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Associé des anges, confrère du diable



Je m’réveille. Mon œil s’ouvre alors brusquement, passant de la somnolence au plus acéré des regards. Il perce ainsi  les ténèbres, vif, aux aguets, comme toujours. Car il a assez dormi. Il est temps pour lui de se mettre en route.



Autour de moi ce n’est que boue, décombres et misère. Un rade miteux sur une île miteuse, loin de tout et de tout le monde. Sous un temps miteux évidemment, elle mérite pas mieux. La pluie bat donc régulièrement contre la taule sous laquelle je me suis abrité, trempé de l’humidité ambiante et de cette ambiance de désolation qui vous colle à la peau et s’empare de vos poumons mieux que son lot d’napalm. Seul le vent essaye tant bien que mal de rompre la monotonie du carillon pluvial, créant vagues sonores après vagues sonores sur le toit de métal.

Mais moi j’m’y sens pas si mal. De un parc’que l’humidité et moi ça n’a jamais fait deux, et ce malgré toute ces années passées auprès des perméables. Et de deux parc’que j’ai la tête à autre chose. Concentré qu’il est l’Toji. Aiguisé qu’il est l’Toji. Et mon regard le montre.



Cinq sections de marines, deux tireurs embusqués, deux corvettes. Voilà tout c’qu’il m’faudrait pour transformer le trou à rat à l’aplomb duquel je me suis mis en embuscade en un grand champ de carnage.

Deux sections devant l’entrée principal  du rade miteux qui fait office de QG local de la révolution, mais surtout de point de rendez-vous pour les amateurs du complot et des plans couvés. Deux sections donc,  en fanfare et trompettes, histoire de mettre le branle-bas de combat chez les vermines du dessous, leur secouer les puces et leur faire comprendre que oui ils ont été découvert. Ca c’est pour l’image, pour le son et lumière.
Car les trois autres sections, celles discrètes, celles de l’ombre, celles là sont pour derrière. Oui derrière, pas loin de cette petite cabane qui paye pas d’mine mais que j’ai pris bien soin de repérer en arrivant hier. Celle qu’on n’voudrait justement pas qu’elle soit repérée mais qui n’a pas échappé au regard de Tonton Toji. Personne n’échappe au regard de tonton Toji, des années que je l’dis et que je l’prouve. Car ils sont bien mignons les révos, mais niveau planque faut avouer qu’ils ne s’renouvellent pas assez. Avant y avait du challenge… mais bon, que voulez vous.
Un bon coup d’pied dans la fourmilière donc, on attend un peu que la bande de zig sortent par leur issue de secours, s’exposent au grand jour, et là… PAF !! Quelques tirs bien ajustés sur les meneurs, la panique s’installe ; et ni une ni deux on flingue tout s’beau monde ou on les cueille, au bon choix du maitre de cérémonie. J’vous laisse deviner c’que perso je choisirais huhuhu.

Cinq sections donc, pour transformer un rendez vous discret en grand banquet du carnage, en festival des larmes et des pleurs…

Mais non.


J’me lève, montre en pogne pour vérifier qu’il est bel et bien l’heure, puis j’descends d’mon perchoir d’observation et j’me mets en route. Seul. Sans mes cinq sections derrière moi. Car il est fini c’temps là, l’temps des grandes manœuvres de troupe et des galons. Maint’nant les grandes manœuvre j’les fais seul ; et vu la masse et la puissance déployée j’peux vous dire que les termes sont pas pour autant superflus.

J’avance donc sous la pluie, enjambant flaques d’eau boue et détritus éparses de la démarche des conquérants, barreau de mort aux lèvres et musique martiale en tête.


Tonton Toji arrive les enfants. Préparez vous.
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TOC TOC TOC !...

Mon poing s’écrase sur la porte en bois, la faisant trembler sur ses gonds et la déchaussant à moitié de la terre meuble qui fait office  de paroi.

