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Anubis


North Blue
Boréa
Lavallière
 

Il était bon de se reposer après un dur labeur.
Tout un chantier c'était, cette affaire de la mort simulée grandeur nature de Loth qui avait ébranlé tout Boréa. Sa résurrection soigneusement mise en scène le fut tout autant. Être ensuite affublé du surnom de "Moine Hérétique" ne faisait pas partie de ses plans mais il s'y conformait, surtout que cela avait accru sa popularité au pays des neiges. Mais déjà, Loth réfléchissait à la suite. Le N°4 d'Ashura était mort dans la mise en scène, du moins s'était-il suicidé. Si un autre cadre du Réseau, le N°3 en l’occurrence, se l'était déjà joué autodestruction auparavant, Loth ne s'était pas attendu à ce que le N°4 suive ses traces. Les principaux cadors d'Ashura avait une tendance mélodramatique au suicide, à croire que Lavoisier dirigeait une secte et pas un réseau de contrebande.
Malgré tout, cette simulation de mort qui portait le nom de code de "Death Protocol" avait aussi eu le bénéfice d'exposer la présence d'un autre réseau criminel sur North Blue : Damam.

Les cris d'un escargophone arrachèrent Loth à ses pensées. Il décrocha machinalement et fut surpris d'entendre une voix qu'il n'avait pas perçue depuis deux ans. Celle de Lord Craggen, un noble de Saint-Uréa. Loth se souvenait d'un petit homme grassouillet et ventru, à la moustache hirsute. Un bon viveur qui appréciait toujours que le jeune Loth remplît ses caves de vins rares achetés sur le marché noir. « A millésime vendu, on ne demande pas la provenance » disait-il avant de descendre d'un trait une bouteille, avant même la fin de la livraison. Les deux hommes s'appréciaient bien en somme et depuis que Loth avait quitté Saint-Uréa trois années plus tôt pour faire affaire ailleurs, ils ne s'étaient entretenu qu'une seule fois, quand le Moine lui envoya une caravelle remplie des plus grands crus de North Blue fauchés dans les caves d'un contrebandier. Un cadeau, un investissement sur lequel Loth espérait avoir un retour un jour, quand il sera dans une quelconque situation périlleuse et que seul le Lord pourrait l'aider.

- Parlez doucement je vous prie, Lord Craggen. Je n'ai rien saisi.

- Esther a été enlevée ! beugla-t-il plus intelligiblement, le souffle court, une puissante détresse dans la voix. Esther, c'était sa seule fille, une bambine pourrie gâtée qui devait avoir quoi... quinze ans ? se demanda Loth. C'est ma fille unique, tu sais, mon seul enfant, je t'en prie, par tous les moyens, à Uréa, viens, maintenant.

- Je n'irai nulle part sans éclaircissements. Calmez-vous, vous voulez bien ? Expliquez depuis le début. Depuis quand a-t-elle disparu ? Avez-vous exploré toutes les possibilités ? Fugue ? Randonnée en mer avec des amis ? Elle est adolescente maintenant et...

- Non, rien de tout ça ! Elle a disparu, il y a trois jours, pleura-t-il. On l'a cherchée partout, aussi bien dans la ville haute que basse. On aurait dit qu'elle s'est volatilisée ! Je t'en prie, viens !

- Vous avez à votre disposition tout ce que peut offrir la noblesse de Saint-Uréa en terme de moyens humains ou matériels, je ne suis pas sûr de pouvoir être d'une quelconque aide, milord.

- Et pourtant si ! Écoute Loth, il se passe des choses sur l'île, personne ne veut croire que ça a un lien mais j'en suis persuadé ! Sa voix toujours tremblante avait baissé d'un ton cette fois-ci, un timbre plus bas, plus conspirationniste. Une autre personne a disparu avant ma fille, dans la ville basse ! Sans oublier une profanation de tombe ! Ce ne sont pas des choses qui arrivent à Saint-Uréa !

- Les disparitions, si, c'est courant. Pas celles de citoyens de classes aisées par contre. Et les profanations de tombe... marmonna Loth que cette affaire intrigua d'un coup. Et pour cause... Qui a été profané ?

- La tombe de Mat Maxwell Mauricio de Montelwiew seizième du nom. Un jeune homme de haute naissance décédé de crise cardiaque. On l'enterrait à treize heures et avant le crépuscule, son tombeau était profané, le corps volé.

- Ouais, ça, ça m’intéresse vachement. Ça s'est passé quand ?

- Y a un mois environ. Tu sais ce qui est derrière ça ? Parce que la Sécurité ici ne parle que d'un occultiste isolé mais je sens qu'il y a un truc ! se lamenta-t-il de plus belle. S'il te plait, Loth, ma fille unique, mon soleil, viens et...

- Je me mets en route de ce pas, mais il faudra une semaine en Transocéanien, milord et d'ici là...

- Ne me parle pas de malheur ! Je ne veux rien entendre ! Je vais la retrouver même si c'est la dernière chose que je ferai en cette terre !

Dans ce cas, prévoyez votre cercueil en conséquence, pensa le Moine en raccrochant. Il n'avait pas jugé bon d'informer ce vieux bedonnant que si c'étaient les mêmes gars qui déterraient les corps et enlevaient les gens, sa fille était sûrement déjà en train de pourrir quelque part. Damam... Il n'espérait pas trouver aussi vite une trace du réseau, trois jours seulement après la fin de l'opération Death Protocol.
S'emparant à nouveau de l'escargophone, il contacta un de ses contacts sur South Blue.

- Tu es un bien piètre indic, tu sais ça, Alpha ?

- Salut Loth, tout baigne ? La femme et les enfants ? Moi bien, un pied d'vant l'autre, j'roule ma bosse. Quoi d'neuf d'puis... trois jours ?  

- Oh la ferme hein ! Je viens de recevoir un coup de fil intéressant d'un Lord d'Uréa. Sa fille a été enlevée et au début du mois, un tombeau a été profané. Je pense qu'on tient un truc sur Daman, tu ne crois pas ?

- J'dirai même qu'on a affaire à un Cadran. Anubis de son nom.

- Quoi ? Tu savais tout ça ? Pourquoi j'ai dû t'appeler pour l'apprendre ? Quand je t'ai appelé il y a trois jours, je t'ai confié la mission...

- De détecter des signes d'activité du réseau Damam sur South Blue. Et mec, c'est grand South Blue et surtout, c'était y a trois putains de jours, j'ne suis pas une sorte d'cyborg ! Alors écrase et m'fais pas ton sermon. J'ai appris ça aujourd'hui seul'ment et j'ai eu du bol d'connaitre l'nom du Cadran aussi.

- C'est quoi un Cadran ?

- Selon mon contact, Damam opérerait en divisant une Blue en trois zones géographiques appelées Cadran. Un Cadran étant dirigé par un Undertaker. Ce qu'est un Undertaker, j'n'sais pas mais bon, ça sonne pas bien. Le Cadran qui englobe Uréa serait nommé Anubis mais au-delà, j'cherche encore. Mais surtout j'ne comprends pas. Damam, son truc c'est d'fournir des macchabées à sa clientèle non ? Pourquoi ces gars enlèveraient des vivants ?

- Parce qu'il faut moins d'une seconde parfois pour passer de vivant à mort ? Par exemple, il peut être très ardu de trouver un long-bras, aux cheveux noirs d'encre et souffrant de photophobie comme moi. Alors si c'est ce qu'un client de Damam désire, il est encore plus facile de m'éliminer et de lui vendre mon corps plutôt que d'aller fureter dans les rubriques nécrologiques des presses ou carrément dans les cimetières, tu ne penses pas ?

- Ouais, ça tient la route. Mais durant ton simulacre de mort là, tu disais avoir capturé un membre de Damam nan ?

- Ouais, une chasseuse de prime du nom de Lionella Fringe alias Nekonome. Elle profitait de son travail pour tuer le maximum et vendre les corps à Damam. Elle est venue fracasser ma tombe pour voler mon corps quand je faisais semblant d'avoir passé l'arme à gauche.

- Donc tu peux la cuisiner non ?

- Elle est hors de ma portée, en prison dans les Crocs Givres de Boréa. Trente degrés sous zéro dans ces zones. Je n'ai aucune envie d'y aller, surtout que je ne peux pas la forcer à me révéler ce qu'elle sait.

- Ah crotte ! Donc tu t'amènes sur South ?

- Ouais, pas le choix, je veux me fritter à Damam et démanteler une organisation criminelle de plus garnira mon CV. Viens me trouver à Uréa. Mais sûrement accosteras-tu avant moi, aussi acharne-toi à trouver des infos sur les personnes enlevées en plus du mec déterré. Un noble du nom de Mat Maxwell Mauricio de Montelwiew.

- Ça marche mec. Ciao.

________________________________________

West Blue
Base du G-3
QG de la Bounty National Agency
     

- Donc vous accusez un de nos Rasoirs d'être un criminel ? Et vous voulez être autorisé à fouiller ses appartements ? s'enquit le Chevalier Blanc.

Tagaki Suzukawa était le responsable recrutement de la B.N.A et c'est vers lui qu'on dirigea Loth quand il demanda à parler à quelqu'un d'important.
Quatre jours s'étaient écoulés depuis la conversation avec le Lord éploré et l'indic Alpha. Au lieu de se diriger vers South Blue, il avait fait voile plein ouest. La traversée vers West Blue fut tranquille et une fois arrivé là, il s'était orienté vers le G-3 qui abritait le quartier général de la plus grande guilde de chasseurs de primes au monde. S'il ne pouvait contraindre Nekonome à lui parler à Boréa, il pouvait toujours fouiller dans ces affaires ici, au QG et espérer trouver une information susceptible de l'aider sur le réseau Damam de South Blue.  

- Rasoir ou pas, je n'accuse en rien, j'affirme. Flagrant délit. Elle a été capturée par les sœurs Santana, deux Commandantes d’Élite et entre nous, ouais, Nekonome aurait pu mieux tomber que sur ces deux sadiques. Et moi aussi j'étais présent, j'étais dans la tombe quand elle a dissout le caveau avec une substance corrosive. Le dossier est en train d'être instruit par la Commandante Midnight Santana et si l'affaire n'a pas encore fait la une c'est que la Marine veut faire profil bas et ne pas inquiéter Damam sur North Blue. J'ai là une lettre signée par Midnight, qui me recommande au Sous-amiral Ake Niromoto, commandant du G-3. Dois-je la lui présenter avant revenir ici ?

- Non, pas la peine. J'ai déjà entendu parler de vous, Loth Reich. C'est le propre d'un chasseur de prime d'être informé. Même si l'affaire Nekonome m'a échappé, répondit-il ébouriffant ses cheveux. Il y avait un truc "girly" dans l’apparence du Chevalier Blanc qui ne plaisait pas au Moine Hérétique. Mais assez bavasser, parlons affaire.

- Affaire ?

- Si j'ai bien compris le libellé de tout ceci, vous cherchez des infos pour percer dans l'enquête que vous ferez à Saint-Uréa. Depuis que Lady Ombeline, l'autre sœur Santana, a complètement démantelé Damam sur East Blue, le réseau est dans notre collimateur.  

- Un bien piètre collimateur. Un des membres de l'organisation vivait avec vous, mangeait à votre table.

- Ne soyez pas arrogant, c'est le propre du diable d'avoir forme humaine. Ce que je vous propose est simple. Je vous laisserai fouiller les appartements de Nekonome mais en échange, vous vous ferez seconder par un de nos chasseurs de prime. Les cadors de Damam sont primés et jusqu'à présent, vous n'êtes pas un chasseur malgré le boulot que vous abattez contre Ashura. Un gâchis de mon point de vue mais, soit. Tous les individus primés que vous aurez à capturer durant votre enquête seront livrés au chasseur qui vous secondera. C'est une condition sine qua none.

- Je n'aime pas faire équipe avec des random et je n'ai pas besoin de boulet. Surtout que celui que vous me collerez pourrait bien être de Damam comme Nekonome. Peut-être en êtes-vous membre vous aussi et cherchez juste à me fliquer pour mieux me culbuter.

- Hahahaha, vous êtes drôle vous. Celle que je compte vous coller pour être plus précis. Je ne vous demande pas de lui tenir la main ou de la baby-sitter, juste qu'elle soit dans les parages et qu'elle récolte les primes. Vous n'avez pas à avoir peur d'elle, si elle interfère négativement, vous l'arrêterez non ? N'est-ce pas ce que vous faites ?  

- Et je le fais bien. Marché conclu. Qui est la créature qui me secondera ?

- Ah euh... Où diable est-elle encore passée ? Elle revient juste de Saint-Uréa en fait...




Dernière édition par Loth Reich le Sam 14 Mai 2016 - 21:50, édité 1 fois
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Anubis
PREMIÈRE DANSE

« Allez plus haut ! Encore ! Encore ! » Fit Yamiko, tout en aidant son disciple à remonter sa jambe qui n’arrivait même pas à atteindre les trente degrés.

Un record plus que décevant pour elle qui pouvait la lever jusqu’à quatre vingt dix degrés sans le moindre effort. Elle fallait qu’elle se résolve à l’idée que Choupi n’était et ne serait qu’un boulet de canon sans grâce ni souplesse. Jamais elle n’arriverait à faire de l’homme-poisson un combattant qui misait sur l’agilité et la rapidité comme elle. Il était l’exact opposé de ce qu’elle était. Au moins, avec ses trois mètres, l'homme-poisson pouvait atteindre le ventre de la plupart des humains avec son coup de pied, bien que bien pathétique. Combiné avec sa force surhumaine, cela pourrait surement causer des dégâts non négligeables, si la maîtresse réussissait à inculquer à l’élève, comment asséner au moins un coup de pied correctement.

Après leur passage à Saint-Uréa, il avait été décidé qu’ils allaient partir sur Grand Line pour aller tenter de retrouver le seul survivant du massacre de sa troupe de cirque, dont sa propre famille, qui avait eu lieu alors qu’elle avait quinze ans. Après cinq ans d’errance à la rechercher d’informations, la jeune borgne avait enfin réussi à retrouver la trace d’un survivant des siens mais celui-ci se trouvait être entre les mains d’un pirate au nom Timuthé Tempiesta qui était, à présent, quelque part sur Grand Line. Leur tâche serait donc comme chercher une aiguille dans une botte de foin mais là était devenu l’objectif de sa vie et ses compagnons comptaient l'aider dans sa quête. Sachant les dangers qui les guettaient sur la Route de tous les périls, Yamiko tentait donc d’apprendre à son protégé de se battre afin qu’il puisse au moins se défendre mais, malgré l'acharnement et la volonté que déployait son disciple, ils n’arrivaient pas à obtenir de bons résultats.

Il n’était qu’à leurs troisièmes jours d’entrainement, il avait encore donc de l’espoir de voir les choses évoluer d’ici leur départ, qui était prévu dans un mois. Le temps que tous les membres d’Eagle Claws se préparent pour leur voyage qui s’annonçait bien périlleux. Sunny était allé rendre visite à sa famille, sans doute pour leur faire ses adieux, alors que Fozia était partie sans l’informer de sa destination. La jeune borgne la soupçonnait d’être allée chasser seule afin d'enrichir son compte. Quant à elle, elle allait consacrer ce temps qui précédait leur départ, à endurcir Choupi qui jusque-là elle avait trop choyé. Sans oublier de s’entrainer elle aussi.

« Bon, on passe aux coups de poing ! Je te montre puis tu essaies de refaire exactement comme moi. Compris ? »

Choupi hocha la tête. Mais alors que la jeune femme n’avait exécuté qu’un coup, la voix du Chevalier blanc, l’invitant à se rendre dans son bureau, retentit dans le denden haut parleur dont était équipée la salle d’entrainement où ils se trouvaient.

« Continue de t’entrainer seul avec les coups de pied, le temps que je revienne ! »

Alors que son disciple s’exécutait, avec un sérieux que la maîtresse appréciait fortement, cette dernière s’éclipsa pour se rendre au lieu où elle avait été conviée.

« Yamiko, je te présente Loth Reich. La jeune borgne accorda une courbette de salutation à l’étranger aux longs bras. Je t’ai fait venir parce que j’aimerais que tu coopères avec lui le temps d’une mission ... A moins que tu en aies déjà une de prévu ?
- Non, lâcha la jeune borgne d’une voix un tantinet hésitante.
- Tu es donc d’accord ? Se rassura le Chevalier blanc.
- Oui mais pourrai-je amener Choupi ?
- Je ne pense pas ça soit une très bonne idée. Ça risquerait de compliquer les choses. La discrétion sera de mise pour cette mission et Choupi attire bien trop l’attention. »

Il était vrai que l’apparence de son protégé attirait les regards mais aussi bien des mépris.

« Compris ! ... Que dois-je faire exactement ?
- Monsieur Reich te briefera sur les détails mais dans l’immédiat, j’aimerais que tu l’amènes à la maison de Nekonome pour qu’il puisse la fouiller. Puis, tu l’accompagneras dans ses déplacements jusqu’à la fin de la mission.
- Bien. Accordez-moi le temps de prendre une douche et je suis à vous, s’adressa-t-elle à Loth avant de s’éclipser après une légère inclinaison vers l'avant.
- Rassurez-vous Monsieur Reich, malgré l’apparence elle est l’une des plus efficaces de nos agents et je peux vous rassurer qu’elle n’est pas liée à Dammam. C’est une honnête jeune femme, bien trop même à mon goût ... Je compte sur vous pour ne pas trop malmener notre petit ange, » ajouta Tagaki Suzukawa sur un ton à demi plaisantin.

