrée, une coiffeuse au miroir en morceaux et, juste à côté, une bibliothèque aux livres renversés sur le sol. Partant inspecter la poudreuse tout en faisant attention aux morceaux de miroirs, Myosotis laissa son acolyte aux cheveux orangés partir en direction du lit. Non, il n'y avait plus vraiment grand chose là où il se trouvait, pas moyen d'y avoir un passage secret ici...

- Hiiiii ! Noooon !

En se retournant vers le lit Myosotis fit face à une nouvelle vision terrifiant. La jeune femme était à plat ventre sur le sol en train de se faire emporter sous le lit par une figure ressemblant à un cadavre en putréfaction. Un acteur très certainement, mais la scène restait néanmoins horrible. Le garçon se contenta de ressortir rapidement de la pièce, laissant la pauvrette disparaître sous le lit en criant.

*Génial, j'suis seul maintenant... *

Le seul réconfort que pouvait avoir Myo' c'était qu'étant donné que tout le monde dans le groupe avait été piégé dans chacune des autres salles, ça voulait certainement dire que le passage vers la cave se trouvait dans la dernière salle, celle qu'il allait inspecter. Et bien sûr, il avait encore le fruit ! Il pourrait s'enfuir tranquillement en sortant du manoir hanté. Arrivant dans la nouvelle salle, il découvrit une nouvelle scène bien lugubre, assez malsaine même. Il venait d'entrer dans un cabinet de curiosités, ce genre d'endroit où l'on rassemble et expose tout un tas d'objets de collection tous aussi hétéroclites les uns que les autres. Essentiellement des antiquités, Myosotis remarqua également plusieurs insectes séchés, un loup empaillé qui faisait mine de grogner, un squelette d'anatomie bien caché à côté d'un gramophone puis, bien en évidence sur une étagère, plusieurs organes humains conservés dans du formol. Cette chambre de merveilles ne rassurait pas plus que ça le faux médium, peut être à cause de cette poupée de clown qui le toisait d'un air menaçant, bien posée sur une boîte à chapeau. L'accès caché pour la cave devait être quelque part ici, il faudrait peut être l'actionner grâce à l'une de ces bizarreries exposées ici ? S'avançant dans le boudoir, il passa devant l'étagère et jura de voir le cœur baignant de liquide verdâtre se compresser l'espace d'un instant.

*Bon, c'est où ?! *

Arrivant devant le clown, il la posa juste à côté, sur une chaise vide afin de pousser la boîte et de vérifier derrière.

ZOING ZOING !

- Aaah !

Un diable à ressort sortit subitement de la boîte. Myosotis, complètement déstabilisé, retomba en arrière, compressant le coffre contre son torse. Au dernier moment le sol se déroba sous pieds et, glapissant de surprise, il fut emporté dans le noir.

*Le piège ! *

Oui, il était tombé dans le piège de la salle et se trouvait à présent en train de glisser dans un long et vaste conduit. Un toboggan assez spacieux pour que même l'un des nombreux obèses qui fréquentent le parc puisse s'y glisser sans aucun problème. La chute fut brève, en cinq seconde il était déjà arrivée tout en bas. Atterrissant dans un bac rempli de linge, il ressortit sa tête, couverte par l'un des draps. Autour de lui il y avait d'autres bacs dans lesquels se trouvaient tout les membres de l'expédition dans le manoir des horreurs, tous dans les vapes. Le tireur et éclaireur complètement sonnés n'avaient pas l'air de bouger. Idem pour les trois autres. Alors comme ça chaque piège entraînait l'infortuné qui se faisait prendre dans une trappe ou un conduit qui retombait ici. Et il était où le passage secret ?! Il y avait bien une porte...

*On a pas inspecté sous l'escalier il devait être là... *

Au bout, un autre rideau ! Et derrière, la lumière du soleil ! La sortie, le salut, il était sauvé ! Sautant hors du bac, il réajusta ses vêtements, vérifia si le contenu du coffre n'était pas mal en point et fila vers l'extérieur. Là encore, il dû patienter pour s'habituer à la lumière, l'intérieur de la maison hantée étant on ne pouvait plus sombre et mal éclairé... Cette fois c'était la bonne, il allait pouvoir s'échapper et partir loin sans plus se soucier de ces tueurs !


