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That's Poker folks ! PV

Ce soir, ladies and gentlemen, mesdames et messieurs, c'est la grande finale ! Ce soir, sous vos yeux ébahis, le dénouement du plus grand tournoi annuel tous Blues confondus. De quel genre de tournoi je parle exactement ? Du genre qui attire des centaines de joueurs, non, des milliers même ! Tous des real gamers, férus de jeu, mordus de casino, accrocs à l'ambiance fiévreuse des parties de cartes jusqu'au bout de la nuit. Mi-joueur mi-arnaqueur nageant en eau trouble, adepte des ambiances glauques dans une arrière salle miteuse, vedette du milieu ou showman avant tout, ils ont tous répondu à l'appel du gain ! Joueurs quasi anonymes ou cibles privilégiées des projecteurs de la gloire, tous se sont réunis sur le même lopin de terre. The Luvneel Kingdom, Le Royaume de Luvneel, théâtre privilégié de ce nouveau BPT ! ( le Blues Poker Tournament pour les prophanes ) Ce tournoi sacrera the new great champion, le nouveau champion du monde de poker, roi des jeux de cartes, et de hasard par extension !

La finale débutera d'ici une petite heure à peine, dans l'enceinte archi-comble du casino, et moi, Daméas Decoeur, votre humble et dévoué serviteur, en serai le commentateur privilégié !

Mais avant que la folie des cartes ne s'abatte sur ce tapis, avant que l'ambiance ne devienne électrique, avant que le croupier ne lance la première main, présentons les Six derniers candidats au titre de BPT's Champion !

-6è à la table, 1 024 521 Berrys earnings jusqu'à présent, il est âgé de 19 ans à peine et sort droit de sa campagne natale de East Blue, voici le jeune Aaron Check.

-5è à la table, gains de 1 097 562 Berrys, on ne la présente plus, l'ancienne championne aux cheveux de feu, la charmante, l'envoutante, la ravissaaante Lily, Leslie Aaaaallin !

-4è ce soir, 2 217 085 Berrys au compteur, première finale également et sa dose de talent, Riik Achilia alias The Gambler.

-3è à l'heure de commencer cette finale, le richissime businessman, patron de l'entreprise mondialement reconnue "No Limit", il fait sensation depuis le début de ce tournoi, avec 3 544 517 Berrys de gain déjà, Archie Monney, dit Big-Blind.

-2è, tremblez messieurs dames, tremblez devant la terreur des tables mais pas seulement, il a purgé sa peine sans tricher cette fois-ci et revient briguer un troisième titre plus décidé que jamais avec 3 951 101 Berrys à jouer, Nail Killer autrement plus connu sous le pseudonyme de l'Ace of Spaaaades !

Et eeefin, la vedette de ce tournoi, toujours au rendez-vous après les années, il truste les titres depuis plus de vingt ans, applaudissez très fort avec moi le graaand, le magnifiiique, l'inégalaaaable Robert Full-River, que l'on appelle tous depuis le temps Robby Cash, fort de 5 432 998 Berrys, plus que jamais favori à sa propre succession ce soir pour la 42è édition du Blues Poker Tour !

...

Je sens l'ambiance monter de minute en minute, vous êtes tous show ce soir et vous avez raison, vous êtes avec Daméas Decoeur, et vous aller vivre with me la plus grande finale de tous les teeemps !!

Oh ? Les acclamations montent, regardez, les voilà ! Les finalistes se présentent enfin à la table dans cette véritable arène, sous les acclamations chaleureuses et hystériques du public de connaisseurs que, I know for sure, vous êtes. La graaande explication, the great final, va commencer dans quelques instants, let's begin the Blues Poker Tour's Finaaal !!
    On y est. Enfin. The great final, comme dit ce cher speaker. Ça n'a pas été de tout repos de se qualifier pour la table finale, mais j'y suis. Quelques frayeurs ont failli se transformer en sérieuses déconvenues et sortie prématurée, quelques coups de maître m'ont valu de gagner l'estime de mes vis à vis les plus renommés, et finalement la qualification est en poche au terme de deux jours à caresser les cartes et faire jongler les jetons entre mes doigts experts. Si j'étais un quasi-inconnu en arrivant, j'ai conforté au fil des parties mon statut d'outsider au style mi-débraillé mi-soigné, avec ces indéboulonnables verres teintés sur le nez et la clope au bec, toujours à siroter un Mojito, ou parfois un Scotch, selon l'humeur du moment.

    Et dans ce milieu, un look pareil, c'est show, ça plaît. Sans vantardise exagérée, je crois être dans les bonnes grâces du public. À chaque pause, j'ai reçu mon lot d'encouragements, les grosses huiles me proposant des contrats pour jouer en leur nom aux prochains tournois, les ravissantes inconnues glissant délicatement un mot à mon oreille, une carte de visite dans ma poche.

