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Revanche nous voilà !

    L’île de Torino, c’est donc le lieu où s’est arrêté le navire d’Aldo. Pour être tout à fait franc, je ne comprends pas vraiment son intérêt sur cette île totalement sauvage, ça m’échappe totalement. Je suis pour ma part accompagné de quelques soldats, mais je préfère les laisser en retrait pour le moment. En effet, d’après le rapport effectué par mes hommes, il semblerait qu’Aldo ai quitté le navire de son présumé chef, dans un navire beaucoup moins important, probablement peu accompagné. Nous accostons dans un coin un peu plus éloignés de tous regards indiscrets, sait-on jamais. Cette mission est assez excitante de part l’environnement dans lequel elle se déroule, puis aussi du fait de traquer un type avec lequel j’ai des différents à régler.

    Un détail me dérange cependant : l’espèce animalière qui vit juste au-dessus de nos têtes. De ce que l’on peut entendre des différents récits d’ivrognes, ces bêtes sont dotées d’une intelligence au moins semblable à celle des humains, expliquant leur cohabitation qui se passe visiblement à merveille. La suite de ces récits est souvent moins drôle, puisqu’il est que ces oiseaux ne supportent pas de voir des étrangers. Des xénophobes ? Il est également dit qu’un seul de ces oiseaux est capable de soulever un navire et l’emmener loin de leur île. Il n’y a décidément rien de rassurant dans ce que j’ai pu entendre. Daniel pouffe de rire à côté de moi, il ne croit absolument pas à tout ce qu’il se dit à ce sujet. Je préfère y croire personnellement.

    « - Haha Ethan ! T’es sérieux en prenant ces conneries au sérieux ?
    - Vaudrait mieux que t’en fasses autant, sombre crétin, dis-je le regard froid avec ton glacial.
    - Tu penses vraiment qu’un de ces piaffes pourrait soulever un navire ? Ne m’fait pas rire mini Levi, ce n’sont que des conneries, rien de plus. Des oiseaux putain, ça n’bouffe que des bouts de pain quand on leur en lance ! »


    Je ne sais pas pourquoi ses réponses me surprennent encore. Il est bien trop fier et têtu pour croire à quelque chose d’assez anormal et qu’il n’aura pas vu de ses propres yeux.

    « Oyyyy ! Ethan qu’est-ce qu’il se passe, bordel ?! »

    J’espère que ça lui servira de leçon. Un des « piaffes » en question a probablement entendu les propos de ce bon vieux Danny, et a jugé bon de l’emmener en balade, je ne sais où en toute honnêteté. Je regarde cette scène d'un air presque amusé, sans me soucier de la suite, le jugeant suffisamment apte à se débrouiller. L'entendre hurler est un énorme plaisir. Sa connerie. Son problème. Il n’a plus qu’a assumer tout ça comme un grand.
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    Je propose aux soldats de faire un campement et de m’y attendre, je n’ai pas l’intention de les mêler à cette histoire, puis ça pourra toujours me servir comme coin de repli en cas de problème. L’environnement est assez exotique, bien qu’un peu humide, la température est assez élevée. Je fais mine de porter fièrement la tenue traditionnelle de la marine, mais mon souhait le plus profond est certainement de l’enlever au plus vite, mais mon statut d’être un « exemple à suivre » m’oblige à la porter, et ce, malgré le fait que les soldats soient en retrait. Sinon, j’entame une course pour tenter de suivre l’oiseau qui transporte Daniel, mais c’est sans compter sur sa vitesse de déplacement qui est nettement supérieure à la mienne.

    « Tu vois le plus grand arbre de l’île ? On s’y retrouve en fin de journée. »

    Aucune réponse émanant de sa bouche. Il a même cessé de se battre, gardant seulement les bras croisés et se laissant emporter par la bête. Hm. Je le laisse se débrouiller seul sur ce coup-ci. Les oiseaux campent en-haut de ce gigantesque arbre, il devra seulement trouver un moyen de s’échapper et descendre et… Peut-être même éviter de servir de repas. Rien que ça. C’est pas le tout, mais j’ai un criminel à retrouver pour ma part, pas de temps à perdre avec les idioties de l’autre débile.

