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Lune de Miel

-Vous croyez qu’ils seront contents de nous revoir ?
-Qui ça ? Les CP en embuscade dans les toilettes ?
-Ah bah oui, certainement, mwarharharh.

Voir un pavillon militaire aux armoiries de Luvneel sur la mer était devenu une chose incroyablement rare. Sa flotte marchande était omniprésente sur les grands axes commerciaux de la majorité du monde, mais ses navires de guerre avaient été désarmés pour la majorité il y a des siècles de cela. Et aujourd’hui, il n’en restait plus tant que ça. Pour la plupart parqués dans la cité portuaire de Norland, été affecté à la défense des côtes du poumon commercial du royaume. Le reste relevait maintenant de la marine mondiale.

Qui faisait très bien son travail, compte tenu de la frénésie pirate qui faisait rage depuis ces dernières décennies.
Qui ne servait à rien, vu le nombre d’incidents qui s’étaient multipliés au cours de l’année écoulé.
Qui faisait ce qu’elle pouvait, selon les plus neutres ou les plus objectifs du royaume.

Comme d’habitude, les avis étaient aussi divers que les affiliations de chacun. Sur Luvneel, certains avaient la cause des gouvernementaux, d’autres de la révolution, et au milieu, les inconscients prônant clairement l’indépendance. Dans la réalité, c’est un dangereux équilibrage qui se consolidait dans le pays.

-Content que vous arriviez maintenant à en rire, appuya Dogaku. Parce que je me souviens que quand on y était… faîtes-moi un sourire, pour voir ?
-Je ne souris pas sur commande, merci, répliqua-t-elle d’un sourire.

Dans tous les cas, des notables de tous les bords étaient d’accord pour s’impliquer, chacun à sa manière, dans le mouvement de reprise qui gagnait le pays. Et ce sur tous les plans, ou presque. Même le trésor royal avec décidé de s’illustrer en rappelant au monde que Luvneel avait eu énormément de moyens en son temps, et ne s’était pas privée pour se parer de fabuleux atours au sommet de sa splendeur. Et ce même à la guerre. En témoignaient plusieurs armes et armures façonnées par des forgerons doublés d’orfèvres de talents, qui avaient su réaliser des pièces d’exception aussi bien d’un point de vue esthétique que technique. Et parfaitement utilisables en plein milieu d’une hécatombe.

Parmi ces pièces, il y en avait une en particulier que l’on souhaitait rappeler au monde, à l’occasion du grand rassemblement des forgerons qui allait se prononcer sur la valeur des quatre-vingt-trois lames les plus méritantes de la planète. Le congrès du Marteau.

Il s’agissait d’Hanemun. Qui n’était pas une, mais deux armes dépareillées, finement ornementées, serties de pierres précieuses habilement taillées. Une épée et un sabre créés ensemble à l’occasion du couronnement et du mariage d’un couple royal des temps passés, il y a mille ans de cela, en guise de cadeau offert par le plus grand forgeron d’un pays autrefois sous la sphère d’influence de Luvneel. Et on dit bien appartenait. Le pays en question n’avait pas su traverser les siècles. Et maintenant, le territoire et la nation qui l’avaient remplacé étaient complètement intégrés aux institutions du gouvernement mondial.

Les lames avaient parfaitement survécu au millénaire écoulé, elles. Leur entretien était une tâche dont s’étaient chargés avec grand honneur les meilleurs artisans de la couronne. De sorte qu’aujourd’hui, elles étaient aussi resplendissantes et aussi affutées qu’au premier jour.

Et pour être sûr que les voleurs resteraient à l’écart, on avait pris ce qui se faisait de pire sur Luvneel pour épauler les chevaliers de la couronne. Un appel auquel les deux chevaliers de Nowel avaient répondu avec plaisir. Mais malgré ça, ils ne faisaient office que de support : la véritable garde d’Hanemun, c’était le corps de chevaliers et de soldats de Luvneelgraad ayant pris place sur le Falaiseau, l’un des derniers galions militaires Luvneelois.

-Interdiction d’y toucher, Sigurd, l’interrompit une voix posée.
-C’est juste pour voir si elles sont toujours là ?

Werner de Bernhardt, le chevalier qui les accompagnait pour ce voyage d’un quart de planète, le sonda fixement du regard. Et comme toujours, ce qu’il vit dans Sigurd n’était qu’un bon sens empreint de naïveté, qui ne perdait pas de temps à donner son avis sans prendre la peine de réfléchir.


-Vous n’avez pas à y toucher.
-Mais c’est idiot ! Comment est-ce qu’on est censés protéger un truc qu’on n’a le droit de voir qu’une fois tous les quatre jours parce qu’il reste cloitré dans un coffre ? J’veux dire, ça se trouve le contenu a été volé et on le sait même pas. C’est quand la dernière fois que vous avez vérifié, vous ?
-Mmmh. Ca ne marchera pas.

Les deux armes étaient scellées à l’intérieur d’un coffre du trésor ; un coffre bien assez ornementé, et agrémenté d’or et de pierres précieuses, au point d’en faire un objet tout à fait susceptible d’être volé pour lui-même. Un coffre au mécanisme de verrouillage particulièrement complexe, au point d’être ouvert le moins possible. Et pas la peine de vouloir passer cette difficulté en faisant usage de force brute : l’ouvrage était assez robuste pour que même un PJ s’y casse les dents.

-Le coffre est surveillé. Et je ne crois pas à la magie. Sans vouloir vous vexer, bien sûr, adressa-t-il à Evangeline.
-Vous devriez… mais je ne connais pas de tour pour ça, s’amusa la miss.

D’un claquement de doigts, Evangeline émergea une flammèche dans sa paume. Les coquillages étaient dissimulés dans ses manches, et ressortis imperceptiblement lorsqu’elle s’adonnait à de petits artifices de ce genre. Elle décida pourtant d’en sortir un et de clairement l’exposer pour le cran du dessus, l’énorme sphère enflammée adressée à la mer.  

Une démonstration qui laissa les chevaliers de marbre, même s’ils apprécièrent la manœuvre à sa juste valeur. Ils étaient déjà au courant, même s’ils n’avaient jamais pu le constater… les rumeurs étaient vraies. Ca n’était pas pour rien, qu’on leur ait demandé de se joindre à l’escorte.


Dernière édition par Evangeline T. Haylor le Mar 15 Aoû 2017 - 14:41, édité 1 fois
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Un autre jour de traversée. Ils ne devaient plus tarder à arriver en vue de l'ensemble. Alors, comme à son habitude, Dogaku avait pris le temps de relire tous les éléments qu'il avait rassemblés dans son dossier dédié à cette affaire. Fiche d'île des brochures touristiques, notes personnelles sur les personnes de l'endroit, ainsi que...

-Rhooo, chuis déçu. Je m'attendais à un machin gigantesque, mais l'article parle de quelques centaines de spectateurs seulement. Dans le journal, j'veux dire. C'est tout petit en fait.
-Pas si petit que ça?, s'étonna le chevalier. C'est un très grand événement. Il y aura beaucoup de monde.

Ils étaient sur le pont : Sigurd profitait du soleil et du faible vent pour prendre un peu l'air, et avait fait installer un de ses imposants fauteuils de cuir pour y lire à son aise. Pour sa part, le chevalier de Bernhardt venait tout juste de finir une session d'exercice avec quelques uns de ses compagnons, dans les ponts inférieurs, et venait maintenant rechercher la fraîcheur de la mer.

-Ben j'espère. Là on a plus ou moins autant de monde au balcon dès qu'on poutre un pirate en public. À la maison, j'veux dire. Chais bien qu'on le fait bien en ville et qu'on invite un peu tout le monde pour les comédies musicales, mais... mais on utilise pas d'effets d'annonce mondial avec invités de marque à foison, quoi. Leur truc c'est du complètement niche, en fait. Ou alors le journaliste s'est endormi en écrivant ses pronostics, aucune idée. C'est vrai qu'il annonce pas ses sources... ou alors il planche pour plusieurs centaines de visiteurs chaque jour, je sais pas.

Dogaku lui tendit le journal comme pour appuyer ses propos, mais l'autre déclina d'un geste de tête. Il n'avait pas besoin de ça.

-Et bien... c'est le journal du monde, répondit miss Haylor. Prestige de Marijoa, et ligne éditoriale... de Marijoa. Untel a démoli ceci, Dupont a arrêté Durand...
-Et ça se vend comme des petits pains, ricana Dogaku.
-Ne me déprimez pas, s'assombrit l'autre.

Sigurd se contenta de sourire et de reprendre ses lectures. Sa partenaire s'en retourna à sa farniente, installée sur une chaise longue à l'abri sous un grand parasol. Au bout d'une minute, il demanda:

-Le truc qui me surprend, c'est que le Baratie... ben c'est tout petit. En plus c'est une cantine améliorée, donc niveau place ils ont dû bien s'amuser pour tout ranger. Ils comptent recevoir les gens comment?
-Énormément de bateaux devraient stationner ici, commenta simplement Evangeline.
-Énormément comment? J'arrive pas à visualiser le truc. Ça va être grand, ou bien?
-Mmmh... je ne saurais pas vous répondre.
-Werner? Z'avez déjà vu un congrès au Baratie?
-Seulement des réunions officielles. Jamais de cette ampleur.
-Erf... j'imagine qu'on verra.


Dernière édition par Evangeline T. Haylor le Mar 15 Aoû 2017 - 14:55, édité 1 fois
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Et maintenant il faut nettoyer cette foutue lame. À quoi ça peut bien servir de s'extraire de Grand Line si c'est pour encore se fourvoyer avec des mongoliens pareils ? Deux minutes que je suis à bord et déjà ça chiale et ça chie dans son froc. Ma faute si j'ai besoin d'un moyen de transport ?
Je m'approche d'un de ces ramassis de pisse froid encore en vie, une sorte de sous homme qui recule de deux pas à chaque centimètre que je fais vers lui. Pas de chance mon couillon, sur un bateau tu peux pas aller bien loin.

- Tu sais manoeuvrer ce truc ?

Oui, fallait bien que quelqu'un à bord en soit capable. A peine je suis arrivée sur les Blues qu'il faut que mon putain de vaisseau me joue le grand bleu après avoir copiné de trop près avec les récifs. Je nage, je nage, et là, sur quoi je tombe ? Une sorte de péniche qui se traîne. A peine à bord, je zigouille le capitaine, juste histoire de faire comprendre que la fête est finie. Le hic, c'est que je sais pas comment on fait avancer cette connerie de navire, et que le capitaine a pas trop eu le temps de me briefé avant que je le sectionne en deux. Alors à défaut de mieux, bah je me rabats sur ce qui reste.

- Si... Si je  prends la barre... Vous nous tuerez pas ?

Pauvre pomme, bien sûr que tu vas crever ! On m'appelle pas la harpie parce que j'ai des plumes au cul. Ces citadins en mer, vraiment aucune jugeote. M'enfin, faut bien ménager ces petites couineuses, pas envie de continuer le trajet à la nage.

- Bien sûûûûr !

L'intonation sonne si faux que même moi je suis pas convaincue. Mais le couillon lui, il y croit dur comme fer. Et vas y qu'il dit à tout le monde à bord de se calmer et de s'apprêter à lever l'ancre. Comme quoi la méthode douce, ça paye. Je vais tous les éviscérer, ça fait pas un pli, mais avant, j'aurais au moins eu le mérite d'avoir été conciliante. On va dire que ça constitue ma B.A du jour, ça mérite bien une petite pinte.
Alors que je cherche de quoi me nourrir liquide, y'a le balourd qui revient à la charge. Ma parole, il a changé d'avis, il veut que je le crève finalement ?

- Et... et où est-on censé vous amener exactement ?

Ma parole, il croit que je suis venue ici pour profiter du paysage ? D'emblée je sors un journal froissé de ma veste et je lui mets sous le nez l'article que j'ai entouré avec du sang. Le sang de qui déjà ? Peu importe. Là, le demeuré commence à comprendre.

- Oooh... Le Baratie, c'est vrai qu'il y a un sacré évènement là bas, je présume que vous aimez les lames héhé.

"Héhe". Qu'est-ce que c'est que ce rire de faux cul ? Et qu'est-ce qu'il a à me faire la conversation ? Il est amoureux ? Déjà le syndrôme de Stockholm ? T'inquiètes pas pépère, je vais t'envoyer au septième ciel bien assez tôt, mais je suis pas sûre que tu apprécieras les modalités. Enfin, il a vu mon regard et il a saisit qu'il faisait mieux de retourner en cabine.
Ayé ! Trouvé de quoi me rincer le foie. Juste du whisky pour nouveau né, on dirait qu'il y a que des petites natures sur ce bateau pour boire pareille chiasserie. Quelque part, tous les tuer comme je vais le faire, c'est leur rendre service. Merde Céléno, tu vires altruiste. Fais attention, c'est la pente raide. D'abord tu rends service à des péquins, pis si tu continues, t'as vite fait de te retrouver gradée à la marine.

Mon petit doigt ( de whisky ) me dit qu'il y a peu de chance que je tourne amiral. Je profite de la traversée pour me murger comme il se doit, et enfin je vois cette connerie de bateau restaurant à l'horizon. Y'a foule aujourd'hui. Pas mal de vaisseaux ancrés aux alentours du bâtiment. Pour la peine, les cuistots ont mis les petits plats dans les grands. Ils ont déployé les nageoires de leur  navire et ont aménagé les plateformes de diverses tables.
Les buffets jouxtent les expositions, peuvent pas s'empêcher de mettre de la bouffe partout. C'est censé être une connerie d'exposition prestigieuse ou je sais quoi, et de là où je suis, on croirait voir une brocante sur Jaya.
À peu de choses près que les gueux sont remplacés par des semi-mondaines qui s'empiffrent, rigolent fort, et paradent.

- Pas de sabre en vue...

Une fois tout le monde à bord de la péniche zigouillé ; j'ai fait ça loin pour que les cris ne soient pas audibles depuis le Baratie, je me décide à leur emprunter une barque et aller fréquenter tout ce beau monde. Si je suis venue, c'est parce que cette connerie de lame serait exposée. Ils l'ont sûrement gardée à l'intérieur du restaurant.
Ah ils aiment les épées rares ? Ça tombe bien, dans le genre, mon kitetsu c'est plus ou moins une sommité. Paraît qu'il est maudit. De ce que j'ai vu jusqu'ici, il porte surtout malheur aux attardés qui ont la bêtise de venir m'échauffer les ovaires. Quelque chose me dit d'ailleurs qu'ils voudront pas me laisser l'épée bien gentiment.

J'aborde la plateforme extérieure du Baratie. On me regarde comme si j'étais une putain d'attraction. Vous voulez des sensations fortes mes jolis ? Y'a qu'à demander. Laissez moi juste le temps de mettre la main sur ce pourquoi je suis venu, et ça va valser.
On n'a pas lésiné sur les moyens pour la sécurité, y'a même des couilloneries de chevalier pour surveiller un peu partout. Je sais pas si c'est pour éviter les vols ou pour la décoration, mais ça reste marrant à voir.

L'intérieur du bateau est assez cossu il faut bien le dire. C'est vrai que les mondains ça excelle dans l'art de paraître. On se croirait presque dans un palais royal. Y'a des tapisseries anciennes plein les murs, ils ont sorti le tapis rouge, pis les tables aux alentours sont parées des couverts les plus brillants qu'il soit. Ouais, y'a pas à dire ça chie le luxe dans la casbah, c'est mieux tenu que dehors.
Mais moi, les tapisseries, à part pour me torcher, ça m'émoustille pas plus que ça. Ce qu'il me faut, c'est cette putain d'épée pour laquelle je suis venue.