    Au détour d'une partie, une poignée de main, une tape derrière l'épaule ou un bref signe de tête, quand l'une ou l'autre des figures croisées m'est familière. Hé oui, le monde du jeu peut sembler vaste, trouble, impénétrable de l'extérieur, mais une fois que l'on y nage comme un monstre marin dans l'eau, on se rend vite compte qu'il n'en est rien. Il n'y a que des connaissances, et les connaissances des connaissances. Un cercle privé comme un autre. Untel m'a éliminé sur une river foireuse dans un bled de East Blue y'a deux mois de ça, untel m'a lâché jusqu'à son dernier sou dans un face à face No Limit endiablé une nuit d'hiver...

    Ce petit monde est à part, et j'y suis dans mon élément.

    Et ce soir, j'ai l'occasion de passer de l'ombre à la lumière. De monter sur le toit de l'Olympe. Jamais je n'ai palpé autant de jetons, brasser autant d'argent virtuel en une partie. Je suis au sommet de mon art. Et il va me falloir au moins y rester, si je veux avoir une chance de décrocher les étoiles face aux cinq autres clients. Le plus dur commence maintenant. Garder la maîtrise de ses nerfs, rester attentif, ne pas jouer la main de trop. Tout un art. Je le sais, et les cinq autres également. Précaution élémentaire avant l'entrée en matière, j'ai pris le temps de me renseigner sur les uns et les autres, analyser leurs méthodes de jeu, pour essayer de déceler l'info juteuse. De mon point de vue, voilà comment ça se présente :

    On a déjà trois anciens champions, à cette table. Ceux-là, ils sentent les cartes, flairent les bons coups, ne vivent que par le jeu depuis des années. Les défier, c'est être quasiment sûr d'y laisser tous ses biens au premier faux-pas. Ils m'ont déjà analysé sous toutes les coutures, ce sont de véritables machines à lire le jeu de qui leur fait face.

    Le vieux, je l'ai croisé un peu plus tôt dans le tournoi, il est impénétrable, un roc. Peut-être un peu trop sûr de lui, la gloire lui monte à la tête par moments, mais ça s'arrête là. La donzelle est une hyper-agressive, du genre à t'enfoncer la tête sous l'eau dans l'oasis en plein désert pour te noyer en 30 secondes plutôt que de te voir crever à petit feu. Elle a du mordant, et il faut reconnaître que pour le moment ça paye. Le truand, pour finir, c'est un impact psychologique impressionnant, oppressant. Lui, il revient de loin, ça se lit sur sa gueule. Et ça a tendance à en déconcentrer plus d'un, faudra veiller à ne pas tomber dans le panneau.

    À côté de ça, un gros riche moins benêt que les autres. D'ordinaire, ce sont de vrais tirelires sur pattes, les quarantenaires dans son genre. Ils viennent ici comme ils pourraient se commander une escorte-girl, manière de s'envoyer en l'air avec le grand frisson. Mais celui-là, en plus d'avoir de gros fonds, il en a une belle paire. Il s'accroche. L'argent c'est son kérosène; plus il en a plus il en veut. Un rapace fini, et s'il en est arrivé là, c'est pas pour finir en pétard mouillé.

    Enfin, le gamin. Lui c'est l'anomalie. Je l'ai joué sur quelques mains en début de tournoi, il m'avait pas marqué plus que ça. D'où ma surprise de le retrouver à ce stade là. Personne ne sait vraiment ce qu'il fout là, la chance du néophyte peut-être. Il fait profil bas et trace sa route sans bruit. Sauf qu'à vouloir voler sous les radars en se cachant derrière un autre, au bout d'un moment, on se retrouve fatalement en première ligne. Maintenant, il pourra plus se dérober.

    Tous ces profils sont enregistrés, ancrés dans mon esprit. Maintenant, on prend tour à tour place à la table. Pour le moment, ça commande les verres et se souhaite plus ou moins bonne chance. Le public est encore bruyant, l'effervescence bat son plein. Ça me laisse le temps de vous présenter le dernier joueur. Moi.

    Le genre de mec à prendre tout le monde à rebrousse poil, qui égalise les chances de victoire entre bons et mauvais joueurs. Sans tenter le diable non plus, mais qui flirte avec les limites. En affichant toujours le regard nonchalant du mec qui est là sans trop y être. Brouiller les pistes, changer la donne. Une tactique qui a fait ses preuves jusqu'à maintenant. Y'a plus qu'à espérer que ça continue.

    Je porte mon verre à mes lèvres, et prend ma première gorgée de boisson alcoolisée de la soirée. Sûrement pas la dernière. La nuit promet d'être longue. Déjà, autour de nous, les spectateurs font silence. Le croupier mélange avec son doigté remarquable le talon de cinquante deux bouts de carton desquels dépendent l'issue de l'affrontement final. Les premières cartes glissent sur le tapis, les mains s'agitent frénétiquement sur les piles de jetons. Une longue respiration, et chacun endosse son costume de joueur, fin prêt. Le début de la partie est imminent. On y est. Enfin.


