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La facilité n'absout pas les péchés

Ah, Karakuri ... Enfin !

Quand j’ai aperçu l’île-tortue, j’étais au bord de la crise de nerf, prêt à déraper à tout moment.
Un long mois s’était déroulé depuis la fin de la douloureuse mission à Bulgemore et je l’avais passé à enchaîner les missions ennuyeuses et sans importance en attendant que les dirigeants du Cipher Pol veulent bien statuer sur mon dossier. Cela leur permettait de me garder sous le coude sans que je ne fasse de vague, mais l’attente était intenable. Les cigarettes que j’ai fumé et le café que j’ai bu pendant cette période se comptent en paquets et en cafetières.

Un long mois s’était déroulé depuis la fin de cette fameuse foutue mission à Bulgemore et j’en avais encore des séquelles. Et rien n’allait en s’arrangeant.
Je pensais que l’île cybernétique gelée allait être mon paradis, mais elle s’est révélée infernale. Pourtant, je suis un Boréalin devenu cyborg, et donc tout était fait pour me plaire, non ? Et puis j’ai toujours eu un le contrôle sur ma tête ou mes nerfs, j’ai toujours maîtriser et garder mon sang froid bien que j’ai pu commettre peut être quelques inconsciences par le passé pour éviter qu’un criminel ne m’échappe, mais ... en réalité, Bulgemore allait me soumettre à de bien rudes épreuves ...

Je devais y aller pour traquer un agent double au sein de la Brigade scientifique, en solitaire avec ma supérieure. Finalement, nous sommes partis avec la 20 d’élite dont certains gardés qui étaient bien plus que ce qu’ils ne voulaient laisser paraître. Et puis la collaboration a fait quelques étincelles mais ce n’était que le début de mes soucis.
La mission s’est éternisée, on a été confronté à une pression énorme, nous avons chassé des animaux-cyborgs, des révolutionnaires et même une intelligence artificielle qui fabriquait des robots ...
Sans compter que l’agent double n’était pas celui que nous croyions être. Nous l’avons su qu’après notre petite excursion dans les laboratoires ... Donc la mission était loin d’être accomplie et elle recommençait même avec une mise en garde à vue limitée dans le temps. Et assembler des preuves était chronophage. Presque mortel si je n’avais pas encaissé un coup critique pour sauver ma supérieure, débordée par l'ennemi, qui au final a crié à l’inconscience ...

Une fois les preuves dénichées, il fallait revenir chercher l’accusé ... mais c’était trop tard. La garde à vue était terminée, il avait pu retourner s’enfoncer dans les laboratoires.
Nouvelle excursion, sauf d’avant d’y pénétrer, nous avons été pris dans un blizzard et dans une embuscade. Une fois ses défis bravés, nous sommes descendus une nouvelle fois dans les laboratoires, enfin, mais la fatigue et l’énervement de courir après un agent double provoquant et fuyant nous rongeait. Alors une fois ses embûches presque mortelles surmontées, je pouvais enfin mettre la main dessus ...
J’ai toujours été exemplaire parce qu’on me l’avait demandé, mais tout cela ne m’avait valu que des dangers supplémentaires avec à chaque fois le risque de passer l’arme à gauche pour simplement arrêter un pourri de la bonne façon.
Avec ce que j’avais accumulé comme fatigue, comme frustration et comme énervement durant ces quelques jours, j’ai complètement laissé libre court à ma colère quand j’avais enfin ce pourri entre les mains.
C’est ma supérieure qui m’a revenir à moi. Au bon moment ... Je l’avais effrayée mais pire : moi-même je m’étais fait peur. Alors forcément, ce coup de sang devait figurer dans le dossier. Je le savais et l’avais accepté facilement. Je m’étais proposé de mon propre chef de me reculer dans un havre de paix pour repenser à tout ça. Au Temple de la Plénitude par exemple, sur Karakuri ...

Mais si les dirigeants de mon département ont aussitôt reçu mon dossier, ils ne l’ont pas complètement traité sur le moment. Ils ont attendu un mois avant de le faire. Et en attendant, ils m’ont envoyé enchaîner des missions ennuyeuses et sans envergure. Ce qui m’agaçait encore plus.
Je ruminais sans cesse de sombres pensées. A quoi bon utiliser des manières exemplaires contre les pourris si c’est pour risquer encore plus inutilement sa vie ? Pour éviter de les choquer ? Oh, les pauvres petits ... Pourtant, quand il s’agissait de faire dans légalement douteux, ils ne s’en privaient pas ! Pour se différencier d’eux ? Ce ne sont pas les “mauvaises manières” qui font les pourris ...