Pour le moment, je fais semblant de scruter ici et là pour un peu voir tout ce qu'ils ont à exposer. Mais je suis pas très douée pour faire semblant, je sens que je vais perdre patience assez vite si ils ne me montrent pas où est la lame que je recherche. Cons qu'ils sont, ils doivent surement la réserver comme bouquet final de leur mondanité. Tu parles d'une manière de me faire perdre mon temps.
Amenez moi l'épée que je vous dépèce et que je m'en retourne sur Grand Line avec mon butin, marre d'attendre.
    Ils n’étaient pas déçus. Le congrès du Marteau avait réussi à attirer plus d’une cinquantaine de navires, tous amarrés les uns auprès des autres, et parfois reliés par des aménagements de fortune pour permettre la circulation autrement que par des barques ; pontons notamment, mais aussi quelques planches de bois et ponts en matières diverses disposés entre les navires. Les charpentiers engagés par les organisateurs s’étaient bien amusés pour proposer des ensembles à la fois stables, robustes, et malgré cela flexibles et temporaires. Certains bâtiments autorisaient même à ce que l’on puisse rejoindre librement –ou presque- leurs ponts. De nombreux marchands avaient d’ailleurs flairé l’aubaine, et s’étaient concertés pour installer leurs échoppes sur des navires partagés, créant ainsi des allées marchandes aux allures tantôt de galeries à ciel ouvert, tantôt de bazar clairement monté à l’improviste.

    Ils s’étaient pourtant extrêmement bien organisés ; à part pour certaines babioles touristiques, ou pour aider à la manipulation des prix et des achats, ils ne se faisaient pas de réelle concurrence sur leurs produits préférés. Au moins, pas sur le même navire. Et le résultat avait l’air de très bien fonctionner : car comme toujours, un tel rassemblement de personnes entraînait toujours une multiplication des besoins, que les organisateurs ne pouvaient pas assumer à eux seuls. Trop de temps, trop cher, et trop compliqué. Alors, on invitait des indépendants en leur faisant payer un droit d’entrée, et c’était aux voyageurs de se prendre eux-mêmes en charge par la suite.

    -Maman, maman ! J’veux une figurine Respora, c’est la seule qui me manque !
    -Pas maintenant, Dolfy.
    -Mais allez, à quoi ça sert de venir ici si c’est pas pour obtenir ce qui me manque ! En plus on avait dit que le premier qui réunissait les douze figurines meitou 12 serait le chef, et Rudolf il en a aussi déjà onze !
    -Je t’ai dit non. Et puis, elles sont tellement chères…
    -Y’a les mêmes en vachement plus abordables dans l’allée suivante, leur sourit Dogaku en passant à côté. Devriez aller voir.
    -Oh ?

    Il n’avait pas mis longtemps à comprendre comment marchaient les choses, ici. Comme partout, les exposants du congrès profitaient de leur exclusivité d’offre pour gonfler confortablement leurs prix. Mais au-delà de ça, certains stands proposaient des produits à des prix encore gonflés de dix à trente pourcents. Sur certains produits uniquement. Ils gardaient à côté de ça quelques produits qu’ils vendaient eux-mêmes moins cher que les autres, tout en se faisant toujours une marge très confortable. Au final, tout le monde était concurrentiel sur ses produits, et les autres n’étaient que des incitatifs à accepter le prix le moins cher, qui comprenait pourtant une très belle marge.

    Le pire était quand on savait qu’ils avaient poussé leur association jusqu’à décider de partager aussi les bénéfices. Ils avaient partagé le cout de la location du navire et de l’équipage, alors l’entreprise était suffisamment commune pour qu’ils puissent la pousser jusque-là.

    -J’adore ces mecs, s’amusa Dogaku.
    -C’est illégal, commenta simplement l’autre.
    -Baaaah… c’est illégal sur Luvneel, ouais. Est-ce que ça l’est chez eux ? Et ici ?
    -… probablement pas.

    Le galion de guerre Luvneelois était amarré à la périphérie sud de l’ensemble. La majorité des officiels s’étaient directement rendus au congrès pour les introductions, avec une mince escorte. Haylor et Dogaku, eux, en en profitaient tout simplement pour visiter l’endroit. Un grand navire aménagé comme bazar marchand, et ce sur trois niveaux distincts. Les ponts intérieurs avaient même été améliorés pour que la luminosité y soit tout à fait appréciable. Le simple fait de se promener ici pouvait être un plaisir en soi. Certaines sommités de passage faisaient d'ailleurs partie des clients du jour, ce qui pouvait constituer une attraction en soi pour qui s'y connaissait.

    -Ca me fait limite penser, on aurait pu tenter de venir vendre des trucs ici.
    -Des fruits en provenance d’un quart de planète ?
    -Mmmh... ouais ok ptêtre pas le top niveau fraîcheur. Mais d’un autre coté… chuis pas convaincu que les autres soient si géniaux que ça.
    -Eh bien, elle n’a pas l’air de penser ça, elle non plus.

    Sigurd désigna l’étal d’un maraicher avantageusement placé face à un point d’entrée du navire. Et devant lui, une femme à l’apparence particulièrement mal léchée. La quarantaine bien conservée, un physique témoignant d’un consciencieux entretien, et des gallons faisant foi d’une mise à l’épreuve régulière ; Dogaku reconnu les insignes d’une commodore de la marine. D’autres avaient surtout reconnu le katana distinctif qu’elle portait à sa ceinture, un meitou particulièrement réputé pour sa catégorie. Entre ça et son allure générale, son attitude d’ogre –de harpie, pour être précis- , elle attirait forcément l’attention.

    Peu importe ce qu’elle pouvait chercher, Céléno avait vite fini par rebrousser chemin, bredouille. Et plutôt que de s’en retourner à son navire abandonné…

    -Navire abandonné ?, tiqua Evangeline, aux antennes toujours bien longues.
    -De quoi vous parlez ?
    -Je viens d’apercevoir quelque chose, au loin. Ca. Regardez.

    D’un geste de menton, elle désigna le bateau emprunté par la commodore pour rejoindre le Marteau. Désert, et pour une très bonne raison qu’ils ignoraient encore. Pour autant, cette simple remarque éveilla l’intérêt de son partenaire. Qui avait pour sa part les dents toujours bien longues.

    -Ooooooh… vous me donnez des idées bien débiles, là, sourit-il largement.
    -Mmh ?
    -Des tonnes de pirates vont se pointer ici. Et c’est limite annoncé d’entrée de jeu que si personne n’a le droit de se foutre sur la gueule près du Baratie, ils vont pas hésiter à le faire au-delà, à l’écart. 9’a déjà commencé d’ailleurs, ‘pparemment.
    -Vous voulez récupérer les navires des perdants et ignorés par les vainqueurs s’ils sont en bon état. Ca ou que nous allions nous même chasser du pirate pour avoir leurs navires.
    -Content que vous deviniez ! Ca serait pas énorme, sérieux ?

    Pour qui l'ignorait encore, il fallait rappeller qu'Haylor et Dogaku étaient devenus armateurs en complément de leurs activités au sein d'HSBC. Et que les banques ne prêtaient pas : pour obtenir de nouveaux navires à louer aux autres marchands de Luvneel, la seule option était de taper dans les pirates qui en faisaient de même avec les honnêtes hommes.

    Vu ce que coûtait et rapportait un navire, ils ne laissaient que rarement passer les opportunités.

    -Il va falloir dire aux autres d’ouvrir l’œil.
    -Il va surtout falloir les convaincre de nous laisser faire les marioles avec le superbe galion militaire qu’on vient de récup’ pour le voyage.
    -Fort peu probable.
    -Et si on les deale ? J’veux dire, si on peut se faire et des navires et des primes, suffit de leur reverser une part et…
    -Depuis combien de temps ruminez-vous ça ?
    -Euh… cinq jours ? Hahaha.
    -Je me disais bien, aussi. C’était bizarre que vous n’en parliez pas.

    -Alors ?
    -Aucune idée. Peut-être, si l’occasion se présente… et vous alez sûrement… créer l’occasion… comme d’habitude.
    -Rhooo, allez ! Ca sera l’occasion de montrer à tout le monde ce que peut faire une super sorcière en action. Parait que y’a du beau monde, ici.
    -Une « super sorcière en action » a beaucoup de mal à capturer des navires sans… mettre le feu à absolument tout le navire.
    -Chuis là aussi pour aider, on pourra se passer de ça.

    Elle ouvrit la bouche, mais ne parla pas. Elle hésitait. Réfléchissait. Essayait d’arbitrer. Et puis soudain…

    Se rendit compte qu’un grand nombre de personnes aux alentours les avait entendu et les regardait avec des expressions et des avis variés. Comme toujours, Sigurd parlait à voix haute, trop haute, surtout quand il s’amusait autant. D'un geste, elle lui fit signe de se taire.

    Et parmi ces personnes, il y avait Celéno, qui comme nous le disions plus tôt, avait préféré venir récupérer quelque chose à se mettre sous la dent sur cette place marchande plutôt que de s’en retourner à son navire abandonné en barque. Manger au Baratie ne lui faisait pas trop envie. La déco ne lui revenait vraiment pas, au moins pour le moment. Et puis, son sabre ne se mêlait pas vraiment à cette ambiance mondaine. Ni à celle du bazar, en fait. Même protégé par son fourreau, même s’il ne s’agissait pas de l’ultime création du forgeron Kitetsu, le Nidai était lui aussi imprégné d’une aura malveillante, une empreinte de brutalité meurtrière qui déteignait sur son environnement. Personne n’était à l’aise, ici. Et dans le même temps, la fascination malsaine qu’exerçaient les armes et la mort faisaient toujours leur office.

    -Excusez-moi… est-ce que je pourrais voir votre arme ? C’est bien un meitou, n’est-ce pas ?

    Evangeline n’avait pas pu s’empêcher de poser la question. Un katana d’excellente facture, doublé d’une arme particulièrement intrigante… elle-même pratiquait également le maniement de ce genre de lame, à simple titre d’exercice. Alors, forcément…


    Dernière édition par Evangeline T. Haylor le Mer 16 Aoû 2017 - 10:05, édité 1 fois
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    Voilà qu'arrivent d'autres convives, c'est pas comme si on était pas déjà serrés comme des sardines dans ce foutu restaurant. Toutes ces grandes lames qu'ils exposent pour des culs rouges qui n'ont jamais touché une arme de leur vie, quel gâchis vraiment.
    Moi qui me faisais un plaisir de les délester de telles armes, me voilà contrariée dans mes projets. Ces badauds en péniche que j'ai crevé tantôt, je comptais m'en servir pour faire planer une menace de piraterie, évacuer le tout de par mon autorité de marine, puis me saisir de deux trois de ses beautés sous verre qui seraient du plus bel effet dans ma collection de lames.

    Malheureusement, parmi tous les ramassis de mondains agglutinés dans le coin, la crème de la crème des petits bourgeois dispensables adorant parader sont aussi de la partie : mes collègues. Je regarde les galons ici et là, et je me rends compte que ça fourmille de commandants en tous genre. Si je sonne l'alerte pirate, on peut être sûr que ces emmerdeurs vont rester à proximité du butin.
    Moi qui venait ici incognito et qui espérait piquer du matos pour mettre ça sur le dos de pirates à la con, c'est raté. Ma pauvre Céléno, t'es bien partie pour retourner sur Grand Line. Le premier mongolien hors-la-loi que je croiserai là bas va casquer sévère pour que je purge la colère de mon organisme, une occasion pareille, y'en a qu'une dans toute une vie, et elle me passe sous le nez.

    C'est pas vrai, voilà qu'un connard de colonel vient me voir. J'ai pourtant pas mis l'uniforme vu que je suis en permanence. Évidemment faut qu'il y en ait un pour me reconnaître et se sentir obligé de me taper la conversation. Tu vois pas que je veux discuter avec toi gogol ? Dégage ! Casse toi ! Fous le camp de ma vue espèce de....

    - Mes respects colonel !

    Ouais, faut que je fasse du zèle pour pas attirer l'attention. L'État Major m'a déjà à l'oeil, mieux vaut que je sois une gentille fille. Bande de fumiers va, à croire que quelques broderies à la con sur un uniforme vaut que je fasse des courbettes devant vous bande de chien galeux de m...

    - Commandore Céléno n'est-ce pas ?

    C'est ça fais comme si tu me reconnaissais pas. Je suis une putain de légende dans la marine, pas une larbin dans ton genre qui ne doit son grade qu'à son talent pour gratter du papier.

    - Je savais que vous étiez une grande amateur d'épées, mais de là à prendre un jour de repos pour faire le déplacement jusqu'ici, vous êtes carrément une passionnée ha-ha.

    Oh la vache ce rire de faux cul, la vacuité du sujet de conversation... Faut que je lui fausse compagnie avant de me sentir obligée de lui casser les dents, ça ferait tâche dans mon rapport et surtout sur le pont du Baratie. Moi la mondanité, je préfère en bouffer à petite dose sinon je deviens vite folle dingue.

    - Ahem euh oui colonel c'est ça. Je dois vous laisser j'ai... Je... Je crois que leur chili était trop épicé, j'ai la taupe qui frappe au guichet.

    Au lieu du salut marine conventionnel, je lui adresse une petite tape condescendante sur l'épaule. Le gars est gaulé comme une sardine, je l'ai à peine effleuré qu'il a manqué de perdre l'équilibre. Elle est belle la marine tiens ! Avant qu'il ne se souvienne qu'il n'y avait pas de chili servi au buffet, je m'éclipse en vitesse. Direction la sortie. Je-me-casse. Déjà perdu assez de temps ici. Faut que je me trouve des révos ou des pirates sur le chemin du retour, histoire que je fende de la boîte crânienne pour décompresser.

    -Excusez-moi… est-ce que je pourrais voir votre arme ? C’est bien un meitou, n’est-ce pas ?

    Nom de.... D'où est-ce qu'elle sort celle là ? Tu veux tâter de ma lame ma mignonne ? Mais suffit de demander. L'idée de sortir le meitou assoiffé de sang pour la marteler avec m'a bien effleuré l'esprit, mais vu l'allure avenante de la pisseuse, ça sera difficile de la faire passer pour une pirate sanguinaire qui a essayé de m'agresser.
    Mais Sandai tremble, je le sens qui désire se montrer, la demande de la petite demoiselle a suffit à le réveiller, il veut sortir du fourreau dans lequel il est injustement enfermé. Tu voulais voir du Kitetsu maléfique ? Tu vas être servie.

    Lui adressant un regard froid, sans même lui répondre, je dégaine et lui mets la poignée dans la main. Sandai est très doué pour faire ressortir le pire de ses possesseurs, il a une aura qui émane de lui qui rend nerveux et agressif. Cette lame a une emprise sur le psyché de ses possesseurs, il faut avoir la rigueur et la dureté nécessaire pour le maîtriser comme il se doit.
    Cette jeune fille, elle m'a l'air d'avoir bon fond, je me demande si Sandai pourrait la corrompre.

    - Tu m'as l'air douée pour tenir une lame chérie. Que dirais-tu de me la garder pour le restant de l'exposition ? Comme ça tu auras l'occasion de parader avec et faire forte impression.

    Je lui donne le fourreau avec. Au début, elle en revient pas, pense que je me fous de sa gueule, mais je suis sincère. Pour lui prouver que je n'ai pas peur qu'elle me la vole, je lui dis que je l'aurais à l'oeil le restant de la journée en lui montrant ma carte de commodore de la marine.
    Sûrement qu'elle s'est posée des questions sur ma gentillesse inconsidérée, après tout, aucun possesseur de Kitetsu ne prête son arme à la première venue. Mais je sais qu'elle n'a pas les épaules pour retenir l'envie de sang de la lame maléfique.
    Peut-être que je vais rester un peu finalement, pour voir comment vont tourner les événements. Avec un peu de chance, y'aura du drame, et tant que l'épée n'est pas entre mes mains, on ne pourra pas m'accuser de quelque malversation que ce soit.
    Au pire, personne n'a fait attention au fait que je lui ais remis mon Kitetsu, je pourrais toujours prétendre qu'elle me l'a pris sans que je m'en rende compte et être blanchie au cas où Sandai réussisse à corrompre cette gourde comme il se doit.

    - Cette exposition va me plaire, je le sens...
      Cette entrevue avait totalement chamboulé leurs projets de la journée. La tête n’était plus aux promenades ou à l’exploration ou aux découvertes insolites… ils avaient un meitou. Et pas n’importe lequel. Une arme réputée maudite. Bien plus intéressant que tout ce qu’ils auraient envisagé jusque-là.

      -Où avez-vous trouvé cette arme ?, demanda Werner à leur retour prématuré.

      Sur le pont du navire, ils attirèrent de suite l’attention des marins et soldats en poste. Le chevalier en charge de tout convergea aussitôt vers eux.

      -J’ai eu d’la chance à la tombola, fit Sigurd en passant.

