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Pour une autre cause

Suite des événements joués ici.



***


Des gargouillis se firent entendre. À l'oreille, ce qui était en train de s'agiter devait être visqueux et gluant. Au fond du cratère, l'immonde plante, presque une heure après avoir digéré le forban, commençait à régurgiter à l'extrémité d'une de ses racines, une sorte de masse énorme qui finit par être expulsée à même le sol, dans son coulis de sève verdâtre.

Lorsque la déjection du végétal commença à bouger, on put apercevoir un homme qui se dépliait. Que ce soit les vêtements, ou même l'acier de ses armes à feu, Joe avait été répliqué en intégralité. La plante, bien que n'ayant plus ses racines en terre depuis que Jack l'avait délogée pour la laisser dans le cratère, parvenait, à partir des nutriments récoltés, à reproduire de la matière organique, mais aussi minérale. Cependant, le code génétique de la plante ne lui permettait de créer qu'une seule copie d'un être humain captif en elle. La réplique devait être exterminée pour que l'affreux végétal puisse en créer une nouvelle.

Joe avait été assimilé. Digéré, et reposant à l'intérieur de la plante en étant inconscient, celle-ci avait reproduit son sosie, de la casquette jusqu'aux bottes. Seule différence marquante : ses yeux blancs sans pupilles, son teint grisâtre et les veines noires on ne peut plus visible tout le long de son corps. Une fois absorbé par la plante, celle-ci contrôlait les copies qu'elle générait comme si il s'agissait d'une part d'elle même.

Faisant se mouvoir sa nouvelle marionnette, elle testa ce nouveau corps qui n'avait rien de bien spécial. Vitesse normale, force moyenne pour un homme de son âge. Encore un esclave inutile pour la plante captive de ce cratère d'où elle ne pouvait s'extraire.
À force de jouer avec ce nouveau corps, elle découvrit qu'elle propriétés inattendues. Ou tout du moins, des accessoires étranges qu'elle venait de répliquer. Quelques coquillages étranges qui paraissaient dotés de propriétés spéciales lorsqu'on appuyait dessus. D'abord, en appuyant sur celui dans la main gauche, un gigantesque flash surgit.
Triturant un peu le reste du corps, elle activa les Ventio Dials à la ceinture de son cafard synthétique, lui permettant de le propulser quelques centimètres au dessus du sol.

Cette découverte était surprenante pour la plante n'ayant jamais vu de dial de sa longue existence. Déplaçant son esclave pour tester les propriétés de cette propulsion ventilée, elle ne tarda pas, en quelques minutes à peine, à mieux maîtriser l'usage de ces Ventio Dials que le forban depuis qu'il les possédait. Ainsi, en faisant bondir sa réplique de Joe, et en activant ensuite les Dials pendant le saut, la plante permettait à sa marionnette d'effectuer un bon prodigieux de plus de dix mètres.

Dix mètres. C'était plus que l'immondice accroc à la photosynthèse ne pouvait espérer. Piégée dans ce cratère, sans terre pour planter ses racines et se répandre sur l'île, et ne pouvant escalader à l'aide de ses lianes, les parois trop lisses de la roche dans lequel le trou avait été creusé, ce nouvel esclave était pour elle le ticket de sorti rêvé pour reprendre ses droits sur l'île.

À l'origine, c'était deux scientifiques de l'île, aux services de la Reine Jasra, mise en place par le capitaine corsaire Jack Callughan qui avaient amené Joe pour le donner en pâture à la plante. Ce faisant, ils espéraient revenir dans deux heures, se saisir de la contrefaçon du cafard, et la remettre aux marines contre la prime sur sa tête.
En temps normal, ils ne se seraient pas autant compliqué la vie, mais suite à son passage sur l'île maléfique, le forban était grièvement empoisonné et n'en avait de toutes manières plus pour très longtemps. C'était la seule solution pour eux si ils voulaient conserver leur prise en vie, et empocher l'intégralité de la prime en fournissant une version vivante de Joe Biutag.

Mais leur seule interaction avec Joe fut avec un pirate affaibli, incapable de bouger à cause du tranquillisant musculaire qui l'avait lentement rongé de l'intérieur. Aussi, ils n'avaient pas eu l'occasion de savoir ce qu'il valait en terme de combativité. On ne le disait jamais assez, mais on sous estimait Joe Biutag à ses risques et péril. En l'occurrence, ce n'était plus de Joe Biutag dont il s'agissait présentement, mais d'une plante sournoise qui en avait fait son arme de prédilection afin de se ré-enraciner et contrarier les projets de conscience libre des habitants locaux.

