Le craquement subtil du bois des navires se dilatant et contractant avec les changements de température, le cri des mouettes, le ballottement des flots à la surface de l'eau, des pirates festoyant ou s'engueulant, voilà ce qui berçait et guidait Shéhérazade dans son sommeil à toutes les nuits depuis qu'elle avait quitté sa maison au sein des abysses. Si au début tout ceci lui avait semblé une véritable torture qui mènerait n'importe qui à la folie par manque de sommeil et l'obligation de changer l'orientation de chaque sections du navire plusieurs fois par jour afin de favoriser l'harmonie et d'éloigner le malchance, elle s'y était vite habituée, au point d'être reconnaissante d'avoir fini la première partie de son périple à un endroit comme Armada, la ville flottante. Comme l'avait fait remarquer Eddy, l'un des matelots de l'équipage qui l'avait conduit jusqu'ici, elle avait eu de la chance de tomber sur eux et de ne pas atteindre ce havre des pirates les chaînes au cou, mais elle avait rejeté l'idée d'un rire hautain, car c'était bien évidement le résultat de ses calculs divinatoires.
Cependant, Shéhérazade savait que la divination était complètement inutile si elle ne s'aidait pas un peu elle-même, ne montrant qu'un chemin qui pouvait être favorable si approché de la bonne manière. Elle avait donc suivi les conseils de ses nouveaux amis avant de se séparer, reniant son premier réflexe de se trouver un logis temporaire aux Abymes parmi son peuple, agissant plutôt comme une humaine des plus normale en se louant un petit logement dans un bateau de plaisance reconvertie en auberge. C'est donc dans une cabine coquètement décorée que la sirène aux cheveux bleus s'éveilla cette journée là, des draps noués autour de ses deux jambes pour éviter qu'elles ne se recollent en queue pendant la nuit et une chaise caler entre la porte et la poignée pour éviter une visite nocturne, mais aussi pour faciliter le flot des énergies positives dans la pièce.
Par habitude, Shéhérazade colla ses jambes l'une contre l'autre en sautant du lit et tenta d'avancer en gigotant des hanches, comme elle l'aurait fait sous son état naturel, avant de tomber visage premier contre le mur la séparant de la coque extérieur du navire-auberge. Ce n'était pas très gracieux comme façon de commencer la journée, mais c'était encore plus efficace pour relancer un esprit dans les vapes qu'un injection de simulant et puis, ce n'était pas comme si elle avait eu un invité dans son lit ce matin là. Avant même de se laver et d'échanger sa chemise de nuit pour une tenue plus approprié pour l'extérieur, la femme attrapa son luopan et s'affaira immédiatement à noter le Feng Shui de la pièce et à noter rapidement une série de chiffre que seule elle pouvait comprendre, calculant rapidement de la main droite en tenant le boussole de divination de la gauche. Les lèvres pulpeuses de la belle s'ouvrirent alors en un rond parfait, cette journée était très auspicieuse pour débuter un nouveau voyage, elle devait se trouver un équipage de pirate au plus vite !
La matinée touchait presque à sa fin par le temps que Shéhérazade termine ses préparations, déplace le mobilier de sa chambre dans sa position optimal et engloutisse un petit déjeuner dans la salle commune en ignorant royalement les complaintes d'un autre locataire qui se plaignait d'un bruit dans la chambre voisine comme si quelqu'un déménageait en pleine nuit. La température s'annonçait des plus agréables, elle avait donc enfilée une robe bleue marin assez légère se terminant en un jupon bouffant blanc un peu court, mais qui lui permettrait une manœuvrabilité excellente sous l'eau, en plus de lui permettre de reprendre sa queue de sirène sans ruiner de pantalon. Clignant des yeux sous la luminosité du soleil, l'alchimiste accueillie le monde extérieur d'un grand sourire puis souleva son luopan à l'horizontale devant elle, suivant l'aiguille du mieux qu'elle pouvait en s'enfonçant dans les dédales de planches d'accès qui servaient de route à Armada.
