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Jack à dit : Pas de gêneur

Suite des événements joués ici.



***



Alors que Marcus et le second matelot, les deux derniers hommes à bord de l'équipage de Merry Frecurry, portaient chacun le cafard en plaçant ses bras sur leurs épaules, c'est avec hâte qu'ils s'empressèrent de le jeter à quai comme un malpropre. Ainsi la dette du capitaine fut payée, il avait mené Joe à bon port, ce qu'il adviendrait de lui par la suite, rien n'aurait pu moins l'intéresser.
Au bord de l'embarcation qu'ils avaient volé sur l'île maléfique, il regardait de haut le forban qui se tortillait comme un ver à même les quais.
Empoisonné par une fléchette enduite de tranquillisant musculaire, le cafard ne tarderai pas à y passer, cette chute violente hâta son aller simple en enfer.

- Ma part du contrat est remplie, nous sommes quitte.

Merry Fredcurry n'était pas de nature malveillante, loin de là. Quelque peu insouciant et rêveur, il ne se montrait que rarement impitoyable. Mais il tenait Joe responsable de la plupart des malheurs qui s'étaient abattus sur lui et son équipage depuis qu'ils avaient quitté Dead End. Sans pour autant jubiler, c'est avec une certaine satisfaction qu'il se disait que le poison aurait raison du forban vicieux qu'il avait emmené jusqu'ici.
Se retournant, il jeta un Eternal Pose qui pointait vers Dead End dans les mains de Markus son premier matelot.

- Rentrons.

Ravi de pouvoir enfin retourner de là où ils venaient pour se reposer, Marcus et son camarade manquèrent de pleurer de joie. Ils ne s'étaient même pas occupés à traîner Joe jusqu'à la ville animée de l'Île en fête. De toutes manières, dans l'état dans lequel il se trouvait, aucun médecin n'aurait pu le soigner, ses muscles étaient trop durement touchés.
Poussant quelques légers cris, Grite, le bébé tigre qui avait accompagné Joe durant tout son périple sur l'Île maléfique cherchait à descendre du bateau. Merry le retenait à bord, et se saisit de la boule de poil, qui avait quelque peu grandit cela dit.

- Maintenant mon vieux tu es des nôtres. On va pas laisser une malheureuse créature avec ce cadavre en devenir.

La malheureuse créature en guise de réponse ne trouva qu'à donner un bon coup de mâchoire dans la main du capitaine mélomane qui le lâcha sur le coup. Sans même avoir le temps de rattraper la bête, celle-ci sauta à l'eau, nageant tant bien que mal jusqu'à quai. Retournant à Joe qui était inerte, il l'éclaboussa de sa fourrure trempée.

- C'est ça.... Balance moi de la flotte... Je suis pas assez mourant comme ça...

Au moins ça avait eu le mérite de le maintenir conscient. Le cafard n'avait que faire de la loyauté du petit tigre qui avait préféré l'accompagner plutôt que de rester à bord pour continuer à être nourri grassement et avoir la belle vie. Sa vue se troublait, il alternait entre les phases où il crevait de chaud et celles où il manquait d'être congelé, ses muscles lui arrachaient un cri chaque fois qu'il cherchait à se mouvoir. C'était la fin. Alors tigre ou pas, il s'en foutait éperdument.

Au moins il ne se retrouvait pas sur une île de sauvages, l'endroit avait civilisé, sans doute quelqu'un finirait pas le remarquer. Pour s'en sortir, il ne pouvait plus compter que là dessus. Mais aucune science n'aurait pu guérir l'étendue des dommages subit. Le poison s'était répandu, il n'y avait rien à faire. Malgré tout, Joe s'accrochait, car il n'y avait guère rien d'autre qu'il pouvait faire dans ces conditions.

Tandis que Grite se reposait paisiblement à côté du forban, allongé sur le quai, ne pouvant bouger d'un pouce, l'animal leva la tête vivement. Deux hommes approchaient. Joe, bien que face contre terre pouvait entendre les bruits de botte contre le ponton en bois. Peut-être le salut viendrait-il d'eux.
Il ignorait encore que l'île appartenait depuis peu à Jack Callughan, capitaine corsaire dont la réputation n'était plus à faire, et dont la notion de charité n'était pour lui qu'un sujet de blague. Que ce soit le tranquillisant musculaire ou les hommes de Jack qui approchaient, il n'y aurait pas de salut pour le cafard.


