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-C’est assez petit, ici, en fait. Je m’attendais à une ville champignon qui aurait explosé à force de se faire injecter des milliards de berries par des opportunistes de tous horizons, mais…
-D’après la fiche d’île, une grosse pirate est passé par ici et a causé… énormément de dommages, indiqua miss Haylor en regardant son guide de voyage. Ravages plutôt que dommages. D'un autre coté, d'après la fiche d'île, tout le monde adore rouler sur cet endroit. C'est encore pire que sur Innocent Island ou Whiskey Peak.
-Evidemment, grimaça Dogaku. PP faciles. Les journaux adorent retranscrire ce genre de machins. « Machin a tout cassé ici, il est dangereux ». Et comme ils jouent la course à qui aura la plus grosse…
-J’imagine tellement ça. « Regardez-moi, j’ai un logia et je suis du magma. Et je vais tout détruire ! ».
-Genre un peu complètement vous avec vos boules de feu ?
-Merci pour la comparaison.
-Mwarharharh, très vrai, ouais!

Aujourd’hui, Haylor et Dogaku se trouvaient au port des jumeaux. Sur l’équateur. De l’autre côté de ce qui était mondialement connu et réputé comme étant Reverse Mountain, un point de passage à vocation épique et dont la traversée faisait systématiquement l’objet d’un récit maintes fois répété, détaillé et amplifié à qui voulait l'entendre. Ils n’avaient pas vraiment vu pourquoi.

Ils avaient utilisé les services de la Translinéenne pour arriver ici. Peut-être que l’expérience des capitaines de la compagnie avait suffi à rendre le passage supportable. Ils n’avaient pas fait de mauvaise rencontre, non plus. Mais c’était peut-être l’heure fort matinale de leur traversée, aux alentours de cinq heures du matin, qui y était pour quelque chose. Pour sa part, Sigurd n’avait même pas eu le courage de s’extirper de son lit pour aller voir à quoi ressemblait le passage. Il s’était simplement recroquevillé sous sa couette, cherchant à en sceller les appels d'air pour conserver un maximum de chaleur dans son confort. Tout ça pour se rendormir quelques minutes plus tard, toujours dans l’ascension.

Pour sa part, Evangeline s’était levée avec l’intention de voir à quoi ressemblait la voie mortelle plébiscitée par des marins du monde entier. C’était un peu comme profiter de l’ascension d’un pic pour contempler un magnifique coucher de soleil en surplombant les nuages. Mais ça n’était certainement pas aussi simple que ça. La jeune femme n’avait pas le pied marin, même en ayant travaillé de longues années dans la marine militaire. Rester à l’extérieur lui avait été si désagréable et difficile qu’elle avait très vite fait le choix de rebrousser chemin jusqu’au refuge de sa cabine, pour s’écraser piteusement dans sa couche et serrer les dents en attendant que tout finisse.

Le pire pour elle avait très certainement été la descente, cela dit. Elle avait senti son ventre se soulever, s’était cramponnée à ses draps, et…

-Oh ? J’ai rien senti, perso. En fait, je rêvais que... euh... de quoi déjà? Zut, je voulais m'en souvenir en plus.
-Et je ne sais vraiment pas comment.

Elle ne le croyait pas vraiment… ou peut être que si. Mais elle restait sceptique. Ce seul passage avait suffi à anéantir son repos, c’était comme si toute sa nuit avait été horrible. Alors que son partenaire était frais comme un gardon, et avait apprécié la traversée au point de laisser un très généreux pourboire à l’équipage du navire qui les avait conduits jusqu’ici.

Et comme ce voyage ne leur avait rien couté, il n’avait pas hésité à avoir la main lourde.

Ils étaient montés à bord gratuitement. Ils n’avaient pas payé pour prendre la translinéenne jusqu’au port des jumeaux. C’avait été offert par la maison. Pour une raison très simple : on les avait conviés à venir jusqu’ici, et invités à rencontrer quelques personnalités du port des jumeaux, et de la cité qui souhaitait bourgeonner depuis ce noyau. Pour des raisons assez diverses. Certains voulaient parler affaires, d’autres obtenir quelques conseils. Et d’autres, plus étonnamment encore, juste leur faire visiter l’endroit. Et faire leur connaissance. L’invitation avait été surprenante, mais tant Sigurd qu’Evangeline y avaient répondu favorablement… une fois passé les longues premières hésitations. Ils ne s’étaient pas du tout attendus à ça. Ils avaient l’habitude d’être reconnus et appréciés, très certainement. Chez eux. Au sein du port de Norland, où ils disposaient d'une notoriété qui débordait dans d’autres provinces de Luvneel, surtout au sein des cercles de marchands. Mais qu'ils acceptaient très bien, tant elle leur semblait normale compte tenu d tout ce qu'ils avaient fait sur place.

Ils avaient décidé il y a un an et demi de s’installer dans la cité portuaire pour y monter leur affaire et venir vivre ici, au moins un temps. Au début, tout simplement pour essayer de se rendre utile à leur façon dans l’optique de l’Esprit de Nowel que Santa Klaus leur avait inspiré sur Panpeeter. Et avec ça, HSBC avait pris vie à partir de rien de moins que leurs efforts et leur temps. Et leur chance, sans aucun doute. Mais maintenant qu’ils étaient les seuls chevaliers de Nowel à donner signe de vie, ça n’avait plus grand sens.

Ils avaient tout de même fini par se prendre au jeu, et à devenir réellement amoureux de leur nouveau chez eux. Une question de climat, de mode de vie, de passif culturel et historique. Une atmosphère, tout un ensemble qui les avait conquis. Au delà de ça, Norland avait un potentiel qui avait déjà été très bien exploité par le passé, et ils trouvaient terriblement dommage que ça ne soit pas toujours le cas. Ils y étaient bien, et ils avaient gardé l’envie de faire quelque chose de bien. Alors, ils faisaient ce qu’ils pouvaient, à hauteur de leurs possibilités et même un peu au-delà, pour que les choses bougent dans la cité.

Et à force de, ils étaient parvenus à faire…

Absolument rien, probablement. Rien n’avait changé dans le grand ordre des choses. Un an s’était écoulé sans que le monde n’ait rien à en retenir.

Tout ce qu’ils avaient fait, c’était apporter des nuances. Rien à voir avec ce que d’autres pouvaient faire ailleurs en se contentant d’y passer, de faire quelques rencontres, quelques actes, et de reprendre leur chemin. Selon le journal du monde, du moins.

Pourtant, à force de poser de petites pierres pendant un an, ils avaient tout de même réussi à faire quelque chose d'imperceptible à grande échelle, mais qui avait beaucoup compté pour eux. Et pour l'ensemble des habitants de leur cité, sans aucun doute.

Tout ça expliquait pourquoi ils étaient devenus des incontournables d’un niveau rarement égalé au sein de leur nouvelle terre d’accueil.

Et cela expliquait également pourquoi ils avaient intéressé les commerçants du port des jumeaux. Qui était un port au potentiel d’expansion aussi vaste que celui de Norland, si ce n’est plus. Reverse avait l’avantage d’être le point de passage quasi obligatoire des quatre mers bleues vers les cinq voies de l’équateur. Pour la communauté marchande et maritime qui habitait ici, c’était bien sûr ce sur quoi tout était basé.

Contrairement à chez eux, pourtant, le port des jumeaux n’avait rien sur quoi s’appuyer. Pas de royaume, de territoire, et de ressources autres que sa localisation à exploiter. Luvneel, au contraire, était un royaume de premier plan, et si sa situation actuelle n’était plus qu’un vestige de sa splendeur d’antan, l’ensemble des habitants de Norland s’échinaient à montrer qu’ils pouvaient remonter la pente. C’était leur ambition. Un grand mouvement dans lequel Haylor et Dogaku étaient des acteurs moins discrets que d’autres, tout simplement.