    Dernière édition par Rik Achilia le Mer 1 Juin 2011 - 0:01, édité 1 fois
      La tension est palpable désormais. Les premières passes d'armes ont suffit à lancer le vif du sujet sans respecter le quasi-protocolaire round d'observation, les premières piles de jetons ont circulé sur le tapis vert émeraude éveillant l'appétit de victoire de tous. Maintenant, les applaudissements résonnent à chaque main jouée, le commentateur fait monter sa voix et l'ambiance d'une octave à chaque face à face. Tout le monde joue son jeu, l'introverti attend sagement son heure, les têtes brûlées payent le flop sur presque toutes les mains, en se lançant de charmantes piques tant en jeu qu'oralement, pour essayer de déstabiliser la concurrence par tous les moyens possibles.

      Il y a cinq minutes tout au plus, l'ancien taulard a chahuté un peu le gamin qui fait office de maillon faible niveau charisme, pour tester ses nerfs, en assenant sa remarque sur un ton anodin mais dans un sourire carnassier.


      Les ptites frimousses comme la tienne, ça prie pour pas se faire violer en prison...

      Le môme a pas bronché, nez rivé sur son tapis, mais comme tout le monde semblait attendre une réponse qui ne venait pas, je me suis porté volontaire pour titiller la bête.

      Tu le trouves à ton goût Killer ?

      Comme ça, relax, grand sourire, et en reprenant une gorgée de mon verre. Il vaut mieux être acteur dans un spectacle pareil, ça permet de rester attentif. Du moins, de mon point de vue. Quitte à essuyer un regard noir de la part d'un homme dont il est avéré qu'il a au moins tué une fois dans sa vie.

      Au bout d'une heure et demie de jeu, le croupier annonce la pause. Nous avons une trentaine de minutes devant nous pour faire refroidir le moteur. Archie commence à tirer la grimace, le break arrive dans un timing salvateur pour lui. Il n'a plus guère que 200 000 Berrys, soit deux ou trois mains à tenter avant de rentrer jouer au businessman dans ses contrées. À l'autre extrémité du peloton, le boss à la table pour l'heure, c'est toujours Robby Cash et son regard de glace, impénétrable. Il se comporte en patron, il joue en patron. Personne ne vient chatouiller les moustaches du vieux lion. Les autres se maintiennent à flot sagement.

      Tandis que les tribunes et la table se vident, je m'oriente vers le bar, à côté duquel un orchestre parait-il très en vogue dans la région joue un air entrainant, bien dans le ton de la soirée. Quelques personnalités discutent, accoudées au comptoir, même si la plupart d'entre elles se sont orientées vers le salon principal, plus convivial pour tenir une conversation mondaine. Sur mon passage, on me gratifie d'un petit signe de tête, on me salue. Avant même que je n'aie à le demander, le barman m'amène mon verre. Sans se tromper de boisson. Ce soir, je suis une vedette.


      -On s'y habitue vite, n'est ce pas ?

      La voix dans mon dos est féminine, chaude. Familière. Quand je me retourne, assis sur mon tabouret, j'admire Miss Allin dans son ensemble sur mesure aux tons sombres, fume cigarette délicatement tenu dans une main droite habillée d'un gant de velours noir.

      -J'ai connu pire, oui.

      Malgré le léger sourire, la réponse reste neutre, presque méfiante. La rose est charmante, mais mieux vaut se méfier de ses épines. Particulièrement lorsqu'elle offre un numéro de charme prévisible mais inévitablement tentateur. La créature s'approche de moi, se penche légèrement jusqu'à placer son visage à quelques centimètres du mien, lueur mutine mais pourtant envoutante dans le regard.

      -Auriez-vous la bonté de m'offrir du feu ?

      Chacun joue avec ses atouts, c'est légitime, et même si je n'en suis pas à mon coup d'essai en la matière, je dois lui reconnaitre un talent pour la séduction en plus de celui des cartes.

      -Certainement.

      Je plonge une main dans ma poche, pour en retirer une allumette que je gratte contre la semelle de ma chaussure pour en faire jaillir la flamme. En deux trois bouffées, le rouleau de tabac est allumé. Les lèvres ornées d'un rouge sombre me renvoient la fumée chargée d'une odeur fruitée qui vient me caresser le visage.

      -Merci.

      Dernière réplique si simple mais empreinte d'un magnétisme évident. La Sirène repart vers d'autres marins à précipiter vers les écueils.

      -...'fiou.

      Pour chasser cet épisode de mon esprit, je décide d'aller me passer un peu d'eau dans les loges, mais une idée me retient. D'un claquement de doigts, j'appelle le barman.

      -Monsieur ?

      -Sa boisson, généralement ?

      -Un martini olive monsieur.

      -Apportez lui en un de ma part.

      -Bien monsieur.

      Il n'y a pas de raison après tout. Quand je vois le garçon de service s'exécuter et déposer le verre à la table, je m'éclipse sans jeter un regard derrière moi, m'assurant la sortie parfaite. Et maintenant, se reconcentrer. De l'eau glacé au visage, le meilleur remède à ma connaissance. J'emprunte un couloir annexe et me dirige vers les toilettes, quand un cri étouffé depuis une salle adjacente me force à suspendre ma marche. Un appel à l'aide, ou des supplications peut-être. Couvertes par une voix grave, menaçante. Celle de ce brave Archie. À pas de loups, je me rapproche de la porte close dans l'espoir de déceler quelques bribes de conversations.