PAN !

Il avait pensé trop vite....Se retournant, le cartomancien se retrouva nez à nez avec Lady Scarlett, finalement sortie du palais des glaces, entourée du noir au poing d'acier et de son acolyte au cimeterre. Elle tenait un pistolet dans chacune de ses mains et avait clairement dû le voir entrer dans le manoir, elle n'avait eu qu'à rappeler les deux costauds et l'attendre à la sortie. Est-ce qu'elle venait de tirer une véritable balle ?! Non, ça n'était pas ça, personne dans l'allée ne semblait affolé ni apeuré. À côté d'elle, un enfant qui venait d'éclater son ballon de baudruche !

- Ma patience est à bout. J'avais décidé de simplement prendre le coffre, mais je suppose que maintenant je vais en profiter pour te régler ton compte.

- Non...

Les jambes de Myosotis ne tiendraient plus longtemps, encore un dernier sprint et il s'effondrerait de fatigue sur le sol. Se faufilant entre les autres visiteurs, il essayait de distancer les trois autres mais peinait à le faire, ils le filaient à la trace comme des loups qui traquent un faon. À bout de souffle, il rentra en vitesse par la première porte qui passait à sa portée. Déboulant dans un nouveau bâtiment, le jeune homme remarqua avec stupeur qu'il n'était pas rentré dans une attraction. Oh non, il était rentré dans le pire endroit possible pour une fuite. Il s'était piégé lui même en rentrant dans un cul-de-sac : les toilettes du parc.
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De tout les endroits de ce parc il avait dû échouer au beau milieu de sanitaires. Non pas une boutique de souvenirs remplie à craquer de poupées ou de répliques de bateaux, ni même une cafétéria servant pommes-de-terre frites et viandes juteuses à souhait, mais bel et bien des toilettes. Des toilettes, pas la simple et vulgaire vespasienne sale qu'on croise toujours dans les rues ni même l'urinoir public, c'étaient de superbes cabinets parfaitement nettoyés. Ils étaient tous tellement brillants et immaculés qu'on aurait dit qu'ils n'avaient jamais servis. Et dieu sait que les troupeaux de mangeurs pullulant dans toutes les guinguettes de Suna Land devaient passer beaucoup de temps sur le trône... Le personnel devait très certainement compter des légions de nettoyeurs et autres dames-pipi tous armés jusqu'aux dents de balais brosses, chiffons et produits d'entretiens senteur citron ou brise montagnarde.

Dans les cas Myosotis était dans un bien mauvaise posture. Se cacher dans une des cabines était aussi intelligent que sa tentative entre les pots de la maison hantée, il se ferait attraper et descendre tout de suite. Il avait été cruellement stupide, et il était à bout de force. Toutes ses visions de fortune et de richesses gagnées grâce à ce fruit s'envolaient au loin, plus jamais il ne risquait de s'échapper de là. Cette fois il devait se rendre à l'évidence, il ne pourrait jamais profiter des bénéfices que lui apporterait la vente de ce Fruit du Démon...


*C'est pas vrai... *

Complètement dépité, Myosotis refusait de l'abandonner. Même après toute cette course il avait beau être exténué mais il ne voulait pas remettre le fruit à Lady Scarlett. Elle l'avait menacé, envoyé des hommes à ses trousses, poursuivit dans pleins d'attractions toutes aussi farfelues et toquées les unes que les autres. Au point ou il en était, il ignorait ce qu'il pouvait faire. Les fenêtres étaient trop hautes pour être atteintes et trop étroites pour qu'il puissent se glisser par une ouverture. Le jeune homme restait donc là avec son coffret, attendant que les autres arrivent...Serrant les dents, il ne pouvait se rendre à l'évidence que c'en était fini de lui. Ils allaient le tuer, peut être le torturer un peu en l'emportant dans un coin sombre de l'île. Cette angoisse, il l'avait déjà ressentit lorsqu'un inspecteur était venu enquêter sur le meurtre de son frère à Cocoyashi. Cette épée de Damoclès qui se tenait bien au dessus de sa tête et qui n'attendait que de descendre.

