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Hospice Zarov

Suite des événements joués ici.



***



Pas un sous-vêtement, pas une chaussette, on ne lui avait absolument rien laissé, il était littéralement à poil au milieu d'une forêt hostile pleine de créatures insoupçonnées. Mais il avait de la chance dans son malheur. La nuit était fraîche contrairement à la journée où les températures culminaient à trente cinq degrés, par conséquent, il mourrait peut-être de froid avant qu'une bête vicieuse ne vienne le dévorer.

Pour un forban de sa trempe, avoir traversé la moitié de la première partie de Grand Line relevait du miracle, rien d'étonnant à ce qu'il termine son parcourt, loin de tout et complètement nu. C'eut été une fin adéquate pour le cafard, seulement elle ne convenait pas vraiment à ce dernier. Se frictionnant les bras pour se réchauffer, il marchait avec peine dans la forêt. Le sol était jonché de branchages et autres ronces, rien de bien contraignant du moment qu'il avait ses bottes, mais un réel calvaire à traverser pieds nus.
Essayant de sautiller sur des parcelles de terre vierge de toute ronce, il ne parvint à retourner au niveau de la crypte qu'une fois les pieds ensanglantés. Joe alla se reposer sur les pierres lisses qui constituaient le sol du bâtiment. Un instant, il avait imaginé retourner fouiller les sépultures pour voler les vêtements des morts, mais il ne pouvait pu y entrer. Les araignées étaient revenues, il ne les avait pas repérées immédiatement du fait de l'obscurité nocturne, mais les entendant grouiller derrière lui, il trottina à nouveau dans la forêt, souffrant à nouveau le martyr à chaque pas dans les ronces.

N'étant doué pour bricoler que quand il s'agissait d'armes à feu, il se voyait mal se confectionner des chaussures à partir des matériaux de la forêt. Se saisissant d'un caillou à la pointe tranchante sur lequel il avait marché, il venait d'acquérir son couteau artisanal. Tremblez faune et autochtones de l'île maléfique, le forban nudiste a un caillou coupant pour se défendre.
Seulement, la première utilisation de son nouvel outil ne serait pas de nature génocidaire. Retrouvant la carcasse du tigre qu'il avait abattu peu après son arrivée sur l'île, il le dépeça à l'aide de sa pierre.

Par le passé, jamais il ne s'était adonné à ce travail qui nécessitait un savoir faire. Doué comme il était, il avait si mal charcuté la peau qu'il n'avait pu s'en faire qu'un pagne, le reste étant trop abîmé pour être porté. Néanmoins, en coupant les pieds de l'animal et en enlevant les os et la chair, il s'était confectionné des patins.
Le cafard avait fier allure avec son slip rayé et ses chaussures à coussinets, mais au moins, il n'avait plus mal aux pieds en marchant.

Passer son temps à dépecer la pauvre bête l'avait réchauffé à force d'efforts, et le soleil se levait enfin, apportant avec lui une chaleur bienvenue. Il se soucierait du problème du froid la nuit prochaine. En attendant il lui fallait trouver qui avait volé ses affaires.
Au moins maintenant, il savait que l'île était habitée.

- J'en tiens un Lucette !

Se tournant vers la voix qu'il venait d'entendre, un bruit de détonation vînt de cette direction. Une balle venait de s'écraser contre l'arbre situé à un mètre du forban. Effectivement, l'île n'était pas déserte, et les habitants semblaient hostiles.
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L'avait-on confondu avec un tigre pour tenter de le flinguer ainsi ? Joe doutait de cela. Ce n'était pas avec un pagne tigré et ses patins artisanaux qu'on le confondrait avec un fauve, surtout avec sa corpulence chétive. Néanmoins les balles continuaient de fuser en sa direction tandis qu'il courait les larmes aux yeux.