    Je m’enfonce de plus en plus dans cette vaste faune tropicale, remplie de moustiques suceuses de sang, d’animaux sauvages en quête de viandes fraîches, de regards bestioles moins grandes mais assez curieuses… En bref, je ne me sens pas vraiment en sécurité. Et encore, il ne s’agit là que de bestioles, le pire serait encore de me retrouver face à une bête faisant vingt ou trente fois ma taille. Garder le contrôle de mes émotions et rester discret est indispensable. Je continue ainsi ma route, calmement, gardant tout de même un oeil sur ce qu’il se passe autour de moi.

    « Je vous en prie ! Ne tirez pas ! »

    C’est la première phrase qui me parvient alors que j’approche d’un village se trouvant aux pieds de l’immense arbre. Je ne sais absolument pas de qui ça vient. Que se passe-t-il ? J’avance prudemment en gardant une main sur la fusé de mon sabre, paré à attaquer au moindre danger qui se présenterait sur mon passage.
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    Je reste pour le moment à l’abri des regards, en me faufilant derrière les petits maisons, ça porte ces fruits. Je trouve enfin un endroit où j’ai une bonne visibilité de la place centrale du village. Sans grande surprise, je vois Aldo qui terrorise les villageois, tirant à foison pour les intimider. En fait, il semble les énerver plus que les effrayer, mais il a un otage, et ça, c’est une arme extrêmement redoutable. Je sors de mon sac de survie une longue-vue avec laquelle, j’observe les alentours, afin de m’assurer qu’il ne soit pas accompagné. Aucun signe de bandit. Il n’aurait tout de même pas prit le risque de voyager seul, si ? Est-ce qu’il sait que je le traque ? Il a peut-être un campement sur l’île. Ça fait bien quelques jours qu’il est ici.

    Les villageois lui ramènent des biens, plutôt des aliments, puisqu’apparemment monsieur ne sait pas se débrouiller seul dans des milieux hostiles. Quoiqu’en y réfléchissant bien, il s’en sort très bien sans le moindre effort, le veinard. Je me gratte la tête. Je ne sais pas quoi faire pour l’interpeller, il se servira de l’otage pour m’en dissuader. L’idée serait d’attendre qu’il obtienne ce qu’il veut, qu’il relâche ensuite l’otage et que je l’attaque à ce moment là. Mais il faudrait d’abord qu’il obtienne satisfaction et que personne ne soit blessé ou tué, sauf qu’avec ces foutus pirates on ne sait jamais… J’use une nouvelle fois de ma longue-vue pour regarder vers le ciel, histoire de voir si Daniel est dans les parages, mais bon.

    « Et puis merde… »

    Je ne peux pas prendre le risque de laisser un civil se faire tuer pour mon désir de vengeance. Je traine du pied mais j’avance tout de même vers Aldo, les mains en l’air pour lui prouver ma « bonne foie », espérant tout de même qu’il ne prenne pas la décision de me tirer dessus.

    « - Oy ! Aldo ! Ça fait un bail, tu commençais à me manquer !
    - Ouuuuuuah ! Ne serait-ce pas mon lieutenant préféré ? Tu ne m’as quand même pas suivi jusqu’ici ?
    - Je suis en vacances, je cherchais un endroit tranquille pour me reposer et Torino me semblait pas mal.
    - Avec ta tenue de marin ?
    - La preuve que ça peut toujours servir. Que dirais-tu de relâcher cette pauvre femme ? 
    - La dernière fois ne t’a pas suffit. »


    L’enflure pointe son flingue vers moi. Je cherche la femme du regard pour qu’elle lui inflige ne serait-ce qu’un simple coup, me laissant ainsi le temps de lui tirer dessus, mais elle ne prend pas le temps de me regarder une seule seconde.

    « Adieu lieutenant Levi, c’est ça ? Mouahaha. »

    Je suis un homme mort et enterré. Par fierté, je ne baisse pas le regard mais on peut tout de même y lire le néant, le désespoir. Moi qui rêvais de faire une immense carrière, elle semble s’arrêter ici, sur cette île sauvage, seul face à ma propre mort.

    « Ouuuuuuuaaaaaaaaaaaaaaah ! »

    Hm ? Cette me voix m’est étrangement familière. Je lève légèrement les yeux et j’aperçois une silhouette tomber du ciel. C'est quoi ce bordel ? Daniel ? La vache. Ça fait haut pour une chute ! Il va se fracasser pile sur Aldo, serait-ce un hasard ? Ce dernier, sentant le danger arriver, décide enfin de lâcher son otage et de prendre la fuite. Danny va s’écraser sur la pauvre femme. Inutile de prendre le temps de réfléchir, l’instinct de protection prend le dessus, je démarre d’une énorme réduit les quelques mètres qui nous séparent assez rapidement. J’ignore totalement à quelle distance Daniel se trouve de nous, mais je plonge seulement sur la femme pour nous éloigner de la zone de collision.