Dix mètres. C'était un bond qui séparait le statut inoffensif de la plante, à celui qui permettrait son hégémonie totale sur l'île. Île qui portait d'ailleurs bien son nom, car la suite du programme promettait en effet d'être particulièrement festif.
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Pour l'instant, les scientifiques n'étaient pas revenus pour récolter leur forban de synthèse afin de le servir aux marines contre une belle prime. Profitant de leur absence, durant laquelle ils étaient retourné à leur lavaboratoire* afin de prévenir la marine de leur prise, la plante fit bondir, aidée des Ventio Dials, sa marionnette jusqu'à ce que cette dernière parvienne enfin à agripper du bout des doigts le bord du cratère d'où il était si difficile de s'extraire.

Ainsi, la réplique du cafard, sous contrôle du végétal maléfique, échappait à la captivité. Qu'il soit conscient ou manipulé par une plante, le forban restait maître de l'évasion. Cette copie du pirate, bien que parfaitement fidèle sur le plan morphologique, dégageait une aura de prestance et de sérénité. Pour commencer, contrairement à la version originale, la réplique se tenait droit n'étant pas légèrement voûté, et son visage n'affichait pas le dédain constamment.

Cette posture pour le moins étrange étonna Grite, le petit tigre qui avait accompagné Joe depuis l'île maléfique. Ce dernier était resté planqué dans la jungle environnant le cratère. Se ruant en direction de ce qu'il croyait être le forban, il se jeta dans ses jambes comme il avait si bien l'habitude de le faire. Cependant cette fois, aucun coup de pied ne vînt lui heurter la truffe, Joe étant pourtant coutumier de la violence animale. Non, cette fois, ce qu'il croyait être le cafard continuait à marcher en l'ignorant.

Pour le moins étonnée, la boule poil poussa le vice plus loin en allant jusqu'à lui mordre le mollet afin de voir si il s'agissait bien de Joe. En temps normal, après avoir été mordu, le forban l'aurait tatané violemment, lui cassant probablement une ou deux côtes au passage. Toutefois, cette fois-ci, rien. Pas de réaction du tout, pas même à la morsure. Les répliques des captifs de la plante étaient de parfaits zombies et ne ressentaient pas la douleur.

Aussi, le cafard de synthèse continua sa lente marche en direction de la ville. Derrière lui, Grite ne le suivait plus et crachait. Ce qu'il avait mordu n'avait pas le goût du sang, mais celui de sève. La bête avait à présent compris que ce qui ressemblait au forban qu'il avait connu, n'était certainement pas lui. Faisant demi tour en direction du cratère, l'animal cherchait à présent où était passé son compagnon de voyage.

Sans avoir fait attention une seule seconde au petit tigre qui s'était mis dans sa trajectoire, la marionnette de la plante poursuivait son chemin s'enfonçant peu à peu dans la jungle, un mousquet à canons triple dans une main, un mini canon portatif dans l'autre. La plante, avait dans l'idée de tester les potentialités de combat du pirate qu'elle avait assimilé.
Un petit massacre des familles attendait la ville portuaire de l'île en fête, un massacre gratuit qui plus est, dont la seule finalité était d'expérimenter les limites combatives de la réplique de Joe Biutag.

Le forban étant, avant son assimilation par la plante, connu pour ne pas avoir beaucoup de limites morales, sa réplique, bien qu'aussi faible physiquement que lui, avait l'avantage de ne pas ressentir la peur ou la douleur. Tranquillement, le génocidaire ultime approchait de la ville animée. Sous peu, il y aurait du sang, des cris, et des larmes.



*Non c'est pas une faute. Jack a dit : lavaboratoire, je ne dénature pas son invention. Pas envie d'avoir d'emmerdes avec lui.
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Avant l'arrivée de Jack sur l'Île en fête, la quasi totalité de l'endroit était parasité par les racines de la plante faiseuse de zombies. L'intégralité des habitants, à l'exception de ceux qui se faisaient appeler les immortels, étaient des esclaves du végétal comme l'était devenu Joe peu de temps après son arrivée en ces lieux.
Libérés par le capitaine corsaire, davantage par nécessité que par compassion, les civils qui peuplaient l'île avaient tous été des esclaves de la plante. C'est pourquoi lorsque Joe, au teint grisâtre et aux veines noires et visible se présenta à eux, il y eut en peu de temps un mouvement de panique inconsidéré.

