Yume la tempête rouge

Par la simple couleur de ses cheveux, il est difficile de louper Yume et sa chevelure enflammée d’un rouge intense comme il est rare d’en croiser. Attachés en une longue queue de cheval, ils virevoltent dans son dos, et certains affirment même avoir vu des flammes consumer l’air lorsque le vent s’insinue dans sa crinière.

Elle n’est pourtant pas très impressionnante : un mètre soixante, une taille fine et une poitrine généreuse, on pourrait dire qu’elle possède la silhouette rêvée. Elle se plaint néanmoins de sa petite taille et n’aurait pas dit non contre quelques centimètres de plus. Sa carrure lui donne un certain avantage, notamment lorsqu’il faut se faufiler dans des endroits très étroits.

Son visage arbore deux pupilles ambrées qu’elle a su aiguiser aux fils des années, car non, Yume ne possède pas une vision que l’on pourrait qualifier de « normal ». Sa vision est supérieure à la moyenne, atout très avantageux quand l’on manie les armes à feu, elle ne rate que rarement sa cible donc faites attention de ne pas traîner dans les parages, vous risquez de ne pas en sortir indemne…  
En ce qui concerne son style vestimentaire, c’est assez simple. Un short et un haut de bikini, à cela ajoutez des bottines et quelques accessoires comme des gants, une écharpe et des chaussettes hautes et voilà, vous avez maintenant la recette parfaite pour adopter le look à la Yume. Oui la jeune fille aborde une tenue légère mais ayant vécu toute sa vie avec des jeunes femmes ne portant que quelques bouts de tissus pour dissimuler certaines parties de leur peau, il est difficile pour elle d’avoir une véritable notion de pudeur. Attention, ce n’est pas une exhibitionniste, elle aime juste être à l’aise dans ses vêtements.
Petite anecdote : la barrette en forme de tête de mort qu’elle arbore fièrement sur un côté de sa chevelure est un cadeau qu’un pirate lui a offert enfant, elle aime penser que c’est son tout premier butin.

Yume est une personne de nature enthousiaste et positive, ce qui se ressent dans sa manière de se comporter ou de s’adresser aux autres. Elle affiche constamment un sourire sur son visage. Un simple sourire peut réchauffer le cœur d’un millier de personnes. Sa bonne humeur est contagieuse, il suffit d’un simple regard dans sa direction et vous êtes conquis. Et puis, ne nous le cachons pas, c’est une jeune fille splendide
.
La rouquine possède une voix énergique et féminine à la fois, dans sa tête bouillonnent des miliers d’idées, et sans le vouloir, elle a la fâcheuse tendance à débiter un nombre de mots à la seconde assez impressionnant. Prendre une grande respiration lui permet de limiter son débit de paroles et d’être plus compréhensible pour ses interlocuteurs.

Une chose qu’il faut savoir, c’est qu’elle apprécie enrouler une mèche de cheveux à son index lorsqu’elle réfléchit, impossible pour elle d’expliquer d’où vient cette manie mais elle affirme que de cette façon, ses idées sont plus claires.

Une véritable pile électrique, il est difficile de la maintenir en place, elle ne peut pas laisser ses mains inactives et se sent obliger de toucher les objets qui l’entourent. Lorsqu’elle a un trop plein d’énergie, elle aime s’occuper en dessinant des cartes et étudier différents ouvrages sur la navigation. Vous la verrez rarement sans rien faire, ce n’est pas dans sa nature de rester sagement assise dans un coin…
Le soir est sans doute le moment de la journée où elle est le plus calme. S’il y a une chose qu’elle ne cessera de faire, c’est d’observer l’océan. Rester assise à brosser ses cheveux avec le regard perdu au fond de l’eau. Elle aime le calme de la nuit, rester seule, bercée par le doux bruit des vagues.
Calme et posée, elle est en parfaite opposition avec l’énergie qu’elle dégage tout au long de la journée, c’est son moyen à elle de recharger les batteries et de faire un point sur ses pensées intérieures qui se bousculent dans tous les sens.

Petit point à savoir sur elle : la rouquine déborde d’affection envers les personnes qu’elle aime et aime le montrer par des actes physiques. Alors ne soyez pas surpris si elle vous sert dans ses bras pour vous témoigner son affection. Une petite baisse de moral, sachez que ses bras seront toujours ouverts pour ceux qui manquent d’amour. Ce genre de comportement agace particulièrement son coéquipier qui ne cesse de la réprimander, c’est d’ailleurs celui qui bénéficie le plus de ces gestes remplis d’amour.