Éventuellement, alors qu'elle cherchait une variété de bernacles assez rare ainsi qu'une sorte de champignon ne poussant que sur des épaves de bateau, Shéhérazade erra jusqu'à une section de la ville inconnue à ses yeux, mais qui ressemblait plus à un cimetière de bateau qu'autre chose ! Parfait pour dénicher les ingrédients qu'elle voulait, peut-être, mais pas idéal pour faire de nouvelle rencontre, contrairement à ce que ses calculs prétendaient. Un peu embêtée, la belle s'immobilisa en regardant aux alentours, ne voyant absolument personne à l'exception d'une nuée de mouettes se battant un peu plus loin. Elle sortie ses notes pour la troisième fois dans la dernière heure, revérifiant calmement ses calculs...non, elle était définitivement là où elle était censée rencontrer un équipage potentiel. Elle scanna encore une fois vers le centre de la plateforme géante et remarqua alors un détail inusité qu'elle avait raté au premier balayage, une jambe humaine qui dépassait d'un vieux baril couché au sol ! Curieuse, la belle s'approcha prudemment de cette découverte étrange.
Dernière édition par Shéhérazade le Lun 18 Avr 2016 - 12:03, édité 1 fois
Posté Jeu 24 Mar 2016 - 22:27 par Sena Natsumi
Navarone et tous les combats y étant liés avaient pris fin depuis quelques jours maintenant, surement plus... En réalité, Sena avait un peu perdu le compte et la notion du temps. Ces derniers temps, elle se remettait comme beaucoup de blessures douloureuses tout en étant de plus fortement atteinte psychologiquement par ce qu’elle avait vu là-bas. Pour cette femme à qui le monde paraissait tout rose, avec des camps bien définis, tout s’était écroulé.
Elle en avait fait du chemin la petite depuis son île. Une rencontre hasardeuse avec une pirate et la voilà qui navigue avec elle. D’abords les Blues puis maintenant Grand Line, chacun apportant leur lot d’aventure. Tout ça pour finir récemment dans une bataille de masse lors d’un assaut d’une base de la Marine... Si on lui avait dit ça, ou même qu’elle serait pirate, avec désormais une prime sur sa tête, la jeune femme ne l’aurait jamais crût. Après tout, si elle avait pris la mer s’était pour aller apprendre dans les grands chantiers navals, à la base...
La blessure engendrée par le combat avec le Pacifista était aussi douloureuse que mal soignée depuis le début. Les efforts supplémentaires produits, les mouvements brusques la rouvrant, n’avaient pas aidés. La voilà qui disposaient maintenant d’une plaie extrêmement moche et surement infectée.
Malgré ça, la pirate n’en faisait qu’à sa tête et choisit d’aller se promener plutôt que de rester se reposer, déambulant dans Armada. En ces lieux, on croisait depuis le plus inoffensif des pirates au pire des violeurs et criminels. Ci et là, au détour d’une ruelle la jeune femme pouvait entendre des gémissements de plaisir. Surement des gens qui fêtaient leur victoire, quand ce n’était pas des cris de refus. À dire vrai, la rousse aurait surement fait la fête de la même manière, comme elle avait promis de le faire en s’adressant à l’équipage peu avant le début de l’assaut. Impossible avec sa blessure.
Comme si elle cherchait quelque chose, la rousse arriva à ce qui semblait être un dépotoir ou cimetière de bateaux, dur à dire. Pour un lieu aussi éloigné, elle s’étonna de ne pas croiser plus de « couples » comme sur le chemin.
Depuis les soins, la jeune femme ne portait pas grand-chose. Ses bandages couvraient déjà sa poitrine et servaient ainsi de haut. Ventre nu, d’autres formaient une sorte d'accumulation façon momies pour couvrir ses plus grosses plaies, encore bandée ci et là autour des jambes et des bras. Inconsciente, exhibitionniste comme cela semble être le cas ou juste innocente, tout ce que portait Sena sur elle était un tanga fin, noué au niveau des hanches, qui ne remontait pas bien haut.
Sa garde-robe était inexistantes et ses blessures mal soignées rendaient douloureuses le moindre contact dessus, expliquant d'une certaine façon le pourquoi d'une telle tenue dans un lieu pourtant qui ne s'y prête pas vraiment...
Après cet écart vestimentaire, tout semblait aller bien pour la jeune femme jusqu’à une nouvelle crise de douleur. Cette dernière était accompagne d’une chute de tension qui suffit à lui faire perdre l’équilibre. Lorsqu’elle tenta de se rattraper, la charpentière bascula dans un tonneau qui dévala une bonne distance avant de s’arrêter. Complètement étourdis, la pirate se retrouva allongée un long moment jusqu’à croire entendre un bruit...