Tellement moins discrets que c’étaient vers eux que certaines figures de la guilde des jumeaux s’étaient tournées.

Ce qu’ils arrivaient à faire sur le port de Norland…

… certaines personnes avaient l’espoir de le reproduire ici.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Dim 17 Avr - 18:02, édité 3 fois
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-Le truc, c’est que la guilde des marchands a été fondée par…
-Marc Trans. La tête de la translinéenne, originaire de Reverse Mountain. Il a trente ans. Il a lancé les bases de son négoce en 1612.
-Il avait quatorze ans ?, s’étonna Dogaku.
-Il semblerait bien que oui, lui sourit sa partenaire.

La miss s’en amusa beaucoup. Sigurd avait l’air très étonné, et à juste titre : ce qui leur arrivait à eux lui semblait déjà fou. En l’espace d’une année, ils étaient devenus ridiculement riches, en ses propres termes. Tout s’était fait progressivement, par simples à coups qu’il avait longuement observés en soufflant dessus, toujours dans l’espoir d’accélérer au moins un peu les choses. Ca lui avait semblé prendre une éternité, mais en se rendant compte du chemin parcouru, il constatait que la progression était énorme. Mais avec ce qui se disait sur Marc Trans et son affaire, il se sentait maintenant insignifiant. Minable. Comme s’il n’avait rien fait du tout. Rien du tout à côté de tout ça.

-Allons, allons. Arrêtez de faire cette tête, vous me faîtes de la peine, finit-elle par exploser de rire en s’approchant pour le cajoler.
-Heureusement qu’il est plus vieux que nous, sinon ç’aurait fait encore plus mal.
-Il a commencé beaucoup plus jeune, visiblement.
-C’est justement ça qui me troue le cul, se lamenta Sigurd.
-Et qu’est-ce que ça vous change ? Ca ne vous concerne pas.

Il resta silencieux. Bien sûr que non, ça ne le concernait pas, mais… pour une fois dans sa vie qu’il était vraiment fier d’avoir accompli quelque chose, et quelque chose d’énorme… voir quelqu’un faire bien mieux et bien plus tôt en partant de moins avait quelque chose de rabaissant. Et déprimant. Norland était bien plus importante que le port des jumeaux, mais la Translinéenne était plus monstrueuse que tout ce qu’on pouvait trouver à Luvneel.

-Je trouve que c’est plutôt bon signe, se réjouit étrangement l’autre.
-Eeeeeh ?
-Vous êtes mauvais, oui. Vous n’avez rien fait de bien. Jamais. Alors ne vous reposez pas sur vos lauriers en ayant l’impression que tout est fini, et que plus rien n’est à faire.
-Eh. Toujours à me mettre des baffes plutôt que des paroles réconfortantes, hein ?
-Parce que vous avez la tête dure… comme une noix de coco.
-… ?
-Vous connaissez l’expression « récolter le fruit de ses efforts », non ?
-Ouais ?
-Pour vous, il faut secouer le cocotier pour faire tomber les fruits. Et je me charge de ça.
-Pffff.
-Et que c’est la raison pour laquelle nous accrochons si bien.
-« Je passe mon temps à vous secouer ». Merci Maman. Gnagnagna gna gna.

Evangeline resta silencieuse tandis qu’il se dégageait doucement. Il avait visiblement mal pris les remarques, cette fois. Petit problème d’égo, visiblement.

Et plus il en apprenait sur ce Marc Trans, plus il sentait son moral s’emplir de mines. Pour le moment, personne sur le port des jumeaux ne s’était démarqué en tant qu’individu notable, malgré l’ancienneté de la guilde locale. Et ce pour deux raisons, selon lui. De une, parce que l’endroit était encore trop négligeable pour que l’on s’y intéresse. De deux, parce que le magnat de la translinéenne accaparait toute l’attention, et peut être bien toute l’influence locale. Ca n’était pas du tout une situation comparable à ce qu’il se passait sur Luvneel.

-Tout est parti de la guilde des jumeaux, fondée par Marc Trans. Tout ce qu’il y a ici est donc parti de la translinéenne.
-Il y avait quoi, avant ? Sa bio a l’air de dire qu’il est « originaire de Reverse Mountain ». Je croyais que y’avait juste un phare et… euh… et puis c’est tout ?
-Sûrement un village, ou un hameau… ou quelque chose comme ça, répondit-elle. Les gens ont le chic pour s’installer dans les endroits où il n’y a rien. Surtout sur l’équateur.
-N…
-« Normal, il n’y a rien nulle part ».
-Arrêtez de lire dans mes pensées, rhoooo.
-Mais c’est plus fort que moi. Maintenant que nous sommes sur l’équateur… sur Grandline, comme ils disent tous… j’ai maintenant le haki, et je peux lire dans vos pensées. Qu'est-ce que vous en dîtes?

Une nouvelle fois, Sigurd se renfrogna. Il ne savait pas quelle mouche venait de la piquer, mais Evangeline était anormalement… joviale… depuis qu’ils étaient là. Peut-être tout simplement le plaisir d’être revenue sur la terre ferme, après le passage de la montagne qui l’avait sérieusement affectée. Une fois le navire arrivé à quai, ils avaient simplement fini leur nuit pendant de longues heures avant de débarquer avec leurs affaires dans la matinée. Première étape : l’hôtel qu’on leur avait réservé. Un endroit qui n’avait guère l’habitude de voir arriver des individus aussi fortunés et prêts à disposer de leur argent de cette manière. Ou accompagnés d’un tel cortège d’accompagnateurs.

Ils n’étaient pas venus seuls. Les autorités de la cité de Norland avaient décidé qu’ils étaient d’une très grande importance pour la ville, et peut être même pour le pays. Aussi avaient-ils décidé de leur fournir une petite escorte, réduite mais de qualité, pour ce séjour sur l’équateur. Perdre des atouts de ce calibre aurait été terrible, surtout au stade où ils en étaient.

Et à l’inverse, les voir voyager sur Grandline avait quelque chose d’à la fois intriguant, d’intéressant, et d’inquiétant. La dernière chose dont on avait envie, maintenant, c’était qu’ils partent s’installer ailleurs, pour ne jamais revenir. Ils étaient très utiles. Ils avaient un effet réel sur la vie du port, tant dans les grands évènements qu’au quotidien. Et ils payaient de très juteux impôts en plus de ça.

D’un autre côté, s’ils gardaient leur opportunisme habituel et qu’ils se faisaient de bons contacts dans leur voyage… beaucoup de bonnes choses pourraient en découler. Reverse, ça n’était pas n’importe quoi. C’était un emplacement rempli de possibilités. Pour peu qu’on ne s’y fasse pas tuer stupidement. Ce qui était l’une des premières priorités de leur escorte.

-La voie a l’air libre, indiqua le responsable de leur sécurité. Mais restez sur vos gardes, nous ne connaissons ni l’endroit, ni ses habitants.


Il se nommait Werner de Bernhardt, et était chevalier de la couronne de Luvneel. La communauté de Norland, son administration avait réussi à motiver le maire pour qu’il parvienne à convaincre la couronne de dépêcher un chevalier en plus des miliciens qui les accompagnaient.

C’était un solide gaillard, la trentaine entamée, parfaitement rompu aux arts de la guerre et du combat, et habitué à prendre part à des missions plus spécifiques qu’un simple combat. Pour les missions de protection telles que celle-ci, il avait davantage l’habitude d’accompagner des membres de la noblesse, ou des dignitaires du royaume ; c’était d’ailleurs la première fois depuis longtemps qu’un roturier, aussi riche soit-il, bénéficiait de pareille mesure en sa faveur. En général, ils avaient droit à la surveillance de la milice, doublée de gardes privés qu’ils pouvaient s’offrir à loisir.