- La plante est de retour ! Vite aux quais !

En réalité, seul cet esclave spécifique de la plante était libre. Pour le moment, il s'agissait de tester son potentiel, ensuite, l'immonde végétal se servirai de cette marionnette pour replanter ses racines dans la terre ferme afin de reprendre ses droits sur l'île entière.
Tout en pivotant délicatement sa tête de droite à gauche, puis de gauche à droite, la réplique du forban demeurait immobile et observait cette frénésie pathétique. Il fallait croire que les habitants avaient eu un mauvais souvenir de leur captivité dans les entrailles de la plante.

Pathétiques qu'ils étaient, en courant dans tous les sens dans les avenues de la ville colorée, ils furent des cibles de choix pour la copie de Joe. Braquant canon et mousquet sur ces malheureux civils, la réplique fit aussi bien parler la poudre que ne l'aurait fait l'original. Puisque la plante qui le contrôlait était autrement plus véloce et précise du point de vue réflexe que le forban, les balles, le mousquet était rechargé à une vitesse ahurissante, les projectiles semblant pleuvoir en continu.

C'est en marchant paisiblement au milieu de la foule qui cherchait à s'enfuir, que la marionnette perpétra son massacre. Puis les coups de feux cessèrent. Dans tout ce chaos, la réplique du forban semblait s'être volatilisée. De ce fait, les civils se calmèrent légèrement, cessant de courir dans tous les sens comme des dératés.
Joe, ou tout du moins sa réplique, n'avait pas disparu, mais avait simplement fait une halte à l'armurerie, traînant derrière lui un sac de tissu dans lequel se trouvaient des munitions pour son mini canon portatif. Quand la plante testait les capacités meurtrières de ses esclaves, elle ne le faisait pas à moitié.

Ainsi, des explosions se firent entendre à la chaîne, le bilan des morts dépassant largement les cent victimes. Personne ne semblait pouvoir l'arrêter. La figure d'autorité sur l'île était représentée par les pirates venus de Dead End au service de Jack. Ceux-ci étaient davantage habiletés à défendre les scientifiques venus pour étudier les propriétés de la plante que la population civile.
Cependant, Jack aimait ses îles prospères, et la prospérité ne passait que par la stabilité. Or, la situation était devenue quelque peu instable depuis qu'une copie de Joe Biutag dégommait du local à coup de canon.

- Boudiou ! Il savent faire la fête par ici y'a pas à dire. Regardez moi ces feux d'artifice.

L'un des pirates était sorti du laboratoire qui se trouvait à côté des quais. Rapidement, attiré par le bruit des explosions, un de ses camarades ne tarda pas à le rejoindre.

- Bougre d'âne bâté ! Où que tu as vu qu'on faisait des feux d'artifice en plein jour ?! C'est une attaque. Mobilise les hommes, faut s'occuper de ça en vitesse.

S'en occuper en vitesse, tel était le mot d'ordre. Car si Jack venait à apprendre le bordel qui se déroulait sur son île, il y aurait des répercussions sévères. Après tout, il avait beau avoir viré sa cuti pour se compromettre auprès de la marine, il n'était pas devenu enfant de choeur pour autant. Si cet incident venait à se savoir, des têtes tomberaient. La peur de la mort était la meilleure motivation pour ses hommes.

Une vingtaine de boucaniers bien armés furent mobilisés et se dirigèrent en direction du centre ville. Difficile pour eux de faire le chemin puisque une marée humaine leur fonçait dessus, cherchant à s'enfuir en direction des quais. Lorsqu'ils parvinrent enfin à la place centrale, à leur grande stupéfaction, ils ne trouvèrent qu'un seul homme. Et quel homme.

- C'est Joe Biutag ! On m'a dit qu'il avait été neutralisé en arrivant sur l'île, qu'est-ce que c'est que cette merde ?!

En guise de réponse, une balle vînt perforer son crâne. Cette merde, c'était l'alliance du corps d'un des pirates les plus cruels de Grand Line à une plante vorace prompte à réduire tout ce qui vit en esclavage. Un cocktail détonant qui venait de leur sauter au nez.
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Puisque l'équipe de choc avait été mobilisée afin de crever le cafard, l'affrontement promettait d'être aussi rude que bruyant. L'un des vingt pirates mobilisés pour s'occuper du gêneur venait de tomber, cela suffit à susciter les plus vives ardeur du reste de la troupe.