Ceux qui ont eu la chance de travailler pour l’ordre mondial et qui l’ont trahi devraient être traités de la manière forte. Tout comme ceux qui n’ont jamais été du bon côté.
Ils ont eu leur chance. Ils l’ont gaspillé. Ils n’ont que ce qu’ils méritent.
Je ne comprends pas qu’il faille être exemplaire quand on chasse les traîtres. Autant utiliser les mêmes armes qu’eux, nous avons l’avantage d’être dans le bon camp, et ça, cela fait toute la différence entre eux et nous.

Mais pour eux, ce n’est que du zèle et de la sauvagerie. Et me faire expressément attendre un mois à pestiférer dans mes missions de bas étage pour me faire comprendre mes erreurs, ce n’est pas de sadisme peut être ? Et le sadisme, ce n’est pas une arme déloyale ? Surtout si c’est pour me forcer à aller ... là où je voulais aller dès le début !

Alors quand enfin Karakuri apparaît devant mes yeux, je n’y vais plus pour chercher à apprendre à me contrôler, mais pour oublier tous ça, tous ces évènements récents et surtout eux. Et si je dois apprendre à me calmer, c’est vis à vis de leur comportement à mon égard.

Et passez une bonne semaine ! Vous allez voir : le calme, le vert, l’introspection ... Tout ça, ça va vous faire du bien.

C’était le capitaine du bateau du Gouvernement mondial qui m’a déposé sur l’île-tortue. Je ne prends pas la peine de répondre à ce ton condescendant et me contente uniquement de poser le pied sur la terre ferme extraordinaire.
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Si la police locale a bien et bel voulu faire accoster le navire du Gouvernement Mondial au port de l’île, cette dernière étant indépendante et neutre, à ma descente, bagages en main, deux officiers dans leurs uniformes gris m’ont tout de même arrêté.

D’après votre navire, j’en déduis que vous êtes un Agent du Gouvernement ...

Perspicace le petit père. Et en même temps, je ne peux m’empêcher de sourire intérieurement. Aux vues des derniers évènements, je trouve l’ironie délicieusement acidulée.

On peut dire ça ...
Vous venez une nouvelle fois nous demander notre ralliement ? Ca faisait longtemps ... Mais sachez que dans ce cas, vous pouvez dés à présent repartir d’où vous venez : la négative est toujours à l’ordre du jour.

Pas si neutre que ça, la grande tortue finalement, hein ? Mais qu’importe, je ne suis pas là chercher des ennuis.

Vous vous méprenez, je souhaiterai uniquement me rendre au Monastère.

J’ai senti chez ces deux officiers comme un instant de ... malaise. Ou d’interrogation dans toute leur perplexité. Avant de se dire qu’agent du gouvernement ne devait pas être de tout repos, et qu’un petit séjour parmi les moines du Temples de la Plénitude ne pouvait que faire le plus grand bien.
Et comme pour affirmer mes dires, le navire du Gouvernement Mondial reprend la mer.

Je, euh ... Veuillez m’excuser. Remontez le chemin à la sortie nord du port, il vous mènera au village. Ensuite, c’est encore au nord, vous n’aurez qu’à suivre les indications.
Bien, je vous remercie.
Passez une bonne journée et bon séjour !
Merci, bonne journée à vous aussi.

Et nous nous quittons. Je peux enfin arpenter le chemin menant au village et m’émerveiller. L’exotisme de l’île a pulvérisé momentanément mes idées noires, et j’en viens à me demander comment est-ce que tout un écosystème a pu se développer sur la carapace d’une tortue. Est-elle devenue fertile à force de nager sous l'eau ? C’est quand même formidable !
Si Grand Line est la route de tous les périls, c’est également la route de toutes les surprises, qu’elles soient agréables ou non. Et celle-ci l’est ! Ca fait bizarre de voir le décor défiler alors qu’on statique ... Le bruit des nageoires qui plongent et progressent dans l’eau bordent l’île toute entière dans un ruissellement d’eau perpétuel et rythmé. Quel cadre idéal !

Au bout d’une dizaine de minutes, j’arrive enfin au village qui est en effervescence. C’est jour de marché et la rue principale est recouvertes d’étals. Les marchands vendent à qui mieux mieux en s'époumonant. Toutes ces odeurs et tous ces produits frais ! J’en suis déjà presque revigoré bien que côtoyer la populace n’a jamais été mon fort. Mais il faut croire que la liesse est contagieuse. Coincé dans mon costume trois pièces et mon bagage, je fais presque tâche.