Mais Werner n’avait aucun problème avec le statut de ses protégés. Il avait longuement entendu parler d’eux, en plus d’avoir eu  le temps de faire, au moins suffisamment, leur connaissance au cours de cette traversée. Et même s’il n’avait pas encore pu constater de ses yeux les qualités qu’on leur prêtait, il pouvait comprendre qu’on se soit beaucoup attaché à eux.

-Boah, à priori c’est pas vraiment Armada ici, donc devrait pas y avoir de pirates ou de tueurs à tout bout de champ. Non ?, lui demanda Sigurd.
-Je sais que les forces de l’ordre ici sont des mercenaires employés par la guilde et des chasseurs de primes. Ca devrait être bien assez efficace pour maintenir tout le monde au calme. Les chances d’avoir un incident sont faibles. Mais quand un incident se produit, c’est 100%, appuya Werner d’un air entendu.
-Je comprends bien. Aucun souci !, lui sourit jovialement l’autre.
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Une heure s’était écoulée depuis que la petite bande de Luvneel s’était installée dans le Ferignac, qui était vraisemblablement ce qui se faisait de mieux comme hébergement grand standing dans le secteur. Encore que…

-Est-ce que la présentation est à votre goût ?
-C’est nickel, j’adore !, répondit Dogaku. Encore que… avec moins de dorures, ça aurait été chouette. Je trouve que vous en avez fait… beaucoup, beaucoup trop. Par contre, les fauteuils sont superbes. Et le chef cuisinier est un monstre ! Dans le bon sens, j’veux dire. J’m’attendais pas à ce qu’un gars spécialisé dans le hamburger puisse… hahaha, énorme.
-J’aime beaucoup les jeux de lumières que vous avez fait ici, oui. Mais… Il a raison pour les dorures. Si vous pouviez remplacer ça par… quelque chose de plus sobre ? De beau vases, ou encore… mon partenaire a un faible pour les belles boiseries, par exemple.
-Aucun problème, mademoiselle, monsieur. Nous ferons tout le nécessaire pour que tout soit arrangé d’ici demain.
-Merci beaucoup.
-Si je peux me permettre, d’ailleurs… peut être voudrez-vous voir notre collection plus tard dans la journée ? Avant que nous ne réaménagions l’ensemble…
-Ouais, ça peut être chouette. Avec plaisir !

Comme beaucoup d’autres avant eux, les marchands de Luvneel avaient fait réaménager l’endroit selon leurs goûts, et à leur frais. C’était en grande partie ce qui faisait le fort du Ferignac, et le différenciait des autres établissements au point de lui permettre d’attirer l’attention de la majorité des riches voyageurs de passage sur le port des jumeaux. Le couple de propriétaires était de très grands amateurs de belles oeuvres, qui avaient longuement travaillé dans le marché de l’art avant de finalement décider d’ouvrir leur établissement bien à eux. Leur collection, leurs connaissances, leur empathie et leur sensibilité leur permettait de garantir à qui pouvait en payer le prix un séjour de rêve dans un endroit entièrement fait pour eux. En seulement quelques heures, ils parvenaient à en savoir davantage sur les goûts décoratifs de leurs clients que ces clients eux-mêmes : il leur suffisait de s’entretenir avec eux et de les observer évoluer dans un salon.

Et quant au fait qu’ils se soient installés ici, au port des jumeaux… eh bien, c’était un endroit qui drainait naturellement beaucoup d’individus fortunés, et ceux-ci étaient toujours amateurs d’escales. Le plus grand défi restait de remodeler intégralement l’endroit pour satisfaire leurs visiteurs du jour ; mais c’était également ce qui faisait tout le plaisir du jeu.

Et face à tant de richesses, même le chevalier de Bernhardt, qui avait déjà pu approcher certains des salons les plus splendides de Luvneel, se sentait mal à l’aise à l’idée d’avoir sa part.

-Vous êtes sûrs que ça ne vous dérange pas de…
-Ouaais, vous en faîtes pas. C’est déjà sympa à vous de nous accompagner jusqu’ici et d’accepter de faire votre boulot tout en respectant nos petites lubies, donc si on peut vous remercier en faisant un geste…

Werner avait fait le tour du manoir aménagé –car c’était bien de ça qu’il s’agissait- pour un premier repérage sécuritaire. Il avait eu l’occasion d’observer les chambres de ses protégés, ainsi que la sienne. Et il lui semblait bien n’avoir jamais dormi dans quelque chose d’aussi somptueux. Personne dans le groupe –une demi-douzaine de personnes- n’avait été lésé, de ce point de vue là.

-Mmmh. Je ne me permettrais pas d’insister, mais…
-Alors n’insistez pas et prenez le comme une forme de gratitude, lui indiqua paisiblement la jeune femme. Nous comptons sur vous pour ce séjour.
-Ce sera un honneur. Et un réel plaisir, je pense bien.
-Ca j’aime bien. Bon, c’est pas tout mais je me prendrais bien une douche, moi. Au programme, on mange un machin rapidement, et ensuite on rencontre deux de nos hôtes. Un certain Dagenert, et…
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-Alors, que pensez-vous de reverse, jusque-là?
-La réputation de l’endroit ne lui fait absolument pas justice, répondit le Nowel. Honnêtement, tout le monde dit gnagnagna Reverse passage dangereux ennuyeux y a rien… mais j’adore votre ville. Les machins sur pilotis ont toujours eu un charme particulier, et alors votre port… je savais que la translinéenne, c’était une usine à gaz à la zaunienne, mais voir ce que ça donne en vrai… ça envoie du lourd, carrément !
-Oh. Vous n’avez pas ça, sur Luvneel ?
-On a plus de navires de commerce, ouais. Et c’est plus… étalé, moins condensé, vu qu’on a de la place. Des gros transporteurs, des galions. Mais pour ce qui est le fret de personnes… vu que vous avez le monopole de toute l’équateur et que c’est le point zéro… ça donne quelque chose d’autre, forcément.

Pour ce premier tour guidé de l’endroit, leur interlocuteur principal avait choisi d’emprunter un de ses navires privés pour utiliser à bon escient l’un des nombreux canaux qui irriguaient la ville. De quoi émerveiller ses invités, qui reconnaissaient aisément les efforts qu’il avait fallu fournir pour dresser un tel endroit au beau milieu de nulle part ; Reverse n’était qu’un tas de roches et de caillasses abruptes, dénuées de toute ressource. Y établir un port et sa ville au beau milieu du néant avait couté bien plus sur beaucoup plus de temps qu’ils n’arrivaient à concevoir. Le résultat en devenait d’autant plus saisissant qu’il n’avait pas grand-chose à envier à beaucoup d’autres villes qu’ils avaient déjà vu. C’était plus petit, c’était certainement moins pratique, mais c’était très charmant.

Alastor Dagenert était content de sa petite visite de Reverse. Le haut cadre de la translinéenne voyait bien sur les yeux de ses deux invités qu’ils étaient avec lui. Attentifs, intéressés, et contents d’être là.


Ils venaient tout juste de voir les énormes quais de la translinéenne, une vision presque effrayante compte tenue des limitations complètement surpassées de l’endroit. Ainsi que le cœur de la ville, et une grande partie de ses principaux bâtiments. La seule institution qui faisait foi ici était la guilde des jumeaux, dont ils avaient vu le cœur administratif il y a une demi-heure. La guilde avait même établi un tribunal de justice, dont les modalités n’étaient pas très bien établies, mais qui semblait faire son office sans que son application soit vraiment discutable. Maintenant, ils s’éloignaient un petit peu de la ville, non pas pour voguer vers le large, mais pour prendre du recul et avoir une vue d’ensemble sur Reverse.