      Le trentenaire de Luvneelgraad n’y cru pas. Et le fait que la jeune femme ne corrige pas cette idiotie aiguisa encore davantage sa curiosité. Il reconnaissait l’aura spécifique de l’objet maudit, pour l’avoir déjà vu dans quelques autres outils de mort bien moins réputés. Mais il devina aisément de quoi il en était. Alors, il les suivit le plus naturellement du monde jusqu’au coin de pont intermédiaire aménagé en salle commune. Quelques autres marins se ramenèrent par la suite, curieux de voir plus en détail l’étrange trouvaille de leurs deux invités.

      Trouvaille maintenant exposée au centre du chaleureux lieu de vie et de partage du Falaiseau.

      Le katana avait été ôté de son fourreau, et posé à l’horizontale sur une table de bois. Autour, tout le monde pour la regarder intensément. Les reflets violacés de l’arme, mêlés aux tâches sombres –du sang oxydé en flots intarissables- qui témoignaient des festins sanguinolents du Kitetsu, avaient un quelque chose d’hypnotisant qui les tenait en respect. Sous la lumière, ils semblaient s’animer, et captivaient leur auditoire. Ceci jusqu’à ce que Sigurd empoigne l’arme et commence à jouer de ses doigts sur l’acier, sans oser les passer sur l’arête. Ni vraiment s’essayer à manier la lame ou à la prendre en main. Il n’était pas vraiment à l’aise avec l’objet… mais ça n’avait rien à voir avec sa triste réputation. Même de son temps dans l’armée, où il avait eu à apprendre leur maniement, il n’y avait jamais été habile. Seulement les bases, seulement décent. Plutôt avec les sabres. Il n’avait jamais eu de katana en sa possession, et se sentait ridicule à en tenir un sans trop savoir qu’en faire. Et pourtant, les motifs qui agrémentaient les deux plats de la lame captaient encore son attention. Mais il le reposa vite.

      -Et je disais donc… où l’avez-vous trouvée ?, essaya de Bernhardt.
      -Si je vous le disais, vous trouveriez ça encore plus débile que la tombola.
      -Mais encore ?
      -Vous lui racontez, grimaça Sigurd en désignant sa partenaire du pouce.

      Elle entrouvrit la bouche, hésita un instant, chercha par quoi commencer. Puis entama le récit. Tout avait été si soudain et si inattendu qu’elle n’y croyait pas plus que ses auditeurs. Et n’hésita pas à le leur dire. Ca semblait impossible. Ils ne la connaissaient pas,  Céléno. Tout s’était fait sur un simple coup de tête de cette femme… probablement. Sur l’instant, Evangeline avait failli refuser ; ça semblait beaucoup trop. Mais l’autre ne lui en avait même pas laissé l’occasion. Ils avaient simplement précisé qu’ils resteraient au Marteau le temps de quelques jours au minimum, parce qu’ils n’avaient pas fait tout ce voyage depuis North pour ne rester que le temps d’une journée.

      De la même manière que Céléno avait dû prendre sensiblement plus qu’une journée de permission pour venir jusqu’ici. A moins d’avoir joué astucieusement sur ses affectations.

      -Et vous savez vous servir d’un katana ?, s’enquit le chevalier.
      -Un petit peu… certains mouvements de base. On m’a surtout fait travailler tout ce qui concerne le dégainé du sabre.
      -Iaijutsu ?
      -C’est comme ça que ça s’appelle, oui.
      -C’est une surprise. Vous suivez des entraînements ?
      -Plutôt pour le loisir… et c’est toujours utile quand on cherche souvent les ennuis.
      -Hinhinhin. Surtout vous deux, n’est-il pas ?
      -Certains diraient qu’on ne se refait pas, mais… nous nous sommes refaits. En bien pires.


      Maintenant, c’était au tour de Werner de s’approcher de l’arme exposée. Mais lui se contenta de l’observer minutieusement, sans pour autant la toucher. Il savait s’en servir, ça ne faisait aucun doute. C’était un chevalier de Luvneel, et certainement pas l’un des moindres. Un guerrier d’élite formé au maniement d’innombrables armes, ne serait-ce que pour savoir quoi attendre de la part d’un adversaire armé de ça.

      Et peut-être parce qu’il était tant versé dans les armes de mort, il n’avait pas l’intention d’en toucher une maudite. Même les hommes de lettres avaient leurs superstitions. Aussi préféra-t-il continuer de questionner la sorcière.

      -J’ai rejoint un petit groupe d’amateurs sur Norland, continua cette dernière. Nous nous réunissons quelques fois par semaine, sous la coupole de quelques instructeurs qui se partagent les groupes. Ils essaient de nous apprendre des choses qui peuvent nous servir.
      -Et il estime qu’apprendre à dégainer un sabre convient à une sorcière ?
      -Pas le moins du monde.
      -Donc ?
      -J’ai simplement appris à mieux sortir mes chaînes.
      -Hahaha. Je vois le parallèle… pourquoi pas. En tout cas, il a très bien choisi son arme et sa discipline.
      -Ah ?
      -Oui. Un katana et un budo… c’est un choix adapté pour vos techniques.

      Elle l’interrogea du regard pendant quelques instants. Aussi expliqua-t-il sa réponse.

      -Ce sont des arts martiaux d’Extrême-Orient… qui mettent très largement l’accent sur le développement de soi. Une formule qui me plait beaucoup est la suivante : les arts orientaux visent à ce que votre âme et votre sabre ne fassent plus qu’un pour atteindre votre plein potentiel. Et à côté de ça, les arts occidentaux visent à ce que votre sabre et votre ennemi ne fassent plus qu’un pour régler vos problèmes au plus vite.
      -Mmmh. Je vois. Plus adapté à mes chaînes, oui.
      -Exactement, confirma de Bernhardt d’un sourire entendu.
      -Eh bien dans ce cas... je pense que je vais pratiquer un peu plus.

      Et sur ces dires, Haylor récupéra son arme. Et stoppa un instant avant de glisser la lame dans son fourreau, pour en regarder une nouvelle fois les reflets nébuleux. Ils étaient réellement...

      Fascinants.


      Dernière édition par Sigurd Dogaku le Ven 18 Mar 2016 - 0:42, édité 1 fois
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      Et deux minutes plus tard...

      -Est-ce que cette armure appartient à quelqu'un? Quelqu'un qui y tiendrait?
      -Non, c'est pour les entraînem...

      D'un seul geste, la jeune femme dégaina son arme pour asséner un choc formidable à l'armure. Le sabre trancha depuis le flanc gauche jusqu'au plastron torsal avant de s'arrêter, sans parvenir à traverser l'ensemble. Evangeline en sembla d'ailleurs cruellement déçue. Mais d'un autre côté... la blessure infligée était déjà suffisante pour blesser mortellement un humain. Et sans protection, on pouvait facilement imaginer ce qu'il adviendrait. Elle essaya de se représenter mentalement l'image d'un tronc qui volerait en deux... en vain. Elle n'avait aucune idée de la quantité de sang et d'entrailles qui sortiraient de suite.

      -PUTAIN, L'ARMURE QUOI! VOUS ÊTES FOLLE?
      -Elle n'appartient à personne, non?
      -Vous savez combien coûte une armure?
      -Je vous la repaiera... et une deuxième en prime, indiqua-t-elle sans détourner ses yeux de l'entaille.

      Tout en rengainant la lame, elle se demandait déjà ce qui se passerait si elle s'attaquait à une autre pièce d'armure. Un bras, peut être? À moins que ce ne soit trop résistant. Le katana avait déjà coincé contre le plastron... qui était vraisemblablement la pièce la plus solide de l'ensemble. Elle n'y connaissait rien. Mais essaya une nouvelle fois, et pouffa de satisfaction en tranchant net le coude d'acier. Armant un nouveau coup, elle recula de quelques pas, et...

      -Je pense que ça suffira, appuya Werner en posant sa main sur la poignée de sabre, par dessus celle d'Haylor.
      -Mmmh. Oh. Je vous fais le chèque tout de suite?
      -Il n'est pas question de ça.
      -Alors lâchez ma main, chevalier.
      -Lâchez cette arme?, répondit-il de son ton le plus gallant.

      Haylor sentit son visage s'affaisser, grogna de mécontentement. Quelques cliquetis métalliques se firent entendre, mais elle se stoppa net. Ça devenait ridicule.

      -Mmph. Je ne vais tuer personne. Je veux juste essayer un beau sabre.
      -Et je n'ai aucun mal avec ça. J'ai même envie de le voir. Mais c'est dangereux, ici. Nous avons une salle pour ces exercices.

      Elle le regarda fixement, mais ne réagit pas. Lui même desserra sa prise en signe de bonne volonté, pour finalement la lâcher. Et enfin, la pointe du katana se retrouva à hauteur de ses chausses, tout contre le sol. Ceci sans que leurs yeux ne cessent de se fixer.

      Et d'un coup, une figure s'approcha et pour capter tout de suite son attention.

      -Dooonc... z'allez vous faire la gueule encore longtemps? S'il vous plaît, Eva?
      -Je n'en ai pas la moindre envie, résonna de Bernhardt.
      -Bien sûr que non.
      -Alors posez moi ce truc tranchant et venez roucouler avec moi, souplait. Werner, vous mangez avec nous? Le Baratie fait des trucs franchement sympas, pour l'ambiance restau-cantine que ça a.
      -Je vais devoir décliner. C'aurait été avec plaisir, mais je dois rester à bord pour protéger le trésor.
      -Mmmh. N'autre fois alors. On fera venir des plats depuis le Barat'. Et on invite tout le monde, tiens. Ça devrait être sympa. Z'en dîtes quoi?
      -Je pensais plutôt y manger avec vous lorsque nous y apporterions les sabres royaux, mais... c'est une très bonne idée.

      Train de vie exorbitant. Et ils avaient tous deux le leur. Sans surprise, les deux Nowel pouvaient se permettre de prodiguer toutes les largesses qu'ils voulaient... et le faire de bon coeur. Même si, en l'occurrence, c'était surtout Sigurd qui était d'humeur pour. Mais pour ces choses, c'était chacun son tour.

      Et vingt minutes plus tard, ils empruntaient une passerelle flottante qui permettait d'accéder à l'une des ailes du Baratie. Il se pressait contre elle, elle lui tenait le bras, tout semblait oublié. Restait pourtant le katana et son fourreau, accrochés à sa ceinture en galuchat de requin damasquiné de fils d'or.

      Les conditions étaient idéales pour un repas en terrasse : un temps ensoleillé, et assez de navires autour pour faire barrage aux vents marins qui auraient fait hurler de rage tout mangeur potentiel. Compte tenu du gratin présent sur la place, leur arrivée ne fit pas réagir tant que ça. Mais on les reconnaissait aisément. À fortiori parmi les employés du restaurant, qui les avaient déjà remerciés pour la façon dont ils avaient étouffé puis étouffé -c'est fait exprès- la sombre affaire du Cipher Pol en embuscade dans leurs toilettes. Une drôle d'histoire que l'équipage espérait sincèrement qu'on oublierait très vite. Mais avec ça, les deux Nowel avaient gagné leur gratitude.

      Et leur sourire.

      -Bonjour! Une table pour deux, ça peut se faire? Terrasse si possible. Encore que j'ai l'impression que z'êtes blindé...




      Joooooooooooeeeee! Allez hop, full random. Tu fais ce que tu veux. Amuse nous s'il te plait xD! Chuis sûr y'a plein de PNJ qui peuvent faire des trucs bien.
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      - B...B...Bien...Bientôt !

      Qu'il avait l'air suspect ce client du Baratie. Un long imperméable beige fermé alors que la température de la pièce dépassait aisément les vingt cinq degrés, sa tignasse blonde gorgée de sueur était plaquée en arrière sur son crâne. Jamais Michel Mah n'avait autant crevé de chaud de sa vie. Mais il savait que c'était pour la bonne cause.
      Non en réalité ce n'était pas pour la bonne cause, c'était surtout dû au fait qu'il était troublé et trop influençable.

      Debout au milieu de la pièce, une coupe champagne à la main dans laquelle il ne trempait les lèvres que très rarement, les gens passaient autour de lui sans l'apercevoir lui, et son regard rivé sur la porte des toilettes du Baratie.

      - B..Bientôt....

      L'individu louche attendait quelque chose. Enfin, une femme sortit des toilettes l'air vaguement troublé sans pour autant être choquée, puis alla s'entretenir avec l'un des serveurs. Ayant écouté les mots qu'elle avait glissé à son oreille, ce dernier vira rapidement au rouge. Les traits de son visage se firent plus aigris, ses sourcils se froncèrent tellement qu'on aurait cru que la moitié de ses yeux étaient recouverts par ses arcades.
      Toujours sous les yeux de Michel, le serveur en colère posa son plateau de petits-fours sur le buffet et alla trouver un maître coq. Lui annonçant ce que lui avait rapporté la bonne femme il y a quelques secondes, cette fois, ce fut au tour du maître coq de changer de couleur.

      - Mais c'est pas vrai ! C'est la troisième fois ce mois-ci !

      Michel se mit à ricaner tel un pervers névrosé, sirotant une gorgée de son champagne. Puis jetant sa coupe qui vînt s'écraser sur la table d'un couple en train de déjeuner.

      - Mouhahahaha ! Oui ! C... c'est moi ! Mi... Michel Mah ré.... révo.... révolutionnaire de Luvneel q...qui ait inscrit c.....ces inscriptions.

      Plus exaspérés que surpris, une dizaine de cuistots relevèrent leurs manches. D'habitude, les révolutionnaire avaient au moins la présence d'esprit de s'enfuir avant d'être repéré quand ils dessinaient des graffitis dans les toilettes.
      Cette manie, devenue peu à peu une coutume qui se transmettait en bizut en bizut dans les cercles révolutionnaires était monté à la tête de Michel. Nombreux furent ses camarades qui, pour le provoquer, lui avaient dit qu'il ne serait jamais capable de faire des graffitis dans les toilettes du Baratie. Ceux-ci, pour être certain de le provoquer convenablement et le pousser à l'acte avaient accablé Michel des pires brimades, l'ayant poussé à bout.

      - I... Ils... Ils vont v...voir !

      Très récente recrue de la révolution, et sur le point de se faire briser les vertèbres sous peu, Michel avait cédé à la provocation tant et si bien qu'il tînt à en mettre plein la vue à ses camarades révolutionnaires de Luvneel. Il ne comptait pas s'arrêter aux graffitis.
      Alors que les cuisiniers, sous le regard amusé des visiteurs allaient lui mettre la main dessus, Michel ouvrit vivement son imperméable. Cette fois, plus personne n'eut envie de rire.

      - Hé...H...Héhé ! Ç...Ça...Ça vous la coupe h...hein ?!

      Trempé de sueur, bègue de naissance, à la dégaine ridicule, jamais qui que ce soit dans le restaurant n'aurait crû un jour prendre au sérieux un pareil énergumène. Et pourtant, une fois que celui-ci eut exhibé la ceinture de dynamite autour de sa taille, tous furent très attentifs à ce qu'il avait à dire.

      - J... Je.... Je prends ce navire en...en otage !

      Ça tout le monde l'avait compris, mais étant novice concernant ce genre de coups d'éclats, il ne savait pas quel discours entreprendre. Pour sa défense, jusque là, il se débrouillait plutôt bien.

      - S...Si...Si v...vous a...app...

      - Appelez ?

      - Apprenez ?

      - Appointez ?

      Son débit de parole était si lent et fatigant à écouter que de nombreux clients essayèrent de deviner ce qu'il avait à dire pour raccourcir le délai du discours.

      - ....Approchez.... j...je... je me f...fais sauter !

      Et si quelqu'un venait à lui tirer dessus, il risquait de provoquer une explosion. Tous étaient alors contraints d'écouter ce qu'il avait à dire. Marines comme cuistots étaient impuissants face à une telle prise d'otage.

      - A....Amenez ce...ce b...bateau... à... à l'île ré...révo...révolutionnaire la... la plus p...proche !

      On lui avait tellement bourré le mou avec cette histoire absurde de graffitis dans les toilettes qu'il avait finit par prendre l'affaire au sérieux. Pour prouver sa valeur en tant que révolutionnaire, il comptait mener les toilettes du Baratie en trophée à la révolution. Il allait de soi qu'aucun révolutionnaire sérieux ne voulait de ça, mais les nouvelles recrues avaient semble t-il poussé le bouchon trop loin en provoquant un individu manifestement perturbé.

