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La cinquième roue du carrosse

Suite des événements joués ici.



***



- Putaaaain ! Une réunion par mois avec vous autres c'est déjà suffisant pour moi, pas besoin d'instaurer des séances spéciales.

Entrant dans la pièce sombre de ce qui semblait être une sorte de yourte montée à la hâte au milieu des plaines de Karakuri, Idriss Brumba entra en se plaignant comme l'enfant gâté qu'il était. Autour de la table qui trônait au centre de la pièce, étaient assis ses trois camarades marchands. Ainsi, le Cartel des Quatre était réunit. Cette organisation regroupant les quatre plus grandes compagnies d'échange maritimes de Karakuri, monopolisant le marché et soufflant le chaud et le froid sur la politique économique de l'île, venait de se réunir en urgence.

Bien que tous sur l'île, si ce n'est sur tout Grand Line, savaient qui étaient les membres de ce cartel en principe illégal, mais autorisé officieusement par la bienveillance des autorités locales profitant des apports financiers de cette entente, les quatre chefs de chaque compagnie prenaient la peine de se réunir en secret pour discuter des points cruciaux de leurs affaires une fois par mois.

- Cavano a abattu l'assassin.

Idriss, qui venait à peine de s'asseoir manqua de tomber à la renverse. Grande gueule de nature, jovial et bavard, il ne trouva pas les mots, bouche entrouverte et regard blème, il n'en revenait pas. C'était Parcid qui lui avait annoncé la nouvelle aussi brutalement, l'air grave, comme à l'accoutumée.

- Que... Wahou... Il y en avait tout de même pour plus de trois cent millions de berries.

Sans s'émouvoir de la mort de l'assassin qu'ils avaient envoyé auprès de Lindé Cavano, capitaine de la garde nationale qui entravait certaines de leurs activités commerciales de par son zèle et son amour de la Justice, Idriss se soucia uniquement de l'argent dépensé pour leur tentative de meurtre infructueuse.
Fil Ling, de sa voix perfide, le rassura néanmoins.

- Nous n'avions payé que la moitié d'avance. Mais là n'est pas la question... C'est le quatrième assassin qu'on lui envoie, et il s'en sort sans une égratignure. Ce type est une plaie.

Pour détendre l'atmosphère, Idriss s'essaya à une petite boutade.

- À force il va finir par croire qu'on a quelque chose contre lui hein ?

Rigolant à moitié, cherchant un regard complice parmi ses camarades du cartel, rien. Personne n'était d'humeur et le blagueur baissa les yeux quelque peu déçu. Il prenait les choses avec désinvolture, mais cet assassinat manqué le contrariait autant que tous ceux présents dans cette yourte.

- J'ai contacté notre ami commun qui nous mettait en relation avec des professionnels de l'assassinat. Vu le pédigré de Cavano et sa tendance à tuer tout ce qui lui est hostile, maintenant, en engager un pour le tuer nous coûtera cinq cent millions de berries au moins. À ce rythme il finira par nous avoir en vidant notre trésorerie.

Parcid exagérait bien évidemment. Le cartel des quatre était assis sur un magot de plusieurs dizaines de milliards de berries, l'argent n'était pas un problème, mais le capitaine zélé en était un.

- Peut-être qu'on ferait mieux de freiner nos ardeurs les gars. Y'aura un manque à gagner, certes, mais même en restant dans le strictement légal, on dégage bien assez pour maintenir notre dominance économique.

Parcid, Fil et même Idriss qui lui pourtant était d'un naturel amical le fixèrent d'un regard noir. Auguste Bojoie était de loin le plus modéré des quatre. Homme honnête, il avait surtout rejoint le cartel afin d'imposer des limites aux activités illégales du groupe de sorte à ce que leur commerce ne soit pas vecteur de criminalité et d'instabilité sur Karakuri.

- Toujours dans la compromission à ce que je vois... Reculer ne serait-ce que d'un pas face à cette ordure de Lindé Cavano, c'est l'encourager à nous faire reculer de trois de plus jusqu'à ce que nous soyons au bord du ravin pour mieux nous pousser. Son but ce n'est pas que nous cessions nos activités illégales, mais de nous éradiquer.