-Je me demande, continua miss Haylor en mettant des questions sur leur contemplation. Quand est-ce que cette ville a été créée, exactement ? Comment avez-vous fait ?

Et tout ça avec toujours, en arrière-plan, le gigantesque et absurde toboggan aquatique de Reverse. Ils ne savaient pas encore quel coté de la montagne était le plus anormal, et encore moins pourquoi les gens d’ici –et même du monde entier, en fait- semblaient s’y être complètement habitués. Comme si c’était normal.

-Oh, vous savez… je ne suis pas là depuis longtemps. Mais trente ans plus tôt, il n’y avait qu’un village, sans la moindre importance. Ils ne pouvaient rien faire, et encore moins avec les successions d’équipages de pirates qui passent quotidiennement. La marine ne s’est jamais donnée la peine de s’établir ici… précisément parce qu’il n’y avait rien. Et puis, quand on voit ce qu’a donné le projet Nasse…
-Tout ça jusqu’au jour où… de l’initiative privée… a décidé de donner les moyens à l’endroit de devenir comme ça ?
-Il a fallu beaucoup de monde. L’un des principaux instigateurs du mouvement était Trans, mais… lui ne disposait de rien à l’époque. Il a su monter son projet, et convaincre de nombreux marchands de se joindre à lui.
-Et comment il a fait ça ?, demanda le jeune homme.
-Uh ?

Alastor le regarda étrangement. Comme s’il n’avait pas compris la question. Dogaku s’expliqua.

-Oh, nan. Je trouve ça épatant, s’tout. C’est vraiment… un machin monstrueux, votre ville. Je sais pas si ça marche, remarque. Ca se trouve, c’est un énorme gâchis. Enfin, non, y’a la translinéenne, et c’est déjà énorme. Mais bâtir quelque chose par-dessus… les gens préfèrent largement enchaîner les envolées lyriques sur le toboggan aquatique plutôt que de se poser ici, quoi. Ca se trouve, ils ne savent même pas qu’il y a ça. Pourtant quand on descend de ce truc, on peut pas vous rater.
-Euhm… oui. C’est la difficulté. Et c’est pourquoi nous pensons nous tourner vers l’extérieur pour… trouver quelques rajouts. Reverse s’est toujours développée par apports extérieurs, et ça ne changera pas.
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-Je vous sers quelque chose ?
-Whisky ?
-Bien sûr. Une préférence ?

Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis leur promenade sur la barge de leur hôte. Ils s’étaient séparés au terme de la visite, pile à l’heure pour que les partenaires de Luvneel s’en retournent à leur hôtel attitré ; se reposer un peu de leur voyage, se restaurer, et faire le point sur leur situation. Profiter de l’instant, aussi. Et profiter l'un de l'autre.

Et maintenant, en plein après-midi, les affaires reprenaient. Ils étaient deux à être confortablement installés dans un petit salon aménagé au sein du cœur administratif de la guilde des jumeaux ; un ancien bureau abandonné que l’on mettait à la disposition des prestataires de passage. Le bâtiment était situé juste en face du forum principal de l’île, une grande succession de comptoirs marchands où nombre de grossistes et de professionnels enchainaient les promesses de ventes et les négociations. C’était un bâtiment construit sur les bases de la seconde halle marchande du port ; un endroit qui avait beaucoup trop souffert au cours d’une attaque pirate précédente, et qui avait depuis été réaménagé par la guilde pour ses besoins.

Dans ce salon, on retrouvait Haylor et Dagenert, contemplant l’activité du forum au travers d’une vitre qui surplombait le quotidien de la ville.

Ces marchands avaient du cran, et énormément de moyens. Malheureusement pour eux, l’activité n’était pas à la hauteur des efforts investis dans leurs affaires et dans la ville. Et plus elle en apprenait sur l’endroit, plus la chose lui semblait condamnée à rester en l’état.

Rien que la salle dans laquelle elle se trouvait lui montrait l’écart qui distançait sa ville de Reverse. Au goût de la jeune femme, ce n’était pas aussi confortable ou prestigieux que l’hôtel de ville de la cité de Norland, où les deux HSBC avaient maintenant l’habitude de s’entretenir avec les officiels du port. Là-bas, tout n’était que mobilier ancien aux lettres de noblesse avérées ; l’héritage culturel du Luvneel qu’ils aimaient y était discernable. Ici, au contraire, pas de boiserie raffinée ou de meuble vieille époque conservé au travers des siècles. Tout était fonctionnel, de qualité et de bon goût ; on se sentait sans aucun doute possible dans le quartier général d’une guilde de marchands disposant de moyens monstrueux. Mais il manquait à l’ensemble le cachet qui les avait retenus chez eux.

Après, c’était aussi une question de préférence. Et miss Haylor goûtait de plus en plus au luxe assumé, tant qu’il ne versait pas dans la débauche d’ostentatoire.

Et malgré cela, on comptait sur eux pour qu’ils participent à l’épanouissement du port. On allait même les payer pour ça. Et ils avaient accepté l’offre. Plusieurs pistes se présentaient à eux. Ils pouvaient, eux aussi, investir directement sur place. Leur flotte de navires marchands pouvait très bien se mettre à la disposition des négociants de Reverse. Pas pour se lancer sur les voies de l’équateur, car il s’agissait là d’un pari risqué et même stupide qu’ils ne comptaient pas prendre. Avec les conditions de navigation de ces voies, ç’aurait été tout aussi simple de condamner leurs navires et leurs hommes à disparaître sans espoir de retour. Ils avaient d’autres moyens beaucoup plus amusants de brûler leur argent.

Par contre, il leur était tout à fait possible d’aider à faire le lien entre Luvneel, North Blue, ou d’autres îles qui pouvaient en valoir la peine. Nombre de marchands disposaient de leurs propres flottes pour ça, et d’autres louaient leurs navires à qui pouvait bien en avoir besoin ; Haylor et Dogaku faisaient eux-mêmes partie de la seconde catégorie. Et quand on cherchait à développer la notoriété et l’importance d’une plateforme commerciale, tous les flux étaient bons à capter. C’était du moins ce qu’ils essayaient d’appliquer sur Luvneel, et la raison même de leur entrée dans l’armement naval.

-Savez-vous si Sigurd va nous rejoindre ?
-Probablement pas, non. Il va en avoir pour longtemps. Il est d’un genre assez curieux, et comme il connait très bien son sujet… il va creuser dans les détails.
-Bon. Eh bien, si vous avez besoin de mon aide…

Sigurd était parti en pleine visite de ce qui faisait office de chantier naval sur le port de Reverse. Et qui n’était en aucun cas digne d’être qualifié de chantier naval. La grande question, c’était comment faisait la translinéenne pour armer et entretenir sa flotte sans infrastructure centrale dédiée à cela. Et c’était précisément pour le comprendre que Dogaku était allé directement sur le terrain, pour s’entretenir avec une foultitude de personnages aussi divers que les gestionnaires et les charpentiers en charge de l’affaire.

Ils ne feraient pourtant que préparer le terrain. Evaluer les possibilités. La suite serait prise en charge par HSBC, pour peu qu’ils décident de lancer quelque chose. Et qu’on les y autorise. Leur invitation était une initiative personnelle de Dagenert, et ne disposait pas de l’appui de quiconque d’autre ici. Ils avaient toutefois excellente réputation dans le milieu, et ils venaient de Luvneel. De la cité de Norland. Et ils avaient une ribambelle de contacts très bien portants qui pouvaient devenir les vecteurs d’un excellent partenariat pour les deux ports. Pour peu que l’échange soit mutuellement profitable. Et le port de Reverse ne tenait pour le moment que par une seule chose, la translinéenne par laquelle tout avait été construit. D’où leur curiosité sur le sujet.