Plus d’une demi-heure plus tard, Yamiko, accompagné du Moine hérétique, se dirigea vers la maison de Nekonome, sans se poser de questions mais exécutant tout simplement ce qu'on lui avait demandé de faire.

Yamiko n’était pas vraiment emballée par la mission qu’on lui avait confiée car elle aurait préféré pouvoir entrainer son protégé jusqu’à leur départ mais elle n’avait pas envie de refuser la proposition du Chevalier blanc qu’elle n’aimait point décevoir. Et puis, il y avait des primes à ramasser et cela ne ferait pas du mal à son compte qui présentait un gros trou après l’achat de leur bateau. Chose dont Tagaki était au courant, tout comme leur départ pour Grand Line, et l’homme avait sans doute jugé que cette mission permettrait à la jeune borgne de se faire un peu d’argent avant de partir.

La jeune borgne avait pris le temps d’expliquer la situation à Choupi qu’elle allait devoir laisser seul durant plusieurs jours pour la première fois depuis qu’elle l’avait pris sous son aile. Étant incapable de se débrouiller seul, elle le confierait à la famille Tsunade, qui avait trois enfants qui adoraient s’amuser avec l’homme-poisson. Elle leur laissera de l’argent pour couvrir les besoins de Choupi mais elle savait d’avance que les Tsunade allaient refuser son offre.

***

Durant le trajet, la chasseuse de primes se demanda qui était cet homme qui l’accompagnait. Ses longs bras l’intriguaient fortement mais n’étant pas du genre à fouiner dans la vie privée des autres, elle ne lui posa aucune question mais se contenta de le guider.

« Nous y sommes presque, » fit la jeune borgne alors qu’un cabanon, se profilait à l’horizon.

Arrivée à destination, la jeune femme poussa la porte mais celle-ci était verrouillée. Il faut croire que personne n’était venu inspecter le lieu. N’étant pas une experte en crochetage de serrure, Yamiko défonça celle-ci à coup de pied. La délicatesse, elle savait l’accorder qu’aux êtres vivants, pour le reste, elle adoptait toujours la solution la plus rapide.

« Je vous en prie, faites donc ce que vous avez à faire tranquillement. Je reste à l’extérieur mais n’hésitez pas à me solliciter si besoin ! »

L’investigation n’était pas son truc et elle n’avait aucune envie de s’y mettre. Malgré l’apparence, elle était plutôt physique qu'intellectuelle. Pour s’informer, elle se contentait du minimum, pour ne pas dire de rien du tout. Elle ne prenait la peine de s’intéresser qu’aux choses qui la concernaient directement, pour le reste, elle s’en fichait royalement. Connaître ce qui se passait à travers le monde ne l’intéressait aucunement. Était-ce sans doute pour cette raison qu’elle avait mis tant de temps avant de trouver une information exploitable pour atteindre son objectif.

En résumé, dans cette mission, elle se contentera de faire son travail habituel ; quitte à servir de garde corps à un homme qu’elle soupçonnait être tout à fait capable de se défendre tout seul ...
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Nekonome logeait dans la petite ville sise sur l'île. Une bourgade somme toute assez tranquille servant de point de convergence aux chasseurs primes. La timide et silencieuse escorte dont on l'avait flanquée défonça la porte de la maison à pavillon d'un coup de pied et Loth y pénétra sans demander son reste. La vestibule était plutôt grand et comportait un côté salon et un côté salle à manger. Au tour de la table étaient disposées huit chaises. Elle devait recevoir du monde périodiquement se dit-il en se dirigeant vers les étages muraux. Des photos cadrées  étaient posées un peu partout. Elle y figurait, rarement accompagnée, pratiquant toutes sortes d'activité, mais la plupart du temps s'adonnant à sa passion, la chasse. Celle des humains et des animaux. Sur absolument tous ses clichés, elle était armée de cette arbalète que Loth ne connaissait que si bien pour en avoir été la cible. Ce n'était pas pour du flan qu'on la surnommait "Œil de félin". En soupirant, Loth se dit qu'il en aurait bien besoin, d'un œil aiguisé, pour trouver les informations qu'il cherchait.

Il se mit alors à fouiller tout azimut. D'abord dans la bibliothèque. Il feuilleta machinalement plusieurs livres aux thèmes divers, chasse, animaux et gibiers, géographie, navigation. Rien, aucune feuille ou note trainante, aucun livre factice. Il se déplaça côté salon et entreprit d’inspecter les fauteuils de mousse à la recherche d'une planque. Il fit fausse route là aussi, aucun coussin n'était plus lourd que l'habituel, aucun dessous de table ou de chaise ne comportait un quelconque document scotché. Mais ils devaient bien être quelque part... D'après les informations que lui avaient donné Lady Ombeline, la seule à avoir jamais démantelé Damam quelque part -Tout East Blue en l’occurrence-, l'organisation communiquait par codes et pour les décrypter, il y avait des décodeurs, des clés de décryptage, parfois propres à chaque membre. C'était ainsi qu'elle avait remonté nombres de ses pistes, en capturant les criminels avec des tas de paperasses qui l'avaient alors renseignée plus que de raisons. Ayant eu l'occasion de travailler avec Nekonome, Loth avait pertinemment remarqué qu'elle ne disposait d'aucune mémoire faramineuse propre, aucune compétence visuelle particulière à part l'acuité qui guidait sa précision légendaire. Durant leur affaire, elle avait eu des indices clés sous les yeux sans les considérer. Ce n'était pas le genre de personne qui pouvait mémoriser des clés de décryptage par exemple, il lui fallait des supports...

Tout en réfléchissant, il se rendit compte qu'il marchait non sur un parquet mais sur un luxueux tapis de type oriental. Provenant d'Hinu Town ou d'Alabasta probablement. Il déplaça les meubles dans un coin et souleva la moquette à la recherche d'une trappe, d'un coffre quelconque... Et bingo ! Il en découvrit un, juste en dessous de l'endroit où se trouvait le pesant canapé bourré. Le coffre-fort avait été creusé dans les fondations même de la maison, remarqua-t-il. Une épaisse porte dotée d’une serrure à manivelle en interdisait l'entrée. Loth observa le dispositif pendant une minute puis souffla d'ennui. La discrétion n'était pas de mise dans cette affaire, ce n'était pas un musée qu'il cambriolait alors nul besoin était de prendre des pincettes.

Agenouillé à côté du coffre empierré, il ferma les yeux et laissa le désir de vivre le consumer. Pour se faire, il se remémora ses années noires en tant qu'esclave. Ces oubliettes, ce long tunnel mouillé où des dizaines d'autres comme lui furent détenus, où presque tous expièrent, où nul ne gêna pour leur donner une sépulture descente. Il se souvint de l'ineffable odeur de plusieurs cadavres en décomposition, il se souvint avoir dormi à leur côté, enchainé, immobilisé. Il se souvint des jours de maladies, des jours de famines, des jours de brimades, de torture et d'humiliation. Il se souvint d'eux. Il se souvint du Conclave, du visage de chacun de ces esclavagistes. Il se souvint de son incandescent désir de vivre à chaque fois qu'ils se réunissaient pour exhiber et supplicier leurs possessions. Jamais ils ne le brisèrent, jamais il ne céda à la folie qu'avaient embrassée tant de ses infortunés compagnons. Parce qu'il désirait vivre et briller, se tailler une place ahurissante dans l'histoire mondiale.

Ce désir de vie fut un moteur, un talisman qui le protégea pendant ces cinq longues années. Cette envie de rayonner le maintint à flot des années après, quand il fallut se reconstruire et s'intégrer à nouveau dans la société. Quelques mois plus tôt, il mua cette passion de la vie en arme. Une arme qui irradiait chaque cellule de son corps et en vivifiait l’ensemble. Consciemment, il dirigea ce flux d'énergie indicible vers son bras gauche. La partie qu'il souhaitait revigorer plus que le reste, c'était ce bras de combat. Il en sentit chaque cellule, il le sentit vivant. Il le sentit grossir, muscler. La manche de sa veste céda sous le volume inapproprié de ce bras plus gros qu'une cuisse d'obèse à présent. Loth détestait le Retour à la Vie utilisé ainsi, il détestait cette impression de force pure, il détestait l'inesthétique de ce mode. Mais c'est de force dont il avait besoin pour venir à bout du portail de ce coffre.
Quand il abattit son poing éléphantesque, la porte enferrée céda et explosa littéralement en un grand "Bang". Totalement concassée, il la retira de la chambre-forte au moment où la chasseuse de prime entra dans la pièce en dérapant, alertée par le bruit.

- Oups, pardon. Un petit problème d'ordre... technique... fit-il alors que son bras dégonflait à vue d’œil.

Encore un bon costume sur mesure de fichu, pensa-t-il avec amertume. Peut-être devrait-il apprendre à se déshabiller quand il utilisait ainsi le Retour à la Vie... Il s'intéressa au contenu du coffre. De l'argent, énormément, plusieurs millions surement. Soit provenant des primés qu'elle chassait, soit de ses affaires occultes avec Damam. Il y avait aussi quelques objets insolites à valeur sentimentale que Loth jeta pêle-mêle par-dessus son épaule. Il s'y trouvait aussi des cartes extrêmement détaillées de certaines parties des Blues ou de certains pays. Loth reconnut le travail sur commande de quelques cartographes de renom mais là aussi, il ne fut pas intéressé, ce n'étaient pas les papiers qu'il cherchait. La dernière liasse de paperasse de la chambre-forte n'était que de vulgaires avis de recherches de divers criminels. De déception, il passa ses mains dans ses cheveux et souffla. Une mauvaise pioche que c'était, elle ne gardait rien de ce qui l'incriminait dans ce coffre-fort. Peut-être était-ce trop évident. Il fallait aller hors des sentiers battus... En promenant son regard dans le salon, il s'arrêta sur Yamiko.

- Dis-moi, Yamiko -on peut se tutoyer, je suppose ?- en tant que chasseuse de prime ou mieux, en tant que femme, où cacherais-tu quelque chose que tu ne souhaiterais pas qu'on retrouve ? Ça peut être n'importe quoi, une lettre chère à ton cœur, un petit plaisir caché, un truc incriminant... Euh... On oublie le petit plaisir caché... marmonna-t-il en se rendant compte de ce qu'il disait. J'ai besoin d'un regard neuf, veux-tu me donner un coup de main s'il te plait ?

Yamiko préféra ne pas commenter cette dernière partie et se dirigea directement vers la chambre de Nékonome puisqu'il était maintenant certain que le salon ne recelait rien. Loth avait tout mis sens dessus dessous, on aurait dit qu'un troupeau de bisons en rut y était passé. La chambre aussi revêtait la personnalité de celle qui y habitait, on y trouvait des animaux empaillés, des trophées de chasses aux murs. Un lit d'une place trônait au milieu de la pièce et sur le côté, une armoire murale à double battant. C'est vers elle que s'orienta la jeune femme. Elle fit d'abord les tiroirs sous l'observation de Loth, vérifia s'ils ne disposaient pas de doubles fonds. Elle passa ensuite aux robes et s'attarda sur les plus vieilles et les plus empoussiérées. Leurs poches étaient intactes, aussi passa-t-elle aux draps et en vérifia les moindres plis. Rien de ce côté-là, pas plus du côté des valises de voyages posées à côté. Rien non plus sous le lit quand Loth y plongea pour aider, pas plus quand ils éventrèrent le matelas et les oreillers en espérant y trouver quelque chose. Ils en vinrent même à décrocher les trophées des murs et à hacher menu les animaux empaillés. Ils ne découvrirent rien d'autres que de la paille et un nid de fourmis.
 
- Alors là, elle est forte. Je vais finir par croire qu'elle mémorisait les infos que je cherche.

- Tu es seulement sûr qu'il y a des infos ?
 
- Oui, oui. Quand je faisais semblant d'être mort et qu'elle est venu voler mon corps, elle a passé un coup de fil à un certain Bo Xilia. Ça m’a confirmé qu'elle disposait d'une certaine source d'information à domicile puisque son interlocuteur lui a dit, je cite "Tout est dans le glossaire". Elle a rétorqué qu'elle l'avait oublié à la "maison". Ce que nous cherchons c'est une sorte d’encyclopédie de Daman et à moins qu'elle n'ait d'autres "maisons", ça doit se trouver ici. Son arrestation n'a pas été rendue publique, donc on peut exclure la piste du complice qui serait venu tout nettoyer.

- Nettoyer... Nettoyer ! Il reste la douche et je sais où chercher !
 
- Ah bon ?

Elle se précipita dans les toilettes, suivi de Loth. Il y avait juste une baignoire, un lavabo et des porte-serviettes accrochés au mur carrelé. Loth tapota le soubassement de la baignoire mais ça ne sonna pas creux. Yamiko s'affairait autour du siège de toilettes. Elle enleva le couvercle du cabinet chasse d'eau, y plongea la main et à l'étonnement de Loth, en ressortit un objet épais. Une pile de documents s'était, soigneusement protégée dans un sachet scellé imperméable.
 
- Bien, bien, je crois que nous avons trouvé ce que nous cherchons. On peut aller à Saint-Uréa maintenant. T'as un bateau, j'ai cru comprendre ? C’est que je suis venu en squattant une caravelle royale de Boréa se rendant à Hinu…

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Anubis
SECONDE DANSE

Un bruit finit par faire précipiter la jeune borgne à l’intérieur. Elle arriva juste à temps pour voir le bras du moine se dégonfler pour reprendre sa taille normale. Enfin « normal » pour un long bras qu’il était.

À la demande de Loth, Yamiko se retrouva malgré elle à fouiller dans la chambre de Nekonome. Elle n’aimait guère fourrager dans les affaires des autres mais elle savait que si le Chevalier blanc l’avait collée à cet homme ce n’était pas pour jouer à la spectatrice mais pour pouvoir l’épauler dans sa quête. La chasseuse de primes se donnait donc bonne conscience en se disant qu’elle ne faisait qu'exécuter son devoir. La jeune femme profita pour regarder les photos qui ornaient la pièce. Elle reconnaissait la plupart des immortalisés et même certains endroits où les clichées avaient été prises.

Ses recherches finirent par l’amener dans la salle d’eau où la jeune borgne extirpa du WC la chose dont semblait rechercher le Reich. Yamiko avait pris connaissance de cette possibilité de cachette dans un roman que ses parents la forçaient à lire dans son adolescence. Le choix de la planque n'était donc pas très judicieux selon la jeune femme aux cheveux blancs qui aurait plutôt caché les documents en dehors de sa maison - lieu où n’importe qui penserait à inspecter en premier.

Après être devenue une fouineuse improvisée, la voilà qui se retrouvait à jouer la navigatrice pour mener le Moine hérétique au Royaume de Saint Urea. Heureusement que Fozia l’avait initié à la navigation.

S’aidant du rope action pour grimper plus rapidement ou défaire des cordes, en quelques minutes, la jeune borgne avait hissé les voiles du navire qui gagnait à présent le large, sous les yeux tristes de Choupi qui regardait le Wind whisper s’éloigner sans lui à son bord.

À peine s’étaient-ils trouvé en pleine mer que Loth vint expliquer les choses à la chasseuse de primes qui était occupée à tenir la barre. La jeune femme sut alors toute l’histoire, du moins tout ce que le Moine hérétique jugeait qu’elle était en droit de savoir.

Yamiko comprenait à présent pourquoi Nekonome avait décidé de s’isoler des autres habitations de l’île alors que, entant que « rasoir » de l’organisation, elle aurait pu très bien s’attribuer une des chambres du dernier étage du bâtiment de la B.N.A. C’était par sécurité car elle avait trop de choses à cacher.

Après avoir vérifié sur la boussole que le bateau se dirigeait vers la bonne direction, Yamiko cala la barre, afin de maintenir le cap, puis elle rejoint Loth qui était occupé à parcourir les documents qu’ils avaient trouvés. La jeune femme fixa un moment l’homme dans le silence, perturbé par le seul chant des vagues qui se fracassaient contre la coque du navire, avant de se résoudre à le déranger.

« Les bons souvenirs, lâcha la jeune femme, attirant le regard interrogateur de son compagnon à bord. Parmi les photos qui étaient dans la chambre de Nekonome, j’ai reconnu un établissement qui se trouve à Saint Urea. C’est une boutique de souvenirs tenue par la mère d’un agent de la B.N.A. décédé il y a quelques mois. Madame Garette pourrait peut-être nous donner des informations exploitables car il semblerait que Nekonome fréquentait leur fils.
- C’est une piste à exploiter en effet. Tu pourrais nous y amener dès notre arrivée ? »

Yamiko se contenta de hocher la tête en guise de réponse.

***

Le bateau amarré au port, la chasseuse de primes aux cheveux blancs mena le Moine hérétique aux Les bons souvenirs qui se trouvait dans le quartier populaire du royaume mais dans un des secteurs les plus propres et les plus calmes. Elle avait posé les pieds dans cette boutique lors de leur escale sur l’île il y avait à peine un mois. Tous les membres d’Eagle Claws avaient accompagné Fozia qui désirait exprimer ses condoléances à la mère de leur défunt camarade qui avait été assez proche de Miss gun.

« Yamiko !? S’exclama la femme derrière le comptoir de la petite boutique, à peine la jeune borgne et Loth avaient-ils franchi le seuil de la porte. Es-tu seule ? Où sont donc Fozia et les autres ?
- Bonjour Madame Garette, fit Yamiko tout en s’inclinant légèrement. Fozia et Sunny sont en mission et Choupi est resté au QG ... Je suis venue accompagnée de cet homme et on aimerait s’entretenir avec vous à propos de Nekonome. »

La propriétaire du Les bons souvenirs fixa la chasseuse de primes des yeux interrogateurs avant de poser ses prunelles sur le Moine hérétique.