Fil visait juste. Cavano était acharné à mettre fin à l'existence de ce cartel que pourtant, la population locale ne voyait pas d'un mauvais oeil du fait des retombées économiques on ne peut plus prolifique que généraient leurs activités commerciales. En effet, de part le quasi monopole du cartel en terme de transport de marchandises par voie maritimes, et du fait de leur immense route commerciale s'étendant sur tout Grand Line, la richesse abondait sur Karakuri. Mais il suffisait d'un grain de sable dans le rouage d'une horloge pour l'empêcher de fonctionner. Un grain de sable du nom de Lindé Cavano.

- Idriss, toi qui a des contacts avec des clients particulièrement louches, tu ne pourrais pas trouver un tueur potable dans le lot ?

Faisant non de la tête, le jeune marchand lui répondit sur un ton presque hautain.

- Avec mes contacts, les relations sont purement commerciales. Moins je m'investis auprès d'eux, mieux je me porte. Vu la dangerosité de certains, me fourvoyer avec eux, c'est risquer d'attirer les soupçons du gouvernement mondial sur Karakuri. Nous avons assez d'une épine dans le cul, pas la peine de rameuter toute la marine en plus !

Parcid soupira. Qu'un seul individu suffise à les réduire dans cet état d'impuissance l'agaçait passablement. Cela faisait plus d'une décennie qu'ils étaient les maîtres incontestés de l'île et même du commerce maritime sur de nombreuses routes commerciales. Jusque là, jamais ils n'avaient été habitués à ce qu'on leur offre une pareille résistance.

- Écoutez moi... Dans trois jours, il y aura une exposition d'art dans la galerie Garic. Le mot d'ordre est le suivant : "Pas d'arme", chaque visiteur étant fouillé. D'après mes renseignements, Cavano y sera en tant qu'amateur d'art.
Si nous avons une chance de nous débarrasser de lui comme il se doit, ce sera au cours de cet événements mondain. Je me fous de la manière, je me fous de ce que ça coûtera, étant prêt à payer l'intégralité du coût du contrat si il le faut, mais vous me trouvez un assassin d'ici là. Une chance pareille nous n'en aurons pas deux.


La quasi invulnérabilité de Cavano venait de sa maîtrise hors pair de ses mousquets. Sans, il était bien plus vulnérable sans pour autant être inoffensif. Puisqu'il dormait en caserne avec les hommes de la garde nationale, il était presque impossible de l'assassiner durant son sommeil. Cette exposition était une aubaine pour le cartel, tout du moins, si ils parvenaient à mettre la main sur un tueur digne de ce nom. Un assassin sans scrupule, impitoyable, et si possible, sans honneur, prêt à tuer son prochain pour quelques liasses de billet.

Une frêle embarcation approchait de Karakuri.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 8 Avr 2016 - 9:46, édité 1 fois
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Assis en tailleur sur le pont de son monoplace, le cafard effectuait mille grimaces. Regardant tantôt son Log Pose qu'il tenait entre son pouce et son index droit, puis contemplant l'horizon enfin dégagé qui se présentait face à lui. Lui qui avait été témoin de tant de bizarreries depuis qu'il était arrivé sur Grand Line pensait que plus rien n'aurait pu l'étonner. Même les événements les plus improbables pouvaient être considérés comme cohérents sur cette mer surprenante. Et pourtant, malgré ces considérations, son constat était sans appel.

- Ça n'a aucun sens...

Affichant une moue sceptique puis fixant à nouveau son Log Pose, il avait remarqué que l'aiguille avait encore légèrement dévié vers l'Est. Pourtant, il n'y avait pas de vent, et à priori, il n'y avait aucune raison pour laquelle la trajectoire en direction de l'île aurait varié. Se triturant les méninges tout en restant assis sous le soleil étincelant qui le forçait à plisser des yeux, le forban était incapable de comprendre pourquoi il avait dévié de la direction qui le menait à l'île.
Pendant un moment, il paniqua pensant que le Log Pose ne fonctionnait plus. Mais si tel avait été le cas, il ne pointerait pas dans une direction en particulier. Au pire, il pouvait s'agir d'un léger dérèglement du dispositif.