      [...]

      -Enrichissante, cette entracte. Vraiment très enrichissante.


      Dernière édition par Rik Achilia le Lun 20 Juin 2011 - 14:05, édité 1 fois
        Nous sommes de nouveau tous les six à la table. Le show peut reprendre. Encore que je n'ai pas le sentiment qu'il se soit suspendu un seul instant, même au cours de l'entracte. Entre l'échange avec Miss All-in et la conversation menée par Archie que j'ai surprise, le break n'a pas été de tout repos. Il y a de l'entrain, des turbulences ce soir. Va falloir jouer serré, mais je suis pas du genre à baisser pavillon devant l'adversité. Maintenant, il faut juste demeurer attentif, affûté pour le reste de la partie.

        [...]

        -Tapis.

        -Payé.

        Le public se déchaine pour cette nouvelle main. On joue depuis dix minutes à peine, et Archie se retrouve acculé, l'épée de Damoclès au dessus de la tête. Avec Killer dans le rôle du bourreau. Les autres se sont tous couchés pour admirer le premier face à face à enjeu de cette finale.

        -Messieurs, vos jeux s'il vous plait.

        Archie sort une paire de Valet. Le public apprécie à sa juste valeur la prise d'initiative et applaudit avec chaleur. Quand Killer sort son As-Roi à Trèfle, la mine de l'homme d'affaire se crispe, imperceptiblement, mais la poignée de main entre les deux joueurs est franche. C'est du 50-50 ou presque. Les acteurs de la main sont debout, haranguent la foule, font monter la pression au moins au temps que le speaker. Et enfin, les cartes tombent.

        -8 de Carreau, 10 de Trèfle, 3 de Cœur.

        Silence pesant. Le sort n'a toujours pas désigné son vainqueur. Le turn arrive, porteur d'un Valet de Pique. Archie lève les bras au ciel, Daméas s'en donne à cœur joie.

        -Archie touche son brelaaaan Ladies and Gentlemen ! C'est fabuleeeux, it's amaaazing ! [...] And nooow, the river...

        Toutes les paires d'yeux attentives scrutent le bout de carton qui scellera le sort de ce face à face. Et...

        ...Dame de Trèfle !! C'est une suite pour Neil Killer !! Archie is Out !

        Retournement de situation improbable. Le ciel tombe sur la tête de Archie, qui va enfouir son visage derrière ces deux grosses paluches pour masquer sa détresse. Les applaudissements seront un lot de consolation bien amer pour celui qui quitte la table, bon dernier de cette finale. Mais la partie, elle, n'en est encore qu'à son début.

        [...]

        Quarante-cinq minutes se sont écoulées depuis l'élimination prématurée de Archie. Le jeu bat son plein, le croupier brasse les jetons, fortune et infortune se succèdent à mon chevet depuis tout à l'heure. Tour à tour, le gamin puis moi-même sommes passés prêts de la correctionnelle, mais plus de peur que de mal au final. Je suis toujours bien présent. Au cœur du jeu, au cœur du show.

        Aaron annonce 200 000 Berrys, c'est le moment que choisit la tigresse pour sortir ses griffes.


        -500 000.

        Killer et Cash se couchent sagement au flop devant l'envoutante créature. Elle jouit d'un statut particulier à la table, hypnotisant par sa gestuelle les autres joueurs. Jusqu'à présent, personne ne l'a directement attaquée, tous domptés par sa beauté. Elle croque les blinds, prend ses check-raise en toute impunité. Mais ça doit changer. Ça va changer. Une dizaine de seconde de réflexion plus tard, je me risque à jouer avec la charmeuse.

        -Suivi. Un nouveau verre vous ferait-il plaisir, Lady All-In ?

        -Vous êtes un ange, cher ami.

        Le ton est cordial, serein. Elle joue avec moi. Et j'aime ça. Tant qu'elle ne se joue pas de moi.

        -Je suis votre obligé.

        Un claquement de doigt plus tard, la boisson est déposée à la place de l'ancienne auprès d'elle. À ma surprise, Aaron joue également la main. Nous sommes trois, pour un pot à 2 Millions de Berrys.

        -500 000 Berrys.

        Aaron se décomplexe et se lance enfin pleinement dans la partie.

        -1 Million.

        L'annonce a claqué dans l'air comme un coup de tonnerre. Une rumeur grandissante s'empare des tribunes. Je guette la moindre de ses réactions, mais aucun signe n'émane d'elle. Imperméable féline. Sur cette main, je suis sa souris. Sagement, je jette.

        -N'aviez-vous pas envie de me tenir compagnie ?

        Un fin sourire poli se dessine sur mes lèvres, tandis que je m'incline d'un bref signe de tête. Mon élimination vaut plus que quelques artifices.