- Crevez le ! FEUUUUU !!!

Et la douce symphonie des mousquets fut interprétée par le philharmonique de Dead End. Sans discontinuer pendant plus d'une minute, les balles fusèrent par centaines. Toute la poudre mobilisée pour ce faire avait crée un nuage opaque, si bien que tous durent s'arrêter de tirer dès qu'ils se mirent à tousser à en vomir leurs poumons.

- Heurk heurk ! L'a son compte là ! Heurk heurk !

Peu de temps après, le nuage de poudre se dissipa. Et ô surprise, aucun cadavre n'était à répertorier nulle part suite à ce déferlement de balles d'acier. Ni corps, ni trace de sang. Peu farouches, deux pirates s'avancèrent, tout en restant prudents, et inspectèrent les environs, cherchait dans les allées jouxtant la place centrale où ils se trouvaient. Mais rien. Rien, si ce n'est deux projectiles qui vinrent s'abattre sur le sommet leur crâne, ressortant par leur mâchoire.

- Mais que... Comment il a pu monter là ?!

Stupéfaits, les pirates de garnison sur l'Île en fête observèrent leur ennemi perché sur le toit d'un immeuble de quatre étages. Si le cafard s'était fait une réputation sur la troisième voie, il était de notoriété publique qu'il ne possédait que la force d'un être humain normal, se reposant sur l'usages d'armes et de dials.
C'est justement en utilisant ses Ventio Dials après avoir bondi que le cafard put faire un saut prodigieux pour se tenir tranquillement sur le toit de l'immeuble tandis que les boucaniers usaient de leur précieuses munitions.

- Dispersez vous !!!

Trop tard. Agglutinés au même endroit, l'aubaine était trop belle. La marionnette de la plante pointa le mini canon portatif en direction de la petite armée. Une fois que l'explosion eut retenti, il ne restait plus que sept hommes pour s'occuper de ce qu'ils croyaient être Joe Biutag.
Ce dernier sauta d'ailleurs de l'immeuble sur lequel il était dressé, amortissant sa chute avec les Ventio Dials à sa ceinture située sous la parka. Tant de morts en si peu de temps. Pourtant, les pirates de Jack étaient loin d'être des bras cassés quand il s'agissait de se battre, mais ils ne s'étaient pas attendu à tant de résistance.

- Les gars... Je vais y aller au corps à corps. Quoi qu'il arrive, si vous trouvez un angle pour le flinguer, ne faites pas attention à moi et débarrassez vous de lui.

Des pirates vaillants ne craignant pas pour leur vie. Tels étaient les effectifs de Jack Callughan, un homme qui semblait mériter que l'on meurt pour lui. Bondissant en direction de la réplique du cafard qui s'avançait tranquillement vers eux, le pirate courageux, un grand type au teint mat et au crâne rasé frappa le gêneur de son large cimeterre.
Parant d'un bras, la réplique de Joe bloqua le coup à l'aide des Impact Dials dans la doublure de sa manche de parka.

Sans même s'en étonner, son adversaire lâcha immédiatement son arme et, véloce malgré sa large carrure se glissa derrière la marrionnette de la plante, l'enserrant de ses bras musclés.

- Qu'est-ce que vous attendez ?! Tirez !

Hésitant, ses six camarades finirent par se résoudre au sacrifice de leur ami pour le bien commun. Tirant comme si leur vie en dépendait, les balles traversèrent la réplique du cafard, le touchant aussi bien que celui qui le retenait dans ses bras. Les salves s'étant stoppées, le pirate s'étant sacrifié s'effondra sur le côté, mains tremblantes appuyant sur ses tripes perforées de plomb.
Ses camarades ne tardèrent pas à se jeter sur lui.

- On va t'trouver un toubib va t'inquiète donc pas Vali ! T'vas pas crever à cause d'cet empoté de Biutag.

Ayant chuté avec Vali qui le maintenait contre lui, la réplique de Joe était allongée à côté d'eux, percée de part en part au niveau l'abdomen, un coulis douteux se dégageant de ses nouveaux orifices. Le mal semblait derrière eux.[/color]
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Alors qu'ils se demandaient comment transporter leur camarade tombé au combat, mais pas encore mort au champ d'honneur, les six lascars ayant survécu à l'attaque du Joe de synthèse empoignèrent Vali par les bras et les jambes pour le porter jusqu'au laboratoire scientifique. Là bas, il y avait principalement des biologistes, mais ils espéraient bien que certains d'entre eux auraient des connaissances en médecine.

