Suite des événements joués ici.
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Toussant comme si il allait étouffer, Joe avait eu l'excellente idée d'allumer un feu dans la crypte souterraine. Bien entendu, il ne s'adonnait pas à la crémation de tous ceux qu'il venait de tuer, cela lui aurait pris trop de temps. Cependant, s'étant saisi d'un ustensile pour allumer un feu, cramant les vêtements de plusieurs de ses victimes, le forban faisait cuire de la viande.
- Arrête de pousser des cris saloperies, je t'ai dit que tu mangerais pas tant que ça sera pas cuit !
Puisqu'il s'était fait voler les phacochères qu'il avait chassé la veille, il devait trouver un plat de substitution pour le petit tigre qui l'accompagnait et miaulait à la mort tant il avait faim. C'était la deuxième fois que Joe lui servait de la chair humaine.
Cette fois, elle était issue des indigènes. De peur que la bête ne s'empoisonne en mangeant du sauvage, le cafard avait préféré faire cuire les muscles qu'il avait arraché à certains autochtones plutôt que de lui servir de la chair crue. Bien évidemment, le pirate vicieux n'avait pas réfléchi aux méfaits occasionnés en allumant un feu dans un endroit clos.
- Heuurk Heurk C'est prêt ! Heurk heurk !
Enfonçant son nez dans sa parka pour ne pas avoir à respirer la fumée toxique, il envoya d'un revers de la main un morceau de chair braisée. Dubitatif, la boule de poil hésita à y planter ses crocs, puis, la faim aidant, céda.
Il fallait croire que l'animal aimait la cuisson, puisqu'il dévora l'épais morceau de viande qu'on lui avait servi. Emballant d'autres morceaux cuits dans un des vêtements de sauvage qu'il rangea dans son manteau, le cafard estima qu'il était temps de quitter sa planque. Casser de l'autochtone c'était amusant une heure ou deux, mais ça devenait vite exténuant et surtout coûteux.
Tout en fouillant les poches de son manteau, il cherchait à réunir les munitions pour mousquet qu'il lui restait. Une vingtaine environ. Tout en palpant chaque recoin de son épais habit, il trouva la recette simplifiée des Muggy Balls. Avec tous les troubles qui lui étaient tombés dessus ces derniers temps, il en avait oublié jusqu'à son existence.
La contemplant d'un regard inattentif, ses yeux restèrent rivés sur le papier.
- Mais... Cette plante là, je l'ai déjà vue, et... et celle-ci aussi ! Pis celle là ! Putain !
Un sourire nerveux, légèrement tremblant, il venait de comprendre la nature environnante était plus prometteuse qu'il ne le croyait. On y trouvait des fruits d'étés et des fruits d'automnes, une flore on ne peut plus variée. Tous les ingrédients nécessaires à la fabrication de la Muggy Ball étaient présents sur cette île qui était un vivier à ressources naturelles.
- Ahah ! Ce con de Fredcurry attendra, j'ai des besoins plus pressants !
Le pauvre Merry Fredcurry, avec qui il était arrivé sur l'île, croupissait dans une prison en bambous depuis presque cinq jours maintenant. Joe avait eu dans l'idée de le libérer, il avait besoin de lui et ses hommes restants pour naviguer loin d'ici. Mais l'idée de concevoir les fameuses Muggy Balls du capitaine Buggy était trop tentante.
- De toutes manières, le Log Pose met trente jours à se recharger sur l'île, on a tooouuus le temps du monde !
Pendant ce temps, les captifs avec lesquels il comptait faire le trajet du retour se faisaient tabasser par les indigènes qui voulaient savoir où trouver le cafard. Cela, le forban l'ignorait. Quand bien même il l'aurait su, il n'en aurait rien eu à faire.
Manquant vraiment de s'étouffer pour le coup, Joe éteignit le feu qu'il avait allumé en espace clos. Avant de partir à la chasse aux champignons et autres plantes suspectes, il lui fallait récupérer ses munitions. Quand on était aussi radin que lui, il n'y avait pas de petite économie.
L'heure qui suivit, il la passa à extraire ses munitions du crâne des guerriers qu'il avait abattu. Les mains recouvertes de cervelle et autres fluides sanglants, il était fin prêt à sortir de la crypte souterraine et partir à l'aventure. Dehors, le cafard vît qu'il faisait nuit. Déjà, sa cinquième journée sur cette île s'achevait. Plutôt que de récolter des ingrédients dans l'obscurité, il préféra retourner là où se trouvait la demeure de Lucette et Raymond. Si ils avaient pu passer inaperçus des indigènes pendant des années, ce devait être une bonne planque.
Seulement, contrairement au couple, Joe avait tué trente indigènes, et Bouba Ho Tep avait été recueillir les renforts des tribus sur les plages de l'île pour chasser le cafard. Aussi vaste puisse être l'île, chaque recoin était à présent ratissé par ses habitants. Le mot d'ordre était clair : le pirate devait mourir.
Dernière édition par Joe Biutag le Jeu 31 Mar 2016 - 19:44, édité 1 fois