KTUL'AL NARJUS
• Pseudonyme : Nanar
• Âge : 26 Ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain
• Métier : Acteur
• Groupe : Pirate
• Âge : 26 Ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain
• Métier : Acteur
• Groupe : Pirate
• But : Devenir le plus grand Acteur au monde, et retrouver son père, ou ce qu’il en reste.
• Fruit du Démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre Validation : /
• Équipement : Un costume d’animateur spécial “ultra résistant aux câlins, mordillements, griffures et autres intempéries” représentant Vildrag le dragon des forêts, et un sabre de combat quasiment utilisable.
• Parrain : Adrix Viyers
• Ce compte est-il un DC ? Non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? /
• Codes du Règlement :
• Fruit du Démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre Validation : /
• Équipement : Un costume d’animateur spécial “ultra résistant aux câlins, mordillements, griffures et autres intempéries” représentant Vildrag le dragon des forêts, et un sabre de combat quasiment utilisable.
• Parrain : Adrix Viyers
• Ce compte est-il un DC ? Non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? /
• Codes du Règlement :
Description Physique
Quand on veut faire les planches, et je ne parle pas des planches d’un navire, mais bien de celles d’un grand cabaret, il faut s’en donner les moyens et c’est loin d’être un secret : musculature athlétique, dentition resplendissante, regard perçant, port altier… Mon petit truc à moi, c’est d’avoir en plus cette incroyable capacité à la modulation de la voix. Pas une question de pouvoirs même si j’ai pu faire quelques tours de passe-passe par-ci par là, mais bien une histoire d'entraînement, d’acharnement et un peu de chance aussi. Parce que ce n’est pas donné à tout le monde, de passer d’un timbre clair et enfantin à celui-ci d’un vieux boucanier de Grand Line tout en explorant, sans méchanceté, les vocalises d’une fillette en pleine découverte de sa féminité.
J’ai déjà 26 printemps vous savez, ma croissance est terminée depuis longtemps. On me dit “beau” mais ça reste subjectif. Du haut de mon mètre quatre-vingt-dix on me prend parfois pour un demi-géant. Et c’est sans compter la crinière verdoyante qui me sert de chevelure et qui me rajoute bien dix bons centimètres ! Une teinture bien entendu mais, que j’ai appris à affectionner au fil des années et des rôles à interpréter, comme une sorte d’identité qui m’est propre. Cependant, ce côté “musclé” que vous voyez n’est pas sans s’accompagner d’un certain encombrement vu que je pèse au bas mot dans les 97-98 kilos qui me tomberont directement dans les chevilles en vieillissant.
Tout ceci s’entretient donc, et je me retrouve parfois à passer des heures, de très longues heures dans des salles de sport ou divers terrains d’exercices pour revitaliser ce grand gaillard que je suis devenu. C’est que j’ai de l’allure, bien sûr travaillée, comme un vrai aventurier des mers disais-je parfois lors de mes auditions pour me rajouter un petit côté mystérieux pas malvenu. Alors que j’en suis loin ! Mais c’est là le plaisir de l’artiste de théâtre, qui compose avec les mots, l’imaginaire et une petite dose d’audace pour s’approprier un personnage et vivre sa vie comme si celle-ci avait toujours été la sienne.
Ma façon de m’exprimer pourrait comme j’en ai émit l’hypothèse prêter à confusion. À trop jouer des cordes vocales on en oublierait presque quelle est sa vraie voix. Oh, rassurez vous, j’en ai une, certes, mais elle ne m’a jamais plu. Alors, telle une vieille tenue d’enfance je la laisse au placard, ne m’exprimant qu’avec les dernières nouveautés. Je suis même, pour ainsi dire, un collectionneur de voix : en solde, au rabais, chez les antiquaires et même parmi les touristes je m’approprie, parfois pour d’onéreux coûts, ces instants passés qui se gravent dans ma mémoire, quitte à y laisser des cicatrices. Car ils sont autant de ressources dans lesquelles je pioche pour parfaire mon répertoire d’acteur. Et sans me vanter, ça commence à faire beaucoup de souvenirs là dedans.
J’ai les yeux verts, à la base, mais il m’arrive souvent de me maquiller et même de mettre des lentilles, de préférence rouges, pour coller un peu plus à ce personnage que je me suis créé et qui correspond à ce “moi” que j’affectionne. Autant le dire, cela a toujours été difficile sur ce point, car je n’ai pas ce que l’on pourrait appeler de “beaux yeux”. C’est même l’un des aspects que j’aime le moins et que mes employeurs, co-monteurs et associés artistiques n’ont jamais aimé. J’ai le regard lubrique, disaient-ils, comme une lueur perverse qui ne semble jamais me quitter. Et j’ai beau y faire, je n’arrive jamais pleinement à gommer ce détail, qui une fois remarqué devient trop gênant pour être ignoré.
Autre point qui me hérisse le poil, presque au sens propre : ma peau. Très sensible au soleil et à la lumière. C’est une des raisons pour lesquels j’ai peu voyagé, ou alors jamais au grand air. Certes elle est bien blanche cette peau et douce comme les fesses d’un homme poulpe, mais d’une horreur à protéger. Quand je pense aux heures que je passe chaque semaine à m’enduire de baumes, de crèmes et d’autres gels juste pour éviter les coups de soleil c’est à peine croyable. D’accord, oui, je le reconnais, je suis peut-être une petite nature en ce qui concerne mon corps, mais au vu des efforts investis dedans, j’ai mes raisons d’y faire attention !
C’est peut-être ce que les gens voient le plus de moi, ce corps que la vie m’a donné et que je n’ai eu de cesse d’améliorer, de gonfler, de perfectionner jusqu’à l’adorer. Et par mes gestes précis, ces instants calculés, cette lenteur volontaire et cette minutie artistique, je donne l’image d’un être quelque peu narcissique. Comme chaque artiste au fond de lui.
Car oui, grandiloquente peut être ma voix, princière ma démarche et impérieux mon regard, je n’en reste pas moins un simple artiste, qui exprime sa passion avec ses “mots” à lui.
Et un peu avec quelques artifices c’est vrai. Teinture, lentille, maquillage et style vestimentaire bien sûr ! En ce moment je suis à l’image de mon dernier travail : enfantin. J’ai ce costume d’un dragon des forêts dont les enfants rêvent de voir la tête tomber sous les coups d’un grand capitaine de la marine. Mais moi, même s’il est à l’image de l’ennemi, je l’aime bien ce costume vert, avec ses touches noires et rouges. Il convient à merveille à ma cascade verdoyante et mes lentilles se marient superbement à cet ensemble d’une qualité remarquable, surtout au vu de son utilisation pratique au milieu d’une foule d’enfants.
Car il n’y a pas de sous-métier ! Et je retiens quiconque me dirait que je ne suis qu’un acteur de seconde zone tout juste bon à amuser des gosses dans un parc d’attraction de Suna Land ! Parce que pendant que certains parcours le monde à la poursuite de leurs rêves, moi et bien j’offre des rêves à ces enfants, même s’il s’agit de spectacles qui voient ma défaite et ma mort continuellement ! Haem.
… Je déborde, je crois. Reprenons plus calmement et j’arriverai au bout de ce récit sans défaillir.
J’ai déjà 26 printemps vous savez, ma croissance est terminée depuis longtemps. On me dit “beau” mais ça reste subjectif. Du haut de mon mètre quatre-vingt-dix on me prend parfois pour un demi-géant. Et c’est sans compter la crinière verdoyante qui me sert de chevelure et qui me rajoute bien dix bons centimètres ! Une teinture bien entendu mais, que j’ai appris à affectionner au fil des années et des rôles à interpréter, comme une sorte d’identité qui m’est propre. Cependant, ce côté “musclé” que vous voyez n’est pas sans s’accompagner d’un certain encombrement vu que je pèse au bas mot dans les 97-98 kilos qui me tomberont directement dans les chevilles en vieillissant.
Tout ceci s’entretient donc, et je me retrouve parfois à passer des heures, de très longues heures dans des salles de sport ou divers terrains d’exercices pour revitaliser ce grand gaillard que je suis devenu. C’est que j’ai de l’allure, bien sûr travaillée, comme un vrai aventurier des mers disais-je parfois lors de mes auditions pour me rajouter un petit côté mystérieux pas malvenu. Alors que j’en suis loin ! Mais c’est là le plaisir de l’artiste de théâtre, qui compose avec les mots, l’imaginaire et une petite dose d’audace pour s’approprier un personnage et vivre sa vie comme si celle-ci avait toujours été la sienne.
Ma façon de m’exprimer pourrait comme j’en ai émit l’hypothèse prêter à confusion. À trop jouer des cordes vocales on en oublierait presque quelle est sa vraie voix. Oh, rassurez vous, j’en ai une, certes, mais elle ne m’a jamais plu. Alors, telle une vieille tenue d’enfance je la laisse au placard, ne m’exprimant qu’avec les dernières nouveautés. Je suis même, pour ainsi dire, un collectionneur de voix : en solde, au rabais, chez les antiquaires et même parmi les touristes je m’approprie, parfois pour d’onéreux coûts, ces instants passés qui se gravent dans ma mémoire, quitte à y laisser des cicatrices. Car ils sont autant de ressources dans lesquelles je pioche pour parfaire mon répertoire d’acteur. Et sans me vanter, ça commence à faire beaucoup de souvenirs là dedans.
J’ai les yeux verts, à la base, mais il m’arrive souvent de me maquiller et même de mettre des lentilles, de préférence rouges, pour coller un peu plus à ce personnage que je me suis créé et qui correspond à ce “moi” que j’affectionne. Autant le dire, cela a toujours été difficile sur ce point, car je n’ai pas ce que l’on pourrait appeler de “beaux yeux”. C’est même l’un des aspects que j’aime le moins et que mes employeurs, co-monteurs et associés artistiques n’ont jamais aimé. J’ai le regard lubrique, disaient-ils, comme une lueur perverse qui ne semble jamais me quitter. Et j’ai beau y faire, je n’arrive jamais pleinement à gommer ce détail, qui une fois remarqué devient trop gênant pour être ignoré.