- Lesquels d'entre vous ont transporté le corps de Biutag ?

Les deux pirates qui transportaient le blessé se tournèrent étonnés de cette question. Sur les sept pirates restant, aucun ne transportait la carcasse du cafard. Pourtant, quelqu'un l'avait probablement fait, puisque le corps du forban avait disparu, ne restait qu'une longue traînée de liquide vert légèrement noirâtre sur le sol. Aucun n'osait le dire, mais tous le savaient : il était encore en vie.

- P... putain mais c'est quoi d'ce type ?!

Effectivement, il y avait de quoi paniquer. Aucun des pirates présents sur l'île n'avait connu l'île avant que Jack refasse la façade à grands coups de phalanges et de tromblon, de ce fait, tous ignoraient que la sinistre plante qui trônait dans le cratère près du volcan, était capable de zombifier les individus qu'elle ingérait. Forcément, quand on ne possédait pas ces informations, un pirate sanguinaire réduit à l'état d'esclave sans peur et sans douleur, ça pouvait effrayer plus que d'ordinaire.

- Avec Bob on ramène Vali au laboratoire, vous quatre, vous me traquez ce salopard, vous le retrouvez, vous le découpez en petits cubes, et vous les donnez à bouffer aux chiens.

C'est vrai qu'il fallait avoir recours à ce genre d'extrémité quand on chassait un démon tel que celui qui les avait attaqué.

- Et comment on fera pour prouver à Jack que les dégâts ont été occasionnés par Biutag ?

Même dans un tel instant de crise, la question se posait. Après tout, la fureur de Jack après que celui-ci ait découvert qu'une ville de son île ait été si durement frappée pouvait terrifier davantage qu'un zombie armé. Profitant qu'il soit à l'autre extrémité de l'île pour organiser ses affaires, ses hommes avaient dans l'idée de régler le souci par eux même, car si Jack venait à intervenir, ils étaient bons pour servir de nourriture pour poisson compte tenu de leur incapacité à gérer l'incident.

- On dira que c'était à cause d'une tempête.

Ses quatre camarades se tournèrent constatant l'étendue des dégâts. À terre, on retrouvait des balles de plombs, sur les murs, des impacts de ces mêmes projectiles, et des traces de brûlures un peu partout où Joe avait tiré avec ses boulets miniatures.

- Parce que tu penses qu'il va te croire après avoir vu tous les cadavres criblés de balle ?

Sans s'en inquiéter vraiment, le pirate qui tenait les bras de Vali, qui lui agonisait, déclara sûr de lui même :

- Après l'avoir fait picoler comme il s'doit, il croira même que c'est ma petite soeur qui a fait le coup, contentez vous de régler le problème, on vous appellera des renforts de toutes manières.

Ainsi, Bob et son camarade quittèrent le champ de bataille en tenant leur blessé de guerre à chaque extrémité. Pendant ce temps, le reste de la troupe suivit du regard la traînée de liquide vert qui s'étendait jusqu'à l'intérieur d'un hôtel dévasté par les facéties du cafard. Alors que le soleil commençait à se coucher, la traque s'annonçait angoissante.

Pénétrant le bâtiment, leurs pas résonnaient. C'était un très grand hall d'accueil, en temps normal, les clients fourmillaient, et le bruit était omniprésent, mais les circonstances avaient fait que cela avait changé en un instant. Une demeure pleine de vie, une fois vidée de ses convives peut très vite devenir sombre et déprimante.

- C'était un grognement que j'ai entendu ?

Dans ces moments là, le moindre bruit devenait terrifiant.

- Non c'était un pet, désolé...

Déjà les sphincters se relâchaient. Ce n'était pas des pirates de la trempe de Vali qui étaient à la poursuite de Joe, néanmoins, jusqu'à ce jour, ils estimaient avoir été des forbans pour le moins courageux.