*Et si... ? *

Il s'accroupit et posa la cassette sur le sol, en face lui puis l'ouvrit. Le fruit violet à spirales était toujours tranquillement posé à l'intérieur, ignorant de tout ces conflits concernant sa possession. Et si Myosotis n'avait finalement pas tout perdu ? Il ne deviendrait jamais riche grâce à cette merveille mais ça ne voulait pas dire que Lady Scarlett devait le devenir à ses dépends. À présent il ne se battrait plus pour l'argent, mais pour vivre. Et s'il mangeait le fruit ? Il avait entendu parler de fantastiques capacités dépassant l'entendement données par ces choses lorsqu'on les avalait. S'il le mangeait, il gagnerait peut être ces dons surnaturels et arriverait à vaincre la tueuse à gage et ses larbins. Myo' avait pris sa décision, s'il ne pouvait pas avoir ce fruit, alors cette femme ne l'aura pas non plus !

L'attrapant entre ses mains, il porta le jujube jusqu'à sa bouge et en croqua un gros morceau. Le goût amer et âpre fit grimacer l'androgyne, il avait l'impression d'avoir quelque chose de très étrange dans sa bouche. Comme un...morceau de savon ?! La peau duveteuse du fruit n'arrangeait pas vraiment la saveur qu'il avait et il devait mâcher chaque bouchée pour ensuite avaler convenablement. Encore un bout, il n'allait pas tarder à avoir la nausée, cette chose était infâme, ça l’écœurait plus qu'autre chose. Toutefois, il continuait, mastiquait plus vite cet ignoble aliment végétal. Et, en un instant il ne restait plus que la tige entre ses doigts.


- Gnnh...

Son estomac se mit alors à se contracter, il sentait que quelque chose se passait. Se pliant en deux, un long frisson lui parcourut le corps. Lorsqu'il fut passé, il continuait de haleter bruyamment en attendant qu'il se passe quelque chose. Il regardait ses mains, se touchait le visage...Non, rien du tout, rien n'avait changé ! Lâchant le pédoncule qui retomba dans le coffre, il referma ce dernier puis se releva en vitesse, désireux de voir son reflet afin de constater si cette affreuse dégustation avait bel et bien entraîner un quelconque changement. À peine avait-il fait quelques pas que...

- Bien, bien, bien...J'espère que tu t'es bien amusé parce que maintenant c'est terminé.

Myosotis fit volte-face pour retrouver Lady Scarlett, entourée du chauve noir et de l'autre au cimeterre. Ils avaient l'air tout les trois satisfaits, la belle dame rouge avait rangé ses armes à feu dans son manteau mais ses complices étaient prêts à fondre sur le garçon au moindre signal de leur chef. Les deux hommes souriaient déjà et n'avaient qu'une hâte : l'étriper. Myo' restait impassible, serrant le coffre vide entre ses mains.


- Je dois admettre que tu as été plutôt récalcitrant. Tu mérites des applaudissements, malheureusement j'aurai les mains prises avec le coffre...

Si jamais des gens occupaient certaines des cabines de ces toilettes, ils devaient très certainement se demander ce qui se passait juste derrière leurs portes...Bah, aucune importance, ils ne voudront certainement pas sortir en entendant la tueuse parler...Myo' ne répondit pas à son invective.

- Aller, c'est terminé. Tu le sais, alors donne moi le coffre.

- Si vous le voulez tant que ça...

Il appréhendait le moment où elle ouvrirait le coffre pour tomber sur une simple tige verte. Elle l'abattrait très certainement...Alors c'était comme ça qu'il terminait ? Au beau milieu du lieu d'aisance d'un parc d'attraction stupide. Étrangement, il n'était plus aussi désespéré que lorsqu'il était arrivé ici, il ne réalisait pas vraiment à vrai dire. Qu'avait-il à perdre en mourant ? Il n'était qu'un pauvre arnaqueur qui déambulait d'île en île à la recherche de bon plans et de crédules, il n'avait aucun pouvoir, aucune puissance et plus de sous. Son seul regret aurait été de ne pas avoir pris sa revanche contre ses parents, pour ce qu'ils lui ont fait subir. Mais au point où il en était il n'y pensait même plus... Le jeune homme jeta le coffre sur le sol, en face de Lady Scarlett. Cette dernière s'abaissa pour le ramasser, rictus aux lèvres. Son sourire ne resta pas longtemps affiché sur son visage lorsqu'elle ouvrit la cassette.