« Que désirez-vous savoir ?
- Savez-vous si Nekonome s’adonnait à des activités autres que celui de chasser des primés ?
- À part celle d’aimer beaucoup les hommes, au grand dam de mon défunt fils qui s’était épris de cette femme sans cœur, je ne vois rien d’autre.
- Vraiment navré pour votre fils Madame ... Pourriez-vous nous donner les noms de ces hommes qu’elle fréquentait ?
- Je n’ai pas cherché à savoir leurs noms mais je sais que la plupart fréquentent un établissement avec une assez mauvaise réputation dans ce quartier même. Délivrance est son nom. C’est une brasserie où trainent les mauvaises graines de cette ville ... Pourrais-je savoir pourquoi vous chercher des informations sur cette Nekonome ?
- Navré mais nous ne pouvons rien vous dire pour votre propre sécurité Madame ... Je vous remercie pour votre collaboration. »

Loth se dirigea vers la sortie. Yamiko s’inclina pour prendre congé à son tour.

« Passe le bonjour à tes compagnons de ma part.
- Je ne manquerai pas de leur transmettre le message. Prenez soin de vous Madame Garette !
- Toi aussi. »

***

Ne désirant pas perdre de temps, Loth et Yamiko se retrouvèrent rapidement face à l’établissement indiqué par Madame Garette. Alors que le moine pénétra la brasserie mal famée, la chasseuse de primes resta un moment à appréhender ce qui l’attendait à l’intérieur. Elle n’aimait guère fréquenter ce genre d’endroit où traînaient des êtres qui ne savaient pas se retenir, qu’ils étaient en état d’ivresse ou pas.

Alors que Loth avait disparu depuis quelques secondes déjà, derrière les portes battantes de la Délivrance, la jeune femme aux cheveux blancs décida enfin à le suivre. Sans étonnement, à peine avait-elle posé les pieds à l’intérieur que les yeux se braquèrent sur elle. Un sifflement de roucoulement se leva même dans les airs. Malgré son œil en moins et le sabre singulier - faisant presque sa taille - qu’elle trimbalait dans son dos, montrant ainsi qu’elle n’était pas une jeune fille ordinaire, avec son apparence d’une jeune prude, Yamiko était comme un agneau qui venait de se jeter au milieu d’une meute des loups affamés. Une telle situation, elle en avait l’habitude et voilà pourquoi justement elle n’aimait pas mettre les pieds dans ce type d’établissements.

Malgré les regards qui poussaient à l’intimidation, la jeune borgne ne se déroba point. Des pas rassurés, elle rattrapa Loth qui quant à lui était criblé des regards hostiles.
Alors que la jeune femme se trouvait auprès du moine, un ivrogne vint l’accoster.

« Si tu me tenais compagnie ma mignonne ?
- Non merci. Je suis déjà accompagnée, » débita la jeune femme d’une voix loin d’être hostile tout en attrapant un bras de Loth qu’elle colla comme s'il était son compagnon dans la vie.

L’importun ravala sa salive, voyant la poitrine de la chasseuse de primes se comprimer, involontairement, contre le bras du moine avant de fixer ce dernier qui le dépassait de plus de deux têtes. L’ivre, qui devait avoir encore une once de conscience, tourna les talons puis s’éloigna, comprenant qu’il ne ferait pas le poids face au binoclard.

« Désolée de t’avoir utilisé, s’excusa la jeune borgne tout en libérant le bras de Loth. Je n’aime pas vraiment cet endroit alors si on pouvait se dépê ...
- Mais qui voilà ? M’sieur Loth en personne !
- Alpha ?
- Lui-même, lâcha le dénommé Alpha tout en regardant Yamiko de la tête aux pieds avant de reporter de nouveau son attention sur son interlocuteur. Si on sortait pour discuter un peu ? »

L’homme ouvrit la marche vers l’extérieur, Loth le suivit alors que Yamiko emboita les pas du moine. Alpha les mena dans un coin d’une ruelle qu’on ne pouvait voir depuis la Délivrance.

« Je sais pas comment t’as fait pour atterrir dans cet établissement mon gars mais il se pourrait que des adeptes de Damam traînent à cet endroit. Je parie que même le haut placé du Cadran fréquente le lieu mais je n'ai pas encore réussi à identifier aucun de ces clephtes. C'est qu'ils sont discrets les fripouilles ... Mais dis-moi, t’es là pour le boulot non ? Alors je peux savoir ce que tu fous avec une gonzesse à cette heure-ci ? Finit par demander Alpha tout en désignant discrètement du regard Yamiko qui était restée à l’écart par soucis de discrétion. En tout cas, je ne savais pas que tu les aimais si jeunes mais elle est plutôt bien roulée cette petite. Tu me la prêteras, hein ? ... »
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South Blue
Saint-Uréa
 

- Arrête de divaguer et reste concentré. Cette gonzesse comme tu dis est une chasseuse de prime qui me seconde. Je suis passé par le QG de la BNA avant de venir ici.

- T'étais sur Boréa quand on s'est parlé. Sur quel genre de bateau t'as embarqué pour faire deux fois le voyage transocéanien en une semaine ?

- Sur un coursier très rapide du roi de Boréa puis sur le navire de Yamiko ici présente. Je ne m'attendais pas à te voir dans ce bar mais j'allais t'appeler de toute manière. Viens on trouve un coin plus tranquille à se parler. Je t'ai confié un boulot avant de raccrocher la dernière fois.

- Les disparitions et la profanation de tombe ? J'les aies.

Le groupe se dirigea vers un endroit plus convivial et plus intimiste. Loth était nostalgique, trois années s'étaient écoulées depuis la dernière fois qu'il avait mis le pied à Saint-Uréa. Il se sentait comme chez lui ici, dans la partie la plus extérieure des murailles concentriques encore appelée la Frange. C'est ici qu'il avait rencontré le Gila, ici que le Monstre lui avait appris les ficèles du métier. Tour à tour contrebandier, voleur, arnaqueur et même pirate quand il prit d'assaut une nef transportant des tissus volés, le Reptile avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui. Et ces venelles crasseuses de la Frange où se côtoyaient pauvreté extrême, criminalité et prostitution avaient aussi joué leur partition. Connaissant les rues comme sa poche, Loth les aiguilla vers le Cochon Baveur, le bar où pour la première fois, il avait rencontré Dena, le meilleur indic au monde. D'ailleurs, il aurait dû être sur cette affaire avec lui mais le filou était occupé par d'autres tâches que Loth lui avait confiées. Se renseigner sur Ashura notamment.

Comme à l'accoutumée, l'enseigne de l'établissement donnait le ton. Une tête de cochon fraichement coupée, bavant le sang sur un plateau d'inox. Avec un certain amusement, Loth vit la chasseuse de prime se raidir à cette vue peu ragoutante. Fallait dire qu'elle l'intriguait, il la trouvait un peu trop timide voir même peureuse pour quelqu'un qui faisait de son gagne-pain la chasse aux criminels. Mais après tout se dit-il, peut-être se contentait-elles de quelques raclures. Presque personne dans le bar, les habitués n'avaient surement pas fini de décuver la mauvaise gnôle de la veille. Ils s'assirent dans le coin le plus mal éclairé, autour d'une table ronde si sale et incrustée de poussière qu'on eût juré que le bois fût noir à l'origine. La serveuse leur servit des rafraichissements dans des verres d'une hygiène tout aussi douteuse.  

- Donc ? Commençons par un topo général.

- Comme t'la dit l'vieux Lord Craggen, ça a commencé par une profanation d'tombe. Celle du jeunot Mat Maxwell Mauricio de Montelwiew. C'était y a un mois. Puis, a suivi l'rapt d'une femme. Judith qu'on la nommait. Elle v'nait d'ici, d'la Frange. C'tait une rameuse pro'.

- Une rameuse ?

- Oui, y a un championnat d'rames, d'diverses équipes, etc... C't'un moyen pour beaucoup d'jeunes d'se sortir des cercles vicieux d'l'argent facile.

- Et c'était une humaine "normale" ? Pas Longue-jambes ou...

- Normale. Deux semaines après la rameuse, y a eu la mioche de Craggen. On n'a rien en fait. Judith a été enl'vée dans un coin isolé du port, Esther Craggen quand elle r'venait seule d'chez son instit. Dans les deux cas, personne n'a rien vu, n'a rien entendu s'lon les rapports d'l'enquête d'la Marine.

- J'ai du mal à concevoir qu'on puisse enlever une fille de si haute naissance dans la Haute Ville, y profaner une tombe pour en extirper le cadavre sans qu'il n'y ait aucun témoin. C'est censé être l'endroit le plus sécurisé de Saint Uréa !

- J'croyais aussi. Ah, faut que tu saches qu'la Marine n'pense pas du tout qu'les trois affaires soient liées. En fait, elle a seul'ment enquêté sur la fille Craggen et l'vol du macchabée. Judith, z'ont juste fait un tour rapide.

- Naturellement, c'est une fille du peuple. Pourquoi dépenser des moyens pour ? Après tout, dans la Frange, les gens se font tuer quotidiennement pour un oui ou un non. Ça me désole tellement de constater ce genre de ségrégation de la part d'une institution censée protéger tous les citoyens...

- Bah... On n'a pas tous les mêmes droits hein... Qu'est-c'que t'as pecho au QG de la BNA au fait ?

- De la paperasse sur Damam dans la chambre de Nekonome mais c'est assez décevant. Je m'attendais à trouver une sorte d'encyclopédie sur l'organisation mais tout ce que j'ai eu c'est un ensemble dépareillé d'informations et de notes, la plupart du temps codées et seulement compréhensible de celle qui les a écrites. C'était un peu un voyage pour rien mais grâce à Yamiko, nous savons qu'elle avait l'habitude de trainer dans ce bar qu'on vient de quitter, donc je te suggère d'y retourner, Alpha.

- Oui mais on cherche quoi exactement ? J'y ai fureté et pour l'instant, nul n'semble connaitre Damam. Me heurte à un mur.

- Bah si l'organisation était aussi facile à pister, la Marine l'aurait déjà démantelée tu ne penses pas ? D'habitude, durant mes enquêtes, je fonctionne par association en privilégiant la victimologie.

- Hein ?

- La victimologie, c'est l'étude des victimes, elle nous aide à savoir pourquoi les criminels s'en sont pris à X et pas Y. Qu'est-ce qui rendaient le cadavre de Mat, la sportive Judith ou l'adolescente Esther si attrayants pour l'organisation ? En trouvant le point communs qui les unit, on sera à même de croiser ces informations et de dégager un point de convergence. Pour faire simple, imaginez-vous un repère orthonormé avec différentes courbes qui se touchent en un seul point. Un seul. C'est cette convergence que je recherche.  

- Hein ? T'as compris quelque chose toi ? demanda-t-il à Yamiko restée muette depuis le début de la conversation.

- Pas grave si tu ne comprends pas, à chacun son boulot. Continue à trainer dans le bar Délivrance, continue à poser des questions. Yamiko et moi, nous nous chargeons de la suite.

- Ouais, t'as raison.

Il s'envoya une dernière rasade de bière, fit un dernier commentaire sur le buste de Yamiko et s'en fut. C'était la seconde fois que Loth travaillait avec lui, la première s'étant dénouée avec succès. Mais quelque chose chez ce type le dérangeait depuis la première fois sans qu'il réussît à mettre le doigt dessus. En tant qu'indic, Alpha était plutôt efficace, bien que lent à obtenir des informations cruciales. Valait mieux l'avoir sur une affaire non urgente ou se passer de ses services cas échéant. Loth n'espérait rien de lui, surtout pas qu'il lui déniche le sésame permettant d'écrouer les tenants et les aboutissants du Cadran Anubis.

- Donc voilà, je me disais que nous devrions nous séparer Yamiko.

- Pourquoi ?

- Pour couvrir plus de terrain. Trois victimes, trois familles à interroger. C'est très important que nous sachions ce qui relie les trois victimes. Outre le point de convergence dont j'ai parlé plus tôt, ça nous permettra également d'établir le profil géographique de notre suspect. Le profilage géographique, c'est juste une façon pompeuse de parler de l'air d'aisance, du "territoire" d'un criminel. Si nos malheureux ont croisé le même ravisseur alors nous avons à faire à une personne capable de se déplacer sans contrainte des bas quartiers jusqu'au cœur de la haute noblesse. Ce qui n'est pas anodin et réduit d'office la liste des suspects. Tu comprends ?  

- Oui.

- Donc moi je vais me rendre chez mon Lord Craggen qui pleure sa fille et de là, je vais l'encourager à me présenter à la famille de Mat de Montelwiew. Quant à toi, il faut que tu te rendes chez la famille de la rameuse et poser des questions.

- Lesquelles exactement ?

- Tout ce qui te vient en tête et qui te paraitra pertinent. Ses fréquentations, ses amis, ses ennemis. Damam a pour métier de fournir des cadavres à une clientèle aux hobbies déviants, donc Judith possédait forcément quelque chose qui la rendait unique. Elle était rameuse, ce qui pour moi signifie avoir de la force dans les bras, donc elle n'était sûrement pas une proie si facile à kidnapper. M'enfin, tu es chasseuse de prime, j'ose espérer que tu ne fais pas que tomber en bourrin sur les pirates et que tu as l'habitude de creuser et de suivre des pistes.  

Loth sourit, lui faisant comprendre que ce n'était qu'une petite boutade. Sa manière méthodique d'aborder ses enquêtes ne seyait pas à tout le monde et peu arrivaient à suivre. Mais il avait au cours de sa carrière réussit à convertir quelques personnes à sa vision scientifique et procédurière des techniques d'investigations. Il espéra que Yamiko tire un gain autre que les primes de cette collaboration avec lui. Ils se séparèrent à la sortie du Cochon Baveur, elle se dirigea vers l'adresse de la famille de Judith notée sur le rapport que leur remit Alpha. Quant au Moine, il décrocha son escargophone et contacta le vieux Lord, s'attendant avec raison à se faire passer un savon. L'aristocrate l'avait mandé il y a une semaine de cela. Il valait mieux, se dit Loth, qu'il invente une histoire de traversée difficile plutôt que d'avouer au vieil homme qu'il avait pris son temps parce que sa fille était sûrement morte dans les minutes qui ont suivi son rapt. Damam ne faisait pas du commerce des vivants. Esther et Judith étaient mortes, la vérité était cruelle mais certaine. Au firmament, le soleil trépassait de son zénith et auréolait Saint-Uréa d'un suaire doré.


Dernière édition par Loth Reich le Mar 24 Mai 2016 - 15:31, édité 2 fois
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Anubis
TROISIÈME DANSE

Durant l’échange verbal entre les deux hommes, Yamiko se contenta d’écouter. Assise, telle une jeune vierge durant le repas dans un couvent, elle ne faisait que regarder tour à tour les deux interlocuteurs. L’état bien crasseux de l’établissement ayant coupé son appétit, elle n’avait même pas commandé à boire.

« Je vous contacterai sur votre denden dès que j’aurai récolté des informations. » Fit la jeune borgne avant de partir de son côté.

Reich avait exprimé le souhait à ce qu’ils se tutoient mais Yamiko avait du mal à accéder à sa requête. Peut-être que d’ici la fin de leur enquête, elle se sentira suffisamment proche du moine pour que le « tu » sortira naturellement de sa bouche mais pour l’heure ce n’était pas le cas.

« M'enfin, tu es chasseuse de primes, j'ose espérer que tu ne fais pas que tomber en bourrin sur les pirates et que tu as l'habitude de creuser et de suivre des pistes. » La jeune borgne n’avait rien dit face à cette remarque taquine mais qui se révélait pourtant être la vérité car c’était exactement ce qu’elle était. Yamiko n’avait de chasseuse que le titre. D’ailleurs, elle avait passé un temps considérable à faire des métiers en annexe qui n’avaient rien à voir avec celui de chasseur de primes.

La jeune borgne n'avait rien d'une traqueuse mais une chasseuse qui se contentait des proies qu’elle croisait sur son chemin.
À quoi bon se casser la tête ou à perdre son temps à chercher des informations alors qu’on pouvait aisément s’en passer ? Les têtes primées poussaient comme des mauvaises herbes dans chaque ville et il était même possible de tomber sur des gros poissons dans un village isolé.

Ne pas posséder d’informations sur ses cibles avait déjà causé bien d’ennuis à la jeune borgne. Comme celui de devoir croiser le fer avec un être plus puissant qu’elle mais ces moments-là étaient rares car, en général, ces personnages avaient des primes élevées sur leurs têtes et, passant sa vie avant l’argent, elle évitait de courir après les grosses primes. Le risque de tomber sur un criminel sur qui elle n’avait pas d’avis ou un qui n’était pas à jour ou erroné, était cependant possible.

Séparée du moine, la chasseuse de primes marchait en direction de l’adresse de la famille de la rameuse portée disparue.

Debout sur le bord d’une ruelle, elle jeta de nouveau un œil sur la carte de l'immense ville qu’elle avait en mains et sur laquelle elle avait tracé le chemin qu’elle devait suivre. Elle avait un assez bon sens d’orientation mais ne désirant pas perdre son temps en se perdant, elle vérifiait donc de temps en temps qu’elle était bien dans la bonne direction.

« On s’est perdue jeune Demoiselle ? Lâcha soudain une voix masculine qui fit lever la tête de Yamiko de sa carte.
- Non, répondit la jeune femme d’une voix sereine avant de ranger tranquillement sa carte.
- Whoua ! La bonne paire ! » Fit un autre qui venait de rejoindre le premier puis un troisième ne tarda pas à venir gonfler le rang des importuns.