Autre point qui me hérisse le poil, presque au sens propre : ma peau. Très sensible au soleil et à la lumière. C’est une des raisons pour lesquels j’ai peu voyagé, ou alors jamais au grand air. Certes elle est bien blanche cette peau et douce comme les fesses d’un homme poulpe, mais d’une horreur à protéger. Quand je pense aux heures que je passe chaque semaine à m’enduire de baumes, de crèmes et d’autres gels juste pour éviter les coups de soleil c’est à peine croyable. D’accord, oui, je le reconnais, je suis peut-être une petite nature en ce qui concerne mon corps, mais au vu des efforts investis dedans, j’ai mes raisons d’y faire attention !
C’est peut-être ce que les gens voient le plus de moi, ce corps que la vie m’a donné et que je n’ai eu de cesse d’améliorer, de gonfler, de perfectionner jusqu’à l’adorer. Et par mes gestes précis, ces instants calculés, cette lenteur volontaire et cette minutie artistique, je donne l’image d’un être quelque peu narcissique. Comme chaque artiste au fond de lui.
Car oui, grandiloquente peut être ma voix, princière ma démarche et impérieux mon regard, je n’en reste pas moins un simple artiste, qui exprime sa passion avec ses “mots” à lui.
Et un peu avec quelques artifices c’est vrai. Teinture, lentille, maquillage et style vestimentaire bien sûr ! En ce moment je suis à l’image de mon dernier travail : enfantin. J’ai ce costume d’un dragon des forêts dont les enfants rêvent de voir la tête tomber sous les coups d’un grand capitaine de la marine. Mais moi, même s’il est à l’image de l’ennemi, je l’aime bien ce costume vert, avec ses touches noires et rouges. Il convient à merveille à ma cascade verdoyante et mes lentilles se marient superbement à cet ensemble d’une qualité remarquable, surtout au vu de son utilisation pratique au milieu d’une foule d’enfants.
Car il n’y a pas de sous-métier ! Et je retiens quiconque me dirait que je ne suis qu’un acteur de seconde zone tout juste bon à amuser des gosses dans un parc d’attraction de Suna Land ! Parce que pendant que certains parcours le monde à la poursuite de leurs rêves, moi et bien j’offre des rêves à ces enfants, même s’il s’agit de spectacles qui voient ma défaite et ma mort continuellement ! Haem.
… Je déborde, je crois. Reprenons plus calmement et j’arriverai au bout de ce récit sans défaillir.
Description Psychologique
Je suis un homme frustré. Je ne le nierais pas. Je n’ai pas obtenu ce que je chérissais le plus et cela me chagrinait énormément, du temps où je n’arrivais pas à prendre des décisions. Mais maintenant mon aveu de faiblesse c’est transformé en une force de laquelle j’ai su tirer parti ces dernières années. Je me suis extirpé de mon accoutumance à la facilité et, bien que je n’en tire aucune gloire, j’en garde une satisfaction toute particulière.
Fût un temps où je prenais tout à la légère, sans m’investir personnellement, de peur de souffrir. Les habitants de notre belle mer bleue savent se montrer cruels avec les coeurs sensibles. Je le sais : j’ai fini par devenir l’une de ces cruautés ambulantes. Abjecte était devenu l’homme que je ne cherchais même pas à sonder, tant l’idée seule de me remettre en question m’était impossible. Et cela a duré, au moins jusqu’à mes douze étés ! Et oui, à douze ans, je me considérais déjà comme un homme. Si cela vous pose problème, c’est que vous n’avez sans doute jamais eu à gérer une maison à l’abandon, une mère folle et l’absence d’un père tout seul.
Alors oui, j’étais un homme précoce, qui trompait l’ennui en recherchant une souffrance dont je n’arrivai même plus à ressentir la saveur à travers les blocs de sels que j’avais versé durant tant d’années. Pauvre gosse que j’étais alors.
Et puis j’ai fait une rencontre. Difficile de ne pas l’évoquer, tant elle eut de l’impact sur moi. Du coup, je ne vais pas l’évoquer : parce que la facilité ce n’est pas mon truc. Disons pour faire simple, que l’image même de l’homme idéal s’est imposée à moi. Et grâce à cela j’ai pu enfin me regarder dans un miroir et me poser cette question que même un homme poisson arriéré ne se serait pas posé : qui suis-je ? Et même, que suis-je ? Quelle est la définition de ce qui me défini ? Ne suis-je que cette définition ? Qu’est-ce qui fait de moi ce que je suis ? Et j’en passe et des meilleurs.
Au terme de très, très longs moments de réflexions, une réponse s’est dégagée de tous ces questionnements face au miroir d’un salon poussiéreux : je suis un petit monstre qui a peur, de tout. Alors vous savez ce que j’ai fait ? J’ai attrapé le chandelier en bronze du service à vaisselle et je lui ai défoncé la tronche à ce monstre, pour le chasser à tout jamais, lui et sa foutu peur. Dans le sang, la sueur et les éclats de mon rire singulier j’ai fini par me faire cette révélation dont je pressentais déjà le potentiel mystique : sois qui tu veux. Avec les morceaux de verre, j’ai observé à nouveau mon reflet, et bon sang ce que je m’en suis voulu… Cernes, maigreur, absence de musculature, œil terne, dents mal placées, des vertes et des pas mûrs comme on dit.
Alors ciao la compagnie, il est temps de tout recommencer ! Et puis, à quoi bon avoir la main mise sur l’ancienne fortune d’un père disparu si ce n’est pas pour s’en servir ? Petit à petit, égoïstement, j’ai tout dépensé, parcelle par parcelle pour me forger un corps et une image qui me satisfasse. On me disait alors que j’avais le potentiel d’une vedette, et toujours aussi influençable je suivais cette idée, m’investissant du levé au couché dans le but de devenir une toute nouvelle personne.
Du coup, cette frustration ? Et bien devinez quoi : je n’ai pas tant changé que ça. Ok j’ai moins peur qu’avant, mais ma peur est centrée sur moi-même maintenant. Je fais attention aux autres c’est clair, pour mieux les écraser lorsque j’en ai l’occasion et continuer à avancer sur la route que je me suis tracée. Une route pavée des rêves meurtris de ceux que j’ai utilisé, à tord et à travers.
Je ne me défini pourtant pas comme un fin manipulateur loin de là ! J’ai conscience de ma propre naïveté, surtout au vu de mon absence d’expériences concrètes à travers le monde. Certes l’étude des rôles m’a apporté quelques expériences oui. Néanmoins elles ne valent d’après tous ces auteurs et ces metteurs en scènes que peu de choses vis-à-vis de la réalité.
Cette réalité parlons-en peu mais parlons-en bien : je vous le demande, dans quel monde vit-on ? Piraterie, esclavage, contrôle gouvernemental, injustice, abus de pouvoirs, meurtre, vol, saccage, et pourtant je reste léger dans mes propos ! Je ne suis pas un révolutionnaire non, mais il y a des limites à l’aveuglement que l’on peut porter sur son environnement. Les uns ne valent pas mieux que les autres mais dans le fond, je dirais que ceux qui ont compris le truc, ce sont les forbans. Certains ont même, de loin, des visions presque similaires aux miennes ! Mais ils ne sont pas du bon côté de la balance de dame justice. Et comme j’ai peur pour moi-même continuellement, c’est pas venu d’un coup, l’idée de me tirer sur les mers en claquant tout derrière moi.
Je dirais que la vie est un grand puzzle. Ceux de dix milles pièces, ou pire. C’est pas simple de tout reconstituer. Des fois les angles ronds ne rentrent pas là où on le voudrait et sans arrière pensée, il faut parfois tailler dans le vif pour que ça rentre, si vous voyez ce que je veux dire. J’aimerai savoir où se trouvent les pièces manquantes de ce grand plateau que je constitue au fur et à mesure des années. Avoir comme des prémonitions d’où aller et de quoi faire. Le hic, c’est que j’ai aucun don, si ce n’est pour moduler ma voix, et que le monde n’attend pas que je le comprenne pour continuer sa course. Et ça, c’est carrément frustrant une fois qu’on s’en rend compte.
Oui vous l’avez compris, je suis un homme en colère. Pas envers moi non, mais envers les autres, la société, les angles de ce puzzle incomplet en somme. Ils m’encadrent bien ça c’est sur, et n’hésiteront pas à retenir ma fuite en avant. Et c’est une véritable déchéance qui m’a rattrapé, lorsque j’ai arpenté les affres de la vie active à Suna Land. Pourtant j’ai tenté de sauvegarder les apparences, de sauver l’honneur, quoique ça veuille dire pour moi. Mais j’ai échoué, et maintenant je suis dans cette situation déplorable.
Quoique, au fond du trou, j’ai par le passé réussi à trouver ma voie. Et même si je n’ai plus de miroir à démolir, mon petit doigt me susurre que la réponse est là, non loin !
Une réponse au-delà de tous les horizons connus. Une réponse au-delà de mon quotidien. Une réponse, qui ne se trouve pas au fond de mon verre d’alcool où je me noie ça c’est sûr, parce que j’ai vérifié. Et si vous avez suivi mes errements jusqu’ici, vous la connaissez cette réponse : la liberté de la piraterie ! Crénons de non qu’en voilà une bien belle idée que cette singulière piraterie ! Besoin de quelque chose ? Tu te sers. Envie de refaire le nez d’un crétin qui te regarde de travers ? Ne te gène surtout pas ! Envie d’aventures, de femmes, de gloire et de richesses ?! Qu’à cela ne tienne, pars en quête du One Piece mon garçon ! Et en chemin ne perd jamais le cap de tes rêves, ou ils finiront sous les bottes de ceux qui peuvent les écraser !