        Aaron Check part lui à tapis pour suivre. Sa fortune n'a pas décollé depuis le début du jeu, et il voit se présenter dans ce face à face une occasion unique de se relancer...Mais le verdict tombe, le condamnant de façon rédhibitoire.


        -Couleur à la Dame pour Aaron Check. Couleur à l'As pour Lesly All-In. Aaron Check est éliminé. Lesly All-In passe chip-leader de ce tournoi avec 6 Millions de Berrys. Messieurs, Dames, une nouvelle entracte est offerte aux joueurs restants. Le tournoi reprendra dans précisément 30 minutes.

        À nouveau, joueurs et spectateurs abandonnent la table pour se diriger vers le salon ou le bar.

        [...]

        Accoudé à ma place attitrée au comptoir, je sirote mon mojito en tirant la grimace. Ma situation n'est guère reluisante pour l'heure. Je suis de loin dernier à la table et ma survie va passer par un ou plusieurs coups d'éclats. Comme pour rejoindre ce triste bilan, dans mon dos, une voix grave et imposante m'interpelle.

        -Plus que 2 Millions à peine, et les blinds qui augmentent. Je suis curieux de voir comment vous allez vous en sortir, jeune homme.

        Je me retourne pour faire face à ce nouvel interlocuteur. C'est Robert Cash. Le maître à jouer, le modèle, l'icône. Lui a parfaitement négocié jusqu'ici, agissant sans prendre de risque, analysant avec minutie.

        -Cette demoiselle procède avec intelligence, en dépit de sa manie de jouer de ses charmes. Il ne faut pas rentrer dans son jeu si vous voulez lui survivre...Garçon, un autre verre s'il vous plait.

        Plus facile à dire qu'à faire...Mais voir le Dieu vivant des cartes vous prodiguer des conseils est en soit suffisamment exceptionnel pour ne pas en plus les gâcher.

        -Je vais tâcher d'y veiller.

        Le jeune barman arrive avec la boisson commandée. Fait étrange, il en renverse une partie sur le bar en le déposant auprès de Cash. Le trac de croiser une telle légende vivante peut-être ? Celle-ci ne lui en tient pas rigueur, et le dispense d'un généreux pourboire en rigolant.

        -Ah, cette jeunesse...

        L'œil rieur, il porte le verre à ses lèvres et en tire une longue gorgée. Trop longue peut-être. Le viel homme toussote, puis porte la main à sa gorge, pris d'une quinte de toux.

        -Tenez, un peu d'eau, cela vous aidera à...

        Mais loin de prendre le verre que je lui tends, mon illustre aîné se lève, sous les regards intrigués des invités autour de nous, essayant de marcher sur deux ou trois pas, avant de s'effondrer dans un tressaillement.

        -Nom de Dieu, il.... Appelez un médecin vite !

        Agenouillé à ses côtés, je tente vainement de déboutonner son col de chemise pour lui permettre de respirer plus aisément. Mais c'est déjà trop tard. Ses mains se crispent sur ma veste, m'attirant vers lui. Dans un râle, il murmure quelques étranges mots à mon oreille avant de rendre son dernier soupir.

        Quand une minute à peine plus tard, le Doc' arrive, il ne peut que constater le décès. Robert Cash, joueur depuis près d'un demi-siècle, indétrônable maître du Poker, est étalé raide mort à mes pieds, terrassé par un simple verre de scotch.
          Le bouche à oreille aidant, chacun est bien vite mis au courant, la nouvelle embrase le casino comme l'incendie dévore un fêtu de paille. Robert Cash est mort. Cette macabre vérité chamboule la soirée et son tournoi, secoue le poker même jusque dans ses fondations. Mais la direction du BPT, après maintes palabres, décide cependant de reprendre le jeu, après qu'il ait été neutralisé un quart-d'heure de plus que prévu initialement. La partie ne peut se conclure ainsi. Il faut du spectacle, il faut de l'exceptionnel. Alors les trois derniers candidats en lice retournent à la table. Killer le taulard en repentir, Lily la prédatrice, et moi.

          Mais la partie, je n'y suis plus qu'à moitié. Dans ma tête, ça cogite sec. Trop. Sans doute les deux autres sont-ils aussi dans cet état, sans doute essaient-ils de percer le mystère qui entoure la mort du symbole du Poker. Le décès de Cash ne peut être le fruit d'un malencontreux accident. Pas ici, pas maintenant. Surtout en sachant pertinemment que le comportement de ce cher PDG d'Archie pouvait porter à suspicion. Mais quel était son plan alors ? Certainement pas d'acheter l'un ou l'autre des croupiers, il a fini bon dernier de la finale. Alors, quoi ?


          -Monsieur, 500 000 à mettre.

          En plus de ça, le petit objet récupéré dans la main crispée et tendue vers moi par Cash focalise le reste de mon attention. Qu'est ce donc ? Le testament d'un mort ?

          -Monsieur.

          -Hmm ? Oh, oui...

          -Suivez-vous ?