Se faire accoster par des idiots, Yamiko en avait l’habitude. En général, il suffisait qu’elle soit isolée pour que cela arrive. La plupart étaient des pervers attirés par son physique plutôt aguicheur mais il arrivait que certains l’abordaient juste pour le plaisir de la provoquer. Sans doute parce qu’elle arborait une apparence peu banale. À moins qu’elle ne dégageait tout simplement une aura qui attirait des emmerdes ou, plus exactement, qui réagissait comme un aimant aux écervelés.

Accompagnée par le moine, personne n’était venu l’emmerder mais maintenant qu’elle était seule, quelques minutes seulement avaient suffi pour que trois imbéciles viennent lui faire perdre son temps.

Yamiko n'accorda pas plus d'attention aux hommes mais comme elle s’y attendait ceux-ci ne comptaient pas la laisser filer car un se mit à travers de son chemin alors qu’elle cherchait à leur fausser compagnie.

Sans chercher à savoir ce que l’importun lui voulait - chose qui n’était pas bien difficile à deviner d’ailleurs- Yamiko pivota d’un quart, distribuant dans l’élan un violent coup de pied dans le ventre du raseur qui vola sur quelques mètres. Les deux autres cherchèrent à se jeter sur elle mais la jeune femme dégaina rapidement son sabre pour en pointer les lames en direction des deux hommes, les forçant à garder leur distance.

« Ne m’obligez pas à vous découper en rondelles ! » Lâcha la chasseuse de primes d’une voix qui se voulait froide tout en écartant les lames de son arme telle une paire de ciseaux.


Les deux benêts fixèrent le sabre menaçant des yeux anxieux puis, tout doucement, ils reculèrent, signifiant à la jeune borgne leur abandon. Yamiko referma alors les lames de son sabre qu’elle remit ensuite à sa place dans son dos avant de reprendre son chemin comme si de rien n’était.

Les expériences lui avaient fait comprendre que pour avoir la paix, il faillit qu’elle sorte ses crocs de temps en temps. Elle détestait devoir jouer la vilaine mais c’était devenu une habitude qu’elle était forcée d’assurer.

« Ce n’est pas la fille de la B.N.A ? Celle qui montre tout le temps sa culotte ? La danseuse de l’orient.
- Tu veux dire la Danseuse du vent ?
- T’as vu comment elle a étalé l’autre type ?
- Bien fait pour lui ! Ça lui apprendra à faire le malin ! Elle aurait dû casser la gueule aux deux autres aussi, tiens !
- C’est une chasseuse de primes alors ils ne l’intéressent pas parce qu’ils n’ont aucune prime.
- J’ai entendu dire qu’elle s’en prenait même aux non primés qui foutent des bordels.
- Tu veux dire qu’elle joue à la justicière ? C’est plutôt le boulot des Héros Hic ça ! »

À force de se battre en pleine rue en petite jupe, elle avait fini par se forger une réputation d’exhibitionniste. Son sous-vêtement était en phase de devenir plus connu que ses exploits en tant que chasseuse de primes. Il faut croire que celui-ci marquait plus et plus longtemps les spectateurs.

Ignorant les messes basses à son égard, la Danseuse du vent poursuivit son chemin. Elle finit par atteindre sa destination, non sans avoir faussé compagnie à d’autres niais qui semblaient pulluler dans cette ville.

Les parents de la disparue étaient à leur domicile et accueillirent Yamiko sans la moindre hésitation. Ils étaient même ravis de voir que quelqu’un continuait de chercher la trace de leur enfant alors que la Marine avait déjà abandonné et sans avoir poussé la recherche bien loin.

Une tasse de thé, servie par la maternelle de la disparue, entre les mains, Yamiko procéda à l’interrogatoire. Tâche qui ne lui plaisait guère mais qu'elle allait devoir assurer.

« Quand avez-vous vu votre fille pour la dernière fois ?
- La veille de sa disparition. Elle avait diné avec nous avant de partir comme souvent passer des soirées avec ses amis.
- Savez-vous où elle s’était rendue ce soir-là ?
- Non mais Ehrlich Becker pourrait certainement vous informer là-dessus car ils ont l’habitude de trainer ensemble depuis tous petits. C’est le meilleur ami de notre Judith.
- Où pourrais-je trouver cet homme ?
- Je vais vous donner son adresse, fit la mère alors que le père s’empressa d’aller chercher de quoi écrire.
- Pouvez-vous me donner d’autres noms des personnes que votre fille aurait pu fréquenter ce soir-là ?
- Tous ceux de son équipe de rameurs je suppose.
- Pouvez-vous me noter leurs noms et leurs adresses s’il vous plaît ?
- Bien sûr mais je ne connais pas l’adresse exacte de tout le monde.
- Dans ce cas, notez seulement ce que vous savez ... Savez-vous si quelqu’un en voulait à votre fille ? Demanda Yamiko au paternel pendant que la maternelle était occupée à écrire.
- Tous les membres des autres équipes de rameurs sont certainement ses rivaux mais je ne vois aucun qui pourrait lui en vouloir au point de la faire disparaitre.
- Notre Judith a du caractère mais ce n’est pas une mauvaise fille, » ajouta la mère, relevant un moment la tête de sa note.

Après avoir remercié comme il se doit les parents, Yamiko prit congé avec une liste de deux pages des noms et de quelques adresses entre les mains.

Elle se rendit sans attendre à l'adresse d'Ehrlich Becker mais ce dernier se releva être absent. La chasseuse de primes décida alors de revenir le lendemain.

La nuit était sur le point de tomber et ne désirant pas trainer dans les rues malfamées du périphérique extérieur du royaume durant la nuit, la jeune borgne retourna au port pour rejoindre son navire qui avait été amarré dans un endroit règlementé et surveillé. Elle s'arrêta en chemin pour s'acheter à manger tout fait à un kiosque dont l'hygiène laissait à désirer mais qui était beaucoup plus propre et présentable que le Cochon Baveur.

Installée confortablement dans la cabine supérieure de Wind Whisper, Yamiko dina tranquillement sur la table qui trônait au milieu du compartiment dans un silence qui la rendit nostalgique. Tout en mangea, elle pensa à ses camarades Fozia et Sunny ainsi qu'à son protégé choupi qu'elle décida d'appeler tour à tour après son repas avant de contacter le Moine hérétique.

« Monsieur Reich, c'est Yamiko. J'ai réussi à avoir des noms et des adresses que j'irai exploiter demain au lever du soleil. Je vous souhaite la bonne nuit TUTUTUTU … »

Sans laisser au moine le temps de dire quoi que ce soit, Yamiko avait déjà raccroché.

La jeune borgne s'étira avant de descendre au quartier d'équipage pour prendre une douche. Elle remonta dans la cabine une vingtaine de minutes plus tard, vêtue d'un simple t-shirt d'homme et un drap dans les mains. Elle s'assit puis se couvrit avant de reposer sa tête sur la table, avec les mains en guise de coussin, s'apprêtant à tomber dans les bras de Morphée avec son sabre à sa portée …
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Quelques heures avant le coup de fil de Yamiko...

- Mais... qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ?!

Loth se rendit compte qu'il s'était lourdement trompé. Il s'attendait à voir un Lord Craggen coléreux et dégoûté par son retard mais au lieu de cela, il trouva bien pire. Le vieux noble avait dépéri. Autrefois rondouillard, il était devenu flasque, ridé, comme un ballon de baudruche qui aurait trop servi. Les cernes sous yeux écarlates prouvaient qu'il n'avait plus fermé l’œil de la nuit depuis un moment, passant son temps à pleurer. Il s'était reclus dans ses appartements, refusant de se nourrir, de se laver. Son major d'homme accueillit Loth avec une sorte de jubilation sauvage, espérant que lui au moins puisse convaincre le maitre des lieux d'avaler quelque chose.

Esther était la seule fille de l'aristocrate, conçue avec la seule femme qu’il n’eût jamais aimé de sa vie. Elle décéda en couche. Les photos de la mère et de la fille parsemaient le manoir si bien qu'on dût chercher sans relâche pour trouver un cliché du vieux Lord lui-même. Il vivait une relation trop fusionnelle avec sa fille qu'il avait placée au centre de son monde. Normal qu'il s'écroulât quand elle disparut. Loth se sentit désolé pour lui, c'était un homme bon et humble, pas un de ces nobles qui se croyaient égaux aux dieux. Malheureusement, il n'y avait plus aucune chance de retrouver Esther en vie, autrement il aurait remué ciel et terre pour la lui retrouver. Loth refusa de s'entretenir avec le Lord tant qu'il n'aurait pas pris un bain réparateur et calmant.

- Mes excuses milord, mais les routes commerciales sont exécrables. Notre nef a subi une tempête au large de l'Arceau des Naufragés puis une attaque de pirates dans les Centièmes Hennissantes, mentit-il. J'ai fait l'impossible pour venir au plus vite. Il n'est pas trop tard, ne perdez pas espoir, Esther a besoin de vous ! ajouta-t-il en prenant les moins moites et tremblantes du vieillard dont le visage était décomposé par les larmes de chagrin.

- Ma fille unique... Loth... La seule... Promets-moi...

- Je ferai mon possible. Mais là, vous ne m'êtes d'aucune utilité. Donnah, s'il vous plait ? Lord, suivez-la, elle vous donnera un somnifère, vous devez absolument dormir. Vous vous réveillerez lucide et dispo'. Donnah, une infusion de Valériane saupoudrée d'un soupçon de Tilleul, pour un sommeil sans rêve.

- Bien monsieur, répondit l'herboriste de maison. Craggen s'en alla, soutenu par deux serviteurs.  

- Et dire que deux semaines auparavant, il partait faire le tour de l'archipel en solitaire à la voile ! s'exclama avec dépit le major d'homme.

- A nous deux maintenant, Steven. Dites-moi ce qui s'est exactement passé.

- Lady Esther a disparu il y a dix jours exactement. Elle revenait d'un cours de couture chez son institutrice, Miss Alizée.

- Ça je sais. Elle avait l'habitude d'y aller seule ?

- Oui, oui. Nous sommes dans les enceintes de la Haute Ville ! Le saint des saints de tout Uréa ! C'est aussi sécurisé que Marijoa ! Il avait l'air effaré.

- Pas tant que ça, répondit Loth, perplexe. Et je ne dis pas ça parce que l'enlèvement d'une jeune femme et la profanation d'une tombe constituent une atteinte grave à la sureté. Non, je pense que les nobles se sont enfermés dans un cocon de fausse sécurité. Tout le monde est convaincu que la racaille est filtrée et refoulée, donc de facto tous ceux qui habitent entre ces murs sont saints. Ainsi, les agents de sécurité sont cantonnés dans leur garnison ou devant les immeubles très sensibles, c'est tout. Les rues sont dépourvues de surveillance. Maintenant, imaginons que les barrières à l'entrée défaillent et qu'un criminel parvienne à rentrer dans la Haute Ville. Il serait tel un loup dans une bergerie. Peut-être Ester fut-elle un agnelet et Mat de Montelview un... buffet froid ?

- Oh s'il vous plait ! Arrêtez ce genre de comparaison, ça me fout le jetons ! se plaignit-il. Il avait la chair de poule. Mais c'est impossible d'entrer ici alors que...

- Alors que quoi ? Quand je travaillais dans la Frange pour le Gila, je suis parvenu à rentrer en Haute Ville. Vous serez étonné de l'ingéniosité de ceux qui sont déterminés. C'est très compliqué de passer, je le conçois. Mais pas impossible. Esther avait-elle des ennemis ?

- Mais non ! Bon c'était une ado', vous savez les problèmes qui viennent avec les hormones et tout. Mais rien qui puisse justifier un enlèvement quoi. En plus depuis dix jours, personne ne nous a contactés, personne n'a demandé de rançon. C'est ça qui est alarmant ! Quelques larmes dégoulinèrent sur sa joue. Ce type travaillait pour les Craggen depuis aussi loin que se souvînt Loth. Pardon de me laisser aller mais... Je la considère comme ma fille aussi. Je l'ai vue grandir. Dame sa mère était la bonté incarnée ! Et Lady Esther, le rayon de soleil de ce manoir.

- J'ai vu ce que le manque de sa chaleur a fait de son père, susurra-t-il en pensant que le vieux ne ferait pas long feu après la découverte du corps de sa fille. Esther aurait-elle pu sortir de la Haute Ville sans vous en parler ?

- Absolument inconcevable !

- Sûr ? C'est une ado, comme vous venez de le souligner. Un petit copain de moins haute naissance dans la Cité Intérieure par exemple serait une bonne raison de jouer les passes murailles.

- Non, croyez-moi, c'est impossible. Il y a des protocoles en vigueur, aucun agent à l'entrée ne laisserait une damoiselle de si haute naissance quitter la Haute Ville sans protection, même si elle insiste. C'est automatique, la sécurité a même ordre de retenir la fugueuse contre son gré dans ces cas-là. Ces mesures ont été instaurées après une série de fugues l'année passée.

- Bon... Je vais aller tâter le terrain, j'en découvrirai sûrement plus. Je vais commencer par la chambre d'Esther puis après j'aurais besoin de plusieurs lettres de recommandation signée par Lord Craggen.

La fouille de la chambre de l'adolescente n'apprit rien de décisif à Loth. A part qu'elle était plus ordonnée que la majorité des ados qu'il connaissait. Tout était à sa place, les livres rangés par auteurs et par ordre alphabétique. La couture prenait une place importante dans sa vie, Loth vit des nécessaires à couture de toutes sortes ainsi que des machines à coudre mécaniques, de petits bijoux de technologies coutant une fortune. Tous ces objets étaient bâchés comme si on avait voulu les préserver de la poussière. Dans son intégralité, la chambre d'Esther était plus propre qu'une salle blanche ou un bloc opératoire. Ce n'était pas naturel d'être aussi soigneux, elle devait souffrir d'une sorte de mysophobie, conclut-il quand il découvrit une grande boite d'alcool dans laquelle trempaient des aiguilles, ciseaux et autres découseurs.
« Elle stérilise ses outils avant de les utiliser » marmonna-t-il.

Même s'il inscrivit la phobie dans un coin de son esprit, il douta que ce fût la raison qui avait fait d'elle une cible pour Damam. Quelqu'un pouvait-il réellement rechercher un cadavre de jeune femme atteinte de germophobie ? Non... Les clients de Damam étaient sacrément cinglés pour sûr mais les critères de sélections devaient être plus "concrets" qu'une simple phobie. Il fouilla intégralement la chambre, chercha des cachettes secrètes comme chez Nekonome sans rien trouver. Il nota la présence de pansements et d'une certaine quantité de médicaments de toutes sortes. Esther ne semblait pas souffrir d'une maladie spécifique. Loth attribua la présence de cette boite à pharmacie bondée à son père surprotecteur qui voulait sans doute la protéger de tous les maux de la terre.

___ ___ ___


- Donc, c'est Lord Craggen qui vous envoie ?

- Je crois que la lettre est assez claire ! répondit Loth avec froideur.  

- J'comprends pas...

- Votre rôle n'est pas de comprendre les désirs de vos maitres, Adjudant Perlin. Votre rôle est d’obéir.

- Et l'votre ?

- Fouiner et être payé pour ça.

Ils partirent sur de mauvaises bases. Selon l'enquête et les personnes en face, Loth changeait souvent d'approche, se donnant des genres pour mieux obtenir telle ou telle information. Il avait sollicité la signature de Craggen pour un "stage" au poste frontière de la Haute Ville en qualité d'enquêteur. Loth désirait connaitre leurs procédures exactes, aussi bien pour l'enquête en cours que pour une utilisation ultérieure, sait-on jamais. Aussi, il décida de jouer le rôle du limier émérite et de se draper d'une condescendance digne du fils du maitre de l'univers. Quand il se présenta au poste, il s'adressa au chef douanier comme ce dernier n'était qu'un amas d’immondices ce qui hérissa les poils du quarantenaire. Mais Lord Craggen étant un noble de première classe, l'adjudant ne put manifester son inimitié envers son envoyé que par des borborygmes de désapprobation et des regards haineux. Loth s'amusait de la situation.

- Quand la jeune Lady a disparu, les Marines et les enquêteurs d'la Milice sont venus aussi. Z'ont pensé qu'elle aurait pu passer par là sans être vue.

- Et ?

- Et ils s'trompaient ! Personne n'peut passer sans être vu !

Il avait l'indignation sincère, celle de celui qui faisait proprement son boulot mais que l'on taxait de médiocrité. Le poste frontière ressemblait à une sorte de péage grandeur nature, aménagé en deux voies, l'une pour les sorties de la Haute Ville, l'autre dans le sens inverse. Loth resta près d'une heure à observer les procédures, analysant chaque entrée et sortie. Il se souvint que trois années auparavant, il avait enfumé les douaniers en se faisant passer Jonas V. un petit marchand de courges (le véritable Jonas V. ayant été assommé et planqué quelque part). Le kidnappeur d'Esther était-il rentré par une supercherie semblable ? Il n'était pas compliqué de prendre l'apparence de quelqu'un si tant est qu'on sût s'y prendre en déguisement. Ces douaniers n'étaient pas forcément des lumières même si certains avaient l’œil très aiguisé. Amusé, Loth assista à l'arrestation d'un dealer de drogue qui se faisait passer pour un éboueur.

- M'voyez ? déclara le chef, empli de fierté. Rien n'passe. Que dalle ! Vous voyez c'type là ? fit-il l'index pointé sur un gros gaillard assis sur une chaise perchée. C't'un physionomiste. Tous les ptits truands comme gros, il a leurs visages en tête. Ses yeux scannent tout arrivant.

