Suite des événements joués ici.
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Des gargouillis se firent entendre. À l'oreille, ce qui était en train de s'agiter devait être visqueux et gluant. Au fond du cratère, l'immonde plante, presque une heure après avoir digéré le forban, commençait à régurgiter à l'extrémité d'une de ses racines, une sorte de masse énorme qui finit par être expulsée à même le sol, dans son coulis de sève verdâtre.
Lorsque la déjection du végétal commença à bouger, on put apercevoir un homme qui se dépliait. Que ce soit les vêtements, ou même l'acier de ses armes à feu, Joe avait été répliqué en intégralité. La plante, bien que n'ayant plus ses racines en terre depuis que Jack l'avait délogée pour la laisser dans le cratère, parvenait, à partir des nutriments récoltés, à reproduire de la matière organique, mais aussi minérale. Cependant, le code génétique de la plante ne lui permettait de créer qu'une seule copie d'un être humain captif en elle. La réplique devait être exterminée pour que l'affreux végétal puisse en créer une nouvelle.
Joe avait été assimilé. Digéré, et reposant à l'intérieur de la plante en étant inconscient, celle-ci avait reproduit son sosie, de la casquette jusqu'aux bottes. Seule différence marquante : ses yeux blancs sans pupilles, son teint grisâtre et les veines noires on ne peut plus visible tout le long de son corps. Une fois absorbé par la plante, celle-ci contrôlait les copies qu'elle générait comme si il s'agissait d'une part d'elle même.
Faisant se mouvoir sa nouvelle marionnette, elle testa ce nouveau corps qui n'avait rien de bien spécial. Vitesse normale, force moyenne pour un homme de son âge. Encore un esclave inutile pour la plante captive de ce cratère d'où elle ne pouvait s'extraire.
À force de jouer avec ce nouveau corps, elle découvrit qu'elle propriétés inattendues. Ou tout du moins, des accessoires étranges qu'elle venait de répliquer. Quelques coquillages étranges qui paraissaient dotés de propriétés spéciales lorsqu'on appuyait dessus. D'abord, en appuyant sur celui dans la main gauche, un gigantesque flash surgit.
Triturant un peu le reste du corps, elle activa les Ventio Dials à la ceinture de son cafard synthétique, lui permettant de le propulser quelques centimètres au dessus du sol.
Cette découverte était surprenante pour la plante n'ayant jamais vu de dial de sa longue existence. Déplaçant son esclave pour tester les propriétés de cette propulsion ventilée, elle ne tarda pas, en quelques minutes à peine, à mieux maîtriser l'usage de ces Ventio Dials que le forban depuis qu'il les possédait. Ainsi, en faisant bondir sa réplique de Joe, et en activant ensuite les Dials pendant le saut, la plante permettait à sa marionnette d'effectuer un bon prodigieux de plus de dix mètres.
Dix mètres. C'était plus que l'immondice accroc à la photosynthèse ne pouvait espérer. Piégée dans ce cratère, sans terre pour planter ses racines et se répandre sur l'île, et ne pouvant escalader à l'aide de ses lianes, les parois trop lisses de la roche dans lequel le trou avait été creusé, ce nouvel esclave était pour elle le ticket de sorti rêvé pour reprendre ses droits sur l'île.
À l'origine, c'était deux scientifiques de l'île, aux services de la Reine Jasra, mise en place par le capitaine corsaire Jack Callughan qui avaient amené Joe pour le donner en pâture à la plante. Ce faisant, ils espéraient revenir dans deux heures, se saisir de la contrefaçon du cafard, et la remettre aux marines contre la prime sur sa tête.
En temps normal, ils ne se seraient pas autant compliqué la vie, mais suite à son passage sur l'île maléfique, le forban était grièvement empoisonné et n'en avait de toutes manières plus pour très longtemps. C'était la seule solution pour eux si ils voulaient conserver leur prise en vie, et empocher l'intégralité de la prime en fournissant une version vivante de Joe Biutag.
Mais leur seule interaction avec Joe fut avec un pirate affaibli, incapable de bouger à cause du tranquillisant musculaire qui l'avait lentement rongé de l'intérieur. Aussi, ils n'avaient pas eu l'occasion de savoir ce qu'il valait en terme de combativité. On ne le disait jamais assez, mais on sous estimait Joe Biutag à ses risques et péril. En l'occurrence, ce n'était plus de Joe Biutag dont il s'agissait présentement, mais d'une plante sournoise qui en avait fait son arme de prédilection afin de se ré-enraciner et contrarier les projets de conscience libre des habitants locaux.
Dix mètres. C'était un bond qui séparait le statut inoffensif de la plante, à celui qui permettrait son hégémonie totale sur l'île. Île qui portait d'ailleurs bien son nom, car la suite du programme promettait en effet d'être particulièrement festif.