Nul besoin d’être allé me présenter comme prévu au tenancier du fameux rade dont il était question plus haut, j’préfère couper les intermédiaires et aller directement là où s’passe les choses. J’ai pas envie d’jouer à vos p’tits jeux d’fugitifs, j’ai ni la patience ni l’instinct d’victime qui devrait aller avec. Direct à la porte de derrière donc, la dérobée pour les mous qui n’arriv’raient pas à suivre. Une bonne trentaine de marches irrégulières et maculées de boue qui s’enfoncent dans l’sol, le terreau pour seul ami autour, et une porte qui normal’ment donn’rait envie d’aller voir ailleurs si compter ses crottes de nez ne s’rait pas plus lucratif. Sauf que moi, j’sais c’qui a derrière, d’une. Et d’deux la dernière de mes crottes de nez à voulu m’boulotter l’doigt, et j’crois qu’elle avait plus de haki en elle que l’premier des colonels. Toc toc donc.

J’attends.

J’sais qu’t’es derrière mon gus, et même pas b’soin d’mon haki pour l’deviner, j’sens presque ta peur suinter à travers les nœuds du bois. La Bête t’entend respirer, comme elle a entendu respirer tous tes confrères que j’ai débusqués sous un plancher ou dans le double fond d’une armoire. Mais j’attends.

Toujours rien.

Alors j’commence à trouver l’temps long, faut m’comprendre. J’’sais pas si vous êtes aussi chiant niveau protocole dans la révo’ que chez mes anciens collègues, mais faudrait voir à pas déconner, les foies ou pas.

Alors forcement un moment je craque, vous comprenez.

- Euh, dis-moi p’tit gars, tu sais que j’sais qu’t’es là hein ? Juste comme ça, pour info.



-Nan sans dèc’, faudrait voir à répondre à un moment.

-Ben c'est-à-dire…

Ah. Enfin. Je suis tout ouïe.

-…Vous deviez passer par au dessus d’abord. Voir avec George, puis lui nous prévenait et il vous amenait ensuite ici.

Soupir

-On est bien d’accord, mais je suis là non, c’est ce qui compte après tout, non ?

Nouveau silence gêné, et une p’tite voix qui me dit « défonce cette porte ». J’la fait taire, j’suis plus l’même poisson. Du moins j’essaye, alors n’allons pas tout gâcher à la première tentation. Arrêter d’buter des cons c’est comme arrêter d’fumer à c’qui parait, le plus dur c’est d’réussir à n’pas y être confronté tous les trois mètres.

-Ben c'est-à-dire que vous n’avez pas tapé le code non plus en fait. M’sieur.

Le code ? Ahouiputainlecodemaisquelcon !  Nan mais sans rire ils ont que ça à foutre cette  bande de gris ?! J’vous jure j’aurais du arrêter d’fumer, ça aurait été plus simple.

- Euh, dis-moi gamin.
-Oui, m’sieur ?
-Tu sais qui j’suis.
-Euh, oui m’sieur, évidemment.
-Du coup… niveau code…
-Oui m’sieur ?
-Ben il sert à quoi si tu sais qu’c’est moi et que j’suis le gars que vous attendiez ?
-Bah c’est ‘sieur Mandrake il a dit */…
-Ouvre cette porte gamin.
-J’voudrais bien m’sieur mais j’ai des consignes et*/…
-Ouvre. Cette. Porte. Gamin.
-J’vous jure j’aimerais vous faire plaisir mais snas l’code j’p*/…
-Ouuuuvre. Ceeeeette. PORTE ! S’il te plait. Avant que j’t’explose cette putain d’*/... !
- Ouvrez la porte.


Troisième voix qui se surajoute, et qui traverse le bois pour v’nir siffler à mes oreilles et coupe sans mal mes éructations difficilement cont'nue. Bordel. C’pas quelle était forte, mais y a un putain d’truc la d’dans… J’en reste un moment con. Puis à l’entendre j’ai fermé ma gueule, rien qu’pour ça… J’ai connu des menaces d’amiral qui avait moins d’effet, merde quoi.
Une voix d’femme en tous cas, dont l’autorité n’est ni à démontrer ni à mettre en doute. Elle s’case ailleurs, sur un autre plan.
Alors forcement, la porte s’ouvre sur un déclic. Re-merde alors !