Lorsque j’ai lu ces mots sur cette lettre que ma mère gardait pour moi sous son oreiller, tout m’a semblé plus clair. Frustré, en colère, mais déterminé à changer ça. Et que quiconque me dise qu’il s’agit là de l’option de facilité s'étouffe avec son propre dentier : parce que nom d’un chien c’est loin d’être évident la piraterie ! Mais au moins elle m’a apporté ce qui me manquait le plus. Un simple mot, qui pourtant a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui : un rêve. Car je suis un grand rêveur, égoïste et malsain, qui n’aime que lui-même et défie le monde de s’opposer à lui !
Et bon orateur je suis également, mais pour ne pas vous embrouiller plus, je vais reprendre à la base, pour que vous ayez vous aussi les angles du puzzle de ma vie. Vous me direz après, si vous auriez fait autrement.
Fût un temps où je prenais tout à la légère, sans m’investir personnellement, de peur de souffrir. Les habitants de notre belle mer bleue savent se montrer cruels avec les coeurs sensibles. Je le sais : j’ai fini par devenir l’une de ces cruautés ambulantes. Abjecte était devenu l’homme que je ne cherchais même pas à sonder, tant l’idée seule de me remettre en question m’était impossible. Et cela a duré, au moins jusqu’à mes douze étés ! Et oui, à douze ans, je me considérais déjà comme un homme. Si cela vous pose problème, c’est que vous n’avez sans doute jamais eu à gérer une maison à l’abandon, une mère folle et l’absence d’un père tout seul.
Alors oui, j’étais un homme précoce, qui trompait l’ennui en recherchant une souffrance dont je n’arrivai même plus à ressentir la saveur à travers les blocs de sels que j’avais versé durant tant d’années. Pauvre gosse que j’étais alors.
Et puis j’ai fait une rencontre. Difficile de ne pas l’évoquer, tant elle eut de l’impact sur moi. Du coup, je ne vais pas l’évoquer : parce que la facilité ce n’est pas mon truc. Disons pour faire simple, que l’image même de l’homme idéal s’est imposée à moi. Et grâce à cela j’ai pu enfin me regarder dans un miroir et me poser cette question que même un homme poisson arriéré ne se serait pas posé : qui suis-je ? Et même, que suis-je ? Quelle est la définition de ce qui me défini ? Ne suis-je que cette définition ? Qu’est-ce qui fait de moi ce que je suis ? Et j’en passe et des meilleurs.
Au terme de très, très longs moments de réflexions, une réponse s’est dégagée de tous ces questionnements face au miroir d’un salon poussiéreux : je suis un petit monstre qui a peur, de tout. Alors vous savez ce que j’ai fait ? J’ai attrapé le chandelier en bronze du service à vaisselle et je lui ai défoncé la tronche à ce monstre, pour le chasser à tout jamais, lui et sa foutu peur. Dans le sang, la sueur et les éclats de mon rire singulier j’ai fini par me faire cette révélation dont je pressentais déjà le potentiel mystique : sois qui tu veux. Avec les morceaux de verre, j’ai observé à nouveau mon reflet, et bon sang ce que je m’en suis voulu… Cernes, maigreur, absence de musculature, œil terne, dents mal placées, des vertes et des pas mûrs comme on dit.
Alors ciao la compagnie, il est temps de tout recommencer ! Et puis, à quoi bon avoir la main mise sur l’ancienne fortune d’un père disparu si ce n’est pas pour s’en servir ? Petit à petit, égoïstement, j’ai tout dépensé, parcelle par parcelle pour me forger un corps et une image qui me satisfasse. On me disait alors que j’avais le potentiel d’une vedette, et toujours aussi influençable je suivais cette idée, m’investissant du levé au couché dans le but de devenir une toute nouvelle personne.
Du coup, cette frustration ? Et bien devinez quoi : je n’ai pas tant changé que ça. Ok j’ai moins peur qu’avant, mais ma peur est centrée sur moi-même maintenant. Je fais attention aux autres c’est clair, pour mieux les écraser lorsque j’en ai l’occasion et continuer à avancer sur la route que je me suis tracée. Une route pavée des rêves meurtris de ceux que j’ai utilisé, à tord et à travers.
Je ne me défini pourtant pas comme un fin manipulateur loin de là ! J’ai conscience de ma propre naïveté, surtout au vu de mon absence d’expériences concrètes à travers le monde. Certes l’étude des rôles m’a apporté quelques expériences oui. Néanmoins elles ne valent d’après tous ces auteurs et ces metteurs en scènes que peu de choses vis-à-vis de la réalité.
Cette réalité parlons-en peu mais parlons-en bien : je vous le demande, dans quel monde vit-on ? Piraterie, esclavage, contrôle gouvernemental, injustice, abus de pouvoirs, meurtre, vol, saccage, et pourtant je reste léger dans mes propos ! Je ne suis pas un révolutionnaire non, mais il y a des limites à l’aveuglement que l’on peut porter sur son environnement. Les uns ne valent pas mieux que les autres mais dans le fond, je dirais que ceux qui ont compris le truc, ce sont les forbans. Certains ont même, de loin, des visions presque similaires aux miennes ! Mais ils ne sont pas du bon côté de la balance de dame justice. Et comme j’ai peur pour moi-même continuellement, c’est pas venu d’un coup, l’idée de me tirer sur les mers en claquant tout derrière moi.
Je dirais que la vie est un grand puzzle. Ceux de dix milles pièces, ou pire. C’est pas simple de tout reconstituer. Des fois les angles ronds ne rentrent pas là où on le voudrait et sans arrière pensée, il faut parfois tailler dans le vif pour que ça rentre, si vous voyez ce que je veux dire. J’aimerai savoir où se trouvent les pièces manquantes de ce grand plateau que je constitue au fur et à mesure des années. Avoir comme des prémonitions d’où aller et de quoi faire. Le hic, c’est que j’ai aucun don, si ce n’est pour moduler ma voix, et que le monde n’attend pas que je le comprenne pour continuer sa course. Et ça, c’est carrément frustrant une fois qu’on s’en rend compte.
Oui vous l’avez compris, je suis un homme en colère. Pas envers moi non, mais envers les autres, la société, les angles de ce puzzle incomplet en somme. Ils m’encadrent bien ça c’est sur, et n’hésiteront pas à retenir ma fuite en avant. Et c’est une véritable déchéance qui m’a rattrapé, lorsque j’ai arpenté les affres de la vie active à Suna Land. Pourtant j’ai tenté de sauvegarder les apparences, de sauver l’honneur, quoique ça veuille dire pour moi. Mais j’ai échoué, et maintenant je suis dans cette situation déplorable.
Quoique, au fond du trou, j’ai par le passé réussi à trouver ma voie. Et même si je n’ai plus de miroir à démolir, mon petit doigt me susurre que la réponse est là, non loin !
Une réponse au-delà de tous les horizons connus. Une réponse au-delà de mon quotidien. Une réponse, qui ne se trouve pas au fond de mon verre d’alcool où je me noie ça c’est sûr, parce que j’ai vérifié. Et si vous avez suivi mes errements jusqu’ici, vous la connaissez cette réponse : la liberté de la piraterie ! Crénons de non qu’en voilà une bien belle idée que cette singulière piraterie ! Besoin de quelque chose ? Tu te sers. Envie de refaire le nez d’un crétin qui te regarde de travers ? Ne te gène surtout pas ! Envie d’aventures, de femmes, de gloire et de richesses ?! Qu’à cela ne tienne, pars en quête du One Piece mon garçon ! Et en chemin ne perd jamais le cap de tes rêves, ou ils finiront sous les bottes de ceux qui peuvent les écraser !
Lorsque j’ai lu ces mots sur cette lettre que ma mère gardait pour moi sous son oreiller, tout m’a semblé plus clair. Frustré, en colère, mais déterminé à changer ça. Et que quiconque me dise qu’il s’agit là de l’option de facilité s'étouffe avec son propre dentier : parce que nom d’un chien c’est loin d’être évident la piraterie ! Mais au moins elle m’a apporté ce qui me manquait le plus. Un simple mot, qui pourtant a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui : un rêve. Car je suis un grand rêveur, égoïste et malsain, qui n’aime que lui-même et défie le monde de s’opposer à lui !
Et bon orateur je suis également, mais pour ne pas vous embrouiller plus, je vais reprendre à la base, pour que vous ayez vous aussi les angles du puzzle de ma vie. Vous me direz après, si vous auriez fait autrement.
Biographie
La première pièce se joue à Suna Land, lieu qui m’a vu naître, grandir et qui aurait pu me voir mourir si je n’y avais pas prit garde. J’y suis né en plein été, aux plus chaudes couleurs de cette île paradisiaque où attractions, animations et vacanciers pullulent. Ma mère était une insulaire mais pas mon père qui, comme tout à chacun, était venu sur cette île pour se détendre et s’amuser. Il devait moins rire quand on lui annoncé que Linda Ktul était enceinte jusqu’aux oreilles, et qu’il allait devoir assumer son manque de prudence. Et il l’a assumé, jusqu’à mes trois ans.
J’ai peu de souvenirs de lui. Juste une sensation désagréable de supériorité, comme un colosse infranchissable qui ne me laissait pas faire tout ce que je voulais en m’appelant tendrement son “sale gosse”, me remettant dans ma petite cage individuelle. Je fabule peut être en imaginant avoir été le pire enfant en bas âge qui soit mais je l’espère de tout cœur, car au moins je l’aurai bien dégoûté avant qu’il ne prenne la tangente. Il nous a quitté au zénith d’une journée sans nuage, montrant bien que les drames ne se jouent pas que sous la pluie et au crépuscule.
Ma mère a été dévastée par ce départ. C’est à cause de ça que j’en ai déduis, tristement, qu’elle aimait plus mon père que moi, même après qu’il ait disparu. Vu l’état dans lequel ça l’a laissé, il n’y a pas photo. Elle en oubliait même de s’occuper de moi et ce n’est qu’à force de pleurer et de crier que les voisins finirent par défoncer la porte de la maison pour venir constater de quoi il en retournait.