Toujours est-il que perdu au milieu de la route de tous les périls, maintenant habitué à naviguer sur ces eaux terribles en solitaire, il n'avait d'autre choix que de suivre la direction indiquée, n'ayant aucun autre moyen de se repérer.
Alors qu'il s'apprêtait à déplier les voiles, une masse à l'horizon capta son attention.

- Une île ?

Observant son Log Pose, l'aiguille pointait bel et bien dans cette direction. La thèse du dysfonctionnement n'était dès lors plus valable. Pourtant, il devait y avoir une explication. Navigant en direction de l'île, le trajet, de quelques lieux nautique lui parut plus long que prévu. Se repérant par rapport au soleil, il fronça les sourcils pour le moins surpris.

- Est-Sud-Est.... Mais bordel j'ai pourtant pas dévié de la trajectoire, comme ça se peut ?!

Reprenant peu à peu ses esprits, toujours prompt aux écarts de colère dû à son tempérament agressif, il se tempéra. Fermant les yeux un instant il avait besoin de visualiser des repères géographiques pour comprendre. Un repère en l'occurrence, une bête ligne perdue dans son esprit sordide. Cette ligne partait d'un point A pour atteindre un point B. Pourtant, bien que lui, le point A n'avait pas dévié de la trajectoire de la ligne pour rejoindre le point B, cette même ligne n'allait plus dans le même sens. Cela ne pouvait dire qu'une chose.

- Le point B a bougé. Une île mouvante ?!

Tordant sa mâchoire inférieure vers la droite puis la gauche tout en réfléchissant, son raisonnement se tenait. Encore une fois, il avait vu tant de choses sur Grand Line, une île qui bouge n'avait rien de si excentrique en soi. Plus il approchait de l'île, plus il parvenait à distinguer sa forme singulière. Il pouvait voir des montagnes, de la végétation, mais pourtant, de loin, il lui avait semblé que quelque chose clochait. Sans être capable de mettre le doigt sur l'élément qui le perturbait, il était certain que cette île avait une forme étrange.

Ne s'en souciant pas davantage, Joe approchait enfin les quais. Entreprise périlleuse que d'essayer d'accoster sur une terre mouvante. Mais il y avait une première fois à tout.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 8 Avr 2016 - 9:57, édité 1 fois
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Un lancer de corde. Deux lancers de corde. Trois lancers de corde.

- Mais bordel de merde je suis pas un putain de cow boy ! Comment veux-tu que j'accoste sur une île qui bouge ?!

Accoster sur Karakuri était toute une manoeuvre en soi qui ne s'improvisait pas. Mais Joe naviguait comme une fleur, avançant à l'aveuglette sur la troisième voie de Grand Line qui lui avait réservé maintes surprises. Rarement plaisantes d'ailleurs.
Enfin, son lasso improvisé s'accrocha sur l'une des bornes des quais. L'île n'avançait pourtant pas vite, mais le fait qu'elle soit mouvante avait toutefois suffit à rendre la tâche particulièrement ardue. Parvenant tant bien que mal à enfin fouler les quais de ses bottes noires, le cafard était arrivé sur Karakuri.

- Enfin une foutue île civilisée !

Sortant de sa poche une émeraude d'un vert lumineux, il la mira une fois de plus la bave aux lèvres. Ce joyau, le forban l'avait déterré sur l'île maléfique il y a environ trois semaines de cela. N'ayant pu la vendre à qui que ce soit sur place ou l'île suivante du fait d'une population, si ce n'est une faune ou surtout une flore hostile, enfin était venue l'occasion de s'enrichir comme il l'avait espéré en embarquant sur Grand Line.

- Roooooou....

Levant la tête, jetant un oeil par dessus chaque épaule avant de s'inquiéter d'où venait le bruit, il vît dans son monoplace surgir un tigre n'ayant pas atteint sa taille adulte sur le pont. Grite, comme l'émeraude ne l'avaient quitté depuis l'île maléfique. L'animal avait bien grandi depuis qu'ils s'étaient rencontrés.