Une femme un peu forte, la cinquantaine, vêtue d’une vieille robe et d’un gilet, se présente à moi avec un plateau et me sourit radieusement.

Bonjour, jeune homme !
Bonjour !
Vous voulez goûter notre spécialité ?
Qu’est ce que c’est ?
Le hareng fumé au bambou ! Il a été pêché ce matin même, mon mari l’a préparé, et je l’ai fumé avec des tiges de bambou !
Hmm, pourquoi pas ... On va se laisser tenter ...

Mais qu’est ce qu’il m’arrive ? En temps normal, j’aurais poliment refusé, légèrement irrité ... Me sachant une proie idéale à qui refourguer tout un tas de souvenirs !

Alors allez-y ! Goutez !

Elle me tend le plateau avec insistance, j’ose saisir un morceau de filet de hareng entre mes deux doigts avant de le porter à la bouche et le déguster. L’instant que mes papilles me donnent leur jugement, je regarde par dessus de mon interlocutrice, l’air pensif, quand soudain, le verdict tombe !

Mais c’est délicieux !
N’est ce pas ? Vous désirez en prendre ?

Bien sûr, je n’étais pas dupe. Je savais que cette offre n’était pas purement gratuite. Mais ...

Il y a encore du chemin pour se rendre au Temple ?
Oh ! Vous venez vous ressourcer ? Je me serais douté que vous seriez un touriste, mais certains restent dans le village pour profiter de la bonne humeur générale. Mais du coup, le Monastère ... La route jusqu’au désert de rocs est assez courte, elle traverse la Forêt de Jade, mais c’est l’ascension au sommet qui est longue et périlleuse ... Vous voulez donc que je vous fasse un petit paquet pour manger en chemin ?
Bien volontiers !
Parfait !

Elle tourne la tête et se met à beugler “MARCEL !”. Je plisse les yeux sous la gueulante qui me vrille les tympans, et je recule la tête.

UN PLATEAU DE RIZ, SIX FILETS ET DES POUSSES DE BAMBOUS !

Elle se retourne vers moi avec le sourire, et est amusée de ma grimace.

C'est qu'il faut du coffre quand on est marchand !

J'acquiesce timidement et je plains son mari, qui ressemble à un morse à moustache, si elle beugle comme ça tous les jours ... Mais peut être qu’il a développé de la corne autour de ses tympans pour le protéger des agressions sonores ...

800 berries s’il vous plait !

Je cherche dans la poche intérieure de mon trench et lui donne un billet de 1000 berries.

Gardez la monnaie.
Merci beaucoup, jeune homme ! Bien aimable !
Ce n’est rien ... Par contre, dites-moi, le Temple, c’est par où ?
Suivez la grand rue, vous pouvez pas vous tromper ! Bonne journée à vous !
Merci, de même !

Et je repars l’esprit ... léger ? Je ne peux m’étonner d’être comme ça ... Peut être que c’est ma rousse de cheffe qui me déteint dessus ... M’enfin, ce n’est pas très grave, ça ne fait de mal à personne.
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J’avale d’un bon pas la distance qui me sépare de cette Forêt de Jade, mon repas sous le bras. Bien sûr, comme je l’avais pressenti, je me fais arrêter tout les deux mètres pour que je puisse découvrir des choses soit disant les plus extraordinaires les unes que les autres. Mais il y a une limite à tout, et je décline gentiment les offres en précisant aimablement que je me rends au monastère, ce que les gens comprennent en arrêtant d’insister.
Du coup, c’est plutôt agréable et j’arrive à garder mon calme.

Au bout d’une petite demi-heure, j’arrive enfin à la porte du village. C’est une immense porte rouge ornée de gravures dorées avec une arche finement sculptée. Derrière elle se dresse une splendide forêt de bambous assez dense. C’est tout bonnement magnifique ! Elle est fermée et gardée par deux policiers dans les mêmes uniformes gris que ceux que j’ai rencontré au port. Je m’en vais donc les accoster.

