1620,
Au nord du globe,
Manshon.
Au nord du globe,
Manshon.
« Soldats ! Préparez-vous à amarrer ! C’que vous voyez au loin est le début de l’enfer, peut-être l’endroit de votre mort, et une fois hors du navire, vous poserez un pied dans votre propre tombe ! »
Discours très rassurant qui laisse sans voix presque l’intégralité de l’équipage. Parfois, je me demande ce que je fou dans la régulière, entouré de lopettes sans envergures, prêtes à donner leurs fesses pour éviter de rentrer chez eux avec des égratignures. Heureusement loin d’être le seul, il existe quelques personnes qui partagent plus ou moins les mêmes valeurs que moi, soit par exemple le fameux « no pain no gain », sans quoi rien n’est possible. Malgré ça, il se trouve qu’avec de l’argent et du pouvoir absolument tout est possible, je dis bien tout. J’ai été formé avec majoritairement des types de mon milieu, des « fils à papa » pourris gâtés jusqu’à l’os, mais je n’ai jamais pu les supporter de toute façon. Je déteste la bourgeoisie. Fuir ma famille ? J’ai tenté de le faire toute ma vie, mais sachez une chose : on n’échappe pas à sa famille. Mon nom me suivra toute ma vie.
C’est un peu pour cela que j’ai décidé d’étudier la sociologie. Mes parents disaient que ce métier ne rapportait rien, mais je m’en fichais totalement, l’argent ne m’intéresse pas. Ce que je veux, ce n’est autre que la vérité sur ce monde, sur l’être humain et ses manières de comporter et de penser en fonction de son milieu social. Un jour peut-être, je deviendrais un simple professeur sur une île perdue, et enseigner à des enfants qui n’auraient en temps normal pas eu accès à un quelconque enseignement. C’est un avenir qui me plairait bien. Avant cela, j’aimerais beaucoup purger ce monde, en faire un monde plus « propre ». Vous voyez où je veux en venir ? Nettoyer les mers de ces abominables pirates qui abusent de leur liberté inexistante pour semer la terreur. Je n’aime pas les criminels, même ceux qui n’ont vraiment rien et ne trouvent d’autres solutions que de voler presque aussi pauvres qu’eux. Les plus grands voleurs restent selon ceux qui sont à la tête de ce gouvernement, ces « Dragons Célestes » qui volent s’enrichissent en volant les pauvres. Je les déteste mais je crois néanmoins en la force du gouvernement et de sa force face à ces criminels. Les dragons célestes… Je prie pour quelqu’un s’occupe d’eux, puis je l’arrêterai pour le crime, ou je devrais m’en occuper moi-même. Oui, je suis égoïste.
« - Eh ! Toi ! Levi, c’est ça ? Dépêche-toi de descendre ton cul de bourgeois d’ici ! On est pas dans tes palais de Saint-Uréa ! Ne m’fais pas perdre mon temps, déjà que vous ternissez l’image de la marine…
- Assez. J’en ai suffisamment entendu pour aujourd’hui, pardonnez-moi. Je descends immédiatement. »
Très peu pour moi ce genre de paroles inutiles. Comme je l’ai dit, je descends lentement du navire en posant des regards meurtriers vers les curieux qui, au cas où il ne l’auraient pas remarqués, sont en train de m’agacer plus qu’autre chose. J’ai l’impression d’être un animal qu’ils observent derrière des barrières. Autant parfois la marine est accueillie en héros, bien que cela me gêne, c’est plutôt agréable, mais autant là j’ai l’impression d’être un poids pour eux. Pour comprendre leur attitude, il faudrait peut-être connaître la situation de l’île qui, je l’avoue, est quelque peu particulière. La mafia est maître des lieux. D’innombrables trafics se font ici, tout le monde le sait, mais personne ne fait rien. Apparemment, la mafia règle ses problèmes elle-même, mais ce n’est normalement pas à eux de le faire selon moi. Que fait donc la 257ème garnison ? Et surtout, que faisons-nous ici ? Perdu dans mes songes, je finis par m’apercevoir qu’un marin semble terrorisé par le lieu décrit quelques instants auparavant par notre supérieur.
« Ne t’en fais pas mon grand, si tu ne fixe pas trop les types étranges et que tu restes sagement dans ton coin, à priori tu retourneras en vie à Saint-U. », lui dis-je en tapotant son épaule avec un regard sûr de moi.
Ce n’est qu’un stage de formation après tout, le but n’est pas d’entrer en conflit avec quiconque, sauf s’ils veulent déclencher une guerre que nous ne sommes pas certains pas de gagner. Le groupe file rejoindre la garnison déjà présente sur l’île pour une débriefing. En toute honnêteté, je n’ai que faire de ces formalités, je m’en écarte alors discrètement. Je vais même jusqu’à changer de tenue pour ne pas être prit pour un marine et ne pas être reconnu par mes supérieurs, puis je rejoindrais le troupe à la tombée de la nuit, cela me semble correct.
Après m’être changé dans une ruelle totalement vide, je ressors habillé en civil et mon sac à dos remplit par ma tenue de marin. J’ai toujours ma fidèle lame accroché au niveau de ma ceinture, prête à être dégainée en cas de danger. Une belle église attire mon attention. Je ne comprends ce que fait une si belle oeuvre architecturale au milieu de si modeste bâtiments. Allons voir ce qu’il s’y trame.