C’est mon grand-père qui a reprit la maison. Kelen Ktul dit “le prévoyant” par son entourage. On lui définissait même un certain don de voyance, ce qui m’a vite rendu jaloux étant enfant. Après tout, qui ne rêve pas d’avoir des supers pouvoirs quand on est pas plus haut qu’un panneau publicitaire ? Pas moi en tout cas ! Et j’y croyais d’autant plus à ses pouvoirs que pépé les utilisait sur moi à longueur de journée. J’avais beau disparaître, me cacher, me faire tout petit dans le plus petit des trous de souris, paf, je recevais un coup sur la tête et grand-père m’attrapait par la peau des fesses pour me ramener dans ma chambre.
“Narjus, me disait-il alors, je n’ai pas le temps pour tes chamailleries, je dois veiller sur ta mère d’accord ? Alors sois sage et amuses-toi avec les puzzles que je t’ai acheté par exemple.”
Oh ça, je les ai fait et refait ces puzzles de malheur. Il devait même penser que j’aimais ça, vu qu’il m’en achetait de plus en plus difficiles et complexes. Mais ça n'atteignait pas le but désiré, car je ne pouvais pas m’empêcher, assis dans cette grande chambre aussi froide qu’impersonnelle, d’écouter. J’ai toujours eu une bonne ouïe, même si aujourd’hui elle me semble quelque peu sélective. Je me suis souvent dit que la surdité ne devait pas être si problématique, quand j’entendais les cris paniqués de ma mère depuis l’autre bout du couloir, que mon grand-père ne pouvait pas laisser seule plus de quelques heures de peur de la voir se faire du mal, sans le faire exprès. Je crois que cette situation l’a usé, jusqu’aux tréfonds de ses réserves. Entre un gosse insupportable à élever et une fille devenue folle à cause d’un jean-foutre de roturier, il a fini par y laisser le peu de vitalité qu’il lui restait.
Je me souviens encore, du haut de mes dix hivers, parler à cette grande masse renversée sur le canapé du salon. Grand-père ne disait plus rien, que ce soit en bien ou en mal. Et il ne prononça pas un son de plus, même lorsque je sortais en courant chercher de l’aide chez nos fidèles voisins. Crise cardiaque, m’on-t-il dit. Son cœur ne pouvait en supporter plus. Mais moi je sais ce qui a tué pépé : une insolation. Il faut toujours se méfier de ce soleil de malheur qui tape à midi. Et comme ce vieil homme affectionnait sortir dans le jardin travailler le potager avant le déjeuner, cela lui aura été fatal. Triste fin d’une bien triste vie. Mais n’allez pas croire que ce fût un drame pour moi : ma liberté était enfin là !
La gouvernante, une vieille bique de soixante ans à moitié sourde, n’avait aucune raison de me retenir. Elle n’en avait pas la force de toute façon, et était déjà bien heureuse d’écouler des jours heureux dans cette propriété dont elle s’était presque appropriée la domination, faute d’autorité opposable à son joug. Elle maintenait ma mère en vie, et me nourrissait de temps en temps, restant simplement là à écouler des jours paisibles vers son inexorable mort. Quand à moi, je n’étais pas beau à voir. De dix ans, on m’en donnait quatorze, tant ma mine basse et mon visage émincé donnait une impression de vieillesse. Mes yeux ne se fixaient jamais sur rien et mon regard perdu dans le vague ne s’arrêtait que sur les possibles escarmouches que je pouvais offrir à mon quotidien, agressant parfois les enfants du quartier, et saccageant des jardins trop bien entretenus. Voilà à quoi ressemblait ma "liberté".
Je ne vais pas vous refaire toute l’épopée spirituelle qui me gagna alors, mais il est clair que ma vie aurait pu s’arrêter ici, dans cette tourmente qui ne dura pas moins de deux ans ! Deux années à survivre à ce grand vide dévorant qui n’était comblé que par la colère et la frustration d’être un incapable raté tout juste bon à nourrir les poissons. La vieille peau était sur le déclin et elle ne s’occupait même plus de moi ou de ma mère, me laissant cette tâche ingrate et disgracieuse. Pourtant je m’exécutais et montait jusqu’à la dernière pièce du couloir, armé d’une bassine d’eau chaude et d’une serviette, pour aider cette chose à peine vivante à survivre un peu plus. Maman était maigre à faire peur, squelettique même, et le contour de ses yeux était tellement sombre qu’on aurait dit des orbites vides. Ses maigres bras soutenaient à peine les livres qu’elle lisait et relisait chaque jour, oubliant à quelle page elle s’arrêtait la veille. Elle ne me souriait pas, ne me regardait pas, mais appelait des fois mon père, comme une folle parle à un fantôme.
“Lulu ? N’oublie pas de ramener les derniers prospectus du Red Café ! J’aimerai voir quelles sont leurs dernières nouveautés.”
Et moi comme un moins que rien je répondais.
“Oui ma sirène, je le ferai.”
Car c’était là le surnom que mon père lui donnait. Le petit mot d’amour qui était le sien, à l’époque où la difficulté d’élever un enfant ne l’avait pas fait fuir.
Douze automnes. Je les portais très mal. Je devais m’occuper de tout à la maison mais il y avait tant à faire. Certes je ne me plaignais pas et ne réclamais aucune aide, mais parfois j’aurai aimé que nos voisins ne déménagent pas ailleurs, et soient remplacés par de jeunes propriétaires sans gênes et sans empathies.
Et puis arriva ce grand jour. Les enfants du quartier m’avaient presque oublié, moi leur tourmenteur d’alors. Et quelle ne fût pas leur surprise lorsqu’ils me virent apparaître dans le petit parc du quartier, les mains ensanglantés d’avoir reçu des éclats de verre du miroir du vieux salon. J’étais animé d’une telle rage, d’une telle soif, que je ne fis même pas attention à eux : pour les plus courageux qui voulurent me faire face en souvenir d’un passé commun, je ne réservais que mes poings, mes dents et mes ongles. Telle une bête enragée qui redécouvre la vie je fis un véritable carnage sur ma route, alors que je me dirigeais vers le quartier des notables de Suna Land. Les enfants allaient s'en souvenir de leur sortie ce jour là. Et moi, j'allais reprendre le cours de ma vie, devant une grande porte en chêne massif.
Ma deuxième pièce se joue chez l’homme de loi Emil Canar et voit pour protagoniste principal Narjus Ktul’al, jeune adolescent de presque treize étés, tambourinant à la porte de son cabinet de notaire par une journée claire. Que vient faire le “Al” à la fin de mon nom ? Et bien ce n’est que l’apostrophe posthume du nom de mon père, Lulu Al.
Je tambourinais donc, à cette porte massive et bien entretenue où trônait une plaque dorée au nom de son propriétaire. J’étais alors venu avec une idée bien précise en tête, et avec le recul, je me surprend moi-même de l’état de démence dans lequel je me tenais alors. Lorsque la porte du cabinet c’était ouverte j’avais pour ainsi dire bondit sur un homme rondelet et à la chevelure inexistante pour le saisir au col et lui hurler ces quelques mots au visage, riant avec folie.
“Rendez-moi ce qui m’appartient ! Rendez-le moi où je vous jure que, que…!”
Je n’arrivais alors pas à aligner des menaces avec le même flegme artistique que maintenant. Mais ce fût un tout, une ambiance de peur et d’agression, qui firent vite basculer l’état de ce brave Canar. Il passa de la surprise, à l’état de choc, acceptant de plusieurs hochements de tête ce que le fils d’une cliente lui ordonnait de faire. Car ce sympathique ballon de graisse n’était autre que le notaire attenant aux finances de la demeure Ktul et qui en gérait les biens depuis la mort de mon grand-père. Ma mère n’était plus en état, et moi étant trop jeune, la gestion lui était revenu. Et ma garde était allée à la vieille acariâtre qui ronflait dans mon salon. Mais tout ça, c’était terminé. Qu’il me rende officieusement les clés de ma vie, car officiellement rien ne pouvait être légalisé, et je lui laissais une part non-négligeable des biens fonciers de ma famille en échange. Ou autrement dit, je tentais avec mes mots d’alors de l’acheter, en bradant les terres de ma mère. Contre ceci, je voulais avoir libre accès à l’argent que mon père avait laissé derrière lui. Canar, pas d’un naturel gris concernant la loi, accepta cette offre, et se découvrit un renouveau d’intérêt pour ce domaine dont il avait presque oublié l’existence ces deux dernières années. Je devais lui avoir fait un sacré effet pour qu'il renonce à ses principes. Ou bien n'en avait-il jamais eu ?
Et voilà comment j'ai obtenu l’argent nécessaire pour changer mon existence. L’habile Canar s’occupa des règlements législatifs et moi, je me réservais déjà un séjour de remise en forme intensive dans l’un des parcs de Suna Land les plus côtés en matière d'entraînements sportifs. Quand à cette baudruche qui me servait de gouvernante, je fis part à mon “tonton” de mes craintes concernant sa santé. Elle fût finalement retirée à la garde de ma mère et remplacée par une employée plus jeune, et plus malléable sans doute.
Alors que de mon côté, je souffrais comme jamais je n’avais souffert.
Difficile de rattraper des années d’errance. Dans ce centre d’activité sportive du nord de l’île, j’appris auprès de plusieurs spécialistes du corps et des muscles dans quel état je m’étais laissé mettre par le temps, le destin, et ma stupidité. Et je ne manquais pas, plus d’une fois, de m'entraîner jusqu’à l’épuisement, quitte à faire encore plus état de mon idiotie. Mais que dire de plus ? La rage qui n'habitait ne me quittait pas. Pas un seul instant je ne pensais à autre chose qu'avancer, changer, devenir cet être quasi idéal dont j’avais fais la connaissance dans cette salle méconnue de ma maison.