Bonjour messieurs, excusez-moi de vous déranger, j’aimerai me rendre au Temple de la Plénitude s’il vous plait.
Bonjour. Bien sûr, mais avant toute chose, nous devons vous prévenir des quelques règles de bonne conduite qui s’imposent dans la Forêt de Jade.
Je vous écoute.
Pour votre survie, malgré le fait que je décèle dans vos yeux une âme d’aventurier qui a fort bourlingué, je vous déconseille de vous écarter du chemin tout tracé.
En effet, la Forêt de Jade est peuplée d’animaux sauvages -dont des tigres- et connaît un équilibre parfait mais très délicat maintenu par une équipe de forestiers qui veille à la sécurité des personnes pénétrant dans cette zone verte. Veillez à protéger un maximum cette nature fragile, au nom des habitants de Karakuri.
Entendu.
Si toutefois, vous désirez cueillir quelque chose pour garder un souvenir de votre passage, demandez plutôt à des forestiers que vous croiserez certainement sur votre chemin.
Je vous remercie, mais je ne suis pas de ce genre de touriste là vous savez ...
Nous n’en pensons pas moins, mais nous avons déjà eu à faire avec de mauvaises surprises. D’où ces mesures nécessaires pour préserver la Forêt de Jade.
Je comprends.

L’homme de gauche sort un escargophone de sa poche et appelle visiblement quelqu’un.

Oui ?
Nous envoyons un homme, seul.
Très bien.

Il range son Den Den, les deux collègues se regardent mutuellement et acquiescent.

Bon séjour monsieur.
Merci à vous, bonne journée !

La double porte cède, poussée par les deux miliciens et j’en prends plein la vue ... le nez ! Le vent s’engouffre avant moi, dans le sens inverse du mien rapporte avec lui mille et une senteur végétale, florale, et fraîche. Qu’est ce que c’est agréable !
La différence entre la ville avec ses bâtisses en pierre et ses quartiers résidentiels à l’ouest et cette forêt est choquante ! Nul ne pourrait s’imaginer que les deux puissent se côtoyer, séparés d’une double porte en bois !

Enfin, je fais les premiers pas sur ce petit chemin de terre qui serpente allègrement dans le petit relief boisé. Des bambous à perte de vue qui défient en hauteur les quelques arbres majestueux que seuls les cieux, les nuages et le soleil dominent ! Devant moi, que du vert et des petites touches de couleur ici et là ! Des papillons virevoltent gaiement, des fruits qui me sont inconnus poussent librement ...
S’il est facile de croire que cet endroit est fragile, il est difficile de croire qu’il est dangereux !

La douce et agréable surprise passée, je reprends mon chemin non sans manquer de m’émerveiller. J’entends la lourde double porte en bois se refermer derrière moi mais je n’y prête aucune attention. Comment des gens peuvent fouler cet endroit magique et se permettre de le souiller ? C’est inconcevable ! Par contre, ce qui est concevable mais impossible (donc inconcevable me direz-vous), c’est d’imaginer une petite maisonnette pour s’implanter ici.

Le premier virage passé, j’aperçois un petit écriteau. “La passe de la Harpe du Lion doré”. Les énigmes étrangères me laissent un peu de marbre. J’essaie de chercher un peu quand même mais je ne trouve rien dans ce splendide paysage qui me fasse penser à une harpe appartenant à un éventuel lion doré ... Quand soudain le nuage cachant le soleil se pousse lentement ... Le paysage assombri dévoile soudain son instrument de musique comme si cet animal doré jouait devant moi. Le rayons du soleil, resplendissant sur son trône drapé de bleu clair, filtrent à travers les bambous comme autant de cordes d’une harpe.

Tout simplement époustouflant !

Et des petites pancartes désignant des lieux aux noms à rallonge, il y en a tout le long de ce sentier que j’apprécie arpenter. J’ai bien vu également quelques forestiers qui me surveillaient, mais ils se tenaient à l’écart pour ne pas briser la magie environnante qui m’envahissait. J’en avais complètement oublié la raison de ma venue sur cette féérique île-tortue au climat doux et agréable.

Au bout de deux bonnes heures de marche, la Forêt de Jade n’est plus aussi dense en dehors du sentier. Je comprends donc que j’arrive au bout de ma divine promenade. Et la vision de cette lourde porte rouge similaire à celle du village me donne raison. Et derrière ne dresse pas de la verdure mais d’énormes rocs comme autant de colosses dominant ce qui était caché derrière.

Mais cette fois-ci, ce n’est pas un milicien qui garde la porte, je devine grâce à ses vêtements que c’est un forestier. En me voyant arrivé, il m’adresse un large sourire.

Bonjour ! La ballade a été bonne ?
A couper le souffle vous voulez dire ?!

Il rit de bon coeur.