- Pas très impressionnant. Il dispose surement d'une bonne mémoire et avec un peu de chance, d'une mémoire eidétique comme la mienne. Je peux lire jusqu'à vingt-mille mots par minute. Alors retenir des visages... risible.

Le ton était méprisant et odieux pour se donner un genre mais Loth pensait autrement. La sécurité était plus au point qu'il y a trois ans, les intrus étaient repérés sans ménagement. Si le ravisseur était un étranger alors il avait sûrement été invité par un noble comme il l'était lui-même. A moins qu'il ne fût un employé de la ville. Un serviteur qui aurait voulu arrondir ses fins de mois ? Loth s’intéressa au registre des admissions le jour de la disparition d'Esther. Cinq cent trois personnes étaient entrées en Haute Ville ce jour-là. Loth les lut d'une traite ce qui ne l'avança pas pour autant. Il y avait une différence entre une mémorisation rapide et un travail d'épluchement. Il fallait raccourcir la liste, il n'avait pas le temps de se renseigner sur plus de cinq cent personnes.
« Quid des sorties, Perlin ? »

- Toutes les sorties sont inscrites là ! Il posa avec une force inutile un épais registre sur le bureau. Tous ceux qui sortent sont répertoriées. Y a pas d’exception ! D'ailleurs, regardez mes hommes faire. Ce sont les Van Lutten, une très vieille famille.

Un énorme véhicule hippomobile, assez gros pour contenir dix personnes, se présenta au péage. Le côcher présenta ses pièces d'identités puis se dépêcha d'ouvrir la portière. Perlin lui-même se présenta devant et fit une courbette aux occupants de la voiture. Trois personnes, un homme et deux femmes aux airs hautains y siégeaient. Même s'ils ne lui remirent pas leurs pièces, Perlin gratta quelque chose sur son calepin avant d'ordonner la levée des barrières et le passage de la voiture tractée. Il revint, visiblement fier de sa démonstration. « Alors, vous faut que’que chose d’autres ? Vous pourrez dire au Lord que sa fille est probablement toujours en Haute Ville. Hey, vous regardez quoi comme ça ? »

- Ils ont des bagages, dit Loth qui regardait fixement la berline s'éloigner. Derrière la voiture, il y avait un porte-bagage où trônait un colossal étui noir. C'est une housse à harpe ?

- Bah ouais ! Lord Van Lutten est le meilleur harpiste d'South Blue ! Il ne donne des représentations que pour les gens d'son rang ! J'ai pas besoin d'fouiller ses bagages !

- Et c'est valable pour tous les nobles ?

- Ouais...

- C'est valable pour tous ceux qui quittent la Haute Ville ?

- Non ! Nous ne fouillons pas les personnes respectables ! Mais allez-vous imagi...

- Personne respectable hein ? Une définition bien superficielle. Merci Perlin, mon stage est terminé, j'ai vu ce que je voulais voir. En plus il commence à faire nuit.

___ ___ ___

Présent...

- Allô ? Yamiko ?

Elle avait raccroché. Qu'est-ce que c'était, une tornade ? On n'avait pas idée de faire un rapport d'enquête en une phrase. Décidément, se dit Loth en secouant la tête d'incrédulité, il avait le don de dégoter des partenaires bien singuliers. La dernière fois, c'était Eden, un jeune impulsif qui ne pensait qu'à planter tous ceux qui le contrariaient alors que la mission de Loth requérait de la discrétion. Yamiko disait avoir obtenu des noms et des adresses, et même si le Moine désirait en savoir plus, il ne tenta pas de la rappeler. Ils allaient de toute façon se voir le lendemain. Lui aussi avait ses pistes à poursuivre. Rencontrer l'institutrice d'Esther puis aller voir la famille Montelview. Maintenant, il était certain qu'un noble ou pour employer les termes de Perlin "une personne respectable" était impliquée dans le coup. Il imaginait bien l'adolescente et le cadavre de Mat quitter la Haute Ville au nez et à la barbe des péagers dans un coffre ou dans un quelconque conteneur.


Dernière édition par Loth Reich le Dim 3 Juil 2016 - 21:56, édité 1 fois
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Anubis
QUATRIÈME DANSE

Le jour venait à peine de se pointer que la jeune borgne était déjà parée à poursuivre son enquête après avoir pris un bon petit déjeuner en solitaire à bord de son navire.

Elle se rendit en premier à l'adresse d'Ehrlich Becker qu'elle pensait plus à même de lui fournir des informations importantes mais de nouveau ce dernier n'était pas à son domicile. La chasseuse de primes décida alors de revenir plus tard.

S'aidant de la carte de la ville, elle partit en quête des autres personnes figurant sur sa liste, commençant par celle qui habitait la plus près de sa position actuelle. Destination qu’elle ne mit pas bien longtemps à atteindre.

Celle qu'elle était venue voir se révélait être une femme de plus féminine. Soignée des extrémités des cheveux jusqu'aux ongles des pieds. La jeune femme arborait un physique et un look de plus féminins. Chose qui aurait pu étonner beaucoup vu le sport qu’elle pratiquait mais Yamiko n'était pas un être qui accordait de l'attention à ce genre de détails futiles.

« Ce sont ses parents qui vous ont engagés ?
- Non. J’enquête sur des évènements étranges qui se passent dans cette ville dont la disparition de Mademoiselle Judith.
- Vous n’êtes pas un peu jeune pour faire ce travail ?
- Il faut croire que celui qui m’a engagé me croit suffisamment apte pour le celui-ci ... Puis-je commencer ?
- Bien sûr ! Je vous écoute !
- Quand avez-vous vu Judith pour la dernière fois ?
- Trois jours avant sa disparition, durant l’entrainement de l'équipe.
- Avez-vous remarqué des changements dans ses comportements ces derniers jours ?
- Non.
- Savez-vous si elle a fait des nouvelles connaissances dernièrement ?
- Non. En tout cas, si c’est le cas, je ne suis pas au courant.
- À quel point êtes-vous proche de Mademoiselle Judith ?
- On ne peut pas dire que nous sommes les meilleures amies du monde mais nous nous entendons très bien.
- Mademoiselle Judith s’entend-elle mal avec certaines de ses camarades ?
- Non. Nous nous entendons toutes très bien. La mauvaise entente n’est pas tolérable au sein d'une équipe, notre entraineur nous l'a fait bien comprendre. Celle qui perturbera la bonne ambiance se fera certainement expulser.
- Dois-je comprendre qu'il n'a jamais eu encore d'expulsion ?
- Jamais. Notre équipe n'a que deux ans d'existence mais la plupart des membres se connaissaient déjà plus ou moins bien avant de se retrouver dans le même bateau.
- Mademoiselle Judith en fait-elle partie ?
- Oui. Elle a fait partie d'une équipe adverse mais qui s'est dissoute. Lorsqu'elle a exprimé son souhait d'intégrer la nôtre, Monsieur Delayre l'avait accepté sans hésitation vu son talent de rameuse.
- Monsieur Delayre ?
- Notre entraineur. »

Yamiko entoura le nom en question qui figurait déjà sur la liste fournie par les parents de la disparue.

« Est-ce que tous les membres de votre équipe étaient d'accord avec l'intégration de Mademoiselle Judith ?
- Bien sûr ! C'était une vraie aubaine de l'avoir avec nous !
- Puis-je savoir les noms de vos coéquipières ? »

Tout en écoutant la questionnée citer les noms, Yamiko vérifiait en même temps sa liste. Les parents n'avaient omis personne. La chasseuse de primes en profita pour demander les adresses qui lui manquaient avant de remercier la rameuse puis prendre congé.

Après avoir barré le nom de la jeune femme qu'elle venait d'interroger, Yamiko se dirigea à l’adresse suivante, toujours en prenant celle qui était la plus proche de sa position présente.

La jeune borgne passa sa matinée à aller d'une adresse à une autre. Elle posait presque les mêmes questions aux interrogées et toutes leurs réponses se rejoignaient. Par moments, elle cherchait à obtenir des informations complémentaires ou à obtenir plus de détails, cherchant même parfois à piéger son interlocutrice, mais à chaque fin d'interrogatoire, elle arrivait toujours à la même conclusion : Judith était aimée par ses camarades.

Ses parents lui avaient inculqué l'importance de ne jamais sauter un repas alors, malgré la masse de travail qui l’attendait encore, Yamiko prit le temps de déjeuner avant de reprendre ses visites qui commençaient sérieusement à la lasser. Elle détestait subir mais aussi faire passer un interrogatoire mais depuis ce matin elle ne faisait que cela. Et pour couronner le tout, elle n’avait pas réussi à récolter la moindre information qui pourrait la conduire vers la piste de Judith.

Ne désirant pas cependant décevoir ni le Moine Hérétique, ni le Chevalier Blanc, la jeune borgne ignora la voix dans sa tête qui lui murmurait de laisser tomber l’interrogatoire bien barbant et fila à la prochaine adresse qui se trouvait la plus près de sa position.

***

Après avoir tracé un trait sur le nom de la dernière personne qu’elle venait d’interroger, la chasseuse de primes examina un moment la feuille qu’elle tenait. Plus que six personnes à questionner - dont trois étaient absents durant son passage à leur domicile - et toujours aucune piste exploitable.

La jeune femme se demanda si toutes ces personnes dont les noms étaient à présent barrés sur sa liste étaient bien innocentes comme elle le pensait ou si elle était tout simplement tellement médiocre en tant qu'investigatrice qu’elle n’avait pas sue dénicher le moindre suspect.

Après le doute sur son talent d’enquêtrice, Yamiko décida de revenir au domicile du meilleur ami de Judith mais qui se révéla toujours absent. La détective en herbe se dirigea alors vers l’adresse de Delayre, l'entraineur de l’équipe des rameuses. Ce dernier vivait à l’écart de la ville donc assez éloignée de sa position actuelle par rapport aux autres adresses qui lui restait à visiter mais la chasseuse de primes se disait que l’homme pourrait certainement lui fournir des informations qu’elle n’avait pas déjà et peut-être exploitables.

Elle fut accueillie par un homme d’un âge assez avancé et au regard bien chaleureux. Monsieur Delayre se révélait être un ancien rameur qui s’était retiré au milieu d’une nature intacte malgré la grande ville à proximité pour y couler paisiblement les jours qui lui restaient à vivre. Bien que son faciès était bien marqué par le temps, le vieil homme semblait être en plein forme. Il émanait de lui une force qui pourrait éclipser celle de ces jeunes fainéants qui ne pensaient que fumer et picoler.

Yamiko apprit rapidement que le vieil homme avait pris en charge cinq rameuses qui désiraient former une équipe professionnelle à la demande de sa nièce qui faisait partie du groupe. Depuis, le groupe s’était agrandi et il a continué d’administrer celui-ci entre autres parce qu’il se complaisait à coacher les jeunes femmes mais aussi parce qu’il était un passionné du sport qu’elles pratiquaient.

La chasseuse de primes poursuivit l’interrogatoire et, contrairement à son espérance, elle ne récolta aucune information qui pourrait l’aiguiller dans sa recherche. Même les nouvelles données qu'elle avait réussies à obtenir de l'entraineur ne lui ouvraient aucune piste vers la disparue.

Lorsque Yamiko quitta le domicile du vieil Delayre, le soleil s’apprêtait déjà à aller se coucher. Encore une journée non productive pour la chasseuse de primes dont l'échec commençait sérieusement à désespérer elle qui était pourtant si optimiste. Une journée de vas et viens et des interrogatoires pour rien, il y avait de quoi saper le moral de l'enquêtrice improvisée qui ne prenait aucun plaisir à interroger tous ces gens mais qui se forçait en vain de faire de son mieux pour ne pas décevoir. Elle était une fille d'action et non pas une fouineuse. Elle détestait fourrer son nez dans la vie privée de ses congénères même si c'était pour une bonne action.

Plantée au milieu d’un chemin arboré en direction de la grande cité, la jeune borgne barra le nom du de l'entraineur alors que de nouveau elle doutait de sa capacité à mener à bien la mission qu’on lui avait confiée. Et si un coupable s’était réellement glissé entre les mailles de son filet ? Face au doute, l’idée de réinterroger les personnes qu’elle avait déjà questionnées effleura l’esprit de la jeune femme mais le côté bien ennuyeux de l’interrogatoire l’avait vite oublié cette idée.

L'état quelque peu morose de la jeune borgne finit par la faire revenir dans ce bar bien piteux qu'était le Cochon Baveur. Elle qui ne buvait pas commanda pourtant une chope de bière se disant que le liquide pervers l'aiderait peut-être à retrouver le moral avant d'aller se coucher pour bien repartir demain et poursuivre son enquête.

***

Quelque part sur l’Île dans l'après-midi, un homme décrocha un denden-mushi.

« Oui ?
- Une chasseuse de primes est venue m’interroger à propos de la disparition de Judith.
- Une chasseuse de primes ? ... Son identité ?
- La Danseuse du vent.
- Tu parles de cette jeune borgne de la Bounty National Agency.
- Exactement. »

L’homme resta un moment silencieux face à la révélation à laquelle il ne s’attendait point. Il se demandait pourquoi un agent de la BNA fourrait son nez dans leurs affaires. Pour lui, un chasseur de primes chassait des têtes primées et non pas des disparus et qui de plus n’étaient pas issus d’une famille renommée qui pourrait lui reverser une grande récompense pour son service. Il ne voyait qu’une raison qui aurait pu pousser la jeune borgne à chercher Judith : elle avait un lien avec cette dernière. Une relation familiale ou amicale.

« Tiens-moi au courant si tu obtiens d'autres informations. En attendant que les choses se calment, on va éviter de nous revoir et reste sur tes gardes ! »

L'homme qui n'était qu'un sous-fifre un peu plus haut placé que les autres rentra en contact avec l'Undertaker qui dirigeait le cadran Anubis pour qui il travaillait.

« Oui ?
- Nous avons un problème ! Une chasseuse de primes de la BNA enquête sur la disparition de la rameuse !
- Comment cela est-il possible !?
- J'ai ma petite déduction là-dessus : vu que la famille de Judith n'est pas assez riche pour engager un vrai détective pour enquêter sur sa disparition, je pense que les parents ont engagé cette chasseuse de primes qu'ils doivent connaitre. Une amie de la fille sans doute.
- Ça se tient … Cette fille a réussi à faire tomber Pinot, le Prince de la pègre avec ses compagnons alors nous devons prendre cette histoire au sérieux. Faites-la surveiller et dis bien à tes hommes de n'ouvrir aucune hostilité avec elle. Je veux juste savoir ce qu'elle fait. Ses déplacements, les gens qu'elle côtoie et surtout les informations qu'elle a récolté même si elles ne nous concernent pas. Je veux tout savoir ! » …
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- Miss Alizée, je suis Loth Reich. Je travaille sur la disparition d'Esther Craggen.

- Si j'peux vous aider.

Le soleil n'était pas encore levé que Loth était déjà à pied d’œuvre. Pour ne pas être assailli de questions, il dormit dans une suite de la ville haute aux frais du vieux Craggen. L'enquête de la veille au poste de péage lui avait donné la certitude qu'un noble ou une personne d'influence était impliqué dans les disparitions. Il pensait savoir comment le cadavre de Montelview et Esther avaient été exfiltrés des remparts de la Haute-Ville. Restait maintenant à savoir ce qui les rendait aussi uniques aux yeux de Damam. Avant les coups de six heures, il vint toquer à la porte d'Alizée, une frêle femme aux joues creuses. Dès qu'elle entendit le nom d'Esther, elle commença à pleurer.

- Vous lui donnez des cours de stylisme depuis combien de temps ?

- Cinq ans.

- Depuis qu'elle a dix ans ?

- Oui, elle adore créer des modèles, elle veut habiller l'monde, vous savez. Une fille au cœur d'or. Bien sûr au début, c'était compliqué avec sa maladie, mais elle est aussi très responsable alors avec l'temps, c'est dev'nu une routine.

- Pardon ? Quelle maladie ? J'ai vu que sa chambre était excessivement propre et que ses outils de couture étaient soit bâchés soit trempés dans de l'alcool.

- Ah oui, sa famille fait tout pour cacher ça mais comme vous enquêtez sur ça... En fait, elle n'ressent pas la douleur, Esther.

- Wouah, je vois.

L'ICD ou Insensibilité congénitale à la douleur était une maladie génétique extrêmement rare et la plus part du temps très grave à cause d'un seul facteur. Ceux qui en souffraient ignoraient ce qu'était la douleur. Ce n'était pas une bénédiction, loin de là, la douleur étant un signal, un moyen pour l'humain de comprendre ses limites. D'après les rares livres que Loth lut à ce sujet, les patients ne dépassaient généralement pas les vingt-cinq ans à cause des traumatismes divers qu'ils subissaient au cours de leur vie. Ils pouvaient avoir un bras cassé, une plaie infectée ou un ulcère sans s'en rendre compte. Cette maladie nécessitait du patient une vérification complète de son corps chaque heure pour s'assurer de ne souffrir d'aucun traumatisme apparent. Pour le reste, un suivi médical encombrant était nécessaire.  

- Ça a dû être problématique pour Lord Craggen d'autoriser sa fille à se servir d'aiguilles et de ciseaux avec cette bombe à retardement de maladie.

- Ouais, on d'vait vérifier qu'elle ne s'était pas coupée chaque quart d'heure. Mais comme dit, elle est vraiment responsable et plus mature que son âge. Sur'ment à cause d'la maladie et de l'absence d'sa mère, tout ça l'a fait grandir. Quelle terrible perte !