      - Et....Et que ça saute !
        -QUE PERSONNE NE LE TUE ! PITIE PITIE PITIE ! QU’ABSOLUMENT PERSONNE N’ESSAIE DE LE TUER !

        Sigurd avait bondit au quart de tour et grimpé sur une chaise, en panique complète. Les bras tendus en croix en direction du plafond, pour occuper un maximum d’espace visuel. Non, il n’y avait plus de place en terrasse. On les avait conduits près d’une fenêtre, et il avait tout vu, tout entendu. Et il avait subitement eu très peur.

        Pas de mourir, certainement pas. Beaucoup de personnes ici présentes n’avaient pas peur de ça. Tous se sentaient invincibles, et n’en étaient pas loin. Et lui était certain que quelqu’un d’invincible et d’habile (du moins, à espérer) allait intervenir.

        Ce qui le faisait désespérer au point de provoquer cette nouvelle intervention idiote, c’était…

        -Pitié, merci tous. Le truc qui me fait vraiment chier dans c’t’histoire, c’est que c’est un gars de Luvneel. Et pour éviter ce genre de mauvaise pub à la con pour mon super chez moi, j’adorerais m’en charger. Chuis sûr que la marine et le CP rêveraient d’exploiter des incidents de ce genre pour venir se la jouer grosse inquisition purificatrice et… oh, y’a plein d’marines ici. J’ai rien contre vous, mais je déteste quand vous suivez vos ordres. Dooonc… EH, VOUS ! PUTAIN NON COMMENCEZ PAS ! OUI, JE SAIS QUE VOUS ETES CONTRE AMIRAL, JE SAIS LIRE LES GALONS, MAIS PUTAIN DE MERDE RANGEZ VOTRE ARME OU…

        Et dans un grand mouvement concerté, un bon tiers des officiers de la mouette ici présents se levèrent à l’unisson. Ils ne lui arrachèrent rien de moins qu’un énorme couinement étranglé. Dogaku s’en mordait littéralement les doigts.

        -MAIS MERDE, JE SAIS QUE VOUS NE RISQUEZ RIEN PARCE QUE VOUS AVEZ TOUS LE TEKKAI OU LE HAKI OU QUE Z’ÊTES JUSTE TRES FORTS, MAIS PENSEZ AU RESTAU ! SI CE MEC SE FAIT SAUTER, TOUT LE BARATIE POURRA MEME PAS SE RETROUVER A LA RUE PARCE QU’ON EST EN PLEINE MER ! ET JE VOUS SIGNALE QUE COMME IL EST FORT PROBABLE QU’UN GRAND NOMBRE D’ENTRE VOUS AIT DES FRUIT DU DEMON, VOUS ALLEZ VOUS NOYER. SI, SI, C’EST COMME CA QUE CA SE PASSE, MEME SI CA ARRIVE JAMAIS.
        -Sigurd…

        Elle n’avait pas eu besoin de hausser le ton, ni même de faire le moindre geste. Le simple cachet de sa voix, particulièrement douce pour l’occasion, le calma aussitôt. Et le chevalier de Nowel se laissa docilement redescendre pour s’asseoir en bord de table, à hauteur de sa partenaire.

        -Mmmh ?
        -Arrêtez de vous ridiculiser comme d’habitude, indiqua Evangeline d’un ton maternel en lui prenant la main. S’il vous plait.
        -Rhooo. Mais vous voulez que je fasse quoi, alors ?
        -Je n’en… sais absolument rien.
        -Eh. Ca m’avance pas.

        Les doigts de la jeune femme pressèrent encore un peu les siens, qui répondirent à l’étreinte. Alors il changea de ton.

        -Bon. Pourquoi vous faîtes ça, franchement ? Surtout en hurlant Luvneel, quoi. C’est juste du sabotage ? La majorité des gros bonnets du coin ne craignent rien du tout de vos bombes. Vous allez faire du mal qu’à ceux qui n’ont pas les moyens de vous faire quoi que ce soit et puis franchement…

        Le problème, c’était d’une part que ses méthodes prenaient inutilement trop de temps, et que d’autres nombreux héros des mers avaient tout à fait les moyens d’entériner la chose par la force en toute facilité. Et qu’ils n’avaient pas du tout la patience d’attendre, aussi.

        Comme cet agent du CP7 qui s’élança d’un coup vers Michel Mah.

        Et tout s'exécuta très vite: dans un claquement monstrueux, les chaînes d'Haylor giclèrent en direction du justicier. Ce qu'elle venait de faire, c'était précisément un de ces Iai dont elle avait discuté un peu plus tôt avec Werner. Les chaînes ne tranchaient pas. Elles arrachaient la peau et fracassaient les chairs. L'homme qui se fit ainsi intercepter était sans aucun doute particulièrement robuste: sa peau vira rouge écrevisse là où l'acier avait mordu. Aucun dommage en apparence. Mais ses vêtements portaient la marque d'une déchirure atroce aux mêmes endroits. Et sa rigidité trahissait l'emploi d'un tekkai très bien dosé.

        Ça ne l'empêcha pas de se faire écraser contre le sol sous la puissance du choc. Et momifié méthodiquement par le ret de métal.

        -Je pense que vous n'avez pas compris ce qu'a pourtant dit très intelligiblement mon compagnon, asséna la sorcière d'un ton horrible. Nous préférerions que personne ne touche à cet homme. Ce qui implique très notamment de ne pas l'assassiner brutalement en un instant. Pouvez vous me comprendre?

        L'homme ne répondit pas. C'était juste impossible avec les maillons de chaînes recroquevillés de force dans sa bouche, qui menaçaient de lui exploser les dents et l'oesophage s'il insistait.

        Il ne bougea même pas.

        -Merci, conclu-t-elle sévèrement.

        Le problème, c'était qu'à faire usage de violence avec autant de brutes au mètre carré, les choses ne pouvaient qu'escalader pour le pire.

        -Je crois que ça suffira, demanda Sigurd en lui prenant la main pour l'inciter à rappeler ses câbles.
        ... oui.
        -Bon. Dooonc... vous, adressa-t-il au bègue. Vous rendez compte que c'est vraiment dangereux et que des tonnes de gens pourraient vous tuer ou vous déshabiller en un éclair ou que... tout ce que j'ai dit plus haut?

        Le bègue commença à bredouiller une réponse. Mais il ne la fini pas. Sa bouche grande ouverte, qui peinait tristement à donner vie à ses pensées, se distordit en une figure surprise. Et pour cause...

        -C'est déjà fait, en fait. Enfin, pas vraiment déshabiller, mais...

        Il n'avait plus sa dynamite. On la lui avait volée.

        La voix qui venait de s'exprimer appartenait à une figure révolutionnaire réputée, que l'on laissera à d'autres le soin de détailler. Cette personne s'avança avec la ceinture de dynamite entre les mains, l'air de très bonne humeur.

        -Vous avez dit un truc très juste. Un Luvneelois qui en empêche un autre de faire une grosse connerie, ça évite les problèmes. Et de la même manière... un révo qui en empêche un autre de faire une grosse connerie, ça évite les problèmes. Merci pour la petite leçon, je compte bien la répéter à d'autres.

        Il adressa un regard entendu à Dogaku, qui comprenait très bien la chose. Et ne pu s'empêcher de renacler devant l'aspect opportuniste de ces gris. Même s'il n'avait fait, comme lui, qu'essayer de sauver les pots in extremis.

        -Oh, bah vous savez... content de réussir à inciter un révolutionnaire... à aller en pourrir un autre. Encore plus si le message fait des petits.

        Une pique qui resta ignorée. Le ou la révolutionnaire était trop satisfait de son coup d'éclat, et de trop bonne disposition pour ça.

        -Je peux me permettre une petite remarque?, glissa un pirate de très mauvaise réputation.
        -Oui?
        -La prochaine fois, prenez aussi le détonateur.

        Et d'un unique mouvement, tous les regards s'en retournèrent à Michel Mah. Qui ne s'était lui même pas rendu compte, sous la surprise...

        Que rien n'avait changé.
        J'ai failli corriger la situation, mais je l'aime beaucoup donc je te rends les clés. Amuse toi aussi ^^

        'Ccessoirement, chuis sûr que Michel Mah et d'autres PNJ auraient leur mot à dire. Macro macro macro!
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        Seul contre tous. Même sa faction l'avait abandonné alors qu'un homme qu'il ignorait se présenta à lui comme une sorte de pape de la révolution. Tout en le dévisageant scrupuleusement, Michel en vînt à la conclusion qu'il ne devait s'agir que d'une recrue récente qui venait de prendre du galon aussi vite qu'il n'avait chopé la grosse tête.
        Aussi fanfaron pouvait-il être à vouloir épater la galerie en sauvant la veuve et l'orphelin, le dit révolutionnaire ne l'aurait pas deux fois. Si il avait réussi à s'emparer des explosifs de Michel, le détonateur aurait néanmoins raison de tous.

        - S...Si...Si t'e...t'essaie d...de b...ba...

        - Abrèges veux-tu...

        - TA GUEULE !

        Déjà sa locution devenait plus savante et moins laborieuse quand il hurlait de colère.

        - B...balances l... les e...e...explosifs et v...vous êtes...

        - Mort ?

        - C'EST MOI QUI DIS !

        Le meilleur moyen pour le faire parler convenablement était de le mettre en colère. Malheureusement c'était aussi la meilleure façon de le pousser à déclencher l'explosion. Une fois que Michel eut demandé à son imbécile de supérieur révolutionnaire de lui remettre les explosifs, il exigea que le Contre Amiral présent aille mettre aux arrêts l'inconscient qui avait essayé de lui voler les explosifs.

        - Mais pourquoi je devrais l'arrêter ?

        D'habitude on ne posait pas de question quand un homme vous menaçait avec une ceinture d'explosifs.

        - B...Bah... C...C'est un révolutionnaire.

        Alors, le contre amiral pour le moins sceptique dévisagea le révolutionnaire qui avait failli leur sauver la vie. Scrutant ses yeux, sa chevelure, le moindre recoin de peau, il était catégorique.

        - Ce type est un parfait inconnu.

        Le "parfait inconnu" retînt des larmes de déception. Lui qui pensait avoir eu l'air génial en sauvant la situation se retrouvait humilié par une recrue révolutionnaire et un contre amiral.

        - DISCUTEZ PAS !

        Rude journée pour la révolution. L'un de leurs sous officier venait d'être réduit aux arrêts sans pouvoir opposer la moindre forme de résistance parce qu'une recrue de fraîche date l'avait vendu. Plus royaliste que le roi, Michel s'imaginait vraiment servir les intérêts révolutionnaires en prenant ainsi le Baratie en otage. Ce qui n'avait été au départ qu'une blague à base de graffitis dans les toilettes avait tourné au vinaigre.

        - Je ne peux pas conduire le navire sur une île révolutionnaire ?

        La main tremblante, Michel commençait à en avoir plus que marre de tous ces contretemps. Personne ne semblait le prendre au sérieux. Même avec dix kilos de dynamite sur lui il n'en imposait pas suffisamment.

        - Et p...pourquoi ça ?

        Le cuistot en charge de manoeuvrer les commandes complexes du Baratie était un rude gaillard qui se tenait droit. Il semblait être de ceux qui avaient la trempe des capitaines prêts à couler avec leur navire. Jamais il ne céderait à un chantage.

        - Parce que... Je suis trop saoul.

        Ceci étant dit, il s'écroula complément bourré sous le regard médusé de l'assistance. Sa consommation d'alcool venait probablement de condamner tout le monde à bord.

        - VOUS L'AUREZ VOULU !

        Sans la moindre forme d'hésitation, Michel enclencha le détonateur. Agissant de la sorte, il s'imaginait qu'on le couvrirait de gloire à titre posthume. Cependant il n'avait pas réfléchit à deux éléments cruciaux.
        Le premier étant que si il tuait tout le monde, personne ne pourrait rapporter qu'un révolutionnaire avait fait le coup. Le second étant qu'il n'avait pas eu assez de compétences en explosifs pour faire la différence entre de la dynamite est des fusées de détresse.

        - Putain ça brûle enlevez moi ça !!!

        Au moins on savait que si on voulait le faire parler sans bégayer il suffisait soit de l'énerver soit de lui mettre le feu. Littéralement. Tandis qu'il se roulait au sol, de nombreux clients, pour l'aider dirons nous, se ruèrent sur lui afin de le savater jusqu'à ce que le feu s'éteigne de ses vêtements. Pour être sûr que l'incendie ne reprenne pas ils continuèrent de l'accabler de coups de pieds une minute durant jusqu'à ce que le contre amiral le mette aux arrêts lui aussi.

        - Encore un brillant jour pour la Justice.

        L'officier qui n'avait fait que profiter de l'incompétence de deux badauds révolutionnaires se fit alors mousser sous un tonnerre d'applaudissement.
          Et pour les deux Nowel, ce qui venait de se produire était tout simplement…

          -…
          -C’était quoi, ça ?, grimaça Dogaku.
          -Quelque chose d’encore plus idiot que ce que l’on fait en temps normal.
          -Je propose qu’on oublie.
          -Oui.
          -Oui oui.
          -Oublions.
          -…
          -…

          Il y avait un malaise, pourtant. Sigurd tenta de l’ignorer en se consacrant aux mises en bouche que les serveurs leurs avaient apportés ; ce genre d’incidents était fréquent au Baratie, mais le service reprenait aussitôt pour ne pas léser les clients… et eux avaient tardé à recevoir leurs cartes avec toute cette histoire. Mais les bouchées fondantes de chair de Homaréchal en mousse agrémentée d’épices et d’herbes exotiques ne parvinrent pas à endormir sa conscience. Encore moins lorsque l’on savait que le Homaréchal était une espèce endogène à Luvneel, et qu’il préférait briser lui-même les pinces de l’animal quand en dégustait. Question de vieille manie. Mais loin d’être une mauvaise surprise, la préparation ne ressemblait à rien de ce qu’il n'avait jamais testé, et valait très certainement le détour.

          Malheureusement, le cœur n’y était pas. Et sa comparse pouvait très bien le voir.

          -Sigurd…
          -…
          -…
          -Je trouve ça nul, répondit-il enfin.
          -Le contre-amiral qui se fait acclamer ?
          -Non. Enfin, oui. Oui beaucoup vraiment méchant. Mais surtout, l’autre paumé de la vie qui se fait joyeusement massacrer par tout le monde et qui finit par faire office de piédestal au marine. Pour changer de d’habitude.
          -Donc… c’est l’officier qui vous énerve ? Ou bien…
          -L’autre qui me fait totalement pitié.
          -Evidemment… ça va être difficile.
          -Vous n’y arriverez pas.
          -Et si je signale que vous allez prendre la défense d'un révolutionnaire?
          -Nan mais je sais que c'est débile, hein...

          -Il a essayé de se faire exploser et de tous nous tuer par la même occasion, enfin.
          -C'est globalement la même chose que de dire « je vais détruire le GM » en se présentant seul comme un bouffon à un QG de la marine, je dirais.
          -Je préfère « je vais devenir empereur pirate » en remontant l’équateur sur une barque, s’amusa la jeune femme.
          -Et nous sommes donc d’accord.
          -Il aurait pu tous nous tuer, répéta l’autre.
          -Honnêtement. Est-ce que pendant une seule seconde vous avez eu peur de quoi que ce soit pour votre santé ou pour la mienne ?
          -Non.
          -Et voilà.
          -A part peut être quand vous avez commencé à aboyer sur les marines…
          -C’est encore pire, vous aviez plus peur du public que du gars armé des explosifs. Il fait VRAIMENT pitié.
          -Oui. Oui, oui, oui. Mais ça n’est pas une raison pour…
          -Et moi je suis sur le point de faire mon crétin idéaliste qui trouve qu’un machin est injuste et que le gars qui fait pitié, il faut…
          -Non !
          -Et je suis sûr que ça vous gratte aussi.
          -…

          Elle ne répondit pas tout de suite. Ouvrit la bouche pour la refermer sur le champ. Jeta un regard en biais en direction de l’officier, qui avait l’air beaucoup trop heureux pour ce qu’il méritait. Puis au révolutionnaire, pas le crétin qui avait manqué de se faire tuer inutilement, mais l’autre ; celui qui s’était rendu plus utile que quiconque d’autre dans cette salle… à peu de choses près. Alors, elle jeta un regard à son partenaire qui exprima plus de chose que n’importe quelle phrase aurait pu le faire.