Alors qu'ils suivaient la marionnette de la plante à la trace, tous furent pour le moins décontenancés quand un dilemme s'imposa à eux. S'arrêtant net, les quatre pirates observaient les traces du liquide s'éparpillant dans quatre directions différentes, chacune menant à une pièce différente. N'importe qui avec un peu de jugeote aurait deviné que le traqué avait crée ces fausse traces pour chercher à les faire se séparer afin de les tuer un à un. Cela prouvait au moins que la plante qui contrôlait la réplique du cafard se sentait acculée, sa marionnette n'était plus aussi vivace avec dix balles dans le ventre.

- Bon chacun prend une direction.

Et tous furent d'accord avec cette décision qui les menait pourtant droit à leur tombe. Tandis que trois des quatre pirates suivaient leur piste qui les menait plus loin dans le couloir, le quatrième, un jeunot d'une vingtaine d'année à peine s'approcha de la porte d'une chambre. Délicatement il l'ouvrit afin de jeter un coup d'oeil rapide et rejoindre ses camarades, mais la chance ne fut pas au rendez-vous.
Un bras tendu, mousquet à triple canon au bout se braqua en sa direction. À cet instant, le jeune boucanier vit sa propre vie défiler sous les yeux. Fermant ses paupières, il entendit un bruit de détonation, puis le son d'une masse lourde qui s'abattait sur le sol.

- Je... je suis vivant ?

Ouvrant un oeil, puis deux, en face de lui, la réplique du forban, qui dans la pénombre était encore plus terrifiante que tout à l'heure, venait de perdre son bras. Un des camarades du jeune pirate était revenu à la rescousse, et jetant son sabre comme un vulgaire couteau de lancer, avait tranché le bras de leur ennemi. Le coup de feu n'ayant retentit que quand le membre tomba au sol.

- Tiens l'coup fiston !

Le tout n'était pas de tenir le coup, mais de réagir vite. Ne semblant pas ressentir la douleur, la réplique de Joe se servit par dépit de son deuxième bras, s'apprêtant cette fois à braquer sa cible avec le mini canon portatif. Cependant, assez peu disposé à se faire avoir deux fois de la même manière, je jeunot, plus vif que son adversaire étant plus que lourdement blessé, brandit son mousquet, faisant sauter le caisson du cafard.

- J'l'ai eu !

À peine la balle eut-elle traversée le crâne de l'esclave végétal que celui-ci sembla se décomposer jusqu'à ne former qu'un tas de compost. Sa chair, ses vêtements, mêmes ses armes n'étaient plus que des amas de détritus naturel.
Une fois les quatre pirates réunis, constatant de leurs yeux les restes du fauteur de trouble, tous eurent le bon sens de se dire qu'il faudrait demander des comptes aux biologistes, les soupçonnant être responsables de la création d'un tel monstre.


Dernière édition par Joe Biutag le Mar 5 Avr 2016 - 8:41, édité 1 fois
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- Mais j'te dis que j'l'ai vu comme j'te vois !

Excités et en colère après avoir perdu tant des leurs, les sept pirates ayant survécu à la tragédie, ou plutôt les six, Vali étant évanoui sur un lit à côté, se liguaient contre deux scientifiques de garde au laboratoire ce soir là.
S'allumant une clope, le blond qui recouvrait sa calvitie d'une longue mèche touffue leur répondit sans prêter attention à ce qu'ils venaient de dire.

- Vous avez trop picolé mes pauvres enfants.

Serrant les dents crispé, Bob, qui avait ramené son ami Valli qui se trouvait seuil de la mort, n'acceptait pas qu'on remette en question la parole de ses camarades. Se saisissant du petit scientifique arrogant par le col de sa blouse, il l'approcha de lui suffisamment prêt pour qu'il puisse sentir son haleine de cendrier.

- Te fous pas d'nous merdeux ! Jack a p'têt b'soin d'vous autres scientistes dans l'coin, mais j'ai juste à t'enterrer au fin fond d'la jungle et d'lui dire que t'a décampé pour qu'y m'croive ! Parles !

Hésitant un instant à lui faire un cours sur l'usage du subjonctif, Guy, le scientifique empoigné si durement devint raisonnable et prit la menace au sérieux. Montrant du doigt son collègue, il bégaya :

- Gui... Guillaume montres lui le sérum que je leur explique.

Guillaume, un binoclard aux cheveux long et gras, quelque peu paniqué devant la rage des pirates s'exécuta. Sortant d'un tiroir une seringue, il s'empressa de la planter dans le bide remplit de balles du pauvre Vali.

- Qu'est-ce tu fous à mon copain toi !