          Le croupier me rappelle au jeu. Killer a relancé d'un demi-million et attend ma décision. Je jette un oeil à ma main. 8-9 à Piques ? Hmm. Tentons le coup. De toute façon, blind en constante augmentation et ante auront ma peau d'ici deux ou trois mains.

          -Relance à 2 Millions.

          Prévisible, mais finement joué. 2 Millions, c'est mon tapis. Et Killer me le réclame.

          -Payé à tapis.

          -8 et 9 de Piques pour Achilia. Paire de Roi pour Killer.

          Ça sent le bout de la piste pour moi. Les cartes livrent leur verdict dès le flop, avec le Roi de Carreau en renfort qui vient assoeir un peu plus la domination de Killer sur la main. Ni le flop ni le turn n'y viendront rien changer. Mes espoirs de victoire s'envolent, et pourtant je n'en ai cure.

          Le croupier rend le verdict, mon adversaire me congratule. Je lui rends mollement sa poignée de main. Daméas s'égosille, le public m'applaudit. Je lance un léger signe de main en guise de salut d'adieu et file loin des projecteurs de la gloire, l'air absent.


          [...]

          Oui, j'ai l'esprit ailleurs. Je veux tirer cette affaire au clair. Pourquoi ? Voir mourir une légende devant mes yeux serait un motif suffisant. Ma curiosité naturelle également. Mais c'est surtout cette sensation de tutoyer la vérité sans pouvoir la saisir qui me motive. Alors je ne lâche pas l'affaire. Et pour commencer mon enquête en solo, une petite visite au mort s'impose.

          Direction la chambre froide, reconvertie en morgue de luxe. L'entrée en est gardée par un malabar à la mine pas commode. Quelques liasses le dérident rapidement, son imposant gabarit se décale pour me laisser le champ libre. Au passage, il me gratifie même d'un commentaire précieux sous les apparences.


          -Qu'est ce que vous avez tous à vouloir rendre visite à un mort ?

          -Tous ?

          -Un jeune homme en larmes a demandé à voir la dépouille juste après qu'on l'ait entreposée ici. J'ai pas eu le coeur à lui refuser.

          -Ah, curieux... Et ensuite ?

          -Un homme, bon chic bon genre. Il m'a donné plus de 10 000 Berrys pour pouvoir entrer. Il a avancé qu'il cherchait quelque chose qui lui appartenait.

          -Ça ne vous a pas paru louche ?

          -Pas plus qu'un petit malin en costard qui me file autant pour jeter un oeil sur la dépouille.

          -Héhé, bien répondu. Bon, allons "jeter un oeil".

          Mais tandis que je vais pour entrer, une voix forte gronde depuis l'autre bout du couloir, me stoppant au moment où j'allais porter la main à la poignée. Je me retourne et dévisage le gêneur. Un intendant, à en juger son costume. Qui me regarde, oeil froid, austère. Lui, il coûte trop cher pour moi. Peut-être même qu'il n'est pas du tout à vendre. Bah, il vaut mieux se faire pincer maintenant plutôt qu'à l'intérieur.

          -Relax patron, on faisait que discuter.

          Brave gars. Pour peu, je lui doublerais son pot de vin si ça ne devait pas paraître si suspect. Main dans les poches, je reprends donc la direction de la salle de réception. Mais avant, une dernière question me brûle les lèvres.

          -Il l'a trouvé au fait, son "quelque chose" ?

          -À en juger la gueule qu'il tirait, je suis prêt à parier que non.

          Une bonne nouvelle supplémentaire. Je passe devant l'employé modèle en le gratifiant d'une malicieuse tape à l'épaule, avant d'emprunter le dédale de couloir menant vers la table de jeu où le dénouement approche.

          [...]

          Je n'ai pas pu voir le cadavre, mais en ai paradoxalement appris beaucoup. Un échec riche en enseignement au final. Le puzzle se reconstitue dans ma tête. Voilà qui me conforte dans mon état d'esprit. Je brûle, je le sens. Alors je vais remonter ma seule piste tangible : le serveur.

          Quand ce dernier vient me remettre mon cinquième mojito de la soirée, j'agrippe sa manche pour ne plus la lâcher avant d'avoir obtenu réponse satisfaisante. À mi-voix, je lance mon interrogatoire.


          -Le verre était empoisonné, n'est ce pas ?

          -Je ne vois pas de quoi vous voulez parler Monsieur...

          La voix est faible, apeurée. Le faire craquer sera un jeu d'enfant, surtout quand on a les qualités de bluffeur inhérentes à ma profession.

          -Écoute moi bien pti gars, si les prochains mots que ta voix de crécerelle lâchera ne me donnent pas le nom que je veux entendre, je vais dire aux marines qui vont venir enquêter que c'est toi qui a servi son verre à Cash en tremblant comme une pucelle. Et crois-moi ça te plongera dans un tel cercle d'emmerdes que tu regretteras d'être venu au monde, pigé ?