Dernière édition par Toji Arashibourei le Dim 1 Mai 2016 - 8:56, édité 1 fois
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Gniiiii

La porte donnant sur un repaire de la révolution s’ouvre donc, et cette fois c’est plus ou moins d’bon grès et sans promesse de mort. Tin’ ça fait bizarre quand même, j’étais curieux d’savoir c’que ça m’ferait et bien…
Un regard me foudroie à peine l’épais battant de bois s’est écarté, coupant net mes divagations. Le genre de regard en fente, dur comme l’acier, à peine moins froid. Tout aussi flexible qu’une putain d’trique et tout aussi agréable à sentir.

-Vous êtes en retard.

Associé des anges, confrère du diable 309134mamatojiok

Ah, et la voix qui va avec ‘videmment, sinon j’aurais presque pu m’sentir le bienvenu tiens. Coup d’œil expert à celle qui s’permet des choses pas saines pour la santé donc, et c’est d’mon œil tout aussi avenant que j’lorgne la vieille bique que j’ai en face de moi et qui joue les contre-jours devant la pauvre lampe de mineur qui éclaire avec difficulté le tunnel boueux dans lequel je m’apprête à rentrer. Et direct je sais à qui j’ai affaire. Une p’titre vieille si j’peux en juger, quoique visiblement l’temps à pas été sympa avec elle et lui a donné plus de rides de visage que son lot normal. Pas si vieille donc, mais marquée par le temps et la vie. Les épaules droites, le dos tout aussi droit tel un I majuscule, car le temps visiblement c’est l’cadet d’ses soucis. Un visage tout aussi sévère que sa posture, encadré par la tenue austère des gouvernantes de bonne famille, corset et bottines à même de percer des murs de fonction. J’devine sans mal qu’elle appartient à cette race de personnes d’aspect fragile mais dotées d’un esprit digne et ferme.
Et elle ne baisse pas les yeux une seule putain d’fraction d’seconde quand je porte le mien sur elle. J’tire sur mon barreau d’chaise, laisse la saveur guider mes sens. On s’regarde en silence et ni elle ni moi ne lâchons l’affaire.

Puis.

J’sors ma montre de ma poche, et j’la lorgne de mon œil valide. Une minute trente de r’tard sur l’horaire prévu. Ok. J’vois l’genre.

Elle lève alors imperceptiblement le menton, l’air de dire : « alors ? ».

J’dis rien. Tire une nouvelle fois sur mon cigare. Une latte plus grande que j’devrais. La fumée me sort par les narines et m’enveloppe tel un démon de temps anciens. On pourrait torde des barres de fer sur nos regards.


Silence.


-Euh… Miss Mary ?


Silence.


Puis on semble s’décider en silence à signer la trêve, et nous nous tournons tous deux vers notre cher portier qui semble se dire que finalement c’était peut être pas une si bonne idée. Le gars se tasse alors sur lui même sous le poids combiné de nos regards, se murant en un silence soumis mais pas moins éloquent.

-Vous avez raison, nous avons assez perdu de temps comme ça.

Le gars desserre du fion comme jamais, et ça malgré ma présence à moins d’un kilomètre.

-Merci Stanislas, vous pouvez disposer. Dit-elle avec un fond de gentillesse dans la voix qui m’surprend, pour redevenir glacial lorsqu’elle se braque à nouveau vers moi.

Puis la voilà donc qui se retourne d’un bloc sans un mot et qui s’enfonce dans la galerie de terre à grandes et régulières enjambées. Et forcement, moi j’reste là comme un con avec mon cigare et l’autre zig’ qui s’efface et glisse loin de moi aussi bien qu’un pet sur une plaque de verglas.



Alors forcement, j’la suis.
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-C'est coquet  ici.

Crade à faire marcher un cancrelat sur 2 pattes.

-Intime même je dirais.

Tu m'étonnes, une planque creusée à même la terre, tout juste éclairée par quelques grosses lampes de mineurs, de quoi jouer les romantiques avec les taupes.