          Il avait le champ libre pour faire absolument n’importe quoi. Elle en avait envie.

          -Eh ! J’ai une question, monsieur le contre-amiral !

          Le chevalier de Nowel venait de profiter d’un silence dans la salle pour héler directement le contre-amiral, et de la moins discrète des façons qui soit. Le voilà qui était toujours assis, un bras tendu en l’air pour être facilement identifiable, tourné en direction du militaire, avec un verre de vin rouge dans l’autre main.

          -Les deux révos que vous parquez joyeusement à coté de vous… vous allez les relâcher, hein ?

          A nouveau, tout le monde considéra étrangement Dogaku. Qui se contenta tranquillement d’une gorgée en attendant sa réponse. Et finalement, l’autre s’exécuta.

          -Certainement pas, non. Pourquoi je ferais ça ? Un marine qui libère des révolutionnaires ? Et puis quoi d’autre encore ?

          Quelques rires s’élevèrent, en particulier depuis les rangs de tout ce qui était apparenté de près ou de loin au gouvernement mondial. Les tendances partisanes ne changeaient que rarement, même dans des situations qui appelaient le contraire. Et paradoxalement, parmi les rangs pirates et hors la loi divers, on était dangereusement attentif à ce qui allait se passer. Le personnel du Baratie aussi se sentait particulièrement concerné par le sujet… et ce pour une très bonne raison :

          -Eh, oh, c’est double peine les mecs, là, rappela Sigurd. De une, on est sur le Baratie. C’est censé être un sanctuaire inviolable placé sous la protection de plusieurs pseudos grands de ce monde –allez quoi, Santomariou Kenpaichef c’est le gars à qui tous les marines sont contractuellement tenus de faire de la lèche et l’est censé adorer ce coin- et où personne ne se fout sur la gueule pour quelque raison que ce soit. Et là z’avez deux révos qui viennent de se faire farmer par un gus qui n’a rien fait du tout pour récolter ses honneurs. Un qui a voulu se rendre utile pour tout le monde en empêchant un crétin de se faire exploser, et un autre qui a plus l’air d’un grand paumé de la vie que d’un vrai révo utile ou inutile à quoi que ce soit. Ca mérite vraiment des applaudissements de farmer ça? Sinon faudra que j'aille le dire à mes récomp', y'a vraiment pas d'justice dans ce monde. Ce qui m’amène à mon second point… youhouuu, tous les pirates, là. Y’a pas un truc qui a fait tilt dans vos têtes ? Si on commence à autoriser la chasse aux révolutionnaires au Baratie… c’est pas la porte ouverte à la chasse aux pirates, aussi ? Feriez mieux de ne plus revenir, parce qu’on vous y attendra. Et pour les autres, maintenant. Sans pirates ou révolutionnaires, soit le gouvernement mondial décide de subventionner à 100% le restaurant, soit il va fermer ses portes parce que y’aura plus du tout autant de monde. La marine c’est bien gentil, mais quand on regarde le détail des recettes du Barat’, c’est pas du tout la majorité du cash qui rentre. Si vous voulez que le coin perdure, faut libérer ces gars, sinon ça sera la porte ouverte à d'autres captures. Il n'y a jamais eu de capture ici, pour rappel. Est-ce que je me plante sur quoi que ce soit ?, conclu Sigurd en prenant à partie le chef de salle.
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          - Un tel discours.... Aucun doute. C'est un complice des révolutionnaires !

          Discrètement je m'approche de la gourde à qui j'ai confié mon sabre. Elle n'aura pas eu l'occasion de tuer qui que ce soit avec. Sandai n'a pas dû vouloir lui accorder la parole. Mais c'est pas grave, j'aurais quand même mon lot de consolation. Si ces tanches de la révolution se sont faites aligner aussi vite, il y a toujours moyen de tirer profit de la situation à mon avantage.
          Alors que je reprends mon Kitetsu à sa ceinture, je la pointe du doigt.

          - Elle aussi est dans le coup ! Regardez, elle m'a subtilisé mon sabre en cachette !

          Et voilà ma belle, tu comprendras à l'avenir que quand un inconnu te propose une friandise, il ne faut pas l'accepter. Essaie de dissiper le malentendu, essaie juste. À ton avis, qui te croira toi, associée à un homme que j'ai dénoncé comme complice de la révolution, plutôt qu'une commodore réputée de mon pédigrée ? Mes coupables parfaits, je les tiens enfin. Eux qui espéraient sans doute une journée tranquille à profiter de l'exposition et à se remplir l'estomac, ils ne s'étaient probablement pas attendu à ça !

          - Et ce n'est pas tout ! Ils ont aussi volé le sabre qui était exposé sur l'aile Ouest du bâtiment !

          Un marine qui accompagnait le contre amiral courra dehors pour vérifier mes dire. Vu la tronche qu'il tirait en revenant, il venait de constater que je disais vrai. Enfin vrai... Dans les grandes lignes. Ce sabre, il était tout bêtement sous mon épais manteau. Je savais que je ne repartirais pas les mains vides d'ici. Pendant que l'autre débile tenait tout le monde en otage, j'ai réussi à m'éclipser en douce dehors, là où personne ne pouvait m'apercevoir pour commettre mon larcin. C'était décidément trop facile.

          - Contre Amiral machin !

          L'insolent osa me rectifier.

          - Ahum... C'est contre amiral Chamin !

          - Si tu le dis.... Il faut que j'aille au QG le plus proche en référer personnellement aux autorités compétentes. Je tiens à mener moi même l'enquête et établir la vérité sur l'affaire !

          Sans même lui laisser le temps de me donner un contrordre, je file en vitesse en dehors du restaurant. C'est pratique le geppou pour semer mon monde. Maintenant, je n'ai plus qu'à enterrer le sabre que j'ai volé quelque part sur East Blue, m'occuper de l'affaire quelques semaines, et une fois qu'elle se serait tassée, rapporter la lame dans ma tanière. Rien à dire, l'air d'East Blue ça requinque !
          J'imagine les deux crétins que j'ai pointé du doigt comme co-responsables du vol en train d'essayer de se justifier. Ceux-là auront au moins eu le mérite de faire mon bonheur aujourd'hui.
            Evangeline resta interloquée pendant un bon moment, tant ce qui se passait lui semblait injuste et injurieux. Sigurd, lui, fut plus prompt à réagir. Il eut même le temps d'hésiter. Sa main resta un instant arrêtée en plein air, prête à plonger sous sa veste pour y attraper son arme. Et se décida finalement à le faire.

            Il se leva pour faire feu, d'une seule balle qui alla droit vers l'une des fenêtres du restaurant, et ricocha au dehors. Un son d'impact de plus, puis le fracas caractéristique de quelque chose qui tombait à l'eau en éclaboussant les alentours.

            Plusieurs personnes se préparèrent à se battre, mais personne n'avança. Ils hésitèrent d'autant plus que Dogaku avait déjà rengainé son revolver pour s'avancer jusqu'à l'une des verrières, puis au dehors, l'air vraiment satisfait.

            Au travers de ces portes vitrées, on pouvait voir un aileron déployé du Baratie, utilisé comme terrasse. Et si on regardait au delà, on voyait la figure de la commodore Celeno patauger dans la mer, dangereusement proche de la coque d'un navire, abattue en plein vol par le tir de Sigurd. La balle avait impacté son mollet quand elle prenait appui, elle avait perdu le rythme et chuté.

            -Et un jour, je ferai ça à un fruité logia pour le double de points, commenta Dogaku. Z'allez voir si ça fera le malin.

            Haylor fut la première à pouffer à la vue de la quarenteraire engourdie dans ses vêtements trempés. Repartir dans les airs n'était pas si facile quand on n'avait rien sur quoi prendre appui ; encore moins en étant lesté par des vêtements gorgés d'eau de mer. Celeno rebroussait maintenant chemin à la nage pour revenir à l'aileron. D'autres rires, et pour beaucoup largement moins timides, retentirent par la suite par éclats successifs en comprenant ce qui se passait.

            Pour une partie seulement, du moins.

            Après, il y avait toute la frange hiérarchique tenue d'être subordonnée à la femme aux gallons. Certains par devoir, d'autre par crainte, moins souvent par respect ; elle était commodore, mais sa réputation jouait une nouvelle fois contre elle. Une brutale, une sanglante, bien plus réputée pour ses boucheries de pirates que pour un quelconque bienfait. Et en face, les chevaliers de Nowel, les héros de Luvneel, dont la réputation était bien mieux inscrite dans les esprits, et qui ne cessaient de renouveler leur esprit bon enfant. Pour preuve, le simple fait que la Harpie soit sans la moindre blessure après s'être fait tirer dessus. Sigurd usait essentiellement de balles en caoutchouc, qui pouvaient être dangereuses, mais lui laissaient le choix. Il choisissait souvent.

            Malheureusement, être gentil n'était pas efficace pour tenir en respect des marines hésitants.

            -Rhooo allez les mecs, quoi, insista Dogaku. Je sais pas ce qui lui prend, mais elle se fout de nous. On lui a rien volé, elle nous l'avait prêté.
            -Un meitou?
            -On vous a prêté un meitou au Marteau?
            -Ouais, bon, je sais bien que c'est débile, mais c'est vraiment ce qui s'est passé. Si vous voulez savoir pourquoi, faudra lui demander. Si vous voulez avoir confirmation, ça s'est passé sur le Masavurier, le grand bateau qui fait galerie marchande, ce matin vers onze heure. C'était juste une rencontre, mais des gens pourront confirmer... sûrement.
            -Et ils confirmeront, décréta le contre-amiral en approchant. Mais en attendant, vous allez...
            -J'espère que c'est une blague?

            L'incident perdurait ; et l'officier n'avait pas l'air prêt à laisser passer quoi que ce soit. Une attitude qui contraria le Nowel, qui reprit aussitôt:

            -Je vous signale que vous êtes contre-amiral et que vous êtes au dessus de commodore dans la ligne hiérarchique, hein. Vous n'êtes pas obligé de faire ce qu'elle dit comme un drone.
            -Je vous signale que vous êtes le gêneur qui perturbez tout le monde depuis que l'autre a voulu se faire exploser, et que vous n'arrêtez pas de m'insulter. Alors pour une fois, soyez sage et venez.
            -Rhooo. C'est pas parce que je vous invite à avoir de la personnalité qu'il faut en faire preuve contre moi. C'est méchant, ça.

            Il ne l'écouta pas ; sa boutade illustrée ne fit que l'agacer davantage. Et maintenant, le voilà qui approchait d'un pas ferme, sûr de lui, avec une suite de soldats de sa troupe qui arrivèrent jusqu'aux deux Nowel pour les agripper.

            -MAIS ENFIN, VOUS ÊTES FOUS? NOUS SOMMES BIEN ASSEZ RICHES POUR NE PLUS AVOIR QUOI QUE CE SOIT À VOLER. NOUS POURRIONS BOMBARDER DE MILLIONS UN EXPERT POUR QU'IL FABRIQUE DES MEITOUS À LA PELLE AVEC CE QUI SE FAIT DE MIEUX COMME MATIÈRES. POURQUOI EST-CE QU'ON AURAIT FAIT ÇA?
            -Comme elle dit, renchérit Sigurd.
            -Je vous préviens. Si vous touchez à un seul d'entre nous...
            -Il y a des gens infiniment plus puissants que vous ici, vous ne devriez pas dire ça, prévint le contre amiral.
            -Et ils ont pas été capables d'arrêter un moldu armé d'une simple ceinture d'explosifs, rétorqua Dogaku. Alors je pense qu'ils ne parviendront pas non plus à atteindre Haylor et Dogaku.
            -Et pourquoi j'aurais peur de personnages des bleues? J'ai fait Grandline, moi.
            -Et moi j'ai une sorcière, spécifia l'autre.
            -Et donc?
            -Pauvre petit qui ne sait pas qui elle est...
            -Ne faîtes pas le malin. J'ai le rokushiki, l'armement et un excellent sabre.
            -Ooooh! Bon, si vous le prenez comme ça, je m'abaisse à votre niveau, hein. J'AI DES FLINGUES.
            -Et bien je peux parer les balles avec ma lame!
            -EH BIEN JE PEUX PARER LES LAMES AVEC MES BALLES.
            -J'AI BIEN ENVIE DE VOIR ÇA.
            -QUAND VOUS VOULEZ. J'DÉGAINE PLUS VITE QUE VOUS NE DEFOURAILLEZ, ALORS À VOUS L'HONNEUR.

            Les deux hommes restèrent à se toiser du regard, mais surtout, ils restèrent raisonnables. Ni l'un ni l'autre n'avait envie de se battre, ou du moins d'être le premier à attaquer.

            Ceci dura un petit instant, jusqu'à ce que Sigurd pointe du doigt la commodore. Elle venait tout juste de remonter sur le Baratie.

            -Bon, j'ai une autre idée. On lui demande ce qui se passe. Et notamment pourquoi elle a deux sabres en main. J'ai pas vu de meitou volé, mais quitte à renvoyer les balles, hein...

            Ils auraient pu l'interroger, oui. Mais ça n'avait pas l'air vraiment possible. Pas dans l'état où elle était. Elle était folle furieuse, et ça se ressentait de très loin.

            On l'appelait la Harpie. On l'appelait la bourrine. Une guerrière. Une tueuse de pirates, de révolutionnaires. Elle ne tricotait pas de détails ; elle tranchait dans le vif, dans la chair et le sang, avant même d'être imprégnée du tempérament meurtrier de son sabre.

            Et maintenant, elle voulait les tuer.

            -Ow. Haylor, z'en dîtes quoi?
            -J'ai du mal à y croire, mais... j'ai envie de lui faire mordre la poussière. Littéralement de lui plonger le visage et la langue dans le sol.

            Sigurd avait l'air grave, et maintenant sentencieux. L'autre était surtout... tremblante. Gagnée par l'émotion, et pas par les plus paisibles.

            -Si je signale que tout ce truc est idiot et complètement illogique et qu'on a aucune raison de faire ça?
            -Je le sais mieux que vous.
            -Que c'est inutilement, ridiculement dangereux et qu'on n'est pas venus là pour ça?
            -Je me permets d'insister. Je ne comprends rien à rien, mais je n'aime pas cette femme. Je ne la supporte pas.

            Une série de cliquetis métalliques commencèrent à chanter ; elle était en colère, et ses chaînes vibraient au rythme des pulsations de son coeur énervé.

            -Arf. Mais c'est le genre d'arguments qui fonctionnent, d'habitude. La logique, le bon sens...
            -Je ne suis pas en état pour faire preuve de bon sens, Sigurd.
            -Y'a même pas de prime à se faire!
            -Et je n'en ai rien à faire.
            -Pfff. Heureusement qu'on est sur le Baratie et qu'on est entourés de bonshommes ultra forts célèbres partout et décidés à calmer tout le monde. Chuis sûr que quelqu'un va intervenir et...

            Il était convaincu d'avoir raison. Pour lui, la chose étrange était qu'on ne soit pas déjà intervenu pour discipliner qui ce soit. Personne à part lui quand il s'était exprimé à la faveur des révolutionnaires. Et personne ne lui rendait la pareille? Le monde lui paraissait subitement très injuste. Où il l'aurait été, sans sa trop bonne nature.

            Et dans un sens, il avait raison. Quelqu'un allait intervenir.

            Un sens très détourné, par contre.

            -Si vous voulez vous battre, allez faire ça ailleurs.
            -Hein?

            L'homme qui venait de s'exprimer était un individu de petite taille, assez chétif, au visage tout sauf séduisant, et qui n'était pas du tout à son avantage dans sa tenue de marin quelconque, fatiguée et mal lavée. Des vêtements qui trahissaient une certaine habitude des longs trajets en mer, et une grande préférence pour le confort à l'esthétique.

            -On est sur le Baratie, ici. Ceux qui font du grabuge, on les...
            -MAIS C'EST CE QUE JE ME TUE A LEUR REPETER DEPUIS LE DEBUT.
            -Eh bien je vais mettre les points sur les i.

            Une monstrueuse aura rougeoyante, trois fois plus large que son corps, irridia l'atmosphère entourant le personnage. Une manifestation personnelle de son renforcement. Alors, il s'avança, menaçant, et continua calmement.