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 4 Avr 2016 - 8:23, édité 1 fois
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C'était pour le moins angoissant. Trop mal en point pour lever la tête, Joe ne savait pas ce que les deux hommes, maintenant à ses côtés, pouvaient bien lui vouloir. Ils semblaient rester là à le regarder. L'un d'eux finit par enfin interagir avec le cafard, ce que ce dernier regrettera bien vite. Poussant mollement le forban allongé sur les quais du bout de sa botte afin de mettre sur le dos, l'un des deux hommes contempla le visage du boucanier échoué sur l'île.

- Tiens, un cafard.

Être reconnu partout où il irait, telle était la rançon de la gloire. Après s'être joué des révolutionnaires, avoir mis Minos le roi taureau dans un sale état, et débuté une guerre civile sur Clockwork Island, le cafard commençait à être quelque peu connu de ses contemporains de la troisième voie.

- Tiens, deux pédés en blouse blanche...

Certes la répartie ne volait pas haut, mais c'était tout ce qu'il avait en réserve dans l'état dans lequel il se trouvait. Des scientifiques qui se baladent sur les quais, ça n'était pas bon signe. Joe ignorait ce qui pouvait bien se tramer sur cette île dont il ne connaissait rien, mais quand une équipe de chercheurs étaient en charge des environs, cela augurait de biens sombre présages.
Aucun des deux ne se formalisèrent du commentaire ras des pâquerettes du forban. Le blond qui cachait sa calvitie avec une mèche rebelle enfila des gants et se pencha sur Joe pour le palper et le tâter.

- Sève de maladrite. Il est foutu.

Suite à ce verdict expéditif, son camarade soupira.

- Tu sais bien qu'on ne touche qu'un tiers de la prime s'ils sont morts. Même les prises de Jack* ne font pas exception.

Jack. Le forban connaissait ce nom. Qui ne le connaissait pas de toutes manières ? Lui qui était passé à Dead End avait appris que le loustic était très présent sur la troisième voie de Grand Line, mais de là à posséder deux îles, cela le sidérait. L'endroit avait beau ne pas être à proprement parler un territoire du Gouvernement Mondial, ça ne restait que le nid de l'un de leurs laquais.

Coup dur pour le cafard. De la bouche même d'un scientifique qui avait identifié le poison en quelques coups d'oeil, ce dernier en avait conclu à la mort imminente de Joe. Aucun remède envisageable. Ils en étaient d'ailleurs les plus triste. Un tiers de la prime du cafard, ça n'allait pas chercher loin quand on était habitué aux criminels capturés par Jack.
Recoiffant sa mèche, le blondin se mordait la lèvres en réfléchissant.

- Il y a peut-être un moyen de tirer un profit maximum.

Un espoir ? Le palpitant du forban se mit à battre. Si un remède existait, il devait en profiter à tout prix. Être capturé lui importait peu, tout ce qu'il voulait, c'était vivre, ou plutôt survivre. Si il avait eu la force de supplier les deux zouaves en blouse, il l'aurait fait de bon coeur. Son destin était entre leurs mains de sociopathes cupides.

- Et comment ? Il n'y a aucun remède au poison quand il est aussi répandu dans le corps.

Sceptique, le bigleux aux longs cheveux ne voyait pas comment sauver le cas désespéré que représentait le cafard. Son camarade cependant avait l'air confiant en se redressant.

- Que dirais-tu de l'emmener au cratère ?

Affichant un visage pour le moins choqué, le deuxième scientifique commença à sourire. La thérapie par le cratère se dessinait petit à petit, le forban ignorait de quoi il s'agissait, mais cela restait son ultime espoir.


*Le jeu de mot n'étais pas voulu, mais j'ai laissé en l'état parce que j'ai trouvé ça rigolo.
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Entreprise laborieuse que de mettre le forban sur une civière. Chaque fois qu'un des hommes de Jack appelés pour les aider s'approchait de Joe, Grite leur sautait dessus pour les mordre. Ayant l'habitude de prendre les coups de pieds du cafard en pleine tronche, les baffes des gros bras qui cherchaient à l'éloigner étaient de la rigolade pour lui à côté.

