Suite des événements joués ici.
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Ses chances de survie n'excédaient pas le zéro absolu en terme de pourcentage. Piégé entre une issue impliquant un massacre occasionné par la Légion, et la perspective d'embarquer seul sur Grand Line, mer de tous les dangers, il avait choisi la seconde hypothèse.
C'est anxieux qu'il regardait le rivage de l'île des animaux s'éloigner peu à peu jusqu'à disparaître de sa vue. Pour le moment, il était encore dans la zone d'influence de l'île, le courant marin demeurait stable, mais une fois sorti des alentours de l'île, c'était une mort certaine qui l'attendait.
Il se souvenait avec quelle précipitation il avait quitté la Translinéenne la première fois qu'il était descendu du bateau pour faire bande à part. La grêle, les tempêtes, les pires incohérences atmosphériques qui s'enchaînaient à une vitesse prodigieuse. À cette réjouissance, il fallait ajouter les occasionnels monstres marins qui barbotaient dans le coin et enfin, on avait une idée définie de l'enfer qui se dessinait sur les flots.
Sans surprise, Joe regrettait déjà son choix alors qu'il apercevait au loin des nuages qui ne lui inspiraient pas vraiment confiance. Serait-il resté sur l'île qu'il se serait fait capturer et aurait vite regretté de ne pas avoir embarqué. Entre la peste et le choléra, il avait fait un choix par dépit plus que par conviction, et il en souffrirait les conséquences amères bien assez tôt.
Ce son qui tonnait à répétition, quoi de plus angoissant alors que les flots commençaient lentement à s'agiter ? Oui, cela ressemblait au bruit de l'orage. Les mains et même les dents aggripées au rebord de son monoplace, larmes aux yeux, le cafard saurait au moins à quelle sauce il serait mangé. Une mort par orage, assez peu original quand on connaissait toutes les excentricités dont regorgeait la route de tous les périls.
Au moins, il aurait le "plaisir" d'avoir la surprise de savoir si il serait englouti par une vague de dix mètres, si la pluie ferait couler son embarcation, ou si l'orage viendrait s'abattre sur lui. Pourtant, aussi nuageux pouvaient être les cieux sous lesquels il s'enfonçait, pas de signe d'orage. Décrochant ses dents de son bateau, le forban leva la tête intrigué. Oui, il en était sûr, il avait entendu tonner, il l'entendait toujours d'ailleurs.
Le son se rapprochait, et le bruit se faisait de plus en plus clair. Ce n'était pas de l'orage. Des percussions successives pouvaient être entendues, ça en avait vaguement l'air mélodieux. Commençant à entendre d'où venait ce bruit intriguant, Joe tourna la tête vers l'Est.
- Par les poils de cul de la Vierge d'Acier...
Un bateau intrépide pénétrait lui aussi audacieusement les eaux de Grand Line, mais pas n'importe lequel. En effet, le vaisseau avait une allure bien familière aux yeux du forban.
- La putain de Translinéenne....
A raison de plusieurs voyages par jour, les navires de la compagnie ne désservaient que deux îles sur la troisième voie : Union John, et Clockwork Island. Mais le cafard se foutait éperduement de sa destination, son salut en train de s'engouffrer dans les eaux tumultueuses de Grand Line, était sa seule chance de s'en sortir.
Aussi, le forban prit la seule décision de bon sens qui s'imposait.
- À l'abordage !
Hélas pour Joe, le bon sens, une immunité qui prévalait contre bien des conneries, ne semblait pas inscrit dans son code génétique. Se sachant évidemment "persona non grata" sur les bateaux de la compagnie suite à un épisode pour le moins fâcheux à bord occasionné par ses soins, seule l'hypothèse d'une entrée en force semblait lui convenir.
Il avait fière allure tout seul sur son petit catalane, à naviguer en direction de l'embarcation bien plus massive, mais il croyait dur comme fer à son histoire d'abordage.
Joe Biutag s'en allait donc aborder, et même détourner à son propre profit, un vaisseau de la Translinéenne. Bien évidemment, il comptait entreprendre cela tout seul.
Sans doute eut-il été préférable pour lui de se perdre sur Grand Line pour y mourir noyé, car le personnel de la compagnie maritime n'avait pas gardé un excellent souvenir de son dernier passage à bord et avait quelques comptes à lui rendre.
Dernière édition par Joe Biutag le Sam 19 Mar 2016 - 8:02, édité 1 fois