-J'imagine facilement qu'on pourrait y vivre sans mal.

Et y mourir, quoiqu'pour ça j'en ai d'jà eu pas mal de fois la confirmation.

-Cessez donc, vous êtes ridicule.


Et voilà, on veut être sympa et c'est tout c'qu'on récolte. Franch'ment dans quel monde vit-on. Bon faut dire que j'ai un passif caustique et les mauvaise habitudes qui m'précèdent tellement que lorsque j'arrive elles ont déjà hérité de titres de propriété dans la région. Mais c'est ma faute à moi si j'ai aussi choisi la Marine histoire de loger dans une caserne propre plutot que d'me cacher dans une plaque à rats ?

-Attendez, mais quel est donc ce fumet délicat qui parvient à mes narines ? Vous parfumez à la vanille ? Jasmin ?...
-...
-Non ne me dites rien je vais trouver... Vermine ?


-Si tu sens l'odeur de la pourriture celle-ci vient de toi.

Associé des anges, confrère du diable Rough_10


Grand sourire sincère bien que carnassier qui s'affiche à l'écoute de cette voix qui perce le noir et fait son entrée avec le charme que seuls les révo adeptes de la ténébritude manient comme personne. L'école de Mandrake, mais pas sa voix. Nan celle là j'la connais aussi, mais c'est pas Mandrake, juste d'autres "bons" souvenirs qui viennent en masse et qui expliquent sans mal le ton d'entrée.

-Salut Francky, comment va ?
-Mal puisque tu es encore en vie.

Il est en forme le Francky huhuhu. Ca s'voit dans son regard de tueur, sa démarche de guerrier en croisade, ses poings serrés à t'en fendre les os et la machoire carrée à s'en faire grincer les ratiches. Le gars sort de l'ombre pas après pas, comme sur le point de jeter les siens dans la mélée. Dans ma gueule. Et mon sourire ne pourra pas s'empecher d'en être que plus grand.

-Moi aussi j'suis content de te revoir Francky-kun, ca fait combien de temps déjà ?
-Cinq ans, trois mois, et dix jours.
-Oh, tant que ça ? J'aurais dit moins tiens...
-Grrr...
-Et sinon comment vont tes */... !
-Il suffit. Veuillez cesser vos enfantillages monsieur Ar... Thunder F.
-Arashibourei. C'est comme ça que ça s'prononce v'voyez. A, La, chi, Boulé. Arashibourei ! Huhuhu.
-Tsss, il suffit !


Roooh franchement ils sont pas joueurs ces Révos ! On essaye de faire d'son mieux pour dégripper l''ambiance et voilà où on en arrive. Ca va les gars, désserrez du fion sinon vous allez finir par avoir une sale haleine ! Bon allez j'arrete de faire mon odieux, promis, faites pas cette gueule. Me v'là donc qui tire un bon coup sur mon cigare de la paix, puis qui tend une main épaisse comme une poutre tout en raclant l'plafond terreux du haut d'mes épaules, tout sourire qui se veut sincère.
Et visiblement ça marche moyen.

-Espèce de...

Vlan ! Franck me percute de son bon quitale de muscles noueux, de haine viscérale et de guimbardine de cuir noir, projeté d'une violente est incontrolable pulsion meurtière à mon égard ! Nous voilà donc qui volons dans l'espace réduit, son coude bien logé dans ma pomme d'adam et l'autre poing brandi en arrière. Sur le court trajet mon oeil accrochera les détails de la bave rageuse qui s'accumule au coin de ses lèvres, à son regard injecté de sang et de vengeance. Ses hommes auraient été fiers de lui s'ils étaient encore en vie. SBLAM ! Nos corps percutent la terre violament, faisant trembler toute la structure jusqu'à la surface tandis que mon dos s'y enfonce profondement sous la puissance de l'impact ! Il s'est bien amélioré le bougre depuis ces dernières années, comme quoi Mandrake et moi on est des bons profs.