-Pour tous vos approvisionnements… je suis certaine que Magdar et Ikea feraient l’affaire. Ils sont ce qu’il y a de mieux sur Luvneel et les alentours, tout particulièrement pour vos fournitures navales. Vaxholm est d’un naturel aventureux, et il connait très bien Grandline. Il viendra certainement avec plaisir si vous l’y invitez aussi. Concernant Magdar… Valerian Loupiote sera difficile à convaincre sans arguments solides et données financières pour étayer une argumentation. Il va falloir des chiffres. Toute sa confiance ne pourra pas suffire.
-Et vous-même ?
-Mmh ?
-Que pensez-vous de Reverse ? Tenteriez-vous l’affaire ?

Haylor ne répondit pas de suite. L’hésitation la prit. Si elle n’y croyait pas, elle ne serait pas venue… du moins, c’était ce qu’elle pensait répondre. Mais elle aurait bien sûr fait le chemin quand même. Simple goût du voyage, et de la curiosité. Sigurd l’entraînait partout derrière elle. Et pourtant…

-Des lignes marchandes supplémentaires entre Reverse et North. Je pense personnellement que c’est un projet qui peut rapporter beaucoup plus qu’il ne peut nous faire perdre. Que ça en vaut la peine. Que c’est une bonne idée.
-Hahaha. Vous n’avez donc pas peur que vos navires soient pillés par les hordes de pirates ou de révolutionnaires qui traversent quotidiennement la Flaque ou Reverse pour trouver les richesses du nouveau monde ?
-…
-Ou encore que notre port voire toute notre ville se fasse anéantir par des pirates en quête de gloire et de prime élevée ? Ce serait la fin de tout si c’était le cas.
-C’est… une possibilité. Mais si ça venait à arriver… je pense que…
-… oui ?
-Eh bien... vous n’avez pas peur de vivre ici ? Si quoi que ce soit arrivait, les premiers concernés ne seraient certainement pas moi ou mon compte en banque. Mais les personnes présentes sur place. Vous. Tout le reste des habitants. Ou même les gens que j’enverrais travailler ici. Alors, en relativisant… non, je ne m’inquiète pas trop pour un investissement raté. Plutôt pour des vies perdues. Les vies perdues passent plus difficilement.
-Et pourtant, vous êtes chasseuse de primes. Vous n’habitez peut être pas dans un endroit dangereux, mais vous allez spontanément chercher le danger. Avec de l’argent comme carotte.
-Je ne suis pas sûre que ce soit la même chose.
-Peut-être pas pour d’autres. Mais pour moi, c’est plutôt ça. J’ai très longtemps été chasseur de primes, aussi. Et j’ai encore ma carte, en fait. Je chasse parfois à l’occasion… quand ça en vaut la peine… ou que c’est juste insupportable de laisser certaines… personnes… circuler. Et donc, je n’ai plus vraiment peur que quelque chose arrive, non. Les gens qui vivent la peur au ventre ne restent pas ici, tout simplement. Ils ont beau dire que Reverse, ça ne compte pas comme Grandline mais seulement comme une bleue, il se passe beaucoup plus de choses dangereuses ici qu’ailleurs. Je ne cherche pas franchement le danger, mais on peut dire que… je trouve très bien mon compte ici. Il se passe beaucoup de choses dans ce port quand on s’y intéresse. Je vous invite très sincèrement à profiter de votre séjour ici… et à rester très attentive.

Et comme pour illustrer ses propos, Dagenert désigna trois grands groupes d’individus –des pirates, qui ne s’en cachaient même pas- qui déambulaient chacun leur sens dans le forum et ses avenues. Ils n’appartenaient même pas au même groupe ; c’était tout simplement naturel pour eux de ne pas se sentir inquiétés dans un environnement où la marine n’avait pas prise. Et encore moins dans une ville dénuée d’institution étatique, où seuls des « marchands » qu’il était très facile de médire s’organisaient de leur mieux.

-Si vous voulez de l’action, il suffit d’aller la chercher. Mais ce n’est qu’une… possibilité. Si on ne les embête pas, ils ne nous embêteront vraisemblablement pas. Je pense qu’un pirate en quête de gloire s’amuserait à détruire d’autres endroits que celui-ci s’il avait le choix. Nous sommes extrêmement mal placés, et c’est ce qui fait à la fois notre force… et notre faiblesse. Mais vous l’avez sûrement déjà compris.
-Tant qu’aucun évènement d’envergure n’aura lieu ici… et comme la majorité des pirates sont trop pressés pour s’arrêter sur Reverse… c’est une forme de protection. Pas infaillible, et encore moins avec la fréquence des passages. Vous ne pouvez qu’espérer que personne ne s’intéressera à vous.
-Et pour que ça soit le cas, il faut ne pas attirer l’attention. On a vu ce qui se passait quand on le faisait. Quand la marine le faisait, plutôt. Le projet Nasse, tout le monde y pense beaucoup, ici. Et c’est aussi pour ça qu’on ne veut pas de base de la marine sur Reverse. Le jour où ils voudront s’installer là…
-Une fiche d’officier sera établie, et ce sera une cible à abattre pour beaucoup de pirates. Qui auront une raison de venir et causer du dommage.
-Contradictoire mais… cohérent. Alors que pour le moment, ils s’amusent beaucoup plus à frauder à bord d’un navire translinéenne. Entre un ticket non payé et une rixe de ville évitée, je crois qu’on gagne au change.
-Hihihihihi… mais c’est vraiment idiot. Dans ce cas, êtes-vous donc sûr d’avoir envie de vous développer ?
-Tout est une question de… nuances, j’imagine.
-Hihihi. Je vois très bien.

Tout au long de leur échange, trois assistants de Dagenert s’étaient relayés pour leur apporter une pile impressionnante de documents divers. Des recueils de comptes, des classeurs en tous genres, des éléments de gestion, des contrats, des rapports, des comptes rendus de réunion, des listes à n’en plus finir… tout l’historique du port de Reverse au cours des dix dernières années allait être mis à la disposition d’Evangeline et de ses subordonnés. Pour peu qu’elle décide de les faire venir. Ce qui était vraisemblablement le cas, se réjouissait déjà Alastor.

-Sigurd se chargera de voir si des marchands seraient prêts à tenter le partenariat, précisa-t-elle enfin. J’imagine que vous avez déjà des noms d’intéressés ?
-Une bonne dizaine… et pas des moindres.
-Ca devrait être facile, alors.
-Je les lui présenterais en temps voulu. Mais chaque chose à la fois. Je vais vous laisser consulter nos dossiers, et si vous avez la moindre question… vous savez où se trouve mon bureau.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Dim 1 Mai - 8:03, édité 1 fois
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-Alors, votre avis sur la question ?
-Je ne… mmmh.

Le chevalier de Bernhardt ne s’attendait pas à ce que Sigurd lui demande de s’exprimer sur le sujet. Et pourtant, recueillir les avis de tout le monde faisait partie des petites manies que Dogaku avait quand il prenait le temps de murir sa réflexion. Parfois, les gens avaient de bonnes idées. Souvent, ils pensaient à des choses qui ne lui seraient jamais venues à l’esprit. C’était aussi un bon moyen de connaître les personnages, peut-être même de les comprendre. Et puis, c’était tout simplement une occasion facile de discuter. Tout ça pour peu de temps.