          La menace a l'effet escompté, je le sais, je le sens. Mais une peur plus grande encore le paralyse, noue même sa gorge tandis qu'il essaie de me répondre. J'obtiens le nom du commanditaire en lisant sur les lèvres du barman, rien de plus. Pour seule réaction, un rictus pincé.

          -Qui l'eût cru. Sois tranquille, moucharder n'est pas dans mes compétences.

          J'abandonne le jeune homme tourmenté à ses fantômes, pour m'orienter vers le halo de lumière central. De loin, j'entends le speaker attiser la foule. Le face à face entre dans sa phase finale. Le nom du vainqueur sortira bientôt. Et l'énigme entière sera résolue.
            -It's oveeer ! Ladies and Gentlemens, nous avons le nom de notre nouvelle Championne de Poker ! Leslieeee All-Iiiin !

            Clap de fin pour le BPT. La miss a finalement triomphé de l'ex-criminel. Killer, beau joueur, félicite la lauréate. Sous un tonnerre d'applaudissements, elle reçoit comme le veut la coutume les liasses de billets déposées sur la table lors du face à face final. 6 millions de Berrys. Ça sonne joliment à l'oreille, il faut admettre. Niveau gain, je n'ai pas de quoi me plaindre avec ce que je ramasserai pour ma troisième place. De quoi voir venir pour quelques temps, pas de doutes.

            Le tournoi se finit dans la joie et l'allégresse. Le souvenir de Cash s'est bien vite dissipé dans l'esprit de tous ou presque. C'est à peine si les convives auront noté que sa dépouille a été confiée aux mains d'experts légistes. Le casino a tout fait pour diminuer l'impact de l'incident et pour en chasser bien vite toute trace dans leur établissement. Le si grand champion qu'était Cash de son vivant disparait par la petite porte tandis qu'est célébrée la nouvelle Reine du jeu.

            La fin de la soirée n'est que mondanités, divertissement et autres célébrations. Mon tour vient de féliciter la gagnante, mais la malice de notre jeu s'est dissipée. Le ton est cordial, tout au plus.


            -Félicitations, voilà une victoire habilement construite.

            -Merci, cher ami.

            Et la conversation s'arrête là. Elle repart parader, moi ressasser la conclusion à laquelle je suis arrivé, même si subsistent encore un ou deux points d'ombre. L'identité du meurtrier ne fait plus le moindre doute. En revanche, le bibelot que je fais jongler d'un doigt à l'autre depuis la fin du tournoi m'intrigue.

            Sa nature ? Un dé en bois, usé par le temps, sans ornement. Hypnotisé par ce modeste héritage du plus grand joueur de l'histoire, je ne le lâche pas, même au fond de ma poche. Les mystères qui l'entourent m'obsèdent. Était-ce le porte-bonheur de Cash ? Les joueurs sont fréquemment supersticieux. Mais si ce n'est pas le cas ? S'il était autre chose ? Tant de questions, si peu de réponses...

            L'ambiance festive à laquelle j'adhère généralement me laisse ce soir un goût amer en bouche. Pour chasser cette humeur morose, je ne connais qu'un seul vrai remède. Abandonnant la salle où de toute façon personne ne prête vraiment attention à moi, je m'oriente vers la sortie principale.

            L'air frais d'une nuit sans lune me rassérène un peu, mais il me faut autre chose. De ma poche, je sors un paquet, mon véritable trésor. Mes clopes. Bien vite, je me grille une cigarette, puis la déguste, laissant le goût de parfum m'envahir, la sensation de bien-être qui l'accompagne me gagner. Et puis, contre toute attente, une voix vient briser le charme de cette scène.


            -Alors, vous avez résolu votre enquête ?

            C'est le gardien de la chambre froide, reconverti désormais en videur. C'eût été tout autre que lui, je lui en aurais probablement voulu de me voler ce moment de communion avec mes clopes.

            -En partie. En partie seulement...

            -Tenez, j'ai discuté avec un des gars venus prendre le corps. Robert Cash a été empoisonné, selon lui.

            -Hin, ça alors...

            -Vous le saviez déjà, hein ? C'est bien ce qu'il me semblait. Ce que vous ne savez sans doute pas, c'est qu'il ne portait sur lui que son smoking.

            -Et rien d'autre ?

            -Rien d'autre.

            -Pourquoi vous me dites ça ?

            -Votre affaire m'intrigue. Et puis, vous êtes plutôt sympathique dans votre genre.

            Je tire une nouvelle bouffée de tabac avant de lâcher un "Merci". Déjà, une partie des invités quitte l'établissement. Le casino va fermer ses portes.

            -Tiens...c'est...

            -Quoi, qu'y a t-il ?

            -L'homme là-bas, c'est celui qui a demandé à fouiller le mort.

            Je suis du regard l'individu vers qui pointe le doigt. Archie Big Blind. Je l'avais presque oublié. Le brave PDG à toujours flairer la bonne affaire. C'est donc lui qui a obtenu un tête-à-tête avec le mort ? Un mystère de résolu. Hmm...

            -Il n'avait rien sur lui vous dites ?

            -Pardon ?

            -Le mort. Il n'avait rien sur lui ?