            -Vous vouliez un navire, non? Abandonné, désert, et à récupérer pour vos affaires?
            -Eeuuh... ouais?
            -Je vous propose de faire vos trucs dessus. Le navire. Je vais vous aider. Si vous gagnez la dispute, vous garderez le navire... à moins que vous ne l'détruisiez.

            Il ne comprenait pas. Sigurd voulu répondre, mais autre chose l'en empêcha. Celeno, qui venait de charger dans sa direction, et qui montrait maintenant pourquoi on l'appelait la harpie. Tout se qui se dressait sur son chemin, qu'il s'agisse de mobilier ou de personnes, partit à la renverse dans sa course furieuse. Sans qu'elle ne ralentisse.

            Tout ça jusqu'à ce qu'elle arrive à hauteur de Sigurd et du petit voyageur des mers. À cet instant, on aurait pu voir le revolver du jeune homme, déjà en main et prêt à se défendre. Ou les rets métalliques de sa partenaire, entrecroisées comme un filet de mailles toutes hérissées pour le défendre.

            La seule chose qu'on voyait, pourtant, c'était le petit personnage qui venait tranquillement de s'interposer entre eux. Lui et sa monstrueuse aura rougeoyante trois fois plus large que son corps, manifestation personnelle de son renforcement.

            Cet homme, c'était un monstre parmi tant d'autres sur le nouveau monde. Et assez fort pour empoigner Celeno par le faible de son sabre, tourner sur lui même pour lui faire prendre de l'élan, et la balancer au loin jusque dans les voiles de son navire. Elle traversa la toile et amerit non loin.

            Un spectacle terrifiant qui les laissa bouche bée.

            -À votre tour, maintenant.
            -Gnehein?

            Sigurd n'eut -à nouveau- pas le temps de réagir. C'est à peine si le freluquet se fit entendre en conseillant à miss Haylor de sortir ses nuages -beaucoup de nuages- pour amortir leur chute. Et un instant plus tard, il les souleva chacun d'une main...

            Et les jetta aussi loin que l'autre, dans la même direction.


            Dernière édition par Evangeline T. Haylor le Mar 15 Aoû 2017 - 15:40, édité 2 fois
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            Profitant de tumulte, Céleno, dont seul un sabre avait été apparent reprit ses esprits, ainsi que son chemin pour retrouver son poste d'affectation sur Grand Line après avoir commis son méfait.

            Surgissait alors un nouvel énergumène qui fit face aux Chevaliers de Nowel pour d'obscures raisons. L'air marin ou bien une tranche de saumon avariée l'avait peut-être rendu fou. Ou tout simplement agissait-il au nom de l'intégralité des personnes présentes en ces lieux, excédés de l'attitude désinvolte et pour le moins outrancière des deux chasseurs de prime.

            Depuis qu'ils étaient ici, ils n'avaient fait que créer des ennuis au cours d'une exposition qui pourtant devait se faire entre gens de bonne compagnie. Durant l'incident révolutionnaire, un quelconque homme d'affaire n'ayant que trop fréquenté des partenaires peu scrupuleux avait mis la main par le passé sur le numéro d'un mercenaire résident sur East Blue.
            En cachette dans les toilettes, il avait fait appel à lui pour qu'il vienne se débarrasser de "deux troubles fête" faisant alors référence aux deux révolutionnaires.

            Le malentendu était regrettable mais inévitable. Haylor et Sigurd, au delà de ce qu'ils avaient accompli ce jour ci à bord du Baratie, étaient réputés pour être de sacrés empêcheurs de tourner en rond doublés de gêneurs de première.
            Aussi, le petit bonhomme les avait amalgamé avec les révolutionnaire. Ayant trop peur d'exposer ses relations avec des mercenaires, l'homme d'affaire qui avait fait appel à lui n'osa pas s'interposer. Et après tout, il n'appréciait pas non plus les chevaliers de Nowel, alors quitte à devoir payer pour avoir employé un mercenaire maîtrisant le haki, autant qu'il en ait pour son argent.

            - Ogh-ogh-ogh ! Ne vous estimez pas heureux de vous être rattrapés après mon attaque, ce n'était qu'en guise de présentation.

            Son intervention était si théâtrale que plusieurs convives en vinrent à se demander si lui et ses victimes en devenir n'étaient pas en réalité des comédiens employés par le Baratie pour animer l'exposition. Là encore, le malentendu était compréhensible tant la tournure des événements tournait à l'absurde le plus total.

            - Autant, je ne suis pas vraiment opposé à l'idée que ces deux pinces nouilles se fassent refaire le portrait à grand coup de gnon, autant, mon devoir m'oblige à m'interposer.

            Resté au second plan au fur et à mesure que les événements se succédaient, le contre-amiral se décida enfin à s'imposer comme l'homme d'ordre qu'il était. Lui aussi n'avait que trop soupé des intrigues et autres coups de force plus lamentables les uns que les autres. Il était temps pour lui de siffler la fin de la récréation.
            Enlevant son manteau le faisant virevolter au loin, le contre-amiral espérait ainsi avoir l'air imposant. Cette prestation ne fit que conforter les clients dans l'idée qu'il s'agissait d'une représentation théâtrale. Prenant une grande bouffée d'air, gonflant ses muscles, le haut gradé de la marine allait montrer ce qu'il valait.

            - Tiens toi prêt vermine car me voi....

            D'un petit coup sec dans l'abdomen, le minuscule mercenaire fit s'écrouler sur le place le contre-amiral. Ce dernier aurait au moins eu l'occasion de briller quelques secondes avant de se faire rétamer avec brio.
            Enfin, le freluquet se retourna vers les chevaliers de Nowel qui étaient revenus à lui.

            - On m'a embauché pour un salaire de vingt millions de berries afin de vous éliminer.

            Dans l'assemblée, on pu entendre une petite voix murmurer :

            - Ahem... quinze millions

            Faisant la sourde oreille, le nabot maîtrisant le haki s'avança vers Sigurd certain de pouvoir le briser en un rien de temps.

            - Ce sera bref les enfants, ne m'en voulez pas.

            Alors, il leva la main prêt à l'abattre d'un coup violent afin d'en terminer une fois pour toute avec les chevaliers de Nowel. Et si c'était lui le vrai héro de cette histoire ?
              -Quelqu’un sait où sont Sigurd et Evangeline ? Ca ne va pas tarder à être l‘heure de nous rendre au marteau.
              -Aux dernières nouvelles, ils sont allés manger au Baratie, Monsieur.
              -Mmmh. Ca va faire un moment, maintenant.

              Au sein de la chevalerie de Luvneel, le chevalier de Bernhardt était de ceux qui évoluaient le plus à l’aise en société. Les missions diplomatiques constituaient l’essentiel de son activité, et il s’agissait là d’une activité vers laquelle il s’était activement tourné. Rien ne lui plaisait davantage que de voir des dignitaires s’affronter dans une arène faîte de riches boiseries et de broderies détaillées, d’entendre des discours savamment agencés appuyer avec délicatesse des arguments méthodiquement choisis pour soutenir… les intérêts de son pays, souvent. Il restait chevalier de la couronne, et le fait d’évoluer en marge de duels d’esprits plutôt que de champs de bataille n’y changeait rien. Même son statut d’homme de lettres, à défaut d’être érudit, ne le rendait pas moins compétent dans sa mission de protecteur.

              Et en l’espèce, il devinait que quelque chose ne tournait pas rond.

              -J’aimerais que quatre hommes aillent vérifier au restaurant.
              -Oui, Monsieur.

              L’homme d’armes s’exécuta, allant chercher trois de ses pairs. Werner balaya du regard le paysage du marteau, ses navires, ses pontons, ses échaffaudages improvisés entre les bâtiments navals, comme à la recherche de quelque chose qui lui indiquerait la présence de ses deux protégés. Enfin, de leurs deux protecteurs… il n’avait pas l’habitude de penser à eux dans ces termes. Jusque-là, c’avait surtout été à lui d’assurer leur protection à eux, les deux marchands qui représentaient mieux que quiconque, et surtout mieux que la royauté, les intérêts commerciaux de leur pays.

              -Et ce bruit d’explosions que l’on a entendu tout à l’heure ?, demanda une autre figure en armure qui se tenait dans son dos.
              -Des fusées de détresses actionnées par accident, répéta un soldat. Nous avons déjà confirmé auprès de la marine et du marteau.
              -Et est-ce que vos Noëls ont des ennemis ?, demanda le chevalier à Werner.
              -… pas vraiment. Mais… probablement.
              -Qui seraient capables de s’en prendre à eux au Baratie devant autant de monde ?
              -Non. Ou alors… non.
              -Mmmh. Mais comme ils sont incapables de rester à leur place même quand la situation l’exige…

              Comme en réponse à ses paroles, une tension oppressante d’une ampleur monstrueuse distendit l’atmosphère, faisant frémir l’échine de l’ensemble des hommes et femmes à bord du Falaiseau. D’un seul geste, tous regardèrent dans la même direction, à quelques centaines de mètres de là en direction du Baratie. Ils n’avaient pas de talent particulier dans les arts avancés de la perception ; et pourtant, tous sentirent parfaitement leurs intestins les prévenir que quelque chose, et quelque chose de formidablement dangereux, venait de se présenter là-bas.

              Il n’y avait rien de visible. Rien de spécial à voir ou à entendre. Pas un bruit, en vérité. Même les mouettes s’étaient tues. Ne restaient que la mélodie des vents marins couplée à celle des vagues pour alourdir l’espace sonore.

              Et à ce stade, Werner se mit à craindre le pire pour ses deux protégés. Ses tripes se soulevèrent, son sang ne fit qu’un tour, et il envisagea de s’élancer jusqu’au navire-restaurant… avant de réaliser qu’il était lui-même mort de peur.

              Jusqu’à ce qu’il entende le hurlement enfiévré d’une femme à la voix rauque qui fut projetée depuis le Baratie jusqu’à un navire abandonné, non loin de là. Elle fit un vol plané de quelques centaines de mètres pour y atterrir. Et contre toute attente, s’en releva très bien. D’aussi loin, on la devinait feuler comme un fauve maintenant encagé de force.

              Et il en fut de même avec… Haylor et Dogaku, au grand damn des deux chevaliers. Les deux Nowels hurlèrent morts de peur depuis le fin fond de leurs entrailles, cramponnés l’un à l’autre, enveloppés dans une gangue de nuages grossissante que tissait Evangeline au fil de leur long vol plané. Un coup de feu, qui se fit entendre au terme de leur trajectoire, laissait supposer que Sigurd avait fini par faire feu pour amortir leur chute. Et aussi improbable que cela paraissait, ils furent bel et bien éjectés en l’air avant de toucher le sol, propulsés dans les airs dans la direction voulue par Dogaku et son revolver à gaz. Pour finir aplatis contre les mêmes voiles que Céléno, et y rester accrochés à l’aide des chaînes de la sorcière.

              Depuis le Falaiseau, Werner pu distinguer un échange entre la commodore et les deux Luvneelois. Mais il n’entendait rien. Il pouvait par contre voir la commodore essayer de démâter le navire à grands coups de meitou, et en être éloignée par les efforts cumulés des deux marchands. Les chaînes d’Evangeline, les balles de Sigurd la forcèrent à reculer… jusqu’à ce qu’elle prenne sur elle de foncer au travers de tout pour ignorer les chocs et trancher net le tronc de bois.

              Cette fois, le cri de frayeur de Sigurd parvint jusqu’à leurs oreilles. Le jeune homme s’était sentit partir en arrière, droit dans le vide, à une dizaine de mètres plus bas. Il avait surtout senti les dents d’Evangeline se planter sur son avant-bras gauche, pour le forcer à lâcher la mature qui s’écrasa sur la coque. Eux basculèrent dans l’autre direction, accrochés à une liane – une chaîne – que la sorcière avait accrochée au principal nid de pie du bateau. Elle les tracta alors jusqu’au sommet du plus haut des trois mâts, vers une sécurité très relative.

              -MAIS CA FAIT SUPER MAL, Z’ÊTES FOLLE.
              -JE VOUS AVAIS DIS DE LACHER.
              -MAIS VOUS M’AVEZ MORDU, PUTAIN !
              -JE VOUS AIS DIT TROIS FOIS DE LACHER, ET VOUS ETIEZ TETANISE !
              -MAIS SI C’ETAIT MOI QUI VOUS AVAIS MORDU, VOUS M’AURIEZ…. AAAAARH, ET MERDE !! ELLE S’EN REPREND AU MAT !
              -JE VAIS FAIRE UN NUAGE, ESSAYEZ DE LA RETARDER !

              Un nuage.

              Une plateforme de nuages. Suspendue en l’air, sur laquelle ils pourraient tenir et se réfugier indépendamment de quoi que ce soit.

              A condition que Céléno, qui attaquait maintenant le second mât, lui laisse le temps de façonner convenablement son édifice magique.

              -HAYLOR !
              -…

              Avec sa précision habituelle, Sigurd faisait feu sur Céléno à chaque fois que celle-ci s’apprêtait à trancher le mât de son katana. Et même s’il faisait toujours mouche, il n’était aucunement à l’aise. De une, même si chaque coup était assez puissant pour aplatir la furie contre le sol, celle-ci se relevait toujours, et sans broncher le moins du monde. Elle avait l’air encore plus injectée de sang à chaque fois. En temps normal, les gens qui subissaient le choc de ses balles ne se relevaient pas, ou complètement groggy.

              Elle était effrayante.

              Mais de deux, ce qui l’inquiétait beaucoup plus…

              -HAYLOR CA MEGA URGE !
              -JE FAIS CE QUE JE PEUX.
              -PLUS QUE DEUX BALLES.

              Une autre explosion retentit.

              -QUOI ?
              -J’AI PLUS QU’UNE BALLE AVANT DE DEVOIR…

              Inlassablement, la furie se releva pour attaquer à nouveau le mât. Et à nouveau…

              -JE N’AI PLUS AUCUNE BALLE, VAIS DEVOIR RECHARGER. FAUT QUE VOUS PRENIEZ LE RELAI.
              -SI J’ARRETTE MAINTENANT, JE VAIS DEVOIR REPR…

              Reprendre à zéro. C’est ce que Sigurd devina qu’elle allait dire, parce qu’elle ne finit pas sa phrase. La commodore avait frappé une nouvelle fois, et entamé le bois aux trois quarts, à en croire le choc prodigieux qu’ils venaient de subir. Haylor avait manqué de basculer dans le vide sur le choc. Et Sigurd, quand à lui…

              -DITES MOI QUAND J’PEUX REVENIR !

              Il se laissa basculer dans le vide, droit sur la commodore. Ce qu’il allait maintenant faire était quelque chose qu’il n’avait jamais fait. Pas dans ces conditions. Pas dans un cas dangereux. Pas à cette altitude, non plus. Il rangea son revolver vide de balles Mordicus, et en sorti un autre de son veston. Cinq coups, celui-ci. Il contenait des cartouches remplies de gaz artificiels dont la détonation n’avait qu’un seul effet : le propulser à une ou deux dizaines de mètres en arrière. Il en allait de même pour ses victimes s’il les prenait à bout portant.

              Voilà pourquoi il attendit d’arriver à hauteur de la commodore pour…

              -BAM !

              Tirer en diagonale, l’expédier à vingt mètres au-delà du bastingage du navire, et s’expédier de la même manière par-dessus bord dans l’autre direction. Sauf qu’il tira une seconde fois en visant l’océan, et se propulsa dans les airs pour revenir à hauteur d’Haylor… à peu de choses près. Cinq mètres trop haut, et un petit peu trop à gauche. Ce qui suffit toutefois à la sorcière pour le récupérer avec ses rets d’acier, et le tirer jusqu’à elle.

              -SIGURD, QU’EST-CE QUE C’ETAIT QUE CA ?
              -UNE CONNERIE HORRIBLE QUE JE FERAI PLUS JAMAIS !
              -NE FAITES PUS JAMAIS CA !
              -C’EST-CE QUE J’VIENS DE DIRE !

              Il était mort de peur. Ses doigts tremblaient tandis qu’il essayait, par des gestes malheureux, de recharger une à une les balles de ses revolvers vides. Haylor elle-même peinait à affirmer sa prise sur les nuages de ses coquillages, la plateforme n’était toujours pas disponible.