Mais une claque lui fit plus mal que les autres. Joe, usant de ses dernière force cogna du bout des doigts la truffe de l'animal. Vexé d'être frappé par celui qu'il considère comme sa mère, Grite recula et laissa les pirates louches mettre Joe sur sa civière. Tout ce que voulait faire le petit tigre, c'était protéger le cafard, ne se doutant pas qu'il entravait son chemin vers la guérison.
En réalité, l'instinct de la bête avait pour une fois été plus développé que celui du forban empoisonné, car au cratère, là où l'on emmenait Joe, il n'était nullement question de guérison.

Prudent, l'animal suivait les deux pirates, escortés des scientifiques qui avaient trouvé Joe. Ceux-ci passèrent par une ville bien animée. L'île avait beau être la propriété de Jack Callughan, ce n'était pas une ambiance de tyrannie et de supplice qui régnait dans le coin. Sans doute était-ce parce qu'il avait délégué la gestion de l'Île en fête à Jasra.

Cependant, Joe n'était pas ici pour jouir de l'ambiance festive de l'île, tout ce qu'il voulait c'était ne pas mourir. Que la marine l'emporte suite à cela, cela n'avait aucune importance tant qu'il pouvait vivre.
En dépit de ce passage en ville, il ne fut nullement question de l'entreposer dans une clinique ou un quelconque institut médical. À peine entré par un côté de la ville, à peine ressortit de l'autre. La petite expédition s'enfonçait dans la jungle peu touffue de l'île.

Du regard, le cafard observa les visages de ses ravisseurs en devenir. Si les scientifiques plus tôt avaient eu un sourire en coin en évoquant le cratère, plus ils se rapprochaient de celui-ci, plus ils pâlissaient. Il en allait d'ailleurs de même pour les deux gaillards qui le transportaient. Face au mal qui le rongeait, Joe en déduisit à ces moues de terreur que le remède qu'il allait être contraint d'ingurgiter serai bien amer.

Il n'avait pas idée à quel point.

Tranquillement transporté, le forban avait une vue imprenable sur le paysage qui se dressait face à lui. Ses hôtes semblaient se diriger en direction d'un volcan fumant. Durant un instant, il en vînt à espérer qu'il ne serait pas question de lave pour son traitement. Seulement maintenant, il craignait que ses soins ne le mutilent gravement. Mais qu'aurait-il pu faire pour éviter ça ? Incapable de bouger le moindre muscle, il ne pouvait que s'en remettre aux scientifiques qui l'avaient "capturé".

Par moment, le cafard entendait gémir Grite qui les suivait camouflé dans la verdure de la jungle. Qu'il aurait aimé que la bête pèse cinquante kilos de plus et ne vienne le sauver. Toutefois, compte tenu de la taille du petit tigre, qui avait néanmoins bien grandit depuis qu'ils s'étaient rencontrés, aucune entreprise de sauvetage n'était à espérer ou même à envisager.

Petit à petit, le verdure se fit plus rare jusqu'à disparaître entièrement. Le paysage n'était plus que roches noircies et odeur de souffre. Décidément, le forban commençait par croire qu'on descendait directement en enfer pour négocier un médicament avec le diable.
Mais ce n'était pas en enfer qu'on le menait. Pourtant, c'eut été préférable pour lui quand on savait ce qui l'attendait dans le cratère, devant lequel ils venaient de faire halte à l'instant.
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Aux alentours du volcan, un cratère suffisamment profond se trouvait dans la roche noircie. On déposa à terre la civière sur laquelle se trouvait le forban. Il lui avait semblé avoir aperçu des silhouettes en bas. De ce qu'il avait vu des environs, le cratère n'était pas naturel, c'était clairement le produit d'une explosion. Vraiment, cette île, comme les précédentes, était loin d'être nette.

- Faites glisser la civière le long de la paroi.