- Bah qu'est-ce que t'attends feignasse ? Saute sur les quais !

L'animal, n'aimant pas trop être mouillé craignait de bondir de l'embarcation aux quais, représentant un écart d'environ deux mètres. Avec la grâce d'un félin qui passait plus de temps à dormir qu'à chasser, il sauta enfin. Seules ses deux pattes avant avaient atteint le ponton.
Rangeant à la hâte son émeraude dans sa poche, le forban en colère devant tant de maladresse se rua sur Grite et le saisit par la peau du cou afin d'essayer de le hisser. L'animal n'étant plus le minuscule chaton qu'il avait connu et était devenu bien plus lourd.

- Gnnnnnn.... Tu vas regretter de pas être tombé à l'eau ! Gnnn... Dès que je te hisse sur les quais je te latte saloperie ! Tu m'entends ?! Je te latte !

Habitué à frapper l'animal depuis que celui-ci était minuscule, il n'avait pas perdu sa mauvaise habitude. Seulement, maintenant que la bête avait grandi, il redoublait d'ardeur dans les coups de pieds qu'il lui administrait, allant même jusqu'à le frapper au museau.
Grite, n'ayant aucun instinct de chasseur, habitué à être nourri par Joe, il n'osait pas se rebeller alors qu'un coup de patte aurait suffit à calmer le forban.

Lorsqu'enfin il parvint à hisser Grite, une fois l'ayant savaté comme il se devait, le cafard fut interrompu dans ses réjouissances.

- Vous ne pouvez pas amarrer ici, c'est un quai privé pour les visites protocolaires ! Il y a même une pancarte où c'est écrit noir sur blanc à côté de vous.

Regard ahuri, l'une de ses bottes posée sur la tête du tigre couché sur le flanc, Joe se tourna. Deux gardes locaux étaient venus lui donner des consignes réglementaires. Ceci constituait une très mauvaise idée.
Afin de leur montrer à quel point il s'en foutait, le forban se déplaça jusqu'à l'écriteau mentionné. Effectivement, il était bien précisé qu'il fallait amarrer sur l'autre versant de l'île quand on n'avait aucune accréditation diplomatique. Le regard du cafard était mauvais, les deux gardes ne tardèrent pas à le remarquer. Ayant vu trôner sur la tête de Joe une casquette "marine" par dessus laquelle était inscrit "pirate", ils avaient compris à qui ils avaient à faire, portant la main à la garde de leur sabre par prudence.
D'un violent coup de pied, Joe brisa la pancarte.

- Plus d'indication, plus de problème !

C'était un calcul qui lui ressemblait bien. Seulement, ses hôtes ne semblaient pas de cet avis. S'approchant de lui avec la ferme intention de lui enseigner les bonnes manières, ils firent un mouvement de recul en entendant le tigre grogner. Si Grite se laissait tabasser par Joe, c'était uniquement parce qu'il le considérait comme sa mère. Quand on s'approchait de sa "mère" de manière menaçante, il savait montrer les crocs.

- Bordel il a même amené un tigre.

Joe pencha la tête sur le côté en croisant les bras.

- Alors c'est un tigre.....

Jusqu'à maintenant, n'ayant jamais vu d'illustration de tigre dans les livres qu'il lui avait été donné de lire, le cafard avait toujours considéré l'animal comme une sorte de zèbre carnivore orange.

- On en apprend tous les jours.

Ricanant, il sortit son mousquet à canon triple de sa parka et le pointa vers son comité d'accueil.

- Vous deux allez justement apprendre qu'on n'emmerde pas impunément ce brave Joe Biutag hinhin.

Un tir se fit entendre, mais il ne venait pas de son arme. Au loin, un autre garde suivi de quelques collègues s'étaient rameutés, effectuant un tir de somation afin de capter l'attention du pirate lourdement primé qui venait d'arriver sur l'île.

- Pose ton arme Biutag ! On t'a encerclé.

Figé un instant, continuant de fixer les deux hommes qu'il tenait en joue de son regard vicieux, il sourit en coin.

- Certains n'apprendront jamais héhé !