-Je trouve ces hommes impressionnants, conclu le chevalier. Ca ou totalement fous. Monter une affaire ici est un peu comme… entamer l’ascension d’une falaise à pic sans équipement. Ils perdront tout si quelque chose de grave survient.
-A moins de prendre leurs précautions et de mettre de l’argent de coté au fur et à mesure.
-Un homme qui perd sa vie ne peut pas la racheter avec tout l’or du monde.
-Oh. Oui, c’est sûr que vu comme ça…
-Et pour que leur projet prenne tout son sens, ils ne doivent pas mettre de l’argent de coté. Ils le réinvestissent immédiatement sur place. Sans ça, ils resteraient au même point.
-Ow. Correct aussi.
-Mais leur mémoire sera sans aucun doute digne d’être… commentée, au minimum. Certains l’honoreraient. L’audace de l’entreprise. Ou la cupidité des marchands. Le monde n’est jamais bienveillant envers ses morts.
-…

Les deux hommes avaient multipliés les rencontres tout au long de la journée, et rencontré plus de têtes qu’ils n’avaient de doigts pour compter tous ces noms. Qu’à cela ne tienne : Sigurd disposait désormais d’un carnet de contacts qui pouvait potentiellement apporter des affaires à une large frange du port de Norland. Pour peu qu’il parvienne à convaincre chacune de parties de se lancer dans la chose. D’un coté, les marchands de Reverse. Toujours à la recherche de bras et de matériaux pour construire, de navires pour assurer la logistique de leur négoce, et de partenaire à qui vendre ou acheter ces biens. La translinéenne était un canal de fret, mais avait ses limites de volume. A fortiori quand elle se spécialisait davantage dans le transport de personnes. De l’autre, les entrepreneurs de Luvneel. Des armateurs, des commerçants, des industriels qui couvraient tous ensemble de très nombreux domaines. Sigurd était des leurs, et avait leur confiance.

Il y avait moyen de faire quelque chose, et quelque chose de gros. Qui profiterait au développement des deux ports. Et à lui seul, Dogaku ne pourrait jamais absorber toute la part de Luvneel. Ce qui ne l’intéressait pas de toute manière. C’était d’ailleurs pour ça qu’il venait plus en guise de prospecteur –en guise d’ambassadeur officieux- qu’en son nom propre.

Servir d’intermédiaire, c’était très bien pour lui. Mais pour ce faire, il lui fallait avoir une excellente connaissance de l’endroit. En d’autres termes…

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-J’aime beaucoup les petits dessins de tête de mort. Ca veut dire trou à méchants pirates, j’imagine ?
-C’est quelque chose comme ça.
-Et donc, la translinéenne dessert pas partout, mais juste certaines îles. Et c‘est bloqué plus loin. Y’a des raisons à ça ?

Maintenant, Sigurd était avec un autre cadre intermédiaire de la translinéenne. Il avait demandé à Dagenert de lui arranger un rendez-vous avec quelqu’un qui pourrait l’informer de ce qu’était vraiment Grandline ; pas de légendes, pas de réputation, pas d’enrobage de vérité, seulement de l’expérience pratique. Ou qui pourrait le renvoyer vers des personnes capables.

Et Dogaku était particulièrement affuté sur son sujet. Il voulait en savoir autant que possible.

-C’est un réseau encore en développement. Et puis… certaines îles posent des… difficultés. Une voie c’est comme une chaîne, s’il n’y a pas de maillon intermédiaire, on ne peut pas faire le lien.
-Mmngh. J’trouve ça assez décevant. Tout le monde dit GL atroçorrible, grand danger de pirates partout, mais… au final, y’a que deux têtes de mort sur la map ?
-Trois. Vous avez oublié Lynbrook.
-Ca fait trois-sur-cinq-fois-huit-quarante… plus les nombreux machins annexes qui se promènent un peu partout. Vous allez pas me faire croire que GL est dangereuse avec ça ?
-Vous lisez le journal, des fois ?
-« Le lieutenant Machin a tout cassé sur Truc en combattant le terrible Bidule pour l’empêcher de mettre à mal le gouvernement mondial. Gloire à Machin et au gouvernement mondial. Plus vingt pp et une promo’ pour eux deux, rien à carrer des pertes civiles infrastructures et autres. » On a la même chose sur North’, car oui je lis le journal et c’est rarement des trucs intelligents qui sont traités.
-Vous exagérez…
-Ouais, bon, okay. « Le grand méchant pirate Giruik a été aperçu en chemin pour l’île de bidule. Brrrr, tremblons ! ».
-…
-Je vous jure que le journal du monde écrit littéralement des trucs comme ça, des fois.
-…
-Mwarharh.
-Est-il possible seulement de tenir une discussion normale avec vous ?
-Seulement quand on me donne des arguments valables sur les sujets où je sais déjà ce que je pense, ou quand on m’apprend des tucs sur des sujets où je n’y connais pas assez pour ouvrir ma gueule.
-…
-Bref. Du coup ça me surprend que y’ait pas plus de poids rouges sur la map, j’imaginais plus un profil varicelle. Les points rouges, les boutons, vous voyez ?
-J’avais compris.

-Et puisque vous me parliez d’une conversation normale… j’vous propose de me parler des îles de l’équateur sur lesquelles y’a des machins marrant, ou qui pourraient nous intéresser. Ou qui intéresserait un ou plusieurs d’entre vous et qu’on pourrait se rendre utiles.
-Mmh. Ben ça dépend. Vous viseriez quelle île ?
-On nous a recommandé la une. Parait que y’a plus d’îles intéressantes dans notre domaine. On nous a beaucoup parlé de Wiskey Peak, aussi.
-Haha. Santagricole ?
-Ouaaais. Parait que y’a moyen de faire du bon.
-Totalement ! Ils ont pris très cher avec le passage de cet équipage pirate, mais comme on arrive à faire du bon avec des pots cassés…
-Je crois que vous voulez dire qu’on fait les meilleures soupes dans les vieux pots ?
-Oh, vous savez…

Pauvre, pauvre Dogaku. Il s’imaginait des étendues fertiles de vert mêlé de couleur chatoyantes, synonymes de vergés aussi prospères que leur réputation le présentait. Et jamais à cet instant il ne se serait douté qu’en réalité, Wiskey Peak était un pauvre petit coin de terre surchargé de collines pratiquement sphériques. En d’autres termes, un territoire déjà de petite taille où la surface cultivable était tout simplement risible, à moins d’apporter de grands changements à la topographie des lieux. Mais il ne prévoyait pas qu’HSBC se lance dans la terraformation ; en d’autres termes, ce qu’on lui présentait là n’était que la base d’une formidable déception.

-Bon, sinon y’a Little Garden… mais la translinéenne ne s’y arrêtera pas, ou juste pour voir s’il y a des gens. Il n’y a qu’une jungle, des dinosaures, et strictement rien d’autre là-dessus.
-Doit être marrant à voir, des dinos, tiens… mais si y’a rien à faire, ouais, on passe.

Et à nouveau, Sigurd fut épargné d’une information qui le ferait hurler de rage d’ici quelques jours. Que le log pose mettait un an à recharger sur l’île. Qu’il s’agissait d’un obstacle ridiculement contraignant à n’importe quel projet impliquant de naviguer sur cette voie, ce dont personne ne semblait se soucier. Personne à part lui.