- Merde, c'est une erreur de ma part, j'aurais pu savoir tout ça si j'avais posé les bonnes questions à son père. Avez-vous jamais parlé de sa maladie à qui que ce soit ?

- Jamais. Lord Craggen l'interdit formellement, il n'veut pas qu'sa fille devienne une bête d'foire.

- Normal, il sait mieux que personne quelles bêtes sauvages sont ses pairs. Merci Alizée. Gardez l'espoir.

[...]

- Vous avez meilleure mine, milord.

- Tu as une piste sur ma fille ?

- Sans doute. Vous avez omis de me dire qu'elle souffrait d'ICD. Et vous aussi Steven.

- Lord l'a interdit et je ne pensais pas que ça pouvait avoir un quelconque lien, se défendit le major d'homme avec une courbette.

- Et y a un lien ? On l'a enlevé pour sa maladie ? Oh mon dieu ! s'exclama Craggen, les mains sur la bouche.

Il avait le regard épouvanté d'un homme qui voyait son pire cauchemar se réaliser. Qu'imaginait-il ? Sa fille encagée en train d'être "torturée" par un autre noble qui s'amuserait de son absence de perception de la douleur ? « Je vais être franc avec vous milord. Depuis le début, je pensais qu’il n’y avait aucune chance qu’Esther soit encore en vie. Mais l’ICD est un facteur qui chamboule toutes mes certitudes. J’estime à cinquante pour cent la probabilité qu’elle demeure en vie. Donnez-moi la liste de tous ceux qui avaient vent de cette maladie à commencer par son médecin traitant. Plus que jamais, c’est une course contre la montre. » lui dit Loth de son ton le plus ferme et il le pensait. Damam ne livrait que des cadavres, normalement, mais on ne pouvait étudier l'ICD qu'avec un sujet en vie. Même les organisations criminelles faisaient des exceptions et Loth espéra fortement que Damam avait dérogé à sa règle en livrant un être vivant à un client.

[...]

- Docteur Raph Perse, j'enquête sur la disparition d'Esther Craggen. Et allons directement au but, avez-vous quelque chose à avoir dans cette tragédie ? introduisit Loth dès qu'il s'assit en face du cinquantenaire à la barbe châtaine.

- Comment osez-vous, odieux personnage ! s'insurgea-t-il en postillonnant abondamment. Sortez tout de suite de mon bu...

Le reste ne fut que borborygmes. Loth s'était élancé et ma main s'était refermée sur la gorge du docteur. Cette fois-ci, il ne jouait aucun personnage pour cet interrogatoire. A vrai dire, il perdait intérieurement patience, ce qui lui arrivait très rarement. L'idée d'imaginer Esther prisonnière d'un charlatan ou d'un sadique s'amusant à ses dépens éveilla en lui ses craintes les plus noires. Ses années en tant qu'esclave, les sévices, le sentiment d'être moins important que la plus infime des vermines de cette terre. Il devait arracher cette fille à ce supplice et pour ça, il était prêt à tout. Et Lord Craggen également. « Toute ma fortune est à ta disposition Loth. Si c’est une armée qu’il te faut engager, je m’en contrefiche. Retrouve ma fille, même si pour ça, tu dois incendier Marijoa ! » avait éructé le vieux Lord.

- J'ai très peu de temps devant moi mon gars. Alors, je vais vous le redemander. Avez-vous vendu des informations concernant le syndrome d'Esther à quelqu'un ou avez-vous activement participé à son enlèvement ? D'ailleurs, ayant mémorisé la liste des entrées et sorties de la Haute-Ville le jour de sa disparition, je retrouve votre nom six fois au cours de cette même journée. Ça vous arrive de faire autant de va-et-vient ?

- C-Cambriolé... marmona-t-il quand Loth le lâcha au bord de l’asphyxie.

- Vous avez été cambriolé ? Quand ça ?

- P-Plus d'un mois.

- Plus d'un mois ? Avant ou après la profanation de la tombe du fils Montelview ?

- Deux jours avant. *tousse* *tousse* *tousse*

- Oh non... Étiez-vous aussi le docteur de Montelview ?

- Oui.

- De quoi est-il mort ? Et souffrait-il d'une quelconque maladie rare également ?

[...]

Quand il quitta l'office de Raph Perse, Loth pensa être sur le filon qui le mènerait à démystifier les activités d'Anubis à Saint-Uréa. Il avait aussi une idée approximative de ce qui se passait. Après un coup de fil passé à Steven, Loth renonça à aller questionner les Montelview et se dirigea vers le Q.G de la Milice qui tenait lieu de Police. La lettre de recommandation du Lord lui ouvrit les portes jusqu'au commandant de la garnison. Avec lui il s'entretint sur l'enquête ayant eu lieu et le lien manifeste entre Montelview et la fille Craggen. « Une coïncidence, c’tout, » affirma le commandant borgne. « Les nobles ont leurs habitudes, Raph Perse descend d’une longue famille de médecins. Tu trouv’ras que les parents de Perse étaient les docteurs des parents des enfants en question, etc… Tout est une histoire d’tradition et on ne change pas une équipe qui gagne si j’peux dire ça. Il n’y a que quatre ou cinq médecins en Ville-Haute. Forcément faut s’les partager. »

- Perse a-t-il porté plainte pour un cambriolage ?

- Hmm ? J'ai pas eu connaissance de ça. Sergent de quart, viens par-là ! On lui apporta une liasse de paperasses. Ah, t'avais raison. La partie administrative d'son officine a été cambriolée durant une nuit, la caisse vidée aussi et des documents emportés. J'étais en congé, j'en ai pas entendu parler. Perse a porté plainte le lendemain.

- Je vois. Et que pouvez-vous me dire sur lui ?  

- Ah non, j't'arrête tout d'suite fiston. C't'un homme bien, Perse. Ces gamins disparus, il les a accouchés. Quoi qu'on en dise, il a sauvé beaucoup d'vies, la mienne personnellement. Il n'peut pas être impliqué dans quoi que ce soit d'illégal.

- Je ne vous apprends pas le métier, commandant. Je brasse des pistes au hasard, je soupèse. Mais comment ça "quoi qu'on en dise" ? Je n'ai rien dit sur lui. D'autres si ? Il ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Il hésitait. Commandant. Lord Craggen est déterminé à déclarer la guerre au monde entier pour sauver sa fille alors si vous avez une information pouvant aider, je vous conseille de me la communiquer. Je suis certain que vous n'aimeriez pas vous retrouver sur le chemin d'un noble qui n'a plus rien à perdre. Ils peuvent être pire que les Dragons Célestes.

- Hmph... Il y a deux mois, trois adolescents d'retour d'une randonnée à Endaur ont développé une maladie virale. Aucune clinique n'a su les traiter.

- Sauf Perse ?  

- Il a étudié à Drum, c'est l'toubib le plus qualifié d'Uréa. Il les a pris en charge mais lui aussi était dépassé. Les bambins sont morts, quatre jours après. Les parents ont voulu faire condamner Perse.

- Pourquoi faire ?  

- La douleur sans doute, ils cherchaient des coupables. Comme s'il était responsable. Perse est même passé en jugement mais d'autres nobles l'ont protégé, c'pour ça qu'il a encore sa tête. Enfin, d'puis c'jour, sa réputation a été ternie.

- Hmmm... Les trois jeunes qui sont morts étaient allés seuls à Endaur ?  

- Nan, ils étaient tout un groupe. Mais seuls ces trois là ont attrapé la maladie.

- Étrange. Bon, merci Commandant.  

- Perse est un homme bien.

- Je l'espère pour tout le monde. D'aventure, auriez-vous les noms de ces malheureux enfants d'Endaur ?

[...]

Quelques heures plus tard...

Loth était sur le pont du Wind Whisper. Yami s'y était installée et semblait admirer les rayons crépusculaire du soleil baigner Saint Uréa d'une lueur cramoisie. Presque deux jours qu'ils ne s'étaient pas vu. Le Moine Hérétique pensait qu'il était temps de recouper leurs pistes.

- Tu as fait chou blanc ? répéta Loth amusé quand Yamiko lui raconta le résultat de ses investigations. Nous y retournons ensemble, tu as peut-être fait les mêmes erreurs que moi hier en ne posant pas les bonnes questions.

- Et vous ?

- Moi, je pense détenir le responsable indirect de tout ça. Tiens, voilà sa photo prise aujourd'hui par Steven, le majordome des Craggen. C'est le docteur Raph Perse. C'était le médecin de famille de Montelview et d'Esther. Écoute mon raisonnement.
Il y a deux mois, trois gosses de nobles revenant d'Endaur sont morts d'une maladie cutanée. Ils étaient nombreux à être allés en expédition là-bas mais seuls eux ont développés cette maladie. On pourrait penser qu'ils ont trainés ensemble quelque part à l'écart du groupe mais non. En fait, avant de partir, les trois là -et eux seuls- ont été vaccinés chez le docteur Perse. Ensuite, quand ils sont tombés malades, tout le monde a attribué leurs morts à la supposée maladie virale.


- C'est pas le cas ?

- Pas selon moi. Si c'était une maladie virale, d'autres gosses de leur groupe l’auraient contracté, ça aurait même pu déclencher une épidémie sur Uréa, mais rien du tout. Seconde chose bizarre. Ils étaient hospitalisés chez d'autres médecins de la Haute-Ville mais le docteur Perse a voulu les soigner et a tenu à ce qu'on les hospitalise chez lui.

- Parce qu'il était plus qualifié ?

- C'est qu'il prétendait. Mais quatre jours après, les enfants mourraient. Il a réussi à se tirer des procès intentés contre lui. Un mois plus tard, son hôpital était cambriolé et des documents divers ainsi que de l'argent volés. Deux jours seulement après ces évènements, Mat Maxwell Mauricio de Montelview décédait d'une crise cardiaque, était enterré et son corps volé dans la même journée.

- Attendez, il a été enterré le même jour de sa mort ?

- Oui c'est bizarre mais ses parents sont membres d'un culte qui oblige d'inhumer les défunts à chaud pour qu'ils puissent rapidement s'élever. Bref, les barrières à l'entrée sont telles que seuls un noble ou une personne digne de respect peut passer sans qu'on ne fouille ses bagages. Je pense que c'est le docteur Perse qui a volé le cadavre de son propre patient et l'a fait sortir de la ville.

- Ça fait froid dans le dos. Mais il est lié à Judith aussi ?

- Ouais, je lui ai demandé et tiens-toi bien, c'est un ami de Delayre, l'entraineur de l'équipe de Judith. Ils ne sont pas de la même classe sociale mais Delayre a, un jour, sauvé Perse de la noyade depuis, ils sont devenus amis. Perse fait des consultations gratuites pour lui.
Donc, après le cadavre de Montelview, c'est Judith qui disparut comme tu le sais. Deux semaines après, c'était autour d'Esther qui est de loin la plus intéressante de nos victimes. J'ai découvert qu'elle souffre d'une maladie qui l'empêche de sentir la douleur ce qui fait d'elle un parfait cobaye pour toute sorte de test morbide,
conclut Loth d'une voix sombre.

- Donc, ce docteur serait d'Anubis ? Et le cambriolage et les trois enfants d'Endaur dans tout ça ? C'est embrouillé.

- Je lui ai parlé et je ne crois pas une seconde qu'il soit réellement impliqué, je veux dire de son gré, dans ces horreurs. Tout ce que j'ai vu c'est un homme normal d'un âge mur et très lâche. Imaginons que les gosses d'Endaur soient en réalité morts à cause du vaccin que Perse leur a injecté avant leur départ. Un vaccin expérimental peut-être ou une contamination des solutions, peu importe. Quand les enfants retournent malades, il comprend alors que c'est à cause de lui et cherche à les récupérer. Ce qu'il réussit. Soit il a réellement essayé de les sauver, soit il les a achevés pour masquer son erreur. Mais quand son hôpital est cambriolé, les voleurs tombent sur des documents susceptibles de faire chanter notre bon docteur. Si ça se trouve c'est ce qu'ils venaient chercher. De par sa profession, Perse connait des tas de gens avec des symptômes uniques; maintenant couple ça au fait que l'individu est une poule mouillée et on obtient la serpillère parfaite pour Damam.

- Mais c'est horrible. Ce type vendrait ses patients pour ne pas tomber ?

- Si mes déductions sont exactes, oui. Ils ont peut-être prélevé des muscles ou des os sur le cadavre de Montelview à moins qu'il ne fût pas réellement mort... Et là, ç'auraient été des organes.

- Dis pas ça, c'est horrible !

- Bah, moi-même j'ai été enterré vivant, paralysé par un poison qui réduisait mes sens vitaux à néant. Avec mon accord oui, mais il est possible que Montelview n'ait pas eu autant de chances. Ensuite, Perse aura vendu Judith puis ça a été autour d'Esther.

- Vous ne l'avez pas capturé ?

- Non, je lui ai fait miroiter que je croyais à son histoire. J'ai mis les serviteurs de Craggen sur le coup, ils le surveillent. Si j'ai raison et que c'est bien lui qui a fait sortir le cadavre et Esther alors c'est qu'il connait la planque des gens qui sont derrière ça. Et j'espère jusqu'à demain voir s'il nous conduit à eux. Autrement, je vais employer la manière forte.
Tu as un truc à manger ? J'étais tellement obnubilé par l'enquête que je n'ai rien avalé de la journée.


PULUPULUPULUPULUPULU !

- Loth ? C'est Steven. Perse commence à bouger. Il se dirige vers le poste péage, il sort de la Haute-Ville.

- Bon, on oublie le dîner.
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Anubis
CINQUIÈME DANSE

Au moment de porter la chope de bière à ses lèvres, un ivrogne vomit un peu plus loin comme un message à l'intention de la jeune chasseuse de primes qui avait vraiment l'alcool mauvais en plus de tomber ivre avec une facilite déconcertante. La moitié de sa choppe suffirait à lui faire perdre sa lucidité et quand cela arrivait, elle était capable des pires des atrocités. On dit que l'ivresse révèle parfois la véritable personnalité d'un être et Yamiko était de ce genre-là. L'alcool éveillait la personnalité impitoyable qui sommeillait en elle. Une bien sombre individualité qui était l'exacte opposée de celle qu'elle arborait quotidiennement. Celle-ci se révélait parfois lorsqu'elle tombait dans une profonde colère. Chose qui arrivait très rarement, heureusement. Ce dédoublement de personnalité était lié à son douloureux passé, à savoir la décimation de tous les siens sous ses yeux. Terrible évènement qui en réalité lui avait laissé des bien profondes séquelles mais qui s'étaient dissimulées sous la personnalité joviale que la jeune borgne arborait aujourd'hui. Ceci pourrait expliquer son affabilité à l'excès qui la poussait même parfois à venir au secours de son propre ennemi. Une gentillesse poussée à l'extrême pour mieux réprimer sa blessure intérieure sans qu'elle en avait réellement conscience.

La présente Yamiko n'était pas une fausse mais elle n'était pas complète. Celle que tout le monde connaissait n'était en réalité qu'une partie d'elle mais certainement celle qui était la plus agréable à côtoyer.

Délaissant le récipient d'alcool, Yamiko commanda un repas qu'elle hésita un moment à manger vu l'état bien crasseux des couverts. Elle désirait diner avant de retourner à bord de son bateau mais elle avait la flemme de se rendre à un autre établissement pour souper. Si elle contracterait une intoxication alimentaire, elle saurait au moins d'où cela provenait.


***


Accoudée sur le bastingage de son navire, la jeune borgne admira le coucher du soleil tout en se demandant si le Reich s'en sortait bien de son côté. Elle était certaine qu'il avait récolté des données pertinentes contrairement à elle qui n'avait déniché aucune piste exploitable en deux jours.

Comme si le moine avait lu dans son esprit, le voilà qui monta à bord. La chasseuse de primes le salua comme il se doit puis il lui réclama sans plus attendre un rapport sur son investigation personnelle. Chose que la jeune borgne s'empressa de faire, non sans une certaine honte face à son incompétence. Elle était si peu fière d'elle qu'à la fin de sa longue tirade, Yamiko avait fini par se dérober du regarder du Reich. Elle était réellement navrée d'être dans l'incapacité de lui fournir une seule information importante.

Vint son tour de l'écouter et comme elle l'avait pensé, le moine avait réussi à avoir des informations plus que pertinentes. Yamiko était presque en admiration. Elle l'aurait certainement demandé de lui enseigner l'art d'investigation si cela était sa passion mais c'était loin d'être le cas.

- Je suppose que vous méritez un bon repas après un si bon travail mais je n'ai rien de prêt à bord. Je vais vous chercher quelque chose en ville. Désirez-vous manger quelque chose en particu …

Un denden qui sonna interrompit la jeune femme alors que le Reich se pressait de décrocher avant de lui déclarer que finalement il ne dinerait pas. La jeune borgne se précipita alors dans la cabine et revint avec une banane, une pomme et une orange qu'elle tendit au moine.

- Prenez au moins ceux-ci. Si vous vous écroulez de faim, je crains de ne pas pouvoir vous trainer, lâcha la jeune borgne avant de s'armer de son sabre.

Grâce à ses réseaux d'information qui étonnèrent un tantinet Yamiko, Loth et elle se trouvèrent rapidement à suivre la calèche du docteur Perse qui était descendue de la Haute-Ville pour sillonner le périphérique extérieur du royaume. Là où le chaos était maître donc l'endroit idéal pour dissimuler des activités illégales. L'investigateur professionnel et son incapable d'acolyte étaient à bord d'un autre véhicule tiré par des chevaux que le Reich avait réussi à emprunter en rien de temps moyennant une centaine de berries qu'il conduisit ensuite lui-même. Le Moine Hérétique se révéla très doué pour mener les chevaux. L'homme impressionna de plus en plus la jeune borgne qui se demanda s'il y avait seulement une chose que cet homme ne savait pas faire.