À force de se retrouver seul contre tous, même face aux autorités, le cafard avait fini par développer une expérience de ce genre de situation. C'est donc confiant qu'il se savait capable de s'en sortir. Il ne savait pas encore comment il s'y prendrait, tout ce qu'il savait, c'est que sous peu, il y aurait davantage de veuves sur Karakuri.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 8 Avr 2016 - 10:06, édité 1 fois
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L'homme qui avait fait feu se trouvait à une dizaine de mètres de lui en amont. Le quai était en bas d'une pente qui menait vers le centre de l'île. Aussi, profitant de cet avantage, le forban bondit en direction des deux hommes qu'il tenait en respect de son arme. Ainsi collé à l'un d'eux, expulsant l'autre d'un coup de botte dans le séant, il avait trouvé un otage pour éviter les balles.
Tous les hommes qui l'entouraient en un demi cercle parfait en bord de quai ne surent comment réagir. Karakuri était une île tranquille, jamais les autorités n'étaient amenées à faire face à des situations aussi spectaculaires, aussi, tous furent pour le moins désarçonnés.

- C'est bien beau d'essayer de m'encercler, mais si le maillon d'une chaîne est fébrile, l'étreinte est compromise.

Pointant son canon sur la nuque de son otage, dont il dégaina l'épée pour la jeter à la mer et éviter quelques actes de résistance impromptus, le cafard en quelques instants avait réduit près d'une vingtaine d'hommes à l'état d'impuissance.

- Si... Si c'est comme ça que tu le prends, nous on... on va buter ton tigre.

Une jeune recrue pointa son fusil tremblant en direction de l'animal. Joe se tourna vers Grite qui baillait.

- Fais toi plaisir merdeux, cette bête m'accompagne plus qu'elle ne sert mes intérêts. Je vivrais aussi bien sans qu'avec.

Faisant avancer son otage, restant derrière lui, canon très proche du crâne, Joe chercha à s'extraire de l'encerclement des gardes nationaux. Devant son manque total d'empathie pour l'animal, la recrue renonça à tuer une bête innocente. Joe n'aurait pas versé la moindre larme pour la mort du félin qui lui avait pourtant sauvé la vie à deux reprises. Il n'était pas du genre sentimental. Pas du genre sympathique non plus.

Sur son chemin et celui de son otage qui le devançait, tous s'écartèrent, n'osant lui tirer dessus de peur que dans un ultime geste mesquin, Joe n'abatte le garde qu'il tenait en joue. Sa réputation de pirate retors l'avait devancé.
Une fois que tous les gardes furent derrière lui, il se saisit violemment de son otage, son gras droit sous le menton, il se retourna et se servi de lui comme d'un bouclier humain. Par dessus l'épaule du bougre, il tira sur trois gardes portant un fusil puis jeta son otage sur les hommes se trouvant face à lui.

- Bonne chance Grite !

Il n'avait pas pu s'en empêcher. Activant les Ventio Dials à sa ceinture, le forban déguerpit à grande vitesse, échappant sans mal à ses poursuivants en devenir. Le tigre, bien que feignant, était particulièrement rapide et l'avait rattrapé assez vite. Pour lui, toutes ces séances de meurtres suivis de fuite étaient devenues un jeu entraînant égayant ses mornes journées de sommeil.

- Q.G ! Ici poste avancé du quai Ouest. Le pirate Joe Biutag est arrivé sur Karakuri. Mobilisez des hommes sur toute l'île à la recherche d'un pirate avec sur cicatrice sur la joue gauche, une casquette marine modifiée, et un épais anorak.

Un escargophone en main, le chef de la division qui avait échoué lors de sa tentative pour attraper le cafard appelait déjà les renforts. Ceux-ci furent nombreux à être mobilisés dans la minute.
Si le forban avait pu échapper au premier bataillon de gardes qui l'avait accueilli sur l'île, se planquer ne serait pas une mince affaire. Pénétrant dans la ville aux abords des quais, des troupes entières patrouillaient partout.
Ayant juste le temps de se planquer dans une ruelle sombre, Joe espérait s'enfuir dans les montagnes pour se faire oublier. Mais pour ce faire, il aurait fallu quitter la ville sans se faire remarquer.