Et dites vous que c’est chaque jour le même émerveillement pour moi qui y travaille durement.
Eh bien ... je vous envie !
Je me doute bien, héhé. Nous ne sommes que peu au monde à avoir ce privilège. Et je parle pour les sites dont la beauté égale notre Forêt de Jade !

Il ne dit plus rien et me laisse approcher.

C’est vous qui désirez faire un petit pèlerinage au Temple de la Plénitude, c’est bien ça ?
C’est exact ...
Bienvenue alors !

Aussitôt il pousse un des battants et j’aperçois un petit désert rocheux où un immense temple blanc, rouge et or trône loin dans les hauteurs d’un amas de pierre et de calcaire.
Je ne peux m’empêcher de m’adresser au forestier.

Et des surprises comme celles là, vous en avez d’autres ? Hahaha !
Allez savoir ! Il n’y a qu’en explorant que vous saurez !

Je prends le temps d’admirer ce nouveau paysage au charme rude et sauvage.

Et bé ! J’ai l’impression que chaque immense porte qui s’ouvre est comme une nouvelle page d’une encyclopédie de géographie, avec de nouveaux paysages différents mais aussi magnifiques les uns que les autres ...
Héhéhé, bonne ascension ! Faites attention, le chemin est encore très long et très tortueux. Je vous conseille de vous économiser pour la suite ...

J’essaie de me rendre compte des propos du forestiers.

Compris, je verrai attention. Merci à vous et bonne journée.

Il referme la porte derrière moi. Me voilà seul avec ces géants de pierre à braver ...
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Je m’éloigne un peu de la grande double porte rouge pour rejoindre à une centaine de mètre ce chemin qui m’attend et me sépare du monastère. Alors je juge bon de manger mon repas encore un peu tiède maintenant, avant de gravir ce semblant de montagne, qui relève plus en réalité de l’amas rocheux et calcaire. Il n’est pas très haut, mais le chemin est en pente douce, donc fait plusieurs fois le tour de cette petite colline rocheuse.

Et pour cela, je m’assois sur une grosse pierre bien ronde qui, comme le reste autour d’elle, est recouverte de mousse, et qui ... s’avère molle quand mon derrière se pose dessus. Cela me surprend un peu mais après avoir gigoté quelques secondes dessus pour trouver une assise correcte, je la trouve, ma foi, plutôt confortable.

On sent que le riz a cuit dans un bouillon d’aromates, et il est en plus de ça légèrement salé, juste ce qu’il faut. Je ne savais pas que les pousses de bambou étaient comestibles, même si je me doute que ce ne sont pas toutes les espèces qui doivent l’être. Je m’attendais à quelque chose de filandreux mais c’est en réalité très frais, croquant et juteux. Un agréable découverte en somme. Mais le fin du fin, ça reste quand même ces sashimis de hareng fumé au bambou !

Une fois mon délicieux repas fini, je me dis qu’il faut que je me remette en route mais avec une idée derrière la tête.

Je suppose que cela sera plus rapide et moins fatigant à coups de Geppou ...

J’en parle à voix haute comme si j’attendais une éventuelle réponse. Ou comme si je tentais de m’en convaincre ... et plutôt avec succès d’ailleurs puis dans la seconde qui suit, je me relève et ...

La facilité n’absout pas les péchés.

Je m’arrête dans mon élan. Je rêve ou quelqu’un vient de parler ? De me parler ! Je tourne la tête dans tous les sens, personne. Rien n’a changé d’ailleurs.
Quand soudain la mousse sur la grosse pierre se morcelle et la pierre se met à se mouvoir !

Qu-Qu-Qu’est ce qu...

Ce que j’ai pris pour des racines ne sont en réalité que les membres d’un énorme moine chauve qui est en train de se relever sous mon regard ahuri !

Houmf ! Elle était longue cette gueule de bois ...

Le moine dodu au visage débonnaire et au sourire niais titube un peu avant de s’ébrouer. Je reste sans voix ...

Vous allez au Temple de la Plénitude j’imagine ... Je crois que je vais peiner autant que vous pour franchir l’Escalier aux dix mille marches ...

Je retrouve enfin l’usage de la parole ...

D-Dix mille marches ?
Oui. Environ. Mais ce sont des petites marches. Et puis certaines d’entre elles sont cassées ...

Le molosse bien en chair s’étire comme sa corpulence ne le gênait en rien.

Il y a six étapes à passer, et ce sont les six états par lequel passe le pèlerin pour arriver au sommet et atteindre notre monastère.
Bien aimable à vous, mais je crois que je vais préférer la voix des airs !