C’était juste avant de craquer, d’avoir ma révélation. Alors que je m’occupais de ma mère, celle-ci c’était remise à parler à mon père absent, l’appelant et lui répondant comme s’il était ici, avec nous. Mais dans son délire, j’entendis une irrégularité, une dissonance : ma mère parlait d’une pièce dans laquelle je n’étais jamais allé, où elle avait oublié quelque chose d’important. Et cet endroit, c’était le bureau de mon père, ou plutôt l'alcôve qui lui avait été offerte par mon grand-père lorsqu’il s’était installé avec sa fille après leur mariage. Une toute petite pièce, à peine plus grande qu’un placard à balais. Un bel exemple de la façon dont ce cher Kelen considérait son gendre. Lorsque je m’y rendais, faisant grincer le verrou rouillé d’une porte ayant trop peu servi ces dernières années, je découvris à la lueur d’une bougie un petit plan de travail, quelques parchemins et encriers laissés de-ci de-là mais surtout, je cru y avoir la frayeur de ma vie en levant les yeux !
Il était là, debout face à moi. Je vous rassure, pas mon père, mais son portrait. Un portrait de plein pied de lui, devant la fenêtre du jardin, dans une tenue très colorée, de rouge et de jaune, scintillante et clinquante. Sur son visage je reconnu des traits qui auraient pu être les miens, mais j’y vis surtout ma chevelure rebelle et éparpillée. Et ma seule pensée face à ce spectacle fût de me dire : qu’est-ce qu’il est beau, est-ce qu’un jour je serais aussi beau que lui ?
Aussi beau que mon père. Voilà une pensée des plus singulière qui me traversa l’esprit. Je me souviens être resté là-bas, assis sur un petit tabouret face au mur, comme hypnotisé par son regard, son allure, sa musculature arrogante et ses yeux volontaires. Lui ? Mon père ? Ne m’étais-je pas trompé dans mes souvenirs d’enfant ? N’avais-je pas trop diabolisé cet homme ? Peut-être avait-il eu ses raisons de partir du jour au lendemain. Peut-être que ma mère, dans sa folie, avait oublié de me parler de quelque chose d’important, comme de cette lettre que je ne lirais que des années plus tard. Peut-être, peut-être, peut-être…
Peut-être n’étais-je rien d’autre qu’un reflet de mon père. Et ça, je me le refusai. Je l’ai même refusé tellement fort que j’en ai perdu un peu de ma santé mentale ! Je l’ai rejeté avec tant de virulence qu’avec le recul, j’ai voulu apprendre à le connaître un peu plus. C’est pourquoi entre deux séances de sport, entre deux cures thermales, entre deux combats d’arts martiaux amicaux et d'escrimes, je passais du temps avec ma mère, lui posant des questions sur mon père. Et bizarrement, cela la fit réagir, et elle se remit à parler, lentement mais sûrement, à celui qu’elle n’avait plus appelé son “fils” depuis ses trois ans.
Oh oui j’en appris plus sur Lulu Al, et surtout à quel point ce tocard était resté vague avec ma mère. Tu m’étonnes que papi n’ait pas apprécié sa présence, lui qui prévoyait tout : ma mère ne savait pas d’où il était originaire avec exactitude, ou d’où il tenait sa fortune, et encore moins où il était allé. Maman savait juste qu’il était prestidigitateur, magicien de foule à ses heures perdues, et grand artiste en déplacement, lorsqu’elle l’avait rencontré au détour d’une soirée, dans la vieille Suna Land habitée. Pourtant il n’avait jamais donné de représentation en ville, je m’en étais même assuré. Alors comment vérifier ? En fouillant, j’avais fini par retrouver dans les affaires de ma mère une vieille affiche publicitaire de son spectacle et force était de constater que oui, le bougre avait eu son heure de gloire. Mais j’y pensais alors : n’était-il pas reparti à l’aventure, las de la vie casanière d’un père de famille ? Quel sale type tout de même, je n’ai vraiment aucune envie de lui ressembler, autant aujourd’hui qu’hier.
Mais on me fit une offre, à l’aube de mes quinze ans : commencer une carrière d’artiste au sein d’une prestigieuse école d’animateur à Suna Land. Le cursus était long, car le niveau final donné était fort appréciable dans l'hôtellerie, quelque soit la mer sur laquelle on se trouvait. Je n’étais pas sûr, mais Canar, autant que ma mère redevenue un peu plus seine d’esprit, me poussèrent à y aller pour les cinq prochaines années.
J’étais plus endurant, plus fort, et bien plus présentable à ce moment là. J’acceptais donc, certain de ma réussite dans cette aventure, prêt à surclasser mon père dans sa carrière artistique ! Et ce, dans un autre style que le sien bien sûr.
Ma troisième et dernière pièce de puzzle, l’histoire que vous ayez un tableau aussi fidèle que possible, n’a pas lieu à ce centre de formation dans lequel je venais de claquer cinq années de ma vie qui filèrent comme autant d'étoiles dans le ciel. Cela a lieu dans un bar proche du parc d’animation pour jeunes enfants, le Pooliup Parc, où l'on fait également garderie.
Pour finir rapidement avec mes études, et pour les résumer au mieux : c’était bien, mais pas super passionnant à vous raconter. On m’y apprit l’art de la comédie, de l’habillage, du paraître. C’est là-bas que j’ai découvert ce don pour la modulation de la voix. C’est aussi là-bas que j’ai connu mes premiers amours, courts, et pas très utiles au final. De toute façon sur ce plan là, je sais ce qu’il me faut : une fille qui soit dingue de mon corps au moins autant que moi je le suis, clairement. Dernier point, c’est également là-bas que j’ai retrouvé quelques vieilles connaissances de mon enfance, et que j’ai dû défendre chèrement ma place au sein de la boutique, quitte à jouer des coudes, des poings, et parfois des lames pour apprendre à ces minables à ne pas se mettre entre moi et mon destin.
Mais voilà, j’ai fini par en sortir de cette école, ma formation terminée. Et j’ai dû trouver un travail, pour bien m’y mettre comme on dit, et aussi parce que mes réserves étaient arrivées à sec pendant mon absence. Je ne l’appris d’ailleurs qu’à la sortie : Canar avait mené la danse avec ma mère, et celle-ci avait dû finalement déménager dans une toute petite maison de campagne à plusieurs kilomètres de chez elle, tandis que le notaire la dépossédait de tous ses biens pour payer tout ce que j’avais égoïstement acquis. Mais ma mère ne m’en voulait pas, elle qui allait tellement mieux maintenant. Je crois bien n’avoir jamais autant pleuré de bonheur que de la voir me sourire, et m’appeler par mon prénom, sans me confondre avec mon père. J’étais tant et si bien déterminé que j’acceptais de me mettre au travail immédiatement pour lui offrir un train de vie agréable, en fils aimant et faussement modèle malheureusement.
Car la vie à Suna Land pour un animateur, ce n'est pas tous les jours évident. Alors j’ai transité, de petits boulots en petits boulots, découvrant à quel point un artiste de ma trempe pouvait ne pas être reconnu. Quand j’ai compris que c’était à cause de ces ordures du centre de formation dont les familles avaient encore un poids politique au sein de l’île que je ramais autant, je cru devenir fou. Et j'ai craqué. Ainsi j’ai pu connaître les joies des cellules de dégrisement de la marine, dans les geôles du Colonel Chouchou Sushi. J’y suis allé une première, puis une seconde et enfin une troisième fois, pour des bagarres, des règlements de compte et des sautes d’humeur. On me laissa alors le choix : me racheter en devenant animateur dans une certaine boîte dont j’ai évoqué le nom, ou finir le reste de mes jours en prison. Je préférais tout de même tenter le coup du parc pour les petits enfants. Je sais pas si j’ai pas regretté sur le coup.
Mais c’était déjà trop tard. On m’a fait mettre le costume de Vildrag, le vilain dragon des forêts, et joué cette scène stupide où un courageux matelot de la marine en permission à terre me terrasse dans les bois près du centre de Pooliup. Et j’ai joué cette scène, encore, et encore, et encore, jusqu’à l’écoeurement. Une fois, même le colonel est venu au spectacle, s’assurer auprès des petits garnements du jour si tout se passait bien et si le spectacle était d’une qualité acceptable. Oh ça pour être bien, il l’était. J’y mettais du cœur à l’ouvrage, dépression nerveuse ou pas. Parce que ça payait les dépenses pour ma mère et que ça me permettait de vivre. Mais j’étais loin d’être heureux. J’en avais marre de n’être qu’un faire valoir aux rêves de ces gosses qui ne voyaient pas la difficulté d’un pauvre monstre à survivre face à un matelot surentraîné. Même dans la logique de la scène, le combat était clairement à l’avantage de l’embuscade du matelot ! Qui avait écrit ce script pourrit là ?!
J'étais au bout du rouleau, à nouveau. Mon corps heureusement n’était pas dans un état déplorable et j’avais pris de telles habitudes que même dans mon état d’épuisement moral, je continuais de l’entretenir. Mais pour la santé de la cafetière, c’est une autre histoire.
Ce qui m’a fait tiquer, c’est la bataille du colonel Konamuri dans le port de Suna Land. Bon sang, ce n’était plus arrivé depuis mon enfance ça ! Une attaque de pirate sur l’île ! J’avais pu voir ça depuis la maison de ma mère, surplombant en bord de falaise le port de plaisance principal des lieux. Et attention, on parle là d’une vraie bataille, pas d’une simple escarmouche ! Même de loin ça avait été quelque chose, de voir couler ce galion de guerre modifié au pavillon des UFOGs. Et ça me fit réfléchir.
Et moi quand je réfléchis trop, je vais au bar. C’est triste mais c’est comme ça.