Ce n'était pas la volonté de hurler des insanités qui lui manquait, mais il ne voulait pas risquer de se faire plus facilement repérer pour leur faciliter la traque. Ses poursuivants n'étaient que deux. Si il n'avait pas pu exactement remarquer à quoi ils ressemblaient, il avait vu qu'ils ne ressemblaient pas à des hommes de Merry Fredcurry avec qui il était venu sur l'île.
Était-ce eux les autochtones ? Lui qui s'imaginait tomber sur le stéréotype du "bon sauvage", le fait qu'ils soient armés de fusils l'étonnait.
Après tout, la crypte qu'il avait visité était très ancienne, la civilisation locale avait eu le temps de pas mal évoluer depuis. N'ayant exploré qu'une très petite partie de l'île, il n'avait pas encore eu le plaisir de tomber sur une ville ou un village local.

- C'est surement ces fumiers qui m'ont piqué mes affaires !

Courir avec ses chaussons absurdes en pattes de tigre n'était pas une partie de plaisir. Pour autant, il lui semblait avoir semé ses poursuivants, cela faisait plus d'une minute qu'il n'avait pas entendu de coups de feu.
Joe se savait rapide, aguerri comme personne à la fuite, mais il trouvait étrange qu'il ait eu le temps de mettre plusieurs centaines de mètres dans la vue des chasseurs qui étaient après lui. Ne cherchant pas à connaître le pourquoi du comment du renoncement des chasseurs, il s'apprêtait à rajouter de la distance entre eux et lui. Toutefois, si ils étaient bel et bien ceux qui lui avaient volé ses affaires, il serait bien un jour ou l'autre amené à les retrouver.
Reprenant son souffle, il se décida à retourner sur ses pas, à pas de loup cette fois, ou en tout cas, à pas de tigre.

La moindre brindille qui craque pouvait lui être fatal, mais il était difficile de se mouvoir sans faire de bruit avec des chaussures comme les siennes. Les coussinets ne le rendaient pas plus discret.
Mais il devait se rapprocher d'eux. Ne serait-ce que pour leur prendre leur fusil, car ce n'était pas un malheureux caillou, aussi tranchant puisse t-il être, qui allait lui permettre de tenir le coup sur cette île.
Plus il progressait en direction de là où il était tombé sur ses chasseurs pour la première fois, plus il commençait à se poser des questions. Si ils étaient effectivement ceux qui lui avaient volé ses affaires, à quoi bon le laisser en vie à ce moment pour tenter de le tuer maintenant, ça n'avait pas de sens. Mais surtout, il repensait à ce que celui armé du fusil avait crié. "J'en tiens un". Un quoi au juste ? A moins d'être terriblement bigleux, on ne pouvait pas l'avoir confondu avec une bête sauvage. Peut-être les étrangers n'étaient-ils pas les bienvenus dans le coin. Après tout, la carte au trésor qu'il avait trouvé la veille appartenait à un étranger, et les tâches de sang sur le parchemin tendaient à indiquer qu'il avait été abattu.
Joe sourire aux lèvres repensait à sa carte au trésor, puis essuya peu à peu une moue dubitative.

- C'était où déjà qu'il est enterré ?

Jamais de sa vie sa mémoire ne lui avait fait défaut quand il s'agissait d'argent. Et pourtant, il avait oublié une information aussi capitale. Le fait de se cogner à un arbre avant de s'évanouir lui avait endommagé sa mémoire à court terme, toute la journée de la veille était remarquablement floue quand il y pensait.
Portant ses mains à ses cheveux qu'il tira à pleine poigne, il hurla de dépit :

- BORDEL J'AI PAUMÉ CE PUTAIN DE TRÉSOR !

Certes il y avait de quoi être contrarié, mais hurler comme un damné quand on était poursuivi par des chasseurs armés n'était pas une excellente idée. Son approche furtive tomba à l'eau. D'ailleurs, les chasseurs ne tardèrent pas à lui tomber dessus.

- Cette fois Lucette, on le tient !

La voix devait venir d'une dizaine de mètres aux alentours, mais le cafard ne savait où regarder précisément.

- Rayyyymond ! N'oublie pas ton chapeau, tu vas avoir un coup de soleil sur le crâne.


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Alors, bondissant comme un damné, un petit vieux surgit des branchages, fusil entre les mains une petite casquette sur la tête. Plus il en apprenait sur ses poursuivants, moins le forban comprenait ce qui se passait sur cette île de fous.