    « Boouuum ! »
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    Un nuage de poussière se forme au moment de l’impact. Je ne ressens aucune douleur, la jeune femme semble gémir, preuve qu’elle est encore consciente. J’attends que la fumée se dissipe pour faire un premier constat. Et à priori, rien à signaler, je remarque que nos jambes sont à quelques centimètres du point d’impact, mais on s’en sort indemne. La demoiselle rejoint ses proches et les villageois nous applaudissent. Il est tout de même assez solide ce Daniel. Mais malgré tout, je ne le sens pas au top de sa forme, je sens qu’il me cache quelque chose. Il se relève difficilement. Sa fierté est telle qu’il ne me dira rien donc je ne m’aventurerai pas là-dedans.

    « - Merci de nous avoir sauvé. Mais…
    - Toujours un « mais » avec toi, c’est lourd.
    - Mais comment retrouve-t-on l’autre fou ?
    Heureusement pour toi, je n’ai que des solutions, héhé. »


    C’était quoi ce rire mesquin ? Il se met tout à coup à siffler. Mais rien ne se passe. À quoi joue-t-il ? Je sens soudainement quelque chose me saisir au niveau des épaules, et ce n’est très agréable, ça fait presque mal. Je sens mon corps s’envoler vers les cieux. Je tourne la tête, j’aperçois des griffes d’oiseaux. Donc si j’ai bien comprends, les piaffes ont décidés de s’amuser avec moi, à moins que… Daniel ? Impossible.

    « Tu penses quoi des mes nouveaux amis ? »

    Je tourne la tête de l’autre côté et mes sourcils se lèvent immédiatement. Daniel le nouvel ami des oiseaux, lui qui les insultait quelques heures auparavant, c’est à ne rien comprendre de ce monde. Malheureusement, tout cela ne résout en rien mes problèmes, enfin mon problème : retrouver Aldo.

    « - Et comment retrouve-t-on Aldo ?
    - Regarde en bas. »


    Je regarde bas. Bon, l’idéal serait de ne pas avoir le vertige parce qu’on est quand même sacrément haut, mais cependant, je vois Aldo qui continue de prendre la fuite. Je pense qu’il voit le tas d’oiseaux au-dessus de lui, néanmoins, j’espère qu’il ne nous a pas repéré. Il faut agir rapidement. Nous ne savons s’il a un campement, alors ça doit être expéditif, mais c’est aussi à moi et personne de régler ce problème.

    « - Demandes-leur de diminuer l’altitude en gardant cette vitesse, et à mon signal, qu’il nous lâche.
    - Tu te prends pour qui la princesse ? »


    Hm ? Daniel siffle, les piaffes descendant à une vitesse phénoménale et nous lâchent juste au-dessus d’Aldo, à quelques mètres de lui. C’est pas du tout ce que j’ai prévu, enfin bon. Étant bien plus lourd que moi, Daniel atteint la cible en premier et envoie un puissant coup de poing vers ce dernier, ce qui provoque un grand choc et un nuage de fumée. L’a-t-il touché ? Hélas, non. Son fouet s’enroule autour d’une de mes jambes et me ramène dans ce nuage de fumée, puis après quelques tours dans le vide, je finis par percuter quelque chose - Danny en l’occurence - et  nous valsons jusqu’à un arbre. Le choc m’a un peu sonné. Faut dire qu’il est plutôt solide ce cuistot.

    « Allez, Ethan, c’est ton combat ! », me dit ce dernier, resté assit contre l’arbre.

    C’est assez surprenant. Il n’est pourtant pas du genre à laisser une occasion de se battre, à moins qu’il soit vraiment épuisé par les piaffes. Je verrais ça avec lui après avoir fini le travail, car oui, un lourd combat m’attend. Regardez-le ce salaud, toujours vêtu de ton bandana, de ses immondes bottes et de son manteau typique des pirates, qu’il porte fièrement malgré la chaleur qui règne sur cette île. Je dégaine ma lame que je pointe vers sa direction, ce qui ne semble pas être à son goût à l’expression de son visage, puis à la course qu’il entame en gigotant son fouet dans tous les sens. Par déduction, je dirais qu’à priori il ne vaut mieux pas être attrapé par son arme, sous peine d’être probablement tué. Je n’ai plus qu’à m’en défaire une bonne fois pour toute.