Joe déglutit, c'était tout ce qu'il pouvait faire à présent. Yeux grands ouverts, ingurgités de veines rouges, il savait que la pente qui menait au fond du ravin était particulièrement raide et que ce qu'avait annoncé le binoclard risquait de lui faire mal. Même les pirates de Jack, pourtant aussi érudits que leur capitaine, avaient eu le bon sens d'émettre des doutes sur la survie du cafard après une pareille descente.

- De ce que j'en ai lu dans les journaux, il n'est pas du genre à crever aussi facilement. Obéissez.

Même si sa mâchoire lui faisait énormément souffrir chaque fois qu'il l'ouvrait, il ne put s'empêcher de répondre :

- Les journaleux... Ils disent que des conneries...

Un cri du coeur, une critique acerbe de la presse et de ses débordements, mais surtout, une tentative minable pour s'en sortir. Car si il savait qu'il survivrait à une telle chute, même dans son état, le forban savait surtout qu'il allai morfler méchamment.

- Tu ne m'en voudras pas si je préfère m'en remettre à leurs écrits plutôt qu'à tes dires "cafard" ?

Pour le coup, le scientifique marquait un point. Mieux valait ne pas faire confiance à un boucanier, surtout quand ce dernier était aussi douteux, lâche et retors que l'infâme Joe Biutag. Néanmoins, constatant que le pirate était encore conscient, le binoclard aux cheveux long se permit de lui faire la conversation avant de l'envoyer faire le grand saut.

- Crois moi, la douleur de la chute, c'est le dernier de tes soucis.

Cela promettait.

- En bas ce qui t'attend.....

Il pouffa.

- Non je préfère te laisser la surprise.

Observer les réactions de terreur de ceux confrontés au "remède" situé au fond du cratère semblait le distraire. Sans doute était-ce pire que tout ce que Joe aurait pu imaginer, il ne s'agissait pas d'un médicament quelconque ou d'une chirurgie sans anesthésie, c'était quelque chose. Un quelque chose qu'il ignorait et qui faisait travailler son imagination, nourrissant ainsi les craintes les plus diverses. Quand on avait un esprit aussi torturé que le sien, les hypothèses macabres étaient légions. Le simple fait d'appréhender ce qui l'attendait en bas était une torture en soi.

- Sur ce...

Après avoir saisit que les deux pirates ayant porté la civière n'étaient pas très disposés à envoyer Joe à la mort, de peur de ne pas récupérer l'intégralité de la prime, le scientifique fut plus confiant et, poussant avec sa botte, fit avancer la civière jusqu'à ce qu'elle se trouve au bord du précipice.

- Passe lui le bonjour de ma part. Nous reviendrons te chercher dans deux heures.

Sans comprendre un mot de ce qu'il venait d'entendre, le forban glissa le long de la descente rocheuse parsemée de petits cailloux dont chaque contact constituait une meurtrissure avec ses muscles morts.
Enfin il s'écrasa au fond du cratère, lâchant un "ouf" en guise de simple cri de douleur. Bientôt le poison aurait raison de lui, peu lui importait la nature du remède qui l'attendait en bas, la fin était proche il lui fallait des soins.


Dernière édition par Joe Biutag le Mar 5 Avr 2016 - 8:43, édité 1 fois
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Couvert de blessures suite à sa chute, serrant les dents pour retenir un cri qui lui aurait arraché la mâchoire tant ses muscles se contractaient faute du poison, le cafard crispa ses mains, grattant le sol, se tortillant légèrement, puis, sur le ventre, redressa la tête.
Observant ce qui l'entourait, il se demandait si il s'agissait de médecins qui l'entouraient. En effet, dix personnes zonaient autour de lui et semblait le scruter, sans rien dire. Sa vue étant trop floue, le forban n'arrivait pas clairement à identifier la petite troupe.

Leur posture était angoissante. Clairement, ils étaient humains, mais il leur manquait quelque chose. Certes ils étaient debout, et pouvaient se mouvoir, mais il avait semblé à Joe qu'il leur manquait un souffle de vie. Leur démarche était celle d'automates, et du peu qu'il parvenait à apercevoir de leur visage, ils semblaient inanimés, vide de toute expression. C'était pour le peu angoissant. Considérant leur air absent, le cafard se demanda si plutôt que d'être des médecins, il ne s'agissait pas en réalité de patients. Probablement lobotomisés qui plus est. Joe prit peur. Il ne voulait pas retrouver la santé au détriment de son intellect, aussi sommaire pouvait-il être. Vivre sans être conscient de ce que l'on vit, ce n'était pas exister. C'était une torture pire que la mort.