-Drum, Alabsta, Water Seven… ce sont de bons royaumes, ça. Et Jaya est en train de se refaire.
-Mmmh. Entendu parler. Mais sur les autres voies, y’a quoi ? Alastor nous a dit qu’on devrait faire un tour sur Banaro, à la recherche d’un poneyglyphe qui y serait enterré et ferait l’objet d’une ruée vers l’or.
-Haha. Tellement de personnes sont déjà sur l’affaire. Pourquoi vous le trouveriez avant eux ?
-Mmmh. J’toujours été curieux des machins bizarres. Apparemment le poneyglyphe a des pouvoirs, ou brillerait… boah. Et Bulgemore ? Parait que c’est à voir aussi. Plein de… machines. Sûrement des trucs à récup’.
-Ah, si vous avez les dents longues, Bulgemore est à faire, oui. Mais l’île est difficile d’accès. Elle succède à Hungeria, qui est un royaume long-bras… qui sont des esclavagistes réputés. Qui détestent les humains. Ils ne font pas de nous des esclaves sur simple rencontre, mais… je vous déconseille d’essayer ça.
-Mmmngh… vive l’équateur.
-Et Bulgemore renvoie sur Boyn, qui est l’équivalent « plantes-carnivores » de Little Garden. Puis Kuraigna… qui est habitée par des humandrills qui n’aiment pas les humains.
-En fait la seconde voie c’est l’île des trucs pas humains ? Les longs bras, les singes, parait que Bulgemore contient beaucoup de cyborgs…
-Et il y a Kamabaka, l’île des Okama. Que des trucs pas humains, oui.
-Erf. Les deux autres îles valent pas le coup qu’on en parle, j’imagine ?
-Dans le genre.
-Bon. Voie suivante… j’avais regardé Union John qui semble juste être une mine… l’île des animaux qui est juste… une île avec des animaux… Clockwork Island qui s’est faite marraver la gueule et où les gens galèrent pour vivre… ç’a l’air la joie pour vivre… puis Dead End qu’a juste l’air d’une île à pirate et… un truc qui s’appelle juste l’ÏLE MALEFIQUE et qui donne tellement pas envie d’y aller… en fait c’est toute la voie qu’a l’air pourrave.
-Regardez plutôt la quatrième, peut-être ?
-Ben à moins que vous ayez de bonnes surprises à m’annoncer… euh… innocent qui est juste… une île avec des enfants… qui s’est fait roulée dessus par tellement d’équipages que c’est assez hilarant à lire dans l’historique récent… j’avoue que le royaume de l’absurde me parle pas trop, y’ amoyen de faire quelque chose… peut être. Vous connaissez ?
-Je suis plutôt spécialiste des deux premières, en vérité.
-C’a l’air d’être non.
-En effet.
-Ensuite y’a Astérion qu’est juste… une île à labyrinthe… puis citadelle la dictature… puis les allods qui sont juste… un obstacle à escalader… puis un truc au nom japonais qu’a l’air d’être une série de maisons de jeux… puis une base de la marine… puis… Tortuga… station balnéaire… avec des tortues de lave… whouhouuuu
-….
-Naaaan, je suis pas juste venu pour me plaindre, je suis venu pour qu’on me contredise sur tous mes à priori négatifs avec de l’information de première main. Vous auriez des gens que je pourrais rencontrer pour qu’ils me racontent, un peu ? J’me prendrais bien des séries d’entretiens avec certains de vos marins, si c’est pas trop demander. Y’a moyen ?
-Bien sûr. Je vais vous donner les coordonnées de plusieurs de nos capitaines.
-Si vous avez de bons marins qui sont moins occupés ça fera très bien l’affaire, hein.
-Mmh. Vous pourrez voir ça avec eux dans les jours qui viennent.
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Et quelques heures plus tard, toujours dans les locaux de la guilde des jumeaux…

-Au fait, Evangeline… je me demandais… est-ce que Lothar est là ?
-Il fait partie de l’escorte, oui.
-Non, je veux dire… là par ici.
-Mmmh. Je n’ai aucune idée d’où il peut être. Peut-être par ici, oui. Il est censé rester près de moi. Je suis venue avec, mais il devait attendre…
-Lothar ?, tenta Dagenert en s’adressant à nulle part.

Les deux attendirent en silence, levant la tête, tendant l’oreille, tout à l’affut d’une réponse. Mais rien. Visiblement, l’homme dont ils parlaient avait eu la délicatesse de ne pas espionner leur conversation. C’est du moins l’impression que donnait Dagenert.

-Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que…
-Il ne vous a jamais fait le coup ?, s’étonna le cadre de la translinéenne.
-C’est plutôt à… moi… d’être surprise du contraire. Non ?
-Mmmh. Vous vous rendrez vite compte. Il a une fâcheuse tendance à apparaître quand on n’en a pas envie… ou au contraire, aux moments opportuns.
-Je… vois.

Haylor attendit un moment, mais… il ne répondit pas. Cela faisait maintenant plusieurs heures qu’ils étaient ensemble, elle à éplucher ses documents, lui à vaquer à ses occupations tout en répondant aux listes de questions qu’elle lui apportait régulièrement.

-Hihihi. D’un autre coté…

Mais en cette fin de journée, maintenant que la majorité des personnes travaillant ici étaient parties et qu’ils avaient fini de traiter la majorité des points de la journée… il s’agissait du bon moment. Ils pouvaient discuter de ce qu’ils voulaient. Probablement, songea Haylor avant de reprendre.

-Ce n’est pas très surprenant, de la part d’un espion de la révolution. Non ?

Reprendre et mettre les pieds dans le plat. Dagenert avait l’air très gêné. D’un autre côté, il avait bien failli amener le sujet. C’était juste qu’il aurait préféré aborder le sujet en présence de Lothar.

-Alors, vous ne pensez pas, insista la jeune femme, visiblement très amusée.
-C’est… un sujet que je ne me sens pas trop à l’aise d’aborder seul à seul, pour être tout à fait honnête, s’amusa faussement le cadre de la translinéenne.
-Allons donc. Je vis sur Luvneel. Je sais très bien ce que c’est.

Lothar était un milicien de Norland. Un homme parmi les trois soldats dépêchés pour veiller sur leur sécurité, au même titre que Werner. Mais Werner était un chevalier de la couronne qui s’était greffé au trio, et correspondait à l’élite de leur petit groupe.

En apparence uniquement.

Haylor et Dogaku étaient diablement appréciés dans leur ville. A très juste titre, compte tenu de leur investissement dans le quotidien et les grands évènements de la cité. Cité dont une part non négligeable de la population, comme partout ailleurs dans le pays, sympathisait avec les idéaux et l’organisation des révolutionnaires d’Adam Freeman. Des révolutionnaires qui avaient fait un excellent travail d’intégration de leur logistique dans les populations du royaume ; un nombre significatif d’entre eux avaient même fini par se sentir plus Luvneelois que révolutionnaires. Un peu partout florissaient des enclaves révolutionnaires, qui avaient bien compris que le meilleur moyen d’être accepté à Luvneel était encore d’en faire intégralement partie. Et c’est ainsi qu’au fil des ans, nombre de gris avaient installés de véritables commerces dans les villes et les bourgs du pays, en plus de s’investir dans sa vie et ses institutions.

Et à côté de ça, avant même la commune, c’était une partie croissante des habitants de la cité qui ne voulait pas qu’il arrive quelque chose à leurs mascottes d’HSBC. Ceci peu importe leur affiliation. Les gris en faisaient aussi partie.

Ce n’était plus la révolution d’Adam Freeman. C’était les révolutionnaires de Luvneel, et tout particulièrement ceux du port, qui avaient décidé d’envoyer un agent avec les deux marchands pour s’assurer que rien ne leur arriverait de mal au cours de ce voyage. Un agent qui ne serait, aux yeux du monde, rien de plus qu’un simple milicien. Il s’agissait d’envoyer un symbole fort aux habitants de Luvneel, pas de porter préjudice à leurs mascottes en les affiliant révolutionnaires. Personne ne devait être au courant, idéalement.

Werner, Sigurd ne savaient rien de tout ça. Pour eux, Lothar n’était qu’un soldat à la personnalité assez réservée, au moins pour le moment.

Pour Haylor, par contre…

-Alors comme ça… vous êtes révolutionnaire, vous aussi ?
-Paaas… exactement. J’ai des amis révos, et… je leur rends quelques services. Dans le cadre de certaines affaires. Pour les aider à faire quelques bonnes actions.
-Je vois très bien le genre.