C’est un vrai petit rayon de soleil mais prenez garde…ne la fixez pas trop, elle risque de vous éblouir…

S’il y a une chose qu’il faut savoir sur Yume, c’est que c’est une jeune fille qui vit pleinement ses émotions. La demi-mesure elle ne connaît pas. Lorsqu’elle aime c’est passionnément, lorsqu’elle déteste c’est de toute son âme. La joie, la peur, la colère, la tristesse, toutes ces émotions elle les vit du plus profond de son cœur. Elle n’a pas peur de donner corps et âme dans toutes les choses qu’elle entreprend. Elle aime vivre les choses avec passion et profiter de chaque petites choses, aussi infimes soient elles que la vie peut lui offrir. Car oui, elle est ce genre de personne qui pense que la vie est une bénédiction et qu’il faut en profiter. L’orage n’est là que pour cacher l’arc-en-ciel qui n’attend qu’à être découvert. Plus l’orage sera tumultueux et dangereux, plus cet arc-en-ciel irradiera de sa lumière le ciel bleu. Vous allez peut-être penser que ce genre de philosophie est stupide mais l’espoir est la seule chose qu’une petite fille « esclave » vivant dans un bordel peut avoir. C’est ce petit rayon de soleil qu’elle n’a cessé de guetter et qu’elle a fini par trouver. Cet arc-en-ciel est enfin apparu à ses 7 ans et depuis, il ne cesse de gagner en intensité.

Vivant à fond ses émotions, elle a dû faire face à de nombreuses situations compliquées. L’impulsivité faisant partie du lot, elle réagit sans penser aux conséquences. L’injustice, la révolte, elle n’hésite pas une seule seconde à se battre contre ceux qui se croient au-dessus des autres et profitent des plus faibles.

Yume signifie rêve, il est difficile de trouver un prénom aussi bien approprié à quelqu’un, car oui, Yume est remplie de rêves, s’il y a bien une chose qui lui donne envie de se battre, c’est de pouvoir les réaliser. Depuis son enfance elle a été baignée dans un milieu rempli de pirates, chaque jour, des dizaines d’entre eux venaient et prenaient du bon temps avec les jolies demoiselles qui étaient à leurs dispositions. Coincée pour toujours à travailler, elle voyait en eux la liberté. Etre libre, sans recevoir d’ordre de personne, juste à passer du bon temps où seule sa personne est maîtresse. Et puis tous parlaient du One Piece, ce fameux trésor dont tout bon pirate cherche à découvrir.

Alors oui, elle s’est promis qu’un jour elle aussi serait capitaine de son propre équipage, elle excellera dans le domaine de la navigation,  mettra la main sur ce trésor et deviendra la reine des pirates. Un rêve qui peut paraître complètement fou et irréalisable mais un jour, un grand homme a dit qu’il est important d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue quand on les poursuit.
C’est une jeune fille attachante avec des rêves pleins la tête. Elle arrive à transmettre sa bonne humeur et on peut voir dans ses yeux cette flamme qui illumine son regard plus que n’importe qui.
Un autre point qu’il faut savoir sur elle. C’est une jeune fille assez naïve, attention, elle est loin d’être idiote, mais elle accorde très vite sa confiance aux gens. Elle est sûre que chaque personne possède une partie de bon en elle, peu importe ce qu’elle a pu faire, elle croit en cette personne jusqu’au bout. Et c’est cette naïveté qui peut pousser les gens à abuser de sa gentillesse.

Mais le jour où vous perdez sa confiance et que vous la décevez, elle ne vous le pardonnera pas et vous le fera payer très cher. Si on ne peut pas nier le fait que c’est une personne débordant de gentillesse et d’altruisme, il est clair que la rouquine peut avoir un tempérament de feu qui peut vite surprendre. Elle n’a pas sa langue dans sa poche et elle n’hésitera pas une seule seconde à vous balancer vos quatre vérités. D’ailleurs, il est très facile de savoir ce qu’elle pense, tout ce qu’elle ressent passe dans son regard. Un peu comme fonctionne un miroir, un simple coup d’œil et vous comprendrez rapidement ce qu’il se passe dans sa petite tête.

Je vous ai dit que c’était une personne digne de confiance ? Non ? Eh bien voilà, c’est fait. Si vous avez acquis sa confiance, jamais elle ne vous trahira. Si elle doit risquer sa vie pour vous, elle le fera, quoi que vous lui demandez, si vous avez des soucis, elle se battra pour vous et réalisera l’impossible.
Peu à peu, au fil de ses voyages, sa naïveté va se fissurer, elle va se confronter à la vraie vie de pirate qu’elle avait édulcoré voyant cette option comme une porte de sortie. Mais la vie de pirate n’est pas si simple que ça et elle l’apprendra parfois à ses dépens. Elle se remettra beaucoup en question et sera obligée de modifier ses principes si elle souhaite atteindre son but. Son rêve, elle le réalisera et ce à n’importe quel prix. Car la vie dont elle a tant rêvé pendant des années n’est pas si douce, elle va devoir se battre et fermer les yeux sur certains de ses principes…

Mais cela en vaut la peine ! Après des années à vivre dans un véritable taudis, la seule chose qui égaye ses journées étaient ses rêves d’aventures... Elle tenait fièrement la barre de son navire, esquivant habilement une bordée d'un cuirassée de la marine en riant à gorge déployée tandis que Seth botterait le cul de soldats à grands coups de pied.  Pour toutes ses journées où ses rêves l'ont empêché de sombrer dans la folie, elle doit les réaliser ! Et je peux vous l'assurez... Elle trouvera le One Piece !

Chapitre 1 : « Un jour je serai la plus douée des navigatrices… »

« Tu vois et c’est comme ça qu’on arrive à savoir quand une tempête va frapper. »

Mes yeux se mettent à briller et un large sourire tire les traits de mon visage, j’aimais…non…j’adorais lorsqu’un pirate partageait avec moi quelques secrets de navigation.