Lâchant le blondin, Bob s'apprêtait à mettre une rouste à Guillaume. Se saisissant de celui-ci à la gorge cette fois, il s'apprêtait à l'étrangler quand l'impossible se produisit devant ses yeux. L'abdomen perforé de toutes part de Vali expulsa les balles comme des bouchons de champagne, de la chair venait combler les trous occasionnés. Vali était guéri. Devant un pareil prodige, Bob lâcha Guillaume et, accompagné de ses cinq camarades, se pressa au chevet de son ami guéri alors qu'il était à l'article de la mort il y a encore une seconde.

Tandis que Guillaume toussait après avoir manqué d'être étranglé, Guy prit la parole, son intonation arrogante était de retour.

- Ce serum coûte la peau du cul et il nous aura fallu presque un mois pour synthétiser rien que le contenu de cette foutue seringue.

En clair, pour sauver leur peau, Guillaume et Guy avaient dû avoir recours au résultat de leur invention et devraient recommencer à zéro la fabrication de ce sérum miracle. Au moins, il avaient gagné l'attention des pirates censés les protéger. Cependant, ayant synthétisé le remède plus par chance qu'autre chose, ils n'étaient pas sûrs de pouvoir en refaire un de sitôt.

- Dans le cratère, la plante que vous avez tous déjà vu, c'est pas juste une bestiole mangeuse d'homme comme on vous à dit.

Guy tira sur sa cigarette. Moins les pirates en savaient, moins ils posaient de question, mieux ça se passait. Toutefois, avec l'incident "Joe Biutag", quelques explications s'imposaient.

- Cette merveille de la nature possède des propriétés biologiques fascinantes. Pour vous résumer ça à vous autres....

Sentant le regard agressif des pirates se poser sur lui, le blondin rectifia.

- .... flibustiers de renoms... Cette plante avale des humains puis synthétise des copies parfaites de ceux qu'elle a absorbé. En un sens, elle a le pouvoir de créer la vie. Mais surtout, la substance à partir de laquelle elle génère ces copies, permet d'obtenir des effets inouïs. Certains habitants de l'île parvenaient à se maintenir immortel grâce à son fluide, mais nous n'avons pas pu synthétiser une telle formule qui relevait du génie. Cela dit, nous avons mis au point un sérum curatif, très long et très compliqué à élaborer. Voilà pourquoi Jack a annexé cette île et nous a mobilisé.

C'était beaucoup d'informations d'un coup, pour le moins déstabilisantes d'ailleurs, plus spécialement le passage sur la formule d'immortalité. Mais une question restait sans réponse pour les pirates. Bob ne tarda pas à la formuler.

- S'bien beau tout ça, mais ça explique pas comment ce salop de Biutag a pu résister à dix pruneaux dans la panse et un bras coupé sans moufter. Après tout, ce gars est connu pour être une tanche, je le vois mal encaisser des dégâts pareils sans broncher.

Belle réputation que celle de Joe sur Grand Line. Certes, ses contemporains de la flibusterie le considéraient comme un faiblard vicieux. Seulement, ils savaient aussi que c'était une vermine experte dans les mauvais coups dont il fallait se méfier, et ne pas sous estimer sous peine d'être pris au dépourvu.

- C'était surement une copie générée par la plante. Et si vous l'avez tuée, ça veut dire que....

Déglutissant, Guy venait de réaliser que si une copie de Joe était parvenue jusqu'ici, après sa mort, une autre version était automatiquement générée. Ce nouveau Joe de synthèse devait déjà se diriger vers eux. Lui qui s'imaginait avec Guillaume récolter tranquillement la réplique de Joe pour la remettre à la marine afin de toucher la prime, leur cupidité avait causé de lourds dégâts.
Guillaume, ayant retrouvé sa voix en profita pour hurler pointant son doigt vers la fenêtre.

- Bordel ! Biutag ! Il est de retour !

Vindicative, la plante avait généré un tout nouveau Joe afin de traquer ses anciens poursuivants et s'en débarrasser. Pointant le mini canon portatif de l'extérieur du bâtiment, personne ne pourrait réchapper à l'explosion dans un endroit aussi clos. Mais pourtant, l'improbable se produit. Poussant un cri strident, la réplique du cafard se désagrégea comme la précédente, cependant cette fois cela se produisit sans raison apparente. Quelque chose avait dû se produire au cratère, là où se trouvait la plante.
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