La jeune chasseuse de primes avait pris place aux côtés du conducteur alors que tous deux étaient déguisés de la tête aux pieds grâce aux accoutrements dénichés dans un magasin de bric-à-brac qui restait ouvert jusqu'à très tard. Loth était habillé plutôt classe et portait une longue perruque noire et une moustache alors que Yamiko portait une tenue plutôt légère style "pin up" composée d'un haut blanc qui mettait en valeur sa poitrine et une jupe noire lui tombant jusqu'aux genoux et surmontée d'une ceinture dorée. Couleur assortie à ses chaussures à talons qui était la partie qu'elle détestait le plus dans ses accoutrements. Elle avait horreur de porter des talons mais il fallait bien compléter le déguisement à la perfection. Quant à sa tête, elle avait droit à une perruque blonde bouclée.

La tenue de Mairu:

Ils gardaient une distance suffisante par rapport à la calèche de leur cible que maintes fois ils avaient failli perdre de vue au détour de certaines ruelles qui restaient très fréquentées même à la nuit tombée. Dans les quartiers miséreux c'était lorsque le soleil se couchait que certains s'activaient. Chose qui facilitait d'ailleurs la filature car d'autres véhicules continuaient de circuler ici et là, ce qui rendait le leur loin d'être suspect.

La calèche du docteur finit par s'arrêter au bord d'une rue qui était loin d'être discrète car celle-ci était bordée des bars et des clubs de nuit en tous genres. Le genre d'endroit que les plus sages et ceux qui ne désiraient pas être souillés éviteraient de fréquenter.

Deux colosses sortirent du véhicule de Raph Perse, chacun d'un côté, puis le docteur descendit à son tour. Aussitôt les gardes de corps se placèrent respectivement à sa droite et à sa gauche. Le docteur regarda tout autour de lui avant de s'engager dans le club qui était le plus grand du coin.

- On dirait bien que vous avez bien fait de nous déguiser de la sorte. Je vais pouvoir monter sur scène pour une petite prestation de danse, fit Yamiko sans gêne alors qu'ils s'étaient arrêtés assez loin de la position de la calèche de celui qu'ils suivaient.

La jeune borgne commençait à se sentir à l'aise en compagnie du long bras. Un peu trop peut-être même au point qu'elle se permettait de lui sortir des âneries comme elle savait si bien le faire.

Loth et Yamiko réussirent à rentrer sans problème dans le club mais sans aucune arme. La jeune borgne avait dû laisser son sabre dans leur véhicule qu'elle espérait retrouver à leur retour car elle tenait beaucoup à celui-ci.

À leur entrée, ils ne voyaient plus le docteur et ses gardes de corps mais sans s'affoler ils firent comment tous les clients en commandant à boire tranquillement. Pour ne pas éveiller de suspicion, Yamiko se contenta de tremper ses lèvres dans sa boisson alcoolisée sans en avaler la moindre goute.

Le Moine Hérétique ne tarda pas à s'éclipser après avoir mis la jeune borgne au courant de sa véritable intention qu'elle aurait pu deviner sans problème toute seule car après tout, ils n'étaient pas là pour s'amuser. Yamiko laissa couler plus qu'une minute avant d'abandonner sa place pour une excursion des autres pièces de l'établissement, emportant avec elle son verre toujours plein. Après avoir réussi subtilement à fausser compagnie à ceux qui tentaient de la draguer et délaissé discrètement son verre dans un coin, la jeune femme finit par se faufiler jusqu'à atteindre un couloir désert. L'endroit semblait bien plus grand qu'elle le pensait.

Les sens aux aguets, la jeune chasseuse de primes avança, s'arrêtant pour écouter à travers les portes qu'elle croisait en chemin après s'être rassurée à chaque fois que personne n'était dans le parage. Les bruits des ébats amoureux qui filtraient à travers certaines lui permirent de comprendre rapidement que c'étaient des chambres pour faire des cochonneries.

- Cherchez-vous quelque chose ? Demanda soudain une voix derrière Yamiko alors qu'elle longeait un nouveau couloir.

Tout doucement la jeune femme se retourna, offrant un beau sourire à l'homme qui venait de l'interpeler.

- Vous pouvez peut-être m'aider. J'étais dans une chambre avec mon partenaire mais je n'arrive plus à retrouver laquelle c'est en revenant des toilettes.
- Veuillez me suivre !
- Pour ?
- Voir la personne chargée d'enregistrer les réservations des chambres. Elle saura vous dire laquelle est la vôtre.
- Ha bien sûr ! Pourquoi n'ai-je pas pensé plutôt, fit Yamiko tout en effectuant un grand geste d'actrice pour accentuer sa négligence. Je vous suis !

La jeune borgne traina en arrière cherchant quoi faire. Elle se demanda où était passé Loth car elle aurait grandement besoin de lui maintenant. Il pourrait se faire passer pour le partenaire inventé qui l'attendait dans la chambre inexistante et qui serait venu la chercher ne voyant pas qu'elle ne revenait pas. Elle fallait qu'elle trouve une solution et vite avant qu'elle ne fasse tout capoter.

Tel un ange gardien envoyé par le ciel, Alpha, le fournisseur de renseignements du Reich, se pointa.

- Ha ! Te voilà ma beauté ! Lâcha le fouineur de profession en les voyant. C'est bon, elle est avec moi, ajouta-t-il ensuite à l'intention de l'homme qui accompagnait la jeune borgne.

Celui-ci s'en alla, les délaissant dans le couloir.

- Suis-moi ! Je vais t'amener auprès de notre moine.
- Vous l'avez croisé ?
- Il m'a contacté parce qu'il savait que j'étais dans le parage puis il m'a envoyé voir si tu t'en sortais de ton côté. Il est gentil quand il s'agit d'une jolie fille on dirait.
- Merci d'être venu à mon secours. Sans votre intervention, je crois que j'aurais été dans une très mauvaise posture.
- C'est le moine qu'il faut remercier ma donzelle, fit Alpha tout en accordant un clin d'œil à la jeune chasseuse de primes.

Alpha conduit Yamiko devant une porte puis il l'invita à entrer lui affirmant que Loth était à l'intérieur.

Après une brève hésitation, la jeune borgne tourna la poignée puis pénétra dans la pièce, ce fut ensuite le trou noir. Un homme qui attendait son entrée venait de l'assommer d'un coup de batte sur le crâne …
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Pour mieux se fondre dans les couloirs tamisés du bordel, Loth se fit accompagner d'une fille de joie qu'il sélectionna dans le catalogue qu'on lui mit sous le nez dès qu'il se sépara de Yamiko. La maquerelle des lieux veillait au grain. Choisissant vite fait pour ne pas perdre Raph Perse des yeux, il opta pour les chambres des étages supérieurs, plus sains, plus cocus et plus chers bien sûr. Le club en comptait trois d'étages et en s'engageant dans les escaliers bras-dessus, bras-dessous avec la rousse pulpeuse qu'il choisit, Loth ignorait où le docteur s'était rendu. « Là, c’est le premier. Chambre ventilée, 50 000 Berry l'heure. » Et ça c'est seulement les chambres. Le couloir exigu et les portes alignées face à face n'inspirèrent aucun intérêt au Moine Hérétique. Raph Perse était pressé, troublé surtout. Il n'était pas venu là pour s'adonner aux plaisirs de la chair mais bien pour rencontrer quelqu'un d'important. Celui, peut-être, qui le faisait chanter. Du coup...

- Allons voir le deuxième étage, ma belle !
- Ooouuuuh ! Mais tu sais, là c'est du lourd hein ! C'est des suites hein ! 300 000 Berry de l'heure.
- Et tu penses que je suis un miséreux ?
- Nan, nan, j'ai pas dit ça hein, fit-elle d'une petite voix maniérée.
- Et au dernier étage ? Ce sont des suites royales ?
- Nan, là c'est les bureaux du boss. Personne n'y va.
- Allons au deuxième alors.

Ils prirent une suite et à peine rentrés, Loth plaça son mouchoir imbibé de chloroforme sur la bouche de la fille qui s'évanouit aussitôt. Même au second étage, les couloirs étaient déserts, les chambres totalement vides ou occupée. Gémissements et râles dans ces dernières, aucune conversation, constata-t-il après avoir écouté aux portes. Discrètement, Loth glissa dans l'escalier qui menait au dernier étage. Un boss, c'était forcément protégé alors le moine chancela, tomba, se releva puis continua à tituber en allant de l'avant. C'était mieux de paraître totalement soûl. Aucun dispositif de surveillance vidéo après un rapide balayage, juste deux gorilles assis face à face dans un couloir drapé de tapis rouge, aux cloisons ornés de tableaux divers. Pas de doute, c'était l'antre du chef. Une seule porte, lourde, en face du couloir. Dès que Loth débarqua, les deux gardes bondirent comme s'ils avaient reçu une décharge électrique.

- Tu t’es gouré mon pote, zone interdite. Redescends.
- Hic ! On'mdit hic ! pipi ! hic ! ici !
- Hé ! Ouvre pas ta braguette putain ! C'pas un urinoir ici ! On va t'faire mal si tu dégages pas !

Ils s'approchèrent et s'emparèrent du Moine. Tout ce qu'il désirait. Style de la Pieuvre. Retour à la Vie. Étau Capillaire. Vivants, ses cheveux se démultiplièrent et s'enroulèrent autour de leurs gorges. Ils suffoquèrent en moins d'une minute. Les laissant endormis sur le tapis, Loth alla se coller contre la porte. Trop massive, il n'entendait que des bruits diffus. Heureusement, il détenait l'attirail du parfait espion. Il retira de sa poche intérieure un long fil couleur chair qu'il passa dans l'interstice entre la porte et le sol. Le bout que tenait Loth était relié à un cône qui lui permettait d'entendre intelligiblement la conversation dans la pièce. Deux hommes parlaient et l'un d'eux était le docteur. Sa voix était tremblante, très paniquée.

- Ils.sont.sur.notre.piste. hacha le toubib. Il.il est allé poser pleins de questions ! A la douane, à la milice ! Tout va se savoir, on est foutu !

BAF !

- Quoi ?! P-pou'quoi vous m'avez giflé ? se lamenta-t-il.
- Pour te calmer. Tu penses qu'on est aveugles ? Qu'on ne protège pas notre business ? On sait depuis deux jours que cette fouineuse de la BNA pose des questions partout. Mais très récemment, on a recruté un nouveau gars qui nous a informés qu'ils étaient en tandem. On sait tout sur Loth Reich, c'est ici qu'il s'est mis au métier avec le Gila. Aujourd'hui, il est revenu en caïd marcher sur mes plates-bandes, il me le paiera !

Loth fouilla sa mémoire eidétique à la recherche de ce ton grave et râpé. Rien ne lui vint, il était certain de n'avoir jamais parlé à cet homme.

- M-mais, il ne v-vaut pas m-mieux tout arrêter ? bégaya le toubib d'une voix suppliante.
- Mouahahaha ! Tu n'essaies pas de te débarrasser de nous par hasard ? Fais très attention à toi ! Tu as tué trois jeunes nobles en leur administrant un vaccin non homologué donc pense pas que tu nous es supérieur.
- Je désirais pas leur mort.
- J'ai pas bien entendu ?
- Rien.
- T'as bien raison. Ferme-là. Ces péquenauds, on s'en occupera à notre façon. Merci pour ton rapport mais ça te concerne plus en rien. On va poursuivre nos ventes et d'ailleurs, où en es-tu ? Le Charcutier est pressé, son patient a besoin de ce cœur avant trois jours où il crèvera ! Et adieu nos cent millions promis.
- J-j'ai p-as encore trouvé de patient com-compatible !
- Raph, Raph, Raph. Je suis pourtant un bon patron non ? Même si je te mets un peu la pression, tu fais pas de taf' gratuit. Je te donne tes 10% de commission alors pourquoi tu fais ta pute ?
- Je-je veux pas de cet argent ! J'l'ai toujours dit !
- Mais tu le prends quand même puis le dépense en œuvre caritative. Ouais, on sait tout. Tu veux te racheter bonne conscience hahahaha ! Montelview, Judith et surtout Esther, c'étaient vraiment de bonnes marchandises ! Le Charcutier a l'air de jouir carrément quand il parle des expériences qu'il peut faire sur Esther.

Dans les entrailles de Loth, un monstre griffu sembla se réveiller, griffant ses boyaux, inondant son cerveau de sang noir qui lui dictait de rentrer dans cette pièce et de mettre ce boss en charpie. Luttant contre sa folie soudaine, le Moine Hérétique laissa la conversation suivre son cours. Des expériences... Il n'avait pas eu tort.

- Donc t'arrête de faire ta pucelle et tu me fournis la marchandise d'ici demain soir ou ça va barder pour ton matricule, Raph !
- Je-je vous dit que je l'ai pas encore trouvée ! répondit-il en haussant le ton pour la première fois. Le grincement de bois qui suivit indiqua au moine qu'il s'était levé. Dans sa voix se mêlaient indignation et colère. Je ne peux pas faire de miracle ! C'est une jeune femme de groupe sanguin AB- que vous requerrez. Vous savez à quel point c'est rare ? Moins d'1% de la population mondiale possède ce groupe et aucun de mes patients ne l'a ! Et je suis docteur rappelez-vous, pas un démarcheur ! Je ne peux aller vers les patients, c'est eux qui viennent à moi ! Ne me demandez pas l'impossible !

BAF !
Encore une fois, le docteur se fit victimiser, sa tentative d'insurrection réprimée à coup de poings et de pieds. Loth resta là à entendre les coups pleuvoir sur lui. De toute manière, ce boss ne pouvait tuer Perse, il avait besoin de lui et ça se voyait. Enfin, s'entendait...

- Tu me parles encore comme ça et je te refroidis ! Connard ! Faut savoir où est ta place ! Tu as moins de vingt-quatre heures pour me trouver la marchandise correspondante où tu me le paieras ! Ta famille, je sais qu'ils sont à Bliss, je connais l'école que fréquentent tes mioches. Tu ne veux pas savoir ce que je leur ferai n'est-ce pas ?
- Non... pitié...
- Alors casse-toi et ramène-moi cette marchandise, le Charcutier attend !

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

- Ouais, qu'est-ce c'est ?
- On vient d'prendre la chasseuse chef ! On l'a repérée que trop tard, Reich aussi est ici !

Le Moine fit irruption dans le bureau. Raph Perse et le "boss" qu'il identifia comme Boris "Crane d’œuf" un notoire marchand d'esclave primé à 20 millions de Berry étaient encagés dans un ascenseur qui grinça puis amorça une vertigineuse descente avant que Loth ne put esquisser un geste. Dans le couloir débarquèrent par dizaines des hommes armés qui déversèrent une pluie de plombs dans la pièce. Le vacarme fut infernal, Loth plongea, rampa tandis qu'au-dessus, les balles crépitaient. Le Moine se défenestra mais au lieu de tomber, il s'éleva en utilisant sa technique de la Rencontre du Troisième Type. Apparentée au Geppou du Cipher Pol, cet arcane permettait de trouver des "points de solidités" dans l'air et d'y agripper ses mains. C'était une sorte de Geppou manuelle.

D'en bas fusaient des cris, des gens fuyant les coups de feu, se dispersant en désordre. Scrutant les ruelles peu éclairées, Loth chercha Yamiko. Aucune trace d'elle, aucune calèche non plus ne quittait en catastrophe les lieux. Dans la foule se disséminant par petits groupes affolés, il chercha le docteur et Crane d’œuf, sans succès là aussi. Avec dépit et colère, le Moine Hérétique atterrit devant le club où l'attendaient des gorilles en armes. Cette fois-ci, plus de semblant, quelqu'un devait savoir quelque chose et il avait l'intention de distribuer des beignes jusqu'à avoir une réponse claire.

[...]

L'avantage de la Frange c'était la loi du plus fort qui y régnait. Malgré les coups de feu, le commun des mortels sera seulement préoccupé par le besoin de mettre le plus de distance entre lui et le lieu du sinistre. Les plus courageux, avides ou les plus bêtes viendraient voir s'il y avait quelque chose à chaparder, des restes à piller ou dans le cas de ce bordel, des filles à abuser. Quant aux forces de l'ordre, elles se torchaient royalement de la guéguerre de ces truands, tant qu'elle ne débordait pas dans la Seconde Enceinte ou dans la Haute-ville. Aussi Loth eut toute la largesse de mettre à terre les quelques gardes lui opposèrent résistance. Non seulement de les mettre hors de combat mais également de les interroger. Force fut de constater que malgré les électrocutions, les phalanges sectionnées, aucun d'entre-eux ne savait rien de rien. Ce n'étaient que les gardes d'un bordel, non affiliés au Cadran Anubis.

Celui qui avait téléphoné à Crâne d’œuf était sans doute parti avec lui. Étrange se dit le Moine, qu'ils préféraient éviter le combat plutôt que d'éliminer la menace qu'il représentait. Mais avec Yamiko qui était leur prisonnière maintenant, peut-être pensaient-ils pouvoir faire pression sur lui. Damam était une organisation de kidnappeurs et de violeurs de tombes. Le genre d'organisation criminelle sans concurrence vu leur gagne-pain, mais qui essayait également de passer le plus possible inaperçue. Il semblerait que les représailles ne soient pas trop dans leur corde à moins qu'ils ne jugeassent le Moine indigne de leur intérêt. Continuant à explorer les ruines fumeuses du club, il passait de chambre en chambre en vérifiant s'il ne restait personne d'intéressant à questionner. La plupart abritaient une fille ou deux, apeurées et totalement désemparées suite à l'enfer de balles et de détonations qui s’abattit sur leur lieu de travail. Et bien sûr, elles n'avaient jamais entendu parler de Damam ou d'Anubis. Dans une chambre du premier, Loth remarqua un talon de bottes d'homme à peine visible, dissimulé sous le lit. Empoignant ce pied, il tira d'un coup sec et en sortit...