« Oh chéri laisse la, elle a du travail. Viens plutôt t’occuper de moi… »

Pénètre dans le petit vestibule de la résidence une grande blonde, un étrange peignoir en soie qui tombe sur ses épaules laissant apparaître sa peau diaphane : la naissance de ses seins et ses longues jambes interminables qui viennent se frotter au jeune homme. Le brun sourit et détourne le peu d’intérêt qu’il avait pour moi, il se lève et plaque violemment sa bouche contre la sienne. Scène qui pourrait choquer mais qui pour moi est d’une banalité troublante, je vis avec ce genre scène autour de moi chaque jour et parfois certains ne font pas que s’embrasser…
Elle le tire par le bras et l’entraîne en direction d’une des nombreuses chambres que comporte le bâtiment.

« Viens je vais te montrer comment on s’occupe des hommes qui viennent ici…tu en auras pour ton argent… (Elle m’adresse un regard pédant) allez, au travail…SOUILLON …»

Elle se met à glousser et glisse ses doigts à l’intérieur de la chemise du pirate. Il se détourne d’elle quelques secondes, s’approchent de moi et vient m’ébouriffer les cheveux.

« A plus tard gamine, je t’apprendrai peut être d’autres trucs… Je vais t’attraper ma petite cochonne. »

Quelques secondes plus tard, seuls les bruits de rires et de pas viennent à mes oreilles. Je me retourne et pars à la course dans les différentes pièces, je me retrouve dans un petit local, local qui me sert d’endroit pour dormir. Il est composé d’un simple matelas fin, usé et déchiré à même le sol. Je me précipite sur celui-ci et passe ma main dans une déchirure et fouille à l’intérieur, j’en ressors un petit carnet ainsi qu’un crayon que j’avais subtilisé à la propriétaire de la maison. C’est mon trésor le plus précieux, à l’intérieur je note scrupuleusement chacune des données que me laissent les pirates de passage sur la navigation, chaque bribes de conversation qui me semblent utiles, je les récupère, les organise. Je fais des liens entre elles, je les étudie dans l’espoir qu’un jour je puisse les appliquer sur mon propre navire à la tête de mon équipage…un jour je naviguerai sur la mer et je…

« YUME !!!»

La voix de la proprio me tire de ma rêverie, je fourre le carnet dans sa cachette. Ses pas se rapprochent, elle est en colère. Je le sens dans sa manière de se déplacer. Elle débarque dans ma chambre les sourcils froncés, un rictus de colère déforme le coin de sa bouche, je baisse la tête.

« Yume, as-tu fini de préparer les chambres 10 à 30 ? Une dizaine de pirate doit bientôt arriver… Ils sont bien beaux avec leurs grands discours mais au fond ce sont tous des mâles, quand on a besoin d’une vidange c’est dans le bordel de Mama qu’on vient! »

Je tire sur le bas de mon tee-shirt, nerveuse, je n’ai pas eu le temps de finir le travail, un pirate a retenu mon attention. J’avais mieux à faire à ce moment que de nettoyer tes stupides chambres, stupide vieille ! Qu’est-ce que j’aimerai lui dire ça mais ma réponse ressemble plus à :

« Je … en fait…pas tout à fait…je.. »

Elle pose ses doigts sous mon menton pour me forcer à la regarder, je plante mes iris dans les siennes. Elle soutient mon regard pendant de longues secondes et elle abat le dos de sa main sur ma joue, en une gifle violente. Une douleur cinglante me transperce la pommette et ma vision se voile un instant. Je pose la main sur ma joue, brûlante.

« Tu étais encore en train d’écouter les ramassis de conneries de ces pirates à la noix !!! Tu as une heure pour tout terminer ! Chaque chambre non faite divisera ta portion de ce soir, c’est clair ? »

Je hoche la tête et lui souris
.
« Et enlève ce sourire stupide que t’as sur le visage …ça m’agace… »

« Oui madame. »

Je pars à la course en direction du travail qui m’attend, il me reste encore 15 chambres à faire, je ne mangerai pas grand-chose ce soir.

Ce souvenir reste gravé dans ma mémoire, quoi que je fasse, malgré les années qui passent, ces images restent aussi limpides que de l’eau claire. Je me rappelle que ce soir-là  je n’ai pas eu le temps de finir le travail demandé et je me suis endormie le ventre vide, il a grogné toute la nuit…je n’avais que 7 ans.


Chapitre 2 : « Qui es-tu ? Je vais te sauver... »

Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison. J’ai longtemps été persuadée que c’était vrai et je ne l’ai jamais autant pensé que ce jour-ci…

J’essuie les gouttes de sueurs qui perlent sur mes tempes. Il fait inhabituellement chaud et derrière la fenêtre, le soleil me brûle la peau. Je relève quelques instants la tête et regarde dépitée le tas de pommes de terre qui me reste encore à éplucher. Eplucher les légumes est de loin l’une des corvées qui me plaît le moins, ex aequo avec le nettoyage des chambres : parfois je trouve des choses affreuses là-dedans, rien que d’y penser ça me donne la nausée.
Mama, la propriétaire rentre dans la cuisine accompagnée d’un jeune homme : c’est Yumen. Il vient de temps en temps, il a une relation avec une prostituée au service de Mama du nom d’Horny, il vient lui passer un petit coucou quand il a le temps, mais je crois que leur relation est compliquée. Enfin c’est ce que j’ai entendu dire par les grands…. Il s’approche de moi et m’ébouriffe les cheveux, je déteste quand les adultes font ça…

« Coucou toi ! Mama, t’as vue comment tu fais bosser la môme !! Elle a quoi…4/5 ans »

Révoltée je réponds du tac au tac.