Alors du coup, c'est con mais à cette pensée j'peux pas m'empecher d'sourire encore un peu plus, c'qui aurait mieux fait d'resté caché derrière l'coude et l'avant bras massif du bonhomme lové juste en dessous. Mais non.
Alors Francky craque et son autre bras qu'il semblait alors retenir jusque là dans un ultime effort de sang froid s'abat sur mon visage, sur mes belles p'tites dents qui n'cessent de blanchir autour d'mon cigare. Tel un Piston ravageur son poing s'écrase sur ma gueule en cadence, accélérant à chaque seconde pour devenir un véritable cépitement d'explosions lorsque la barre des vingt coups seconde est franchie. Ou vingt cinq, j'vous avouerai que j'ai eu du mal à compter sur la fin. Tungtungtungtung !!...


Le son ralentit avec la cadence et la fatigue qui arrive, avant de finalement s'immobiliser à mi-chemin, ne se décidant pas à retomber malgré l'air essouflé de ce brave Francky qui s'est déchainé comme jamais. Et au travers de la poussière qui finit d'retomber autour de nous, apparait un cigare en choux-fleur... Puis deux rangées de dents... toujours aussi souriantes. Les bras bien écartés, coudes au corps, je reste incrusté dans mon mur, offert volontairement à la suite des événements. J'crache mon cigare, avant d'jouer encore un peu plus loin l'inssuportable.

-Ftu ! Ca va mon Francky ? Tu t'sens déjà mieux ?

Le rouge lui remonte au visage plus vite que chez une nonne perdue dans un camp d'naturiste, et le poing repart déjà prendre son élan en arrière pour redoubler d'violence.

-IL SUFFIT !

Le bras s'immobilise presque aussitôt, tremblant de tension, pret à exploser sous l'effets des forces qui le tirent en tous sens.

-Ah, la dame a dit qu'il suffisait.



Franck me relache comme à contrecoeur, avant de s'écarter de moi subitement comme pour se passer les nerfs et retrouver son sang froid, non sans avoir oublier de cracher sa bile dans un beau glaviot qui finira à mes pieds. Charmant bonhomme, j'suis content qu'on s'soit retrouvé.




Quelques dizaines de secondes où certains se désincrustent de la croute terrestre et s'époussètent, où d'autres se recoiffent et tachent de reprendre une couleur plus digne du grand ténébreux. Et où une vioque ne pipe pas un mot mais dont le regard en dira de toutes façons toujours plus.

On s'regarde finalement tous les trois. puis comme visiblement j'suis l'bon bougre du lot, je relance la conversation histoire de désamorcer les vieilles rancoeurs.

-Et si on commencait cette fameuse réunion hein ? Histoire de.

Silence hostile pour toute réponse... puis comme on ne peut pas toujours me donner tord, la vioque s'avance et ouvre en grand une immensse carte sur un billard visiblement emprunté au bars du haut et qui servira de plan d'travail.

-Oui commencons.

-Hey ! Vous alliez pas commencer sans moi tout d'même ?!


Nouvelle voix qui surgit d'un fin tunnel, un bon mètre sous la hauteur réglementaire de c'genre de réunion. Une voix outrée, limite vexée, et indiscutablement connue !

J'baisse les yeux tout en n'osant y croire. Quoique redoutant serait presque plus juste. J'espère, je prie... mais non, c'est bien elle.

-TOI ?!
-Ben oui moi, ça vous défrise ?


Associé des anges, confrère du diable 640269PNJ


Oh putain non pas elle ! Mais qu'est ce qu'elle fout là elle ?! Pitier pas la pisseuse...

Huhuhu
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-Ben forcement qu'ça m'défrise ! Qu'es tu fous là bordel ?!

Mine de hamster contrarié qui répond à celle beuglante d'un borgne au regard pas moitié moins sévère pour autant.

-Qu'est c'qu'elle fout là hein ?

Ouais sans dèc', qu'est c'qu'elle fout là hein ? J'la refourgue à c'pébron de Mandrake, et lui tout c'qu'il trouve de plus malin à faire c'est d'me la refoutre dans les pattes ! Dans des pattes qui vont aller botter des culs dans un endroit haut'ment dangereux et où une pisseuse de quinze piges n'a rien à faire s'cuzez du peu ! Alors du coup forcement je prends à parti les deux autres loustics gris parc'que j'sais que discuter avec Pénélope n'apporte rien d'productif, mais visiblement les autres sont pas plus disposés qu'ça à m'éclairer.