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 28 Mar 2016, 17:50, édité 1 fois
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Un coup de feu retentit, cette fois non plus ça n'était pas passé loin. Aussi âgé puisse être l'énergumène, il visait encore correctement. Eusse sa vue été quelque peu meilleure que le cafard aurait été abattu depuis un bon moment déjà.
Aussi bon tireur pouvait-il être, le contrecoup de la détonation avait manqué de le faire tomber à la renverse.

- Lucette amène moi l'autre fusil.

Ce qui se présentait comme sa femme s'approcha tel un gros culbuto, et lui apporta son deuxième fusil tandis qu'elle rechargeait celui avec lequel son époux venait de faire feu. Un qui tire, l'autre qui recharge. Joe avait eu le temps de voir comment le roulement était opéré. Déjà, il réfléchissait un un moyen de les attaquer profitant des lacunes d'un tel système.
Mais en attendant, il reprit sa course. Le couple devait être sénile selon lui, tenter de discuter, c'était s'exposer à un pruneau dans l'estomac.
Alors il s'enfuyait à nouveau. Cette fois au moins, il comprit pourquoi ils ne l'avaient pas rattrapé tantôt, ils étaient bien trop vieux pour tenir une course poursuite de plus de cent mètres. Ces informations suffirent au forban pour qu'il reprenne confiance à lui. Certes ils étaient armés, mais leur âge les empêchait de mener la chasse proprement. Et Dieu sait que la chasse au cafard faisait plus de veuves qu'aucune autre, la marine pouvait en témoigner.

Lucette et Raymond étaient un couple de retraités qui, il y a près de deux ans, étaient venus sur cette île pour passer leurs vacances. En ce temps là, une compagnie faisait monnayer le prix fort une forme de safari peu conventionnelle. Moyennant un bon prix, la compagnie offrait le tarif de chasse ADI pour All Dead Including.
En l'absence d'autorité sur l'île, le commerce était florissant, et les touristes fortunés venaient sur ces terres durant leurs temps de loisir pour chasser les autochtones. Les Saigneurs avaient mis fin à ce commerce en massacrant, comme à l'accoutumée, tout ce qui leur était tombé sous la main.
Mais le vieux couple, enfoncé profondément dans la forêt lors du drame, s'est retrouvé bloqué sur l'île. Alors, ils prirent la décision de passer leurs derniers jours ici. C'était en effet un joli bout de terre, mourir en ces lieux n'avait rien de gênant.
Très vite, Raymond, ancien charpentier du Royaume de Bliss, était parvenu à construire un abri. Cela faisait environ deux ans qu'ils habitaient en ces lieux, se nourrissant principalement de fruits.

Se trouvant plutôt au Sud de l'île, loin des populations autochtones qui elles habitaient plus au Nord-Est, rares étaient les occasions de chasser du sauvage. Mais parfois un imprudent passait par là et finissait comme trophée au mur de Raymond.

Tout cela, Joe l'ignorait. Si il avait su qu'une compagnie faisait payer des chasses à l'homme, cela aurait fait des années qu'il se serait engagé sur Grand Line afin de prendre part à une entreprise si lucrative.
Mais la compagnie n'était plus, et le cafard était considéré comme un sauvage par les deux chasseurs restant. Profiter de la misère des pauvres gens ne le gênait pas aussi longtemps qu'il était du bon côté du manche. C'était l'occasion pour lui d'expérimenter la souffrance des désoeuvrés.

Une fois encore, le forban les avait semé sans trop de mal. Cette fois, ils étaient ceux en mauvaise posture. A présent, Joe savait où ils vivaient, ayant aperçu une hutte derrière les feuilles quand Raymond était sortit de derrière celles-ci. Plus besoin de s'inquiéter du froid ou de quoi que ce soit d'autre, il aurait juste à se servir chez le brave couple de retraités, une fois que ceux-ci serait brutalement massacrés.
Se nourrissant des abondants fruits qui l'entouraient, le cafard n'avait plus qu'à attendre la tombée de la nuit pour cueillir les petits vieux dans leur sommeil. S'attaquer à des personnes âgées, de nuit, par surprise, pendant qu'elle étaient endormies, on pouvait qualifier une telle bassesse de crime Biutagueste.