« J’ai 8 ans !! »

Pourquoi tout le monde fait de moi une toute petite fille, je ne suis pas si petite que ça ! Il secoue la main dans ma direction sans même m’accorder un regard.

« Oui ben c’est pareil ! »

Je gonfle mes joues pour montrer mon mécontentement.

« Tais-toi Yumen !Tu la perturbe elle a du travail !Yume, on a reçu du poisson, va au port pour le chercher , tu le cuisineras avec les pommes de terre pour ce midi. Et tu feras une portion de plus pour Yumen, elle mange ici »

Une fois l’ordre donné, les voilà disparues dans le boudoir réservé aux invités de Mama, je n’y suis jamais rentrée mais un jour j’ai réussi à regarder à travers la porte mal fermée mais je me suis fait découverte. Mama m'a giflé et ma portion de nourriture a était divisée par 3 pendant 1 semaine. Depuis, je n’ai pas réessayé de m’y introduire mais tout a l’air si somptueux, j’aimerai juste une fois dans ma vie pouvoir m’assoir sur cet énorme canapé rouge qui avait l’air si confortable.
C’est sur ces pensées rêveuses que je pars en direction du port du village, après avoir récupéré le cageot de poissons, je décide d’aller faire un léger détour en direction de la plage. S’il y a bien une chose que j’ai toujours aimé, c’est observer la houle de la mer et imaginer la sensation de se retrouver sur un bateau.
Je ferme les yeux, le vent s’insinue dans ma chevelure écarlate et je hume cette odeur si particulière, iodée et revigorante. Je rouvre les yeux et observe le rivage, quelque chose n’est pas comme d’habitude. Je dépose la caisse me rapproche et j’aperçois un corps étendu, inerte. Les vagues s’écrasent lourdement dessus.
Je me précipite à sa rencontre, il ne bouge pas, les yeux clos. Je rapproche doucement mon oreille à quelques centimètres de sa bouche : il respire. Sans comprendre pourquoi une immense vague de soulagement m’envahit, je m’attarde quelques secondes sur son visage : il a les mêmes cheveux que moi, il semble plus âgé et est de grande taille.
Je décide de le ramener avec moi, laissant le cagot de poisson ou je l’avais déposé quelques minutes auparavant. Je mets plus d’une heure pour arriver à le ramener, je dois le traîner sur le sol car je n’ai pas la force nécessaire pour le porter. Sa carrure est un handicap et je mets beaucoup plus de temps que nécessaire pour l’acheminer jusqu’à la résidence.
A bout de force, je réussis enfin à passer la porte de « l’institut », des pas précipités viennent dans ma direction, Mama apparaît furieuse, suivie bientôt d’une petite dizaine de filles de joies visiblement curieuse de savoir se qui va se passer.

« Idiote !! Où étais-tu pass… »

Sa phrase reste en suspens mais sa voix coléreuse est bien vite remplacée par les exclamations des filles derrière elle, certaines plaquent une main sur leur bouche d’autres sourient attendant la suite avec impatience .

« Qu’est-ce que c’est que ça ??? »

La question de Mama cesse toutes réactions, la confusion éloigna la colère de la vielle femme. Le garçon était toujours dans mes bras, toujours inconscient.

« Je l’ai retrouvé sur le rivage, il a dû faire naufrage…il a besoin de soins…s’il vous plaît Mama…aidez le … »

On se fixe seulement pendant quelques secondes mais je crois que je n’ai jamais trouvé de secondes aussi longues de toute ma vie. Tout s’arrête autour de moi, je n’écoute plus rien, je vois ses lèvres remuer sans comprendre ce qu’elles disent. Les filles se ruent sur moi et le récupèrent, je comprends à cet instant qu’elle a décidé d’exaucer mon souhait.
Mama le place dans ma chambre où elle rajoute un matelas supplémentaire qui, lui, est en bon état.  Elle fait venir le médecin de l’île qui s’occupe de panser ses blessures et lui apporte les soins nécessaires pour sa survie. Le docteur parti, je suis assise à ses côtés quand Mama entre dans la pièce le regard dur.

« Tu as voulu t’occuper de lui et le sauver alors que tu ne le connaissais pas…soit… mais à toi de te débrouiller avec lui. Soigne le, nourris le, s’il meurt, ça sera de ta faute. Mais une fois sur pied, sache qu’il devra travailler pour moi c’est clair ?? »
 
J’encre mon regard dans le sien et hoche la tête en souriant.