*Hm, tu t'y attendais pas... *

- Que...Qu'est ce que tu en as fais ?!

Lady Scarlett releva la tête vers Myosotis, lâchant le coffre qui retomba bruyamment sur le carrelage. Fronçant les sourcils et serrant les dents, elle le foudroyait d'un regard qui, si elle le pouvait, lui jetterait des éclairs. Enragée, elle tenait ses poings fermés et se mit à rugir.

- Le fruit ! Où est-il ?! Répond moi  !

C'était au tour de Myosotis d'adopter un air désinvolte.

- Disons que...il n'était pas très appétissant.

La beauté fatale ne s'attendait visiblement pas à cette réponse. Son visage se crispa et, écarquillant ses yeux puis ouvrant la bouche, elle continua.

- Tu...Tu as osé ?! Tu as mangé le fruit !

Son ire était presque palpable, Myosotis voyait une véritable géhenne miroiter dans ses yeux. Ce sentiment, il l'avait privé de ses rêves de richesse, le cartomancien savait parfaitement ce qu'elle ressentait à présent. Il avait vécu cette situation mainte fois, ce moment d'injustice où tout pouvait vous réussir mais que quelqu'un avait décidé de se mettre en travers de votre route. C'était la même chose ici, elle avait trouvé un bon filon mais Myo' s'était interposé et lui avait volé son ticket vers la félicité sans le moindre regret. Non, il lui avait même lâché un petit sourire au passage, gratuitement.

- Je...Tu...

Lady Scarlett était à bout de nerfs. Fébrile, elle respirait bruyamment, si bien que Myosotis eut l'impression qu'elle allait lui sauter au visage et le lacérer à l'aide de ses ongles.

- Espèce de... !! Attrapez le !

Serrant les poings, elle ordonna aux deux tueurs de se saisir du garçon. L'homme au poing craqua ses doigts en serrant ses poings puis se mit à avancer tandis que celui à l'épée courbe dégaina sa lame. Ils accélérèrent le pas tandis que Myosotis, n'ayant absolument nulle part où aller, recula et s'adossa contre le lavabo espérant que l'impossible se produise, qu'un miracle vienne le sauver...


*Non... *

Cette fois c'était la fin, les deux types étaient à un mètre de lui. Myo' pouvait toujours voir Lady Scarlett derrière, ruminant de rage et avec une seule envie : le voir mort. L'épéiste leva son épée, prêt à la rabattre et trancher la carotide du garçon, tandis que l'autre s'apprêtait à enfoncer son poing droit dans son ventre. C'est alors que Myosotis s'arrêta de respirer, tout son corps se crispa sous la terreur provoqué par la mort qui s'amusait à lui caresser le cou. Dans trois secondes....Deux secondes...Une seconde !

- Non !! hurla-t-il.

Myosotis tendit soudain ses bras en avant, comme pour repousser tant ses adversaires que la sentence qu'ils allaient lui infliger. Il fut surpris d'arriver à toucher leurs torses de la pointe de ses doigts fin. Mais il n'était pas au bout de ses surprises, ce qui se produit ensuite vint le surprendre comme jamais...

- Hhhh !!