Pourquoi je vous raconte ma vie depuis tout à l’heure ? Et bien c’est tout simplement parce que j’aimerai laisser une bonne image de moi avant de partir. Celle d’un homme sociable et chaleureux, bien que râleur et assez colérique. J’ai pas envie qu’il arrive des bricoles à ma mère en mon absence vous comprenez ? Parce que je compte bien partir, mais c’est pas avec mon salaire minime de mascotte pour enfant que je vais pouvoir me payer une place sur un bateau. Alors je compte bien m’en faire une de place, quitte à casser quelques dents pour ça. C’est que je me débrouille, en baston. J’ai ce petit pas de danse virevoltant, une bonne maîtrise du sabre, le don de faire des petits bruits désagréable pendant une bagarre pour énerver mes adversaires. Je crains bien moins pour ma vie que quand j’étais jeune. Parce que de toute façon, si je reste ici je vais mourir, d’une façon ou d’une autre. Et puis maintenant j’ai un rêve. Ouais vous m’avez bien entendu, un rêve. Moi qui n’ait jamais rêvé de rien j’ai maintenant un objectif hypothétique et culminant à atteindre !
Je vous le dis, mais vous le gardez pour vous d’accord ? J’aimerai devenir le plus grand acteur des mers, peut être même du monde entier si j’en ai le temps ! Et comme ça, je finirai par retrouver ce fantôme qui me sert de père, pour lui dire ma façon de penser. Et à quel point il a foiré, en nous abandonnant maman et moi.
Alors je vais finir ce verre, prendre ce sac qui traîne à mes pieds, et filocher. Je ne sais pas si on se reverra mais, dans le doute, adieu. Oh, et au fait, je m'appelle Narjus Ktul’al. Retenez bien mon nom parce qu’il pourrait être connu dans tout South Blue dans pas longtemps, et ça fera pas trop mal dans vos soirées entre poivrots que de dire que vous m’avez rencontré, et que je vous ai balancé toute ma vie, comme ça, au calme. Parce que ma vie n’a pas de secret : les vedettes ne doivent pas avoir de secrets pour leur public ! Alors buvez à ma santé et bon vent les croquants !
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Un costume de Vildrag le dragon des forêts a été aperçu ce matin en train de prendre la mer. Le porteur du costume, un certain Narjus Ktul’al, l’aurait dérobé à son travail, le Parc Pooliup, sans permission. Je connais des enfants qui vont être très triste de ne pas voir leur dragon préféré se battre contre les hommes de la marine mais je prédis aux plus âgés du sport si jamais ce costume en fuite est rattrapé par les hommes du colonel Chouchou car, je cite “Ce gringalet a fait la plus grosse erreur de sa vie : faire pleurer les mômes. Ses jours sont comptés.” souhaitons-lui une simple erreur de navette et un égarement passager, et peut être pourra-t-il s’en sortir avec la prison, au lieu de la pendaison ! Sans transition dans notre journal, les dernières nouvelles en provenance de South Blue...Test RP
À la recherche d'un équipage pour quitter Suna Land, tu es sans le sou et décide de payer ta prestation en nature par une représentation théâtrale afin de persuader un capitaine de t'accepter à bord.
Monologue, comique de scène, drame, utilises tous tes acquis d'acteurs pour persuader le capitaine et ses hommes de les rejoindre. Cependant, gare à ne pas trop attirer l'attention, les marines sont dans le coin et te cherchent pour avoir abandonné le travail qu'ils t'avaient imposé à la place de la prison.
Donné par Joe Biutag
Je suis un homme de paix, et de vertu. Calme et détendu, je ne m’égare jamais dans le grand dédale de la vie. Patient je prend le temps d’observer, de comprendre, le monde qui m’entoure. Le respect des dieux et des êtres vivants est ma principale préoccupation…
… Et surtout c’est carrément trop classe la pose bouddhiste au sommet d’une grande roue, les cheveux au vent, en train de défier l’horizon en cherchant LE plan qui me permettra de me tirer de Suna Land ! Mais allez je rigole, me dites pas que vous y avez cru à mon pamphlet mystique ? Allez pour me faire pardonner, plongeons un peu plus en avant dans l’actualité : je vous fais une visite guidée de la propriété.
Prenant appui sur les renforts de métal de la grande roue à l’arrêt, je laisse mon poids basculer à droite, me rattrapant tel un singe, pour commencer à tomber sur le toit d’une nacelle. De là, je saute sur la suivante, et bim, me voilà devenu le roi des acrobates ! Mais revenons à ce qui nous intéresse le plus : moi-même.
J’ai enfin pris ma décision ! Cela n’a pas été facile, surtout quand j’apercevais de temps en temps le colonel en tournée d’inspection. Il y a quelque chose de viscéral pour un homme de croiser ce membre de la marine, comme une démangeaison dans le bas-ventre. De la peur oui c’est ça. Pourtant son Sergent-Chef Harald avait l’air de bien le vivre, et de lui tenir tête. Alors, j’ai décidé de tenir tête au destin qui m’attend sur cette île, tout court.
Et tout ça et bien, ça a déjà commencé ! Et oui les petits amis, le Narjus, il a fait l’impasse sur le taff. Absence injustifiée, chambre désertée, aucune lettre, aucun message. Je n’ai pas beaucoup de temps pour filer en douce, mais comme je suis un grand malin, j’ai pensé à réfléchir à un plan “après” avoir décidé de claquer la porte à mon actuelle vie. Au pire, ils penseront que je suis déjà en fuite sur un navire alors qu’en réalité je m’étais mit en planque dans l’un des parcs actuellement fermé, hors saison touristique. Le Sunday Parc, qui ma foi de bon matin me fait quelque peu flipper à la lueur des premiers rayons du soleil. De toute façon, en règle générale, un parc d’attraction c’est flippant quand il n’y a personne dedans.
J’ai une chance, et une seule : le bar du vieux port. Un troquet du nom de la Bonne Jambe, à l’extrême limite du champ de bataille qui vit là se terminer la carrière de pirate de Nnoles. Un lieu plein d’histoire, évocateur, pour qui se décide aujourd’hui à se lancer dans la piraterie hein ? D’après les quelques infos que j’avais récolté avant de me mettre au vert, parce que je ne suis pas SI inconscient que ça, le bar était la halte classique des capitaines marchands et de leurs équipages en permission. La bonne population de Suna Land ne s’y rendait pas. Autrement dit, peu de chance de croiser une tête connue. Alors comme dirait l’autre : qu’est-ce que t’attend mon con ? Qu’il neige ?
Fuyant les premiers rayons qui rasaient les murs, Vildrag le dragon malsain s’enfonça donc dans la ville encore endormie, direction le vieux port. Me la jouant “discrétion totale”, je me pris pour un espion pirate en repérage. Du coup, comment ça se joue un espion pirate en repérage ? Paranoïaque, mais rapide. Un coup d’œil à chaque angle, les esgourdes grandes ouvertes, le museau vif, voilà un vrai dragon en chasse !
Là, une patrouille ! Je plonge ! Et hop, derrière les caisses du boulanger. Je ricane je ricane, mais il ne faudrait pas non plus en oublier l’objectif : trouver un bateau en cette belle matinée et filer droit. Surtout qu’avec mon costume, facile de donner mon signalement aux gardes. Alors tout doit se faire dans le feutré. Mais j’ai à peine le temps de penser à rejouer le coup du prédateur aux aguets que me voilà derrière le bar de la Bonne Jambe. Ah bah, c’était plus simple que je ne le pensais. Et comme cela fait déjà 24 heures que j’ai abandonné mon poste… Ou c’est juste que je ne représente pas vraiment une menace, soyons d’accord. Je suis colérique, pervers et sans scrupule mais je suis, pas, dangereux. Mais peut être que ça va changer. J’ôte mon serre-tête à cornes et passe une cape autour de mes épaules pour couvrir le plus de vert de mon costume. Par contre pour les cheveux je peux rien faire de plus…
Quoique.
Lorsque j’entre dans le bar, au petit déjeuner, c’est habillé comme ceci : lunettes rondes sans verre trouvées dans une poubelle, chapeau de paille pointu volé à travers la fenêtre d’un salon en rez-de-chaussée, cape maronnasse et délavée récupérée dans une remise, et pince à cheveux artisanale en os de poulet des restes du restaurant d’à côté. Je suis là, in-co-gni-to. Et j’ai l’air d’un clochard. Mais d’un clochard classe !
De bon matin y’a pas mal de va et vient dans l’établissement. Il y a ceux qui arrivent, et ceux qui partent. Moi, ce sont ceux sur le départ qui m'intéressent. J’avise un homme à l’allure altière, mieux habillé. Je le vois à son grand chapeau, il a quelques moyens. Dans la foule qui se déplace dans le bar, j’arrive à tendre l’oreille quand l’un de ses hommes s’adresse à lui. “Arthur Lowfeng”, propriétaire du Radeau des Vices. Oh, aurais-je tiré le bon numéro ? Je me lèche la lèvre supérieure, réfléchissant à une approche mais finalement celle-ci s’impose à moi : l’honnêteté.
“Capitaine Lowfeng ? commençais-je à appeler en me dirigeant vers lui à travers l’établissement, le vrai capitaine Lowfeng ?” j’avais une espèce d’accent pressé, n’accentuant que la fin des mots.
“Hum, hein ? Quoi ? il était un peu surpris de se faire aborder par un inconnu. T’es qui toi ?”
“Nanar ! Vous ne vous souvenez pas ? Ce bon vieux Nanar ! On s’est croisé il y a quelques années alors que vous étiez en permission en ville, au Red Café !”
“Nanar… Red Café…” il me jauge d’un œil incertain.
Et puis, tu parles d’une franchise honnête, j’ai tout largué aux oubliettes en deux millisecondes. Pour être honnête il faudrait être moi-même. Et pour être moi-même il ne faudrait pas que ce “moi” soit recherché par Chouchou et ses sbires. Pas d’chance, je vais devoir laisser l’honnêteté au placard pour aujourd’hui et la joie à l’improvisation : ma discipline favorite. Je profite du temps de réflexion de Lowfeng pour le détailler lui aussi : grand, mais pas autant que moi, musclé, quelques cicatrices sur la mâchoire, les yeux marrons et… Merde, j’ai pas retiré mes lentilles ! J’ai les yeux rouges là ! Aïe c’est ça qui doit pas passer ! Mais c’est mieux que mon air naturellement lubrique alors au final, il faut l’tenter, du coup j’insiste.