Mais en attendant que le soleil ne vienne à se coucher, Joe ne trouva qu'à ruminer. Il se demandait comment diable il avait pu oublier où le trésor était enterré. Du mieux qu'il pouvait, il essayait de visualiser la carte qu'il avait brûlé pour que personne d'autre ne sache où elle était.

- Tu parles d'une bonne idée peuh !

Sa cupidité et son égoïsme lui avaient peut être coûté un trésor. Douce ironie du sort.
Assis sur un rocher recouvert de mousse, le forban se redressa vivement quand il entendit un bruissement derrière lui. Quelqu'un approchait.

- Chiasse je les ai sous estimé....!


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 28 Mar 2016, 17:59, édité 1 fois
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En tentant de s'enfuir, il avait chuté comme le dernier des idiots. Il n'était pas encore habitué à ses chaussons faits à partir de pattes de tigre. Sachant que se redresser revenait à s'exposer à un tir de Raymond, le courageux pirate décida de faire le mort.
Les bruits de pas se rapprochaient, le moment de vérité était pour bientôt. Si le vieillard se laissait prendre à la ruse et s'approchait suffisamment, Joe comptait bien le perforer de toutes parts avec son caillou tranchant.

- Mia !

Se redressant vivement, perplexe après avoir entendu ce bruit, le cafard se décida à regarder ce qui s'approchait de lui.

- Comment ça Mia ?

Une innocente boule de poil approchait. Un bébé tigre. La bête n'était pas farouche, s'approchant du cruel forban et se frottant contre lui en  miaulant ses petits cris ridicules. La bête ne lui était pas tombée dessus par hasard, et ça, Joe le savait.
Les animaux se reconnaissaient à l'odeur qu'ils dégageaient plus qu'à l'apparence. En portant sur lui, comme il l'avait fait, la peau de ce qui devait être la mère de ce tigre, ce dernier l'avait confondu avec sa mère et l'avait cherché pendant plus d'une journée entière.
Malheureusement pour lui, Joe traitait aussi bien les animaux qu'il n'entretenait de bons rapports avec le genre humain.

- Casse toi saleté.

D'un violent coup de pied, il projeta au loin le pauvre petit félin chétif qui s'envola en poussant un cri déchirant. Pour autant, il revînt à la charge quasi immédiatement, tournant autour du forban en miaulant.
Ce dernier saisit la bête par la peau du cou l'observant de part en part. Peut-être était-il attendri par cet animal si adorable.

- Mmmmh.... Ça ferait une jolie casquette.

Non. Jamais, au grand jamais le cafard n'était attendri par quoi que ce soit. Seule la fourure du bestiau l'intéressait. Mais avant de dépecer l'animal comme il avait fait avec sa mère, il stoppa sa respiration après qu'un sentiment glacial eut parcouru son épine dorsale. Quelque chose venait de chatouiller son tibia. Déglutissant, sans même un bref mouvement de tête, il porta son regard sur ses pieds. Une araignée de bonne taille avait escaladé ses chaussons en patte de tigre sans qu'il ne s'en aperçoive.
Au moindre mouvement mal interprété, l'arachnide pouvait mordre. Colorée comme elle était, l'araignée était très certainement venimeuse.

- Mia ! Mia !

Joe eut aimé assommer d'un coup de tête la petite bête qu'il tenait à bout de bras et qui s'agitait dangereusement, manquant de lui faire perdre son équilibre.. Sans faire de grands gestes, d'un bête mouvement du poignet, il envoya valdinguer l'animal pour qu'il cesse de le déranger. Désespéré, il marmonnait entre ses dents :

- T'approche pas saloperie de zèbre...