- Peut-être qu'en forçant un peu mon chemin dans le tas...

Son mousquet rechargé, il tenait son canon portatif miniature dans l'autre main. S'apprêtant déjà à offrir un prélude à l'apocalypse sur Karakuri, une voix le prit au dépourvu.

- Joe Biutag, quelle divine surprise !

Levant la tête, le cafard vit à la fenêtre un jeune homme au teint mat penché au dessus de lui. L'individu n'avait pas l'air franchement hostile.

- Laisse moi t'ouvrir la porte en bas, je connais un ami qui sera ravi de te rencontre.

Fronçant les sourcils surpris, le forban s'étonna que quelqu'un souhaitait lui venir en aide. Mais sur le coup, se planquer paraissait une meilleure décision qu'occasionner un massacre pour se faire un chemin dans une ville qu'il ne connaissait pas. C'est sans faire la fine bouche qu'il entra dans le bâtiment par la porte qu'on venait de lui ouvrir.


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Dernière édition par Joe Biutag le Ven 8 Avr 2016 - 10:26, édité 2 fois
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- Maître Idriss, maître Idriss !

Un jeune homme à la peau sombre errait sur les quais Est de Karakuri. S'acharnant du mieux qu'il pouvait afin de trouver le chef de la compagnie "Silence d'or", ses camarades lui indiquèrent qu'il était aux docks à discuter avec un client.
En temps normal, jamais le jeune homme n'aurait interrompu son employeur dans une discussion aussi importante, mais les circonstances étaient particulières. Allant retrouver Idriss, sans même saluer l'homme avec qui il discutait, l'employé entra dans le vif du sujet.

- Maître Idriss enfin ! J'ai trouvé la solution à votre problème dont vous m'avez parlé hier !

Furieux qu'on vienne le gêner avec son client, un homme qui avait l'air d'un flibustier, et qui en avait aussi la prime d'ailleurs, Idriss engueula copieusement son subalterne.

- Amin où est-ce que tu te crois ?! Tu ne vois pas que je discute ?! Et puis quel problème d'ailleu....

S'interrompant, il se souvint quel était le problème en question, et s'excusa immédiatement auprès de son partenaire de transaction pour discuter plus loin avec Amin.

- Tu as trouvé un assassin potentiel pour demain soir ?

Si tel avait été le cas, Idriss savait qu'en étant le membre du cartel des quatre à trouver la perle rare en premier, pourrait se permettre de soutirer un maximum d'argent à ses partenaires pour le contrat, et en détourner une partie. Ce n'était pas parce que leurs intérêts étaient mutuels que les quatre hommes s'appréciaient, Idriss n'aurait aucun scrupule à les arnaquer de la sorte.

- Mieux que ça maître ! Un pirate ! Ce type serait prêt à effectuer le contrat pour seulement cinquante millions de berries !

Si Idriss avait un peu retroussé le nez en entendant qu'il s'agissait d'un pirate et non d'un tueur professionnel, il frétilla d'excitation en entendant une somme aussi faible être mentionnée. En demandant un demi milliard aux autres membres du cartel, il pourrait ainsi s'enrichir de quatre cent cinquante millions de berries au passage. Une opportunité pareille, il n'hésita pas à sauter dessus à pieds joints. Rares étaient les êtres humains raisonnables ayant hâte de travailler avec le cafard.

Amin lui expliqua comment il était tombé sur le forban, lui ayant offert de l'héberger chez lui pour lui éviter d'être appréhendé par la garde nationale. Du fait de l'apparent litige entre Joe et les forces de l'ordre sur l'île, le mobile du crime était ainsi tout trouvé, le cafard étant connu pour massacrer du marine à tour de bras pour son bon plaisir, le fait qu'il s'amuse à assassiner un capitaine de garde n'aurait rien eu d'étonnant.

- Il y a un hic cependant....

Idriss haussa un sourcil. Trop content d'avoir trouvé un homme pour la tâche "salutaire" que constituait l'assassinat de Cavano, il était prêt à tout accepter afin qu'il travaille pour eux.

- Il tient à en discuter avec les membres du conseil des quatre en personne.