« Et je te l’ai déjà dit, efface moi ce sourire stupide de ta figure…Idiote »

Après ce moment, je me suis donnée corps et âme pour son rétablissement, je changeais ses bandages, lui donnais des médicaments que j’arrivais à échanger avec les filles contre certains services rendus, je faisais des heures en plus pour lui donner de la nourriture. Un jour passe puis deux puis trois et enfin le sixième jour alors que je dépose une serviette humide sur le haut de son front, ses paupières se mettent à bouger. Il ouvre délicatement les yeux, alors, je ne peux m’empêcher de sourire. Je l’aide à se relever et il pose les yeux sur moi : je lui offre mon plus beau sourire et lui tends une main :

« Je m’appelle Yume, soyons amis, tu veux bien ? »


Chapitre 3 : « Accepte la main que je te tends… »

J’ai dû attendre un petit moment avant qu’il ne m’adresse la parole, j’apprends qu’il s’appelle Seth,  qu’il a 11  ans soit 3 ans de plus que moi et je ne m’attendais pas à tomber sur un personnage de sa trempe. Il ne m’adresse que très peu la parole. Il guérit plus vite que je ne l’aurai pensé, c’est un garçon bien bâti pour son âge du coup Mama l’a fait employer aux docks et récupère l’intégralité de sa paye. En plus de cela, étant très débrouillard, il doit rénover les chambres abimées, ça fait des siècles que rien a était refait, un petit coup de neuf ne fera pas de mal surtout si c’est gratuit, car pour Mama, un sous est un sous !
Le soir, après sa journée de travail terminée, il se met directement au lit et fait mine de dormir pour que je me taise. Chaque jour je tente de nouvelles techniques pour que l’on se rapproche sans grand succès. Je sens une immense tristesse en lui et j’aimerai être l’épaule sur laquelle il s’appuie mais rien y fait, il refuse de se confier à moi. Un mois passe puis deux mais toujours rien, aucun signe qui me permet de penser qu’il va changer.
J’ai été idiote de penser que l’on deviendrait les meilleurs amis du monde dès son réveil mais je ne m’avoue pas vaincue et j’ai bien fait de croire qu’un lien pourrait se créer entre nous, je me rappelle de ce jour comme si c’était hier...

Ce jour-là il faisait froid, cela faisait une semaine qu’il pleuvait sans s’arrêter…

« Yume !! Tu as fini de recoudre mon peignoir ? »

Yokubo, une des prostituées de la maison s’approche de moi, c’est la fille la plus détestable que je connaisse. Hautaine, froide, consciente de sa beauté hors norme, elle aime rabaisser les autres et me considère comme son petit chien. Le succès lui monte à la tête.

« Oui, le voilà. »

Elle m’arrache le tissu des mains et l’observe sous toutes ses coutures
.
« La prochaine fois applique toi, un cochon pourrait faire mieux. »

Elle se met à glousser et quitte la buanderie en roulant des hanches, je la déteste !!
Le mauvais temps joue sur les nerfs de Mama et voilà maintenant deux jours qu’elle est d’une humeur exécrable, elle crie même après les filles.
Elle s’est claquée le dos et doit marcher avec une canne depuis ce matin.
Seth rentre à son tour, regard toujours inexpressif, du sang tâche ses mains : il les lave lentement.

De l’endroit où je me trouve, je n’arrive pas à voir nettement la scène mais j’arrive à deviner qu’il est blessé, j’espère qu’il n’a rien de grave. Mama tourne en rond et s’arrête en le voyant,  j’ai un mauvais pressentiment.

« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu devrais être en train de travailler, tu prends du retard inutilement !! » Il lui tourne le dos, face à l’évier, il lui répond de manière calme. « Je me suis blessé. ». Elle pousse un long soupir, j’ai cessé toute activité, arrêté d’étendre le linge pour avoir mon entière attention sur leur échange. Mama reprend d’un air hautain « En plus, j’ai un bon à rien…tu es nourri, logé et tu me remercies en fournissant un travail médiocre. Je ne sais pas comment on t’a éduqué mais visiblement…mal »

Seth cesse tout mouvement, il a l’air de se contenir, la vieille Mama va trop loin. Je vois ses lèvres bouger mais je suis trop loin pour comprendre ce qu’il a dit. Il prend la direction de la porte.
D’un geste rapide, la vieille femme lui attrape le bras, le forçant à s’arrêter. Il tourne lentement la tête et la foudroie du regard, s’en suit une étrange tension qui envahit la pièce. Pendant un instant ils se jaugent du regard, je lâche le linge que j’étais en train d’étendre en même temps qu’elle lui lâche le bras le faisant reculer de quelques pas.

« Qu’est-ce que tu as dit ? »

« Je ne te croyais pas si sourde que ça la vieille. Tu me fais perdre mon temps, retourne voir tes filles et continue à leur gâcher la vie en leur apprenant la seule chose que tu n’as jamais su faire… Ecarter les cuisses.»

Mama en reste bouche bée tout comme moi. Je la vois lever la main, celle où elle tient la canne. Lui ne bouge pas et sans que je ne comprenne pourquoi mon corps bouge tout seul, je le pousse en arrière et prend sa place. Je ne me rappelle que d’une douleur fulgurante.
Quand je me réveille, je suis dans mon lit, Seth est au-dessus de moi, et je ne sais pas si c’est parce que je suis sonnée mais j’ai l’impression qu’il est soulagé. Je me relève, ma tête me fait horriblement mal, je porte une main sur celle-ci et sens quelque chose d’étrange.