Mais la boule de poil était du genre retord. Non seulement il revînt vers le pirate qu'il considérait comme sa mère, mais en plus en galopant. Le choc était inévitable, Joe savait qu'il risquait de bouger tandis que l'infâme araignée l'escaladait doucement de ses pattes acérées. Toutefois, son parcourt se stoppa net, puisque le bébé tigre l'attrapa de sa gueule, la broyant de sa mâchoire. Les félins étaient en effet connus pour ne pas apprécier les araignées et autres insectes rampants.
Le cafard avait eu l'impression de perdre dix kilos en sueur tant il était passé près de la mort. Haletant comme si il venait de courir un marathon, il observait son sauveur qui sautillait partout autour de lui. N'étant pas du genre à ressentir de la gratitude ou quoi que ce soit de la sorte, le forban renonça néanmoins à transformer l'animal en couvre chef. Les espèces venimeuses devaient être légions dans une forêt aussi luxuriante, mieux valait garder la bête en vie encore quelques temps pour sa sécurité.
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- Ta gueeeeeeule !

Et à nouveau, Joe mit un violent coup de pied à son nouveau compagnon. Ce devait être la vingtième fois qu'il l'attaquait avec une telle véhémence. Cette manie qu'avait le bébé tigre à lui miauler après lui tapait sur les nerfs.
La pauvre bête saignait du nez et avait une côte cassée. Mais son instinct lui dictait que Joe était sa mère, et l'amenait à rester en sa compagnie. Triste spectacle qu'un animal innocent tabassé injustement par le dernier des salopards. Mais le dit salopard n'était pas du genre à traiter qui que ce soit avec douceur, surtout pas un animal qu'il considérait comme un simple outil pour se protéger des arachnides qui trainaient dans le coin.

- T'as faim saloperie ?! Hein t'as faim ?!

"Saloperie" semblait être le nom temporaire du bébé tigre. Se mettant sur la pointe des pieds, Joe se saisit d'une mangue qui pendait au dessus de lui et lui lança dessus.

- Bouffe et fais pas chier !

Il savait pourtant pertinemment que l'animal était carnivore, mais si les mange-cornes sur l'Île des animaux avaient pu survivre en mangeant des baies et de la pelouse, il estima que le petit animal pouvait bien faire un effort. Mais il n'était pas disposé à en faire autant. Afin de bien faire comprendre à Joe qu'il préférait de la viande, il le mordit au mollet sans trop enfoncer ses crocs insignifiants.
Apès avoir gueulé et pesté comme il se devait, c'est une succession de trois coups de pieds qui vinrent s'abattre sur la pauvre boule de poil.
Mine de rien, tabasser son compagnon de circonstance le fatigait.

- Tu veux de la viande chiasseux ?

Un autre surnom surement.

- Y'a de la viande de vioc qui t'attend au Sud, mais si tu passes ton temps à me suivre et faire du bruit, on n'arrivera jamais à les zoquer !

De rage, à cette idée, un autre violent coup de pied se fit retentir contre le frêle animal qui se cacha derrière le rocher plein de mousse, conscient d'avoir contrarié "sa mère". Tous deux n'avaient pas bougé de là où ils s'étaient rencontrés. Joe attendait que tombe la nuit, et pour rien au monde il ne serait parti à la chasse au gibier pour calmer la bête. Le soleil était bientôt entièrement couché.
Il n'avait pas renoncé à son plan d'assassinat des époux amateurs de chasse à l'homme, cependant, avec le tigre dans ses pattes, cela risquait de mettre à mal l'effet de surprise. Et il ne pouvait pas se permettre d'être repéré.

Mais après l'incident avec l'araignée, il n'était vraiment pas disposé à se passer de la bête, des frayeurs comme il en avait eu, il s'en passait très bien.
La pénombre gagnait peu à peu la forêt. Attendant qu'il soit environ minuit, pour être sur que les chasseurs soient endormis, il patientait en donnant des coups de pieds et en se gavant de fruits.

- C'est l'heure.


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 28 Mar 2016, 17:59, édité 1 fois
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La fréquence des miaulements de l'animal se firent plus rares. La pauvre bête devait commencer à être fatiguée. Depuis que Joe avait tué sa mère, il y avait fort à parier que l'animal n'avait rien mangé du tout, mais ça, le cafard s'en foutait allègrement. Selon lui, les bêtes sauvages devaient se nourrir par elles même, si elles en étaient incapables, elles crevaient, point final.