Elle n’avait pas la moindre intention de se joindre à leurs rangs ni même d’aider quelque bonne cause que ce soit pour leur compte. Contrairement à Sigurd, toutefois, elle se souvenait volontiers que leurs premiers contacts dans le tissu de Luvneel étaient essentiellement des révolutionnaires. L’autre avait très vite préféré éviter ces cercles, convaincu qu’ils n’étaient, ultimement, que des poids qui souhaitaient s’implanter dans le pays pour en tirer des ressources nécessaires à leurs actions. Ils avaient beau se rendre utile, apporter leur pierre au grand édifice qu’était Luvneel, et même les assister énormément en cas de force majeur, la finalité de leur action ne lui plaisait pas le moins du monde. Si le pays n’était qu’un grand gâteau sucré que les gris souhaitaient s’accaparer, il ne comptait pas rester sagement assis à les regarder faire en se contentant d’applaudir gentiment devant leurs grands discours. Luvneel n’avait rien à y gagner, et encore moins compte tenu des problèmes que cela pouvait leur attirer.

Les sympathisants de Freeman pouvaient mettre en avant la noblesse de leur cause, oui. Sigurd estimait pour sa part que plutôt que de sauver le monde, son énergie était bien mieux employée à s’occuper de son chez soi. Et que si tout le monde en faisait de même sur son terrain, le monde entier s’en porterait bien mieux.

Et c’était un discours séduisant et contagieux. Il était loin d’être le seul de cet avis sur Norland. L’état de la cité, prospère, florissante et toujours en développement constant, s’en ressentait clairement.

Il s‘agissait de Sigurd, toutefois. Evangeline, pour sa part, était nettement plus…

Mesurée.

-Quel genre de services, exactement ?
-Quelques réductions pour nos traversées, en quelque sorte. Notamment pour les tarifs de groupe, et les commandes de fret.
-Je croyais que la translinéenne ne faisait que du transport de personnes ?
-Les assurances coûtent excessivement cher, sur les voies de Grandline. Mais certaines personnes acceptent de prendre des risques. Tout dépend du… client.
-Hu hum.

Evangeline hésita un instant. Pousser davantage sur le thème de la révolution, ou… reporter tout ceci à plus tard. Peut être la seconde option. En compagnie de Lothar, oui. Alastor serait bien plus confiant.
-A ce propos… j’ai quelques bons amis et… beaucoup de connaissances qui nous ont incité… et qui m’ont, tout particulièrement moi, incitée… à essayer l’équateur. Votre avis sur le sujet ?
-Je vous y encourage vivement. Compte tenu de votre réputation, vous êtes déjà… étonnante. Et vous pourriez apprendre beaucoup au cours d’un voyage de ce genre. Nombre de personnes ne parviennent à exploiter leur plein potentiel que sur Grandline.
-Oui, je sais. Les récompenseurs sont particulièrement teigneux à ce sujet.
-Hein ?
-Hihihi. Façon de parler, s’excusa-t-elle en cachant son sourire de deux doigts sur ses lèvres.
-…
-Bon. Soit. Je vous propose que l’on s’en tienne à ça pour aujourd’hui. Je crois que le voyage m’a épuisée, et… j’ai besoin de repos. Nous reprendrons demain…

Elle marqua une petite pause. Sourit une fois de plus, en portant à nouveau une main devant ses lèvres.

-… en compagnie de Lothar.
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-Alors, verdict de la journée?
-Je meurs d'envie de prendre cette place...
-Mwarharharh. C'est bon signe, ça. Allez hop, venez là.

Un grand canapé de toile pervenche, judicieusement placé dans un coin du petit salon de détente. Assez large pour servir de lit à quelqu'un sans qu'il ne sacrifie à son confort ; Sigurd, à plat ventre avec quelques coussins, était capable d'en attester depuis un petit quart d'heure. Eva se laissa choir à côté, moitié sur son comparse, s'abandonnant complètement au matelas bienveillant. Entre le voyage et sa journée, elle était tellement lasse qu'un peu de réconfort serait tout à fait le bienvenu. Une seule envie : se prélasser.

-Faudrait qu'on se fasse un spa ou un machin du genre, un de ces jours. Paraît qu'il y a une île entièrement dédiée à ça... chais plus où sur l'équateur. Tortuga, tiens. Et y'a des tortues de lave dessus, aussi.
-Il y en a un excellent à Inu Town. Une cité de sources chaudes. Jorgensen ne m'en a dit que du bien. Des bains naturels, une source chaude, le tout aménagé façon antiquité...
-Ah, ouais. 'Ffectivement, pas besoin de traverser la planète pour atteindre un endroit gimmick quand on a déjà la même chose près de chez soi. Truc de dingue, j'ai l'impression que les trois quarts des îles de ce coin sont désertes ou peanuts à côté de la maison.
-Pas de grincherie aujourd'hui, par pitié. Venir ici, c'était votre idée.
-Mmmh? J'ai des idées comme ça, moi?
-Complètement, mentit-elle.

Car ce n'était pas ça. Dogaku avait tout simplement été intrigué par l'invitation de Dagenert et de ses comparses de Reverse. Intrigué et flatté, comme à chaque fois qu'on reconnaissait ouvertement ses mérites. Tout le travail qu'il faisait sur Norland portait ses fruits, il le voyait au quotidien. Qu'on s'en rende compte de loin et qu'on l'invite pour qu'il en fasse de même ailleurs était un vrai plaisir pour le Nowel. C'était de la réputation, de la reconnaissance ; une preuve externe qu'il ne faisait pas tout ça pour rien.

Dagenert n'aurait toutefois jamais émis l'invitation spontanément. Une nouvelle fois, c'était ses compagnons révolutionnaires, par l'intermédiaire de Lothar, qui lui avaient glissé la suggestion. La bonne réputation de Dogaku l'avait tout simplement aidé à sauter le pas. Et sa réponse très motivée avait achevé de conclure l'affaire.

Mais la personne qui avait laissé entendre aux révolutionnaires qu'ils envisageaient un voyage sur l'équateur, qu'ils étaient curieux de connaître le fonctionnement de la translinéenne, de comprendre comment traiter la navigation sur ces voies, et de peut lancer des affaires sur cette mer, c'était elle. À force de les côtoyer régulièrement, elle en apprenait beaucoup, et en suspectait encore bien plus. Elle ne s'essayait pas souvent à ce genre de rouages, toutefois. Mais la prise était très concluante.

-Vous avez bien fait de proposer qu'on vienne là, je pense. Il risque d'y avoir beaucoup de choses à faire. Et puis... je crois que j'aime bien ce port.
-Ouaais, c'est marrant par ici. J'ai quasi l'impression d'être en vac's. Avec glandouille en moins, manque de chance. C'est un peu comme à la maison, mais... peut être parce qu'on ne connaît rien, c'est rigolo de découvrir.
-Hu hum.
-Et en parlant de ça... ça vous dirait de vous promener, ce soir? J'ai l'impression que y'a pas mal de coins sympas à essayer.
-Mmmmh. Je pensais plus à une soirée tranquille. Juste ici. Tous les deux.
-Erf. Je peux proposer une petite balade nocturne dans la ville, sur les quais? C'est jamais le même genre d'ambiance, j'aime beaucoup quand c'est calme, juste les vagues, et...
-Demain. S'il vous plait. Je suis vraiment cassée.
-Rhooo. Mais comme dit le proverbe, "ce que j'ai pas fait hier, je le ferai pas aujourd'hui", et...
-Mmmh?
-Bon, okay, soirée à la maison, conclut-il en se blotissant contre elle. Mais dans ce cas, je veux que...

Peu importe. Ils étaient là pour un moment.
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