À peine eut-il effleuré les bustes de ses agresseurs qu'un filet de mousse émergea de ses mains. Qu'est ce que c'était que ça ?! Est-ce que c'était lui qui produisait cette chose ? La sécrétion écumeuse se mit à s'épaissir puis à croître, des bulles irisées apparaissant au fur et à mesure. Le noir et l'épéiste tentèrent de reculer de quelques pas mais la mousse les avait pratiquement recouvert et ils restèrent complètement inertes. Est-ce que c'était la mousse qui était capable de faire ça ? Myosotis ne prit même pas le temps de réfléchir et poussa les deux tueurs de toutes ses forces. En retombant sur le sol, la mousse se mit à glisser de leurs corps. Tout excité, Myo' remarqua alors que la mousse et les bulles savonneuses se faisaient de plus en plus imposantes. En face, Lady Scarlett était tout aussi surprise par la scène qui venait de se produire. Un torrent de mousse ivoire serpenta en un instant jusqu'à elle et, sans qu'elle n'ait eu la capacité de mouvoir elle tomba à genoux sur le sol. Passant ses mains sous son manteau, elle essaya en vain d'attraper ses pistolets pour tirer sur le voyant. Malheureusement pour elle, le savon fut plus rapide et elle fut également enveloppée de la même manière que ses deux comparses. Myosotis venait d'involontairement découvrir les pouvoirs du fruit, et s'était de la même façon sauvé la vie tout seul...
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Myosotis fit quelques pas en avant, l'air penaud. Face à lui, les toilettes dans lesquels il s'était réfugié étaient complètement envahis par le savon qui, parfois, allait même glisser jusque sous certaines cabines. Sur le sol, trois masses mousseuses qui ne bougeait pas. Les deux qui se trouvaient derrière lui étaient celles des hommes de mains de Lady Scarlett, cette dernière se trouvant juste en face. Alors son fruit était donc capable de produire de la mousse, un savon capable d'entraver ses adversaires et les rentre inertes. Intéressant, toutefois est-ce que c'était si puissant ? De la simple mousse ne pourrait pas empêcher ces trois tueurs de nuire ! Est-ce qu'elle aurait également comme capacité de leur saper toute vigueur ? Il ne comprenait pas vraiment encore comment ses nouvelles habilités fonctionnaient, mais elles étaient suffisamment fortes pour arrêter ses poursuivants. Réajustant son sac en bandoulière sur son épaule, le jeune homme s'apprêtait à partir mais il n'était pas au bout de ses surprises.

La mousse qui recouvrait les trois tueurs commençait à glisser de leur corps, chavirant sur le carrelage. Le voyant chapardeur fit alors une nouvelle découverte imprévue. En fuyant, le savon révéla une peau entièrement lisse et luisante. Comme si leurs rondeurs, formes et muscles avaient été entièrement adoucis et lustrés par la mousse. De plus, avaient l'air complètement épuisés et ne pouvaient même plus bouger ne serait-ce qu'un doigt. C'était bien ça, le savon les vidait de toute leur énergie ! Myosotis devait en profiter pour s'éclipser, il ignorait encore combien de temps le savon ferait effet. Ne jetant plus un regard sur les deux hommes il se dirigea vers la sortie. Passant à côté de Lady Scarlett, il baissa les yeux vers elle.


*Est-ce qu'elle va bien ? *

Il y avait quelque chose d'assez ironique dans la situation, le garçon en venait à s'enquérir de l'état de la femme qui l'avait harcelé et tourmenté durant toute cette infernale course-poursuite. Ce n'était pas souvent qu'il prenait le temps de se pencher sur la situation d'une autre personne, lui qui d'ordinaire était si égocentrique. Mais, il n'arrivait pas à s'expliquer pourquoi, mais quelque chose en cette dame l'attirait. Il sentait qu'elle et lui avaient déjà certains points commun, ne serait-ce qu'en toisant de la même façon, utilisant les mêmes expressions, ainsi que cette étincelle qui brillait dans leurs yeux lorsqu'ils parlaient de richesse et opulence. Certes elle n'en avait pas concrètement parlé depuis qu'ils s'étaient rencontrés, mais rien que le fait d'acquérir le fruit du Démon allumait instinctivement cette lueur.

À ses pieds, Lady Scarlett gardait péniblement la tête haute. Elle ne bougeait pas et arrivait à peine à ouvrir la bouche.


- Pff...Qu'est ce que tu attends ? Allez, achève moi... fit-elle tristement.

Myosotis en vint presque à la plaindre, elle était dans exactement la même situation que lui il y avait à peine quelques secondes. Le garçon se mit à genoux pour pouvoir mieux lui parler.

- Je ne vais rien vous faire. Arrêtez donc de psychoter comme ça...