- Mi....

S'interrompant dans son petit cri, le regard exorbité et gorgé de sang que venait de lui adresser le forban avait suffit à le calmer. Enfin, après de multiples coups de pieds violents venus heurter son petit corps, le bébé tigre commençait à craindre sa nouvelle mère.
Tous deux s'approchaient de la hutte artisanale construite par Raymond. Elle était remarquablement bien bâtie, mieux qu'une maison standard qu'on pouvait trouver dans certains villages.

- Une baraque comme ça.... Doit y'avoir des trucs de valeur dedans.

Quitte à massacrer des personnes âgées, autant s'emparer de leur possessions, qui vole un sou vole un billet. Seulement, la demeure était "trop" sophistiquée par rapport à quoi il s'attendait. Sussurant enragé en constatant la composition de la porte, il pesta.

- Un putain de loquet ? Ils sont perdus au milieu de nulle part, où y'a pas le moindre signe de vie et ils mettent un loquet ?!

Le problème n'était pas de crocheter la serrure, mais de ne faire aucun bruit ce faisant. Pragmatique, et surtout feignant, il aurait bien aimé y mettre le feu. Mais si ses affaires étaient à l'intérieur comme il le pensait, cela risquerait d'être gênant.
Contournant prudemment la bâtisse, aucune autre entrée ne paraissait possible. Observant les fenêtres, le cafard se demanda si briser un carreau aurait été bruyant. Essayant de toucher la surface des vitres, sa mâchoire manqua de se décrocher. Toujours en marmonnant entre ses dents, il ne pouvait s'empêcher de ressentir le besoin irrésistible d'exprimer son mécontentement.

- Ils mettent un loquet à la porte et aucune vitre à la fenêtre ?!!

C'était en effet curieux que quelqu'un puisse faire soi même ses vitres au milieu d'une forêt perdue. Mais en observant que la porte était verrouillée, il en avait déduit que les fenêtres aussi étaient protégées. Il fallait croire que Raymond confectionnait des verrous plus par plaisir que par sécurité. Ainsi, le forban eut simplement besoin d'enjamber la fenêtre pour pénétrer la demeure. Le petit tigre bondit pour le rejoindre. Sa chute, en dépit de la présence de coussinets sous ses pattes, fut particulièrement lourde.
Tremblant, le cafard se contenta de prendre une bouffée d'air, se retenant de hurler après la bête qui s'en allait maintenant pisser au beau milieu de ce qui semblait être le salon. Frapper l'animal revenait à lui faire pousser un cri, aussi, Joe avait les mains liées.

Sortant sa pierre tranchante de son pagne, où l'outil avait erraflé son charnu à plus d'une reprise, le pirate partait à la recherche de la chambre des deux époux pour les crever comme il se devait. Pataugeant dans la pisse, il étouffa un nouveau cri de fureur. Le bébé tigre allait douiller une fois qu'ils seraient sortis d'ici.
Enfin, Joe trouva la chambre. Il n'avait eu aucun mal à la trouver, il lui avait suffit de suivre le bruit des ronflements.

Sur le lit, Raymond dormait son fusil entre les mains. Ce n'était décidément pas un rigolo. Qu'à cela ne tienne, Joe le tuerait en premier. Il avait pour principe de suivre le précepte "Les dames d'abord", mais il ferait entorse à ses règles de galanterie pour cette fois.
Galopant entre ses jambes, la boule de poil sauta sur le torse du vieux et lui mordit le nez. Cela faisait longtemps que la bête avait faim, et de la chair entreposée ainsi semblait constituer un repas de choix.

Surpris et surtout en colère, Raymond bondit du lit fusil en mains après avoir envoyé voler l'animal. En face de lui, un individu en pagne tigré, un caillou tranchant dans la main se trouvait au milieu de la chambre à coucher.

- Je vais crever cette bestiole même si c'est la dernière chose qu'il me soit donné de faire en ce bas monde.

Et vu comme la situation se présentait, il était en effet probable que ce soit ainsi que se termine son périple. Abattu par un vieillard sénile au beau milieu de nulle part sur Grand Line. Joli programme en perspective.