« Un médecin est passé et il a dû te recoudre, la vieille t’a bien amoché, tu as une vilaine plaie. » Il me tend une petite boîte en carton. « Ah et il a donné de la crème, tu dois en mettre 3 fois par jour et à commencer tout de suite…attends, je vais le faire »

Je sens ses doigts parcourir ma blessure, je grimace sous l’effet de la douleur. Mon impulsivité finira par me tuer… Un silence s’installe, je ne sais pas quoi dire. A mon plus grand étonnement, c’est lui qui le brise en premier.

« Ah et au fait…je voulais te remercier… et m’excuser…pour… »

Je souris je ne peux pas m’en empêcher, c’est à cet instant précis que j’ai su que tout aller changer entre nous.

« Non, n’en dis pas plus, je crois qu’on est parti sur de mauvaises bases » Je lui tends une main, geste identique lors de notre première discussion et lui souris. « Je m’appelle Yume, soyons amis, tu veux bien ? »

Cette fois-ci, c’est de bon cœur qu’il l’accepte, enfin je sais que j’ai trouvé quelqu’un sur qui m’appuyer.


Chapitre 4 : « Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer … »

« Psssst…Psssst Seth tu dors ? » J’attends quelques secondes et réitère mon appel « Dis Seth, tu dors ? J’arrive pas à dormir… j’ai fait un cauchemar…»

J’attends plusieurs secondes en observant le corps du garçon qui me tourne le dos, il se met à grogner et se tourne enfin vers moi. La lumière de la lune perce à travers la fenêtre brisée, et nous baigne dans un halo de lumière doux et apaisant. Sans rien dire il se recule contre le mur, je souris et le rejoins sur son matelas. Allongés face à face, on s’observe longuement.
Ce petit rituel, on l’a depuis plusieurs mois maintenant. Une nuit, j’avais fait un cauchemar, il m’avait alors invité dans son lit pour me réconforter et il est vrai que j’abuse un peu du système. A la moindre petite insomnie, je me glisse dans son lit où on parle longuement.

C’est lors d’une de ces soirées que je lui ai dévoilé mon histoire. Ma mère prostituée est tombée amoureuse d’un pirate de passage et réciproquement. Pendant près d’un an, il venait régulièrement sur l’île et ne demandait que les services de ma mère. Elle finit par tomber enceinte, voulant l’emmener avec lui sur son bateau, elle souhaite négocier sa liberté avec Mama qui refuse catégoriquement. Après de longues discussions et l’appui de ce fameux pirate qui semble puissant, Mama finit par accepter. Pour se dédommager, ma mère décide de lui donner son enfant, acte qui est pour elle une bénédiction, avoir un enfant pour vivre son idylle avec un pirate est assez handicapant. C’est pour cela que je me retrouve ici depuis ma naissance.
La seule chose qui me reste d’elle, c’est son histoire et le prénom qu’elle m’a laissé…Yume …Elle a réalisé son rêve en quittant cette île maudite, en retrouvant la liberté et l’amour. Je n’étais qu’un caillou dans sa chaussure.
Je sens une main sur le dessus de ma tête, j’émerge de mes pensées. Sa main faite de petits arcs de cercle sur mon cuir chevelu, une vague de bien-être envahit mon corps.

« Ça ne va pas Yu’ ? » Je hoche la tête. « Si tout va bien… j’étais juste perdue dans mes pensées. » Un silence s’installe entre nous. Pas ce genre de silence gênant qu’il peut y avoir entre deux personnes, nous n’avons pas besoin de parler pour nous comprendre. C’est le processus naturel entre deux êtres qui cohabitent ensemble tous les jours pendant maintenant plus d’un an. Je décide de prendre la parole la première.

« Tu crois que je pourrais y arriver ? » Je n’ai pas besoin d’en dire plus, il m’a compris. « Oui j’en suis sûr et puis je serai là pour t’aider, n’est-ce pas ? »

Je m’allonge sur le dos, et fixe la fenêtre, des rêves pleins la tête. « Un jour on s’enfuira de cette île de malheur, finit le travail, finit la vieille Mama. Et puis on voguera sur les océans…oh et puis je serai le capitaine de mon propre équipage tu verras…Et enfin je mettrais la main sur le One Piece et je deviendrai la reine des pirates ! Je donne ma parole. »

Une idée germe dans mon esprit, je me relève en prenant appui sur mon avant-bras.

« Faisons-nous une promesse ! »

Il me regarde tout en arquant un sourcil  et en se relevant

«  Quel genre de promesse ? »
« Promettons-nous de nous entraider jusqu’à ce que nous ayons réalisé nos rêves. D’être là l’un pour l’autre, dans la difficulté et la joie et d’avancer main dans la main »

Un sourire étire ses lèvres et je connais déjà sa réponse : « Oui je te le promets. »
Je lui tends mon auriculaire et il l’observe sans bouger.