-Et oh ca va hein, dites le tout d'suite si vous voulez pas m'voir !
-Rah c'est pas ça tu l'sais bien mais...

Putain j'sens déjà pointer la migraine et sa gueule des mauvais jours. J'me pince l'arrete du nez en essayant d'garder mon calme. Fou cette capacité qu'elle a à m'faire monter celle là j'vous jure.

-Mais quoi ?! Vous m'avez mis dans la révolution, alors je joue la gentille fille et je travaille comme une grande. Vous allez pas râler pour ça aussi non ?!
-Comment ça un travail ? Il devait te mettre à l'abri, pas te filer un CDD ! Il devait pas la faire bosser ce con, et vous vous dites rien ?!
-Et bien...
-Mademoiselle Pénélope a convaincu Monsieur Mandrake de se charger de la partie organisation de notre rencontre.
-Comment ça ?
-Le lieu, la date, les contacts, le code.
-Ah bravo... belle réussite y a pas à dire !

Que j'fais en désignant d'un air moqueur le panorama boueux dans lequel même les révos les plus miséreux n'oseraient s'planquer. Et vu les mines de Francky et d'la vioque, même s'ils n'en pipent mot par politesse pour la p'tite, on peut pas dire qu'ils me donnent tord non plus.

-Oui bon ben ça va, j'débute quoi ! Puis j'me disais que ça ferait plus... révo quoi.
-Nan mais bravo l'cliché ! Clap clap !...
-Ça va j'vous dis !
-Et le code ? T'avait pas plus con ou plus long comme délire ?
-Ben quoi, c'est trop dur pour vos p'tits neurones ? C'est pourtant facile : 5-1-4-6-6-9-7-5-3-9-2-4 !
-Ben c'est complètement c... Ah mais attends j'le connais ce code en fait ! Ca veut dire, attends voir j'avais pas capté sur l'moment mais, attends voir...
-Hihihi...
-Comment ça "le lapin bleu est un benêt" ?!

Huhuhu.
Oh toi la ferme hein.

-Si on pouvait revenir à ce qui nous amène ici ?


Oui la vieille, pour le coup t'as raison même si ça fait toujours mal de l'admettre. Alors sans plus attendre j'me détourne de la frimousse narquoise de Pénélope avec un air des plus buriné. Benêt... Moi benêt ! Gremelemeleu... Heureus'ment qu'les autres peuvent pas comprendre l'allusion personnelle tiens, sinon j'aurais été obligé d'buter tout l'monde et d'm'ouvrir les veines ensuite. Tsss !...


-Nous disions donc...

Je l'interromps d'un index levé, avant de commencer sous les yeux incrédules quoique tout autant irrités de toute l'assistance à faire le tour de la pièce, fouillant chaque recoin, regardant sous chaque meuble et dans chaque coin d'ombre d'un air soupçonneux. Finalement, je reviens à ma place, en plein sous le regard sevère de la vioque qui m'interrogera des yeux mieux encore qu'avec une lampe d'interrogatoire braqué dans la pupille.


-Ben quoi ?! J'regarde si y a pas encore quelqu'un qui va débarquer d'on n'sait où !
-...
-Oh ça va hein, vu les dernières entrées vous pouvez rien dire !
-...
-Nan parc'qu'on s'est posé là hein. Pour un peu j's'rais pas surpris d'voir ma propre mère disparue débarquer dans la pièce, juste pour le cliché.

Tic nerveux sur le visage de la vioque, qui se spasme d'un rictus mal contrôlé mais qui passera inaperçue à mes yeux. En tous cas vu la gueule qu'elle tire juste après on n'peut pas dire que ma blague l'ai déridé. Au contraire même.

-Commençons. Dit elle d'un ton glacial.