Le cafard avait appris l'existence de cette organisation en travaillant un peu son hôte. Cette condition avait de quoi inquiéter Idriss commençant à se demander si le pirate n'avait pas en tête l'idée de les exécuter. Mais sachant qu'il n'aurait sûrement jamais le temps d'ici à demain soir de trouver l'homme de la situation pour l'assassinat, il accepta.

- Entendu. Je me charge de prévenir les autres. Assure-toi qu'il vienne désarmé. Tu l'amèneras à ces coordonnées. Si cet enfoiré réussit son travail, Amin, tu peux être certain que tu vas prendre de l'avancement dans la compagnie mon frère ahah !

Tendant un bout de papier où était griffonné les coordonnées menant à l'emplacement de la yourte perdue dans les plaines entourées de montagnes de l'île, Idriss jubilait. Il ne savait manifestement pas quel genre de négociateur était le forban, sous estimant largement son avidité.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 8 Avr 2016 - 10:17, édité 1 fois
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- Les mains ligotées dans le dos, c'est vraiment nécessaire ?

De nuit, Amin était parvenu à escorter le forban en dehors de la ville. Ce fut une longue marche que celle qui les mena à la yourte où se trouvaient les chefs du cartel des quatre.

- Dans la mesure où on t'embauche pour ta propension à tuer des gens pour de l'argent, j'ai estimé ça prudent.

L'homme d'Idriss n'aimait pas savoir qu'il avait laissé un tigre chez lui le temps de la négociation, mais il n'aurait pas décemment pu l'emmener avec eux. La tente géante était illuminée à la bougie. Par mesure de précaution, Joe fut fouillé par Idriss en personne avant d'entrer. N'ayant pas pris sa parka avec lui, le cafard ne bénéficiait d'aucune arme. Sur cette réjouissance, le marchand demanda à son homme de détacher les mains du cafard puis le congédia.

- De quoi voulez vous discuter avec nous Monsieur Biutag ?

Parcid n'était pas de bonne humeur. La seule raison pour laquelle il avait accepté de rencontrer le cafard tenait au fait de l'urgence de la situation. Fil n'était pas non plus particulièrement jouasse à l'idée de se tenir en compagnie d'un pirate, les rumeurs allant déjà bon train concernant son implication avec divers équipages douteux assurant la sécurité de ses routes commerciales.

- Le gugusse qui m'a proposé le contrat, il m'a dit que vous offriez cinquante millions pour que je bute un type.

Les quatre membres du cartel se mirent à sourire, trouvant touchant que le pirate soit prêt à accepter une somme si dérisoire pour un travail aussi dangereux. Ils auraient été prêts à dépenser jusqu'à un milliard de berries afin de trouver l'homme de la situation. Un pirate n'était certes qu'un tueur au rabais, mais quelle économie pour eux.

- En fait je lui ai dit que j'acceptais, mais c'était juste pour l'amadouer et qu'il m'amène à vous directement.

Augustus grinça des dents alors que les trois autres se regardèrent les uns les autres tout en se demandant pour qui se prenait ce boucanier qui se croyait en position de négocier.

- Si vous êtes prêts à accepter de vous présenter à moi, qui suis pourtant pas quelqu'un de bien recommandable disons, héhé... C'est que vous êtes dos au mur.

N'osant répliquer, tous devinrent soudain très attentifs à ce que le cafard avait à leur dire. Quelque peu blessés dans leur estime d'être ainsi tenus en respect par un minable de son espèce, tous furent contraint d'admettre en leur for intérieur que Joe était bien plus sournois et intelligent qu'ils ne l'auraient cru.

- Aussi, je me suis dit que vous seriez prêts à payer n'importe quoi...

C'est dans un long soupire que Parcid s'apprêtait à devoir dépenser une très forte somme pour ce pirate de pacotille. Il fallait ce qu'il fallait pour que la basse besogne soit accomplie. Une fois Cavano hors de l'équation, il savait qu'il dormirait mieux, même si cela impliquait de se faire amputer de quelques centaines de millions de berries. Mais à aucun moment il ne se serait attendu à la proposition qu'allai leur faire Joe.