            -Ouaip, pas même un cure-dent.

            Mais alors...Ma main replonge dans la poche et en ressort le Dé. C'était ça que cherchait Archie ? Pour quelle raison ? Ce n'est qu'un vulgaire bout de bois en apparence.

            La clameur de la foule me tire à nouveau de mes pensées. Leslie All-In, et non loin d'elle Nail Killer sortent triomphants du casino. L'un et l'autre ont l'air aussi comblé de leurs places respectives. Curieux.


            -Vous savez où elle va passer la nuit ?

            -Oh, sûrement au Palassimo Monsieur. L'hôtel le plus en vogue de la région. Juste au bout de la rue.

            -Merci du tuyau.

            Je garnis la poche avant du veston de mon meilleur indic d'une nouvelle liasse de billets, puis suis ma cible vers son hôtel, à distance respectable. Derrière moi, un dernier "Merci et bonne chance" et c'est tout. Adieu le casino. Mais l'histoire n'est pas tout à fait bouclée.

            [...]

            Un dernier pourboire à la réception du Palassimo m'a permis d'obtenir le numéro de chambre de Miss All-In. Trois étages plus haut, je me retrouve au niveau des suites Royales. À l'autre bout du couloir, un employé se présente à une chambre en s'annonçant par la traditionnelle formule "Service d'Étage".

            Curieux, ce gamin, de profil on dirait...C'est Check. Qu'est ce qu'il fait ici ?

            Le dénouement approche et un nouvel imprévu vient tout chambouler. Je plisse les yeux et aperçoit le numéro de chambre. C'est celle de All-In. Pourtant, quand la porte s'ouvre, c'est bel et bien une voix d'homme qui s'élève. Je croyais avoir tout compris mais j'ai tout faux. Il faut que je sache. Alors, je me glisse le long du mur, presque de dos à Check et approche de la porte entrouverte.


            Tchock. Tchock.

            Un bruit étrange parvient à mes oreilles. Je me fige. Une seconde plus tard, l'homme s'écroule et Check fait irruption dans la loge.

            Je m'élance vers la chambre. Arrivé au niveau de l'entrée, nouvelle surprise de taille. L'homme au sol qui me reçoit n'est autre que Killer. La détonation du coup de feu a été camouflée par un coussin. Je me penche pour tenter de trouver son poul, mais le joueur est bel et bien mort, deux impacts en pleine poitrine venant teinter sa chemise d'une couleur vermeil.


            Bang. Bang.

            -Bordel, il ...

            Pas le temps de cogiter, il faut agir. Je fais irruption dans la pièce en espérant qu'il ne soit pas trop tard. Dans la chambre, face à face, All-In et Check. Elle, allongée sur son lit, détourne le regard en me voyant entrer et braque son flingue sur moi. Un genre de Derringer un coup, et manifestement il a déjà cracher son venin.

            -Wow, du calme Miss, j'viens pour vous sauver, moi.

            -C'est inutile, je suis de taille à me défendre.

            Elle est saine et sauve. Le tir du jeune homme lui a effleuré l'épaule, tout au plus. Mais Check lui, a une sale blessure à la gorge. Le sang s'en échappe abondamment. Il se retourne vers moi, en larmes. Essaie de pivoter, de sourire, timidement. Puis s'écroule,lourdement, mort.

            -Je ne sais pas ce qui lui a pris...il...

            Elle veut avoir l'air choquée, éplorée. Mais elle ne l'est pas. Aucune larme ne sort de ses yeux envoûtants mais pourtant si secs. Elle ne pleurera même pas la mort de son complice.

            -Je vais vous conter une histoire, Miss. Il était une fois un Roi, souverain adulé de son peuple et renommé par delà les frontières de son Royaume. Il avait un fils, un bâtard illégitime qui rêvait de le rencontrer. Alors, pour être digne de son père, l'enfant devint un preux guerrier afin de suivre son géniteur au front. Malheureusement, quand vint le jour de leur rencontre, le jeune homme apprit avec effroi que son père le Roi venait d'être assassiné froidement par un couple de courtisans de sa cour qui conspirait contre lui pour enfin atteindre le sommet.

            Un silence pesant s'installe. Les masques sont tombés. Nous ne jouons plus. Elle a peur, mais c'est pourtant inutile.

            -Rassurez-vous, je n'ai rien contre vous personnellement. Je vous souhaite bien du plaisir pour expliquer tout ceci à la marine. Au plaisir de vous recroiser, Mademoiselle.

            Je vais pour l'abandonner, enjambant le cadavre encore chaud de Killer, mais me retourne une dernière fois.

            -Et encore toutes mes félicitations pour cette glorieuse victoire.

            [...]

            Quand je redescends à la réception, je remercie chaleureusement le jeune employé pour ces informations.

            -Oh, j'allais oublier.

            -Monsieur ?

            -Mademoiselle All-In désirerait que vous lui apportiez un rafraichissement. Une Vodka Martini garçon. Mélangée au shaker pas à la cuillère.



            The End.