              -JE VAIS VOUS MASSACRER ET VOUS OUVRIR, VOUS DEPECER, VOUS ARRACHER LES YEUX, JE BAIGNERAI DANS VOTRE SANG ET…

              Et Céléno, pratiquante du Soru, s’était stabilisée en l’air avant de tomber à l’eau. Même si elle n’était pas aussi à l’aise que d’autres dans le ciel, c’était parfaitement suffisant pour revenir à bord. Elle chargea comme un bœuf, vociférant des imprécations de mauvais augure, jusqu’à atteindre le mat et…

              Elle ne le frappa pas, cette fois.

              Elle sauta dessus et continua sa course à la verticale, avalant la distance à une vitesse folle.

              -SIGURD ?
              -J’AI RIEN !
              -OH BON SANG ET PUIS MERDE.

              Elle laissa ses nuages, qui s’affaissèrent instantanément. Se pencha vers le vide, un globe de flammes en main, Céléno droit devant elle.

              La boule de feu quintupla de volume avant qu’elle ne l’envoie sur la commodore.

              Et Céléno la dissipa d’un simple coup de sabre, ralentissant à peine dans sa folle course.

              -QUOI ?

              Eva ne sentit même pas Sigurd l’attraper, lui enserrant la taille et la mâchoire pour la faire basculer. Elle n’en revenait pas.

              Jamais personne n’avait jamais fait ça à une de ses orbes enflammés. Jamais si facilement. Jamais tout cour.

              -J’NOUS EXPEDIE, PRENEZ BIEN VOTRE SOUFFLE.
              -…
              -J’NOUS ENVOIE DANS LA MER !

              Sigurd ouvrit le feu, d’une cartouche de gaz. Deux secondes avant que la furie ne traverse le poste de vigie pour le réduire en miettes, sa lame avide de sang s’agitant dans le vide. Mais ses deux proies avaient fusé loin de là vers la mer… et une seconde détonation les expédia encore plus loin, plus en douceur compte tenu de l’angle, mais bien dans l’océan. A l’opposé du Baratie.

              Et ce n’est qu’à cet instant qu’Haylor sorti enfin de sa stupeur, poumons assoiffés d’air, coincée sous plusieurs mètres d’eau. Elle gagna la surface en quelques mouvements acharnés, au même titre que son partenaire.

              -Hhhhhhhh… hhhhhhh…
              -Wooooaaaah… ça va ?
              -Noooooooooo… hhhhhhhhhh…. oooon ! Ca ne va… hhhh…. hhhh…. pas du tout du tout.
              -Allez. J’ai l’impression que… qu’elle ne va pas nous suivre.
              -Ah ?

              Sigurd pointa en direction du navire. Où en effet, Céléno avait regagné le pont supérieur, et restait sans savoir que faire. Elle les regardait d’un air hostile, tremblait encore d’agitation – de soif de sang inassouvie – mais pas au point de se jeter à l’eau pour essayer de les égorger.

              -Elle avait pas trop l’air méga à l’aise quand elle volait, rappela le blondinet. Elle posait pied dès qu’elle pouvait.

              Oui. Ca se tenait, songea Evangeline. Si Céléno était une pratiquante assidue du Soru, ça aurait été indiqué dans sa fiche technique. Ce qui n’était pas le cas. Elle ne devait qu’en être à ses premiers balbutiements… qui étaient déjà redoutablement convaincants. Heureusement que ça n’était pas le cas. Haylor ne voulait même pas envisager ce qu’ils auraient maintenant eu à faire si la Harpie avait été en mesure de déployer ses ailes et de voler jusqu’à eux pour continuer à se battre.

              -Bon… ben dans ce cas…

              Un autre bon point pour eux était que la mer était calme. Il y avait bien des vagues, mais rien qui ne les force à déployer de grands efforts pour garder la tête hors de l’eau. Les vagues étaient animées par un vent de force deux ou trois, soit rien de contraignant pour ce qu’ils avaient à faire. Même s’ils étaient habillés, ce qui était une horreur pour nager. Mais ils étaient aussi d’excellents nageurs qui pouvaient tenir longtemps jusqu’à ce que Céléno se lasse… ou que quelqu’un vienne les secourir.

              Et leur chaperon attitré, le chevalier de Bernhardt, était précisément en route vers le navire de Céléno pour venir à leur aide. Il avait réquisitionné deux petites embarcations avec d’autres hommes d’armes, quelques marins, et… des militaires de la marine qui allaient prendre sur eux de calmer les ardeurs de leur furie meurtrière, d’une manière ou d’une autre.

              Werner leur souhaita bon courage avant de se séparer d’eux, pour continuer jusqu’aux deux Luvneelois.

              Ils n’eurent que sept minutes à attendre avant de recevoir des bouées et des cordages. Et ensuite…
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              Pacomlézantibiotix, de Zaun. Qui appliquait un style de forge étonnamment traditionnel quand on le rapprochait de son pays, qui figurait de loin parmi les plus industrialisés du monde.

              Grimm Vans, de Water Seven. Que l’on imaginait comme étant charpentier, alors que ses inspirations étaient toutes autres. Cet homme avait la réputation d’être un véritable artiste des lames, dont chacune d’elle était animée d’une âme qui lui était propre.

              Et Marie-Anne. La plus mystérieuse du trio de juges arbitrant le Marteau. En bonne partie parce que sa fiche PNJ était introuvable, et que le lien indiqué dans la section de l’event redirigeant vers complètement autre chose.

              Werner et sa cohorte de soldats avaient escorté Hanemum, la plus splendide et prestigieuse arme du trésor royal de Luvneel, dans les temps pour la soumettre à l’examen scrutateur du Marteau. Il aurait été impensable d’être en retard pour un tel rendez-vous. Les juges eux-mêmes présentaient une certaine excitation à l’idée de pouvoir voir ces deux lames, ne serait-ce que par respect pour leur caractère de trésor étatique millénaire du plus grand royaume des mers bleues.

              D’autant plus que les hommes d’armes Luvneelois et les chevaliers en armures intégrales qui étaient à leur tête constituaient un cérémonial qui faisait toujours son effet. C’était jusqu’au coffre renfermant l’arme qui valait lui-même une fortune, ne serait-ce que pour la facture et la robustesse de la mécanique qui en assurait la fermeture. Et pour le bois d’Adam richement travaillé qui le constituait.

              Les chevaliers ouvrirent méthodiquement les verrous, uns à uns, jusqu’à ce que…

              -Les lames sœurs… des âmes sœurs… d’Horéméon et d’Eleanora Flemingo…

              Le forgeron de Water Seven n’attendit pas un instant pour faire virevolter ses doigts sur l’acier de l’épée Luvneeloise, sans encore la soulever du coussin de soie rouge sur lequel elle était disposée.

              Chacun des trois juges avait ses propres critères pour juger de la qualité d’un sabre. Pour Pacom, par exemple. C’était la vocation de l’arme, sa fonction, son essence, sa finalité, la raison pour laquelle elle a été forgée, qui en faisait la qualité. Et sur ce point, Hanemun, qui pouvait aussi s’orthographier - ハネムーン, c’est-à-dire Lune de Miel, était déjà unique. C’était un cadeau exemplaire fait par un forgeron légendaire à un couple royal qui avait fait l’Histoire, s’était déjà illustré à maintes reprises dans des victoires militaires qui en appelleraient beaucoup d’autres sur le reste de leur règne, à l’occasion de leur mariage. Leur lignée et leur nom, Flemingo, étaient encore portés par l’actuel suzerain du royaume… et sa fille. Ils étaient un symbole. Un mélange niais et admirable, peut être et sûrement enjolivé par les siècles et les légendes, d’amour et de force, de courage et d’union, de prestige et de bienfaisance.

              Des valeurs qui se retrouvaient parfaitement illustrées dans la facture et l’usage qui avait été fait d’Hanemun par leurs porteurs, en temps de guerre comme en temps de paix. C’était ce que cherchait maintenant à déterminer Grimm Vans, qui continuait d’effleurer les lames en espérant atteindre leur âme, et les tirer de leur torpeur pluriséculaire. En vain jusqu’à maintenant.

              Sur une toute autre note, on pouvait également considérer que c’était des valeurs qui se retrouvaient dans des symboles beaucoup plus actuels du royaume de Luvneel.

              Les deux pitoyables marchands trempés jusqu’aux os, emmitouflés dans d’énormes serviettes, épuisés et trainassant qui se tenaient derrière le cortège chevaleresque de la délégation d’Hanemun. Haylor et Dogaku se tenaient tous deux assis sur une chaise, et ne bronchaient pas un mot depuis maintenant dix minutes. Sigurd était complètement cassé. Epuisé. Assommé par la peur et les efforts qu’il avait fournis un peu plus. Il avait froid, le sel lui brûlait les yeux, il en avait plein la peau, les cheveux, les naseaux et d’autres parties du corps qui le grattaient furieusement. Evangeline était globalement dans le même état, à ceci près qu’elle était également mortifiée de hargne et de fureur à l’égard de la marine et de la commodore que les soldats de la mouette n’avaient toujours pas réussi à amadouer lorsqu’ils avaient regagné le Baratie.

              Un procès. Elle leur ferait un procès, ou un scandale, ou alors elle reviendrait pour faire flamber Céléno dans son sommeil ou aux toilettes s’il le faut pour avoir l’avantage. Ca ne se passerait pas comme ça. Elle était la sorcière de Luvneel, elle était toute puissante, elle avait vaincu un lieutenant d’élite d’Armada, originaire des îles célestes, des équipages entiers de pirates dont la prime et la réputation étaient sans équivoque, des Cipher Pol allant jusqu’au neuvième bureau et à n’en plus finir, et elle…

              … s’était fait découper sa boule de feu comme si ç’avait été une pauvre pelote de laine lancée sur un enfant.

              Elle détestait cette femme. Elle était dé-gou-tée. Horriblement vexée. Elle était morte de peur. Ils auraient pu mourir. Et tout ça pour… pour absolument rien ? Tout ce qu’elle leur avait fait avait été complètement gratuit et… et…

              Et… elle enfonça son visage sur l’épaule et la couverture de l’autre pour y bouder et ruminer tout à son aise. Sans avoir la force de lui adresser un regard, et encore moins de lui dire quelque chose, l’autre ajusta sa posture pour qu’elle y trouve mieux son compte. Ce qui lui valut un grand élan de gratitude, même s’il resta muet.

              Pour le moment, ils étaient coincés là. A faire office de gardes du corps, ou de grande distraction, ou d’attraction ridicule, ou…

              Pfff.

              Elle aurait dû rester couchée, ce matin. Et d’habitude, c’était Sigurd qui disait ce genre de choses.
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              -Alors… si nous pouvions trouver un accord à l’amiable, ce serait…
              -Non non non non non non non. Ca ne sera pas si facile, croyez-moi.
              -Bon sang, Mademoiselle…
              -Naaaaaan. Ce que mon amie essaie de vous dire, c’est que votre commodore a carrément fait tout ce qu’elle pouvait pour nous pourrir gratuitement, là. C’est juste criminel. Littéralement, d’ailleurs. Du coup finir ça gentiment, ça va être difficile.

              Sigurd n’avait ni sourit ni plaisanté une seule fois depuis le début de cette entrevue.

              L’homme qui leur faisait face s’appelait Ramsteil, commandant de la marine, en charge des flottes marines qui quadrillaient la zone du Baratie à l’occasion du Marteau. La sécurité relevait de ses attributions. A ceci près qu’aujourd’hui, il n’était pas le moins du monde dans une situation qui relevait de ses habitudes. C’était un spécialiste de l’action, un leader né, un combattant de première ligne, un chef qui menait avant tout par l’exemple. Son plus grand atout était sa détermination, et sa ténacité face à l’adversité.


              Et aujourd’hui, il se retrouvait à sauver les pots face à une délégation quasi diplomatique d’un royaume de North Blue, appartenant au GM, mais connu pour ses tendances indépendantistes et les efforts que faisaient les dignitaires du gouvernement mondial pour essayer de regagner son entière adhésion au conseil des nations. Tout ça à cause des pulsions psychotiques d’une commodore des légions de la mort de Grandline, dont la psychée était de plus en plus influencée par le sabre maudit qu’elle ne lâchait jamais et les effets secondaires d’une technique d’hypnose particulièrement tenace qui lui avait infligé un membre du clergé de Kiyori, la déesse enfant. Et elle n’avait rien trouvé de mieux à faire que…

              Tout ça, quoi.

              -De l’hypnose… pffaaaah, rumina le blondinet. Ca serait pas un gros mensonge pour genre calmer le jeu auprès des bouffons civils, ça?
              -Je vous dis que non. Même les pires officiers de la marine ne s’en prennent pas à vue sur les premiers types venus pour… faire… ce genre de choses et…
              -C’était juste du troll, quoi.
              -Ouais.
              -Mais du troll dangereux. Je ne ferais jamais ça. Vous ne pouvez pas laisser passer ça.

              En d’autres termes, le commandant Ramsteil n’avait absolument pas besoin de ça dans son agenda. Ca n’était même pas comme s’il aurait pu reprocher quoi que ce soit aux deux civils. Le comportement de la commodore était tout simplement inexcusable. Pourtant, elle-même avait des circonstances atténuantes. D’origine médicale… ou psychologique… ou… dans ces eaux-là. Elle revenait tout juste d’un affrontement contre un primé à 140 millions de berries. Forcément, il y avait du niveau. Et des séquelles.

              La vraie question, c’était pourquoi on lui avait accordé une permission pour venir jusqu’ici. Il était normal que le Nidai Kitetsu se présente au marteau. Mais dans ces conditions ?

              -Je l’ai déjà dit, mais… je vous garantis que tout ce qu’a fait la commodore Céléno est complètement inhabituel. Elle n’est pas du tout dans son assiette. Elle en a pris plein la gueule au cours de son dernier affrontement. Nous n’aurions pas dû la laisser quitter sa base pour rejoindre le Marteau, s’empressa-t-il d’ajouter.
              -‘Ffectivemment, ça n’était pas une bonne idée, appuya Dogaku.

              Les deux camps s’emmurèrent dans le silence. D’un côté, une grande lassitude. Les Luvneelois avaient été presque agréablement surpris qu’un cortège de marines se présente à leur galion pour leur présenter des excuses, et des explications. Mais ils étaient encore sous le choc, et n'étaient pas d'humeur à laisser passer ça si facilement. De l’autre, une grande perdition. Ramsteil ne pouvait que reconnaître que sa supérieure hiérarchique… même s’il ne relevait pas d’elle… et même si elle avait très mauvaise réputation pour de toutes autres raisons… avait fait absolument n’importe quoi. Mais Il ne pouvait pas non plus se ratatiner devant les deux civils et bafouer encore davantage l’honneur des militaires. Il était comme coincé. Et les autres n’en démordaient pas.

              Ce fut pourtant Dogaku qui perdit patience en premier. Même s’il ne haussa pas la voix, son ton en disant tout autant.

              -Bon, ‘coutez. Déjà qu’en temps normal, j’en ai vraiment raz le cul quand une bande de marines pourrissent des bâtiments civils en se fightant contre des pirates ou des révos qu’ils ont très consciemment choisis de combattre dans des environnement publics sans se soucier de rien d’autre que de remplir leur mission ou de farmer leurs médailles, mais alors quand c’est du troll volontaire qui se transforme en tentative de meurtre même pas déguisée…
              -Eh, on se calme, répliqua le commandant. Je sais pas à quoi vous êtes habitués chez vous, mais n'oubliez pas votre place. Ca n'est pas parce que vous êtes blindés de thune que...
              -Elle a voulu nous trucider, merde.
              -Et se retrouvera encore une fois balancée dans les zones les plus dangereuses de tout Grandline, à commander ses légions de la dernière chance dont les membres et surtout elle ne sont plus du tout adaptés à la vie en société. Ce que vous pourriez comprendre si vous n’aviez vu ne serait-ce qu’une dixième de toutes les horreurs qu’ils ont traversé.
              -Mais j’en ai rien à battre, ça reste un danger public et vous une bande de guignols de vous la trimballer dans vos…
              -HEY. Ecoutez. Si vous pouviez arrêter de jouer au pète-sec plein aux as qui ne se sent plus quand il s’adresse à autrui, ça serait cool. Sinon je crois que je vais juste me barrer de là, vous laisser pleurnicher, et on verra si vous arriverez à quoi que ce soit en vous pointant au QG d’East Blue avec un formulaire de réclamation. Ca serait très marrant.