Alors on commence.
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Tous les quatre penchés autour de la table improvisée, on assure nos meilleurs mines de conspirateurs pour nous plonger un peu plus professionnellement dans ce qui nous rassemble ici, et ça avant que Madame perce-âme ne nous fusille encore du regard. Certains le font d'en haut, voir limite voûtés vu la hauteur de plafond et les gabarits d'monolithes. D'autre le font d'un bas, presque sur la pointe des pieds. Dans tous les cas, on est prêt.

Alors la vieille prend la parole, sûre de notre attention, et reprend un à un les points importants de ce qui sera probablement le plus gros coup d'pied au cul que Basara a eu depuis qu'il est marmot. Education tardive à la Toji, sur fond d'bonté révolutionnaire. C'est nouveau, c'est pédagogue, c'est à frais.

Une île donc, pour ceux du fond qui n'ont pas suivi. Une île que Basara aurait aimé garder secrète pour y faire ses petites affaires lucratives peinard, c'est à dire en extraire tout un filon de substance indispensable à la forge du granit marin. Et "granit marin" plus "emmerder le gouv'", ça sonne avec ?... Mandrake ! Bravo, un bon point pour vous. Alors du coup quand la source a fuité aux oreilles que j'ai laissées traîner au QG, ben j'ai tout d'suite pensé au loustic.

Et c'est là que j'rentre en jeu. Emmerder Basara, j'sais faire et j'ai la motiv' vu notre dernier entretient escargophonique et sa politique sécuritaire des fonds marins. MES fonds marins excusez moi ! Péter des gueule et dévaster des îles ? Ça aussi j'me pose là. Du coup, diversion Tojiesque le temps notre ami Francky-kun s'en mêle, fasse évacuer les lieux de tout ce qui porte des chaines ou qui a un instinct de conservation, puis nettoyage par le vide Tojiesque encore une fois. Et ça on l'fera en grand son et lumière, histoire que Basara ai l'plus de mal possible à cacher ça au monde mais surtout à ses collègues de boulot là haut dans l'ciel et les étoiles. Lui faire perdre de l'argent, c'est bien. De la crédibilité, lui si parfait et prometteur... ça ça n'a pas d'prix.


Alors on s'coordonne avec tout c'qu'un échange de mots entre anciens ennemis peut signifier, c'est à dire regards méprisants, insultes couvées et menaces de mort dans l'regard. Pénélope fait celle qui voit rien tant elle est concentré comme seuls les débutant savent l'être à leur premier boulot d'envergure... La vioque reste glaciale et s'efforce de gérer la chose avec un professionnalisme impeccable. Et Francky-kun et moi... Perso j'reste zen, vous m'connaissez, mais lui... Bah, j'ai taffé avec des Cipher Pole, alors...


- [...] C'est donc là que nos forces profiterons de... Un peu d'attention je vous prie.

Nous lance-t-elle alors que nous sommes plongés en pleine baston d'regards comme seuls deux grands gamins ou deux lions qui jouent leur vie savent le faire. Après une minute interminable de silence, il lâche l'affaire, sauvant la face en se replongeant dans les plans et sous couvert des instructions de notre organisatrice en chef. Haha !

-[...]  et il sera impératif d'agir discrètement jusqu'à ce point, j'insiste là dessus car...

Elle s’arrête en pleine phrase, les yeux braqués en fente sur Francky qui refuse sa défaite en profitant du moment pour se raser, à blanc, sans mousse, avant de l'asperger d’après rasage, son regard braqué dans le mien. Pas un cil ne bougera sur sa face, c'est une question de vie ou de mort.

- [...] Quant à l'intervention de Monsieur Thunder F., il est important qu'elle ai lieu à... Monsieur Thunder F. ?

Je ne la regarde même pas lorsque je lui réponds de continuer son laïus, l'air de dire que je n'ai pas relâché mon attention de ses paroles tandis que je m'applique à m'épiler un à un les poils de nez, fusillant Francky d'un air de défi. Mon visage restera de marbre.

-*Soupire* Donc ! Je disais que [...]  Nos forces entamerons alors une avancée par ce passage que...