« Ben alors ? Qu’est-ce que t’attend ? Scelle notre promesse. » Il écarquille les yeux. « Sceller quoi ? »

« Sceller notre promesse !!!  Tu n’as jamais fait ça ?? Rohlala il faut tout te faire…Attend…Tends ton petit doigt…Non pas comme ça…Voila c’est mieux… enroule le autour du mieux…Comme ça… »

Il regarde nos doigts entrelacés. Je lui souris. Il me sourit. Nos cœurs battent à l’unisson et d’une même voix nous proclamons : « Je te le promets. »


Chapitre 5 :  « Devenons plus fort et quittons cette île de malheur »


A partir du soir où nous avons scellé notre promesse, notre quotidien a été complètement bouleversé.
Mes anciennes journées de travail semblaient si paisibles à côté de mon nouveau rythme journalier.
Pendant plusieurs soirs, toutes les nuits, nous mettons en place notre plan d’évasion : nous passons en revue chacune des possibilités qui nous sont offertes pour partir mais une chose revenait à chaque fois : nous devons devenir plus fort et ce à n’importe quel prix.
Chaque jour à chaque moment, chaque activité, chaque corvée étaient pour moi un prétexte à m’entrainer. Lorsque je dois faire une course pour l’institut, je le fais en courant pour travailler mon endurance, dès que je peux, j’utilise des objets lourds pour travailler ma force. Mais ce que je préférais, et de loin, c’est de m’entraîner à viser. Et sans vouloir me vanter, je pense être assez douée dans ce domaine, je me perfectionne au fil des années et ne rate jamais ma cible.

Nous avons convenu avec Seth que je deviendrai par la suite une tireuse d’élite, j’aime l’odeur de la poudre … Oui, je suis sûre que je pourrais très bien manier les armes à feu.
L’entraînement physique n’est pas le seul point sur lequel je travail, j’étudie la navigation. Je prends le maximum d’informations que veulent bien me laisser les pirates de passage. Je négocie avec les filles pour qu’elles soutirent des indications de navigation aux clients. Je vole à plusieurs reprises des livres sur le sujet à la bibliothèque de l’île et dans le bureau personnel de Mama. C’est peut-être pour cela que je suis devenue si douée en matière de vol.

Mes journées sont longues et rythmées entre le travail pour Mama, les services que je rends aux filles, mes différents entraînements, notamment celui du tir et mon étude de la navigation.
Bizarrement, malgré toute l’énergie que tout cela me demandait, j’aimais ma vie… Je ne l’ai jamais autant aimé que depuis son arrivée. Il m’a redonné le petit plus qui me manquait…

10 ans se sont écoulés depuis notre première rencontre, maintenant âgés de 18 ans, je sais que nous irons au bout de nos rêves. Je ne m’arrêterai pas tant que je n’ai pas mis la main sur ce trésor, j’en fais ma promesse…Croix de bois, croix de fer si je…non…si NOUS mentons nous irons en enfer…




INFORMATION IMPORTANTE :

Avec le personnage de Seth nous avons réalisé nos fiches ensemble, il serait donc plus utile de la lire également pour avoir une vue d'ensemble sur le personnage et mieux comprendre sa psychologie et son histoire .
Lien de la fiche de Seth

Je m'excuse pour la longueur de la fiche mais je ne voyais pas comment faire pour exploiter le personnage au mieux de manière plus courte!  

Je grimpe les escaliers quatre à quatre, qui aurait cru qu'une vielle église pouvait en contenir autant ? D’ailleurs qui aurait cru qu'une église pouvait exister sur une île comme la Rokade... Les premiers colons devaient être plus recommandables que ceux qui occupent l'île aujourd’hui.
Une fois arrivée dans le clocher, j'enlève le drap dans lequel j'ai entouré mon bébé... Il est magnifique ! Un LP69-13 (que je préféré appeler Richard), ancien fusil de précision utilisé par un ancien royaume.... La fabrication à été arrêtée mais Seth avait réussi à le dérober à l'un de ses collègues et c'était maintenant avec ça que je m'entraînais.

L'idée était la sienne. A force de me voir gagner contre les clients de Mama aux fléchettes alors que je n'étais pas plus haute que trois pommes, il avait décelé en moi des qualités potentiellement applicables en situation de combat.
Au début, je devais jeter des cailloux dans des paniers, puis il s'est mis à installer des cibles un peu partout dans la ville que je devais dégommer depuis un point d'observation... Tout ça pour qu'aujourd'hui, il jette des cailloux en l'air que je dois shooter avec un simple pistolet. Les jours où il me trouve trop désinvolte, il me bande les yeux pour le même l'exercice. Le but est que j'appuie sur d'autre sens que la vue pour toucher ma cible ! Je trouvais cette idée idiote au début mais je commence à en voir les résultats aujourd'hui.
Seth m'a prévenu. Il m'a dit que les mers étaient peuplées de personnes à la force prodigieuse et qu'ils me mettraient des bâtons dans les roues. Je sais donner des coups de pied et des coups de poing ! Peut-être pas aussi fort que lui mais il m'a aussi entraîné à la lutte. Mais d'après lui, je devais me concentrer sur une aptitude et en faire mon atout.
Soit... Il m'avait bien entraîné ! Et maintenant, il devenait ma cible.

Je posais le canon de mon arme sur un rebord pour plus de stabilité tandis que je chassais le visage de Seth à travers la lunette de mon arme.

