La lune accrochée au ciel luit comme une montre. Quand soudain, je ne sais quel soigneux horloger s’est mis à passer un coton nuage sur le boîtier d’argent de cette montre ronde. S’ensuit une nuit la plus noire du monde. Pas facile de s’aventurer dans la ville qui semble aussi bruyant qu’un hiver en montagne. Rien, il n’y avait rien ni personne dans les ruelles. On ne peut entendre que le vent s’engouffrant dans la cité tel un voleur talentueux. Il passe partout sans crainte de se faire prendre la main dans le sac.
Tac, Tac, Tac.
Le cheval aussi noir que les fonds marins avance au pas et chacun d’eux résonne. Un bel animal plus grand, plus costaud que la moyenne et on comprend pourquoi lorsqu’on voit le cavalier mesurant plus de trois mètres. Une masse de muscle sur pattes balayant de son regard chaque recoin avec des yeux perçant voir terrifiant. Pour terminer ce fabuleux tableau nous ajoutons un aigle paisiblement posé sur l’épaule de l’homme.
Le long silence finit par s’interrompre lorsqu’on entend une petite discussion, les voix semblent augmenter de volume ou alors elles s’approchent simplement. Dans la grande ruelle a lieu une rencontre. Trois personnes vêtues d’uniforme de la marine ont la surprise de tomber nez à nez avec une montagne du nom de Feng. Effrayé comme s’ils ont vu la mort leur faire coucou, ils font plusieurs pas en arrière, l’un tente de prendre son fusil mais à cause de la peur il a du mal à le saisir. Le plus gradé d’entre eux veut montrer l’exemple et ajuste simplement ses vêtements. Il avance jusqu’à faire face au cavalier.
-Le couvre-feu a été décrété depuis deux jours depuis les derniers attentats. Toute personne dans les rues après vingt et une heures est considérée comme hors la loi. Alors je te laisse le choix. Tu peux me donner ta bourse qui semble bien remplie et on te laisse partir ou… Direction la prison.
La première intention qu’a donnée cet homme au montagnard était mauvaise, un simple bonhomme effrayer, mais finalement il montre qu’il a du courage ce qui lui donne un certain intérêt, bien que minime, mais il existe aux yeux jaunes du grand.
-Où puis-je avoir un repas chaud et un lit ?
-J’ai pas l’impression que tu comprennes ce qui se passe du con.
Le soldat prend son épée et la pointe vers le civil. Les deux autres prennent leur fusil et le mettent en joue.
-Ici c’est moi qui représente la loi. Tu vois cet uniforme, tu vois ces médailles ! Un seul mot de ma part et tu peux te retrouver avec une prime. Devenir un criminel chassé par des chasseurs de primes sanguinaires.
La tentative qui ne restera qu’une tentative pour effrayer le voyageur n’a semble-t-il pas le moindre effet. Alors pour la dernière fois Feng va montrer qu’en tant que leader il sait garder son sang-froid avant d’agir avec violence.
-Je viens de débarquer sur l’ile. Je ne connais pas vos règles... Alors une dernière fois, où puis-je avoir un repas chaud et un lit.
-Vous avez entendu, il vient de nous menacer là ?
-Ah oui j’ai bien entendu monsieur.
-Maintenant d’après la loi on est autorisé à agir contre une personne insultant notre uniforme.
-Tu penses qu’un simple vêtement t’offre un quelconque pouvoir sur moi ?
Insultant, c’est insultant. Le grand descend de son cheval mais reste à une hauteur bien au-delà de la moyenne. Les soldats reculent et l’un d’eux demande des renforts par escargophone. Ils ont voulu marcher sur une montagne, mais ont-ils les tripes de rester debout lorsque celle-ci vous démontre sa force.