Elle hoqueta un petit rire, trop épuisée par l'effet des nouveaux pouvoirs de Myo'.

- Je t'ai cruellement sous-estimé, ça m'a coûté cher. Et maintenant j'ai perdu le fruit...

- C'est vrai que vous êtes passée à côté d'un beau pactole. Mais mettez vous à ma place ! Moi aussi !

- Si seulement mes hommes n'avaient pas été aussi bras cassés je l'aurais sûrement déjà eu lorsque nous étions encore sur la plage. Ils sont tous renvoyés !

Myosotis ne put s'empêcher de pouffer malicieusement. Penser au renvoi de ses larbins pour dédramatiser la situation, c'était pas une mauvaise idée !

- Qu'est-ce que vous allez faire maintenant sans vos acolytes ? Demanda Myo', curieux.

- Hm, j'ai bien une petite idée derrière la tête...Et si nous joignons nos forces ?

Encore quelque chose auquel le jeune De Ville ne s'attendait pas. Rejoindre Lady Scarlett ? Ou c'était plutôt elle qui venait avec lui ? Cette femme lui proposait une alliance mais, pour quelle raison ?

- Développez. Répondit-il tout simplement afin d'en apprendre plus sur cette proposition.

- Toi et moi on sait flairer les bonnes affaires. Avec tes nouveaux pouvoirs et mes compétences personnelles, on formerait un duo des plus redoutables. Nous sommes tout deux bien futés et malins, si je t’entraîne un peu pour faire de toi un bon combattant et que tu apprends à manier les capacités de ton Fruit, nous pourrions nous faire de sacrées belles sommes qui comblerons cet incident. Qu'est ce que tu en penses ?

Myosotis prenait le temps de réfléchir. Après avoir renvoyé tout ses hommes costauds pour leur inefficacité à attraper un simple garçon, il était clair que cette femme n'était intéressée que par ses fantastiques pouvoirs savonneux. Pour un assassin c'était on ne pouvait plus pratique ! Ça ralentissait les cibles, voir même les rendait complètement incapables de bouger. Et en plus ça faisait le ménage si jamais on faisait trop fuser l'hémoglobine. On ne pouvait pas rêver mieux ! C'était certain qu'elle n'était pas sincère sur le fait de se prétendre équipière mais Myo' ne pouvait pas la contredire. Elle avait raison en disant qu'un tel duo pouvait faire des étincelles et tout ce qui l'intéressait pour le moment, c'était se faire de l'argent ! Il verrait à terme si Lady Scarlett est digne de confiance. Il n'avait déjà vaincu une fois, il pouvait le faire encore.


- Je m'appelle De Ville. Myosotis De Ville. Fit-il en guise d'acceptation.

- Excellent... !

Leur deal était scellé. Myosotis aida Lady Scarlett à se relever, l'attrapant et mettant un de ses bras sur son épaule et procédait à marcher vers la sortie. C'est alors que...

- Hé non mais c'est pas bientôt fini tout ce boucan !!

Les deux se retournèrent, plus penauds et stupéfaits que jamais : quelqu'un venait de sortir de l'une des cabines ! Myosotis crut le reconnaître, c'était le vieil homme qu'il avait bousculé un peu plus tôt, celui à qui sa glace était retombé sur le visage. Il continua de grondez de sa voix éraillée.

- Et bah alors ? Regardez un peu le bazar que vous avez mis ! Y a de la mousse partout ! De mon temps les dames-pipi travaillaient mieux que ça ! Et ces deux pauvres gaillards ivres morts sur le sol, olala ! Ces jeunes qui ne pensent qu'à boire, c'est n'importe quoi !

Continuant d'aider Lady Scarlett à marcher, Myo' laissa le retraité jurer et radoter tranquillement dans les sanitaires tout en se dirigeant vers la sortie. Qui sait, avec un peu de chance il arrêterait de pérorer tout seul en glissant sur du savon. Du savon, de la mousse....Hé mais ! En mangeant ce fruit, Myosotis était devenu l'homme le plus propre de monde... Pas mal, il le méritait bien. Enfin quelque chose qui le rendrait que plus fort, et une alliance par dessus le marché. Une affaire rondement menée !
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