Nouvelle pause dans son briefing tandis que Francky pose un pied sur la table d'un air négligeant, avant de remonter le bas de son treillis pour y dévoiler une belle collection de sparadraps, vestiges de sa dernière bataille, perdus au cœur de sa pilosité foisonnante. Il braque son regard droit sur moi, puis tandis que la vieille reprend son discours d'un air de plus en plus sévère, le voilà qui les enlève, un à un, lentement.

-[...] L'évacuation aura alors lieu au point situé ici. Vous remarquerez que [...]

Bien sûr que j'remarque, t'inquiète. J'suis tout à fait capable de t'écouter tout en me brossant les dents hein. Et c'est pas parce que j'regarde pas ta foutue carte que j'ai pas compris de quoi tu parles. Mon œil dans dans ceux de Francky, je débouche ensuite une bouteille de Cola, avant de la boire cul-sec, la bouche à peine lavée de son menthol. Aaaaaah !...  Mine de vainqueur qui m'illumine, sourire narquois qui semble éclairer la pièce, Francky fronce les sourcils en pensant déjà à la suite.

-BON C'EST FINI VOS ENFANTILLAGES OUI ?!


Une fraction de seconde après que le cri de la vielle bique ne fuse au travers de toute la plaque tectonique, et bien avant qu'il ne finisse d'y raisonner, Franchy et moi sommes à genoux dans un coin de la pièce, les mains posées sur les cuisses et un air des plus attentif sur nos visages. On y a même pas réfléchit. Bordel. Elle est forte.

Long silence où le moindre bruit ou mouvement semblerait signifier une passage des plus longs longs et des plus pénibles. Puis...

-BIEN !

Elle se retourne lentement, nous défiant d'en profiter pour recommencer notre petite guerre miniature.

-Reprenons.


-Et moi ? Vous m'avez pas dit quel était mon rôle sur place.

-Sur place ?
-Sur place ?!
-Sur place ?!!

Qu'on crie à l'unisson, comme quoi c'est pas mission impossible quand on veut.

-Ben oui, j'vais pas rester là à me tourner les pouces quant même ? Maintenant que je suis de la partie je viens avec vous !

-C'est hors de question.
-C'est hors de question !
-C'est foutrement hors de question !!


La voilà qui reprend elle aussi son petit air de défi puisque c'est la mode du moment, la mine renfrognée, les yeux en fente et la détermination débordant jusqu'à la pointe de ses courts cheveux.


Sauf que là cocotte, t'as en face de toi le second du plus redouté combattant de la révolution, la terreur des mers à même de faire mourir de peur un marin d'un simple son de pet, et c'qui semble être la barre de granit marin faite femme qui a réussi à les faire s’asseoir sans résister.

Alors j'peux te dire, que frimousse ou pas, regard en biais ou pas, air vexé ou pas... ben t'es pas prête de foutre un pied sur cette île !


Foi de Toji j'veux bien m'en bouffer une si c'est pas l'cas !


Dernière édition par Toji Arashibourei le Ven 15 Juil 2016 - 9:20, édité 1 fois
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Traversant les vagues et la brise avec aisance, le fier navire de la révolution avance toutes voiles dehors vers son destin : la dite île N°2547-X. Sur son pont avant, trois silhouettes aux proportions des plus variées trônent face au large et à ce qui sera leurs futurs exploits ou bien leur mort. En silence, elles méditent sur leur avenir, pensifs devant l'étendue majestueuse de la grande salée.


Puis, l'une d'elle prend la parole, comme pour briser le tumulte du silence.

-Vous pensez qu'il va bouder encore longtemps ?
-...
-...

Le cri du large pour seule réponse...


[...]


Une quinzaine de mètres sous la surface, fendant l'eau dans l'ombre de l'esquif, une silouhette massive nage en silence. Devant elle tout s'écarte, courants, poissons, et même les plus terribles monstres marins de la région tant son regard pénétrant et l'horrible aura qui s'en dégage la précède.


Puis...


Tu vas bouder encore longtemps ?
...


Le silence marin pour seule réponse...
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