Le moine obèse fait craquer ses os.

Je ne pense pas non. Oubliez qui vous êtes, et restez humble devant le roc. Vous n’êtes qu’un homme, et quand bien même les violentes bourrasques le fouettent de toute leur fureur, il reste là et tient bon.

Je vois que je n’ai pas trop le choix ... Et puis au fond, je préfère suivre leurs coutumes sans m’attirer d’ennuis. Je suis là pour cela de toute de façon.

Guro Bidu, enchanté.

Le moine gras s’incline poliment devant moi.

Veuillez m’excuser ...

Je m’incline humblement à mon tour.

Björn Skullson, enchanté.
Parfait “Björn Skullson”, vous êtes prêt à relever notre premier défi ?
Et comment !
Alors nous sommes partis.

Il prend les devants, et pour un bonhomme de sa taille, il est plutôt rapide. Nous arrivons devant l’Escalier aux dix mille marches où est planté une panneau. “La détermination”. C’est vrai qu’il en faut pour arriver au bout de ce dernier obstacle. Mais mon compagnon ne m’attend pas et commençons notre progression dans le plus grand des silences.

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Quand nous arrivons au second écriteau, notre rythme n’a pas encore ralenti et nous tenons bon. “La persévérance”. Pour le moment tout va bien, nous pouvons donc persévérer facilement. Et puis ne nous sommes pas si élevés que cela finalement ...

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Nouveau panneau. La fatigue commence à se faire sentir. Mon ami Guro Bidu ne semble pas encore inquiété. “L’humilité”. C’est vrai qu’en voyant l’horizon sans cesse repoussé, nous nous sentons perdus et minuscules au milieu de cette nature. Voilà de quoi relativiser sur notre importance et notre place dans le monde ...

Pour la première fois durant notre ascension, Guro Bidu m’adresse la parole.

Vous voyez ce héron devant notre Temple ?
Hmm ... oui ! Je le vois !
C’est notre Maître, Luo Min. Il a senti votre présence et il est venu. Il nous observe, faites lui honneur !

Leur Maître est un héron ? Je n’arrive pas à y croire ... Mais finalement, ça n’est pas si tordu que ça quand on sait que les moines accordent une symbolique très forte chez les animaux ...

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Quatrième écriteau ! J’ai le souffle court et les jambes qui flageolent ... Je recrache toutes mes cigarettes à plein poumon ... Mais j’ai déjà parcouru plus de la moitié ! Allez ! Je suis bientôt au bout ! Guro Bidu commence aussi à peiner et son rythme a bien ralenti.

“L’espoir” hein ?

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Voilà le cinquième et avant-dernier, “L'ingéniosité” ... Nous devons prendre une pause. Je dois prendre une pause, plus précisément. Et je suis trop occupé à essayer de récupérer au maximum pour enfin arriver à ce Temple pour réfléchir à cette signification cachée ...

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Nous nous sommes enfin hissé à la sixième et dernière pancarte ! La pause nous a permis de prendre un souffle nouveau et la fin c’est plutôt bien déroulée. En voyant le nom gravé sur la planche de bois, je rayonne, radieux. “Le courage”. Je me sens vidé, purgé de tout ce qui m’emplissait auparavant tout en me sentant habité d’une énergie nouvelle ! Plus pure ! Plus seine !

Le héron arrive enfin jusqu’à nous depuis les airs. Je m’aperçois qu’il détient un katana, j’imagine alors que ce héron est en réalité un utilisateur du Zoan à l’image du même animal, et j’en ai la confirmation quand celui-ci reprend sa forme habituelle, celle d’un vieux moine qui s’incline devant moi. Alors je lui rends la pareille.

Félicitations jeune apprenti ! Vous avez bravement acquis les aptitudes de cet animal sacré qu’est le Héron ! Vous êtes apte à pénétrer dans notre humble havre de paix ! Je me présente, le vieux Luo Min, Maître de ces lieux. Soyez le bienvenu !

Je comprends maintenant. Ce que voulait dire Guro Bidu. Et alors que j'étais prêt à arborer un large sourire satisfait, je me suis ravisé. Si j'ai compris la première leçon en laissant derrière moi ce que j'étais pour m'emplir de cette énergie qui inonde ce sanctuaire, il me reste encore un tas d'autres à apprendre, et il faut donc savoir rester humble.

Je suis donc Luo Min et Guro Bidu sans rien dire ni afficher, si ce n'est que mon sérieux et ma détermination.
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