- Je ne veux pas de votre argent.

Joe Biutag, connu pour être l'un des pirates les plus cupides de tout Grand Line renonçait à la perspective de s'enrichir grassement. C'était une première. Si il en était venu à une telle décision, c'était parce qu'il avait à proposer risquait d'être particulièrement osé.

- Disons qu'à la place, je préférerais que vous rebaptisiez le nom de votre organisation. Voyez vous... Le cartel des quatre, ça sonne ringard. Le cartel des cinq par contre, ça a plus de gueule vous ne trouvez pas ?

Plongés dans un mutisme lourd du fait d'une proposition si inattendue, Fil, Augustus et Parcid furent particulièrement désarçonnés. Seul Idriss, moins vif d'esprit que ses camarades réagit.

- Mais réfléchis idiot, on est quatre compagnies maritimes dans le cartel, pourquoi tu voudrais qu'on s'appelle le cartel des cinq, ça n'a pas de sens !

Soufflant sa fumée dans un soupir d'exaspération, Augustus recadra le plus jeune marchand des quatre.

- Sombre crétin. Cette chiure de pirate veut une place dans le cartel. C'est à dire une route commerciale qu'on lui laisserait sans contrepartie.

Levant le doigt, visage candide, le forban reprit :

- Une route commerciale, un bateau, et un équipage aussi.

Montrant les dents, Fil ne pouvait tolérer qu'une telle vermine en demande tant.

- Tu voudrais pas non plus une petite pipe avec tout ça ?!

- Accepté.

Surpris, Joe y compris, tous se tournèrent vers Parcid qui avait décidé que les termes lui convenaient. Dernièrement, Cavano avait pas mal fouiné autour de certaines de ses activités commerciales, et cherchait à nuire en sous main à sa compagnie, dissuadant ses clients en faisant courir des rumeurs mensongères à son sujet. Il était le plus touché par le capitaine de garde zélé, prêt à mentir pour se débarrasser du cartel des quatre.

- Établis clairement ce que tu veux.

Un sourire vicié aux lèvres, enfin, le forban savait qu'il avait le dessus lors de cette négociation.

- La voie de Grand Line où nous nous trouvons bénéficie de très peu voire d'aucun contrôle de la part du gouvernement mondial. C'est la route commerciale rêvée pour faire du trafic d'esclaves. Je ne veux aucun concurrent de Union John jusqu'à Red Line. Les modalités de transport et les captures d'esclave, c'est mon problème.

Discutant entre eux à faible voix, les quatre trouvèrent la proposition plus acceptable qu'ils ne l'auraient cru. Si ce n'est Fil, et parfois Idriss aucun ne touchait au commerce d'esclave. Après avoir un peu discuté des modalités de cession, tous finirent par accepter.

- Aussi, je voudrais un document écrit avec vos signatures qui atteste de cela. Je sais que ça n'aurait aucune valeur légale vu le caractère secret du cartel, mais si il vous venait à l'idée de m'assassiner après avoir fait mon travail... Enfin héhé... Disons que c'est une assurance vie.

Essuyant une moue contrariée, Fil avait été pris au dépourvu. Ayant le plus à perdre dans l'affaire, il avait effectivement considéré devoir tuer le forban une fois Cavano mort. Mais il fallait croire que Joe pensait à tout. Aguerri aux coups en douce et aux attaques dans le dos, il était immunisé face à ce genre de menaces.
Le document fut manuscrit par Parcid, signé de tous puis délivré au forban.

- Ton assurance vie d'abord. Le reste, une fois ton contrat rempli.

Dévoilant un large sourire carnassier, Joe se voyait déjà devenir le plus grand esclavagiste de Grand Line. Depuis l'instant où il avait mis les pieds sur Union John il y a plus de trois mois, il n'avait eu que ce sombre projet en tête. Ravi que les transactions se soient bien déroulées, il salua l'assemblée, puis s'en alla rejoindre Amin dehors pour retourner en ville.

Cognant sa pipe contre la table, Augustus sur un ton cynique lâcha :

- J'en viendrais presque à souhaiter que Cavano le bute.
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