Parmi tout ce qui venait de traverser l'esprit de Joe, il y avait du vrai et faux. Face à lui, il n'y avait ni médecin ni patient, cela dit, effectivement, il s'agissait d'êtres humains inanimés, mais pas du fait d'une trépanation ou aucune d'une procédure chirurgicale. C'était en réalité bien pire que tout ce qu'il aurait pu imaginer.
Quelque chose rampait derrière lui. On aurait dit un serpent qui se déplaçait rapidement. Dans l'état dans lequel il se trouvait, le forban n'avait pas la force pour se tourner et faire face à ce qui semblait être un danger. L'un des hommes qui erraient autour de lui fut suffisamment proche de lui pour qu'il aperçoive ses yeux révulsés, son teint grisâtre, et ses veines noircies qui semblaient ressortir de sous sa peau.

Rien d'humain dans ce qu'il venait de voir. Quelque fut la chose qui rampait derrière lui, elle s'était posée sur sa jambe, semblant le tâter comme pour tester sa résistance. Le mouvement était trop vif, trop réfléchis pour qu'il s'agisse d'un serpent. Cette chose s'enroula alors vivement autour de sa jambe et le tira violemment tout en le traînant sur le sol. Paniqué, Joe était impuissant et ne savait pas à quoi s'attendre. Tout ce qu'il avait pu apercevoir, c'était que l'étreinte nouée autour de son mollet semblait avoir été opérée par une liane.
Cela n'avait aucun sens à ses yeux. Comment une plante pouvait-elle être aussi développée. Il devait y avoir autre chose derrière.

Mais il n'y avait rien d'autre que le désespoir. Tractant le corps du cadavre en devenir, la liane amena sa proie jusqu'au coeur de ce qui l'animait. Chacun des muscles du cafards furent alors meurtris par ses tremblements. Oui, il aurait préféré succomber à la douleur que de subir ce qui s'annonçait.

Une plante odieuse, semblant animée, un sourire vicié, des dents, et une odeur pestilentielle l'attendait. Autour d'elle, ou plutôt, en elle, puisque le végétal était imposant, une dizaine de corps piégés dans sa sève comme conservés dans du formole. Ces corps, il les reconnaissait, c'était ceux des dix "lobotomisés" qui rodaient autour de lui.
C'était dans les situations d'urgence qu'il réfléchissait le mieux, et le cafard n'avait pas tardé à établir quelques connexions logiques pour comprendre la situation dans laquelle il était.

Cette plante semblait assimiler des êtres humains, et, tout en les conservant en elle, reproduire des copies lobotomisées, semblant répondre à ses ordres. Une plante esclavagiste. À ce moment, Joe venait de comprendre pourquoi les scientifiques l'avaient amené là. Mourant comme il était, il n'y avait aucune issue pour guérir le poison qui lui rongeait le corps, il serait mort avant que le gouvernement ne remette la prime à ses ravisseurs. Mais si la plante l'absorbait et créait une copie, alors, ils pourraient s'en servir pour offrir une version de Joe Biutag en vie, et ainsi rafler la totalité de la prime.

Seule la perspective du suicide aurait pu lui éviter ce calvaire. Conserver sa vie, mais perdre sa conscience, tel était le prix de sa guérison. Qu'il y consente ou non, c'était trop tard. Lentement mais surement, la plante enserrait tout son corps incapable de réagir et l'attirait en elle. Peu à peu, il était absorbé, il perdait connaissance et ne reviendrait jamais à lui.
Joe Biutag n'était plus. Son périple sur Grand Line s'arrêtait ici. Il faisait à présent partie d'un tout dont il n'était qu'un composant négligeable. Quelle douce ironie pour le forban qui avait vécu une vie d'égoïste, individualiste, et solitaire.
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