“On avait dragué la petite Silvia tous les deux, baratinais-je de plus belle, vous savez celle avec les jolies…”
“Ah ouais la Silvia ! Belle petite j’me souviens. Et donc, qu’est-ce que je peux faire pour toi pied tendre ?”
“Et bien voilà, j’ai entendu sur le port que votre Radeau était sur le départ, c’est le cas ?”
“Ouaip. Mais j’fais pas dans l’transport de passager.”
“J’sais bien capitaine mais j’ai pensé à vous proposer mes services, au moins jusqu’à votre prochaine escale !”
“Mon équipage est déjà au complet coco.”
“Ah ouais ? Vous avez de quoi vous distraire ?”
“De quoi nous… Bah, on a l’beau Pit, et sa gratte. Mais je vois pas trop ce que tu pourrais apporter de plus.”
“Mais mon cher capitaine, je n’attendais que cette remarque pour vous en dire plus ! Voyez-vous, j’suis un ancien diplômé de l’école d’animation de Maldreg, dans la vieille ville. Au chômage depuis peu. Et je pourrais vous apporter une distraction faites de récits, de chants, de prestations et de blagues ! appuyais-je en haussant assez le ton pour que le reste de ses hommes éparpillés dans la salle m’entende. De quoi vous faire passer deux semaines de traversée comme qui rigole.”
Lowfeng me fait les yeux ronds. On devait pas lui avoir souvent fait ce genre de proposition, et je sentais dans sa tête tous les rouages de son cerveau tourner pour essayer de comprendre ce que je venais de proposer, ce qui se résumait par…
“En gros, tu veux que je t’embauche pour nous faire la conversation ?”
“Ouaip, carrément capitaine.”
Et là, là où je devrais manquer de franchise, retournement de situation, je deviens brusquement très honnête ! Si ça c’est pas de la déstabilisation mentale de qualité ! Car oui, le capitaine était assez perdu quand à la réaction à donner à ma proposition : vexation, moquerie, ou totalement m’ignorer sans doute, semblaient être des options valables. Mais ce n’est pas de lui que j’attendais vraiment une approbation. Je me fis un petit compte à rebours : trois, deux, un…
“Euh, capitaine ?”
“Quoi encore ?” répondit-il avec virulence à l’injonction de son subordonné.
“Vous savez, ce serait peut être sympa de changer un peu de distraction sur le bateau pendant la traversée… c’est pas qu’on aime pas Pit mais, son crincrin on en soupe depuis des années alors…”
“Ouais ouais ouais j’ai compris pas la peine d’en rajouter, mais avant de dire oui, continua-t-il en se retournant vers moi avec un sourire en coin, faudrait d’abord nous prouver que t’en vaux le coup, l’comique.”
“Oh mais capitaine, bien sûr que j’en vaux l’coup. Haem, fis-je en me raclant la gorge, le silence s’installant autour de moi, deux pirates discutent : tiens, t’as un crochet à la place de la main ? fis-je en prenant la voix d’un vieux boucanier des familles, ouais, je l’ai perdu en attaquant un galion de la marine, répondit une autre voix plus sombre, et ta cicatrice à la joue, c’est un gars de la marine aussi ? Non, ça c’est l’moustique qui m'a piqué, juste après qu’on m’ait mit l’crochet.”
Silence. Ok, elle est classique celle-ci mais je m’attendais à un peu plus de réaction. Mais c’est alors que je vois du coin de l’œil un des gars de Lowfeng mettre sa main devant la bouche et brusquement être secoué de spasmes. Son pote à côté le regarde bizarrement, et finalement comprend lui aussi la blague, comme un déclic soudain. Et c’est finalement une sorte de fou rire qui s’installe dans le bar mais je ne compte pas en rester là !
“Ce sont deux artilleurs qui discutent sur le pont d’un galion : tu savais toi que les hommes poissons pouvaient nager plus vite que les boulets de canon ? Comment tu le sais ? Bah j’ai fais le test pardi ! Mais comment t’as pu voir si l’homme poisson allait plus vite que le boulet ? Et bien je me suis accroché à lui. Au poisson ? Non au boulet. Ah, c’est pour ça qu’il te manque une jambe ? Ouais.”
Une espèce d’hilarité s’installe chez les membres de l’équipage du Radeau des Vices. Ils devaient vraiment être en manque d’humour ces p’tits bonhommes mais l’effet à l’air de fonctionner ! Le truc, c’est qu’ils commencent surtout à faire beaucoup de bruit ces bougres d’andouilles ! Si une patrouille rentre je suis marron moi ! J’hésite un instant : une dernière ou je relance ma demande ? Tic tac tic tac tic tac fin de partie.
“Alors capitaine, qu’est-ce que vous en dites ?”
“Ahah, ah, fait-il en arrêtant de rire, c’est d’accord Nanar, tu peux monter à bord, mais attention, si c’était tes meilleures blagues tu feras pas long feu !”
“Eh, eh, on le tirera avec un canon pour voir, bouahahah !”
Je souris du trait d’humour du matelot de Lowfeng et lui tend la main pour sceller notre accord. Au pire à bord il sera toujours temps d’ouvrir mon répertoire au drame mais là, de bon matin, il n’y avait que l’humour pour me sauver la mise ! Ainsi négociais-je ma traversée du désert, si l’on peut dire avec l’équipage le plus bas du plafond qu’il m’ait été donné de côtoyer : ou autrement dit ce sera ma première traversée au sein d’un équipage !
Sur le pont du Radeau, je me permis même un petit pied-de-nez à Suna Land : je retirais là mon déguisement, reprenant ma tenue de Vildrag que de toute façon personne à bord ne connaissait, même pas le capitaine. Je ne sus qu’après coup qu’on m’avait vu faire depuis le port, mais ça, c’est une autre pièce du puzzle. Allez, à la prochaine !
Monologue, comique de scène, drame, utilises tous tes acquis d'acteurs pour persuader le capitaine et ses hommes de les rejoindre. Cependant, gare à ne pas trop attirer l'attention, les marines sont dans le coin et te cherchent pour avoir abandonné le travail qu'ils t'avaient imposé à la place de la prison.
Donné par Joe Biutag
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Je suis un homme de paix, et de vertu. Calme et détendu, je ne m’égare jamais dans le grand dédale de la vie. Patient je prend le temps d’observer, de comprendre, le monde qui m’entoure. Le respect des dieux et des êtres vivants est ma principale préoccupation…
… Et surtout c’est carrément trop classe la pose bouddhiste au sommet d’une grande roue, les cheveux au vent, en train de défier l’horizon en cherchant LE plan qui me permettra de me tirer de Suna Land ! Mais allez je rigole, me dites pas que vous y avez cru à mon pamphlet mystique ? Allez pour me faire pardonner, plongeons un peu plus en avant dans l’actualité : je vous fais une visite guidée de la propriété.
Prenant appui sur les renforts de métal de la grande roue à l’arrêt, je laisse mon poids basculer à droite, me rattrapant tel un singe, pour commencer à tomber sur le toit d’une nacelle. De là, je saute sur la suivante, et bim, me voilà devenu le roi des acrobates ! Mais revenons à ce qui nous intéresse le plus : moi-même.
J’ai enfin pris ma décision ! Cela n’a pas été facile, surtout quand j’apercevais de temps en temps le colonel en tournée d’inspection. Il y a quelque chose de viscéral pour un homme de croiser ce membre de la marine, comme une démangeaison dans le bas-ventre. De la peur oui c’est ça. Pourtant son Sergent-Chef Harald avait l’air de bien le vivre, et de lui tenir tête. Alors, j’ai décidé de tenir tête au destin qui m’attend sur cette île, tout court.
Et tout ça et bien, ça a déjà commencé ! Et oui les petits amis, le Narjus, il a fait l’impasse sur le taff. Absence injustifiée, chambre désertée, aucune lettre, aucun message. Je n’ai pas beaucoup de temps pour filer en douce, mais comme je suis un grand malin, j’ai pensé à réfléchir à un plan “après” avoir décidé de claquer la porte à mon actuelle vie. Au pire, ils penseront que je suis déjà en fuite sur un navire alors qu’en réalité je m’étais mit en planque dans l’un des parcs actuellement fermé, hors saison touristique. Le Sunday Parc, qui ma foi de bon matin me fait quelque peu flipper à la lueur des premiers rayons du soleil. De toute façon, en règle générale, un parc d’attraction c’est flippant quand il n’y a personne dedans.
J’ai une chance, et une seule : le bar du vieux port. Un troquet du nom de la Bonne Jambe, à l’extrême limite du champ de bataille qui vit là se terminer la carrière de pirate de Nnoles. Un lieu plein d’histoire, évocateur, pour qui se décide aujourd’hui à se lancer dans la piraterie hein ? D’après les quelques infos que j’avais récolté avant de me mettre au vert, parce que je ne suis pas SI inconscient que ça, le bar était la halte classique des capitaines marchands et de leurs équipages en permission. La bonne population de Suna Land ne s’y rendait pas. Autrement dit, peu de chance de croiser une tête connue. Alors comme dirait l’autre : qu’est-ce que t’attend mon con ? Qu’il neige ?
Fuyant les premiers rayons qui rasaient les murs, Vildrag le dragon malsain s’enfonça donc dans la ville encore endormie, direction le vieux port. Me la jouant “discrétion totale”, je me pris pour un espion pirate en repérage. Du coup, comment ça se joue un espion pirate en repérage ? Paranoïaque, mais rapide. Un coup d’œil à chaque angle, les esgourdes grandes ouvertes, le museau vif, voilà un vrai dragon en chasse !