              Sigurd manqua de répliquer. A ceci près qu’une main se posa sur la sienne et la pressa avec suffisamment d’insistance pour attirer son attention. Il ravala sa hargne.

              -Est-ce que je peux la voir ?, demanda Haylor.
              -Hein ?
              -Céléno. J’ai envie de la voir. Je peux reconnaître une personne influée par de l’hypnose. Je voudrais vérifier, rajouta-t-elle en réponse au regard interrogatif du marine.
              -Vous faîtes de l’hypnose ?
              -Non, mais… je m’y connais très bien.

              Forcément. Elle était particulièrement vorace en connaissances de tout ce qui relevait du surnaturel et de l’éclectique. Même si elle n’avait aucun talent en matière de magnétisme, elle adorait ce sujet.

              -Je pourrais peut être même la guérir.
              -Je… non, refusa le marine. Nous avons déjà des gens calés sur le sujet qui se chargent d’elle. Et… elle est encore dangereuse. Nous parvenons… difficilement… à la calmer… et mon petit doigt me dit que vous voir tous les deux fera tout sauf arranger les choses.
              -Mmmh. Bon. C’est d’accord.

              Evangeline se tut un moment. Et s’enfonça dans ses pensées. Elle prit juste le temps de signaler à son partenaire d’attendre encore un peu, et ensuite…

              -Bon. C’est d’accord. Dans ce cas… je vous propose vingt millions.
              -Hein ?
              -Je vous propose vingt millions pour régler ça à l’amiable. Nous ne demanderons rien de plus.

              Ramsteil lâcha une énorme grimace. Elle voulait quoi ? Que la marine la dédommage en cash ? C’était une blague ? Ou de l’impertinence de rats des affaires poussée au plus haut point ? Et c’était à lui de se prononcer là-dessus ?

              -Vingt millions pour l’achat du Nidai Kitetsu, compléta-t-elle. Et nous oublierons tous les incidents qui ont pu avoir lieu aujourd’hui. Vous n’entendrez plus parler de quoi que ce soit. Nous serons satisfaits.

              Cette fois, ce fut Sigurd qui la regarda bizarrement, sentant les choses prendre une étrange tournure. D’où est-ce qu’ils avaient besoin d’un sabre ? D’où est-ce que sa demande sortait ?
              Et le commandant était presque aussi étonné.

              -Euh… non ? D’où est-ce qu’on vous vendrait ce sabre ?
              -Pourquoi ne le feriez-vous pas ?
              -C’est… vous êtes compètement dingue. Vous avez complètement craqué. C’est une arme puissante au service du gouvernement mondial. Comme un fruit du démon. La marine ne doit pas s’en séparer.
              -Mmmh. Je vois. Dans ce cas, je me demande… qui est propriétaire du sabre ? Céléno, qui l’aurait arraché à un ennemi vaincu ? Ou la marine, qui l’aurait accordé à Céléno ?

              Compte tenu de la situation… il était impensable que la hiérarchie ait décidé de doter une arme aussi dangereuse à une femme aux tendances déjà aussi violentes. Le service des dotations exceptionnelles l’aurait déjà récupérée pour l’affecter à un autre officier supérieur, sinon. Trop dangereux de conférer un Kitetsu à une même personne pendant trop longtemps. C’était le raisonnement que tint Ramsteil compte tenu de ce qui se faisait habituellement, et le calcul qu’avait déjà fait Haylor.

              -Je vous laisse m’indiquer qui est le propriétaire du sabre. Céléno ou la marine mondiale. A qui doit-on adresser le chèque ?
              -Le sabre n’est pas à vendre, répéta le commandant.
              -Je répète : vingt millions de berries. Je peux payer par chèque ou en liquide.
              -Mais je vous dis que… et c’est quoi cette arnaque ? Vingt millions, c’est ce que vaudrait un sabre parmi les 50 lames. Le Nidai est des 21, ils sont beaucoup plus chers.
              -Ce katana vaut cinquante millions, pour être très précise. C’est du moins la dernière estimation qui en a été faite. Oui, je me suis renseignée par simple curiosité quand je l’ai eu entre les mains.
              -Vous nous grugez de trente millions ?
              -Oui. Mais ça ne coutera rien à la marine. Seulement à Céléno. Puisque c’est elle qui a eu le sabre. Et que c’est elle la folle furieuse qui doit nous dédommager d’une manière ou d’une autre. Et puis… ça lui fera sûrement du bien d’être séparée de son sabre. Enormément de bien. Je crois qu’il lui est monté à la tête. Qu’il lui a complètement retourné le crâne.
              -Non. C’est le prêtre de la déesse-enfant qui…
              -A trouvé un terreau particulièrement fertile dans l’esprit de la commodore déjà très influencé par son sabre maudit pour créer une folle furieuse avide de sang.

              A ceci près, songea le commandant, que Céléno pouvait déjà devenir une folle furieuse avide de sang. Pour peu qu’on la jette sur un champ de bataille et que ses sens de requin carnassier flairent ne serait-ce qu’une pointe d’hémoglobine. Mais pas dans des zones pacifiques, heureusement.

              -Et qu’est-ce qu’on ferait d’un sabre exactement ?, lui demanda Sigurd.
              -Le revendre, par exemple. A la commodore si elle tient vraiment à le conserver. Mais je pensais plus à une mise aux enchères pour financer notre prochaine œuvre caritative. J’envisageais aussi d’en faire don à la ville… ou au trésor royal ? Ou à la chevalerie. Ils pourraient apprécier.
              -Ou alors ça rentrerait très bien dans votre collection de grigris bizarres, hein ?
              -Je n’ai absolument pas dit ça, mentit-elle d’un ton neutre.
              -Ouaaaiiis. Moi non plus, j’y avais pas pensé.
              -Mmmh. Alors ?
              -Mouais. Bon pour moi.
              -Merveilleux. Et vous ?

              Elle s’adressa au commandant. Qui ne se sentait plus très à l’aise.

              -Vous avez vu tout ce qui a eu lieu aujourd’hui, continua la sorcière. Vous ne voudriez pas que ça se reproduise ?
              -…
              -La commodore est devenue complètement instable à cause de son meitou. Ces armes sont puissantes, mais sur une courte durée d’usage. Mieux vaut l’en séparer. Sinon… ce sera sûrement infiniment pire la prochaine fois. Il n’y a même pas eu de blessés… aujourd’hui. Pour combien de temps encore ?

              Oui… non… sur ce point, elle avait clairement raison… mais il n’allait sûrement pas lui dire oui… et il ne pouvait vraiment plus blairer ces deux bourgeois. Pour autant, rien dans la posture de Ramsteil n’indiquait qu’il allait se lever et partir.

              -Je vous laisse réfléchir, poursuivit la jeune femme. J’ai vraiment tout mon temps. Vous reprendrez peut être une tasse de thé ?

              Il ignora la boutade. Encore qu’elle lui était tellement insupportable qu'il décida de la lui faire payer.

              -Quarante millions, compléta le militaire.
              -Vingt-cinq.
              -Quarante putains de millions, j’ai dit. Et je ne déconne pas. Vous êtes riches à vomir, vous êtes des putains de piñatas replies de cash, ne vous attendez pas à ce que je vous fasse le moindre cadeau.
              -Vous nous faîtes déjà cadeau de dix millions avec ça.
              -Il… faut bien que Céléno soit pénalisée… d’une manière ou d’une autre. La perte de son meitou c’est bien, mais je me vois mal lui faire cadeau de cinquante millions.
              -Bien. Mais si nous prenons la chose autrement… combien de primés devra-t-elle capturer pour se refaire dix millions ?

              Ramsteil resta sans répondre. Le calcul était simple. Céléno chassait habituellement des cibles à 100 millions, ou en deçà si elles se présentaient. Et récoltait de ce fait des primes à un tiers, une trentaine de millions la plupart du temps. Et pour les officiers, les primes correspondaient à de l’argent de poche. Ils recevaient déjà un salaire qui couvrait largement leur train de vie, entièrement pris en charge par les infrastructures de la marine. Elle ne serait quasiment pas pénalisée sur une vente à quarante millions. En conséquence...

              -Okay pour une transaction à dix millions, fit le marine.
              -Ah ?

              Haylor était surprise. Dix millions, c'était plus bas que ce qu'elle aurait jamais pensé pour acheter le sabre.

              -Vous avez raison. Compte tenu de ce qui s'est passé aujourd'hui, oui, Céléno ne peut pas conserver le meitou.
              -Hum hum.
              -Maaaaiiiis... je ne peux pas non plus vous le vendre. Ca c'est juste impossible, comme je vous l'ai déjà dit.
              -...

              Tiens, s'amusa presque Ramsteil. La sorcière faisait maintenant grise mine. Sans surprise.

              -Donc... je vous propose que l'on vous fasse une compensation de dix millions de berries et...

              Pendant un bref instant, le commandant eu l'impression que Dogaku allait venir le frapper. Le jeune homme, qui s'était complètement avachi pendant que sa partenaire tentait de l'embonier, venait de se redresser sur son siège, légèrement incliné vers l'avant, et le regardait maintenant avec une expression pleine d'une animosité qu'on n'aurait jamais soupçonnée sur ses traits. Il était en colère, mais ça allait au-delà.

              La sorcière s'était pour sa part complètement figée sur place. Raide. Pincée. Acide. Glaciale. Son regard, extrêmement difficile à soutenir, était aussi éloquent que le canon d'un fusil braqué droit sur sa tempe.

              Pour autant, le militaire ne se laissa pas démonter.

              -Absolument. Vous recevrez les sommes sur votre compte... d'ici quelques semaines... le temps que nos services traitent la demande... et l'acceptent, ce qui n'est pas ga...

              Quelques cliquetis métaliques, les chaînes vivantes d'Haylor animées sous ses manches, achevèrent de le faire taire. Ce sur quoi Dogaku rebondit.

              -Ouais mais nan. Vous croyez qu'avec juste dix millions de dédommagement, on va fermer nos gueules et s'estimer heureux du cadeau en oubliant tout le reste?, grogna-t-il.
              -Vous n'avez pas le...
              -Vous allez vous faire foutre, rétorqua le blondinet. Vous croyez quoi, sous prétexte que vous êtes la marine mondiale personne peut rien vous faire? Vous voulez qu'on essaie? Je vais vous le répéter : c'est pas parce que je joue au gentil benet que je suis un couillon. C'est même pas un scandale ou une palanquée d'avocats, que je peux vous envoyer dans le gosier. C'est un incident diplomatique avec tentative de meurtre par une commodore sur des délégataires d'un royaume du GM, là. Prenez-moi pour un pauvre petit marchand des mers bleues si c'est ce que vous voulez croire, en deux semaines maximum je peux me retrouver à Marijoa, au conseil des nations, dans la délégation de Luvneel, à détailler en profondeur à tous les autres pays comment la marine fait le jeu de toutes ses critiques à jouer aux cons comme vous le faîtes tous les jours. Des conneries et bavures et scandales à la con, j'en ai des tonnes en stock. Votre truc là ce n'est qu'un cas de plus. En fait, c'est même dégueulasse que vous nous proposiez dix millions pour qu'on se calme alors que pour les dizaines de milliers de fois que des marines ont pourri des biens en mettant ça sur le compte des criminels qu'ils poursuivaient, y'a dix fois plus de personnes qui n'ont jamais rien eu. Alors vous pourriez s'il vous plait assumer vos conneries et nous faire des excuses et des dédommagements dignes de ce nom plutôt que d'enterrer le truc au détour d'une pichenette parce que si vous croyez que dix millions ça va nous satisfaire, vous allez...

              Et il s'interrompit. Manqua de s'étrangler. Leva les yeux au ciel, et prit un air songeur. Que seule Evangeline, qui était capable de lire sur les traits de son visage, parvint à déchiffrer. Le cheminement des pensées de Sigurd n'était pas bien compliqué, il s'était contenté de rembobiner mentalement son discours pour...

              -Ouais en fait, savez quoi? Allez juste vous faire foutre, dit-il en se levant. Je vais le faire, ça y est. J'irai à Marijoa. Vous me faîtes juste chier. C'est comme pour Morneplume, y'a un moment où faut savoir arrêter. Bande de putain de blaireaux. Eva?

              Il lui tendit la main, qu'elle accepta prudemment pour prendre appui et se lever. Elle était encore dégoutée de ne pas avoir obtenu le moindre dédommagement digne de ce nom, mais...

              Il faudrait qu'elle en parle à Sigurd. Quand il serait plus calme.

              Elle adorait l'idée qu'il comptait proposer, cela dit. Ce qu'il savait déjà.


              Dernière édition par Evangeline T. Haylor le Dim 20 Aoû 2017 - 14:03, édité 1 fois
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              -Vous retravaillez déjà?
              -S'pas vraiment du travail, détailla Sigurd.

              Une fois n'est pas coutume, Sigurd et Evangeline s'étaient installés sur le pont du navire, aménagé pour leur coin en terrasse aussi protégée du vent que possible. A ceci près que maintenant, les piles de dossiers qui se succédaient sur leur bureau de vacances avaient triplé de volume.

              -Eeeet... vous ne voulez pas nous dire ce que vous allez faire?, réessaya Werner.
              -Seulement quand on aura fini.

              Au final, ils avaient assisté à quelques jours supplémentaires du Marteau sans qu’aucun autre incident ne les implique. La commodore n’avait pas pointé le bout de son nez ; non pas qu'elle l'aurait pu, parce qu'elle était confiné dans l'équivalent "cellule de dégrisement" que la marine préparait pour leurs équivalents berserks. Les patrouilles marines prenaient grand soin de les ignorer, cela dit. Une mesure réciproque.

              En ce qui concernant les armes du trésor royal de Luvneel… le verdict avait été négatif. Les juges avaient reconnu les grandes qualités des deux lames, le caractère inestimable de leur valeur historique, mais… ils n’avaient pas les attributs que l’on attendait de la part d’un meitou. Ce qui était pourtant le cas, avait indiqué Grimm Vans, le forgeron de Water Seven. Ils avaient eu une âme en leur temps, mais celle-ci était morte depuis plusieurs siècles. Et sur ce point, son discours avait rejoint celui de Pacomlézantibiotix, le juge officiant sur Zaun. Ils avaient été façonnés spécifiquement pour Horéméon et Eleanora Flemingo. En leur temps, ils avaient incontestablement été des meitous de premier plan.

              Le problème, c’était qu’ils étaient morts avec leurs porteurs originaux, à qui ils étaient intégralement liés.

              Ca, ou alors…

              Ils n’avaient pas encore trouvé qui que ce soit qui pourrait les raviver de la même manière que l’avait fait le légendaire couple de rois-guerriers de l’ancienne Luvneel. Mais ça, c’était une hypothèse que les juges n’avaient pas partagé avec leurs candidats.

              Mais tout ça revenait au même. Et à vrai dire, même Werner, le plus porté de la délégation en matière d’armes de haut vol, n’y accorda pas grande attention.

              -Ca me fait penser… je peux voir les sabres ?, fit Dogaku. Je les ai quasiment pas vu depuis le début.
              -Vous étiez au Marteau. Nous les avons sortis pour les juges.
              -Eeeuuuh… j’avais autre chose en tête à ce moment-là. Genre dormir ou… déprimer. Ou empêcher les gens de déprimer encore plus.

              D’un mouvement imperceptible, Evangeline tourna un œil dans sa direction. C’est vrai qu’il avait été adorable à cette occasion, oui. Elle avait complètement oublié de lui rendre la pareille. Et comptait se rattraper.

              -Tant pis pour vous. Les armes resteront dans leur coffre.
              -Rhoooo. Vous êtes trop pas marrant. C’est même pas comme si j’allais jouer avec, je voulais juste…
              -Non.
              -Pfff. C’est nul. Vous préférez quoi, que je me mette à jouer avec un sabre maudit dès que j'ai l'occasion d'en toucher un?
              -Hahaha. Vous n’y avez pas du tout touché quand vous en avez eu l'occasion. Vous avez trop peur. Vous étiez beaucoup trop prudent quand vous le manipuliez.
              -Eh, même pas vrai ! Dîtes lui, Haylor.
              -Il a raison.
              -Oh bah si vous aussi z’y mettez, hein…
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