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Plongeant sur le côté pour éviter le tir, il évita la mort de peu. Autrement, la balle se serait cette fois logée dans sa tête.

- Lucette, passe moi l'autre fusil et recharge celui là !

La femme du chasseur n'était pas totalement réveillée qu'on lui envoyait un fusil sur la bedaine. Sortie de son sommeil par le coup de feu, Lucette ne comprenait pas trop ce qui était en train de se passer. Ce court instant s'hésitation, c'était le laps de temps nécessaire pour que le cafard puisse abattre ses cartes.
Cette fois, il n'était pas question de fuir. Se relevant avec peine, il se rua sur le brave Raymond, lui enfonçant sa pierre taillée dans la peau, l'ouvrant de l'aine à la gorge. Ce dernier, dans un sursaut chercha à sortir du lit. Ses organes quittèrent alors sa panse, et ses tripes se répandirent à même le sol dans un "sploush" écoeurant.

Si Lucette n'avait jusque là pas saisit ce qui était en train de se passer, voir son mari vidé comme une carpe fut un indice de la gravité de la situation. Elle s'empara du fusil qu'elle gardait à côté de son lit. Joe chercha à en profiter pour la charcuter à son tour, mais glissa sur ce qui devait être l'intestin ou le gros colon de Raymond. Perdant ainsi l'équilibre, le forban se rattrapa contre le matelas, mais il était trop tard, la petite vieille le pointait à bout portant du canon de son arme.
Devant ce qui s'annonçait comme une mort inévitable, Joe devait réfléchir à ses derniers mots. Ricanant dans un rictus macabre, il venait de trouver une réplique qui lui allait bien.

- J'aimerais pas être celui qui va nettoyer ce merdier hahahahaha !

Des paroles minables venant d'un homme qui l'était tout autant. La frénésie le rendait euphorique, mais il était mort de trouille à l'idée de disparaître de ce monde. Lucette pressa la détente.

Ayant fermé les yeux face à la mort qui se présentait sous la forme d'une balle de plomb, le cafard était en vie. Ouvrant les yeux craintif, de peur de n'apercevoir que les flammes de l'enfer, c'est une vision plus réjouissante qui s'annonçait devant son regard.
Le bébé tigre avait sauté à la gorge de la vieille femme, qui, surprise par la douleur, avait dévié la trajectoire de son fusil. Cette fois, personne ne serait là pour recharger les deux armes qui étaient à présent aussi vides que le cadavre du chasseur.

Délicatement, un sourire vicié au visage, et des yeux de fous pour orner le tout, l'infâme pirate plaça sa pierre taillée sous la gorge de la vieille femme d'où s'était décroché n'animal.

- Faut qu'on parle Lucette....

La pauvre vieille était tétanisée. Devant le comportement odieux de son agresseur, elle ne tarda pas à comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un indigène, mais d'un pirate, et pas un sympathique.
Joe la questionna afin de connaître tout ce qu'il y avait à savoir sur l'île. La compagnie de chasse à l'homme détruite, la présence d'autochtones qui étaient méfiants vis à vis des étrangers. Tout. Tandis qu'elle répondait à l'injonction du forban, le bébé tigre se régalait à même les tripes fumantes et odorantes du pauvre Raymond.

- Dernière question. Est-ce que tu as entendu parler d'un trésor ?

Fronçant les sourcils, Lucette n'avait jamais entendu parler de quoi que ce soit se rapportant à un trésor sur cette île et le lui fit savoir.

- Dans ce cas.... J'ai aucune raison de te laisser en vie hinhin...

La boule de poil était repue, s'allongeant dans la flaque de sang qui s'était étendue tout le long de la pièce, l'animal regardait Joe percer la malheureuse vieillarde de part en part. Cette dernière mis un long moment avant de mourir, poussant des longs râles d'agonie. Dire qu'elle et son mari escomptaient entreprendre une retraite dorée sur cette île loin du monde, sans doute avaient-ils oubliés que sur Grand Line, on ne trouvait pas le répit aussi longtemps que les pirates naviguaient.
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