Là, une patrouille ! Je plonge ! Et hop, derrière les caisses du boulanger. Je ricane je ricane, mais il ne faudrait pas non plus en oublier l’objectif : trouver un bateau en cette belle matinée et filer droit. Surtout qu’avec mon costume, facile de donner mon signalement aux gardes. Alors tout doit se faire dans le feutré. Mais j’ai à peine le temps de penser à rejouer le coup du prédateur aux aguets que me voilà derrière le bar de la Bonne Jambe. Ah bah, c’était plus simple que je ne le pensais. Et comme cela fait déjà 24 heures que j’ai abandonné mon poste… Ou c’est juste que je ne représente pas vraiment une menace, soyons d’accord. Je suis colérique, pervers et sans scrupule mais je suis, pas, dangereux. Mais peut être que ça va changer. J’ôte mon serre-tête à cornes et passe une cape autour de mes épaules pour couvrir le plus de vert de mon costume. Par contre pour les cheveux je peux rien faire de plus…
Quoique.
Lorsque j’entre dans le bar, au petit déjeuner, c’est habillé comme ceci : lunettes rondes sans verre trouvées dans une poubelle, chapeau de paille pointu volé à travers la fenêtre d’un salon en rez-de-chaussée, cape maronnasse et délavée récupérée dans une remise, et pince à cheveux artisanale en os de poulet des restes du restaurant d’à côté. Je suis là, in-co-gni-to. Et j’ai l’air d’un clochard. Mais d’un clochard classe !
De bon matin y’a pas mal de va et vient dans l’établissement. Il y a ceux qui arrivent, et ceux qui partent. Moi, ce sont ceux sur le départ qui m'intéressent. J’avise un homme à l’allure altière, mieux habillé. Je le vois à son grand chapeau, il a quelques moyens. Dans la foule qui se déplace dans le bar, j’arrive à tendre l’oreille quand l’un de ses hommes s’adresse à lui. “Arthur Lowfeng”, propriétaire du Radeau des Vices. Oh, aurais-je tiré le bon numéro ? Je me lèche la lèvre supérieure, réfléchissant à une approche mais finalement celle-ci s’impose à moi : l’honnêteté.
“Capitaine Lowfeng ? commençais-je à appeler en me dirigeant vers lui à travers l’établissement, le vrai capitaine Lowfeng ?” j’avais une espèce d’accent pressé, n’accentuant que la fin des mots.
“Hum, hein ? Quoi ? il était un peu surpris de se faire aborder par un inconnu. T’es qui toi ?”
“Nanar ! Vous ne vous souvenez pas ? Ce bon vieux Nanar ! On s’est croisé il y a quelques années alors que vous étiez en permission en ville, au Red Café !”
“Nanar… Red Café…” il me jauge d’un œil incertain.
Et puis, tu parles d’une franchise honnête, j’ai tout largué aux oubliettes en deux millisecondes. Pour être honnête il faudrait être moi-même. Et pour être moi-même il ne faudrait pas que ce “moi” soit recherché par Chouchou et ses sbires. Pas d’chance, je vais devoir laisser l’honnêteté au placard pour aujourd’hui et la joie à l’improvisation : ma discipline favorite. Je profite du temps de réflexion de Lowfeng pour le détailler lui aussi : grand, mais pas autant que moi, musclé, quelques cicatrices sur la mâchoire, les yeux marrons et… Merde, j’ai pas retiré mes lentilles ! J’ai les yeux rouges là ! Aïe c’est ça qui doit pas passer ! Mais c’est mieux que mon air naturellement lubrique alors au final, il faut l’tenter, du coup j’insiste.
“On avait dragué la petite Silvia tous les deux, baratinais-je de plus belle, vous savez celle avec les jolies…”
“Ah ouais la Silvia ! Belle petite j’me souviens. Et donc, qu’est-ce que je peux faire pour toi pied tendre ?”
“Et bien voilà, j’ai entendu sur le port que votre Radeau était sur le départ, c’est le cas ?”
“Ouaip. Mais j’fais pas dans l’transport de passager.”
“J’sais bien capitaine mais j’ai pensé à vous proposer mes services, au moins jusqu’à votre prochaine escale !”
“Mon équipage est déjà au complet coco.”
“Ah ouais ? Vous avez de quoi vous distraire ?”
“De quoi nous… Bah, on a l’beau Pit, et sa gratte. Mais je vois pas trop ce que tu pourrais apporter de plus.”
“Mais mon cher capitaine, je n’attendais que cette remarque pour vous en dire plus ! Voyez-vous, j’suis un ancien diplômé de l’école d’animation de Maldreg, dans la vieille ville. Au chômage depuis peu. Et je pourrais vous apporter une distraction faites de récits, de chants, de prestations et de blagues ! appuyais-je en haussant assez le ton pour que le reste de ses hommes éparpillés dans la salle m’entende. De quoi vous faire passer deux semaines de traversée comme qui rigole.”
Lowfeng me fait les yeux ronds. On devait pas lui avoir souvent fait ce genre de proposition, et je sentais dans sa tête tous les rouages de son cerveau tourner pour essayer de comprendre ce que je venais de proposer, ce qui se résumait par…
“En gros, tu veux que je t’embauche pour nous faire la conversation ?”
“Ouaip, carrément capitaine.”
Et là, là où je devrais manquer de franchise, retournement de situation, je deviens brusquement très honnête ! Si ça c’est pas de la déstabilisation mentale de qualité ! Car oui, le capitaine était assez perdu quand à la réaction à donner à ma proposition : vexation, moquerie, ou totalement m’ignorer sans doute, semblaient être des options valables. Mais ce n’est pas de lui que j’attendais vraiment une approbation. Je me fis un petit compte à rebours : trois, deux, un…
“Euh, capitaine ?”
“Quoi encore ?” répondit-il avec virulence à l’injonction de son subordonné.
“Vous savez, ce serait peut être sympa de changer un peu de distraction sur le bateau pendant la traversée… c’est pas qu’on aime pas Pit mais, son crincrin on en soupe depuis des années alors…”
“Ouais ouais ouais j’ai compris pas la peine d’en rajouter, mais avant de dire oui, continua-t-il en se retournant vers moi avec un sourire en coin, faudrait d’abord nous prouver que t’en vaux le coup, l’comique.”
“Oh mais capitaine, bien sûr que j’en vaux l’coup. Haem, fis-je en me raclant la gorge, le silence s’installant autour de moi, deux pirates discutent : tiens, t’as un crochet à la place de la main ? fis-je en prenant la voix d’un vieux boucanier des familles, ouais, je l’ai perdu en attaquant un galion de la marine, répondit une autre voix plus sombre, et ta cicatrice à la joue, c’est un gars de la marine aussi ? Non, ça c’est l’moustique qui m'a piqué, juste après qu’on m’ait mit l’crochet.”
Silence. Ok, elle est classique celle-ci mais je m’attendais à un peu plus de réaction. Mais c’est alors que je vois du coin de l’œil un des gars de Lowfeng mettre sa main devant la bouche et brusquement être secoué de spasmes. Son pote à côté le regarde bizarrement, et finalement comprend lui aussi la blague, comme un déclic soudain. Et c’est finalement une sorte de fou rire qui s’installe dans le bar mais je ne compte pas en rester là !
“Ce sont deux artilleurs qui discutent sur le pont d’un galion : tu savais toi que les hommes poissons pouvaient nager plus vite que les boulets de canon ? Comment tu le sais ? Bah j’ai fais le test pardi ! Mais comment t’as pu voir si l’homme poisson allait plus vite que le boulet ? Et bien je me suis accroché à lui. Au poisson ? Non au boulet. Ah, c’est pour ça qu’il te manque une jambe ? Ouais.”
Une espèce d’hilarité s’installe chez les membres de l’équipage du Radeau des Vices. Ils devaient vraiment être en manque d’humour ces p’tits bonhommes mais l’effet à l’air de fonctionner ! Le truc, c’est qu’ils commencent surtout à faire beaucoup de bruit ces bougres d’andouilles ! Si une patrouille rentre je suis marron moi ! J’hésite un instant : une dernière ou je relance ma demande ? Tic tac tic tac tic tac fin de partie.
“Alors capitaine, qu’est-ce que vous en dites ?”
“Ahah, ah, fait-il en arrêtant de rire, c’est d’accord Nanar, tu peux monter à bord, mais attention, si c’était tes meilleures blagues tu feras pas long feu !”
“Eh, eh, on le tirera avec un canon pour voir, bouahahah !”
Je souris du trait d’humour du matelot de Lowfeng et lui tend la main pour sceller notre accord. Au pire à bord il sera toujours temps d’ouvrir mon répertoire au drame mais là, de bon matin, il n’y avait que l’humour pour me sauver la mise ! Ainsi négociais-je ma traversée du désert, si l’on peut dire avec l’équipage le plus bas du plafond qu’il m’ait été donné de côtoyer : ou autrement dit ce sera ma première traversée au sein d’un équipage !
Sur le pont du Radeau, je me permis même un petit pied-de-nez à Suna Land : je retirais là mon déguisement, reprenant ma tenue de Vildrag que de toute façon personne à bord ne connaissait, même pas le capitaine. Je ne sus qu’après coup qu’on m’avait vu faire depuis le port, mais ça, c’est une autre pièce du puzzle. Allez, à la prochaine !
Informations IRL
• Prénom : Flo
• Âge : 26
• Aime : le JDR, les Jeux Vidéos, et les longues balades au bord des quais... eheh
• N'Aime pas : Foncièrement y'a rien que je n'aime "pas" alors on va dire, rien !
• Personnage préféré de One Piece : Et beh, j'aime bien Usopp !
• Caractère : Hum, calme, pragmatique, mélomane, et bon orateur !
• Fait du RP depuis : Sur forum depuis 13 ans, en JDR papier depuis 4 ans
• Disponibilité Approximative : une à deux fois par semaine
• Comment avez-vous connu le forum ? via Adrix !
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Dernière édition par Narjus Ktul'al le Mar 5 Avr 2016 - 11:06, édité 14 fois