- Alpha ? Toi, tires-toi, dit-il à la fille tremblante recroquevillée dans un coin de la chambre. Que fais-tu là ?
- J'reçois l'prix Akainu du courage. Non mais, t'en pose d'ces questions ! J'me cache et j'me fais dessus, quoi d'autre hein ? Quand les balles crachent, j'me tasse.
- Mouais. Tu faisais quoi dans ce bordel, je veux dire. Et ne me dis pas que c'était pour prendre du bon temps, je n'ai plus eu de nouvelles de toi depuis deux jours.
- Bah j'tais à la pèche aux z'infos hein. Comme y en pas qui s'promènent avec "Anubis" écrit sur leur gueule, faut fouiller profond. Et y a pas plus profond que les meufs d'bordel, t'y sais ça hein.
- Arrête ça tout de suite.
- D'accord, monsieur est grincheux. Bref, on m'a dit que l'boss, l'undertaker d'Anubis s'trouv'rait ici, donc, chui v'nu en tant que client pour fouiner. Puis ça a commencé à mitrailler, j'me suis planqué.
- C'est Boris Crane d’œuf l'undertaker. Je l'ai vu.
- C'pas un esclavagiste, l'mec là ?
- Apparemment, les esclaves vivants ne lui rapporte plus assez, il fait dans les cadavres maintenant.
- Hahaha ! Il fait dans les cadavres hein ! Un genre d'nécrophile l'mec qu'aime la viande froide ? Hahaha. Tope là.
- Baisse cette main. Boris s'est enfui et personne ne sait où il est. Ils ont enlevé Yamiko pour l'emmener je ne sais où. Son escargophone ne passe pas.
- Wow ! Ah ça non ! Ils vont pas enlever c'te belle plante putain ! Pas avant que j'me la tape ! Malheureusement, chai pas où trouver leur planque. Mais c'est bizarre qu'ils délaissent c'te bordel pour s'casser tranquilou.
- Crâne d’œuf a parlé d'une affaire à cent millions. Quelqu'un est prêt à débourser cette somme pour trouver un donneur de cœur donc d'un point de vue rentabilité, ce bordel peut être sacrifié.
- Une greffe d'cœur ?
- Oui. C'est le docteur Perse de la Haute-ville qui trouve les cobayes et un certain "Charcutier" s'occupe des greffes. Pour l'instant, Perse dit ne pas avoir de donneur compatible mais je pense qu'il ment et qu'il essaie de retarder le plus possible la greffe. Sa conscience le ronge, ils le tiennent par le chantage en fait.
- Donc c'tout bénef pour nous ?
- Non, il va craquer, c'est juste une question d'heure. C'est sa famille qui est menacée actuellement. Il va leur livrer le cobaye donc je dois tout faire pour l'en empêcher. Ce faisant, je peux trouver ledit Charcutier qui retient Esther Craggen.
- Woh et Yamiko là-dedans ? Tu t'inquiètes pas pour elle ?
- Non. C'est une chasseuse de prime, elle saura se débrouiller. Je m'inquiète pour la future victime et Esther.
- Du coup, on fait quoi ?
- Je vais retourner en Ville-haute trifouiller l'officine du docteur Perse. J'espère qu'il garde à jour les dossiers de ses clients, je connais un peu les caractéristiques du donneur qu'ils cherchent. Et toi, tu n'as jamais entendu parler d'un bloc chirurgical clandestin ou de patients miraculeusement guéris ces derniers temps ? Le corps de Montelview a pu servir pour des greffes d'os et de peau ; Vu comment Judith était bien portante du fait de ses activités sportives, elle a pu fournir un cœur, un foie, des reins, des poumons et même de la moelle épinière. Donc il y a forcément des gens miraculés ici, il faut que tu cherches.
- J'ai des contacts dans la presse locale. Mais il est presque 21h là.
- Contacte-les.
- Je le ferai en chemin mais je viens avec toi.
- Pourquoi ?
- Parce que tu as le laisser-passer et que j'ai jamais été en Ville-haute.
- Ce n'est pas le moment de faire du tourisme !
- Détends-toi mec, mes gens sont déjà au taf'. On va trouver ces rescapés. Mais en attendant, j'te suis. A deux, on fouinera mieux.
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Anubis
SIXIÈME DANSE

- C’est qu’elle pèse !
- En même temps, t’as vu un peu ce qu’elle trimballe la petite ! Lâcha un homme dans la quarantaine et une dent en moins, tout en lorgnant d’un regard salace le sous-vêtement de leur bagage humain dont la robe s’était retroussée durant le transport.

Le vicieux transportait Yamiko inconsciente par les jambes alors que son compère - qui devait avoir une dizaine d’années de moins que son compère - la tenait par les dessous des bras. Les deux hommes avaient reçu l’ordre d’amener la chasseuse de primes au sous-sol du bâtiment où ils se trouvaient. Endroit que peu de gens connaissaient l’existence et où des nombreuses marchandises, humaines comme matérielles illégales, ont été passées en toute discrétion. Le lieu avait été aménagé telle une chambre prévue pour s’adonner à des activités sadomasochistes au cas où des indésirables tomberaient sur celui-ci. Ces derniers prendront alors la pièce comme un simple lieu de plaisir pour les clients les plus dépravés de l’établissement. La décoration malsaine de l’endroit ferait même fuir les plus sensibles.

Arrivés en bas, les deux sous-fifres immobilisèrent l’inconsciente sur une chaise pourvue de quatre menottes pour bloquer les mains et les pieds. Le plus jeune mit ensuite un bâillon équipé d'une boule noire dans la bouche de la chasseuse de prime afin de l'empêcher de crier lorsqu'elle reviendrait à elle.

Alors que le plus jeune s’apprêtait à remonter, son camarade resta planté là à mater la poitrine de Yamiko, une lueur lubrique dansant dans son regard. Après un gloussement d’envie, le pervers s’approcha de la chasseuse de primes, les mains en avant s’apprêtant à la peloter.

- Je te le déconseille mon pote ! Tu sais bien que le chef nous a interdit de toucher aux marchandises !
- Je veux juste toucher un peu !
- N’oublie pas le denden-caméra ! Avertis le plus jeune tout en reprenant son chemin pour finir par disparaître de la pièce.

Le pervers se figea tel un être surpris en flagrant délit puis il adopta des airs innocents en ramenant ses bras le long de son corps avant de se tourner puis se diriger vers l’escalier pour disparaître à son tour.

À peine deux minutes s’écoulèrent lorsque la porte d’un grand placard qui montait jusqu’au plafond qui se trouvait collé contre un mur s’ouvrit tout doucement. Un colosse au crané totalement lisse mais pourvu d’une barbe bien fournie sortit du mobilier. Le géant détacha la chasseuse de primes toujours assommée puis la transporta tel un sac à patates sur une épaule avant de disparaître avec son bagage humain - toujours ballonné - par là où il était venu.

L’homme à la grande taille réapparut dans une pièce beaucoup plus petite où étaient entassés des nombreux sacs sur lesquelles on pouvait lire « farine ». Tout doucement, le géant au crâne rasé adossa son fardeau humain contre des sacs, le postérieur de l'inconsciente sur un sol maculé de blanc qui prouvait que les sacs entreposés contenaient bien de la farine. En réalité, là n’était qu’une couverture qui permettait à l’organisation de transférer les marchandises depuis le club qui donnait vers une rue très fréquentée vers la ruelle de l’autre côté qui était rarement emprunté et complètement déserte à la tombée de la nuit. Ceux qui croisaient la charrette qui s’y arrêtait croyaient juste que celle-ci servait à acheminer la farine qui y était stockée.

Le colosse entassa des sacs pleins devant la porte par laquelle il était sorti afin de cacher celle-ci puis une fois le travail fait, il glissa Yamiko - les pieds en premier - dans un sac vide et similaire à ceux qui contenaient la farine. Il remit ensuite de nouveau l’inconsciente sur une épaule avant de sortir de la pièce par une porte qui donnait vers une ruelle déserte. Il déposa la chasseuse de prime dans une charrette dont l’arrière était tourné vers la porte. Un autre homme à l’intérieur tira la marchandise humaine un peu plus vers le fond avant de libérer du sac la tête de la captive pour éviter qu'elle ne s'étouffe alors que de son côté le géant s’improvisa cocher pour éloigner la charrette tirée par deux chevaux.

En chemin, Yamiko commença à s'émerger mais à peine avait-elle bougé que l'homme qui se tenait à ses côtés dans la charrette la piqua avec une seringue pour l'endormir aussitôt.

***

Yamiko cligna plusieurs fois de l’œil mais elle ne voyait pas plus clair. Pour cause, sa vue n’était pas brouillée mais elle se trouvait juste dans le noir. La dureté et la froideur que ressentait son corps la firent comprendre qu'elle était allongée à même le sol. Avec précaution, la jeune borgne se redressa puis à tâtons, elle s'avança mais rapidement une de ses mains, mises en avant pour détecter les obstacles, se ferma sur une barre métallique. Elle tâta alors à côté avec le même membre supérieur puis avec l'autre mais elle rencontra les mêmes obstacles. La chasseuse de prime comprit alors qu'elle était enfermée dans une cellule. Désirant s'en assurer, Yamiko longea les barres et finit par buter contre un mur de pierre. Ne pouvant rien faire dans le noir, la jeune borgne se laissa glisser le long du mur contre lequel elle finit par s'adosser.

Les jambes ramenées contre sa poitrine, la prisonnière finit par s'assoupir. Ce fut le grincement d'une porte qui la força à ouvrir l'œil. L'enfermée redressa la tête mais resta assise par terre. Deux hommes finirent par apparaitre. Un muni d'une torche. Les deux se dirigèrent vers Yamiko qui ne broncha toujours pas à leur approche. Alors qu'ils étaient assez près de sa position, la jeune borgne remarqua que le second homme tenait une gourde qu'il glissa dans la cellule.

- Bois !
- Je n'ai pas soif !
- Le patron tient à ce qu'on te tienne en vie et en bonne condition alors bois ou je te fais avaler de force cette eau !
- Votre patron ?
- Tu n'es pas en position de poser de questions ! … Bois donc cette putain d'eau !
- Elle est empoisonnée, c'est ça ?
- T'es bouchée ou quoi ? Je viens de te dire que le patron te veut en vie !
- Pourquoi ?
- Tu le sauras bien assez tôt ! Maintenant bois !
- Je refuse !
- Tu finiras bien par boire ! Finit par lâcher l'homme après un assez long silence durant lequel il lorgna la prisonnière d'un regard menaçant mais qui n'intimida point la captive. De toute façon, tu n'auras pas le temps de mourir de déshydratation !
- Vous allez me tuer !
- Nous non mais oui tu vas mourir, petite !

Tout en parlant, Yamiko examinait discrètement les deux hommes. Ainsi son œil remarqua qu'ils étaient armés et des bouts de clés se révélaient de sous la veste de celui qui tenait la torche. Celui-ci était certainement affecté au garde de la porte qui menait vers la prison où ils se trouvaient.

La prisonnière décida enfin de se relever. Elle se tint debout contre la grille, juste en face des deux hommes. Les mains fermées sur les barres métalliques, elle jeta un regard fureteur en direction de la sortie avant de coller presque son visage contre la grille.

- Puisque je vais mourir, puis-je vous confier un secret ! Fit Yamiko à voix basse.
- On n'est pas dans un confessionnal, gamine !
- Tant pis pour vous alors ! Fit la jeune borgne tout en croisant les bras. Quelqu'un finira bien par tomber dessus !
- Tomber sur quoi ?
- Un trésor que j'ai caché,Révéla Yamiko toujours à voix basse.
- UN TRESOR !?
- Chuuuuuuuuuut ! Moins fort ! Lâcha la jeune fille avant de jeter un regard qui se voulait inquiet vers la sortie puis elle fit signe de la main pour inviter les deux hommes à s'approcher tout en faisant mine de rester en alerte.

Pris au piège par le jeu d'actrice parfait de la jeune borgne, sans méfiance, les deux hommes s'approchèrent mais alors qu'ils se baissèrent légèrement pour ramener leur tête au niveau que celle de la captive, des cordes jaillirent des manches de cette dernière pour s'enrouler tels des appendices vivants autour des cous des deux benêts. À deux mains ces derniers tentèrent d'empêcher les liens de se serrer mais ce fut peine perdue. L'homme tenant la torche avait lâché prise la lumière qui vacilla un bref instant avant de se stabiliser alors que les deux étranglés s'effondrèrent. Usant d'une autre corde, Yamiko saisit rapidement la torche alors qu'une de ses victimes menaçait de tomber dessus. Elle ramena ensuite la lumière vers elle puis tenant celle-ci dans une main, elle glissa la même corde sous la veste d'un des effondrés pour saisir un trousseau de clés qu'elle avait remarqué plutôt.

Ayant envie de boire malgré son entêtement de tout à l'heure, Yamiko prit le temps d'étancher sa soif avec le contenu de la gourde qu'on lui avait apporté après avoir vérifié que celui-ci contenait bien de l'eau et non pas de l'alcool ou un liquide suspect. Puis, le temps de trouver la bonne clé pour ouvrir sa cellule, elle se retrouva à asséner un violent coup de pied dans les côtes de l'homme qui lui avait mal parlé, non pas pour vérifier s'il était réellement en hors d'état de nuire mais plutôt par rancune enfantine. La jeune borgne vérifia ensuite le reste de la pièce afin de s'assurer qu'il n'y avait pas d'autres victimes enfermées avant de se diriger vers la sortie. La porte vers sa liberté n'avait pas été verrouillée. Après un regard discret dans ce qui se révélait être un long escalier et complètement désert, Yamiko sortit puis verrouilla la lourde porte derrière elle.

À pas de loup et les sens aux aguets, la chasseuse de primes gravit les marches en pierre pour finir par atterrir dans une pièce illuminée par des lumières artificielles mais vide de monde. Des magazines pour adultes et des bouteilles d'alcool qui y trainaient lui firent deviner que c'était le poste du garde de la prison qui était à présent assommé en bas. Après avoir déposé la torche qu'elle tenait dans un support prévu à cet effet tout en haut de l'escalier, Yamiko se dirigea vers la porte du fond et sans surprise, celle-ci était verrouillée. Elle usa alors des clés du trousseau pour tenter de l'ouvrir mais aucune ne semblait être la bonne. Elle ressaya alors toutes les clés mais sans succès. Elle jeta le trousseau inutile puis tenta de défoncer la porte métallique à coup de pied mais celle-ci ne bougea même pas. Elle usa alors de ses cordes pour tenter de la traverser mais la porte se révéla être faite d'un métal très résistant. Certainement de l'acier. Dépitée, Yamiko finit par s'acharner sur la porte dans laquelle elle distribua des coups de pied et d'épaule mais elle finit par admettre qu'elle finira seulement par se faire mal futilement. Elle fit alors le tour de la pièce, en quête d'une clé ou d'un objet qu'elle pourrait user pour débloquer la porte mais ne trouva rien. Le garde était sans doute enfermé ici. Il ne pouvait sortir que par l'intervention de quelqu'un de l'extérieur.

Alors que la jeune borgne s'était installée dans un coin pour réfléchir à un moyen de sortir, son œil fut attiré par une grille d'aération qui se trouvait presque collée au plafond qui était vraiment très haut. Elle se leva et s'apprêta à se hisser vers la grille lorsqu'un denden retentit, stoppant son élan tout en la faisant sursauter. S'aidant du son, Yamiko chercha l'emplacement de l'objet qui se trouvait caché dans une vieille boite en carton placé tout en bas d'une étagère. Sans doute, qu'on ne désirait pas qu'une évadée comme elle ne tombe sur celui-ci. La personne qui avait aménagé l'endroit semblait avoir tout pensé. Ce fait plus son enlèvement si bien orchestré révélaient qu'elle avait affaire avec une organisation bien organisée. Yamiko pensa de suite à celle que le Reich cherchait à démanteler.

Le denden portable finit par se taire. Yamiko usa alors de celui-ci pour contacter Loth dont elle avait pris soin de retenir les coordonnées. Le long-bras ne mit pas longtemps à décrocher.

- Monsieur Reich, c'est Yamiko ! Tout en parlant la chasseuse de prime avait expulsé une corde de la manche de son bras libre qui alla s'accrocher à la grille qu'elle avait remarquée plutôt. Elle rétracta celle-ci qui l'amena là-haut. Se tenant en équilibre par la corde et les pieds appuyés contre le mur, elle jeta un œil par-dessus la grille. Dehors il faisait jour. On dirait que je me trouve dans un bâtiment donnant vu sur la mer. Non, on dirait que le bâtiment touche même la mer ! Je me demande même s'il ne se trouve pas en pleine mer … Je suis enfermée dans une pièce dont je n'arrive pas à défoncer la porte après m'être libérée d'une cellule. Vous en …

Une clé qui glissait dans la serrure de la porte qu'elle avait cherché à ouvrir interrompit la jeune fille.

- J'ai de la visite ! Chuchota Yamiko avant de glisser le mini-denden entre sa poitrine sans l'éteindre ...
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