« Où-es tu... Où-es tu... »

La balle était déjà prête à être tirée... Je n'avais plus qu'à le trouver... AH ! Cible localisée.
Je regardais le visage de mon ami avec un sourire amusé. Il souriait bêtement tout en fumant cette saloperie de cigare. Non mais il croyait se donner un genre avec ça au bec ?
Me mordillant doucement la lèvre, je jetais un coup d'œil à un arbre pour apprécier la force du vent et... J'appuis sur la détente.
Un bruit sourd raisonna, secouant légèrement l'unique cloche de l'église tandis que j'atteignais ma cible.
A travers ma lunette, je vis le cigare de mon ami se déchirer en deux, je gloussais de rire tandis qu'il recula de quelques pas sous l'effet de surprise et qu'il commençait à chercher l'origine du coup de feu. Le plus drôle fut sûrement quand il se pencha sur la balle pour lire le petit mot que je lui avais préalablement laissé.

« Seth, arrête de fumer cette saloperie et viens à la maison, il y a du gâteau !

XOXO
Yume »

Non mais vraiment... sécher le repas le jour de son anniversaire... j'avais travaillé Mama pendant des semaines pour pouvoir acheter des œufs et lui faire la surprise d'un gâteau et il n'avait même pas la délicatesse de venir !
M'assurant qu'il prenne bien la direction du bordel de Mama, je déposai un petit baiser sur le canon de Richard, très loin de m'imaginer ce qui était en train de se passer à moins d'un kilomètre de là.


Pendant ce temps dans le bordel de Mama

La zone VIP de Mama était une zone particulière dans son bordel voir même pour toute la Rokade. Récemment restaurer par Seth et décorer avec goût, la pièce était circulaire et disposait de tout le confort possible.
De généreux canapés en velours bien rembourrés, un ingénieux système de ventilation offrant une fraicheur agréable, des couverts et un service de luxe garanti par de belles femmes peu farouches... Bref, tout était fait pour que le client tombe dans les filets de Mama !
Mais nous étions en début d'après midi. Bien loin des tapageuses soirées que la vielle femme offrait à ses clients le soir, elle avait organisé un rendez-vous secret. Ses plus gros clients, amateur de chair fraîche étaient tous ici !
Le bordel de Mama était souvent un lieu de rendez-vous pour la pègre et autre racaille de la région. Elle avait de l'expérience dans ce genre d'affaire et comme prévu, tous les invités avaient répondu présents à l'appel.

« Silence... Silence s'il vous plait... Asseyez-vous. »

Une demi-douzaine de personnes s'installait de part et d'autre de la pièce tandis que Mama trônait en son centre, regardant un à un chaque visage avant de reprendre.

« Je sais combien votre temps est précieux alors je vais être brève. Je souhaite mettre en vente la virginité de Yume ! »

La cacophonie repris allégrement, des propos scabreux mêlés à des rire gras. Une voix se fit entendre parmi les autres. Mama lança un regard sévère à l'assistance et tout le monde se tut.
Elle n'était pas la plus riche, ni la plus puissante des personnes ici... Mais elle était une figure d'autorité incontestée !
Elle reporta le regard sur un personnage qui semblait vouloir prendre la parole. Carl Master, excellent navigateur connu pour passer des esclaves en douce sur les blues au nez et à la barbe de la marine.

« Mama. Tu sais combien nous te respectons tous ici. Mais Yume... Ok cette gamine est du genre canon... Mais je ne veux pas froisser son paternel si tu vois ce que je veux dire ! »
« Son père n'a manifesté en aucun moment le moindre signe d'intérêt pour sa fille. »
« Nous savons tous ici que si tu n'as pas vendu les miches de Yume jusqu'à présent, c'est parce que t'avais peur que son vieux se ramène et fasse exploser cette île. Qu'est-ce qui à changé ? »
« Il est dans le nouveau monde ! Et je le vois mal revenir pour une gosse qu'il a laissé vivre dans un bordel ! Une occasion s'offre à vous messieurs... La fleur de la fille de Bartholomew King ! »

Le dénommé Carl eut une petite moue sur le visage avant de reprendre : « Sans moi Mama... Je ne prendrais pas le risque de menacer quelqu'un qui porte le sang de King en elle. »

Le concert de brouhaha reprit quand le bruit d'un fauteuil raclant le sol ramena le silence.

« 25 millions Mama. 25 millions... » Un homme grand et musclé se leva. Dimitri Zantis, esclavagiste de renom, un avis de recherche de 30 millions planait sur lui.
Il leva sa jambe et la laissa tomber sur une table. Une jambe de bois. « Ce foutu Bartholomew m'a fait ça il y a 40 ans... je serais ravi de prendre ma revanche sur lui d'une manière si plaisante ! Mais je veux que tu fasses remplir un contrat à cette fille où elle devra signer qu'elle accepte de me vendre ses faveurs. Ca fera un bon souvenir à envoyer à son géniteur. »

Mama regarda autour d'elle pour voir si d'autres personnes étaient prêtes à surenchérir et finit par hocher la tête.

« Je reviendrai dans quelques mois avec l'argent. Fais en sorte qu'elle soit prête ! Et éloigne son chien de garde, Seth. Ce gosse ne me fait pas peur mais seul le sang de King coulera ! »

Il se lécha les babines d'un air malsain tandis que Mama était déjà en train de calculer la manière de réinvestir les 25 millions.