« ARRÊTEZ D’VOUS ENTRETUER BANDE DE TROUDUC !! »
S’exclama subitement la rouquine en se redressant malgré le tonneau à moitié sur elle. Ses bras et ses jambes s’agitèrent, visiblement en plein délire. Quand la douleur de sa blessure infectée se refit plus vivace, elle retomba allongée. Inconsciente ? Pire peut-être ? Qui sait ce que les soucis médicaux peuvent engendrer...
Dernière édition par Sena Natsumi le Lun 18 Avr 2016 - 15:27, édité 3 fois
Posté Lun 18 Avr 2016 - 12:02 par Shéhérazade
Bien que sa curiosité et l'appel du destin, sans aucun doute, poussait Shéhérazade à s'approcher du baril mystérieux, elle restait néanmoins méfiante et prudente en s'avançant lentement, comme si une meute de chimpanzés pouvait en surgir pour l'assommer avec la jambe de leur précédente victime. Après tout, elle était très loin de l'île des hommes-poissons en ce territoire mystérieux et dément qu'on appelait la surface, de surcroît en plein havre de pirate, elle devait donc s'attendre à absolument tout ! Un mouvement soudain du contenant la fit sursauter puis lui tira une moue dégoûtée quand des relents nauséabonds se glissèrent entre ses narines, lui levant le cœur et semblant confirmer la théorie des primates en vadrouille !
Prête à fuir, la sirène fut prise de surprise quand les singes s'écrièrent d'une unique voix féminine (à moins qu'il ne s'agisse de leur reine qui ordonnait aux autres de se calmer ?) et tomba sur son postérieur bien rembourré, ses jambes incertaines choisissant ce moment pour se rebeller. Écarquillant grand les yeux, elle se retrouva complètement sans moyen quand le tonneau se redressa, devenant une créature mi-femme pratiquement nue, mi-baril qui entama une étrange dance de guerre sur place. Reculant en rampant, Shéhérazade glissa une main sous elle pour attraper une de ses seringues, prête à défendre chèrement sa vie contre l'horrible apparition, malgré l'horrible odeur de corruption qui s'en échappait.
L'assaut ne vint cependant pas, la créature tombant sur le côté et se séparant en deux, d'un côté le tonneau qui dévala une côte pour se perdre entre deux épaves, de l'autre une jeune femme rousse. La bleutée cligna plusieurs fois des yeux, peu convaincue qu'elle n'avait pas rêvé cette étrange rencontre, mais la vision ne disparaissait toujours pas, tout comme les horribles effluves. L'autre ne bougeant plus, elle prit son courage entre ses mains pour se relever et s'approcha du corps, à l'affût d'un signe révélant une ruse. Ne trouvant rien, elle s'approcha encore plus près et tâta le derrière de la rousse du bout du pied, essayant de voir si elle pouvait la faire réagir.
Au même moment, Shéhérazade examinait déjà les formes meurtries de l'inconnue uniquement vêtue de bandage et d'un sous-vêtement un peu indécent. Légèrement horrifiée et surtout offensée par l'état déplorable des premiers soins prodigués, la sirène secoua sa tête bleue puis poussa un long soupir. Ramassant sa trousse de premier soin qu'elle avait échappé sous toutes ces émotions, elle diagnostiquait déjà sa patiente mentalement. D'une part, aucun médecin digne de ce nom ne pouvait laisser un être vivant en si mauvais état sans tenter de l'aider et de l'autre, la rousse était clairement une pirate d'un équipage qui n'avait personne pour veiller à leur santé, ce devait être là cette rencontre présagée par les oracles ! Ceci dit, elle ne pouvait en bonne conscience traiter une patiente dans un endroit aussi peu salubre qu'un cimetière de bateau et elle n'était pas certaine d'être assez forte pour traîner la jeune femme, elle semblait plutôt lourde à certain endroit stratégique de son anatomie... En plus, les gens auraient sans doute une idée plutôt tordue en la voyant traîner une nudiste comme ça à travers l'île...
Pas d'autre choix ! D'un mouvement gracieux, presque liquide, la belle Shéhérazade fit apparaître une seringue entre ses doigts fins et piqua sans hésitation la fesse gauche de la rousse, lui injectant une bonne dose de stimulant.
« Hop, hop, c'est pas une maison close, ni un hôtel ici ! »