    J’attends que le fouet soit suffisamment proche de moi pour le repousser d’un coup d’épée, profitant en même temps de l’occasion pour bondir sur mon adversaire et lui infliger des dégâts irréversibles. Malheureusement, il sort une flingue de sa veste de l’autre main, puis il tire sans la moindre hésitation. Dès l’instant où je vois le flingue, je plonge sans me poser de question, mais la balle m’effleure tout de même en-dessous de l’épaule. C’est douloureux. Le temps me manque et je m’éloigne le plus en essayant de me cacher derrière la verdure, mais il continue de tirer et une balle perfore finalement mon épaule gauche devenue inutilisable. Mais quelque chose ne tourne pas rond… Pourquoi ne vient-il pas me poursuivre ?

    « Youhou ! Ethan ! Si tu n’ramènes pas ton p’tit cul par ici, je fais sauter la cervelle de ton ami. »

    L’enflure ! Je m’en doutais vu le silence qui réside depuis quelques temps. Me précipiter m’enverrait directement à la morgue avec Daniel, et déjà que voyager avec ce dernier est pénible, j’imagine que partager une tombe n’est pas mieux. C’est toujours caché à travers les feuillages, que je me place dans un angle qui pourrait me permettre d’atteindre ou de jeter un couteau à ma disposition entre les deux hommes. Aldo tient fermement mon camarade par le col avec un bras, puis arme son coup avec l’autre. Le choix est vite. Je sors un couteau que je jette immédiatement sur l’ennemi, et qu’il pourrait attraper facilement s’il avait les mains libres, mais il est finalement obligé de lâcher le cuistot et d’esquiver vers l’arrière.

    J’ai anticipé son mouvement et me retrouve juste derrière lui, tranchant sa jambe droit, mais il se retourne, m’agrippe le cou et ne perd pas de temps pour me perforer l’abdomen. Surpris par son temps de réaction remarquable et sa résistance à la douleur, je n’ai pas su réagir à temps. Il arme son prochain coup, que j’imagine fatal pour moi, mais je commence à suffoquer par l’emprise qu’il maintient sur ma gorge et son dernier coup m’a tout de même affaiblie. Je commence par fermer les yeux, mais on m’a toujours dit d’affronter la mort avec courage. Je les ouvre. Je les ouvre et je plonge mes yeux dans ceux d’Aldo, qui semble étrangement plus heureux que jamais, il prend beaucoup de plaisir à tuer. Je le tue du regard mais rien à faire, pas une once d’hésitation émane de lui. Il lance son coup. Je garde les yeux grands ouverts, chose que je ne regrette absolument pas, notamment quand je vois Daniel foutre son plus gros coup de poing sur la tronche du pirate qui valse plus loin, avant de voir mon sauveur tomber comme une merde, à bout de force.

    « Ça c’est pour m’avoir prit pour un objet de dissuasion. », dit Daniel en repensant à la scène où il était impuissant face à Aldo.

    Je lui tapote l’épaule et m’avance en appuyant sur la plaie de ma main libre, tenant toujours mon épée de l’autre. Je le vois se relever à ton tour, un peu fébrile, mais visiblement toujours prêt au combat à la vue de son sourire qu’il affiche toujours. Je m’approche lentement. Je suis exténué, j’ai presque l’air malade. Soudain, le fouet, visiblement lancé en direction de ma gorge, se saisit finalement de mon bras libre que je présente volontairement. Plus puissant que moi, Aldo me traîne facilement à lui, me faisant même décoller mes appuis du sol. J’arrive avec beaucoup de vitesse, il arme son poing, et au dernier moment, je fais apparaître ma lame cachée derrière mon dos pour trancher son bras, finissant ainsi au niveau de son épaule. Nos deux corps s’entrechoquent, il tombe vers l’arrière, je me retrouve sur lui et finis par sortir mon pistolet à mousquet que je pose sur son front.

    « Un mouvement, je tire. C’est fini, Aldo. »

    Son visage est crispé. Il souffre énormément mais n’émet aucun son, excepté quelques gémissements. Je n’aime pas trop la manière dont ça a été fait, mais je suppose que c’était nécessaire et qu’aucune autre solution n’était possible. J’appelle mes hommes via le den-den pour qu’ils viennent nous chercher et nous administrer les soins nécessaires. Ce type rongeait mes nuits, mais tout est fini à présent. Je ne pense qu’à une chose : savourer cette première bonne nuit.
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